La fête est finie – Marie Garel-Weiss

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L'auteure n'oublie pas de créer un objet filmique très bien cadencé et extrêmement bien rythmé par les interprétations des deux talentueuses jeunes actrices. Une œuvre cinématographique intense dont exulte une forme de nécessité.
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Céleste et Sihem se font admettre au même moment dans un centre de désintoxication. Elles vont très vite se reconnaître, se rapprocher et s’attacher l’une à l’autre. De leur complicité née au sein d’un établissement aux règles rigoureuses va éclore une réelle amitié exaltée. Hors des murs et esseulées, les jeunes femmes décident de se battre ensemble face à leurs vieux démons.

Le chemin sera ardu et escarpé mais leur lien affectif, sincère et loyal, consolidera un binôme animé d’une pulsion de vie indéfectible. Pour son premier long métrage, Marie Garel-Weiss livre un récit autobiographique dans un cadre naturaliste et dévoué à l’ébranlement et au trouble d’une rencontre exceptionnelle.

Ce type de rencontre qui transcende le moment et interroge l’existence. Abordant son propre vécu, la réalisatrice évoque l’addiction aux drogues sans pathos ni maladresse. L’œuvre met en lumière l’abandon des proches, la solitude face à la dépendance et l’encadrement au sein des centres de désintoxication.

Le discours est brillant car il sonde avec force et conviction l’attraction vénéneuse et désenchantée du produit. Un produit adulé, accueilli comme un compagnon de route et qui s’inscrit au cœur de sa propre histoire. Les longues années de défonce résultent de cassures et du manque de lien.

Si l’auteure apporte un œil averti muni d’une expérience de vie riche en épreuves, elle n’en oublie pas de créer un objet filmique très bien cadencé et extrêmement bien rythmé par les interprétations des deux talentueuses jeunes actrices. Une œuvre cinématographique intense dont exulte une forme de nécessité.

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Comme des garçons - Julien Hallard

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Le ton est à l’humour et le réalisateur sait très bien mettre en scène la jolie bande de comédiennes. Une émancipation à travers le sport pour nombre de ces femmes relatant ainsi les progrès d’un monde qui commence à changer.
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Reims 1969, un journaliste et séducteur invétéré, un poil misogyne, décide d’organiser un match de football féminin pour la kermesse annuelle du journal. Accueilli au départ comme une jolie plaisanterie, l’équipe prendra forme et ses membres, accompagnées de leur coach, débuteront un combat pour l’obtention de licences sportives.

Si à l’époque on ne croyait pas vraiment en l’avenir du football féminin, le journaliste Paul Coutard du Champenois, lui, voudra y croire et saura motiver les joueuses de son équipe pour se prendre le droit de jouer au ballon rond. Dans cette fin des années soixante les mœurs n’accordent pas le droit aux femmes à la pratique de ce sport.

Alors que l’Italie possède déjà son équipe nationale, tous les coups seront permis pour obtenir ces fameuses licences si symboliques qui aboutiront à la création de la première équipe féminine de football de France. Le sujet est traité sur le mode de la comédie et les actrices sont très crédibles dans leurs personnages.

Mention très spéciale à Vanessa Guide dans son premier rôle, bien loin de certains films où elle jouait les utilités. Le film se fait le plaisir de reconstituer toute une époque dans les moindres détails. Une immersion historique qui permet de découvrir les nombreuses contraintes imposées aux femmes.

Qui dit équipe, dit galerie de personnages féminins. Certains pourraient parfois y voir un féminisme pousser à bout et sans subtilité mais le ton est à l’humour et le réalisateur sait très bien mettre en scène la jolie bande de comédiennes. Une émancipation à travers le sport pour nombre de ces femmes relatant ainsi les progrès d’un monde qui commence à changer.

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Les goûts et les couleurs - Myriam Aziza

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On pourra critiquer la légèreté du traitement du sujet mais au delà des attentes conventionnelles on ne saura qu’encourager les auteurs à se lancer dans l’écriture de film autour de l’homosexualité féminine et du questionnement autour de l’identité sexuelle.
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Simone est en couple avec Claire depuis 3 ans. Leur histoire est belle et les deux jeunes femmes semblent être très épanouies. Mais voilà, Simone n’a jamais pu aborder son orientation sexuelle auprès de ses parents trop traditionnalistes pour accepter son homosexualité.

Entre une mère légèrement hystérique et un père conservateur à la santé fragile, Simone ne trouve pas le bon moment pour se livrer à ses parents qu’elle veut avant tout protéger. Même si la jeune femme est très amoureuse elle peine à vivre librement son homosexualité.

