Célian Ramis
Mythos 2014 : Emilie Simon fait sa mue


La chanteuse Emilie Simon se produisait hier soir, vendredi 18, dans le Cabaret botanique pour présenter au public rennais son nouvel album Mue, à l’occasion du festival Mythos.
Depuis le début de sa carrière, Emilie Simon aligne les victoires, les récompenses, les succès. De son premier album, Emilie Simon en 2003, pour lequel elle remporte le prix du meilleur album de musiques électroniques, groove et dance de l’année aux Victoires de la musique, à son nouvel album Mue, sorti le mois dernier, cette auteure-compositeure-interprète française a également signé la délicate bande originale de La marche de l’empereur en 2005 – et celle du film La délicatesse, en 2011, avec son album Franky Knigh.
Après dix ans de carrière, l’artiste fait sa mue et s’accomplit à travers un registre riche et varié. Hier soir, elle succédait aux ovnis de Cascadeur et affrontait un public impatient ; il faudra attendre près d’une heure entre les deux plateaux. Mais c’est également un public averti et particulièrement friand de sa musique et de son univers qui fait le pied de gru devant l’estrade, installée dans le Cabaret botanique.
C’est donc quelques minutes avant minuit qu’elle fait son entrée, sa chevelure brune déployée qui tombe sur ses épaules couvertes d’un gilet à plumes blanches, qui se marie à sa longue robe blanche. Un ange, pourrait-on croire. Ce serait mal connaître les artistes programmés et l’esprit qui se dégage du festival des arts de la parole. Une parole qui nous emporte dans la profondeur de son âme, qui dévoile un imaginaire personnel et personnalisé. Et qui permet à nos esprits de vagabonder et de se perdre dans un espace temps situé en dehors de la réalité.
Avis de tempête
Elle a la voix pure, cristalline, on la compare à celle précisément de Vanessa Paradis, à celle plus largement d’une Lolita. Son registre musical pourrait également être un argument de comparaison. Et quand elle brandit sa guitare électrique, elle nous rappelle alors la mystique Iva G. Moskovich que l’on avait découvert sur la scène des Transmusicales, en décembre dernier.
Une apparition angélique qui révélait son côté sombre dans un rock gothique saupoudré de sonorités empreintes aux musiques de l’Est. Ici, pas de rock gothique mais une personnalité diabolique qui nous envoute à sa guise, c’est certain ! Dans son nouvel album, Emilie Simon se promène agilement entre pop-électro, ballades romantiques et noirceur rock.
Elle a le pouvoir d’envouter les spectateurs, de les emmener à l’endroit qu’elle veut et de passer de Paris j’ai pris perpète à Quand vient le jour en passant par Fleur de saison. Une preuve que son répertoire est varié et que le talent de l’artiste ne réside pas dans un seul style musical. Sous ses allures d’être sensible et fragile, on la sent solide et confiante. « Je suis ravie d’être de retour à Rennes, lance-t-elle, timidement. J’adore cette salle, c’est beau. C’est beau un Magic Mirror ». Elle a le sourire, l’œil qui pétille et l’envie de partager sa musique, ses émotions, ses préoccupations. Elle nous conte alors des histoires musicales, accompagnées de ses musiciens, à la batterie, à la guitare et au clavier.
Et comme dans un conte traditionnel, le groupe nous embarque, après avoir posé la situation initiale, dans des péripéties qui portent les protagonistes à surmonter les difficultés pour finir dans une ambiance festive et chaleureuse. C’est là tout l’esprit d’Emilie Simon qui célèbre souvent le romantisme, les surprises que nous réservent et offrent l’amour et la vie, le quotidien, l’aventure. Intriguante, elle conserve et nourrit sa part de mystère à travers un imaginaire pur et complexe.
Elle dévoile de manière crescendo une force tranquille. Un avis de tempete est lancé : entre chaleur et froideur, Emilie Simon est un coup de tonnerre cinglant et brusque que l’on avait pas vu venir. La pureté de la voix, l’élégance et l’intensité des notes qui claquent, c’est un tourbillon de sensations et d’émotions qui se dégagent de la scène et qui s’abat sur certains spectateurs déchainés au contact de la jolie brune.
C’est également un mélange qui passe ou qui casse. Emilie Simon alterne les chansons calmes qui peuvent parfois peser et plomber la dynamique engagée par les moments pop et les instants carrément électriques et électrisants, ceux-là qui nous emportent et nous envoient valdinguer dans les recoins fantasques du chapiteau.


Celle qui a débuté seule sur les planches et incarné plusieurs personnalités sur scène peut maintenant se vanter d’emprunter le chemin d’un succès bien au rendez-vous. Dans le Cabaret botanique, en cette fin d’après-midi d’un vendredi ensoleillé, la chanteuse fait son entrée, entourée de ses Queens. Car Christine and the Queens, c’est la rencontre entre Héloïse Letissier et des musiciens travestis, une nuit à Londres.
Ainsi, avec les Queens, elle se lâche et effectue des chorégraphies calquées sur celles du King de la pop, elle interprète des chansons à la Whitney Houston et Beyonce – exclusivement dans les mimiques – et surtout elle joue avec les codes et les genres. Le féminin au masculin et inversement.

