Célian Ramis

Souad Massi, une musique propice à l'évasion

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Elle désigne le moment comme magique, un instant qui réchauffe le cœur et on approuve. Le concert de Souad Massi, à Mythos, est un délice, une ode à la beauté, au voyage et à l’amour.
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Elle désigne le moment comme magique, un instant qui réchauffe le cœur et on approuve. Son concert est un délice, une ode à la beauté, au voyage et à l’amour. Ce jeudi 13 avril, musicienne emblématique de la World music, Souad Massi a enchanté le magic mirror de Mythos, au parc du Thabor. 

Deux guitares, un violon et la voix grave de Souad Massi. Le frisson commence dans un cadre intimiste et enveloppant. On se love dans le creux de cette flamme qui crépite et s’épanouit dans la promesse tenue d’un moment suspendu. Dans le temps et dans l’espace. On se laisse embarquer dans la proposition d’un voyage sans destination précise et on s’évade. Sur les traces d’un poète égyptien ou d’un artiste chilien, sur la mélodie de Hurt de Johnny Cash ou sur les pas de ses souvenirs de cette Algérie quittée à la fin des années 90, Souad Massi chante l’amour, la trahison, « les gens qui changent » ou encore l’exil, la tolérance et les liens. En arabe, en français, en espagnol ou en langue berbère, la chanteuse, autrice et compositrice manie le métissage des cultures, des sonorités et des styles, et nous emporte dans une découverte sensorielle libératrice et cathartique.

Avec son dixième album, Sequana, l’artiste franco-algérienne, spécialiste des musiques classiques et arabo-andalouses, explore non seulement la musique folk et chaâbi mais aussi les musiques du monde sudaméricain et caraïbéen, avec un accent rock sur certaines chansons. Et la magie opère sur le fil des émotions. Il y a de la joie et du partage, de la légèreté aussi dans sa voix comme dans son approche scénographique tout en sobriété. C’est planant et entrainant. Porté-e-s par la musique de Souad Massi et des musiciens, on ne résiste pas à la proposition qui est faite ce soir-là de se reposer et de ressourcer nos esprits, de se laisser aller à une danse légère et profonde à la fois qui vient nous apaiser l’âme et nous réconforter. Et c’est dans cette seconde d’insouciance et d’abandon qu’elle déclenche l’assaut. Le rythme s’accélère et s’intensifie. L’instant est joyeux, l’énergie se déploie et se décuple. Les percussions et instruments à corde prennent l’espace et l’envahissent, saisissant nos corps qui se délient et se délassent. La mise en mouvement agit et accroit. On se régale et se délecte des envolées musicales qui se multiplient. C’est la sève de la musique de Souad Massi, cette part si belle et si riche donnée à l’instrumental. La guitare au centre du projet et l’ancrage dans l’alliance et l’ouverture aux autres. Tout résonne dans cette proposition et tout converge vers l’espoir. Un sentiment qui nous accompagne jusqu’au bout de la soirée.  

Célian Ramis

Artistes : un parcours semé d'embûches pour elles

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Quel lien peut-on établir entre précarité des intermittent-e-s et invisibilisation des femmes artistes ?
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En mars 2021, le collectif Les Matermittentes publie un communiqué demandant des mesures d’urgence pour les salarié-e-s discontinu-e-s qui ne perçoivent plus de congé maternité et maladie indemnisé. En juillet 2021, HF Bretagne publie un diagnostic sur la représentation des femmes dans les arts. Mais quel lien peut-on établir entre précarité des intermittent-e-s et invisibilisation des femmes artistes ?  

Aujourd’hui encore, des femmes salariées ne sont pas indemnisées pour leurs congés maternités. Ou très faiblement. Amandine Thiriet, comédienne et chanteuse, co-fondatrice du collectif Les Matermittentes explique :

« C’est encore possible, même en étant salariée. Ca concerne surtout les emplois discontinus, c'est-à-dire les intermittentes du spectacle mais pas que : cela concerne toutes les intermittentes de l'emploi ».

En somme, toutes les personnes qui alternent des périodes de contrat et de chômage. Le problème, c’est que, pendant longtemps, atteindre le seuil nécessaire était complexe : le système d’indemnisation privait des femmes du congé maternité. Et comme l’explique la bénévole, les conséquences peuvent être graves :

« Une femme qui a un enfant peut être condamnée à n’avoir pas de revenu ou un revenu de misère le temps de son congé maternité et donc, en terme d’indépendance financière, d’autonomie et d’engrenage de précarisation, c’est assez grave et c’est cela qu’on dénonce. »

Quand le collectif est créé en 2009, les membres sont directement concernées : initialement appelées Les recalculées, elles dénoncent un mauvais calcul de Pôle Emploi, pénalisant lourdement les intermittentes. Elles occupent les CPAM, les agences Pôle Emploi, font du bruit et obtiennent partiellement gain de cause.

L’expertise qu’elles acquièrent pendant leur combat leur permet d’analyser le système d’indemnisation et les inégalités qui en découlent. En effet, le système d’équivalence avec Pôle Emploi est défaillant : des femmes perdent leur intermittence car elles ont un enfant, les indemnisations sont trop basses et mettent les concernées dans des situations de précarité importante.

Rebaptisé Les Matermittentes, le collectif saisit le Défenseur des Droits et c’est seulement deux ans plus tard, en 2012 que les politiques se saisissent du sujet, constatant une inégalité. En 2015, elles obtiennent un abaissement des seuils, jusque-là démesurés, pour l’accès au congé maternité et en 2016 avec les syndicats, elles réussissent à faire changer la manière dont celui-ci est pris en compte dans l’assurance chômage pour que ce ne soit plus discriminant. 

NE RIEN LÂCHER

Malgré ces évolutions encourageantes, le travail du collectif ne s’arrête pas là. Depuis 2017, les Matermittentes sont très - trop - souvent sollicitées pour des cas d’erreur de calculs, des refus d’indemnisations et des refus de congés maternités. En cause ? Des mesures insuffisantes et le risque d’un retour en arrière important avec la réforme de l’assurance-chômage actuellement en débat.