Quand elle se décidera enfin à faire son coming out elle tombera sous le charme d’un beau jeune sénégalais plein d’attention et de délicatesse. Simone va de jour en jour se compliquer la vie avec des questionnements sur sa sexualité qui vont jusqu’à l’étonner elle-même.

Ayant toujours été lesbienne depuis son jeune âge, la jeune femme est bouleversée pour ce qu’elle ressent pour Wali. Si ce film, diffusé récemment sur Netflix, réuni bon nombre de clichés, j’ai choisi de le défendre principalement pour sa thématique et sa très prometteuse actrice Sarah Stern.

Certes, les clichés sur les juifs, les homophobes et les racistes sont tous réunis pour célébrer une jolie farandole contreproductive d’idées reçues, mais le fil rouge du film reste plausible et les situations cocasses de la vie dérangée de Simone sont tendres et affectueuses.

On pourra critiquer la légèreté du traitement du sujet mais au delà des attentes conventionnelles je ne saurais qu’encourager les auteurs à se lancer dans l’écriture de film autour de l’homosexualité féminine et du questionnement autour de l’identité sexuelle.

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Le Rire de ma Mère – Pascal Ralite & Colombe Savignac

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Marie, authentique et ébranlée par les évènements, est attachante et propose un vrai parti-pris sur le cheminement de la vie. Un film pudique et profond sur l’adolescence et l’existence.
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Adrien est un jeune garçon réservé et timide. Sa vie n’est pas facile. La séparation de ses parents l’a beaucoup atteint et il s’applique à accorder autant d’affection et de tendresse à chacun d’entre eux. Jusqu’au jour où il sera bousculé par une terrible et douloureuse vérité : sa mère est atteinte d’un cancer.

Cet état de fait va tout changer pour lui mais aussi pour sa famille entière qui devra s’arranger avec les contrariétés de la maladie. Séduit par le théâtre, Adrien s’inscrit à un cours qui lui permettra de se rapprocher d’une jeune fille dont il est en train de tomber amoureux. Si ses parents, Romain et Marie, désormais divorcés, ont gardé une douce complicité, la cruelle réalité rattrape le jeune garçon qui devra se montrer plus courageux que jamais.

Si les réalisateurs Pascal Ralite et Colombe Savignac centrent le récit autour de ce jeune adolescent, il y a bien une deuxième lecture du scénario qui relève la solitude et le trouble d’une femme confrontée à la maladie. Marie, aime, crie et dérange.

Elle veut dire sa vérité, ne pas perdre de temps et profiter, peu importe si elle encombre parfois un peu le nouveau noyau familial de son fils qui partage sa vie avec son père et sa belle-mère. Pas difficile d’y voir un film féministe et engagé.

Marie, authentique et ébranlée par les évènements, est attachante et propose un vrai parti-pris sur le cheminement de la vie. Un film pudique et profond sur l’adolescence et l’existence.

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La Casa de Papel – Álex Pina & Esther Martínez Lobato

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Un concept accrocheur chargé d’un esprit contestataire aux multiples rebondissements, La Casa de Papel est le coup gagnant de Netflix qui diffuse depuis avril la série sensationnelle et déflagrante.
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À l’occasion de la diffusion de sa seconde et dernière partie, revenons sur LE phénomène qui nous vient tout droit d’Espagne. La joyeuse bande de braqueurs menée par le professeur a bien décidemment la côte.

Si lors de la première partie nous apprenions à découvrir tous ces personnages très charismatiques et attachants, il est maintenant temps de découvrir le dénouement de l’histoire du plus grand braquage de tous les temps. Si de prime abord, Tokyo, Denver, Berlin ou encore Naïrobi suivent le plan à la lettre, les déconvenues d’un braquage qui ne serait être parfait sans la greffe d’une intrigue sentimentale, apportent leur lot de dramaturgie.

Tel un conte homérique, il y a les survivants et les sacrifiés. Un suspens haletant et un rythme cadencé à merveille sont peut-être le secret de la réussite de cette série. Mais ce serait oublier la jolie représentation des femmes. Tokyo, héroïne fougueuse et narratrice du récit, mène avec ces complices un combat presque philosophique et sociétal contre les forces de l’ordre commandées par la très éloquente et fascinante Raquel Murillo.

Cette dernière étant la négociatrice en conversation constante avec « el profesor », cerveau du braquage. On pourrait également attribuer le succès de la série au mélange efficace et potentiellement explosif de ces héros aux compétences, personnalités et physiques complémentaires qui semblent tout droit sortis d’une BD ou d’un jeu vidéo.

