Célian Ramis

Mythos 2013 : Tendre Coeur de Pirate

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Dimanche, en fin d’après-midi, la chanteuse Cœur de Pirate a bordé les spectateurs du Thabor, pour le dernier jour du festival Mythos.
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Dimanche, en fin d’après-midi, la chanteuse Cœur de Pirate a bordé les spectateurs du Thabor, pour le dernier jour du festival Mythos.

C’est dans l’ambiance intimiste du Magic Mirror que les festivaliers ont pu assister au concert de la jeune chanteuse, Cœur de Pirate. Pour sa tournée, au cours de laquelle elle présente son deuxième album, Blonde, elle a opté pour un duo piano/voix. Sur la scène, un décor très épuré. Deux instruments seulement. Et des guirlandes lumineuses. Béatrice Martin, de son vrai nom, nous transporte dans son univers qu’elle chante le sourire aux lèvres et la mine enjouée. Derrière son visage poupon et sa voix cristalline, Cœur de Pirate dévoile sa propre sensibilité et sa propre fragilité, à travers des textes orientés sur le thème de l’Amour. Des couples plus exactement.

Son concert solo, avec simplement son piano, donne de la pureté à cette voix particulière. Au-delà de sa timidité apparente, la chanteuse se livre auprès du public. Que ce soit dans ses chansons ou dans les interludes qu’elle partage avec les spectateurs. Son deuxième album, sorti en novembre 2011, se veut plus pop, empreint des sonorités des années Yéyé (genre musical des années 60 en France et au Canada) et léger. Mais ce n’est pas pour autant que la jeune québécoise en oublie d’explorer le côté sombre de son thème de prédilection et nous offre par moments des textes plus sombres, plus noirs. Mélodies tendres, poésie et profondeur se mêlent dans les morceaux de la jolie blonde.

Après une heure de concert, quelques minutes de bavardage avec le public et quelques morceaux timides à la guitare, Cœur de Pirate achève sa tournée rennaise : « Je reviens quand vous voulez ! »

Célian Ramis

Mythos 2013 : Fauve, une rage animale

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Au tour du collectif Fauve de lever le poing bien haut et de rugir. Dans le Magic Mirror se dégage alors une ambiance sauvage et animale…
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Samedi soir, après la satirique Grande saga de la Françafrique, c’était au tour du collectif Fauve de lever le poing bien haut et de rugir. Dans le Magic Mirror se dégage alors une ambiance sauvage et animale…

Collectif de musiciens et de vidéastes, Fauve représente la scène Découverte lors du festival Mythos. Pourtant, la Corporation s’est lancée il y a quelques années maintenant. Sur Internet, les parisiens de Fauve diffusent des morceaux comme Kané et Sainte-Anne. Et là, la machine s’emballe.

Depuis ils enchainent les dates et déchainent les foules. Samedi soir, à Rennes, les spectateurs étaient nombreux au rendez-vous, au grand désarroi de ceux qui jusqu’à la dernière minute cherchaient des places pour ce concert.

Concrètement, Fauve, c’est un collectif de potes avant tout, mais aussi et surtout de musiciens, réunis par leur désir d’exprimer ce qu’ils ressentent.

« Paris
Paris la nécropole
Paris qui sent la carne
Paris qui petit à petit entraîne dans sa chute
Des fragments de nos vies
Paris c’est tellement sain, et nous sommes des gens biens
Tellement biens qu’on est trop biens pour nos voisins
Auxquels on prête pas plus d’attention
Qu’à la pisse derrière la cuvette des chiottes »

Lassés de leur vie parisienne et quotidienne, ils clament haut et fort un ras-le-bol général, sur fond de malaise et mal-être générationnel et sociétal. Parfois dits de manière vulgaire, parfois dits de manière simple ou encore parfois dits de manière poétique, les textes sont souvent brutaux, heurtants et percutants. Comme un coup de poing dans la gueule, ils nous jettent leurs coups de sang en pleine face, comme un besoin vital, viscéral.

Dans leur proposition artistique, on ressent une agressivité libératrice, qui nous envahit petit à petit, jusqu’à nous donner la rage et l’envie de hurler, de s’indigner. Pourtant, l’espoir et l’optimisme règnent en maitres dans les morceaux de ces lions qui chantent et jouent avec leurs tripes. Comme une thérapie pour mettre en mots les maux d’aujourd’hui.

« Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire
Ce sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie / qui trompe la mort / qui déglingue enfin le blizzard 
»

Fauve, c’est aussi une esthétique. Sonore avec un mélange de rock, de hip hop, d’électro et un parlé brutal. Visuel grâce à des images projetées directement sur la scène, sur les musiciens. Ceux qui se réclament du Do it yourself offrent aujourd’hui un renouveau à cette philosophie en alliant débrouillardise, professionnalisme et esthétisme. Ils sont sans conteste en plein essor, et c’est incontestable que le public sera au rendez-vous dans les mois à venir. En attendant qu’ils repassent en pays breton, leur EP, Blizzard, sortira le 20 mai !

