Célian Ramis

Les femmes et la marge au Blosne

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Maison des Squares, Rennes
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En plein cœur du quartier du Blosne, se tient l'exposition « Les femmes et la marge ». L'occasion d'admirer des femmes du monde entier vues par l'œil du photographe Yann Lévy.
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À la Maison des squares, en plein cœur du quartier du Blosne, se tient l'exposition « Les femmes et la marge » jusqu'au 30 novembre 2014. L'occasion d'admirer des femmes du monde entier vues par l'œil du photographe Yann Lévy.

Une femme en tenue burlesque, cache-téton en strass et body moulant, regarde d'un air mutin le visiteur, prête à retirer le bas. À côté, une femme entièrement voilée presse le pas sur le parvis d'une mosquée à Istanbul. Ces deux portraits exposés côte à côte montrent deux mondes opposés. Leur point commun ? C'est le même homme, Yann Lévy qui à travers son  regard de photographe a immortalisé ces instants. À travers dix-huit portraits de femmes, il emmène le visiteur aux quatre coins du globe : Roumanie, Haïti, Palestine, France, Turquie...

Sarah Boulanger, animatrice multimédia et responsable des expositions à la Maison des squares, explique : « Le lien entre toutes ces photos c'est les femmes. Il a extrait des photos de plusieurs de ses reportages en ne prenant que les portraits féminins. » Elle a contacté Yann pour l'exposer car « c'est un copain ».

Amatrice de photos, elle connaît quelques personnes dans le milieu. Yann Lévy lui a ainsi expliqué sa démarche. Partant du constat que les femmes étaient peu représentées dans le monde de la photographie, il a voulu travailler sur leur diversité. Résultat : une exposition hétéroclite qui rend hommage au féminin sous toutes ses formes.

Autre particularité, le lieu dans lequel les photos sont accrochées. La maison des squares n'est pas un lieu destiné à exposer a-priori, sa vocation est toute autre, celle d'une maison de quartier. Les clichés sont accrochés dans l'entrée et dans le couloir au petit bonheur la chance. Le Blosne est dépourvu d'endroits dévolus à l'art. Seul le Triangle fait exception.

C'est ce qui a poussé la petite structure à se lancer, depuis septembre 2014, afin de combler ce vide culturel et éviter que les personnes soient obligées de se rendre au centre ville pour admirer des expositions. Tous les mois, un nouvel artiste vient prendre place sur ses murs.

Les réactions des gens du quartier intéressent également Sarah Boulanger : « On a des gens qui viennent de partout et qui se retrouvent dans cette exposition. » Elle raconte, amusée qu'une maman d'origine turque et sa fille adolescente contemplaient toutes deux une photographie en la qualifiant de « très belle » et en  pensant, bien évidemment, parler de la même. Sauf que la mère admirait celle de la femme voilée sur le parvis d'Istanbul tandis que la fille évoquait celle de la performeuse burlesque. Une autre remarque entendue l'a aussi marqué : « C'est marrant, il n'y a que les femmes blanches de l'exposition qui font des trucs que l'on a jamais vu. » Une manière de questionner notre rapport à l'étrange et à l'étranger.

Célian Ramis

Maintenant 2014 : Pauline Saglio, du numérique, du design et des bulles

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MJC Le Grand Cordel, Rennes
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Visible jusqu’au 29 novembre prochain à la MJC Grand Cordel à Rennes, cette exposition mêle digital, innovation et poésie pour la nouvelle programmation d’Electroni[k].
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« Les gens peuvent parfois se sentir distants vis à vis de l’art et ne savent pas toujours comment aborder une œuvre, c’est pourquoi nous avons choisi de travailler avec des objets qui appartiennent au quotidien » explique la designer Pauline Saglio à propos de l’exposition  Rewind, Caves aux bulles, Light Form . Visible depuis le 6 octobre et jusqu’au 29 novembre prochain à la MJC Grand Cordel à Rennes dans le cadre du festival Maintenant, cette exposition mêle digital, innovation et poésie pour la nouvelle programmation d’Electroni[k].

Fraîchement diplômés de la prestigieuse ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne), les trois jeunes artistes franco-suisses Pauline Saglio, Mathieu Rivier et Joelle Aeschlimann ont collaboré à la préparation de cette exposition interactive de trois œuvres.

Rewind par Pauline Saglio met en scène la notion de temps à l’aide de mécanismes ajoutés à des tablettes numériques, Caves aux bulles, sur laquelle les trois designers ont travaillé, projection murale qui, quand on souffle dans un jouet à bulles, actionne des dessins légers et enfantins et Light Form de Mathieu Rivier, installation tortueuse et graphique émettant son et lumière au contact des doigts du visiteur.

