La lapidation de Soraya M. - Cyrus Nowrasteh

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C’est avec un réalisme saisissant que l’auteur filme l’horreur de la lapidation. Le film est un cri, une alerte pour le monde entier face à ces crimes qui perdurent.
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Un an après la première édition en DVD du film et à la suite de sa toute dernière réédition sur ce support, voici une excellente occasion de parler du dernier film de Cyrus Nowrasteh. L’œuvre tire son récit d’une histoire vraie se déroulant en août 1986 dans un petit village d’Iran, Koupayeh. Soraya mère de deux fils et deux filles est délaissée par son mari Ghorban-Ali. Celui-ci la frappe et la viole quotidiennement. Ne pouvant plus obtenir ce qu’il veut d’elle autrement que par la violence, il missionne sa femme, avec l’accord du chef de village et du mollah, à aider un homme veuf afin de le soutenir dans ses tâches ménagères et dans l’éducation de son fils. Son mari jaloux qui veut se débarrasser d’elle, alertera le conseil du village afin de la condamner pour adultère. Malgré son innocence, elle sera condamnée à mort par lapidation. Seule une femme s’opposera en vain à la colère des habitants du village. C’est elle-même qui rapportera l’histoire à un journaliste de passage dans le village le lendemain du drame. Une histoire forte filmée avec beaucoup de justesse. Le propos est sans ambiguïté et vise directement une coutume d’un autre âge, reflet d’une cruauté humaine sans équivoque. L’attente du châtiment est toute aussi douloureuse que la mise à mort et c’est avec un réalisme saisissant que l’auteur filme l’horreur de la lapidation. Le film est un cri, une alerte pour le monde entier face à ces crimes qui perdurent.

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Amy - Asif Kapadia

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Ses textes raisonnent avec force grâce au recul que l’œuvre permet de prendre. Un documentaire hommage poignant qui ne laisse pas insensible et qui signifie une vie pleine de sens et de désillusion.
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Le 23 juillet 2011 disparaissait Amy Winehouse, l’une des plus grandes voix jazz de son temps. Ce documentaire percutant revient sur cette carrière fulgurante qui s’arrêta pour la chanteuse alors âgée de 27 ans. Aidé d’images amateures et de témoignages en voix off, ce film apporte un éclairage certain sur la jeune femme qu’était Amy Winehouse. De la petite fille juive des quartiers nord de Londres à la diva soul il n’y a qu’un pas. C’est ce que tend à démontrer ce film qui peint une héroïne blessée pour qui seule la musique est un exutoire. Si l’auteur va d‘abord chercher la fêlure enfouie en Amy, il s’avèrera que seule sa passion dévorante pour son homme la poussera à franchir plusieurs fois la ligne et prendre un mauvais chemin. Anorexie, alcool et drogue n’auront de cesse d’affaiblir la jeune femme qui ne cherchait qu’à vivre ses émotions au plus fort du possible. Un petit cœur d’artiste mal armé pour cette vie de star qui ne tiendra pas la démesure. Si le documentaire nous fait aimer ce petit oiseau fragile il en découle une tristesse terrible nous rendant impuissant face à la déchéance de l’être. Au-delà d’une crudité de ton au travers moult images saisissantes, la réussite de ce film réside également dans la lecture des textes écrits par la chanteuse-compositeure. Des paroles qui raisonnent avec force grâce au recul que l’œuvre permet de prendre. Un documentaire hommage poignant qui ne laisse pas insensible et qui signifie une vie pleine de sens et de désillusion.

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Un moment d'égarement - Jean-François Richet