La méthode de calcul imaginée va en effet très lourdement pénaliser les personnes qui alternent des petits contrats. La crise sanitaire et sa gestion ont également accentué ces inégalités. Plus généralement, ce sont les discriminations et le manque de reconnaissance liées aux emplois discontinus que le collectif dénonce :

« Quand on écoute Elisabeth Borne (Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, ndlr) au Sénat, elle parle comme si les professions discontinues choisissaient leur manière de travailler : si on ne travaille qu’un jour sur deux, c’est de notre faute, on a qu’à trouver un CDI ! Mais ce n’est pas vrai, (...) il faut reconnaître qu’il existe des pratiques de travail. On ne peut pas être tous les jours en représentation ou en tournage ! »

UN MANQUE DE REPRÉSENTATION 

En juillet, HF Bretagne publie un diagnostic sur la représentation des femmes dans les arts. En portant des valeurs de féminisme, collégialité et de transversalité, il souhaite agir pour faire avancer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Avec cette étude, qui existe depuis 2014, publiée tous les deux ans, l’objectif est de compter, révélant ainsi cet écart majeur en défaveur des femmes, à la fois dans les équipes artistiques, les équipes permanentes et de direction. Lucile Linard, coordinatrice de l’association explique :

« Le diagnostic légitime notre action, c’est dire “voilà la photographie de la réalité” mais c’est aussi pour responsabiliser les structures et faire prendre conscience que même si on a l’impression que ca avance, en fait, pas vraiment, ca avance très très lentement. C’est pour ça qu'on compte. »

Cette année le collectif a fait le choix de changer sa méthodologie permettant de mettre en lumière de nouvelles informations et de nouveaux indicateurs, comme les budgets, la communication, l'accueil de résidence, etc. Le diagnostic permet de rendre compte d’une situation qui évolue, mais encore trop doucement.

Dans les arts visuels, on constate par exemple des chiffres encourageants avec une hausse de 6 points de pourcentage entre 2014 et 2019 : les femmes représentaient 29% des artistes exposées contre 35% en 2019. Mais le combat est loin d’être fini ! De plus, les femmes, si elles sont plus exposées, c’est surtout dans les expositions collectives que monographiques. Elles sont donc davantage invisibilisées …

Dans les musiques actuelles et les musiques traditionnelles, on retrouve les plus grosses inégalités avec des chiffres choquants : sur 562 concerts étudiés, 3 se sont déroulés sans aucun homme et 71 sans aucune femme. Soit 12,5% des concerts sans femmes.

Lucile s’indigne « Comment se projeter quand on est habitué-e à ça ? Il y a un mouvement de dénonciation avec Music too, mais on est encore trop habitué-e à ne pas voir de femmes sur scène. » 

UN PROCESSUS D'ÉVAPORATION DES FEMMES ?

On le sait, les diplômées sont là. Pourtant, elles sont moins exposées. Dans le focus sur les arts visuels, elles comptent : aux écoles d’art sur l’année 2019-2020, ce sont 72% de femmes diplômées. Et déjà, sur les bancs de l’école, les étudiantes ne peuvent pas se projeter : ce sont 53% d'enseignants, 62% d’artistes masculins intervenants.

Mathilde Dumontet, chargée d’étude pour le diagnostic, souligne : « Quand on leur enseigne, quand elles vont voir des expositions, il y a un manque de représentativité, elles ne voient que des hommes. La figure de l’artiste est masculine. Ça limite le “oui, moi aussi, je peux le faire”. »

De plus, les violences sexistes et sexuelles ainsi que les discriminations vécues dès l’école participent à écarter les femmes des parcours artistiques à la fin de leurs études. Les mots de trop, un projet mené par 3 étudiantes de l'EESAB de Rennes fin 2019, met en lumière ces discriminations.

Sous forme d’une enquête et d’un projet graphique, elles ont récolté au total 343 témoignages d’élèves. Le sexisme est une des formes de discriminations le plus vécu parmi toutes les expériences citées : racisme, validisme, homophobie, etc. Notons qu'elles sont toutes cumulables et prennent des formes variées, allant de l’humour oppressif au harcèlement. En tête des attitudes discriminantes : l’équipe pédagogique. Lucile Linard explique :

« Régulièrement on se demande pourquoi cet écart entre les diplômées et les femmes actives ? On parle d’un processus d’évaporation. Pourquoi est-ce qu'elles s’évaporent après leurs études ? Peut-être que ces violences, ces discriminations vécues dès l’école, ce sont des pistes de réflexion. » 

TALENT, NOM MASCULIN ? 

Sur le site d’HF Bretagne est écrit en gros “Talent = Moyens + Travail + Visibilité". La coordinatrice explique l'importance de ce slogan : encore aujourd’hui, trop de personnes pensent que le manque de représentation des femmes dans les milieux artistiques est dû à un manque de talent. Sans moyens, comment rendre le travail des femmes artistes visibles ?

Le collectif Les Matermittentes et sa mission d’accompagnement permettent de révéler les inégalités et les risques de précarité importants pour les femmes. Une étude publiée en mai 2021 par la DARES « Emploi discontinu et indemnisation du chômage : Quels usages des contrats courts ? » montre que les femmes sont surreprésentées dans les emplois discontinus.

Elles seront donc les premières touchées par la réforme d’assurance-chômage. Amandine Thiriet dénonce une stratégie : « C’est hypocrite car ils font comme si c’était de la faute des employé-e-s alors qu’ils encouragent en même temps cette économie de la précarité : ils voudraient que ces gens ne soient pas salarié-e-s mais indépendant-e-s, la stratégie c’est d’enlever les indemnités. C’est un combat pour une protection sociale qui touche surtout les femmes. »

Les violences sexistes et sexuelles, l’expérience des discriminations mais aussi les violences matérielles et le manque de moyens qui touchent les femmes participent et accentuent le phénomène d'évaporation des femmes artistes après leurs études. Dans les équipes permanentes se sont majoritairement des femmes.

Une évolution partiellement victorieuse, car si les femmes sont plus présentes, on constate toutefois que leur présence diminue quand les moyens et les budgets augmentent. Plus il y a d’argent dans les structures, plus il y a d’hommes. Mathilde Dumontet commente :

« On parle d’évaporation des femmes mais on constate aussi un phénomène d’apparition des hommes. »

Des différences de moyens, qui entraînent aussi des visibilités inégales. 

Les actions des associations et collectifs comme les Matermittentes et HF Bretagne sont colossales et encourageantes. Le travail pour l’égalité est immense et les avancées encore fragiles. HF Bretagne prévoit ainsi déjà un autre diagnostic sur l’impact de la crise sanitaire dans les arts. Comme les Matermittentes, le collectif s'inquiète des conséquences dans le milieu artistique. Ainsi, compter, analyser, se mobiliser et se soutenir permet de faire face et de faire avancer l’égalité, la visibilité et les représentations des femmes artistes. 

Mythos

Mythos : 20 ans et des places à gagner

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Du 15 au 24 avril, le festival des arts de la parole fête ses 20 printemps à Rennes, dans le parc du Thabor mais aussi dans les salles culturelles de la capitale bretonne et de ses environs.
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Du 15 au 24 avril, le festival des arts de la parole fête ses 20 printemps à Rennes, dans le parc du Thabor mais aussi dans les salles culturelles de la capitale bretonne et de ses environs.

L’édition promet d’être riche tant dans les découvertes que dans les habitués du festival. Et les artistes féminines auront voix au chapitre durant ses 10 ans dédiés aux arts de la parole. De Dorothé Munyaneza à Stéphanie Chêne en passant par Marine Bachelot, Léone Louis ou encore Adèle Zouane, pour le théâtre, et de Izia à Claire Diterzi en passant par Jain, Deluxe et Jeanne Added, pour la musique, le programme varie les plaisirs.

