Célian Ramis

Stéphanie Leray-Corbin, une mosaïste d'art à Rennes

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Rennes
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Son atelier est une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Elle tient un atelier 10 rue Francisco Ferrer près du métro Clémenceau. Une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.

À 38 ans, Stéphanie Leray-Corbin exerce le métier d’artiste mosaïste. Dans son atelier coloré et chaleureux, elle crée des œuvres contemporaines à partir de morceaux de faïences, de pierres, de pâte de verre, de grès cérame qu’elle juxtapose, réinvente et colle selon ses envies. « J’aime détourner les objets et mélanger les matières », explique-t’elle. Lors de sa dernière exposition « Axel Pixel », présentée chez « Blind Spot », au 36 rue Poullain Duparc à Rennes, elle a ainsi utilisé des embauchoirs, des disques, des assiettes, des totems comme support pour sortir du cadre de la mosaïque classique.

Sa technique ? Réaliser en amont un dessin, déterminer les couleurs, découper les matériaux avec une marteline ou une pince puis utiliser du mortier colle (en ajoutant ou non du mortier joint pour les finitions). « Mais la première chose que je fais, c’est de réfléchir sur la conception artistique. Ma démarche est expérimentale », raconte-t’elle. Elle s’inspire principalement de l’univers de la bande-dessinée, du street-art et de la nature. Sensible au travail des autres, elle propose également une exposition commune avec divers artistes – des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs – et partage son savoir-faire lors de cours à la carte et de stages à thèmes.

La mosaïque est un art accessible à tous les publics selon elle et il s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’art thérapie. « La plupart des gens me disent qu’ils se vident la tête à l’atelier et se laissent aller. Alors pourquoi pas me former un jour à cette méthode ? », s’interroge-t’elle.

Au départ, cette femme travaillait au développement de projets socio-culturels et artistiques. Mais avec la naissance de son deuxième enfant, une période de chômage, des petits boulots et des questionnements professionnels, elle s’est tournée vers cette pratique et a décidé de se lancer.

« J’ai monté mon entreprise avec le soutien de la boutique de gestion et une conseillère m’a suivi pendant 3 ans », souligne-t’elle. Et le hasard a bien fait les choses puisque cette passion était en fait familiale. « En effet, mon père faisait lui aussi de la mosaïque avec de la vaisselle pour se divertir », confie-t’elle. Ses projets ? Ils sont nombreux. « Trouver des lieux d’expositions pour cet été, se former auprès de maîtres mosaïstes, continuer le pixel art, les créations géométriques et la mosaïque monumentale », conclut-elle.

Célian Ramis

Et vous, quelles sont vos ruines ?

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Les ateliers du vent, Rennes
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Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.
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Jusqu’au 8 juin est présenté le projet « Quelles sont nos ruines ? » aux Ateliers du vent à Rennes. Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.

Auteurs, performeurs, artistes visuels, musiciens, chercheurs, le projet est pluridisciplinaire. Et il réunit 28 artistes français, russes et moldaves autour d’une même problématique : « Quelles sont nos ruines ? ». Une question dont les réponses sont exposées au public du 21 mai au 8 juin aux Ateliers du vent et complétées par des soirées de créations « Believe in the ruins » et des rendez-vous, notamment le vendredi 23 mai, avec la performance d’Anaïs Touchot « Si j’étais démolisseur ».

Un travail de reconstruction autour d’une cabane en bois, réalisé en partenariat avec le festival Oodaaq.

Elaboré en amont lors de « Workshops » organisés en janvier 2013 à Moscou en Russie puis à Chisinau en Moldavie, l’évènement est le résultat de plusieurs années de travail. Il s’agit de la troisième étape du projet, les précédents ayant d’abord permis aux participants de se découvrir et d’échanger. « Un projet collectif à long terme qui a pour vocation de continuer ailleurs… », explique l’auteure et interprète Céline Le Corre – membre fondateur et porteur du projet Les Ateliers du vent. D’ailleurs selon elle, c’est réellement dès 2006 que tout a démarré.

Cette année-là, des liens avec les pays de l’Est ont débuté. En 2007, la pièce de théâtre « Natacha et Kouprianov » d’après le texte éponyme d’Alexandre Vedenski est créée et en 2010, une exposition « Vive la jeune garde » est organisée à Rennes lors de l’année consacrée aux relations France/Russie. « C’est à cette période que nous avons, avec Alain Hélou (l’actuel directeur de la compagnie), sollicité les artistes de « Quelles sont nos ruines ? ».

Pourquoi « nos ruines » ?

