Célian Ramis

Mythos 2014 : Un road trip avec Moriarty

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Rennes
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Jeudi soir, c’est le groupe franco-américain Moriarty qui se produisait sur la scène du Cabaret botanique, installé au Thabor dans le cadre du festival Mythos. Un voyage dans de lointaines contrées remplies de fugitifs.
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Jeudi soir, c’est le groupe franco-américain Moriarty qui se produisait sur la scène du Cabaret botanique, installé au Thabor dans le cadre du festival Mythos. Un voyage dans de lointaines contrées remplies de fugitifs.

C’est un road trip musical que nous propose Moriarty en cette 3e soirée de Mythos. Une virée apaisante et planante guidée par la voix pure de Rosemary Standley, dont les Rennaises et les Rennais se souviennent de son passage lors de l’édition précédente. Les arts de la parole, les membres du groupe les maitrisent.

Folk et blues se mélangent pour nous faire voyager sur les traces des grands noms de ces genres musicaux dont s’inspirent Moriarty. Tout est parti d’une commande passée par la Cité de la musique en 2012, à l’occasion de l’exposition sur Bob Dylan. Le quintet propose alors un concert reprenant non pas les chansons de ce monstre sacré qu’est Robert Zimmerman mais celles de ceux qui ont marqué sa musique et inspiré son imaginaire, qui se trouvent être également leurs influences.

De Woody Guthrie (chanteur et guitariste folk américain) à Hank Williams (compositeur américaine, icône de la musique country) en passant par Blind Willie McTell (chanteur et guitariste blues américain), ce sont les icônes de la première moitié du XXe siècle auxquelles la formation franco-américaine emboite le pas. Sur la route et en tournée, ils continuent de jouer leurs reprises et finissent par enregistrer Fugitives, leur troisième album, sorti au début de l’année, « entre deux concerts, dans des chambres d’hôtel… », précisait la chanteuse dans une interview accordée aux Inrocks, en janvier 2014.

Et pour aiguiser et étoffer cet opus empreint de souvenirs de leurs ancêtres spirituels et musicaux, ils s’entourent de fins connaisseurs comme Wayne Standley, Don Cavalli ou encore Mama Rosin qui apportent leur touche rock et leurs influences transcontinentales.

Fugitives, c’est donc un retour aux sources, un voyage dans le temps et l’espace. Sous le Magic Mirror ce soir-là, les spectateurs sont transportés loin de la capitale bretonne. En quelques minutes, la voix chaude et modulable de Rosemary Standley et les notes folk des différents instruments nous embarquent dans un road trip au cœur du désert américain.

On traverse les zones arides mais aussi les plaines verdoyantes qui s’etendent à perte de vue. On s’arrête dans des bars à première vue miteux dans lesquels s’adonnent des bandes de potes réunis pour taper un bœuf. On reprend les routes escarpées, étriquées et tournicotantes qui semblent n’en plus finir. Tout cela au son des instruments à cordes – guitare électrique, guitare acoustique, basse, violoncelle – des percussions – batterie modifiée, maracas – et de la guimbarde.

En chemin, on croise des fugitifs, des personnages en fuite, des amants assassins, des bandits de grand chemin, des mères abandonnées par des hommes accros au jeu, des cowboys exploités ou encore des femmes adultères… Les fantômes du passé ressurgissent, les incontournables des histoires fantastiques répondent présents, et ensemble, viennent envahir le Thabor. Les esprits vagabondent.

On se surprend à imaginer la rencontre entre Moriarty et Fabrice Murgia, auteur et metteur en scène de Ghost Road qui nous plonge dans un périple aux Etats-Unis le long de la route 66. Quand on revient à la réalité et à l’instant présent, on se laisse tantôt bercer par les chansons plutôt calmes qui appellent à la quiétude et tantôt emporter par les chansons plus rythmées et entrainantes.

La chaleur de la musique monte dans le Cabaret botanique. Allié à la douceur des mélodies, c’est une ambiance enivrante qui se dégage de ce concert. Toutefois, 1h30 suffisent à nous rassasier et si les festivaliers réclament encore quelques prolongations, on éprouve le sentiment d’avoir atteint les limites de cet univers pourtant si riche. Moriarty réussit tout de même le pari de marcher dans les pas de grands pontes du blues et de la folk américains et confirme son talent de narrateur d’histoires nourries d’imaginaire et de passé réinventé.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Jeanne Cherhal, une histoire de J.

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L'Aire libre, St jacques de la Lande
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La fragile brunette découverte dans les années 2000, Jeanne Cherhal, livrait un nouveau spectacle plus rock que les précédents jeudi 17 avril à l’Aire Libre dans le cadre de Mythos.
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La fragile brunette découverte dans les années 2000, Jeanne Cherhal, livrait un nouveau spectacle plus rock que les précédents jeudi 17 avril à l’Aire Libre dans le cadre de Mythos. Elle n’a plus rien de la femme « pas solide » de ses premières chansons. Au contraire, solide comme un roc, elle est devenue une pierre angulaire de la chanson française.

Jeanne Cherhal est accompagnée pour ce nouveau spectacle de plusieurs musiciens: un batteur, un guitariste et un bassiste avec lesquels elle a enregistré l’album Histoire de J., sorti le 10 mars dernier. Ils se connaissent bien et cela s’entend. Lorsqu’un imprévu vient perturber la chanteuse, ils savent rebondir sur les notes qu’elle égraine joyeusement.

