Poupée travailleuse
Gamines, on a eu entre les mains la fameuse Poupée Barbie aux mensurations improbables. Créé en 1959 par l'américaine Ruth Handler, ce jouet Mattel a traversé les époques et les générations. Pendant qu'elle insérait une image déformée de la femme dans le cerveau des petites filles, elle permettait à la multinationale d'ingérer des milliards de dollars. Elle a su évoluer avec son temps, elle n'est plus seulement reléguée aux tâches ménagères mais a le droit d'être médecin, journaliste, divorcée… Le 1er décembre, Peuples Solidaires présentait « Barbie ouvrière » ; sur la dalle du Colombier à Rennes, exposée dans une boîte rose géante d'allure un peu kitsch où la marque rebaptisée « Mattée » affiche son logo criard. En bleu de travail et enchaînée, elle est tout de suite moins attirante et le scotch qui lui barre la bouche empêche toute complainte de sa part. Une jeune femme grimée traverse la foule, discute avec les passants. La vraie poupée assiste à la promotion de sa nouvelle consœur, parée d'une robe rose à pois, une perruque vissée sur la tête. Les gens sourient, il faut dire que la bonimenteuse endimanchée qui nous présente le produit a des airs de ridicule. Les mots sont tranchants, sarcastiques ; « facilement manipulable et exploitable à souhait » cette poupée représente en fait les milliers d'ouvrières exploitées dans les usines chinoises de la marque. Sous la forme d’un « hapenning » joyeux, le ton se veut second degré pour éduquer et non choquer. Nous, on aime !