« La France est très appliquée à des domaines particuliers et je n’étais pas assez passionnée de graphisme ou de photographie par exemple pour ne faire que ça, j’aime beaucoup de choses », explique la jeune designer. Parisienne d’origine, Pauline Saglio, aujourd’hui assistante du département de Communication Visuelle de l’ECAL, après un baccalauréat ES obtenu en 2007, intègre successivement les ateliers Penninghen et de Sèvre à Paris, qu’elle considère finalement trop académiques puis se tourne vers le département Media Interaction Design de l’ECAL afin de travailler sur des projets spécialisés dans le numérique qui combinent tous les médias. C’est à l’occasion d’un workshop organisé par les étudiants de l’école qu’elle rencontre Mathieu et Joelle avec qui elle collaborera ensuite.

« L’ÉMERVEILLEMENT DOIT ÊTRE INSTANTANÉ »

 « Nous ne voulons pas dévoiler comment nos installations fonctionnent, il y a un espèce de ras le bol général de notre part quant aux personnes qui vénèrent les artistes, l’émerveillement doit être instantané et non parce qu’on a potassé telle ou telle brochure sur le travail d’un artiste. On a cherché à avoir un feedback sensoriel, ce qu’on a perdu avec le numérique », explique la jeune femme. Et on ne lui en veut pas.

L’interaction avec le visiteur est totale dans cette exposition ; que l’on actionne un mécanisme ancien monté sur une tablette pour y faire apparaître une horloge sortie de l’imagination de Pauline Saglio, qu’on souffle à sa manière pour déclencher Cave aux bulles ou qu’on pianote sur Light Form, on fait partie de l’œuvre, on la recrée à chaque fois.

 « Je ne cherche pas à me limiter au numérique, on peut avoir l’impression qu’il forme une sorte de rupture mais ça peut également être une continuation du passé » selon Pauline Saglio qui évoque un futur projet autour du son, de sa propagation et de la résonance à partir du concept de la tirelire. En attendant cette potentielle œuvre toujours plus ludique, l’exposition Rewind, Caves aux bulles, Light Form sera visible jusqu’au 29 novembre à la MJC Grand Cordel pour notre plus grand plaisir.

Célian Ramis

Maintenant 2014 : Elsa Quintin jette l'encre au Parlement

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Parlement de Bretagne, Rennes
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Les deux artistes designers Elsa Quintin et Antoine Martinet reviennent au Parlement de Bretagne pour présenter le Projet Pilot, deux oeuvres entièrement réalisées au stylo noir...
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C’est dans le cadre du festival Maintenant, organisé par l’association Electroni(k) qu’est exposé le Projet Pilot, réalisé par les artistes rennais Elsa Quintin et Antoine Martinet. L’œuvre est à découvrir samedi 18 octobre, au Parlement de Bretagne.

Ce n’est pas la première fois que Projet Pilot trône dans le lieu emblématique de la capitale bretonne qu’est le Parlement de Bretagne. En 2012, le premier polyptique y avait été dévoilé au grand public. Deux ans plus tard, le duo d’artistes designers renouvelle l’expérience, dans la salle des Pas Perdus cette fois, et ajoute un deuxième polyptique à leur projet originel, intégralement réalisé au stylo noir.

« Nous avons commencé le travail en 2009 pour le premier tableau. Nous avons fait d’autres projets en parallèle quand même. Puis nous avons entamé le deuxième en 2012 et nous l’avons terminé il y a deux semaines… », explique Elsa Quintin.

En collaboration avec Antoine Martinet, ils ont réalisé un dessin de grande dimension et de grande ambition pendant plusieurs années. Le résultat, ils l’ont découvert en début de semaine en installant le dispositif pour la toute première fois. La technique est la même, le format également. Mais les deux œuvres diffèrent fondamentalement dans le contenu.

« Même si elles sont liées symboliquement, les pulsions ne sont pas les mêmes. La première est très chargée en iconographies, motifs, personnages et il y a un foisonnement de détails, c’en est presque écœurant. La deuxième représente un paysage, l’abstraction, le néant. Si elle est apaisée dans sa technique, elle dégage une anxiété froide »
commente Elsa Quintin, le regard fixé sur les toiles encadrées.