Que symbolisent-t-elles ? Quel impact ont-elles sur notre avenir commun ? Selon Natalya Puchenkina, traductrice russe, aux Ateliers du vent et en lien avec le projet depuis un an, « il s’agit pour les artistes de trouver des éléments qui dépassent le passé pour déterminer le futur. Si le mouvement postmoderniste veut jeter le passé, les artistes suggèrent ici qu’il faut s’y appuyer », explique-t-elle.

Dans ce contexte, Dania Machulina, artiste visuelle russe, lauréate du prix Kandinsky « meilleure jeune artiste » en 2008, a interrogé des artistes et des intellectuels toutes générations confondues, sur la chute de l’union soviétique. Elle a ainsi pu constater qu’une majorité idéalisait la société soviétique et fantasmait son principe d’égalité sociale.

La Russie comme une sorte de modèle à suivre. Une méprise pour cette artiste qui ne conçoit le développement culturel de son pays que par l’acceptation des erreurs commises durant l’Union soviétique, et non par l’intérêt exclusif des grands noms de la Russie, tel que l’écrivain Léon Tolstoï.

Une réflexion autour d’un vécu commun

Doriana Talmazan, comédienne moldave, cofondatrice d’un théâtre indépendant actif dans son pays,  le « Théâtre Spalatorie », a également réfléchi sur cette idée de ruines communes. Elle propose, pour y répondre, la lecture de plusieurs textes : « Le drame des constructeurs » de l’écrivain et poète belge Henri Michaux, mais aussi celle d’un conte traditionnel moldave « Le chapeau de Gugutse » avec le français André Layus.

Les aventures d’un enfant qui découvre que son chapeau s’élargit lorsqu’il réalise de bonnes actions, lui permettant ainsi de couvrir tout son village en période de froid. « Je vais également lire le poème « Rappelle-toi Barbara » de Jacques Prévert en roumain », confie-t-elle. Une interprétation en lien avec le travail de Céline Le Corre qui réalise un documentaire sonore de créations intitulé « Rappelle-toi Bobeica », un récit croisé entre l’histoire de son père bretonnisant dans les années 50 et celle de professeurs de français dans un village rural en Moldavie. Une réflexion sur la langue.

Dans une période de tensions entre l’Ukraine, la Russie et les pays occidentaux, ce projet « Quelles sont nos ruines » permet d’élargir sa vision de cette partie du monde, de réfléchir autour de notre vécu commun et sur nos perspectives d’avenir. « On échange beaucoup sur ce sujet », explique Doriana Talmazan.

« Je crois que c’est à nous de changer les choses en s’exprimant. Nous devons être conscients, agir et ne pas être manipuler par les pouvoirs ». En Moldavie, elle monte d’ailleurs une pièce de théâtre sur les enjeux politiques actuels de son pays. Ce dernier étant un petit territoire multiethnique, tiraillé entre la Russie, l’Union européenne et l’identité nationale.

Célian Ramis

D'Agadez à Castel Volturno, qui sont ces migrants ?

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Champs Libres, Rennes
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En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie.
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Fanny Bouyagui, plasticienne de 54 ans, née et installée à Roubaix, présente son exposition « Soyez les bienvenus » aux Champs Libres, jusqu’au 11 mai 2014. En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie, plus précisément à Castel Volturno, petite ville étape située au nord de Naples, dirigée par la mafia italienne. Les interviews filmées et les nombreuses photos qu’elle ramène de son voyage font l’objet de ce poignant témoignage.

Fanny Bouyagui a eu l’idée de monter cette exposition alors qu’elle se trouvait à Anvers, chez une amie, discutant des sans-papiers et se demandant ce qui pousse ces Africains à tout quitter malgré les dangers dont ils ont conscience. Se remémorant l’histoire de son passé, et notamment celle de son père, sénégalais né à Dakar et arrivé en France en 1957, elle a eu envie de comparer cette époque, il y a 50 ans, où les migrants étaient les bienvenus, à celle d’aujourd’hui, plus précaire.

L’exposition retrace donc le chemin migratoire de ces africains qui rêvent d’accoster sur le continent européen, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ainsi, on entre dans l’intimité de l’artiste dès le début de la visite. Un portrait en noir et blanc de son père, Baré Bouyagui, se jouxte à un cliché où il est accompagné de sa femme, une jolie blonde prénommée Odette Vanmeenen.

La joie de vivre du couple et leur existence paisible transparait au travers leurs visages souriants. Sont également exposés des dizaines de papiers officiels, tels qu’un certificat de nationalité, un certificat de résidence ou un contrat de travail. « Mon père n’a jamais rencontré de difficultés, que ce soit pour trouver du travail ou pour se loger. Il est arrivé en France puis s’est marié avec une très belle femme, il a eu des enfants. Il a vécu heureux, tout était beaucoup plus simple », déclare Fanny le visage souriant.

« Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux »

Et pourtant, la situation aujourd’hui est bien différente. La première étape d’investigation se situe en Afrique, où les témoignages recueillis sont pleins d’espoirs. Les migrants sont prêts à tout pour arriver en Europe.

L’artiste a regroupé des milliers de photos, morceaux d’articles, cartes géographiques, où l’on peut lire : « Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux », ou encore « Il existe un triptyque sur les routes clandestines : les transporteurs, les hébergeurs, les passeurs. » Par terre sont amassés des bidons en tas, enlacés dans la toile de coco.

Tout est très coloré, très chargé, saturé. Au fur et à mesure du parcours, on évolue inexorablement vers la dure réalité.

« Ici, tu meurs avant ton heure »

Seconde étape, à Castel Volturno. Les vidéos filmées bouleversent, nous livrant des témoignages touchants, reflétants la désillusion des africains installés en Europe : « Il n’y a rien ici, il n’y a que la souffrance. Si vous croisez des migrants qui veulent venir ici, dites leur bien que ce n’est pas la peine. Ici, tu meurs avant ton heure. » Les propos sont brutaux et amères. Très vite, un sentiment d’impuissance nous envahi, nous laissant simples spectateurs face à cette situation de précarité et de misère.

On ressent à cet instant même ce que l’artiste a voulu nous transmettre. Le message est passé. «Je n’ai pas de solution, et je pense qu’il n’y en a pas, conclu Fanny. Le but de l’exposition est de montrer aux gens ce qui se passe, point.  A Castel Volturno, près de 80% de la population est composée de migrants africains. C’est une zone de non-droits dirigée par la mafia. Ils vivent dans l’illégalité mais on leur fout la paix. Alors ils restent… »

Sans filtres ni retouches, Fanny Bouyagui nous livre la juste vérité à travers une mise en scène remarquable. Le point de vue personnel de l’artiste, optimiste, en noir et blanc, se heurte au point de vue collectif, coloré mais fataliste. Une expérience assurément humaine et bouleversante, sans aucun doute nécessaire à une vraie prise de conscience.

Célian Ramis

Gwendoline Robin : une artiste explosive à Rennes

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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre.
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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre. L’occasion pour YEGG de rencontrer cette femme au talent détonant.

Hier à 16h30, au quartier Colombier dans le centre ville de Rennes, le public des Tombées de la Nuit a découvert la performance artistique de la bruxelloise Gwendoline Robin, intitulée  « De Terre et de Feu ». Un spectacle de 25 minutes où l’artiste a mêlé sonorité cristalline (avec des tubes de verre écrasés au sol), mouvements chorégraphiques (autour d’un volcan de terre chargé d’explosifs) et détonations brutales.

Une représentation saisissante et innovante, où l’artiste est restée concentrée et le spectateur en attente. « J’aime provoquer la tension du public entre le démarrage de la mèche et l’explosion, explique Gwendoline Robin. Le public attend avec moi et cela crée une complicité ».

Cette création visuelle et sonore a demandé un an de travail, avec des changements au fil des festivals et des répétitions, bien sûr. Cependant, sur ce dernier point, l’artiste belge préfère être brève afin de garder une certaine surprise, pour « faire comme si c’était la première fois » précise t-elle.

Pour la représentation de dimanche dernier, elle est arrivée 3 jours avant la date prévue à Rennes, afin de connaitre les lieux, vérifier le son et le rapport à l’espace. C’est elle qui a choisi la place du Maréchal Juin, « pour ses grands bâtiments et sa belle acoustique ». Mais c’est dans la région de Valence, en Espagne, que Gwendoline Robin a trouvé son inspiration lors d’une année Erasmus à l’université polytechnique de Valence. Cette partie du pays est connue pour ses spectacles pyrotechniques, ses « mascletas », comme on dit en Espagne, où la poudre et le bruit envahissent les rues depuis des générations. Un savoir-faire que cette femme s’est appropriée et a développé dans ses spectacles.

Le 14 juillet prochain, à la Courrouze à Rennes, elle animera un atelier de construction et de pyrotechnie pour les enfants avec des objets de récupération, des fumigènes, des pétards. « Pour eux, cet univers est lié à l’interdit. Cela les amène à être très créatifs », souligne t-elle.

…une bonne idée, du moment qu’ils ne reproduisent pas la même chose à la maison !

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