Un concept accrocheur chargé d’un esprit contestataire aux multiples rebondissements, La Casa de Papel est le coup gagnant de Netflix qui diffuse depuis avril la série sensationnelle et déflagrante.

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Roxanne Roxanne – Michael Larnell

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Le biopic est un beau témoignage sans apologie ni glorification d’une époque et d’un milieu. Produit par Shanté Roxanne, Pharrell Williams et Forest Whitaker, le film frappe avec justesse sur la thématique de l’émancipation.
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Shanté est une jeune fille de 16 ans et ainée de quatre sœurs d’une famille monoparentale. Avec une mère alcoolique, elle et ses sœurs vivent dans les quartiers pauvres du New York des années 80. Difficile de suivre une scolarité normale lorsque la rue attire des jeunes en manque de presque tout.

Pour gagner un peu d’argent, Shanté fait des battles de rap dans la rue. Très vite remarquée, elle devient une mini star dans la cité. Jusqu’au jour où entre deux lessives elle enregistre un single dans un appartement qui aboutira à un hit en radio. Shanté devient Roxanne et commence à faire de la scène.

Elle fréquente un milieu dur et sans facilité. Méfiante et instinctive, elle se méfie des belles promesses et ne compte que sur elle et son talent. Sa jeunesse sera rapidement abrégée lorsqu’elle rencontrera le père de son fils qui lui mènera une vie plus dure que jamais auparavant.

Shanté, femme battue, se battra pour récupérer son enfant et recommencer une nouvelle vie. Ce film raconte l’histoire vraie des débuts de la carrière de Shanté Roxanne. La jeune précoce du hip hop deviendra grâce à ce tube radio une star du rap féminin dans les années 80.

L’œuvre s’étend beaucoup sur les déboires pécuniaires, sentimentaux et familiaux de l’artiste ainsi que sur les conflits permanents et oppressants avec sa mère et les hommes qu’elle rencontre.

Le biopic reste néanmoins un beau témoignage sans apologie ni glorification d’une époque et d’un milieu. Produit par Shanté Roxanne, Pharrell Williams et Forest Whitaker, le film frappe avec justesse sur la thématique de l’émancipation.

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Battle of the sexes – Valerie Faris & Jonathan Dayton

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L’interprétation d’Emma Stone qui tient le premier rôle est incroyable de finesse et incarne son personnage avec mimétisme. Elle porte l’histoire d’un film très bien réalisé livrant un joli biopic feelgood et une réflexion sur le sport et le féminisme.
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1972, la grande championne de tennis Billie Jean King remporte 3 titres du grand chelem. Elle s’annonce comme la plus grande compétitrice du moment.

Au-delà de briller sur les courts et faire croitre son palmarès, la jeune femme de 29 ans s’engage dans la lutte pour les droits des femmes et se battra désormais pour que les joueuses professionnelles gagnent autant que les hommes lors des grandes compétitions. C’est alors qu’intervient le très misogyne et provocateur Bobby Riggs.

Ancien numéro un mondial et parieur inconditionnel, il se met en tête de défier la grande championne lors d’un match de tennis diffusé sur les grandes chaines nationales. Son idée, prouver au monde que les hommes méritent leurs salaires et que le sport-spectacle est plus attractif lorsqu’il s’agit d’hommes. 

Battle of the Sexes fait le récit d’un match historique entre la joueuse féministe et lesbienne Billie Jean King et un conservatisme encré dans les mentalité et incarné par le très présomptueux ancien champion Bobby Riggs. Le film relate d’événements anciens qui pourtant font largement échos à notre époque.

Il y avait bien 50 millions de téléspectateurs pour la diffusion de cette confrontation et si la jeune championne a joué le match de sa vie, elle a, à travers cet événement sportif, contribué à faire avancer la cause féministe et changé à jamais le monde du sport.

L’interprétation d’Emma Stone qui tient le premier rôle est incroyable de finesse et incarne son personnage avec mimétisme. Elle porte l’histoire d’un film très bien réalisé livrant un joli biopic feelgood et une réflexion sur le sport et le féminisme.

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Le sens de la fête - Olivier Nakache & Eric Toledano

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Le film ausculte avec élégance le bonheur et le mal-être des gens. Un effet loupe très bien rythmé qui scanne la déconfiture sociale, culturelle et morale d’une époque.
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Max est un traiteur de longue expérience. Un peu au bout du rouleau et un peu en bout de parcours, il synchronise ses équipes pour un mariage somptueux dans le décor d’un château du 17ème siècle. Serveurs, cuisiniers, musiciens et photographe, tous travaillent pour que la fête soit belle et réussie.