Elle accueille le public toute de blanc vêtue, assise derrière son piano. La salle est comble et enthousiaste, le succès ne se dément pas. La voix particulière de la chanteuse, fine et mélodieuse, résonne entre les murs de la salle de l’Aire Libre.

Des textes plus engagés

Jeanne Cherhal, plutôt connue pour l’ambiance intimiste de ses textes, a travaillé sur de nouvelles thématiques. La cause des femmes à travers le monde semble l’avoir inspirée. Sa chanson en hommage à Noxolo Nogwaza, lesbienne violée et assassinée en Afrique du sud à cause de son orientation sexuelle, est très émouvante.

Dans la même lignée, elle aborde le thème du viol en criant sa détermination : « Quand c’est non, c’est non! »,  scande-t-elle au refrain. Elle confie à son public : « J’ai écrit cette chanson un jour où j’étais furieuse, mais je ne sais pas si ça s’entend… » Par petites touches d’humour et grâce à une énergie virevoltante elle entraîne les spectateurs dans ses révoltes. Elle garde néanmoins un goût pour les mélodies douces et mélancoliques. Lors du rappel elle interprète le titre qui fit son succès « Je suis liquide ».

Un public conquis

Conquérir le public n’était pas bien difficile à atteindre tant les personnes présentes étaient déjà sous le charme de la chanteuse. La salle de l’Aire Libre était remplie d’admirateurs. La taille humaine de la structure a permis un véritable échange avec le public. La chanteuse s’est donc lâchée, disant aimer particulièrement le public rennais et le festival Mythos. Esquissant des pas de danse qui prenaient parfois des allures de défi acrobatique, n’hésitant pas à converser avec des spectateurs, la chanteuse a livré une performance endiablée et bien rythmée.

Elle s’éclipse un instant, le temps d’enfiler une robe à paillette et de revenir pour un moment « Cabaret ». Seule, avec sa voix et son piano, elle entreprend des mélodies douces et intimistes, plus proches de son univers de prédilection. Sa reprise de « Les nuits d’une demoiselle » version 2.0 a particulièrement enchanté: « Je me fais vibrer le sans-fil, je me fais exporter le point com… » chantonne-t-elle sous les rires de l’assistance.

Décidément connectée avec son temps tout en apportant une touche de mélancolie, Jeanne Cherhal a de nouveau rayonné sur les planches de Mythos qu’elle foulait pour la quatrième fois. La jolie romance entre le festival rennais et la chanteuse peut continuer, on en redemande.

 Chloé Rébillard

 

Jeanne Cherhal : « Je me sens solidaire des femmes et je me sens féministe »

Mythos est un festival que vous connaissez bien puisque vous étiez présente en 2001 puis 2004 et 2010. Que ressentez-vous aujourd’hui à l’idée de vous produire devant le public rennais ?

J’en suis très heureuse ! J’adore jouer en Bretagne et dans le Nord. Ce sont deux régions que j’affectionne particulièrement. C’est un peu cliché de dire ça mais ce sont des régions très chaleureuses, les gens sont très accueillants. Je chante d’ailleurs une chanson qui s’appelle « Finistère ».

Justement, cette chanson « Finistère », racontez-nous…

Cette chanson, c’est une déclaration d’amour à la Bretagne. Je chante un état d’esprit. C’est un lieu qui se mérite un peu, qui paraît aride au premier abord, mais quand on connaît…. Souvent j’y loue une maison, jamais la même, et j’y reste pendant 5 jours pour travailler. J’y vais avec mon clavier numérique, mon ordinateur, et je m’isole, et l’inspiration vient. Je me sens bien là-bas.

Histoire de J., comme Histoire de Jeanne. C’est un album autobiographique ?

Complètement. C’est un album très personnel, j’y livre beaucoup de choses sur moi-même, sur ma vie. J’ai fait le choix de l’initial J pour garder une part de mystère, et en même temps pour que l’on comprenne qu’il s’agit de moi, de mon histoire. Si j’avais décidé de l’appeler Histoire de Jeanne, ça aurait fait trop mégalo !

Est-ce un hommage à Véronique Sanson ?

Non, non pas du tout ! Ce n’est pas un hommage à Véronique Sanson mais plutôt à l’époque où est sorti son album « Amoureuse ». Mon travail est né d’une expérience autour de cet album. C’est un hommage au groove des années 70, aux sonorités de cette époque. J’ai d’ailleurs enregistré l’album dans les mêmes conditions qu’à l’époque, en analogique pour reproduire ce son si propre au 70’s. C’est une période qui me donne une impression de liberté totale.

Vous évoquez le viol (Quand c’est non c’est non) et l’homophobie (Noxolo). Vos textes sont plutôt engagés.

À partir du moment où l’on chante quelque chose c’est une démarche engagée. Une chanson est un engagement pour soi et aussi pour les autres. Je parlerai d’ailleurs de chansons « concernées » plus qu’engagées. Je me sens solidaire des femmes et je me sens féministe. Je chante très simplement un message qui est dirigé vers le sexisme ordinaire.

Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ?

Tout et n’importe quoi ! Enfin surtout les rapports humains qui sont une source d’inspiration inépuisable, que ce soit positif ou négatif. Je ne serai pas capable d’écrire quelque chose sans me sentir émue ou bouleversée. J’ai besoin de me sentir concernée pour écrire.

