Aurore - Blandine Lenoir

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Agnès Jaoui est solaire et virevoltante. Même si l’on n’échappe pas à quelques clichés et stéréotypes le film reste plutôt enthousiasmant.
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Aurore est un peu à la dérive. Sans emploi, sans amant, elle vient d’apprendre qu’elle va être grand-mère. Beaucoup de sensations difficiles à intégrer pour cette quinquagénaire encore pleine de ressources et bien décidée à ne pas se laisser pousser vers la porte de la sortie.

Alors que la ménopause se présente elle aussi comme une nouveauté, c’est dans cet environnement que surgit son amour de jeunesse. Un cœur à prendre ou à laisser passer, ce qui est sûr, c’est que cet homme ne laisse pas Aurore insensible. Dans un monde obsédé par le paraître, le jeunisme et la rentabilité des personnes, la très émotive et vulnérable Aurore a bien du mal à assumer ce qui la renvoie à des considérations d’échecs.

Pourtant son caractère l’incite à ne pas se laisser engloutir par les dictats. Aurore se rebelle et par des petites actions du quotidien agit pour son salut et son estime de soi. Pour son premier long-métrage, Blandine Lenoir signe un film qui aborde la difficulté de vivre une féminité épanouie lorsque l’on est quinquagénaire. Comme chez toutes femmes, des difficultés à se sentir utile et à se sentir aimée, mais chez elle son âge est vécu comme un obstacle supplémentaire.

La réalisatrice réussi une comédie intimiste et insolite où l’énergie et la tendresse font face aux carcans sexistes. Le rôle est semblerait-il taillé pour une Agnès Jaoui solaire et virevoltante. Même si l’on n’échappe pas à quelques clichés et stéréotypes le film reste plutôt enthousiasmant.

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M - Sara Forestier

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L’enjeu du récit est de dépasser ses propres traumas pour assouvir une soif de vivre plus forte que le sentiment de rejet. Un premier très beau film, à fleur de peau, qui ne manquera pas de se faire remarquer.
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Lila est une jeune fille bègue et timide. Lorsque le destin met sur sa route Mo, un homme très charismatique et ayant un fort goût pour l’adrénaline, c’est le coup de foudre entre les deux. Mo, inspirant la tendresse et le respect, va immédiatement la prendre sous son aile.

Si Lila combat son bégaiement et se fait violence pour se faire accepter telle qu’elle est auprès de ses congénères, Mo lui cache un secret inavouable, il ne sait ni lire ni écrire. Si le sujet sur le bégaiement pouvait laisser craindre une certaine sensiblerie, le film touche part l’efficacité de son écriture qui s’assujettie du handicap pour livrer une histoire d’amour des plus singulières.

Sara Forestier, pour son premier film, aura mis huit ans à accoucher de cette œuvre humaniste et brillante de sincérité qui révèle notamment la très remarquée prestation de Rédouanne Harjane. Si le fil rouge du film est le handicap et la marginalité c’est bien de l’acceptation de soi dont il s’agit.

Les personnages d’abord présentés comme réfugiés dans l’ombre et le silence s’accordent de nouveaux droits à travers cette histoire d’amour naissante qui les révèle à eux-mêmes. L’enjeu du récit est de dépasser ses propres traumas pour assouvir une soif de vivre plus forte que le sentiment de rejet. Un premier très beau film, à fleur de peau, qui ne manquera pas de se faire remarquer.

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The State - Peter Kosminsky

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Dans cette mini série, Peter Kosminsky s’appuie sur une de ses plus grandes qualités, une vraie réflexion libre et non convenue d'un problème historique et politique lourd.
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Si déjà beaucoup d’œuvres cinématographiques et séries nous montrent l’implacable parcours de jeunes français vers une radicalisation meurtrière et le djihad, cette série britannique propose elle de suivre le parcours de femmes et d’hommes à leurs arrivées en Syrie. Ushna, Jalal, Ziyaad, Shakira et le petit Isaac quittent leur pays natal, la Grande Bretagne, et entre dans les rangs de l’État Islamique, Daesh.

Extrêmement déterminé-e-s, ces deux femmes et deux hommes croient en leur rêve d’un État Islamique tel qu’il l’ont imaginé et tel qu’il leur a été présenté. The State où comment des hommes et femmes radicalisé-e-s se transforment en combattants du djihad. La série composée de 4 épisodes est une immersion en compagnie des recrues étrangères de l’Etat Islamique.