Des places sont à gagner pour les spectacles suivants :

• Moi, Corinne Dadat – Mohamed El Khatib / Cie Zirlib 

Corinne Dadat est femme de ménage au lycée Sainte-Marie de Bourges. Elle nous confie qu’elle n’a pas de perspectives de reconversion. Non pas en raison de son âge, qui constitue pourtant un sérieux frein dans le contexte économique actuel, mais à cause de son incapacité à appréhender l’outil informatique. Avec Moi, Corinne Dadat, Mohamed El Khatib signe un poème documentaire vivant, un ballet pour une femme de ménage et une danseuse. Une confrontation entre les savoir-faire de deux travailleuses dont le corps est l’instrument de travail.

3 places pour la représentation du 20 avril à 21h, au théâtre de La Paillette.

• Si tu me survis… - Clinic Orgasm Society

Ludovic Barth et Mathylde Demarez se lancent dans une aventure peu ordinaire. Ils partent à la rencontre de deux individus qui n’existent pas encore, qui les attirent autant qu’ils les craignent : eux-mêmes dans trente ans. C’est ainsi qu’à quatre, ils vont instaurer une sorte de dialogue intergénérationnel impitoyable, une ode sauvage à la vieillesse et à la pulsion de vie. Un cri lancé faisant s’entrechoquer de façon brute l’optimisme de l’utopie et de l’imagination avec le pessimisme de notre époque.

2 places pour la représentation du 21 avril à 21h, au théâtre de L’Aire Libre.

• Paradoxal – Marien Tillet / Cie Le cri de l’armoire

Le sommeil pose autant la question de l’endormissement que celle de l’impossibilité de s’endormir. Ces agitations dont nous faisons preuve de temps à autre, ces espaces où la réalité et le songe s’interpénètrent comptent parmi les causes de certaines psychopathologies, visions et autres divinations. Marien Tillet explore entre délire onirique et réflexion philosophique la zone fragile qui sépare le rêve de la réalité. Imaginons que cette frontière sibylline soit en fait un vaste territoire. Le doute est permis.

3 places pour la représentation du 22 avril à 21h, au théâtre de La Paillette.

 

Pour gagner les places, merci de nous indiquer par mail à redaction@yeggmag.fr votre nom, prénom et le spectacle qui vous intéresse. Les places seront à retirer sur liste à la billetterie de chaque spectacle.

Célian Ramis

Slam Connexion : existe-t-il un slam au féminin ?

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.
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À l’occasion de la « Coupe de la Ligue Slam de France » – qui se déroulait du 15 au 18 mai dernier au Théâtre du Vieux St Etienne à Rennes, organisée par la Ligue Slam de France et l’association rennaise Slam Connexion – Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.

En 2006, le grand public a pu découvrir cet art oratoire auparavant presque mystérieux qu’est le slam, avec la sortie de l’album Midi 20 de Grand Corps Malade ; mais c’est également l’année de la création de l’association Slam Connexion à Rennes, première du genre à l’époque en Bretagne.

Poétique, humoristique voire politique, mise en musique ou non, seule ou à plusieurs, la pratique slam s’ouvre à tous, jeunes ou moins jeunes. Le but de l’association est justement d’ouvrir cet art au plus grand nombre comme l’explique Charlotte Bonnin : « Pour nous il s’agit à travers des ateliers d’écriture, de montrer comment utiliser cet outil à des fins d’expression libre, comme outil pédagogique alternatif, que ce soit vis-à-vis de structures scolaires comme de centres sociaux, d’associations, de maisons de retraites ou à la prison des femmes par exemple ».

Arrivées dans le milieu du slam un peu par hasard et par des portes différentes, elles ont cependant en commun la passion de l’écriture, d’abord slameuses puis engagées dans l’associatif ou l’inverse, Aurélia Décordé et Charlotte Bonnin affirment avoir « pris une claque » la première fois qu’elles ont assisté à une scène slam. « Ce qui m’a touché dans le slam c’est tout d’abord le côté scénique, la prestance des poètes. Il n’y a pas de vedettariat dans ce milieu, on brille le temps de déclamer son texte et on retourne s’asseoir dans le public. Mais c’est aussi le fait qu’on écrive un texte pour le dire, c’est extrêmement différent du monde de l’édition par exemple. Chaque soirée est différente, on passe toujours un bon moment, on fait toujours de belles découvertes ».

Dans le slam, pas de professionnel. On peut se faire un nom certes, mais tout dépendra d’un soir, d’une prestation, d’un tournoi. Quelques-uns sont cependant reconnus comme par exemple la slameuse Luciole, rennaise d’origine, qui a pu se faire connaître en posant ces textes sur de la musique, ce qu’on appelle le spoken word. Une slameuse reconnue c’est bien, mais retrouve-t-on beaucoup de femmes sur scène ?

« Dans le slam, il n’est pas question de sexe mais de parcours »

« Le slam est un milieu très masculin et cela ne vaut pas seulement pour Rennes et parfois la tendance s’inverse. Au début ici, c’était une fierté pour nous slameuses de se faire une petite place, mais disons que depuis une dizaine d’années les choses ont bien évolué. De ce constat nous avons décidé de former des équipes entièrement féminines », explique Aurélia Décordé.

Milieu masculin oui mais pas misogyne pour autant comme l’explique Charlotte Bonnin, « les garçons sont toujours heureux de découvrir une nouvelle slameuse, c’est toujours un peu la fête pour nous tous dans ce cas-là ». Pas réellement d’explication pour les deux jeunes femmes quant à la disproportion des sexes sur scène. Si il y a des équipes féminines en tournoi, beaucoup sont mixtes et très peu de slammasters (présentateurs/trices des soirées slam) sont des femmes.

« Je pense qu’il s’agit peut-être d’une question d’engagement. Beaucoup de femmes commencent par monter sur scène puis graviter dans le monde du slam pour peu à peu s’engager dans les associations à plus long terme. C’est très difficile à expliquer, disons peut-être que certaines d’entre nous sont moins compétitrices en tournoi que les hommes ».

Lors de la coupe au Théâtre du Vieux St Etienne, 30% environ des poètes étaient des femmes mais dans l’association Slam Connexion il est intéressant de noter que sur huit référents, cinq sont des femmes et les bénévoles également sont majoritairement des femmes. Qu’en est-il des textes, de la poésie ? Une femme slamera-t-elle de manière différente ? « Cela peut paraître cliché mais chez les hommes l’écriture va avoir tendance à être plus rapée alors que les femmes seront plus en prose, en douceur mais cela n’empêchera pas certaine d’y intégrer une certaine violence. Par contre, au niveau des thèmes, les garçons ne sont pas en reste quand il faut parler d’amour ».