ART DU DÉTAILS

La réunion des deux œuvres impressionne. D’un côté, un fourmillement de détails avec une multitude de personnages, d’inscriptions en latin ou en anglais, d’objets liés à l’aviation ou à la navigation. L’encre du stylo rencontre le blanc de la toile pour souligner la noirceur des scènes représentées qui se croisent et s’entremêlent, tout en marquant différentes époques de l’Histoire. Mythologie, Bible, réalisme, ici tout se confond dans un ensemble fantasmagorique dans lequel chimères, dinosaures, hommes et animaux participent à l’évolution d’une société décadente, entre guerres de territoire, de religion et d’identité.

De l’autre côté, l’art de la nuance, de la précision et du mouvement, règne dans le silence de ce paysage lisse et angoissant. « Cela relève de notre imaginaire graphique, influencé par l’univers des comics US – avec les dessinateurs Charles Burns et Daniel Clowes par exemple – mélangé aux œuvres classiques du Moyen-Âge. Il y a un mélange de culture populaire avec la bande-dessinée et le côté ancien », précise Elsa Quintin. Pour elle, ce qui impressionne de manière générale dans l’œuvre, c’est le labeur du travail. La réalisation du dessin au stylo noir dépasse la question du contenu.

« Quand les spectateurs voient l’œuvre, ils voient la masse de travail mais pas forcément ce qu’il y a derrière. Alors que concrètement, dans le deuxième polyptique, il s’agit d’un enfant pré-pubère nu dans un lac. Et dans le premier, il y a beaucoup de violence, de rapports sexuels, etc. Mais ça passe presque inaperçu. »
ajoute-t-elle, presque déçue que la forme ne complète que trop le fond.

Si le stylo a été choisi pour cette œuvre, c’est tout simplement pour la couleur de son encre – un noir-violet-bordeau – et la concrétisation d’une volonté de dessiner à la main. Une volonté qui n’oppose en rien le travail réalisé sur logiciels, tient à souligner l’artiste : « L’ordinateur et le numérique n’évacuent pas le fait qu’on a un corps et que l’on vit avec, que l’on est en mouvement avec. Nous ne voulions pas évacuer cela non plus. C’est un plaisir très particulier et nous avons eu du plaisir à faire avec notre corps, même si ça fait mal. Surtout que nous sommes sensibles également à la question du temps long dans le travail. » Et la question du temps est centrale dans cette oeuvre, qui mettra deux jours à être installée dans le Parlement, pour n’être visible qu’une seule journée, le 18 octobre.

Célian Ramis

Stéphanie Leray-Corbin, une mosaïste d'art à Rennes

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Rennes
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Son atelier est une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Elle tient un atelier 10 rue Francisco Ferrer près du métro Clémenceau. Une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.

À 38 ans, Stéphanie Leray-Corbin exerce le métier d’artiste mosaïste. Dans son atelier coloré et chaleureux, elle crée des œuvres contemporaines à partir de morceaux de faïences, de pierres, de pâte de verre, de grès cérame qu’elle juxtapose, réinvente et colle selon ses envies. « J’aime détourner les objets et mélanger les matières », explique-t’elle. Lors de sa dernière exposition « Axel Pixel », présentée chez « Blind Spot », au 36 rue Poullain Duparc à Rennes, elle a ainsi utilisé des embauchoirs, des disques, des assiettes, des totems comme support pour sortir du cadre de la mosaïque classique.

Sa technique ? Réaliser en amont un dessin, déterminer les couleurs, découper les matériaux avec une marteline ou une pince puis utiliser du mortier colle (en ajoutant ou non du mortier joint pour les finitions). « Mais la première chose que je fais, c’est de réfléchir sur la conception artistique. Ma démarche est expérimentale », raconte-t’elle. Elle s’inspire principalement de l’univers de la bande-dessinée, du street-art et de la nature. Sensible au travail des autres, elle propose également une exposition commune avec divers artistes – des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs – et partage son savoir-faire lors de cours à la carte et de stages à thèmes.

La mosaïque est un art accessible à tous les publics selon elle et il s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’art thérapie. « La plupart des gens me disent qu’ils se vident la tête à l’atelier et se laissent aller. Alors pourquoi pas me former un jour à cette méthode ? », s’interroge-t’elle.

Au départ, cette femme travaillait au développement de projets socio-culturels et artistiques. Mais avec la naissance de son deuxième enfant, une période de chômage, des petits boulots et des questionnements professionnels, elle s’est tournée vers cette pratique et a décidé de se lancer.