Le cœur du propos est de présenter une confrontation entre le fantasme et la réalité qui bouscule les personnages dans leur idéologie et leurs principes. Parité respectée, le cinéaste, qui par ailleurs réalise des documentaires, s’attache à nous montrer l’apprentissage des règles de la charia et le difficile quotidien des femmes et des enfants, victimes collatérales du fanatisme religieux.

Un ultra réalisme sur le sujet jusqu’ici inégalé dans les œuvres cinématographiques. Dans cette mini série, Peter Kosminsky s’appuie sur une de ses plus grandes qualités, une vraie réflexion libre et non convenue d'un problème historique et politique lourd.

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Demain et tous les autres jours - Noémie Lvosky

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L’auteure interprète elle-même avec brio cette mère perdue et harcelée par ce monde trop conformiste. Un portrait de la folie féminine des plus réussis qui donne cette lumière et ce ton si singulier au film.
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Le film démarre comme une chronique d’une mère perdue sous les yeux de sa fille qui s’efforce de sauver les apparences et tenir à bout de bras cette mère un peu folle et en décalage avec la société qui l’entoure. Mais la mère et la fille s’aiment d’un amour un peu fou lui-même. Elles veillent l’une sur l’autre.

Assez vite la fiction s’imprègne de poésie avec cette chouette qui converse avec la jeune fille, faisant office de bonne fée rassurante. Si cette femme est fragile, elle n’en est que plus touchante dans sa perdition et son extravagance. Se succède de nombreuses scènes à la fois gênantes et émouvantes où cette mère, captivée par sa fille, se laisse aller à ses délires. Mathilde, âgée de 9 ans, se révèle alors être une jeune fille très débrouillarde et pleine d’imagination.

Elle aussi décide consciemment d’être en marge et de répondre à son imaginaire par des actes peu cohérents et adaptés à la situation. Dans cette fable suspendue, à la fois merveilleuse et inquiétante on retrouve là les thématiques chères à Noémie Lvovsky, la maternité, l’enfance, la solitude et une mère à la dérive. La réalisatrice bannît de manière très assumée le coté terre à terre et le rationalisme sans pour autant esquiver le désarroi et la dérive de ses personnages.

L’auteure interprète elle-même avec brio cette mère perdue et harcelée par ce monde trop conformiste. Une justesse dans ce registre qui la connaît bien. Un portrait de la folie féminine des plus réussis qui donne cette lumière et ce ton si singulier au film.

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Les Noces - Stephen Streker

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Plusieurs films sont apparus sur le sujet du mariage forcé ces derniers temps mais les qualités de Noces, scénario, interprétation et image en font l’un des plus réussi.
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Zahira est une jeune belgo-pakistanaise de 18 ans très intégrée et très proche des membres de sa famille. Épanouie et bien dans son époque, la jeune fille vit sa vie pleinement jusqu’au jour où ses parents décident, selon la tradition, de lui imposer un mariage. Écartelée entre sa famille qu’elle ne veut pas décevoir et ses propres désirs, Zahira est perdue et livrée au doute.

Son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté ne sont pas en accord avec ce mariage forcé avec cet inconnu « rencontré » sur internet. Elle compte alors sur l’appui de sa meilleure amie et surtout de son frère confident pour l’aider à surmonter ce périple. Le film de Stephen Streker, ancien journaliste, puise son inspiration dans un fait divers tragique qui s’est déroulé en Belgique en 2007, l’affaire Sadia Sheikh.

C’est la technologie moderne, en l’occurrence internet, qui viendra au secours des traditions séculaires. Skype comme outil de régression et de privation d’émancipation. Si la situation pour Zahira est monstrueuse, le réalisateur tient à montrer que tous les protagonistes ne le sont pas pour autant. Très bien menées et abouties les scènes sont extrêmement bien interprétées. Le contexte et les évènements sont très bien décrits et appliqués.

Sous la patte du cinéaste, on reconnaît bien là l’investigation du journaliste et ses désirs de réalisme. Plusieurs films sont apparus sur le sujet du mariage forcé ces derniers temps mais les qualités de Noces, scénario, interprétation et image en font l’un des plus réussi.