Le slam semble ainsi évoluer avec son temps, pratique peu connue au début des années 2000, elle se démocratise petit à petit et diffuse une nouvelle forme d’expression chez les femmes comme chez les hommes, les adultes comme les enfants, les artistes comme les novices. Le but étant de se lâcher, de faire sortir notre colère, notre joie, nos sentiments, bientôt un slam comme outil de militantisme pour les femmes ?

Célian Ramis

Mythos 2014 : "Un festival ancré dans le printemps rennais"

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Rennes
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Lundi 21 avril, le festival touchait à sa fin et l’heure était au bilan dans le parc du Thabor. L’occasion pour Maël Le Goff et Emilie Audren de revenir sur cette 18ème édition.
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Lundi 21 avril, le festival touchait à sa fin et l’heure était au bilan dans le parc du Thabor. L’occasion pour Maël Le Goff et Emilie Audren de revenir sur cette 18ème édition qui s’achevait le soir même avec le concert de Thomas Dutronc.

Sans surprise, les deux têtes dirigeantes du festival des arts de la parole soulignent leur satisfaction face à cette édition « à la hauteur de 2013 et au dessus de nos attentes ». Mais cette année, pour Maël Le Goff, le festival « s’est ancré dans le printemps rennais, au même titre que les Transmusicales, Mettre en scène, Les tombées de la nuit, etc. à leur période ».

S’il évoque tout de même des bémols tels que le maigre succès du covoiturage mis en place « un peu tard » ou la sempiternelle difficulté à boucler le budget « même s’il est encore trop tôt pour dresser le bilan financier », la liste des points forts se fait beaucoup plus longue. Une programmation ouverte et éclectique, une météo clémente, une superbe ambiance dans le Thabor et au cours des nuits dans le Magic – ce qui n’avait pas été le cas l’an dernier – Mythos affiche un bilan positif avec 16 000 entrées au Cabaret botanique, sans compter les entrées aux after qui recensent entre 2000 et 2500 personnes par soir.

Au niveau de la programmation, l’équipe dirigeante tient à justifier leur choix « d’aller dans les extrêmes, faire le grand écart : De Airnadette à Corpus Frichti, il y en a pour tous les goûts ». Mais au délà d’une édition pensée pour un public large, Emilie Audren explique avoir voulu apporter de la gaieté : « On voit des propositions engagées toute l’année. Ici, les artistes ont transmis une parole tendue, politique, mais avec des formes gaies, légères. Des propositions optimistes sur des formes contemporaines ». Un argumentaire auquel Maël Le Goff ajoute : « Il fallait sortir de la noirceur d’un monde en déclin ». Une conclusion qui nous laisse sans voix en cette fin de festival des arts de la parole…

Célian Ramis

Mythos 2014 : La java explosive de Carmen Maria Vega

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Insouciance et liberté sont les maitres mots de la chanteuse Carmen Maria Vega qui présentait son spectacle Fais moi mal Boris, dimanche 20 avril, sur la scène du Cabaret botanique.
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Insouciance et liberté sont les maitres mots de la chanteuse Carmen Maria Vega qui présentait son spectacle Fais moi mal Boris, dimanche 20 avril, sur la scène du Cabaret botanique.

Rien qu’en écoutant « La menteuse », le titre qui propulse la carrière de l’artiste en 2008 et qui figure sur son premier album, on comprend que Carmen Maria Vega s’attaque aux œuvres du Satrape du collège de ‘Pataphysique, Boris Vian, tant il lui colle à la peau. « Avantageusement connu sous le nom de Bison Ravi », nous précise en voix-off la chanteuse au début du spectacle – reprenant des informations publiées dans la plaquette qui accompagne le coffret de disque Boris Vian intégrale, intitulée Éléments d’une biographie de Boris Vian avantageusement connu sous le nom de Bison Ravi.

Elle est cachée derrière un rideau blanc, pendant que ses deux musiciens accordent leurs instruments. Un style de pin-up rock, le sourire du Joker aux lèvres, elle ouvre le bal avec une des plus célèbres chansons signées Boris Vian, interprétée par une femme, « Fais moi mal Johnny ». Ici, Carmen Maria Vega donne le ton : elle revisitera les textes de Vian, d’accord, mais à sa propre sauce.

Si elle partage avec l’auteur un goût prononcé pour la liberté, et surtout celle de parole qui permet de mettre à mal les failles de la société dans laquelle ils vivent (à des époques différentes), elle ne cherche pas à le ressusciter, à l’imiter ou encore à recréer son univers – un terme qu’elle n’aime pas, nous dira-t-elle après le concert (lire notre interview ci-dessous). On est bien loin des caveaux de Saint-Germain-des-Près que l’écrivain fréquentait avec Raymond Queneau et pourtant on retrouve chez l’interprète lyonnaise une ressemblance avec l’esprit de celui qui signait certaines de ses œuvres sous le pseudonyme Vernon Sullivan.

En effet, durant plus d’une heure, elle convoque l’esprit des zazous et le swing qu’elle affectionne depuis longtemps. Elle y ajoute sa gouaille et son insolence, marié à l’impertinence dont elle raffole et qu’elle partage avec Vian.

Accompagnée de ses deux musiciens lookés à la Orange mécanique, le maquillage et l’aspect effrayant en moins, Carmen Maria Vega insuffle aux textes qu’elle interprète un nouveau genre grâce aux sonorités rock de la guitare électrique et de la batterie.

Et ainsi, embarque le public dans une atmosphère de cabaret rock moderne et contemporain. « Ne vous mariez pas les filles », « Les joyeux bouchers » ou encore « La java des bombes atomiques », les chansons sont reprises avec légèreté, humour et souvent une bonne dose de sensualité. L’interprétation de la chanteuse et les arrangements du batteur Kim Giani forment un mélange explosif et jouent avec les genres variant les styles musicaux d’une chanson à l’autre, voire même au sein d’un morceau, comme dans « La complainte du progrès » par exemple.

Parfois rockabilly, parfois swing et parfois rock, celle qui apporte un vent de fraicheur sur la scène de la chanson française se laisse porter par ses humeurs et ses envies. Pour reprendre le standard du jazz, extrait de l’Opéra de Quat’sous traduit par Vian en français, elle s’exécute en mode « scène subventionnée ».

Pour la savoureuse chanson « J’suis snob », elle pousse les paroles à leur paroxysme, adoptant une attitude de bêcheuse qui semble lui venir naturellement. Une preuve de son potentiel théâtral – un art qu’elle pratique depuis son enfance – dont elle use et abuse au fil du concert créant ainsi un spectacle complet qui allie musique, danse et théâtre. Et la richesse du répertoire de Boris Vian lui permet de naviguer entre délicatesse et sensibilité d’un côté et intensité dramatique et esprit rock de l’autre.