Après un album rock (Charade), vous revenez au piano. Un retour aux sources ?

Oui, bien sûr, encore une fois orchestré par « Amoureuse ». C’était un travail de remise en selle sur mon instrument, le piano voix. Je ne me suis pas occupée d’autre chose que de mon piano voix. Je n’ai pas eu l’envie de faire autre chose, ni eu l’envie de prendre une guitare ou une batterie.

Quels sont vos futurs projets ?

Pour l’instant je n’ai rien d’autre à faire que de me concentrer sur ma tournée qui va durer un peu plus d’un an, et de penser au prochain album.

Comment vous sentez-vous quelques heures avant la scène ?

C’est un peu tôt pour ressentir le trac (l’interview se déroule à 18h et Jeanne Cherhal se produira en concert à 22h30, ndlr). Par contre je l’aurai une heure avant. Mais je suis vraiment contente de faire partie de la programmation de Mythos encore cette année. Parce que c’est un festival qui met en avant la parole et le verbe sous toutes ses formes. Là, je me sens hyper francophone et francophile, et je trouve qu’il est très important que ce genre de festival existe.

Justine Gourlay

Célian Ramis

Mythos 2014 : Une part de canard en chacun de nous

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Théâtre de la Parcheminerie, Rennes
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Mercredi 16 avril, Enora Boëlle dévoilait les premières esquisses de son projet Moi, Canard lors du festival Mythos. La lecture s’est déroulée en toute intimité, dans le hall du théâtre de la Parcheminerie.
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Mercredi 16 avril, Enora Boëlle dévoilait les premières esquisses de son projet Moi, Canard lors du festival Mythos. La lecture s’est déroulée en toute intimité, dans le hall du théâtre de la Parcheminerie.

Quelques minutes avant le début de la lecture, la metteure en scène, Enora Boëlle, est tendue, stressée. Pour cette représentation unique au cours du festival, ils ont eu 5 jours de répétition, dans une école maternelle. L’objectif étant de présenter, sous la forme d’une lecture théâtrale, la première partie de l’histoire Moi, Canard, librement inspirée du conte de Hans Christian Andersen, Le vilain petit canard.

Tout a commencé avec la naissance des enfants d’Enora Boëlle, co-directrice artistique du Théâtre de Poche de Hédé. La comédienne et metteure en scène au sein du Joli collectif cherche alors des livres dont les textes parlent de la différence. « Je n’en trouvais pas. Et puis, je suis tombée sur Pomelo de Ramona Badescu. J’ai tout de suite beaucoup aimé son travail. Pour moi, Ramona utilise tous les ingrédients nécessaires, la langue française, la poésie de la langue, l’humour, le côté grinçant… », explique-t-elle, au détour d’un café dans la rue Saint-Melaine, un matin de Mythos.

Un jour, entre deux trains, elles se rencontrent à Marseille, là où vit l’écrivaine. « On a discuté, on était vraiment sur la même longueur d’ondes et on s’est aperçues que nous partagions le même enthousiasme pour le conte d’Andersen, qui est notre favori », précise Enora. Elle lui explique alors son projet d’adaptation au théâtre, dans un spectacle destiné au jeune public, ce que Ramona accepte sur le champ. Il y a un mois environ, elle lui a livré la première partie du texte, celle que l’on a pu découvrir au premier étage de la Parcheminerie en ce mercredi.

Pour la metteure en scène, c’est un moment important. Une première lecture a déjà eu lieu 15 jours avant, devant l’auteur du texte, elle a alors découvert les interprètes et validé les choix d’Enora, « même si on a refait un travail dramaturgique ensemble ». Ici, quelques dizaines de Rennaises et de Rennais sont réunis pour entendre cette nouvelle version d’un conte que l’on a tous encore en mémoire.

Trouver sa place dans le monde

« Une histoire qui parle de la manière de transmettre le fait de grandir », analyse la co-directrice artistique du Théâtre de Poche. Plusieurs interrogations l’ont poussé à s’orienter vers ce texte : « Qu’est-ce qui fait que l’on existe ? Qu’on a sa place ? Qu’on est un individu unique ? Le Vilain petit canard pose la question : Comment chaque individu trouve sa place dans le monde ? »

Dans Moi, Canard, c’est la comédienne Abigail Green qui incarne celui qui est foutu dehors, malgré lui, malgré son envie de ressembler à sa famille ; il ne parlera malheureusement pas le « coin-coin » de sa mère. Enora affirme sa volonté de féminiser le conte sans toutefois en faire un parti pris militant, cela n’étant pas l’objectif de la pièce. « C’est une femme qui joue le canard mais en réalité il n’est pas sexué ce canard. On note un gros point de vue du côté de la mère. Et au début quand le canard est dans l’œuf, il y a un côté très maternel, qui moi me touche beaucoup, c’est très féminin », confie la metteure en scène.

Et il y a en effet quelque chose de très doux, de très chaud dans la voix et dans l’interprétation d’Abigail Green, vêtue d’un long ciré blanc, capuche vissée sur la tête. Une chaleur rassurante et protectrice qui nous enveloppe au début de la lecture seulement. Car rapidement, le texte se durcit, se noircit et l’histoire du petit canard nous emporte au plus près du thème développé par l’auteur original.

