12 years a slave - Steeve McQueen

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Entre devoir de mémoire et curiosité, un film à découvrir.
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Sacré meilleur film à la cérémonie des Oscars 2014, début mars, 12 years a slave était grand favoris pour rapporter quelques prix. Parfaitement calibré pour les Oscars puisque film historique tiré d’une autobiographie, il est l’adaptation de l’ouvrage de Solomon Northup relatant l’histoire vécue de l’auteur lui-même. Une histoire de vie stupéfiante. 1841, état de New York, Solomon Northup est un afro-américain né libre qui travaille et est père de famille. L’homme sera kidnappé et réduit à l’esclavage en Louisiane dans les champs de coton. Son calvaire durera 12 ans et l’homme s’en sortira par chance, ce qui lui donnera l’occasion de témoigner vivant et écrire son histoire. C’est donc avec force et précision des détails que l’enfer vécu sera conté. Servi par de belles interprétations et une image implacable, le film frappe avec autorité et puissance dans l’émotionnel et la répulsion. Les tortures physiques et supplices psychologiques ébranlent avec effroi le spectateur qui se voit poussé dans les limites de sa perception de l’horreur. Entre excitation et commotion, on pourra néanmoins reprocher à la réalisation une complaisance certaine qui, à travers un schéma classique de narration, lasse par la semi pauvreté de l’enchaînement des actions visant à émouvoir. Entre devoir de mémoire et curiosité, un film à découvrir.

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Lulu femme nue - Sólveig Anspach

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Une comédie fraîche qui nous dévoile avec charme la beauté et dureté du cycle d’une renaissance.
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Un entretien d’embauche raté et un retour à la maison par le train qui ne se fera pas, Lulu semble être éprise d’une sensation envahissante. Une envie de s’évader et un besoin non prémédité de liberté. Lulu, interprétée par Karine Viard, vaque ici ou là, sur la côte durant quelques jours cherchant probablement un sens à son existence. Un déterminisme auquel la mère de famille tentera d’échapper ne serait-ce qu’une nuit. Une nuit qu’elle prolongera, se laissant porter par l’instant. Sur le chemin de l’errance spirituelle, Lulu fera une rencontre. Aussi inattendue qu’étonnante, la rencontre avec Charles interprété par Bouli Lanners, notre héroïne saura en faire un moment de contentement. Tous deux au bord du monde, ils s’aimeront dans cet instant de grâce. Une fois l’alliance égarée, seul le portable la relira encore à sa vie quotidienne. Le film de Sólveig Anspach est une libre adaptation de la bande dessinée Lulu femme nue d'Étienne Davodeau. L’émancipation d’une femme en quête d’elle-même est filmée avec beaucoup de tendresse et une certaine poésie réaliste. Une chronique de libération et du lâché prise adapté au beau personnage de Lulu mais aussi aux personnages satellites de son heureuse aventure. Une comédie fraîche qui nous dévoile avec charme la beauté et dureté du cycle d’une renaissance.

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Suzanne - Katell Quillevéré

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Les actrices sont remarquables de sincérité et proposent un jeu épuré, touchant et qui favorise l’intensité dramatique qui fait la force du film.
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Il y a Suzanne, fragile et rêveuse puis Marie sa sœur, son pôle et son équilibre malgré des intérêts et préoccupations différents. Pour les accompagner et les soutenir dans leurs vies il y a Nicolas, leur père routier. La maman ayant disparu prématurément, le papa plein d’amour pour ses deux filles est aussi démuni que désarmé pour veiller sur elles. Mais voilà Suzanne est comme absorbée par les évènements qu’elle vit avec intensité. Sans bien comprendre les raisons de ses choix, elle veut vivre. Très jeune elle tombera enceinte. Comme prédestinée à la tragédie et n’aspirant qu’à l’amour, elle suivra un jeune voyou quitte à abandonner son jeune fils et sa famille. Cette fuite en avant la conduira en prison. Les sacrifices ne sont pas mesurés chez Suzanne. C’est l’amour qui la guide. L’instabilité et les erreurs ne racontent rien d’autre que la noirceur intériorisée par cette définitive romanesque qu’est Suzanne. Durant une vingtaine d’années, la réalisatrice Katell Quillevéré cueille les moments de la vie douloureuse d’un triangle familial. Les deux actrices Sara Forestier et Adèle Haenel sont tout simplement remarquables de sincérité et proposent un jeu épuré, touchant et qui favorise l’intensité dramatique qui fait la force du film.

