M - Sara Forestier

Posts section: 
List image: 
Summary: 
L’enjeu du récit est de dépasser ses propres traumas pour assouvir une soif de vivre plus forte que le sentiment de rejet. Un premier très beau film, à fleur de peau, qui ne manquera pas de se faire remarquer.
Text: 

Lila est une jeune fille bègue et timide. Lorsque le destin met sur sa route Mo, un homme très charismatique et ayant un fort goût pour l’adrénaline, c’est le coup de foudre entre les deux. Mo, inspirant la tendresse et le respect, va immédiatement la prendre sous son aile.

Si Lila combat son bégaiement et se fait violence pour se faire accepter telle qu’elle est auprès de ses congénères, Mo lui cache un secret inavouable, il ne sait ni lire ni écrire. Si le sujet sur le bégaiement pouvait laisser craindre une certaine sensiblerie, le film touche part l’efficacité de son écriture qui s’assujettie du handicap pour livrer une histoire d’amour des plus singulières.

Sara Forestier, pour son premier film, aura mis huit ans à accoucher de cette œuvre humaniste et brillante de sincérité qui révèle notamment la très remarquée prestation de Rédouanne Harjane. Si le fil rouge du film est le handicap et la marginalité c’est bien de l’acceptation de soi dont il s’agit.

Les personnages d’abord présentés comme réfugiés dans l’ombre et le silence s’accordent de nouveaux droits à travers cette histoire d’amour naissante qui les révèle à eux-mêmes. L’enjeu du récit est de dépasser ses propres traumas pour assouvir une soif de vivre plus forte que le sentiment de rejet. Un premier très beau film, à fleur de peau, qui ne manquera pas de se faire remarquer.

Main image: 

Demain et tous les autres jours - Noémie Lvosky

Posts section: 
List image: 
Summary: 
L’auteure interprète elle-même avec brio cette mère perdue et harcelée par ce monde trop conformiste. Un portrait de la folie féminine des plus réussis qui donne cette lumière et ce ton si singulier au film.
Text: 

Le film démarre comme une chronique d’une mère perdue sous les yeux de sa fille qui s’efforce de sauver les apparences et tenir à bout de bras cette mère un peu folle et en décalage avec la société qui l’entoure. Mais la mère et la fille s’aiment d’un amour un peu fou lui-même. Elles veillent l’une sur l’autre.

Assez vite la fiction s’imprègne de poésie avec cette chouette qui converse avec la jeune fille, faisant office de bonne fée rassurante. Si cette femme est fragile, elle n’en est que plus touchante dans sa perdition et son extravagance. Se succède de nombreuses scènes à la fois gênantes et émouvantes où cette mère, captivée par sa fille, se laisse aller à ses délires. Mathilde, âgée de 9 ans, se révèle alors être une jeune fille très débrouillarde et pleine d’imagination.

Elle aussi décide consciemment d’être en marge et de répondre à son imaginaire par des actes peu cohérents et adaptés à la situation. Dans cette fable suspendue, à la fois merveilleuse et inquiétante on retrouve là les thématiques chères à Noémie Lvovsky, la maternité, l’enfance, la solitude et une mère à la dérive. La réalisatrice bannît de manière très assumée le coté terre à terre et le rationalisme sans pour autant esquiver le désarroi et la dérive de ses personnages.

L’auteure interprète elle-même avec brio cette mère perdue et harcelée par ce monde trop conformiste. Une justesse dans ce registre qui la connaît bien. Un portrait de la folie féminine des plus réussis qui donne cette lumière et ce ton si singulier au film.

Main image: 

Les proies - Sofia Coppola

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Dans un style un peu classique, la réalisatrice signe un film sombre et captivant d’une mise en scène impeccable et d’une esthétique splendide.
Text: 

Si la guerre de sécession touche à sa fin, les yankees et les confédérés s’opposent toujours lors de féroces bataille en Caroline du Sud. Les quelques pensionnaires d’une maison de jeunes filles recueillent un soldat yankee blessé dans leur grande demeure. Alors que la directrice prend en charge les soins de l’homme assez mal en point, une atmosphère de tensions sexuelles et de rivalités apparait au sein des jeunes filles et des deux femmes de la maison.