Celui des difficultés qu’il faut surmonter pour enfin trouver sa place. « Ce n’est pas qu’une histoire d’enfant, même si chaque année, on entend toujours des choses affreuses dans les cours d’école… Dans la vie, on grandit, on murit, on traverse des expériences difficiles, on rencontre des personnes, bonnes ou mauvaises pour nous… », observe Enora Boëlle, qui souhaite à chacun de trouver sa place dans le monde.

Trouver sa part de canard

Elle insiste néanmoins sur sa détermination à ne pas victimiser le protagoniste du conte car « on est tous un peu canard, à des degrés différents ». Pendant près de 30 minutes, les spectateurs sont suspendus aux lèvres de la comédienne, attentifs aux mots prononcés, au sens donné, tout en ne manquant pas de jeter un œil sur le rôle de Gregaldur, « issu de la scène impro-underground-punk » qui se tient assis sur la scène à deux pas d’Abigail.

Le musicien – qui a été aiguillé et dirigé par Robin Lescouët, co-directeur artistique du Théâtre de Poche de Hédé, également collaborateur artistique dans le projet Moi, Canard – intrigue, entouré de ses instruments créés à partir de jouets. Il accompagne discrètement les paroles du canard, ajoute des bruitages et composent des mélodies qui soulignent l’état d’esprit du personnage. On l’imagine comme un scientifique déluré, installé dans son cabinet de curiosité, qui expérimente et puise dans tous les objets susceptibles de créer des sonorités relatives à la situation énoncée par Abigail.

Et à ce rôle, il rajoute celui de complice et lance de temps en temps un regard de soutien à celle qui figure à ses côtés, légèrement tremblante. Cet été, Ramona Badescu devrait poursuivre l’adaptation du conte d’Andersen, de manière à ce que l’équipe de Moi, Canard puisse commencer à créer le spectacle en plateau. Un travail qui devrait commencer en octobre prochain et qui devrait aboutir à un spectacle finalisé en mars 2015.

Et si l’année à venir semble déjà bien remplie, Enora Boëlle a déjà en tête une nouvelle idée de collaboration avec Ramona Badescu, sur le thème du deuil, de la frontière ténue entre la vie et la mort. « C’est un projet ambitieux, ce n’est pas une adaptation cette fois. L’idée, c’est : quand il y a la mort, la vie n’est pas loin et inversement », dévoile la metteure en scène qui semble prendre goût au spectacle jeune public. Moi, Canard étant son premier projet de mise en scène pour les petits (mais aussi pour les anciens enfants).

Célian Ramis

Mythos 2014 : Les femmes fontaines vue par Rufus

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Carré Sévigné
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Recueils de poèmes, d’écrits et de lettres, supports de témoignages de femmes, d’hommes aussi, sur le thème encore tabou et méconnu, en tout cas, en occident, des femmes fontaines.
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Le festival Mythos accueille cette année Rufus, artiste vivant et célèbre personnage du paysage cinématographique français. « Rufunambule et les jaillissantes », spectacle qu’il présente pour la première fois au carré Sévigné où il est également artiste associé, fait l’ouvrage de recueils de poèmes, d’écrits et de lettres, supports de témoignages de femmes, d’hommes aussi, sur le thème encore tabou et méconnu, en tout cas, en occident, des femmes fontaines.

« Comment les gens vont-ils comprendre ce spectacle ? » fût la principale interrogation de l’artiste avant de monter sur scène. L’artiste raconte avoir puisé son inspiration au travers de l’œuvre écrite par le sociologue Jacques Salomé, L’effet source, paru en France il y a deux ans, retranscrivant quelques 300 témoignages de femmes qui osent parler librement de sexualité, et plus précisément des femmes fontaines.

Terme imagé utilisé pour parler des femmes dont le plaisir sexuel se manifeste par l’émission abondante d’un liquide au moment de l’orgasme. Sujet qui, à l’heure actuelle, n’est que trop peu abordé et trop peu nommé, comme le déplore Rufus. La médecine n’en parle pas, la religion non plus. « Nous n’avons qu’un seul mot pour parler de cela, il est donc difficile de trouver une connivence, difficile d’y apporter de l’humour. L’évocation poétique me semblait la meilleure voie à prendre pour parer à cet obscurantisme médical », explique-t-il.

En effet, en France le terme « femme fontaine » est complétement absent des manuels, précis ou lexiques médicaux. Au Rwanda, par exemple, il existe près de 300 mots pour parler de cette forme de sexualité féminine. Et comme si cela ne suffisait pas à nous complexer, ce pays abrite aussi des écoles qui enseignent la jouissance aux jeunes filles, qui seront par la suite très prisées par la gente masculine.

« C’est un sujet que même la pornographie occidentale chrétienne trouve inconvenante » 

Animé par la curiosité, il a interrogé bon nombre de femmes pendant deux ans afin de laisser la parole à celles qui étaient les mieux placées pour en parler. Exercice qui s’est avéré plus difficile qu’il n’y parait, l’amenant à se repositionner comme propre sujet de son œuvre : « C’est un objet que même la pornographie occidentale chrétienne trouve inconvenante ! » En choisissant de lire sur scène certains témoignages très personnels qui ont nourri l’ouvrage psychosociologique de Jacques Salomé, Rufus s’offre le rôle de confident, plongeant le spectateur dans l’intimité de ces femmes qui osent parler.