Depuis les préparatifs jusqu’à l’aube, tout ce petit monde s’affaire à sa tâche et tous rendent compte au maître en ces lieux, Max. Il est l’homme de la situation et si les doutes, les malentendus et les fausses notes s’invitent au mariage, Max à la solution pour chacun des problèmes à régler. Afin d’éviter la débâcle et face à un déroulement plutôt imprévu garni de drames d’infortunes en cascade, Max va devoir être inventif et créatif.

Les réalisateurs Nakache et Toledano se sont passionnés pour le monde un peu secret des coulisses des fêtes de mariage. Bien que moins universelle que les derniers scénarios des cinéastes, la thématique captive néanmoins et se gorge d’une multitude de situations comiques et sarcastiques. Unité de temps, de lieu et d’action, l’ensemble ayant deux mondes différents qui se confrontent, on est proche des célèbres mises en scènes du géant Robert Altman.

Si Le sens de la fête n’est pas le film le plus réussi du duo le plus courtisé du cinéma français, il ausculte avec élégance le bonheur et le mal-être des gens. Un effet loupe très bien rythmé qui scanne la déconfiture sociale, culturelle et morale d’une époque.

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Ôtez-moi d'un doute - Zabou Breitman

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Des histoires simples avec du cœur et de la profondeur onirique. On se laisse envoûté par un sens du rythme plus qu’appréciable et la griffe fantasque de l’auteure.
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Erwan est un bon gaillard breton, démineur de profession et entouré de sa fille enceinte qui ne veut pas que son futur enfant ait de père. Lors d’un examen médical de cette dernière, le quadragénaire apprend qu’il n’est pas le fils biologique de son père. Pour lui c’est le choc. Déboussolé et sans pour autant rompre avec les liens forts et la tendresse qui le lient avec son père, il engagera une détective privée afin de retrouver son véritable géniteur.

Ce sera chose faite et la réponse s’appellera Joseph, un homme attachant pour lequel il aura très vite beaucoup d’affections. La vie d’Erwan n’aura de cesse d’être chamboulée puisque c’est en renversant un sanglier sur la route que la ravissante et insaisissable médecin prénommée Anna entrera dans sa vie. Pour autant, la belle rencontre laisse peut être apparaître une nouvelle intrigue familiale.

La réalisatrice Carine Tardieu à définitivement l’art du portrait et du ton tragicomique. Ses personnages sont drôles et émouvants. Une galerie de personnages pour une galerie d’acteurs et actrices déjà bien rôdé-es aux comédies sentimentales. La distribution est un vrai régal.

Si le sujet est minimaliste comme souvent dans la filmographie de l’auteure, on ne se refuse pas d’adorer la souplesse poétique du récit. Des histoires simples avec du cœur et de la profondeur onirique. On se laisse facilement envoûté par un sens du rythme plus qu’appréciable et la griffe irrésistiblement fantasque de l’auteure.

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Paris etc - Zabou Breitman

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Rien n’est plus difficile que d’être libre et affranchie du système dans la ville lumière d’aujourd’hui. Le jeu éblouissant des actrices et la galerie de personnages en font une curiosité à découvrir.
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Dans Paris, il y a ces cinq femmes. Jeunes, trentenaires ou quinquas, elles vivent, découvrent ou redécouvrent Paris. Toutes à un moment crucial de leurs vies, ces femmes se croisent sans se rencontrer. Elles sont cinq façons d’être, de pleurer, de rire, de flirter, de jouir, de résister, d’aimer ou de se laisser aimer.

Un récit qui ne sera pas sans rappeler quelques références comme Sex & the city ou Girls, Paris etc fait vivre ses figures féminines à travers leurs vies sentimentales, familiales et sexuelles. Des rôles forts et impactants tant les sujets traités et les épreuves vécues par ses femmes sont réalistes et actuels.

La nouvelle série de Zabou Breitman joue sur la temporalité des histoires personnelles et montrent sans pudeur la sexualité de ses héroïnes. Si la comédie est assez passive, le drame lui est hyperactif et présent pour chacune de ces cinq femmes. Paris etc ne nous aura pas vraiment fait rire aux éclats ça c’est certain mais l’observation fantasque de la réalisatrice et le cynisme des dialogues dévoilent un sens véritablement amusé de l’époque et de la société.

Sincère déclaration d’amour à la capitale française, la ville est, au-delà du cadre de la fiction, un personnage à part entière. Il est évident que l’auteure aura tout fait pour nous montrer que quoiqu’il en coûte la parisienne gagne sa liberté et en paye le prix. Rien n’est plus difficile que d’être libre et affranchie du système dans la ville lumière d’aujourd’hui. Le jeu éblouissant des actrices et la galerie de personnages en font une curiosité à découvrir.

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