Trop affaibli, l’homme ne peut se déplacer et reprendre la route. Martha Farnsworth, la propriétaire, décide de ne pas le remettre aux troupes des confédérés et lui donner refuge jusqu’à ce qu’il soit en mesure de repartir par ses propres moyens. La présence de cet homme sensible et éduqué n’aura de cesse que de pousser les esprits vers des confrontations jusqu’au jour où un incident provoquera un net changement du rapport de force. Sofia Coppola signe là une œuvre très féminine.

Si l’œuvre littéraire de Thomas Cullinan avait déjà été adaptée à l’écran par Clint Eastwood, celui si avait rendu compte du récit à travers le regard de l’homme recueilli. Tour à tour séductrices puis cibles, les héroïnes des Proies tombent sous le joug du soldat blessé qui vient perturber leur quotidien.

En ces temps difficiles et incontrôlables le cocktail de jalousie, vanité et orgueil construit un piège qui va se refermer sur ces femmes. Dans un style un peu classique la réalisatrice signe un film sombre et captivant d’une mise en scène impeccable et d’une esthétique splendide.

Main image: 

Ava - Léa Mysius

Posts section: 
List image: 
Summary: 
La grâce juvénile de la comédienne Noée Abita dévore avec hâte et ardeur l’instant présent. Une interprétation remarquable qui n’aura pas échappé au jury du dernier festival de Cannes.
Text: 

Ava est une jeune fille de 13 ans qui se cherche. Avec sa mère et sa petite sœur elles passent toutes trois des vacances au bord de l’océan. Un été assez banal si ce n’est qu’elle va apprendre qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative de la rétine et qu’elle va progressivement perde la vue. La nouvelle est un choc pour sa mère qui décide que ces vacances seront inoubliables pour la jeune fille.

Pour autant, Ava, observatrice et curieuse du monde qui l’entoure, cherche les émotions qui la feraient se sentir vivante. La jeune fille qui se sait en sursit sent en elle un vide. Le monde semble s’obscurcir avec l’arrivée de cette cécité. Pour Ava, l’évasion et le frisson se trouvent au coin d’un blockhaus et d’une dune de sable auprès d’un jeune gitan qui fuit les problèmes au sein de sa communauté. L’éveil sexuel, la folie douce de l’ivresse et du chahut rempliront ces dernières images de vacances.

Pour elle, l’aventure c’est maintenant ou jamais. Soudain, tout va vite pour la jeune insolente. Émouvante, l’adolescente deviendra cet été une jeune femme. Le premier film de Léa Mysius est un coup d’éclat. Elle fait preuve d’un sens aigu de la mise en scène. Fugue voluptueuse, fable allégorique et apocalyptique proposent une vision sophistiquée et sentimentale de l’apprentissage et de la découverte.

La grâce juvénile de la comédienne Noée Abita dévore avec hâte et ardeur l’instant présent. Une interprétation remarquable qui n’aura pas échappé au jury du dernier festival de Cannes.

Main image: 

L'amant double - François Ozon

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Si le réalisateur force le spectateur à sortir de la passivité, il le pousse à entrevoir une série de violences psychologiques favorisant une spiritualité bâtie sur un jugement plus personnel de l’œuvre.
Text: 

Chloé, une jeune femme fragile et en proie à la dépression, entreprend une psychothérapie auprès de Paul son thérapeute dont elle tombera amoureuse. Installés ensemble et en apparence comblés, le couple est épanoui et Chloé semble aller beaucoup mieux. Très vite, la jeune et belle femme enfin heureuse en amour, se met à douter de la véritable identité de son amant.

Elle découvre que Paul a occulté des parties de son existence et l’aperçoit dans des lieux étranges. La jeune femme va alors se mettre en quête de découvrir la vérité sur son amant. Si le personnage de Chloé est comme rongée de l’intérieur par un mal, la thérapie ne la délivrera pas de son mal être.

Paradoxalement, ce que le thérapeute fait de bien, il le déconstruit peu à peu pour livrer la jeune femme à des douleurs plus douloureuses et plus profondes. Ozon signe un film déconcertant et affabulateur. Au spectateur de décrypter les images et leur sens. À lui de faire face au mensonge narratif afin de se créer son propre jugement sur l’histoire du personnage de Chloé.