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Si le film touche de par sa thématique, on est loin du consensus généré par l’originale comédie de mœurs sensuelle et amorale de Claude Berri, réalisée en 1977.
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Antoine et Laurent, amis de longue date, passent ensemble leurs vacances en Corse en compagnie de leurs deux filles respectives. Moyennement emballées par ces vacances les deux jeunes filles affichent un ennui revendiqué et une attitude désinvolte quant aux grands et bons sentiments de nature et grands espaces prétendus par leurs pères. Mais très vite les deux jeunes filles sortent le soir et prennent leurs marques à la maison familiale d’Antoine. Un soir, Louna, la fille d’Antoine, séduit et isole Laurent sur une plage. Elle l’embrasse et se jette sur lui. Rejetée dans un premier temps par ce dernier, elle finira par avoir le dessus et l’homme se laissera entrainer dans une coucherie d’un soir. Dès lors, Louna est amoureuse. Elle n’a de cesse que de réclamer de l’attention de la part de Laurent qui a le double de son âge. Très vite, Antoine, le père de Louna, apprend que sa fille a une relation avec un homme plus âgé qu’elle. Obsédé par la recherche de l’identité de cet amant, le papa de Louna tentera tout. Laurent, perdu et bouleversé par son erreur et par la beauté de cette nymphette prédatrice et ses multiples assauts, ne sait comment résoudre le problème. Le film est un remake de celui de 1977. Malgré une recontextualisation de l’époque, l’histoire peine à trouver de véritables interprétations en ses personnages un peu sexistes et caricaturaux. Si le film touche de par sa thématique, on est loin du consensus généré par l’originale comédie de mœurs sensuelle et amorale de Claude Berri.

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La tête haute - Emmanuelle Bercot

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L’auteure filme les éclats de rage du jeune garçon avec beaucoup de justesse sans jugement ni discours. Les interprétations de Catherine Deneuve et Benoît Magimel sont excellentes.
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L’histoire de Malony commence à Dunkerque dans le bureau d’un juge pour enfants. Sa mère, complètement dépassée et bien incapable de s’occuper de son enfant, le laisse et l’abandonne dans ce bureau. Dès lors la vie de Malony sera prise en charge par les services sociaux. On retrouve le jeune garçon dix ans plus tard après un parcours chaotique au sein des foyers et centres d’éducation. Adolescent buté, mutique et violent, Malony se heurte encore et une fois de plus à la loi et la juge qui le suit. Afin de lui éviter la prison, la juge l’oriente vers une nouvelle prise en charge et surtout un nouvel éducateur. Entre ce dernier et Malony va naitre une histoire d’amitié et de confiance. Les difficultés sont réelles et majeures. Avec l’aide et le soutien de cet éducateur et de la juge qui le suit depuis sa petite enfance, le jeune garçon va grandir et aborder la vie avec rage et vivacité. Emmanuelle Bercot a déniché un acteur percutant qui sollicite le spectateur. L’adolescent incarne la peur et la violence. Ce parcours disparate et destin brisé d’un mineur délinquant relève du mal-être d’une jeunesse broyée. Les interprétations de Catherine Deneuve et Benoît Magimel sont excellentes. Le film est bondissant et l’enjeu de l’instant fatidique. L’auteure filme les éclats de rage du jeune garçon avec beaucoup de justesse sans jugement ni discours. Derrière la colère et les cris, la fuite en avant du jeune homme en devenir ne cache qu’un manque d’amour et une peur d’aimer.

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Taxi Téhéran - Jafar Panahi

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Un film magnifique et non dénué d’humour et d’instants cocasses qui propose une vraie vision moderne de l’Iran actuel et surtout de Téhéran.
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Quelle balade que celle proposée par Jafar Panahi. Le réalisateur iranien joue au taxi dans sa ville, Téhéran, faisant la course de plusieurs hommes et femmes. À l’aide d’une caméra posée à l’intérieur du véhicule et parfois de téléphone et appareil photo, Jafar Panahi saisi des moments de vie plein d’intensité et de volupté. Si le cadre et l’expérience sont simples, l’aboutissement provoquent de vraies émotions et livre au spectateur une vision profondément humaniste et un regard amoureux de Téhéran et ses habitants. Telle une fresque urbaine les citadins et usagers du taxi s’enchaînent les uns après les autres s’exprimant avec beaucoup de liberté et de conviction auprès de leur interlocuteur. C’est une véritable mosaïque d’impressions et de discours qui passent devant la caméra du réalisateur. Un dispositif d’une grande simplicité qui recueille des témoignages sincères et sur le vif. Jafar Panahi qui, tour à tour, transporte un couple avec un homme blessé, une institutrice, deux vieilles dames, un pirate et revendeur de films, un vieil ami et sa nièce, semble être touché et serein face à ces instants de vies à la fois poétiques, profonds et dérisoires. Un film magnifique et non dénué d’humour et d’instants cocasses qui, au-delà du voyage, propose une vraie vision moderne de l’Iran actuel et surtout de Téhéran.