« J’ai monté mon entreprise avec le soutien de la boutique de gestion et une conseillère m’a suivi pendant 3 ans », souligne-t’elle. Et le hasard a bien fait les choses puisque cette passion était en fait familiale. « En effet, mon père faisait lui aussi de la mosaïque avec de la vaisselle pour se divertir », confie-t’elle. Ses projets ? Ils sont nombreux. « Trouver des lieux d’expositions pour cet été, se former auprès de maîtres mosaïstes, continuer le pixel art, les créations géométriques et la mosaïque monumentale », conclut-elle.

Célian Ramis

Et vous, quelles sont vos ruines ?

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Les ateliers du vent, Rennes
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Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.
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Jusqu’au 8 juin est présenté le projet « Quelles sont nos ruines ? » aux Ateliers du vent à Rennes. Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.

Auteurs, performeurs, artistes visuels, musiciens, chercheurs, le projet est pluridisciplinaire. Et il réunit 28 artistes français, russes et moldaves autour d’une même problématique : « Quelles sont nos ruines ? ». Une question dont les réponses sont exposées au public du 21 mai au 8 juin aux Ateliers du vent et complétées par des soirées de créations « Believe in the ruins » et des rendez-vous, notamment le vendredi 23 mai, avec la performance d’Anaïs Touchot « Si j’étais démolisseur ».

Un travail de reconstruction autour d’une cabane en bois, réalisé en partenariat avec le festival Oodaaq.

Elaboré en amont lors de « Workshops » organisés en janvier 2013 à Moscou en Russie puis à Chisinau en Moldavie, l’évènement est le résultat de plusieurs années de travail. Il s’agit de la troisième étape du projet, les précédents ayant d’abord permis aux participants de se découvrir et d’échanger. « Un projet collectif à long terme qui a pour vocation de continuer ailleurs… », explique l’auteure et interprète Céline Le Corre – membre fondateur et porteur du projet Les Ateliers du vent. D’ailleurs selon elle, c’est réellement dès 2006 que tout a démarré.

Cette année-là, des liens avec les pays de l’Est ont débuté. En 2007, la pièce de théâtre « Natacha et Kouprianov » d’après le texte éponyme d’Alexandre Vedenski est créée et en 2010, une exposition « Vive la jeune garde » est organisée à Rennes lors de l’année consacrée aux relations France/Russie. « C’est à cette période que nous avons, avec Alain Hélou (l’actuel directeur de la compagnie), sollicité les artistes de « Quelles sont nos ruines ? ».

Pourquoi « nos ruines » ?

Que symbolisent-t-elles ? Quel impact ont-elles sur notre avenir commun ? Selon Natalya Puchenkina, traductrice russe, aux Ateliers du vent et en lien avec le projet depuis un an, « il s’agit pour les artistes de trouver des éléments qui dépassent le passé pour déterminer le futur. Si le mouvement postmoderniste veut jeter le passé, les artistes suggèrent ici qu’il faut s’y appuyer », explique-t-elle.

Dans ce contexte, Dania Machulina, artiste visuelle russe, lauréate du prix Kandinsky « meilleure jeune artiste » en 2008, a interrogé des artistes et des intellectuels toutes générations confondues, sur la chute de l’union soviétique. Elle a ainsi pu constater qu’une majorité idéalisait la société soviétique et fantasmait son principe d’égalité sociale.

La Russie comme une sorte de modèle à suivre. Une méprise pour cette artiste qui ne conçoit le développement culturel de son pays que par l’acceptation des erreurs commises durant l’Union soviétique, et non par l’intérêt exclusif des grands noms de la Russie, tel que l’écrivain Léon Tolstoï.

Une réflexion autour d’un vécu commun

Doriana Talmazan, comédienne moldave, cofondatrice d’un théâtre indépendant actif dans son pays,  le « Théâtre Spalatorie », a également réfléchi sur cette idée de ruines communes. Elle propose, pour y répondre, la lecture de plusieurs textes : « Le drame des constructeurs » de l’écrivain et poète belge Henri Michaux, mais aussi celle d’un conte traditionnel moldave « Le chapeau de Gugutse » avec le français André Layus.

Les aventures d’un enfant qui découvre que son chapeau s’élargit lorsqu’il réalise de bonnes actions, lui permettant ainsi de couvrir tout son village en période de froid. « Je vais également lire le poème « Rappelle-toi Barbara » de Jacques Prévert en roumain », confie-t-elle. Une interprétation en lien avec le travail de Céline Le Corre qui réalise un documentaire sonore de créations intitulé « Rappelle-toi Bobeica », un récit croisé entre l’histoire de son père bretonnisant dans les années 50 et celle de professeurs de français dans un village rural en Moldavie. Une réflexion sur la langue.