Elle clôturera même ce show par un numéro d’effeuillage burlesque, qu’elle ne délivrera pas intégralement mais qui se terminera sur une note humoristico-fashion. On pourrait y voir un clin d’œil à la meneuse de revue dont elle interprètera le rôle dans le spectacle musical, Mistinguett la reine des années folles, à la rentrée 2014 au Casino de Paris.

En tout cas, Carmen Maria Vega, c’est un tempérament de feu dont les flammes se répandent comme une trainée de poudre en chaque spectateur, ravi de redécouvrir les textes écrits et chantés par ce monstre sacré des arts de la parole qui a prouvé, sa courte vie durant, qu’il maitrisait bien plus que la langue française. Et la chanteuse-interprète marque ici son envie d’explorer des répertoires variés qu’elle personnalise avec brio et confirme son talent de transporter le public à l’endroit qu’elle veut. Un moment original et électrisant dont on savoure chaque instant.

 

Carmen Maria Vega : « Comme la Bretagne, Boris Vian, ça nous gagne ! »

Tout d’abord, comment avez-vous ressenti le public rennais ce soir ?

Je vais encore faire ma fayotte : formidable ! Les Bretons quoi… J’étais déjà venue au festival Mythos, je suis très contente d’y revenir. Et puis la Bretagne, ça vous gagne ! (Rires)

Et Boris Vian alors, ça vous gagne ?

On dirait que oui. Boris Vian, ça nous gagne. J’en avais envie depuis longtemps. J’ai arrêté ma tournée en mars 2013 et je n’avais pas envie de retourner tout de suite en studio. Je voulais faire autre chose entre temps.

Surtout qu’en concert, vous aviez l’habitude de reprendre des chansons de Boris Vian. Pourquoi avoir choisi d’en faire un spectacle à part entière ?

Vous savez, dès qu’on reprend une chanson, c’est un peu frustrant de n’en faire qu’une ou deux. Vian, il a un univers (je n’aime pas ce mot mais enfin bon…), c’est un artiste libre. Même si la liberté a ses failles. Il voulait faire de la trompette, des films, des chansons, être auteur, chanter alors qu’il n’a pas la voix… En France, on bloque si on n’arrive pas à mettre une personne dans une case. C’est ça que j’aime chez lui, il n’y a pas de barrière. On grandit au contact des autres, en ne restant pas toujours dans son propre milieu.

Vous insistez beaucoup sur la liberté et sur le fait que vous êtes une interprète, accédant ainsi à un large répertoire…

Oui c’est vrai. Avant je n’osais pas dire que j’étais interprète. Mais c’est cool d’être interprète. Je ne sais pas écrire donc de toute manière je ne vais pas faire quelque que je ne sais pas faire. Depuis le début de ma carrière, je travaille avec Max Lavegie, c’est lui qui écrit les textes. On a arrêté de travailler ensemble en 2013. J’avais alors l’idée de ce spectacle sur Boris Vian.

Beaucoup d’artistes se sont attaqués à Vian et s’y sont cassés les dents. Comment on appréhende un spectacle de cette envergure ?

Ah, je n’étais pas au courant de ça. Heureusement, sinon je ne l’aurais pas fait (rires). En fait, j’avais participé en 2008 à la tournée de On n’est pas là pour se faire engueuler (plusieurs artistes reprennent des grands classiques du répertoire de Vian, ndlr). C’est là que j’ai rencontré Nicole Bertolt, la gardienne des ayant droits éditoriaux de Vian. Elle vit dans la maison musée de Boris Vian d’ailleurs. C’est une passionnée, une proche de sa deuxième femme qui l’a prise sous son aile pour gérer son patrimoine. Quatre ans plus tard, je lui ai fait part de mon envie et je lui ai demandé : est-ce que tu peux m’aider à le faire ? C’était là le point de départ, c’était très important pour moi qu’elle accepte. J’ai pu faire une photo là-bas, dans son appartement dans la Cité Véron, derrière le Moulin Rouge. C’est complètement dingue. Quand j’imagine les soirées qui ont du se faire là-bas, avec Prévert, André Breton, etc. Complètement dingue !

Comment avez-vous choisi le contenu du spectacle ?

Il a fallu du temps. Déjà il m’a fallu 6 mois pour apprendre les chansons ! Et les choisir, ça n’a pas été facile. Il y en a plein entre les chansons et les poèmes… Et puis il faut faire plaisir au public, il y a des chansons auxquelles on ne peut pas couper. Après on fait des choix, forcément. Mais par exemple, je n’ai pas chanté « On n’est pas là pour se faire engueuler ». Mais parce qu’elle est chiante. Franchement, moi je me fais chier sur celle là. Alors pour d’autres, on réarrange. En plus dark, en plus tendu.

L’ambiance cabaret avec Boris Vian, les années folles avec Mistinguett. Vous aimez cette période du début XXe…

Oui, beaucoup. Après, ce n’était pas la même chose. Quand Mistinguett était connue, Vian était encore petit. Mistinguett, c’est les années folles, l’après première guerre mondiale. Faut reconstruire le pays ! Les femmes, elles en ont marre des corsets, de se plaquer les seins, elles laissent alors les bas apparents, et tout.

L’époque de l’insouciance et la liberté que vous revendiquez aujourd’hui…

C’était formidable ! Et Mistinguett, c’est une sacrée femme. Elle a créé la revue. La première revue au Casino de Paris. Et c’est ça qui est cool, c’est qu’on jouera là où elle a travaillé. C’est un peu ça le spectacle, l’histoire de la création, les coulisses. Mistinguett, c’est une femme de poigne, elle n’était pas commode, bon c’était une femme amoureuse aussi. Mais elle privilégiait sa carrière plus que ses histoires d’amour. C’était une re-sta !

Vous dites que le tournage du clip « Mon homme », premier titre du spectacle à être dévoilé, a été très éprouvant. Entre la préparation de Mistinguett et le spectacle autour de Boris Vian, est-ce que vous avez le temps pour vos projets personnels ?

En fait, ce qui était compliqué, c’est l’avant. Apprendre la choré, le travail des danseuses. Moi, je veux bien danser, ça fait parti du personnage, et puis elle était tellement charismatique ! Mais à côté, oui, je continue de bosser sur mes maquettes, sur la pré-prod. Je devrais m’y remettre dès la semaine prochaine d’ailleurs. Vous savez, le temps on le trouve quand on veut. J’aime faire tout en même temps, ça me nourrit !

Célian Ramis

Mythos 2014 : Airnadette, une comédie musiculte savoureusement potache

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La Comédie Musiculte a encore frappé et l’humour potache a emporté la victoire !
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La Comédie Musiculte a encore frappé et l’humour potache a emporté la victoire ! Samedi dernier, le 19 avril, le mauvais esprit rock d’Airnadette s’est abattu sur le festival Mythos, déchainant ainsi la foule entassée dans le Cabaret botanique.