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Les proies - Sofia Coppola

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Dans un style un peu classique, la réalisatrice signe un film sombre et captivant d’une mise en scène impeccable et d’une esthétique splendide.
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Si la guerre de sécession touche à sa fin, les yankees et les confédérés s’opposent toujours lors de féroces bataille en Caroline du Sud. Les quelques pensionnaires d’une maison de jeunes filles recueillent un soldat yankee blessé dans leur grande demeure. Alors que la directrice prend en charge les soins de l’homme assez mal en point, une atmosphère de tensions sexuelles et de rivalités apparait au sein des jeunes filles et des deux femmes de la maison.

Trop affaibli, l’homme ne peut se déplacer et reprendre la route. Martha Farnsworth, la propriétaire, décide de ne pas le remettre aux troupes des confédérés et lui donner refuge jusqu’à ce qu’il soit en mesure de repartir par ses propres moyens. La présence de cet homme sensible et éduqué n’aura de cesse que de pousser les esprits vers des confrontations jusqu’au jour où un incident provoquera un net changement du rapport de force. Sofia Coppola signe là une œuvre très féminine.

Si l’œuvre littéraire de Thomas Cullinan avait déjà été adaptée à l’écran par Clint Eastwood, celui si avait rendu compte du récit à travers le regard de l’homme recueilli. Tour à tour séductrices puis cibles, les héroïnes des Proies tombent sous le joug du soldat blessé qui vient perturber leur quotidien.

En ces temps difficiles et incontrôlables le cocktail de jalousie, vanité et orgueil construit un piège qui va se refermer sur ces femmes. Dans un style un peu classique la réalisatrice signe un film sombre et captivant d’une mise en scène impeccable et d’une esthétique splendide.

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Ava - Léa Mysius

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La grâce juvénile de la comédienne Noée Abita dévore avec hâte et ardeur l’instant présent. Une interprétation remarquable qui n’aura pas échappé au jury du dernier festival de Cannes.
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Ava est une jeune fille de 13 ans qui se cherche. Avec sa mère et sa petite sœur elles passent toutes trois des vacances au bord de l’océan. Un été assez banal si ce n’est qu’elle va apprendre qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative de la rétine et qu’elle va progressivement perde la vue. La nouvelle est un choc pour sa mère qui décide que ces vacances seront inoubliables pour la jeune fille.

Pour autant, Ava, observatrice et curieuse du monde qui l’entoure, cherche les émotions qui la feraient se sentir vivante. La jeune fille qui se sait en sursit sent en elle un vide. Le monde semble s’obscurcir avec l’arrivée de cette cécité. Pour Ava, l’évasion et le frisson se trouvent au coin d’un blockhaus et d’une dune de sable auprès d’un jeune gitan qui fuit les problèmes au sein de sa communauté. L’éveil sexuel, la folie douce de l’ivresse et du chahut rempliront ces dernières images de vacances.

Pour elle, l’aventure c’est maintenant ou jamais. Soudain, tout va vite pour la jeune insolente. Émouvante, l’adolescente deviendra cet été une jeune femme. Le premier film de Léa Mysius est un coup d’éclat. Elle fait preuve d’un sens aigu de la mise en scène. Fugue voluptueuse, fable allégorique et apocalyptique proposent une vision sophistiquée et sentimentale de l’apprentissage et de la découverte.

La grâce juvénile de la comédienne Noée Abita dévore avec hâte et ardeur l’instant présent. Une interprétation remarquable qui n’aura pas échappé au jury du dernier festival de Cannes.

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13 reasons why - Brian Yorkey

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Ultra sombre, ludique et fascinante, la série produite par Selena Gomez s’annonce comme une référence sur la thématique de l’adolescence.
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Petite session de rattrapage pour ceux qui seraient passés à côté de cette série diffusée dès avril dernier par les studios Netflix. Clay est un jeune lycéen noyé dans une masse informe de communautés et d’identités complexes que forment les élèves de son école. Bouleversé par le suicide de son amie Hannah, Clay est perplexe et dubitatif.

