La lapidation de Soraya M. - Cyrus Nowrasteh

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C’est avec un réalisme saisissant que l’auteur filme l’horreur de la lapidation. Le film est un cri, une alerte pour le monde entier face à ces crimes qui perdurent.
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Un an après la première édition en DVD du film et à la suite de sa toute dernière réédition sur ce support, voici une excellente occasion de parler du dernier film de Cyrus Nowrasteh. L’œuvre tire son récit d’une histoire vraie se déroulant en août 1986 dans un petit village d’Iran, Koupayeh. Soraya mère de deux fils et deux filles est délaissée par son mari Ghorban-Ali. Celui-ci la frappe et la viole quotidiennement. Ne pouvant plus obtenir ce qu’il veut d’elle autrement que par la violence, il missionne sa femme, avec l’accord du chef de village et du mollah, à aider un homme veuf afin de le soutenir dans ses tâches ménagères et dans l’éducation de son fils. Son mari jaloux qui veut se débarrasser d’elle, alertera le conseil du village afin de la condamner pour adultère. Malgré son innocence, elle sera condamnée à mort par lapidation. Seule une femme s’opposera en vain à la colère des habitants du village. C’est elle-même qui rapportera l’histoire à un journaliste de passage dans le village le lendemain du drame. Une histoire forte filmée avec beaucoup de justesse. Le propos est sans ambiguïté et vise directement une coutume d’un autre âge, reflet d’une cruauté humaine sans équivoque. L’attente du châtiment est toute aussi douloureuse que la mise à mort et c’est avec un réalisme saisissant que l’auteur filme l’horreur de la lapidation. Le film est un cri, une alerte pour le monde entier face à ces crimes qui perdurent.

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À peine j’ouvre les yeux – Leyla Bouzid

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À travers le portrait d’une insoumise, le film suscite l’admiration d’une génération qui a soif de liberté et d’émancipation. Le film qui déborde d’énergie est une belle réussite.
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Tunis, été 2010, quelques mois avant la révolution. Farah qui vient d’obtenir son baccalauréat, vit seule avec sa mère. Prédestinée à continuer ses études en médecine, celle-ci ne rêve que de musique. La jeune femme chante comme elle respire et avec ses amis musiciens et leur groupe de rock, ils se produisent dans des bars de la capitale. Mais voilà Farah prend des risques lorsqu’elle chante des paroles qui dressent un portrait peu flatteur des autorités et du régime. Inconsciente, elle se fait vite repérer. Sa mère, quelque peu démunie, craint pour la sécurité de sa fille et la rappellera à l’ordre. Mais Farah est rebelle. Elle ne se démonte pas, pas même lorsqu’après s’être fait refouler à l’entrée d’un concert elle chante sur le trottoir. L’arrestation de son petit ami et musicien du groupe sonnera comme un avertissement puis c’est Farah qui se fera arrêter par la police. Le film est audacieux et réactive l’aire Ben Ali. Une ambiance chargée de tension et de privation. La réalisatrice met l’accent sur le traitement policier sévère et sans retenue affligé à la jeune fille de 18 ans. Un ambitieux premier long métrage qui cogne fort, combinant convictions politiques et créativité musicale. On se laisse très facilement envoûter par la musique et le chant d’une belle qualité. À travers le portrait d’une insoumise, le film suscite l’admiration d’une génération qui a soif de liberté et d’émancipation. Le film qui déborde d’énergie est une belle réussite.

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Amy - Asif Kapadia

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Ses textes raisonnent avec force grâce au recul que l’œuvre permet de prendre. Un documentaire hommage poignant qui ne laisse pas insensible et qui signifie une vie pleine de sens et de désillusion.
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Le 23 juillet 2011 disparaissait Amy Winehouse, l’une des plus grandes voix jazz de son temps. Ce documentaire percutant revient sur cette carrière fulgurante qui s’arrêta pour la chanteuse alors âgée de 27 ans. Aidé d’images amateures et de témoignages en voix off, ce film apporte un éclairage certain sur la jeune femme qu’était Amy Winehouse. De la petite fille juive des quartiers nord de Londres à la diva soul il n’y a qu’un pas. C’est ce que tend à démontrer ce film qui peint une héroïne blessée pour qui seule la musique est un exutoire. Si l’auteur va d‘abord chercher la fêlure enfouie en Amy, il s’avèrera que seule sa passion dévorante pour son homme la poussera à franchir plusieurs fois la ligne et prendre un mauvais chemin. Anorexie, alcool et drogue n’auront de cesse d’affaiblir la jeune femme qui ne cherchait qu’à vivre ses émotions au plus fort du possible. Un petit cœur d’artiste mal armé pour cette vie de star qui ne tiendra pas la démesure. Si le documentaire nous fait aimer ce petit oiseau fragile il en découle une tristesse terrible nous rendant impuissant face à la déchéance de l’être. Au-delà d’une crudité de ton au travers moult images saisissantes, la réussite de ce film réside également dans la lecture des textes écrits par la chanteuse-compositeure. Des paroles qui raisonnent avec force grâce au recul que l’œuvre permet de prendre. Un documentaire hommage poignant qui ne laisse pas insensible et qui signifie une vie pleine de sens et de désillusion.

