Célian Ramis

Les sages-femmes tentent le camping des cigognes à Rennes

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Rennes
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Les sages-femmes de Rennes et des alentours ont décidé de se mobiliser pour leur profession, en grève depuis le 16 octobre dernier, et d’installer le « Camping des cigognes » sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes.
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Jeudi 12 décembre, les sages-femmes de Rennes et des alentours ont décidé de se mobiliser pour leur profession, en grève depuis le 16 octobre dernier, et d’installer le « Camping des cigognes » sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes. Un moyen de sensibiliser les passants à leurs revendications.

Depuis deux mois, les sages-femmes ont entamé un mouvement national de grève à l’initiative d’un collectif – composé de 6 membres*. Un mouvement suivi à Rennes, et plus largement en Bretagne. Jeudi 12 décembre, les sages-femmes ont planté les tentes sur un carré de pelouse, sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes.

Dès 16h, le « Camping des cigognes » est installé et la vente de gâteaux, thé, café et bracelets « je soutiens les sages-femmes » démarre, dans le but de récolter de l’argent qui servira à payer le transport jusqu’à Paris, lundi 16 novembre. « Deux cars partiront de Bretagne, un de Lorient et de Rennes, pour que nous puissions participer à la seconde manifestation nationale », explique Charlotte Godet, sage-femme à Rennes.

À 21h, une dizaine de professionnels, toujours vêtus de leur blouse blanche, est réunie dans la froideur hivernale à quelques mètres du camping et se retrouve autour d’une table, avant de manger, dans une ambiance plutôt festive.

Sortir de l’invisibilité

Une action qui a également pour objectif de faire sortir la profession de son « invisibilité » : « Nous souffrons d’une méconnaissance du grand public. Même les femmes enceintes n’ont pas forcément connaissance de toutes nos compétences, elles le découvrent au fur et à mesure », explique Alice Froger.

Parmi ces compétences figurent le suivi gynécologique obstétrical, le suivi post-partum, la préparation à l’accouchement ou encore l’échographie. Une liste non exhaustive qui leur permet de manifester leur volonté d’être reconnues en tant que praticiens de premier recours. « À la différence des gynécologues – mais nous ne pouvons pas faire de généralités non plus – nous avons plus de temps à consacrer à la femme enceinte, qui peut parfois se sentir seule (dans le labyrinthe médical). Les gynécologues sont souvent overbookés et sont les spécialistes de la grossesse pathologique. Nous, nous sommes des spécialistes de la grossesse dite normale », poursuit la sage-femme rennaise.

Elles revendiquent également l’importance du suivi physiologique qui a été reconnu dans un rapport de la Cour des Comptes en 2011 comme un facteur « permettant de limiter les risques d’accouchements prématurés » mais aussi de diminuer les risques de mortalité des mères et des bébés.

Autre revendication essentielle pour les professionnelles de la grossesse : le statut des sages-femmes. « Depuis toujours, nous sommes considérées comme personnel non-médical, la seule profession qui n’est pas inscrite dans son Code de déontologie », déclare Charlotte Godet. Un statut qui limite leur autonomie dans le milieu professionnel et dans le quotidien de leur exercice. Phénomène paradoxal, elles sont intégrées au personnel médical devant le Tribunal et pour l’Assurance Maladie.

« Par contre, concernant le nombre de médicaments autorisés lors des prescriptions, nous sommes à nouveau en « non-médical ». Et nous n’avons pas non plus le droit aux primes de risque », ajoute-t-elle. Si le corps médical semble comprendre et approuver le mouvement des sages-femmes, en revanche elles ne sentent pas reconnues à leur juste valeur et soutenues dans leur grève. Une grève en grande partie invisible puisqu’elles continuent de travailler et d’assurer leurs fonctions « mais nous ne déclarons pas les cotations, que nous remplissons par informatique, et qui donnent ensuite à l’hôpital accès aux remboursements de la Sécurité Sociale ».

Le « camping des Cigognes » sera présent sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes jusqu’à vendredi 13 décembre, 16h. Avant de lever le camp, les sages-femmes mobilisées poursuivront leur vente de gâteaux et de bracelets pour rembourser leurs frais de transport en direction de la Capitale afin de défiler aux côtés de leurs consœurs et confrères, lundi 16 décembre.

*Association nationale des étudiants sages-femmes, Conférence nationale des enseignants en maïeutique, Collège national des sages-femmes, Organisation nationale syndicale des sages-femmes, Association nationale des sages-femmes cadres, CFTC.