Ainsi, le spectateur découvre ce que ressentent ces femmes fontaines, la jouissance à laquelle elles goûtent, cette part d’elles-mêmes qui les guide vers un état mi sensuel mi spirituel. L’une écrira cette phrase « C’était un mystère que les mots risquaient d’anéantir ». Une autre évoque son premier orgasme lors de… son accouchement ! Les écrits sont touchants : « C’était un mystère que les mots risquaient d’anéantir ». Ils sont également pleins de tendresse et de naïveté, parfois maladroits, traduisant de la joie et de la gratitude.

Malgré tout, ces femmes qui témoignent ne s’expliquent pas ce phénomène, toutes évoquant cette expérience comme un incroyable jaillissement libérateur. « Toutes les femmes sont fontaine, il y a celles qui le savent et toutes celles qui ne le savent pas encore », affirme Jacques Salomé.

« Il semblerait que dans son entier la femme soit taboue »

L’artiste précise ne pas faire de prosélytisme, le but n’étant pas de convaincre. « Je suis caché derrière des témoignages. » Il avoue également avoir pris le temps à la réflexion quant à cette fameuse citation de Sigmund Freud : « Il semblerait que dans son entier la femme soit taboue ». Affirmation hallucinante qui amène la sexualité sur le devant de la scène selon Rufus, évoquant un scandale auquel un artiste ne peut se dérober. « C’est comme s’il y avait une obligation de réparation sur l’évocation des femmes fontaines. Personne n’en parle et pourtant cela fait partie de la sexualité» répond Rufus, expliquant les motivations qui l’ont amené à choisir ce thème.

Dans un hasard tout à fait stupéfiant selon l’intéressé, le spectacle suit son cours avec une seconde partie où le comédien lit le texte L’innommable de Samuel Beckett. Il y est question d’une naissance, mise en scène grâce à un sac et une corde rouge, symbolisant le placenta et le cordon ombilical. Et si certains l’auront bien compris, il n’est néanmoins pas évident pour tout le public de saisir cette métaphore. « Il est question de Dieu, avance une spectatrice, Dieu qui pète un câble ! » « Ne serait-ce pas tout simplement l’absurdité de ce que nous sommes ? » tente une autre.

Il ne fait nul doute que la vie et la mort sont de vastes sujets auxquels il souhaite confronter son public. Si le thème évoqué par Rufus pouvait nous laisser redouter une certaine libido mal placée, il n’en est rien. Le sujet est abordé en douceur, avec une pointe d’humour et d’esprit. À la fin du spectacle, il dédie les applaudissements à toutes ces femmes dont il s’est inspiré.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Lettre à la solitude

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Café des bricoles, Rennes
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Le duo du collectif Les becs verseurs a proposé une lecture théâtrale de leur nouvelle création La lettre.
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Le Café des Bricoles accueillait hier après-midi, mercredi 16 avril, Myriam Gautier et Hélène Mallet, deux conteuses de la compagnie Les Becs Verseurs. Le duo a proposé une lecture théâtrale de leur nouvelle création La lettre.

On connaît la compagnie des Becs Verseurs pour leurs indétrônables visites décalées au sein d’expositions – on se rappelle notamment de leur prestation aux Champs Libres lors de l’exposition Rennes en chanson, présentée de novembre 2010 à mars 2011 – ou de divers événements rennais. Ici, les deux conteuses se mettent à nue dans une création qui leur est propre.

Entourées d’Alain Le Goff et de Rozenn Fournier – l’un pour l’accompagnement dans l’écriture, l’autre pour un regard extérieur – Myriam Gautier et Hélène Mallet font appel à la famille Mythos et calibrent leur spectacle pour nous faire passer un moment singulier et poignant. Ce jour-là, au Café des Bricoles, l’ambiance est intimiste et conviviale. Des bancs installés des deux cotés de l’estrade, les rideaux tirés, le silence.

Les deux comédiennes se tiennent debout, chacune face à son pupitre, et enfilent leur blouson de cuir. L’une en noir, l’autre en couleur camel. La simplicité de la mise en scène apporte un côté expérimental à un spectacle en cours de création – fin mars, elles étaient en résidence à l’Aire Libre pour la création lumières, lire notre article dans le numéro 24 – et marque leur volonté d’un décor épuré et sobre, permettant ainsi aux spectateurs de se concentrer sur les dialogues.

Car tout l’intérêt de cette pièce réside dans les échanges entre les deux femmes, qui se rencontrent sur un banc. L’une lit un conte de fée, « une histoire de brinces, brincesses et de brenouilles », explique-t-elle dans son langage farfelu. L’autre lit le journal, « un conte de faits divers ». A priori tout semble les opposer. Entre froideur et cynisme, innocence et naïveté, les deux femmes vont finir par tisser des liens et nouer une relation solide. Leur conversation pourrait être l’une de celles que l’on lit dans les bouquins de Jarry ou Ionesco.

Parfois absurde, parfois cinglante mais surtout banale. Les animaux domestiques, les ruses pour tromper l’ennui et tout à coup une mystérieuse lettre de menace de mort, en provenance de Nouvelle-Calédonie. Un courrier dont chaque lettre a été découpée dans les pages des journaux. Une intrigue qui se noie dans les palabres de deux personnages qui échangent ensemble, qui content et racontent leur solitude.