Le choc arrivera par une boîte à chaussures remplie de cassettes de sa défunte amie. Le lycée tout entier est en deuil mais lui et quelques uns ont reçu ce jeu de piste audio qui révèlera la véritable vie de la jeune et mystérieuse Hannah. Épuisée par une vie de solitude, cette dernière enregistre ces 13 cassettes afin d’expliquer son passage à l’acte.

Ultra sombre, ludique et fascinante, la série produite par Selena Gomez s’annonce comme une référence sur la thématique de l’adolescence. Un thème souvent abordé outre-Atlantique dans la littérature et le cinéma même si les notions de harcèlement scolaire et persécution commencent à arriver en France.

Une mise en scène plastique et virtuose raconte avec subtilité et sans artifice l’origine d’une tragédie. Vécue par une famille, un groupe d’amis et toute une communauté, le sujet ce décline en de multiples points de vue. Mal de vivre irrésoluble et lassitude face à l’existence, le récit tiré de l’œuvre littéraire de Jay Asher nous plonge au cœur des problématiques de jeunes êtres en devenir. Filmé avec fluidité et adresse, la série contemple une société 3.0 avec un regard distinct et romanesque.

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L'amant double - François Ozon

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Si le réalisateur force le spectateur à sortir de la passivité, il le pousse à entrevoir une série de violences psychologiques favorisant une spiritualité bâtie sur un jugement plus personnel de l’œuvre.
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Chloé, une jeune femme fragile et en proie à la dépression, entreprend une psychothérapie auprès de Paul son thérapeute dont elle tombera amoureuse. Installés ensemble et en apparence comblés, le couple est épanoui et Chloé semble aller beaucoup mieux. Très vite, la jeune et belle femme enfin heureuse en amour, se met à douter de la véritable identité de son amant.

Elle découvre que Paul a occulté des parties de son existence et l’aperçoit dans des lieux étranges. La jeune femme va alors se mettre en quête de découvrir la vérité sur son amant. Si le personnage de Chloé est comme rongée de l’intérieur par un mal, la thérapie ne la délivrera pas de son mal être.

Paradoxalement, ce que le thérapeute fait de bien, il le déconstruit peu à peu pour livrer la jeune femme à des douleurs plus douloureuses et plus profondes. Ozon signe un film déconcertant et affabulateur. Au spectateur de décrypter les images et leur sens. À lui de faire face au mensonge narratif afin de se créer son propre jugement sur l’histoire du personnage de Chloé.

Comme souvent avec Ozon, on a presque toujours deux films, celui qu’il distille et celui qu’il dissimule. Si le réalisateur force le spectateur à sortir de la passivité, il le pousse à entrevoir une série de violences psychologiques comme pour favoriser une spiritualité plus consolidée et bâtie sur un jugement plus personnel de l’œuvre.

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The white princess - Jamie Payne

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Les portraits des femmes de la mini-série demeurent passionnants. Dans des décors et costumes somptueux, The White Princess réussit le pari de divertir tout en instruisant.
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Après la mort de Richard III, lors de la bataille de Bosworth, Elizabeth d'York est promise au nouveau roi Tudor, Henry VII. Elizabeth qui était follement amoureuse du roi Richard III n’est guère enjouée à l’idée d’épouser ce nouveau roi odieux et ambitieux. Ce dernier ayant promis d’épouser la jeune femme en la cathédrale de Rennes.

Mais voilà, afin de stabiliser la couronne d’Angleterre, les deux maisons, York et Tudor ont pour nécessité de s’allier. Les deux mariés sont poussés dans leurs aspirations par leurs mères respectives. Elles sont les décideuses et forgent les personnalités de leurs progénitures pour le bien du royaume.

Si les évènements sont difficiles pour la famille d’York et particulièrement pour Elizabeth, épouse humiliée mais forte et résistante, cette dernière murit sa vengeance et s’arme d’ingéniosité pour affronter ceux qui deviendront ses ennemis. Les faits reprennent la guerre des deux roses, la période historique réelle qui a inspiré George R. R. Martin pour écrire sa saga et ses jeux de pouvoirs. C’est pour autant du côté des femmes que se joue l’intrigue.

Les portraits des femmes de la mini-série demeurent passionnants. Tour à tour épouse, mère d’une nation, toujours en quête de pouvoir, l’histoire va leur en faire voir de toutes les couleurs. Dans des décors et costumes somptueux, The White Princess réussit le pari de divertir tout en instruisant.

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