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Rendez-vous à Atlit - Shirel Amitaï

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Le message d’espoir est plutôt beau et les actrices livrent avec fraîcheur et justesse leur histoire. Un film familial où brillent trois comédiennes talentueuses et sincères.
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Israël, 1995, alors que le processus de paix au Proche-Orient se profile à l’horizon, 3 sœurs se retrouvent dans la vieille demeure de leurs parents décédés. Dans la petite ville d’Atlit, Cali, Darel et Asia sont réunies afin de vendre la maison héritée. Pendant ce séjour qui les replonge dans leur passé commun, la complicité amusée des jeunes femmes laisse place aux querelles et rancoeurs qui réapparaissent. Chacune investit l’espace et s’accapare le bien commun afin de lui rendre une seconde vie, comme pour réveiller l’être endormi qui sommeille au sein de cette vieille pierre. Le réalisme ambiant s’estompe peu à peu pour donner place à une teinte fantastique. Les parents jaillissent dans un présent chargé de tension entre les 3 sœurs, ce qui ne va pas sans compliquer la lecture de l’oeuvre. Si les intérêts mémoriels ou financiers divergent et l’harmonie fraternelle est quelque peu mise à mal, l’atmosphère aux grandes heures et grandes décisions vers une paix dans la région gargarise la fratrie. Le message d’espoir est plutôt beau et les actrices livrent avec fraîcheur et justesse leur histoire. Un film familial où brillent trois comédiennes talentueuses et sincères. La réalisatrice, sans quitter le huis clos de la propriété, évoque cette période presque heureuse, brisée par l'assassinat du premier ministre, où régnait l'espoir d'une paix possible entre son pays et la Palestine.

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Tiens-toi droite - Katia Lewkowicz

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Si le film est curieux et volon­tairement chaotique et décousu il tente tant bien que mal de défier dans la dou­leur les conventions du cinéma populaire français à travers un féminisme plus hu­maniste que politique.
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Tiens-toi droite c’est le destin de trois femmes qui gravitent dans le même monde mais dont les préoccupations et réflexions sur ce monde sont très différentes. Sam est mère de plusieurs enfants et en attend deux autres. Dans sa vie de maman et de femme, Sam est au bord du burn out. Elle travaille dans une usine à poupée où elle croise Louise, une femme ambitieuse et volontaire qui vient de quitter le pressing familial pour un poste de cadre dans l’entreprise de son amant. Lili a elle été élue Miss Calédonie et va prêter ses mensurations à la fameuse poupée en élaboration. Très naïve et candide Lili est assez mal adaptée à ce monde qu’elle côtoie. Katia Lewkowicz réalise un film qui s’éparpille un peu. Une comédie qui cristallise l’hystérie féminine en mettant délibérément assez mal ses sujets en valeur. Au bord de la crise de nerf, ces trois femmes qui ne se connaissent pas ont la volonté farouche d’évoluer au sein de leur milieu. C’est ce qui va les faire se rencontrer, se juxtaposer. Si les hommes sont peu pré­sents et disparaissent peu à peu, la pres­sion des mères est bien présente. Une multiplication des points de vue et un questionnement sur l’image de la femme et son corps. Si le film est curieux et volon­tairement chaotique et décousu il tente tant bien que mal de défier dans la dou­leur les conventions du cinéma populaire français à travers un féminisme plus hu­maniste que politique.

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Timbuktu - Abderrahmane Sissako