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La marche - Nabil Ben Yadir

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La sincérité de l’auteur Ben Yadir se diffuse et affecte le spectateur qui suivra l’aventure avec beaucoup de plaisir.
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Une bande de potes d’un quartier lyonnais se met en branle et s’active autour d’un projet, lutter contre l’intolérance et la xénophobie. Pour faire entendre leur voix, ces ados issus de l’immigration, ou non, autour desquels se sont réunis des tempéraments, décident d’entamer une marche jusqu’à Paris. Le film aborde sans complexe une page de l’histoire contemporaine de France. Des évènements qui se sont déroulés en 1983 au lendemain de la victoire socialiste de 1981. Un défi pour le réalisateur de s’attaquer à une fiction de reconstitution sans trop flirter avec un discours partisan. La force et la puissance du film résident dans le charisme des personnages qui, fédérés, affirment une belle conviction commune. Une troupe aux multiples visages des minorités avec un regard lucide et précurseur sur le racisme et l’injustice en France. Malgré, par moment un manque de sobriété et subtilité dans le discours cinématographique, l’objectif de mettre en perspective le combat et le courage de ces jeunes inspirés par une volonté de justice sociale est atteint. La sincérité de l’auteur Ben Yadir se diffuse et affecte le spectateur qui suivra l’aventure avec beaucoup de plaisir. Un film de bande aux allures de comédie qui touche et sensibilise autour d’une épopée humaine.

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9 mois ferme - Albert Dupontel

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Une satire du système judicaire brillamment contée par la plume du génie comique. Une fable moderne et irrévérencieuse à savourer.
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Ariane Felder est une juge qui se réfugie dans le travail. Réputée sérieuse et intraitable, elle jouie d’une réputation sans faille auprès de ses collègues. Jusqu’au jour où elle perd le contrôle et se retrouve enceinte par accident. Elle ne se souvient de rien et va mener l’enquête jusqu’à ce qu’elle découvre que le père n’est autre que Bob, un criminel recherché. Dupontel signe une comédie pleine d’énergie dotée d’une mise en scène inspirée des cartoons et du burlesque. On retrouve le personnage de brute sensible et attachante des sketchs de la première heure. Comme lors de ses précédentes réalisations, l’auteur joue d’un humour noir grinçant et cynique. Un scénario plutôt abouti et un sens comique appuyé par une mécanique de précision qui s’articule autour du personnage central du juge interprété par Sandrine Kiberlain. Mais le savoir-faire de l’auteur émerge aussi de tous ces seconds rôles qui sont autant de talents et de personnages d’où jaillissent le bizarre et le risible. Une comédie certainement plus populaire que ses précédents films dans laquelle Dupontel pose un regard critique de la société. Cette fois-ci, une satire du système judicaire brillamment contée par la plume du génie comique. Une fable moderne et irrévérencieuse à savourer.

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Blue Jasmine - Woody Allen

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Cate Blanchett promet à elle seule un bon moment de cinéma sans pour autant porter l'œuvre de Woody Allen parmi ses plus belles réussites.
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Woody Allen pose ses caméras aux USA mettant fin à une longue période de production européenne. Jasmine, arrivant de la côte Est, pose elle ses valises à San Francisco, chez sa sœur. Trahie, humiliée et ruinée, elle cherche désespérément à se reconstruire. De là va naître une volonté de se réinventer. Le personnage de Cate Blanchett incarne à lui seul la quasi-intégralité dramatique du scénario. Prétentieuse ridicule ou hautaine agaçante, elle incarne une femme à la dérive et terriblement angoissée. Alcoolique, dépressive et surmédicamentée elle se débat tant bien que mal pour ne pas sombrer dans la folie la plus pure. L’actrice est d’une vraisemblance impressionnante mais n’en demeure pas moins un personnage doté d’un potentiel comique assez limité. Pathétique et désagréable, le personnage ne suscite pas la compassion. Une comédie certes mais qui révèle chez l’auteur une étonnante absence d’émotion. Une finalité éloignée des envolées lyriques et souvent optimistes des conclusions du réalisateur. La prestation de Cate Blanchett promet à elle seule un bon moment de cinéma sans pour autant porter cette œuvre de Woody Allen parmi ses plus belles réussites.