Puisque finalement, tout est une histoire de solitude dans ce spectacle. Comment vont-elles dévoiler ce qui les anime au plus profond d’elles-mêmes ? Oseront-elles se défaire des chaines imposées par leur isolement ? Jusqu’où iront-elles, ensemble, dans leur lutte routinière ?

Myriam Gautier et Hélène Mallet nous embarquent dans cette aventure ordinaire qui prend des proportions d’histoire extra-ordinaires. Elles explorent avec humour les méandres d’une vie sans saveurs et pimentent leur récit à travers l’imaginaire et l’absurdité qu’on leur connaît et reconnaît. La situation décrite et jouée résonne en chacun de ceux qui ont connu cette solitude commune. Le duo joue sur le rythme, les silences, le regard et les intonations pour renvoyer une intensité succulente et appréciable à ce thème sombre et profond. Un énorme coup de cœur en cette deuxième journée de Mythos.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Du tango à la sauce Ringer

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Rennes
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Plaza Francia se produisait sous le Cabaret Botanique, installé dans le parc du Thabor, à l’occasion du festival Mythos. Un voyage franco-suisse-argentin au pays du tango nourri à la musique électro.
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Mercredi 16 avril, Plaza Francia se produisait sous le Cabaret Botanique, installé dans le parc du Thabor, à l’occasion du festival Mythos. Un voyage franco-suisse-argentin au pays du tango nourri à la musique électro.

L’album A new tango songbook n’était pas encore sorti (le 7 avril dernier) que Plaza Francia bénéficiait déjà d’un vent très favorable dans les médias. Et pour cause, cette nouvelle formation unit la voix mythique des Rita Mitsouko, Catherine Ringer, aux musiciens Eduardo Makaroff – à la guitare – et Christoph H. Müller – au synthé (connus pour être deux membres du groupe Gotan Project). À 22h30, les spectateurs se pressent et s’agglutinent à l’intérieur du Magic Mirror, dressé pour le festival Mythos.

Dans les rangs, on murmure que Catherine Ringer flânait cet après-midi sur les pelouses du Thabor, on exprime sa joie de retrouver la chanteuse des Rita Mitsouko et on trépigne d’impatience en attendant l’entrée des artistes sur la scène du Cabaret Botanique. À croire que sans Catherine Ringer, le projet n’aurait pas lieu d’être. Aurait beaucoup moins de saveurs. Attiserait certainement moins la curiosité.

Et pourtant, les musiciens portent aisément et brillamment l’essence même de cette formation. Accordéon, contrebasse, basse électrique, synthé et guitare, Plaza Francia allie et conjugue différents univers : celui, entre autre, du compositeur argentin, Astor Piazolla – considéré comme l’un des plus grands musiciens spécialistes du tango de la seconde moitié du XXe siècle – et celui de deux des musiciens du Gotan Project qui mêle tango et musique électronique. Une rencontre originale déjà expérimentée au début des années 2000, réunissant Brigitte Fontaine et Gotan Project sur une musique de Piazolla – qui donnera son nom à l’album de la reine des zazous, Rue Saint Louis en l’Île (2004).

On peut alors affirmer que Edouardo Makaroff et Christoph H. Müller aiment à rechercher et à combiner expérimentations musicales, personnalités déjantées et originalité. On assiste, ce mercredi soir, à un instant puissant et intense avec, au centre de la scène et de l’attention, une Catherine Ringer souriante, enthousiaste et tout en contrôle.

Elle impose sa présence de par sa prestance singulière et de par sa carrure d’abord rigide et gracieuse aux élans de danseuse de tango. Plaza Francia alterne les trois formes traditionnelles du genre musical. Entre tango, milonga et valse, le groupe y ajoute de la musique électronique donc mais aussi du swing et joue avec les variations de rythmes et de tempos.

La voix de Catherine Ringer se marie pleinement et rondement aux formes musicales proposées par les musiciens. Force, fragilité, parlé, émotion… celle qui a marqué les esprits à l’époque des Rita Mitsouko n’hésite pas à jouer de sa théâtralité pour se mouvoir et émouvoir.

Elle danse, tout en retenue dans les premiers instants avant de se laisser submerger par le brin de folie qu’on lui connaît et embarque même Eduardo Makaroff dans un début de tango. Mais elle n’hésite pas non plus à se tapir dans l’ombre pour laisser la lumière éclairer les musiciens dont les notes produites par le quatuor envoûtent et embarquent les festivaliers qui commencent timidement à bouger les hanches et taper dans les mains.

Ringer balance la sauce

La salle sera particulièrement chauffée lorsque la chanteuse remontera sur la scène, vêtue d’une nouvelle tenue. Parée d’une robe orange à paillette dorée, d’un châle dans les mêmes teintes couvrant ses épaules avant de rapidement les dénuder et coiffée d’un chignon soigneusement plantée sur le sommet du crâne, elle incarne son rôle avec sérieux et légèreté.