À 18h ce samedi, les festivaliers se pressent pour entrer dans le Magic Mirror, installé dans le parc du Thabor à l’occasion du festival des arts de la parole. Un art que les membres de Airnadette – en hommage à une ancienne première dame de France – sont loin de maitriser. Eux, leur truc, c’est le play back, le air guitar ou le air batterie. Ils ne chantent pas, ils ne parlent pas mais ils bougent les lèvres, brandissent leurs instruments imaginaires et déchainent les foules.

Le airband se forme en avril 2008 et réunit des spécialistes du genre, qui seront ensuite rapidement rejoints par le comédien Sylvain Quimène, connu pour son personnage créé pour Airnadette, à savoir Gunther Love  – qui n’honorera pas le public rennais de sa présence – double champion du monde de Air guitar. Airnadette va alors enchainer les dates et les tournées s’imposant comme un des groupes les plus déjantés « de mon dentier ».

Et c’est cette histoire-là que le sextet, accompagné de leur manager et présentateur Philippe Risotto, va nous raconter durant plus d’une heure. Des débuts du groupe miteux qui répète dans un garage à la vie de stars à la renommée internationale, le airband présente sa « presque vraie vie » et se caricature avec humour, absurdité et surtout une bonne dose de rock’n’roll dans la Comédie Musiculte – mise en scène par l’ancien Robin des Bois, Pef, et chorégraphié par Lydia Dejugnac – faisant ainsi résonner et vibrer tous les recoins du parc rennais.

De l’extérieur, on entend simplement de la musique. Des chansons qui jamais ne sont diffusées dans leur intégralité. Juste des refrains qui défilent et s’enchainent, sans liens et sans rapport. Comme si on déroulait les fréquences radio d’un transistor, allant de Nostalgie à Chérie FM en passant par Skyrock, Virgin et RTL.

Et de temps en temps, Rires et Chansons. À l’intérieur, c’est carrément un autre monde qui nous est proposé. On quitte la réalité, les spectacles intellos-bobos tant appréciés et la flânerie dans les allées du Thabor pour un grand n’importe quoi débordant d’énergie et complètement délirant.

Philippe Risotto, à l’allure d’un vieux pervers voyeur, assure le show, vêtu de son costume ringard à carreaux. Il est le manager des six hurluberlus qui s’agitent sur scène et qui mettent leur énergie au service d’un play back déluré et détonnant. Ils ont l’air tout droit sortis du jeu vidéo Guitar Hero et campent chacun un personnage caricatural et stéréotypé. La brosse à cheveux dans la main, portée au niveau de la bouche, ses chanteurs de salle de bain agitent les lèvres sur une panoplie de tubes qui ont tous à un moment cartonnés.

Que ce soit une chanson extraite de la comédie musicale Roméo et Juliette, le générique de Cat’s Eyes, un duo entre Diams et Vita, une reprise de Britney Spears ou encore des grands classiques du rock comme Queen ou Queen of the Stone Age, ils ne reculent devant rien. Bien au contraire. Tout le monde en prend pour son grade. Ils font dans le potache, dans la variétoche, singeant au maximum les interprètes originaux et créant ainsi des situations qui rendent les spectateurs hilares.

Ils maitrisent l’absurdité, ils subliment la caricature. Avec Airnadette, plus c’est gros – et gras – mieux c’est. Ils sont rock et emmerdent le monde. Et se moquent bien de Rennes, ville rock par excellence. Le public se fait insulter et en redemande. Et surtout n’hésite pas, entre deux ou trois « Ta gueule » ou encore « Enculés », à leur rendre la pareille.

Aussi, les festivaliers se plient avec plaisir à l’exercice proposé par Philippe Risotto : tourner le dos à la scène, lever les deux bras en l’air, agiter les dix doigts puis en plier 4 sur chaque main. Les uns et les autres s’observent, d’abord un peu gênés mais quand même fortement amusés, jusqu’à se marrer à la vision de tous les doigts d’honneur levés.

Un geste qu’ils ne manqueront pas de reproduire à plusieurs reprises pendant le show et que les parents auront certainement du mal à ne pas faire répéter à leurs enfants qui regardent le spectacle, les yeux ébahis devant cette foule en délire. Le mauvais esprit a envahi le Cabaret botanique, qui transpire l’humour potache, le pétage de plomb et le lâcher prise. Un vent de légèreté donc qu’il est bon de saisir au vol – un peu à la manière de Jérôme Rouger qui invitait le public, la veille, à délicieusement caqueter comme des poules, lors de ce son spectacle « Pourquoi les poules… » – et qu’il est appréciable de savourer.

Entre les séries de chansons, les pros du air lèvres jouent avec les répliques des films cultes comme Les bronzés, La cité de la peur, Dikkenek, Le Père-Noël est une ordure, Nos jours heureux ou encore The big Lebowski, Las Vegas parano et Star Wars. Pendant que des canettes géantes de bières en ballon rebondissent sur les mains agitées des spectateurs, les talentueux membres du airband se déchainent et se défoulent, finissant même par invoquer l’esprit de Michael Jackson qui vient expliquer, à travers le corps du présentateur, son adoration pour eux et leur donner l’autorisation d’interpréter la chorégraphie de « Thriller ».

Absurde, hilarante, décapante, la Comédie Musiculte convoque tous les éléments capables de provoquer facilement le rire – qui se propage à la vitesse de l’éclair dans tout le chapiteau – en use et en abuse, pour notre plus grand plaisir. Le rythme est soutenu, intense. Le délire part dans tous les sens, sans se préoccuper justement du sens. On débranche les cerveaux, on se marre et c’est tout – et c’est déjà bien !

Célian Ramis

Mythos 2014 : Emilie Simon fait sa mue

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La chanteuse Emilie Simon se produisait hier soir, vendredi 18, dans le Cabaret botanique pour présenter au public rennais son nouvel album Mue, à l’occasion du festival Mythos.
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La chanteuse Emilie Simon se produisait hier soir, vendredi 18, dans le Cabaret botanique pour présenter au public rennais son nouvel album Mue, à l’occasion du festival Mythos.

Depuis le début de sa carrière, Emilie Simon aligne les victoires, les récompenses, les succès. De son premier album, Emilie Simon en 2003, pour lequel elle remporte le prix du meilleur album de musiques électroniques, groove et dance de l’année aux Victoires de la musique, à son nouvel album Mue, sorti le mois dernier, cette auteure-compositeure-interprète française a également signé la délicate bande originale de La marche de l’empereur en 2005 – et celle du film La délicatesse, en 2011, avec son album Franky Knigh.