C’est un road trip musical que nous propose Moriarty en cette 3e soirée de Mythos. Une virée apaisante et planante guidée par la voix pure de Rosemary Standley, dont les Rennaises et les Rennais se souviennent de son passage lors de l’édition précédente. Les arts de la parole, les membres du groupe les maitrisent.
Fugitives, c’est donc un retour aux sources, un voyage dans le temps et l’espace. Sous le Magic Mirror ce soir-là, les spectateurs sont transportés loin de la capitale bretonne. En quelques minutes, la voix chaude et modulable de Rosemary Standley et les notes folk des différents instruments nous embarquent dans un road trip au cœur du désert américain.
Jeanne Cherhal est accompagnée pour ce nouveau spectacle de plusieurs musiciens: un batteur, un guitariste et un bassiste avec lesquels elle a enregistré l’album Histoire de J., sorti le 10 mars dernier. Ils se connaissent bien et cela s’entend. Lorsqu’un imprévu vient perturber la chanteuse, ils savent rebondir sur les notes qu’elle égraine joyeusement.
Histoire de J., comme Histoire de Jeanne. C’est un album autobiographique ?

L’album A new tango songbook n’était pas encore sorti (le 7 avril dernier) que Plaza Francia bénéficiait déjà d’un vent très favorable dans les médias. Et pour cause, cette nouvelle formation unit la voix mythique des Rita Mitsouko, Catherine Ringer, aux musiciens Eduardo Makaroff – à la guitare – et Christoph H. Müller – au synthé (connus pour être deux membres du groupe Gotan Project). À 22h30, les spectateurs se pressent et s’agglutinent à l’intérieur du Magic Mirror, dressé pour le festival Mythos.
On peut alors affirmer que Edouardo Makaroff et Christoph H. Müller aiment à rechercher et à combiner expérimentations musicales, personnalités déjantées et originalité. On assiste, ce mercredi soir, à un instant puissant et intense avec, au centre de la scène et de l’attention, une Catherine Ringer souriante, enthousiaste et tout en contrôle.
Elle danse, tout en retenue dans les premiers instants avant de se laisser submerger par le brin de folie qu’on lui connaît et embarque même Eduardo Makaroff dans un début de tango. Mais elle n’hésite pas non plus à se tapir dans l’ombre pour laisser la lumière éclairer les musiciens dont les notes produites par le quatuor envoûtent et embarquent les festivaliers qui commencent timidement à bouger les hanches et taper dans les mains.

Aux alentours de 21h, le Bar’Hic est déjà rempli de monde ce samedi soir. Beaucoup sont venus pour assister au concert de La tête à l’est. Créée en 2009, l’association a pour vocation de promouvoir la musique et la danse d’Europe de l’Est dans la région Bretagne. Elles sont sept femmes ce soir-là à unir leur voix qui résonnent dans le bar aux sons des Balkans.
Après une courte pause, c’est au tour de Mariana Caetano, entourée de ses musiciens, de prendre place sur la scène, située au fond du bar. La chanteuse qui vient « d’un pays du soleil, très loin d’ici », arrivée en France depuis 2004, inonde ce lieu festif de la place des Lices des sons brésiliens qui rythment son deuxième album « Mé Ô mond », sur fond de guitares et de percussions.
Lui est à la guitare. Elle à l’accordéon. Ensemble, ils forment un joli duo dont la musique est synonyme de douceur, de quiétude. Assis sur les gradins ou sur le sol, les spectateurs, dociles, se laissent envoûter par la magie de ce moment, par la magie du voyage dans lequel nous entrainent les deux compagnons.
Puis c’est la rumba qui rythme notre périple dans cette Afrique qui prend parfois des airs de Cuba. Si « la rumba se joue normalement à plusieurs guitares et avec des percussions », les spectateurs participent, en frappant des mains, pour pallier leur absence de ces instruments. L’ambiance est familiale, l’humeur joviale.
Cette nouvelle édition du Grand Soufflet nous invite à voyager à travers la musique mexicaine. Après avoir présenté plusieurs spectacles de cumbia, le festival a proposé aux Rennais un autre style : la musique tejano, dite aussi Tex-Mex.
Douceur, sourire et plaisir partagé sont les maitres mots de ce concert qui a du mal à attirer la foule. Pourtant, les festivaliers qui ont répondu présents sont bel et bien sous le chapiteau, prêts à danser, gentiment, dans la fosse ou simplement à apprécier les rythmes et le lyrisme latin dont nous font part les quatre musiciens de Los Aztex.
Mardi 15 octobre, à 18h, Amandititita se produisait sur la scène du Grand Soufflet. Sous le chapiteau, installé place du Parlement, la chanteuse mexicaine rencontrait, pour la première fois, son public français.
Musicalement, elle nous emmène dans un milieu underground qui mêle cumbia et électro. Surnommée, la « reina de l’anar-cumbia », elle est une artiste controversée dans son pays natal, le Mexique.
La cumbia, symbole d’un métissage de cultures à l’origine, était à l’honneur vendredi 11 octobre au Grand Soufflet. Dans le chapiteau, installé place du Parlement, la température est montée rapidement grâce à Captain Cumbia y El Piru.
Surnommé « Le Eastern Desperado » de Paris, il mixe cumbia originelle – qui vient des chants des esclaves africains en Colombie, des maracas et flûtes indiennes et de la poésie espagnole – à des styles divers tels que le ska, la dub ou encore l’électro, laissant penser au collectif Chinese Man pour certaines musiques.