Dans une période de tensions entre l’Ukraine, la Russie et les pays occidentaux, ce projet « Quelles sont nos ruines » permet d’élargir sa vision de cette partie du monde, de réfléchir autour de notre vécu commun et sur nos perspectives d’avenir. « On échange beaucoup sur ce sujet », explique Doriana Talmazan.

« Je crois que c’est à nous de changer les choses en s’exprimant. Nous devons être conscients, agir et ne pas être manipuler par les pouvoirs ». En Moldavie, elle monte d’ailleurs une pièce de théâtre sur les enjeux politiques actuels de son pays. Ce dernier étant un petit territoire multiethnique, tiraillé entre la Russie, l’Union européenne et l’identité nationale.

Célian Ramis

D'Agadez à Castel Volturno, qui sont ces migrants ?

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Champs Libres, Rennes
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En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie.
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Fanny Bouyagui, plasticienne de 54 ans, née et installée à Roubaix, présente son exposition « Soyez les bienvenus » aux Champs Libres, jusqu’au 11 mai 2014. En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie, plus précisément à Castel Volturno, petite ville étape située au nord de Naples, dirigée par la mafia italienne. Les interviews filmées et les nombreuses photos qu’elle ramène de son voyage font l’objet de ce poignant témoignage.

Fanny Bouyagui a eu l’idée de monter cette exposition alors qu’elle se trouvait à Anvers, chez une amie, discutant des sans-papiers et se demandant ce qui pousse ces Africains à tout quitter malgré les dangers dont ils ont conscience. Se remémorant l’histoire de son passé, et notamment celle de son père, sénégalais né à Dakar et arrivé en France en 1957, elle a eu envie de comparer cette époque, il y a 50 ans, où les migrants étaient les bienvenus, à celle d’aujourd’hui, plus précaire.

L’exposition retrace donc le chemin migratoire de ces africains qui rêvent d’accoster sur le continent européen, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ainsi, on entre dans l’intimité de l’artiste dès le début de la visite. Un portrait en noir et blanc de son père, Baré Bouyagui, se jouxte à un cliché où il est accompagné de sa femme, une jolie blonde prénommée Odette Vanmeenen.

La joie de vivre du couple et leur existence paisible transparait au travers leurs visages souriants. Sont également exposés des dizaines de papiers officiels, tels qu’un certificat de nationalité, un certificat de résidence ou un contrat de travail. « Mon père n’a jamais rencontré de difficultés, que ce soit pour trouver du travail ou pour se loger. Il est arrivé en France puis s’est marié avec une très belle femme, il a eu des enfants. Il a vécu heureux, tout était beaucoup plus simple », déclare Fanny le visage souriant.

« Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux »

Et pourtant, la situation aujourd’hui est bien différente. La première étape d’investigation se situe en Afrique, où les témoignages recueillis sont pleins d’espoirs. Les migrants sont prêts à tout pour arriver en Europe.

L’artiste a regroupé des milliers de photos, morceaux d’articles, cartes géographiques, où l’on peut lire : « Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux », ou encore « Il existe un triptyque sur les routes clandestines : les transporteurs, les hébergeurs, les passeurs. » Par terre sont amassés des bidons en tas, enlacés dans la toile de coco.

Tout est très coloré, très chargé, saturé. Au fur et à mesure du parcours, on évolue inexorablement vers la dure réalité.

« Ici, tu meurs avant ton heure »

Seconde étape, à Castel Volturno. Les vidéos filmées bouleversent, nous livrant des témoignages touchants, reflétants la désillusion des africains installés en Europe : « Il n’y a rien ici, il n’y a que la souffrance. Si vous croisez des migrants qui veulent venir ici, dites leur bien que ce n’est pas la peine. Ici, tu meurs avant ton heure. » Les propos sont brutaux et amères. Très vite, un sentiment d’impuissance nous envahi, nous laissant simples spectateurs face à cette situation de précarité et de misère.

On ressent à cet instant même ce que l’artiste a voulu nous transmettre. Le message est passé. «Je n’ai pas de solution, et je pense qu’il n’y en a pas, conclu Fanny. Le but de l’exposition est de montrer aux gens ce qui se passe, point.  A Castel Volturno, près de 80% de la population est composée de migrants africains. C’est une zone de non-droits dirigée par la mafia. Ils vivent dans l’illégalité mais on leur fout la paix. Alors ils restent… »

Sans filtres ni retouches, Fanny Bouyagui nous livre la juste vérité à travers une mise en scène remarquable. Le point de vue personnel de l’artiste, optimiste, en noir et blanc, se heurte au point de vue collectif, coloré mais fataliste. Une expérience assurément humaine et bouleversante, sans aucun doute nécessaire à une vraie prise de conscience.