Après dix ans de carrière, l’artiste fait sa mue et s’accomplit à travers un registre riche et varié. Hier soir, elle succédait aux ovnis de Cascadeur et affrontait un public impatient ; il faudra attendre près d’une heure entre les deux plateaux. Mais c’est également un public averti et particulièrement friand de sa musique et de son univers qui fait le pied de gru devant l’estrade, installée dans le Cabaret botanique.

C’est donc quelques minutes avant minuit qu’elle fait son entrée, sa chevelure brune déployée qui tombe sur ses épaules couvertes d’un gilet à plumes blanches, qui se marie à sa longue robe blanche. Un ange, pourrait-on croire. Ce serait mal connaître les artistes programmés et l’esprit qui se dégage du festival des arts de la parole. Une parole qui nous emporte dans la profondeur de son âme, qui dévoile un imaginaire personnel et personnalisé. Et qui permet à nos esprits de vagabonder et de se perdre dans un espace temps situé en dehors de la réalité.

Avis de tempête

Elle a la voix pure, cristalline, on la compare à celle précisément de Vanessa Paradis, à celle plus largement d’une Lolita. Son registre musical pourrait également être un argument de comparaison. Et quand elle brandit sa guitare électrique, elle nous rappelle alors la mystique Iva G. Moskovich que l’on avait découvert sur la scène des Transmusicales, en décembre dernier.

Une apparition angélique qui révélait son côté sombre dans un rock gothique saupoudré de sonorités empreintes aux musiques de l’Est. Ici, pas de rock gothique mais une personnalité diabolique qui nous envoute à sa guise, c’est certain ! Dans son nouvel album, Emilie Simon se promène agilement entre pop-électro, ballades romantiques et noirceur rock.

Elle a le pouvoir d’envouter les spectateurs, de les emmener à l’endroit qu’elle veut et de passer de Paris j’ai pris perpète à Quand vient le jour en passant par Fleur de saison. Une preuve que son répertoire est varié et que le talent de l’artiste ne réside pas dans un seul style musical. Sous ses allures d’être sensible et fragile, on la sent solide et confiante. « Je suis ravie d’être de retour à Rennes, lance-t-elle, timidement. J’adore cette salle, c’est beau. C’est beau un Magic Mirror ». Elle a le sourire, l’œil qui pétille et l’envie de partager sa musique, ses émotions, ses préoccupations. Elle nous conte alors des histoires musicales, accompagnées de ses musiciens, à la batterie, à la guitare et au clavier.

Et comme dans un conte traditionnel, le groupe nous embarque, après avoir posé la situation initiale, dans des péripéties qui portent les protagonistes à surmonter les difficultés pour finir dans une ambiance festive et chaleureuse. C’est là tout l’esprit d’Emilie Simon qui célèbre souvent le romantisme, les surprises que nous réservent et offrent l’amour et la vie, le quotidien, l’aventure. Intriguante, elle conserve et nourrit sa part de mystère à travers un imaginaire pur et complexe.

Elle dévoile de manière crescendo une force tranquille. Un avis de tempete est lancé : entre chaleur et froideur, Emilie Simon est un coup de tonnerre cinglant et brusque que l’on avait pas vu venir. La pureté de la voix, l’élégance et l’intensité des notes qui claquent, c’est un tourbillon de sensations et d’émotions qui se dégagent de la scène et qui s’abat sur certains spectateurs déchainés au contact de la jolie brune.

C’est également un mélange qui passe ou qui casse. Emilie Simon alterne les chansons calmes qui peuvent parfois peser et plomber la dynamique engagée par les moments pop et les instants carrément électriques et électrisants, ceux-là qui nous emportent et nous envoient valdinguer dans les recoins fantasques du chapiteau.

Célian Ramis

Mythos 2014 : La désorganisation, ça ne s'improvise pas !

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La Paillette, Rennes
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Le spectacle de Clément Thirion, au nom imprononçable : [WELTANSCHAUUNG] (à vos souhaits), était jeudi 17 avril sur la scène de la Paillette pour le festival Mythos. La pièce est un ovni loufoque qui a connu un beau succès.
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Le spectacle de Clément Thirion, au nom imprononçable : [WELTANSCHAUUNG] (à vos souhaits), était jeudi 17 avril sur la scène de la Paillette pour le festival Mythos. La pièce est un ovni loufoque qui a connu un beau succès.

Des badges Mythos encore autour du cou, des régisseurs visibles, deux acteurs qui murmurent entre eux pour s’accorder sur ce qu’il faut dire au public : lors de l’introduction de la pièce on se croirait dans un spectacle mal préparé. C’est voulu et assumé. Dès l’entrée les thèmes sont variés: le biface en silex préhistorique côtoie la bombe atomique et l’extinction de l’espèce humaine. Après un court intermède musical et visuel, les comédiens reviennent sous l’annonce: « Deux bipèdes veulent et vont sauver l’humanité ».

Leur gestuelle imite à merveille celle de nos lointains ancêtres descendus des branches, le tout en moonboots… Le ton est donné la pièce sera loufoque, barrée… ou ne sera pas. Le duo formé par les deux comédiens, Clément Thirion et Gwen Berrou, détonne sur la scène de la Paillette. D’abord physiquement : Gwen est une grande branche fine avec des membres très longs et un chouchou fluo dans les cheveux. Clément, lui, est un petit homme chauve. Ensuite sur le plan artistique : l’association de la fraicheur de Clément à la générosité du jeu de la comédienne fonctionne à merveille. Les deux sont en accord parfait et sans fausse note.

La pièce part dans tous les sens, à tel point qu’il est difficile d’y trouver un thème précis. En deux répliques, les acteurs passent de la préhistoire aux artistes des années 1970, ou de la danse de la fin du monde à une proposition de biscuits au public. Mais s’il y a bien un sujet qui semble être pris au sérieux et sous toutes ses coutures : l’homme et l’humanité.

Enfin au sérieux du second degré bien sûr. À travers des histoires sans queue ni tête, les artistes dessinent une image de l’homme à la fois hilarante, touchante et naïvement désespérée. La question de la création de l’homme rejoint parfois celle de la création artistique.

Des phrases sonnent particulièrement justes, même lorsqu’elles sont prononcées au milieu de cris d’hommes préhistoriques : « La création artistique commence avec la conscience de la mort, le fait de vouloir laisser une trace, tout ça, tout ça. Regarde comme il est beau mon biface ! Pour certains, symboliquement, c’est ça la sortie du jardin d’Eden », analyse Clément Thirion.