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Mia madre - Nanni Moretti

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Telle une comédie à l’italienne, l’auteur nous fait aller du rire vers les larmes. Une véritable comédie dramatique extrêmement personnelle et composée des thèmes chers au réalisateur.
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Margherita est réalisatrice de films. Elle travaille à une nouvelle œuvre pendant que sa mère, malade, est hospitalisée. C’est avec difficulté que la conquérante Margherita vit ses temps troubles. Elle remet en question ses compétences dans son travail, sa relation sentimentale au point de se séparer de son compagnon. Travaillant dur sur son prochain film, elle évite ainsi le piège de l’ennui et de la réflexion autour de la mort sans vraiment pouvoir y échapper. Le terrain du tournage, c’est une équipe technique difficile à gérer, un acteur principal exubérant et une responsabilité certaine. C’est l’occasion de découvrir l’envers du décor d’un tournage de cinéma. On comprend vite que Nanni Moretti veut nous offrir une partie de sa vision du cinéma et de sa vie. Le réalisateur a écrit ce film pour une femme qui se retrouve dans une position que lui-même a dû affronter quelques temps auparavant. Face à la maladie, face à la mort, face à la perte de l’être cher. Un film personnel donc, presque autobiographique. Après la thématique politique, Nanni Moretti revient à un cinéma plus intimiste. La justesse du ton et l’émotion ultra présente ne cache pas un humour quasi permanent. Telle une comédie à l’italienne, l’auteur nous fait aller du rire vers les larmes. Une véritable comédie dramatique extrêmement personnelle et composée des thèmes chers au réalisateur tels que l’engagement et les épreuves de la vie.

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Nous trois ou rien - Kheiron

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Le réalisateur transcende le contexte historique et sa dureté pour aborder avec beaucoup de douceur et d’humour ces moments de vie. Un film magnifique, très bien senti et abouti.
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Téhéran, 1971, alors que le Shah d’Iran conduit d’une main de fer son pays à la débâcle et mène une politique de répression, un jeune étudiant plein de fougue, Hibat Tabib, rejoint les rangs de l’opposition et milite contre l’injustice. Le jeune homme se fait arrêter et se retrouve en prison pour une peine de 10 ans. Pour autant le dénuement et la privation de l’incarcération n’altéreront en rien sa foi et sa soif de justice. C’est alors que la révolution islamique de 1979 éclate, faisant de lui un homme libéré et réhabilité. Il rencontre la jeune et belle Fereshteh qu’il épousera et qui lui donnera un fils. Mais la révolution iranienne a ses déçus et détracteurs. Le jeune Hibat en fait parti, ce qui le poussera à reprendre le chemin de la contestation jusqu’à se faire rechercher par la police. Poursuivi sans cesse par les hommes du régime, Hibat, sa femme et son fils se verront contraints de s’exiler de leur pays pour dans un premier temps poursuivre le combat sans être harcelés. Après une longue escapade vers l’Europe ils atterrissent en plein cœur de la banlieue parisienne. Le film retrace l’histoire vécue de Kheiron et ses parents. L’écriture est précise et très fine. Fort de son expérience de stand-up, le réalisateur transcende le contexte historique et sa dureté pour aborder avec beaucoup de douceur et d’humour ces moments de vie. Les acteurs sont tous plus formidables les uns que les autres. Un film magnifique, très bien senti et abouti.

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Un moment d'égarement - Jean-François Richet

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Si le film touche de par sa thématique, on est loin du consensus généré par l’originale comédie de mœurs sensuelle et amorale de Claude Berri, réalisée en 1977.
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Antoine et Laurent, amis de longue date, passent ensemble leurs vacances en Corse en compagnie de leurs deux filles respectives. Moyennement emballées par ces vacances les deux jeunes filles affichent un ennui revendiqué et une attitude désinvolte quant aux grands et bons sentiments de nature et grands espaces prétendus par leurs pères. Mais très vite les deux jeunes filles sortent le soir et prennent leurs marques à la maison familiale d’Antoine. Un soir, Louna, la fille d’Antoine, séduit et isole Laurent sur une plage. Elle l’embrasse et se jette sur lui. Rejetée dans un premier temps par ce dernier, elle finira par avoir le dessus et l’homme se laissera entrainer dans une coucherie d’un soir. Dès lors, Louna est amoureuse. Elle n’a de cesse que de réclamer de l’attention de la part de Laurent qui a le double de son âge. Très vite, Antoine, le père de Louna, apprend que sa fille a une relation avec un homme plus âgé qu’elle. Obsédé par la recherche de l’identité de cet amant, le papa de Louna tentera tout. Laurent, perdu et bouleversé par son erreur et par la beauté de cette nymphette prédatrice et ses multiples assauts, ne sait comment résoudre le problème. Le film est un remake de celui de 1977. Malgré une recontextualisation de l’époque, l’histoire peine à trouver de véritables interprétations en ses personnages un peu sexistes et caricaturaux. Si le film touche de par sa thématique, on est loin du consensus généré par l’originale comédie de mœurs sensuelle et amorale de Claude Berri.

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