Célian Ramis

Mythos 2013 : L'élégant Monsieur Higelin

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Vendredi soir, nombreux étaient les fidèles de Jacques Higelin, réunis dans le Magic Mirror du parc du Thabor. Un énorme coup de cœur pour ce poète déjanté.
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Vendredi soir, nombreux étaient les fidèles de Jacques Higelin, réunis dans le Magic Mirror du parc du Thabor, à l’occasion du festival Mythos. Un énorme coup de cœur pour ce poète déjanté.

Quelques minutes avant d’entrer sur scène, certains spectateurs sont inquiets. Dans quel état va venir Jacques Higelin ? Mais quand ce grand Monsieur entre sur scène, les pronostics s’arrêtent net.

Dès la première chanson, il danse sur le bord de l’estrade. Il dévoile au public rennais les morceaux de son dernier album Beau repaire, fraichement sorti, au début du mois d’avril. Dès les premiers mots qu’il adresse aux festivaliers, il donne le ton de ce nouvel opus : la vie, l’amour, la mort. Tout ça dans la bonne humeur.

Il enchaine les balades, les chansons plus rock et nous emmène dans son havre de poésie. Et de déconne ! Higelin est un personnage. A la fois déjanté, à la fois émouvant. C’est aussi une gueule. Le visage marqué, les cheveux blancs complètement fous, une allure élégante et une incroyable prestance. Le chanteur de 72 ans aime discuter, raconter des anecdotes, parler de la mort.

« De toute façon, ça arrivera forcément. Et ça peut arriver à n’importe quel moment. On peut sortir d’ici et se faire écraser par un tank mal accroché à un avion militaire », déclare-t-il. Parler de ses amours aussi, d’une femme qu’il a épousé pendant un temps : « Le mariage, c’est bien quand c’est très court. Et très gay aussi ! » Tonnerre d’applaudissements. Il en profite alors pour taper sur les anti-mariage pour tous, sur Frigide Bargot et sur Johnny Hallyday, mais c’est un autre sujet. « Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas aimé… », plaisantera-t-il, avant de complimenter des femmes qu’il admire comme Sandrine Bonnaire, avec qui il partage un duo sur son album, et Brigitte Fontaine, « complètement bretonne », avec qui il collabore régulièrement.

Assis pendant une bonne partie du concert « parce que sinon je risque d’écourter mon temps sur terre », il dégage tout de même une incroyable énergie sous le chapiteau et déchaine la foule avec « Un grain de poussière », entre autres. Il nous offre un concert plein de bonne humeur, d’espoir et d’émotions qui nous réchauffe et nous immunise des coups de blues. La poésie de Jacques Higelin : un bon remède contre les maux du quotidien.

Mythos 2013 : Lou Doillon, légère et envoûtante

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C’était au tour de Lou Doillon, hier soir, de réchauffer l’ambiance dans le Magic Mirror installé sur le carré Duguesclin (parc du Thabor).
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C’était au tour de Lou Doillon, hier soir, de réchauffer l’ambiance dans le Magic Mirror installé sur le carré Duguesclin (parc du Thabor).

La voix éraillée, chaude et envoûtante, Lou Doillon commence son spectacle sur des rythmes pop rock et nous plonge directement dans son univers. Pendant une heure et demie, elle va enchainer les morceaux de son premier album, Places.

« Comme il y en a qu’un, nous avons que onze chansons. Nous allons faire des reprises », déclare la chanteuse. Et c’est parti pour une nouvelle version, très soul, de « Should I stay or should I go », du groupe The Clash. De la soul, elle en a dans la voix. Et dans ses morceaux, il y a de la folk, du blues et un peu de pop.

Lou Doillon se montre très proche de son public, toujours quelques mots pour eux entre les chansons et beaucoup de sourires, de rires, mais aussi une touche de pudeur. La chanteuse impose de par sa présence scénique, de par sa façon de bouger timidement et de par sa complicité avec ses musiciens. Un agréable moment pour les spectateurs, qui découvrent une jeune femme fragile et rebelle.

Célian Ramis

Les Embellies : Ils font le festival 2/2

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Antipode, Rennes
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Deuxième soir aux Embellies : à la rencontre des artistes.
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Vendredi 22 mars, le festival Les Embellies investissait L’Antipode. Rencontres avec Françoiz Breut et Mesparrow.

Sur scène, quatre groupes se succèdent : Piano Chat, Françoiz Breut, Mesparrow et BRNS. La salle est remplie. A quelques pas, dans le hall de l’Antipode, est exposé le travail de Françoiz Breut (lire notre article Les Embellies : des histoires poétiques en boite !).