Le rythme de la pièce ne fatigue pas. On passe d’une scène à l’autre, avec des transitions pendant lesquelles les comédiens endossent le rôle d’acteurs perdus qui improvisent au fur et à mesure. Cette mise en abyme du rôle d’acteur est parfaitement interprétée et fait beaucoup rire la salle. Gwen Berrou se présente ainsi au début de la pièce : « Non, mais en fait moi, je remplace la personne qui devait jouer, elle s’est cassée une jambe. »

Quant aux scènes, elles sont absurdes et sont liées les unes aux autres par des fils très tenus. Après l’imitation vivante d’un tableau expressionniste représentant Adam et Ève campée par les deux protagonistes, la comédienne nous explique s’être intéressée au serpent au centre du tableau. Elle déroule ensuite les différents modes de déplacements des reptiles à l’aide d’un ruban. Pendant ce temps l’acteur discute tranquillement avec les deux régisseurs installés sur le côté gauche de la scène. Tout est fait pour donner au public l’illusion de l’improvisation. Cependant rien n’est laissé au hasard et surtout pas les instants de communication avec le public. « Vous voulez un biscuit ? », demande à la salle Clément Thirion. Des réponses positives fusent depuis les sièges du théâtre.

Il regarde alors sa partenaire de scène et lui lance : « Il nous reste des biscuits ? Je crois qu’il y en a qui en veulent. » Hésitation de la comédienne, qui va voir et revient avec une assiette remplie de confiseries et la fait circuler dans le public. Un jeu de miroir particulièrement réussi est également mis en place lors d’une chorégraphie sur une musique de Klaus Nomi. Les comédiens sur scène sont répétés en miniatures sur l’écran du fond. Et si l’ensemble est parfaitement régulier au départ, peu à peu chaque miniature reprend sa liberté et se désolidarise de l’ensemble. Une allégorie de la schizophrénie ? De la liberté ? L’effet visuel est parfaitement réussi.

Absurdité, réflexion sur la condition humaine, le théâtre de Clément Thirion rappelle celui de Beckett. Cependant sa manière de traiter le sujet est singulièrement plus vivante. Il ajoute également une dimension fondamentale ; celle de l’absence de frontières : les techniciens sont intégrés à la pièce par la présence des régisseurs dans un coin de la scène. Le public participe aussi au spectacle : ses réactions sont y aussi intégrées.

Et lorsqu’à la fin, Clément Thirion invite les spectateurs à s’imaginer que « 500 spectateurs descendent sur scène pour reprendre la chorégraphie du début », une vingtaine de personnes investissent réellement la scène et le suive dans ses mouvements loufoques. Une belle scène de clôture qui abolit la séparation traditionnelle entre le public et les comédiens, à l’image de l’ensemble du spectacle.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Christine, Queen of Pop

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Christine and the Queens faisait son diva-show, une expérimentation théâtrale et musicale aussi burlesque que travaillée. Dans le Cabaret botanique, le public de Mythos a profité d’un concert original et décalé.
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Vendredi 18 avril, Christine and the Queens faisait son diva-show, une expérimentation théâtrale et musicale aussi burlesque que travaillée. Dans le Cabaret botanique, le public de Mythos a profité d’un concert original et décalé.

Héloïse Letissier a rapidement été remarquée et suivie par les médias. En 2010, la jeune nantaise partie à Lyon faire ses études de théâtre à l’ENS décide de lancer son projet musical. Elle a alors en tête de bâtir un show à l’américaine avec des musiciens et des danseurs.

Trois EP à son actif depuis 2011 – dont deux auto-produits – elle assure les premières parties de Woodkid, The Do ou encore Lykke Li et marque chacun de ses passages télévisés ou prestations scéniques de sa patte et sa singularité. Ce qui l’a amenée à signer avec le label français indépendant Because, qui devrait rapidement produire son premier album – dont elle nous dévoile lors du concert le titre Saint-Claude – à la suite de son EP, Nuits 17 à 52, sorti en 2013.

Celle qui a débuté seule sur les planches et incarné plusieurs personnalités sur scène peut maintenant se vanter d’emprunter le chemin d’un succès bien au rendez-vous. Dans le Cabaret botanique, en cette fin d’après-midi d’un vendredi ensoleillé, la chanteuse fait son entrée, entourée de ses Queens. Car Christine and the Queens, c’est la rencontre entre Héloïse Letissier et des musiciens travestis, une nuit à Londres.

Pour la jeune femme, c’est là son inspiration, sa source d’énergie et de création, son graal pour un projet abouti. Elle foule alors les planches du Magic Mirror derrière ses deux danseurs vêtus de noir, l’air concentrés et protecteurs. Elle, en pantalon et veste bordeaux, lookée à la Michael Jackson et la mine facétieuse. Des divas viennent d’apparaitre. Ensemble, ils effectuent des mouvements lents et sensuels.

« Bonsoir, nous sommes Christine and the Queens. Christine et les reines, à Rennes. On va bien rigoler ce soir…, lance la jeune femme. Je vois très bien tout le monde. Je vois ceux qui dansent… et ceux qui ne dansent pas. Je vois ceux qui sourient… ceux qui ne sourient pas. » Elle est à l’aise sur scène, à l’aise dans l’échange avec le public.

C’est là son plaisir d’ex-étudiante en théâtre qui alimente toutes ses phrases et tous ses mouvements par un second degré assumé et poussé à l’extrême. Sur des airs de r’n’b old school, elle libère ce qu’elle définit comme de la « freakpop », une musique populaire qu’elle agrémente à sa sauce électro-délurée et sensible dans laquelle elle soigne l’esthétique et le message.

Ainsi, avec les Queens, elle se lâche et effectue des chorégraphies calquées sur celles du King de la pop, elle interprète des chansons à la Whitney Houston et Beyonce – exclusivement dans les mimiques – et surtout elle joue avec les codes et les genres. Le féminin au masculin et inversement.

Ce sur quoi elle a bâti l’identité de Christine and the Queens. Le mélange entre les sexes, la présence des drag-queens, sa façon de se travestir dans ses clips, les diverses facettes qu’elle dévoile dans ses textes et dans sa façon d’être… « Si je ne veux pas être une grande fille, je serais un petit garçon », chante-t-elle. Elle aime flirter avec la poésie de la langue française et la classe de l’anglais pour en faire un objet unique qui résonne dans chaque texte sur lequel elle pose sa voix ronde et profonde. Et les notes qui en sortent semblent simples, légères ou parfois tortueuses et endolories.

Christine and the Queens, c’est une expérience et une expérimentation musicale et scénique qui nous emporte et nous transperce à travers plusieurs émotions. Le public est aussi bien suspendu à ses lèvres lorsqu’elle délivre intimement son titre Nuits à 17 à 52 – « composé dans ma toute petite chambre et que j’ai fini par chanter à la télé (le soir des 29èmes Victoires de la musique, ndlr)… Can you believe it ? » – que entrainé inlassablement par la rythmique de The loving cup, qu’elle chantera également lors du rappel.

Héloïse Letissier incarne le projet qu’elle étoffe et perfectionne de mois en mois et se transforme en personnage féminin/masculin à chaque pas exécuté, à chaque note lâchée et à chaque texte dévoilé. On ne doute pas qu’elle accomplira très bientôt son rêve de véritable show à l’américaine, dissimulé derrière son côté indé bien français.

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