Célian Ramis

La badouillerie du vendredi

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Campement Dromesko, Saint-Jacques de la Lande
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Vendredi 21 février sera présentée la troisième Badouillerie, au campement théâtre Dromesko, à Saint Jacques de la Lande. Un rendez-vous singulier organisé par la compagnie « Les Emplumées ».
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Vendredi 21 février sera présentée la troisième Badouillerie, au campement théâtre Dromesko, à Saint Jacques de la Lande. Un rendez-vous singulier organisé par la compagnie « Les Emplumées ». Présentation.

Dans une ferme rénovée, rue du Haut Bois, à Saint Jacques de la Lande se joue, vendredi, la troisième Badouillerie. Un évènement artistique, inspiré des soirées festives et carnavalesques du XIXème siècle à Paris, qui met en avant de jeunes artistes bretons, à travers des  expositions, des performances, des concerts, des projections et des ciné-débats.  

Ce mois-ci, le thème s’articule autour de la fête foraine avec la présence de deux femmes : Martina Damarte et Natalia Santo. Elles proposent un univers fantasque et ludique qui enchante et captive. Illustratrice et marionnettiste, la première présente son théâtre d’objet, son mini musée qui tient dans une valise. « Un musée itinérant et autonome pour aller à la rencontre des gens » explique-t-elle.

Originaire d’Italie, elle s’est formée aux beaux arts de Lorient et à l’école de bandes dessinées de Florence. La seconde fait partie de la compagnie de théâtre et de cirque à cheval « Panik ». Elle installe un « photomaton circus » dans lequel elle prend en photos des personnes – avec un argentique – dans un décor travaillé (des tissus particuliers, des objets suspendus ou des déguisements) et développe en instantané les clichés pour les remettre aux modèles.

Leur style est décalé, bon enfant et l’ambiance générale de la Badouillerie : « festive, conviviale et intimiste », selon Estelle Eon, chargée de l’administration de la compagnie Les Emplumées. Une atmosphère qui permet de partager, d’échanger et de rencontrer les artistes, car l’essentiel de ces rendez-vous reste l’échange. « On travaille sur le lien avec le spectateur et chaque évènement est travaillé in situ. On demande aux artistes de créer quelque chose d’unique », précise la jeune femme.

En plus des attractions et des surprises, un bal guinguette est programmé, emmené par des musiciens de la Gapette, le « Cupif  Band from Biroutt ». Fort de son succès, le nombre de places est limité. Il faut donc réserver, au plus vite, auprès de la compagnie Les Emplumées, pour assister à l’évènement. La jauge est petite, mais offre un côté intimiste à ce rendez-vous artistique…

Célian Ramis

Femmes animales, une première prometteuse

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Rennes
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Mathilde Pilon, jeune femme de 28 ans, s’est lancée dans la cour des grands avec une première exposition intitulée « Femmes-animales. ».
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Mathilde Pilon, jeune femme de 28 ans, s’est lancée dans la cour des grands avec une première exposition intitulée « Femmes-animales. ». Elle est visible jusqu’au 26 janvier à la Coopérative, à Rennes. L’artiste compile des poésies et des photographies autour de la question de la métamorphose.

Mathilde Pilon écrit depuis toujours. Dès l’école elle écrivait sur ses cahiers. La plume est pour elle une manière de s’exprimer naturellement. C’est sa rencontre avec une personnalité qu’elle qualifie de personne « spontanée et particulière » qui lui ouvre les portes de la photographie.

De cette rencontre, elle tire un texte qu’elle intitule « femme-loup » et le besoin de l’illustrer se fait sentir. Elle prend son appareil photo, et en improvisant sur le tas elle commence à illustrer ses poèmes avec « les images que j’avais en tête. » Elle a tout appris sur le tas et confesse : « La recherche de modèles, le travail sur Photoshop, le travail de scénographie, je n’y connaissais rien mais j’ai adoré le faire. »

Lancée, elle ne s’arrête plus et décline l’idée en une série de portraits, tous féminins et animales :  la « femme-cobra » serpente aux cotés de la « femme-chat » qui fait le dos rond à la « femme-caméléon », qui elle-même se camoufle de la somnolente « femme-marmotte ».