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Jeune et jolie - François Ozon

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Un sujet de société personnifié mais qui semble n’être qu’un prétexte afin d’aborder l’apprentissage et la recherche de vécu d’une adolescente.
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Isabelle est une jeune lycéenne parisienne de 17 ans qui ne laisse pas insensibles les hommes autour d’elle. Elle le sait et va très vite vouloir affronter ses propres limites. Offrir sa virginité lors des vacances à un bel étranger estival ne sera qu’une formalité. De retour à sa vie citadine la jeune fille devenue femme se laissera emporter par ses désirs de vivre des expériences beaucoup plus sulfureuses. Après avoir un jour été abordée par un homme, Isabelle loue son corps contre rémunération. La jeune héroïne est remarquable par son physique et déroutante par ses choix. Elle ne cherche pas à être, comme les jeunes de son âge, mais plutôt à vivre. Elle s’invente un personnage sans jamais afficher de plaisir à le faire. Une fois encore, Ozon perturbe et dérange. Le spectateur ne dispose pas d’élément de réponse quant à cette prostitution qui n’a pas de réel motif en dehors de l’expérimentation pure. Un sujet de société personnifié mais qui semble n’être qu’un prétexte afin d’aborder l’apprentissage et la recherche de vécu d’une adolescente. Un film un brin voyeuriste et sans jugement qui dévoile et invoque dans la douleur et la beauté.

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Joséphine - Agnès Obadia

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Une réalisation aboutie et très bien rythmée par la succession de déboires et cocasseries plutôt efficaces dans le registre de la comédie.
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Joséphine a 29 ans. Elle ne mène pas la vie dont elle rêve. Son homme idéal qui la prendrait dans ses bras tous les soirs n’existe pas. Mais ce sont surtout ses fesses et leur taille disproportionnée qui la complexent. Ses amis très présents, l’espoir de trouver l’amour et surtout son chat Brad Pitt qui lui sert consciemment de substitut affectif remplissent sa vie. Joséphine survie au néant romanesque jusqu’au jour où sa soeur trop parfaite lui annonce son mariage à venir. Dès lors notre héroïne va s’inventer une histoire d’amour avec un chirurgien brésilien et affabuler des projets grandiloquents auprès de ses proches. Cette situation intenable la fera s’enfoncer un peu plus chaque jour dans le mensonge, provoquant de nombreuses situations grotesques et ridicules. Le récit trouve sa source dans la BD Joséphine et les personnages créés par Pénélope Bagieu. Une réalisation aboutie et très bien rythmée par la succession de déboires et cocasseries plutôt efficaces dans le registre de la comédie.

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La passé - Asghar Farhadi

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Le réalisateur embarque avec force le spectateur grâce à un rythme précis dans l’équilibre des émotions.
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Sous l’impulsion de son ancienne compagne Marie, Ahmad arrive à Paris depuis sa ville, Téhéran. La raison de ce séjour : régler les formalités administratives de leur divorce. Quatre années les séparent depuis le départ du mari vers l’Iran. Ahmad de retour dans son ancienne maison, découvre la nouvelle vie de Marie, son compagnon et des difficultés entre elle et sa fille aînée qui semblent peser sur tout le noyau familial. Après Une Séparation, Asghar Farhadi renouvelle l’écriture et la réalisation d’une tragédie familiale et amoureuse moderne. Les failles des personnages et la lourdeur des non-dits servent un récit construit sur une base anecdotique. Les secrets doivent-ils nécessairement être percés pour s’affranchir du passé ? De la banalité se dégage une troublante finesse. Notamment dans les interprétations remarquables des acteurs. Une histoire et une mise en scène profondément humanistes. Le réalisateur embarque avec force le spectateur grâce à un rythme précis dans l’équilibre des émotions.

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L'écume des jours - Michel Gondry

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Un film évocateur et enrichi par une belle photographie mais qui manquera certainement de toucher pleinement son public.
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Si l’adaptation de l’œuvre de Boris Vian (1947) par Michel Gondry était très prometteuse, le résultat apparaît de force comme une semi déception. L’univers de Gondry semblait totalement approprié aux effets surréalistes à mettre en image et annonçait un festin sur grand écran. Pourtant le spectateur se noie dans cet immense spectacle de carton-pâte sans fin qui ne laisse que très peu de place aux personnages et aux sentiments de ces derniers. Même si l’imaginaire et la poésie de Vian sont bien respectés et que la fantaisie Grondriesque d’effets spéciaux se fonde dans le récit, on aurait souhaité être touché par le romantisme de l’histoire d’amour entre Colin et Chloé. La fin du film sert avec plus de pertinence le jeu des acteurs à travers les faiblesses et les énergies destructrices des personnages. Un film évocateur et enrichi par une belle photographie mais qui manquera certainement de toucher pleinement son public.

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