Comme souvent avec Ozon, on a presque toujours deux films, celui qu’il distille et celui qu’il dissimule. Si le réalisateur force le spectateur à sortir de la passivité, il le pousse à entrevoir une série de violences psychologiques comme pour favoriser une spiritualité plus consolidée et bâtie sur un jugement plus personnel de l’œuvre.

Main image: 

Je danserai si je veux – Maysaloun Hamoud

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Juste et audacieux, le film reste sobre, loin de la démagogie des extrêmes qu’il dénonce. Une œuvre formidable et libératrice !
Text: 

Au cœur de Tel Aviv, deux jeunes femmes palestiniennes, qui partagent un appartement et un goût prononcé pour la vie nocturne, s’apprêtent à recevoir une nouvelle colocataire. Il y a Leila la travailleuse et indépendante, Salma barmaid et lesbienne et Nour une jeune étudiante en informatique.

Leila est une redoutable avocate qui fait chavirer les cœurs mais qui se désespère d’avoir à faire à des hommes non libérés du poids des traditions patriarcales. Salma elle, vit de petits boulots et mène une vie de plaisir mais doit faire face à une famille chrétienne très pieuse qui ne tolère pas son homosexualité. Nour est une musulmane très pratiquante promise à un mariage avec un homme qu’elle n’a pas choisi et qu’elle rejette.

Ces trois héroïnes pourraient être des personnes banales excepté qu’elles sont palestiniennes et qu’elles vivent dans une société rongée par le conservatisme. Elles ont toutes peine à se libérer d’une pression sociale, religieuse ou morale dans cette société israélienne machiste et sous tension permanente. Si leurs portraits vifs et évocateurs révèlent une envie d’être affranchie et désinvolte, elles ne sont pour autant pas des stéréotypes.

Le premier film de Maysaloun Hamoud joue la carte du féminisme et de la subversion. S’évader à travers la drogue dans les vapeurs alcoolisées de la bouillonnante Tel Aviv est un moyen de montrer les ambivalences et l’ambigüité de l’émancipation féminine. Juste et audacieux, le film reste sobre, loin de la démagogie des extrêmes qu’il dénonce. Une œuvre formidable et libératrice !

Main image: 

Jour J - Reem Kherici

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Les habituelles ficelles de la comédie de mariage sur fond de trio amoureux sont volontairement abandonnées pour laisser place à plus de modernité dans l’écriture et la mise en scène.
Text: 

Matthias et Alexia sont en couple depuis des années, et pour la première fois, Matthias la trompe avec Juliette une wedding planer. Le lendemain à son retour au domicile, Alexia trouve la carte de Juliette. Matthias ne sait alors quoi inventer et se laissera porter par la supposition que ce dernier veut la demander en mariage. Au pied du mur, ce dernier ne la contredit pas.

Matthias et Alexia vont donc demander à Juliette d’organiser la cérémonie du mariage. Le temps des préparatifs et des nombreuses visites de lieux pour planifier l’évènement Matthias va se rapprocher de plus en plus de Juliette pour laquelle de réels sentiments naissent. Matthias se verra complètement embourbé dans une situation semi grotesque et joviale jusqu’à ce qu’il ait à prendre une décision pour les autres et lui-même.

Tous les ressorts de la comédie sont là. Après le joli succès de Paris à tout prix, Reem Kherici signe sont deuxième long métrage. On ne peut nier que la jeune réalisatrice maîtrise une certaine plume et le sens du gag. Les habituelles ficelles de la comédie de mariage sur fond de trio amoureux sont volontairement abandonnées pour laisser place à plus de modernité dans l’écriture et la mise en scène.

Le casting est lui assez scintillant avec en chef d’orchestre Nicolas Duvauchelle dans le rôle de l’éperdu amoureux indécis. Un choix ambitieux et caractéristique de Reem Kherici avec qui forcément il faudra compter sur la scène du cinéma français. Une comédie romantique générationnelle, bien visée et revigorante.

Main image: 

Chez nous - Lucas Belvaux

Posts section: 
List image: 
Summary: 
À travers le regard aigue du cinéaste qui scrute son personnage, c’est bien la pensée et l’argumentaire du parti d’extrême droite qui sont visés.
Text: 

Pauline, une jeune infirmière qui vit dans le Nord Pas-de-Calais, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père malade ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse elle est très appréciée par les patients qu’elle soigne. Héroïne du quotidien, Pauline est une femme courageuse au sein d’une population durement touchée par l’isolement, la précarité et le chômage.