En tout c’est une quinzaine de portraits qui sont proposés dans cette exposition. Le travail s’est fait avant tout « sur la métamorphose. Ce qui m’a intéressé c’est l’anthropomorphisme, le côté hybride des choses et le fait qu’un seul être puisse avoir plusieurs facettes. »

Mais c’est aussi une histoire de vie et de femmes, de rencontres et de force. Elle s’est inspiré des personnes autour d’elle, de la vie, tout a été fait de manière intuitive. D’autres projets sont déjà en route pour la jeune femme. Elle a déjà pris contact avec une maison d’édition pour publier le travail qui est actuellement exposé: « Mais je ne peux pas vraiment le dire, rien n’a encore été signé. »

Célian Ramis

Migrant'scène : Les voix féminines de la migration 1/2

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Rennes
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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Plusieurs événements ont eu lieu autour de la thématique suivante : la migration au féminin.
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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Samedi 23 novembre, plusieurs événements ont eu lieu dans le centre ville de la capitale bretonne, autour de la thématique : migration au féminin.

« Nous avons choisi de parler de mobiles, de mobilité et de mobilisation, et non de migration ou d’immigration. Et ça, ça change déjà le regard », explique Marie Arlais, directrice artistique et membre du collectif nantais étrange miroir. Une quinzaine de personnes a participé à l’installation sonore, Mobiles illégitimes, exposée au café L’enchantée à Rennes, uniquement pour l’après-midi.

Pour Marie, « les témoignages sonores permettent de ne pas tomber dans la représentation stéréotypée avec des images de la femme victime, de la femme qu’il faut à tout prix aider ». En effectuant leurs recherches, les membres du collectif dégagent différents angles, décèlent les diverses thématiques liées au sujet, « y compris des choses auxquelles on ne pensait pas, comme le lien avec la mobilisation et le féminisme ou encore la sexualité des migrantes ».

Ils recueillent les histoires de plusieurs femmes venues d’Algérie, du Bénin, du Mozambique, d’Israël, d’Ecosse ou encore du Maroc, ainsi que des témoignages de sociologues, anthropologues, militantes, professeures, conseillère en insertion professionnelle.

De là est imaginée la structure qui voyage actuellement de ville en ville dans le cadre de Migrant’scène : une grande armoire en bois dont certains tiroirs demandent à être ouverts afin de libérer les paroles de toutes ces femmes. Dans les extraits, on peut entendre :

Luanda : « On appartient tous à quelque chose, on est tous nés quelque part »,

Maeva : « Si j’avais été un homme, ça aurait été plus facile. Mais j’ai osé (partir, ndlr), je suis allée au bout, j’ai relevé le défi et j’y suis arrivée » / « Je suis africaine, j’en suis fière et je ne serais jamais blanche. Je ne pourrais qu’être française d’adoption mais jamais de peau. Je peux modifier certaines choses pour l’intégration mais pas tout »,

Saïda : « La famille (dans laquelle elle travaillait, ndlr), je la respecte mais ils ont beaucoup abusé de ma situation. Ils n’ont fait aucun effort pour faire un courrier à la Préfecture alors que j’étais très utile pour leur fille handicapée »,

Sivan : « Quand tu vis dans un pays nouveau, il faut que tu changes ta langue, ça te fait changer ton rythme, tu vas plus lentement, tu cherches tes mots ».

La mobilité quotidienne

Le sujet est traité dans toute sa complexité et toute sa diversité avec l’objectif de mettre en avant des axes peu médiatisés. Avec les tiroirs, le collectif invite les visiteurs à aller chercher, fouiller, explorer par eux-mêmes les informations concernant la mobilité. « Ce thème illustre notre mode de penser actuel. Nous sommes une génération qui bouge beaucoup, se déplace pour des voyages ou le travail. Pour nous, c’est normal », explique Marie Arlais.

Les informations apportées au cours de cette exposition interactive sont appuyées et complétées par un éclairage avisé et alternatif. Pour la sociologue et anthropologue Nacira Guénif Souilamas, les femmes sont privées de toute capacité à se mouvoir : « Les différentes fonctions des femmes – religieuses, culturelles, familiales – les bloquent dans leur mobilité. C’est cette logique d’immobilisation qui renforce l’illégalité des mobilités des femmes ». De quoi faire réfléchir les auditeurs au-delà de la thématique. Jules Falquet est elle aussi sociologue et figure dans le kaléidoscope sonore proposé par étrange miroir. Dans un extrait, elle développe sa réflexion autour de la notion « To care », signifiant « prendre soin » en anglais.