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Une reconstitution de l'occupation réalisée avec une formidable liberté. Une narration libre, quasi chorégraphiée qui pousse le spectateur à s’éveiller et s’interroger.
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Timbuktu raconte le quotidien d’une ville africaine mythique aux confins du Sahara Occidentale aux mains des djihadistes. Comment concilier un rythme de vie ancestrale avec les nouvelles règles de vie des extrémistes religieux venant imposer leur charia et semer la terreur dans des bourgades n’aspirant qu’à vivre en paix ? Toute la beauté du film réside dans ce savant mélange entre horreur et beauté. La photographie superbe met à l’honneur un décor que le réalisateur a pu observer dans ce Mali qu’il connaît bien. Entre les paysages ocre filmés avec une patience infinie et la longue sérénade du fleuve qui traverse les plaines désertiques, Abderrahmane Sissako nous fait aimer ce cadre enchanteur. Pour autant, c’est avec la même énergie qu’il s’en prend aux salafistes, se postant au chevet des interdits, il filme l’oppresseur et le résistant avec distanciation, use de la rupture de tons et d’un humour osé et téméraire. Timbuktu rend grâce aux femmes, intrépides et premières victimes des djihadistes, en appelle à leur courage et à la course à la vie. La ville tombée en 2012 aux mains des intégristes puis reprise en janvier 2013 par les français et maliens est le théâtre d’une actualité brûlante très vite recyclée en sujet de film par le réalisateur mauritanien. Il reconstitue cette occupation pour le grand écran et il le fait avec une formidable liberté. Une narration libre, quasi chorégraphiée qui pousse le spectateur à s’éveiller et s’interroger.

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Les héritiers - Marie-Castille Mention-Schaar

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Au carrefour du documentaire et de la fiction, ce long métrage réussi et passionnant pose un regard optimiste sur la jeunesse d'aujourd'hui.
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En 2009, une professeure d’histoire du collège Léon Blum à Créteil inscrit sa classe de seconde réputée la plus faible au concours national de la résistance et de la déportation. Cette histoire, Ahmed Dramé, acteur dans le film, l’a vécue. Face à une classe ingérable, Anne Anglès (Anne Gueguen dans le film) la professeure principale, propose à ses élèves de relever le défi. D’abord réticents, les élèves gagnés peu à peu par l’enthousiasme vont se pencher sur le thème sur lequel les candidats doivent concourir : « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». Dans cette ville très cosmopolite de Créteil et contre l’avis du proviseur, cette professeure formidablement interprétée par Ariane Ascaride réussit ce petit miracle de rassembler ses élèves autour de ce sujet. Au prix d’une réelle transformation pour la plupart d’entre eux, les élèves remporteront cette année le 1er prix au concours. Le film retrace la réalité du métier d'enseignant et les difficultés auxquelles les élèves peuvent être confrontés dans leur scolarité. La place donnée à l'improvisation apporte une spontanéité communicative. Si le sujet du film est bien l’adolescence on ne peut qu’être ébloui par le jeu d’Ariane Ascaride, juste, sensible et évidente incarnant parfaitement la professeure idéaliste. Au carrefour du documentaire et de la fiction, ce long métrage réussi et passionnant pose un regard optimiste sur la jeunesse d'aujourd'hui.

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Black Sails – Jonathan E. Steinberg & Robert Levine

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La seconde saison qui vient de démarrer semble s’être munie d’une écriture plus fine et plus éclairée. Un abordage dans le monde des séries plutôt réussi !
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Nouvelle et seconde saison très attendue signée Starz, Black Sails revisite le genre très historique de la piraterie. Un mot qui suscite bien des fantasmes et qui méritait bien une adaptation à l’écran. Très élaborée, la série nous présente un univers intriguant bien loin des films hollywoodiens aseptisés avec une bonne dose de violence, sexe et enjeux politiques. En ce XVIIIème siècle, l’île de Nassau en mer des Caraïbes est le centre de cette piraterie qui sert de plaque tournante et marché de revente des marchandises volées lors des attaques en mer. Et si l’ambiance à bord est très masculine, bon nombre de femmes à terre ont un rôle crucial à jouer, tout comme la non moins patronne de l’île, le personnage de Mlle Guthrie qui scelle le sort de la capitainerie locale. Un casting de pures gueules et un cocktail bravoure, sang, sueur et crasse sont bien partisans d’une certaine esthétique mais l’ensemble du dispositif demeure au service d’un scénario qui ne manque pas de charme et d’intelligence. Celui-ci se tisse d’épisodes en épisodes et nous entraine en houleux tourments. Entre aventures romantiques et romanesques, ce qui importe le plus c’est bien la tension permanente entre les différents personnages. Si l’ambition première et louable est de divertir, la seconde saison qui vient de démarrer semble s’être munie d’une écriture plus fine et plus éclairée. Un abordage dans le monde des séries plutôt réussi !

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