La musique de Plaza Francia est électrique, électrisante, lascive et dynamisante. Sans être révolutionnaire ou même novatrice et innovante, elle emporte le public sur les traces des grands airs argentins qui enlassent et embrassent le style très personnel de la chanteuse française délurée, qui reste malgré tout dans la maitrise et l’interprétation de l’art du tango. Plaza Francia termine le concert sur un hommage aux Rita Mitsouko en reprenant la célèbre chanson « Marcia Baila », l’histoire d’une chorégraphe argentine emportée par le cancer, marquant ainsi l’influence déjà présente dès le début de la formation – lancée avec son compagnon Fred Chichin, décédé en 2007 – du mélange des musiques et des rythmes d’ailleurs, teinté de rock français, à la sauce Ringer.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Un rendez-vous réussi

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L'Aire libre, St jacques de la Lande
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Une pièce de théâtre épurée sur le thème de la dépression qui a ému mais aussi fait rire les spectateurs.
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Le mercredi 16 avril, Guillaume Vincent présentait son spectacle Rendez-vous gare de l’Est à l’Aire libre, dans le cadre du festival Mythos. Une pièce de théâtre épurée sur le thème de la dépression qui a ému mais aussi fait rire les spectateurs.

Le spectacle se déroulait dans la salle du bas de l’Aire libre. Face aux spectateurs qui entraient et s’installaient peu à peu, une femme, seule, assise sur une chaise les jambes croisées, semble attendre un rendez-vous. Aucun décor n’a été mis en place. Elle laisse son regard se promener sur le public et la salle. Peu à peu, les murmures qui émanaient des gradins se turent. Lorsque le silence s’installe complètement, la comédienne commence la pièce.

D’une voix forte elle débute son monologue qui durera une heure. Une mise en scène qui permet à chacun d’entrer doucement dans cette ambiance intimiste.

Le thème choisi par Guillaume Vincent n’est pas réjouissant : à partir des confidences d’une femme dépressive, il a tissé le fil rouge de sa pièce. Emilie Incerti Formentini est seule sur scène durant la quasi totalité du spectacle. À peine épaulée par un autre comédien qui lui donnera la réplique depuis le public durant une minute et par les hauts-parleurs qui diffusent parfois une musique ou une voix de messagerie téléphonique. Sa performance n’en est que plus impressionnante.

Pendant toute la durée de la pièce, elle parvient à faire ressentir au public les affres de la dépression mais aussi ses moments de joie : « Il y a des moments qui sont drôles, enfin, moi je les trouve drôles… » Le texte est construit pour simuler un dialogue dont les spectateurs ne peuvent percevoir que les réponses de cette femme. Dialogue avec un inconnu ? Avec un proche ? Le doute plane mais la femme se confie. Et son témoignage est émouvant : « Toute notre vie on apprend à nous connaître. On vit avec un étranger à l’intérieur », affirme-t-elle à un moment.

Toute la solitude du personnage résonne dans ces quelques mots. Car la réalité qu’elle décrit à travers ses pensées, c’est celle d’une femme trentenaire, dépressive, sous médicaments, dont elle déroule la longue liste, et qui alterne les séjours dans les hôpitaux psychiatriques. « On dit de quelqu’un qu’il est fou, mais en fait il y a plein de sortes de folies… », dit-elle.

Un discours universel

Malgré une thématique très sombre, la pièce amuse. Les rires fusent dans la salle de Saint Jacques. Le personnage à la dérive qui nous est présenté sait rire et faire rire. Comme par exemple cette anecdote lors de son séjour dans un hôpital psychiatrique où elle a cru que l’interrupteur de sa chambre était le détonateur d’une bombe atomique qui allait détruire l’humanité entière. Sa solution : démonter l’interrupteur, avec son ongle - « J’ai toujours eu les ongles très durs » – et demander un coupe-ongle à l’infirmière.

« Lorsqu’au bout de quelques minutes l’infirmière s’est interrogée sur ce que je voulais faire avec un coupe ongle (ils étaient un peu long à la détente dans cet hôpital) elle m’a trouvé à quatre pattes en train de me demander quel fil j’allais couper : fil rouge ? Fil blanc ? Fil bleu ? » Le public s’esclaffe.

À  en croire les trois rappels des spectateurs, la pièce a beaucoup plu. Pour cause, elle résonne, pour certains, comme un écho à leurs propres expériences, comprend-on à la sortie. Tout un chacun ayant connu une personne dépressive aura pu reconnaître certaines facettes de ce mal qui ronge ceux qui en sont atteints. C’est la magie de Rendez-vous gare de l’Est : avoir su, à partir d’un récit singulier, construire un discours universel sur la dépression.

Célian Ramis

À table avec un gros banquet d'artistes

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Soirée insolite avec le gros banquet d'artistes invités par l'équipe de l'Aire Libre.
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Ce week-end, L’Aire libre a ouvert ses portes au public, à Saint-Jacques de la Lande, avec « 3 jours pour le dire ». L’occasion pour la nouvelle équipe du théâtre de clôturer les 6 premiers mois de l’année, de convier les participants à découvrir les lieux et de proposer un condensé de la programmation annuelle, avec des spectacles surprenants. Parmi lesquels « Un doux reniement », de Matthieu Roy et « Le gros banquet », présentés le vendredi soir.

« Un doux reniement » est une immersion théâtrale pour 1 personne, une pièce qui met le spectateur au centre de la représentation. Le principe est simple : équipé d’un casque audio, le participant prend le rôle de Paul Fradontal. Un jeune homme parti en train, à l’enterrement d’une vieille amie, Lucie Steiner. Sur son chemin, il croise des spectres, joués par 3 comédiens, dans 3 espaces différents et se laisse porter par ses souvenirs.