Selon elle, les femmes seraient plus qualifiées pour s’occuper des personnes malades ou âgées, grâce à l’éducation reçue. « On appelle cela la crise du care ou la crise de la reproduction sociale car elles ne s’occupent pas uniquement des personnes âgées. On importe là aussi des femmes pour s’occuper des hommes valides. Il y a toujours moyen de se faire tailler une pipe pour pas cher. Tout ça, sans papiers, car sans papiers = sans droits », raconte l’experte.

Une installation sonore originale, interactive et riche de sens dont on voudrait pouvoir profiter plus longuement, dans un lieu plus propice et moins étroit.

Célian Ramis

"Druckerozaure : Save the Dino" ou un grain de folie aux Beaux-Arts

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Beaux-Arts, Rennes
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L’exposition dûment nommée Druckerausore, save the Dino est l’œuvre de quatre étudiants de deuxième année, regroupés pour l’occasion dans le collectif 4 fromages.
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En passant le porche de l’école des Beaux-arts à Rennes, le risque n’est plus seulement de tomber sur des étudiants papier canson sous le bras et crayon à l’oreille. Depuis le 6 novembre et jusqu’au 29 novembre, les tyrannosaures et autres diplodocus ont élu domicile au pied des statues grecques du cloître. L’exposition dûment nommée Druckerausore, save the Dino est l’œuvre de quatre étudiants de deuxième année, regroupés pour l’occasion dans le collectif 4 fromages.

Le fil de l’exposition a été décidé sur un coup de tête : les dinosaures. Ils sont déclinés en plusieurs œuvres : tableaux, sculptures, photographies, cahier de coloriage… dont les titres humoristiques renvoient à la légèreté du collectif. Le nom le plus drôle étant attribué à l’une des sculptures réalisée par les deux filles de l’équipe, Mathilde et Laurence, nommée: « éclosion précoce ».

L’exposition nous plonge dans une fantasmagorie : et si les dinosaures avaient survécu et qu’ils cohabitaient avec l’être humain aujourd’hui ? Que seraient-ils devenus ? La réponse est apportée par petites touches : par exemple le dino market avec des boîtes de conserves contenant de la viande de dinosaure. Mais c’est surtout un code civil détourné, à l’origine destiné aux animaux, qui montre les dinosaures comme une espèce menacée et peu considérée par l’homme.

Les loges des Beaux-Arts permettent aux étudiants d’exposer tout au long de l’année, mais le calendrier est souvent plein. Profitant d’un trou dans ce planning surchargé, les quatre amis du collectif 4 fromages, Mathilde, Laurence, Julien et VM, se sont engouffrés dans la brèche afin de faire une exposition. « C’était dans l’urgence, on a commencé deux semaines avant mais en vérité on a fait la majorité du travail 48h avant ».

Le défi était de taille, et ils avaient peu de temps pour le relever. Néanmoins tout c’est fait dans la bonne humeur: « Le but premier c’était de rigoler ». En témoigne le titre de l’exposition : Druckerausore. « Michel Drucker est un dinosaure de la télévision, donc ça nous a parût marrant de détourner le nom », confie Laurence. Une des œuvres du collectif est d’ailleurs consacrée à ce personnage public…

Des critiques sur le manque de sérieux

« Surtout ne pas se prendre la tête » est le leitmotiv principal de ces jeunes étudiants. Ils refusent de conceptualiser un travail qui était avant tout une franche partie de rigolade. Mais ce refus d’intellectualiser les amène paradoxalement à donner un concept à l’exposition : le parti pris de la bonne humeur. Ils ont essuyé des critiques de la part d’étudiants des Beaux-arts anonymes, qui trouvaient que l’exposition n’était pas assez sérieuse.

Certes le trait du dessin est parfois un peu maladroit et ils avouent en rigolant que le jour du vernissage, toutes les toiles n’étaient pas sèches; mais peut-on vraiment le leur reprocher ? D’autant que l’exposition trouve un écho favorable auprès du public, le vernissage ayant été une réussite puisque de nombreuses personnes ont fait le déplacement. Parmi les présents, l’artiste de street art, Mardi Noir, intrigué par cette exposition qui reprenait le titre d’une de ses réalisations. Bon joueur, il est venu saluer l’initiative. Quant aux membres du collectif 4 fromages, ils nous confient: « évidemment que l’on connait son travail, mais on ne savait pas qu’il avait déjà utilisé ce titre… »

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