Habitante d’une petite commune située entre Lens et Lille, elle est repérée par les cadres du parti populiste appelé le Bloc. À l'approche de l'élection locale, ces derniers la poussent à se présenter en tête de liste du parti aux élections municipales. D'abord, abasourdie et réticente, la jeune infirmière se laissera par la suite charmer et convaincre d’entrer en politique.

Dès lors le parcours va s’annoncer mouvementé et plein de surprises. Séduite par le discours, le parti nationaliste et d’extrême droite finira par créer le malaise auprès de la novice en politique. Lucas Belvaux filme une fois encore, après Pas son Genre, le nord de la France. Le réalisateur filme l’instrumentalisation d’une jeune femme à des fins politiques. Investi, le récit du film est bien là pour véhiculer un discours, illustrer un type d'électeurs et dénoncer un radicalisme.

Si le parti ressemble trait pour trait au Front National, Lucas Belvaux persiste et signe un réquisitoire très critique à l’égard de celui-ci. À travers le regard aigue du cinéaste qui scrute son personnage, c’est bien la pensée et l’argumentaire du parti d’extrême droite qui sont visés.

Main image: 

Fleur de tonnerre - Stéphanie Pillonca

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Loin d’une démonstration d’acting, la talentueuse Déborah François incarne ici une Fleur de tonnerre multiple et complexe, traumatisée, malmenée, mais aussi sensible, dévouée, machiavélique et angoissante.
Text: 

En 1803, dans le Morbihan, nait Hélène Jégado. Surnommée Fleur de tonnerre par sa mère, une femme froide et apathique, elle passe son enfance à ressentir la vibration des pierres bretonnes et à écouter les sombres légendes que ses parents partagent lors des veillées. En grandissant, Hélène devient cuisinière.

Partout où elle passe, elle sème la mort, convaincue d’être au service de l’Ankou, l’ouvrier de la mort, allant même jusqu’à devenir cet être morbide. Elle sera guillotinée à Rennes, sur la place du Champs de Mars, en février 1852. C’est en lisant le livre de Jean Teulé, Fleur de tonnerre, que Stéphanie Pillonca décide de l’adapter au cinéma, optant davantage pour le développement humain de la plus grande empoisonneuse française.

Loin d’une démonstration d’acting, la talentueuse Déborah François incarne ici une Fleur de tonnerre multiple et complexe, traumatisée, malmenée, mais aussi sensible, dévouée, machiavélique et angoissante. Pour son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice fait des choix audacieux, tant dans sa réécriture que dans le casting ainsi que dans le contexte historique et social qu’elle retrace en filigrane des souvenirs livrés par Hélène Jégado au juge Vannier quelques jours avant son exécution. Une œuvre brillamment orchestrée.

Main image: 

Primaire - Hélène Angel

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Les qualités que l'on connaît et reconnaît de Sara Forestier dans tous ses rôles sans exception ne suffisent à effacer les traits caricaturaux de cette histoire un peu trop fouillie.
Text: 

Florence est professeure des écoles à Grenoble et se dévoue corps et âme pour ses élèves de CM2, vivant une période charnière de leur scolarité. Et lorsqu’elle rencontre Sacha, un élève d’une autre classe en grande difficulté, notamment au niveau familial, elle redouble d’engagement pour aider cet enfant, délaissant sa vie de femme ainsi que son fils.

Ces quelques semaines d’acharnement la pousseront à remettre en question sa vocation professionnelle. Au-delà des valeurs qui animent profondément cette institutrice au mépris de sa propre vie sociale et familiale, la réalisatrice souhaite présenter le portrait d’une femme résolument passionnée.

À ce niveau, Sara Forestier défend avec talent et justesse le personnage de Florence. Pourtant, les qualités qu’on lui connaît et reconnaît dans tous ses rôles sans exception ne suffisent à effacer les traits caricaturaux de cette histoire un peu trop fouillie, de par les multiples angles qui sont traités entre sa vie de professeure seule contre tou-te-s, de femme célibataire séduite par l’ex beau-père de Sacha encore quelque peu adolescent dans sa tête et sa vie de mère imparfaite.

Main image: 

Pages