Imaginée au départ dans une maison abandonnée, en Belgique, la pièce est aménagée, pour plus de mobilité, dans la remorque d’un poids lourd. L’expérience est unique et dure 8 minutes. « Chaque spectateur est convié à un horaire précis, explique le metteur en scène, Matthieu Roy, c’est un rendez-vous personnel ». Pour les comédiens, le rapport avec le public est direct et chacun s’adapte à la personne qui est en face de lui. « Certains osent me regarder dans les yeux, d’autres non, confie la comédienne Johanna Silberstein. J’essaye de créer un moment, sans jamais forcer le regard ».

Quelques mètres plus loin, sous une lumière tamisée et dans un décor rétro et soigné : Bougies aux chandelles, petits napperons, porcelaine, tableaux d’époque, « Le gros banquet » s’ouvre. Dans la salle, Louise, interprétée par Benoît Hattet, reçoit ses convives. Tous sont placés sur une grande table en U et sont invités à discuter avec leurs voisins, à apprécier le menu et à profiter des différentes interventions prévues dans la soirée. Parmi eux, des invités et des serveurs se révèlent être des conteurs, des comédiens, des chanteurs, des musiciens et embarquent le public, surpris, dans leurs histoires. Une dizaine d’artistes, dont « la Bande à Grimaud », un collectif, interviennent, tout au long de la soirée.

« On a toujours voulu monter un cabaret d’histoires drôles, (…)  imaginer une soirée conviviale dans l’esprit des repas de famille, où quelqu’un raconte une bonne blague », raconte Emilie Audren, programmatrice à L’Aire libre. Pour Fannytastic, qui chante et joue de l’accordéon, ce soir là, l’exercice n’est pas facile. Il faut rester concentré pendant le repas, ne pas oublier ses paroles, ni son intervention. Les artistes ont un fil conducteur, mais l’improvisation reste de mise. Les invités semblent séduits. « J’adore être surprise, commente Alicia, 23 ans,  je trouve le concept très sympathique et animé ». L’opération pourrait être reprogrammée par la salle de spectacles, à certains moments de la saison. Le concept pourrait bien séduire les Rennais.

Célian Ramis

Mythos 2013 : Tendre Coeur de Pirate

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Dimanche, en fin d’après-midi, la chanteuse Cœur de Pirate a bordé les spectateurs du Thabor, pour le dernier jour du festival Mythos.
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Dimanche, en fin d’après-midi, la chanteuse Cœur de Pirate a bordé les spectateurs du Thabor, pour le dernier jour du festival Mythos.

C’est dans l’ambiance intimiste du Magic Mirror que les festivaliers ont pu assister au concert de la jeune chanteuse, Cœur de Pirate. Pour sa tournée, au cours de laquelle elle présente son deuxième album, Blonde, elle a opté pour un duo piano/voix. Sur la scène, un décor très épuré. Deux instruments seulement. Et des guirlandes lumineuses. Béatrice Martin, de son vrai nom, nous transporte dans son univers qu’elle chante le sourire aux lèvres et la mine enjouée. Derrière son visage poupon et sa voix cristalline, Cœur de Pirate dévoile sa propre sensibilité et sa propre fragilité, à travers des textes orientés sur le thème de l’Amour. Des couples plus exactement.

Son concert solo, avec simplement son piano, donne de la pureté à cette voix particulière. Au-delà de sa timidité apparente, la chanteuse se livre auprès du public. Que ce soit dans ses chansons ou dans les interludes qu’elle partage avec les spectateurs. Son deuxième album, sorti en novembre 2011, se veut plus pop, empreint des sonorités des années Yéyé (genre musical des années 60 en France et au Canada) et léger. Mais ce n’est pas pour autant que la jeune québécoise en oublie d’explorer le côté sombre de son thème de prédilection et nous offre par moments des textes plus sombres, plus noirs. Mélodies tendres, poésie et profondeur se mêlent dans les morceaux de la jolie blonde.

Après une heure de concert, quelques minutes de bavardage avec le public et quelques morceaux timides à la guitare, Cœur de Pirate achève sa tournée rennaise : « Je reviens quand vous voulez ! »

Célian Ramis

Mythos 2013 : Quand les conteurs courent un marathon de la parole

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Dimanche après-midi, quelques conteurs de la grande famille de Mythos se sont lancés le défi de courir le marathon du conte.
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Dimanche après-midi, quelques conteurs de la grande famille de Mythos se sont lancés le défi de courir le marathon du conte. En réalité, ils n’ont pas couru mais ils ont conté, laissant s’échapper un peloton de mots dans les jardins du Thabor. 

Dans le théâtre de verdure, situé dans le parc du Thabor, tous les festivaliers, dont beaucoup sont venus en famille, sont assis dans l’herbe ce dimanche après-midi. Il fait beau, presque chaud (en tout cas, pas très froid). De 15h à 17h, plusieurs conteurs vont se succéder sur la scène, se passer le flambeau de la parole. Alain Le Goff, Achille Grimaud, Pépito Matéo, Gigi Bigot, Yannick Jaulin ou encore Nicolas Bonneau accompagné de la musicienne Fannytastic… ils sont bien connus du public de Mythos.

Des contes merveilleux, des jeux de mots, des chansons, quelques mimes, des histoires trash, du rire, de l’effroi, de la rêverie, des balades verbales… Ils nous bercent au son de leur poésie, de leurs créations, de leurs inspirations, de leur parole tout simplement. Un agréable moment à flâner dans les jardins, se reposer et à écouter les coureurs des mots.

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