Christelle, festivalière, flâne dans l’exposition : « Je suis venue justement pour Françoiz Breut, en tant que chanteuse. Et je découvre ses œuvres, j’aime beaucoup, c’est poétique ». Elle avait déjà assisté à la fin d’un concert de Piano Chat. Ce vendredi soir, elle arrive en retard « et le rate, n’entendant que la fin encore une fois ! ». Elle aura tout de même le temps de découvrir Mesparrow, qu’elle ne connaissait pas, mais insiste en rigolant : « Je suis surtout là pour Françoiz Breut ».

Et cette dernière, à la fin de son concert, vient discuter avec des amis à deux pas de son exposition. Si au départ, elle se destinait uniquement à une carrière dans le dessin, sa rencontre avec Dominique A va la mener à la chanson. « C’est comme ça que j’ai commencé à chanter et à monter sur scène. Puis il a composé mon premier album », explique-t-elle.

Petit à petit, la cherbourgeoise d’origine aujourd’hui bruxelloise d’adoption va faire son chemin et sa place dans la chanson française. « J’y prends beaucoup de plaisir. Et à partir du 4e album, j’ai commencé à composer, c’est agréable. J’aime jouer avec les mots, c’est infini et très ludique même si la langue française, qui est ma langue maternelle donc celle avec laquelle je me sens le plus à l’aise, n’est pas très malléable et moins souple que l’anglais par exemple », précise Françoiz. Elle aime aussi la scène et le rapport avec le public, qu’elle a rejoint le temps d’un duo lors de son concert : « J’aime être proche des gens et casser la distance avec le public ».

La soirée défile à toute vitesse. Mesparrow a terminé son concert et profite de quelques morceaux joués par BRNS. La Tourangelle connaît bien Rennes pour y avoir joué lors des Bars en Trans et des Tombées de la nuit. Elle connaissait aussi les Embellies et semble ravie de sa participation au sein de la programmation :

« L’accueil a été bon, je suis très contente ». Mesparrow a commencé la musique très jeune, « à l’école de musique, en faisant du piano et en étant dans une chorale ». Et elle n’a jamais laissé tomber la musique et s’est inspirée de différentes influences « allant du vieux jazz que mes parents m’ont fait écouter à des musiques inde, rock et folk, en passant par Barbara ».

Et ce mélange n’est pas pour nous déplaire ! Sa performance a particulièrement plu aux festivaliers. Seule sur scène, elle offre au public des chansons à voix puissante, qu’elle enregistre et répète grâce à une pédale à boucles et des sons enregistrés. Seule sur scène, ça lui plait : « J’ai eu plusieurs groupes de musique depuis le collège. Mais j’étais frustrée, je ne pouvais pas exprimer ce dont j’avais besoin ».

Elle se lance donc en solo et début mars, sort son premier album (lire notre critique dans notre prochain numéro de Yegg, avril 2013).

La soirée a été une réussite pour le festival Les Embellies qui a marié une programmation éclectique à une ambiance chaleureuse et festive.

Célian Ramis

Les Embellies : Piano Chat + Françoiz Breut + Mesparrow + BRNS

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Antipode, Rennes
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À l'occasion des Embellies, Piano Chat, Françoiz Breut, Mesparrow et BRNS se sont produits sur la scène rennaise de l'Antipode.
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L’Antipode était plein à craquer vendredi soir pour la très belle programmation, ultra éclectique, du festival Les Embellies.

Piano Chat a ouvert le bal, samplant sa voix, samplant sa guitare, s’offrant tout entier au public, le rejoignant souvent, et finissant d’ailleurs assis, au milieu de tous, pour une balade remplie d’émotion.

Françoiz Breut aussi s’est amusée avec le public : « il y a des loups à Cleunay ? » a-t-elle demandé avant de reprendre Werewolf, de Michael Hurley. Des hurlements lui ont répondu… et on peut dire qu’elle a su dompter les loups de l’Antipode. Françoiz Breut, accompagnée d’un guitariste, d’un batteur et d’un claviériste, joueuse, sensuelle, drôle, est venue chanter ses histoires, comptines pop et poésie rocks.

Des histoires de jeune autostoppeuse, courtement vêtue, « bretonne peut-être » s’est-elle amusée, des histoires de villes où il pleut, des histoires de chirurgie des sentiments. À chaque nouvelle chanson, Françoiz offre un nouvel univers. Un moment, on était dans un cabaret feutré, qu’on pouvait presque imaginer traversé de volutes de fumées. L’instant d’après, nous étions tous silencieux autour de Françoiz et de son guitariste, Stéphane Daubersy, venus chanter l’amour au milieu du public.

C’est ensuite au tour de Mesparrow d’emporter le public dans son univers. Et quel univers ! Comme Piano Chat, Mesparrow – habitée, concentrée – sample sa voix. Superposition incroyable de chuchotements, souffles, cris, choeurs, saccadés, pour ensuite poser sa voix douce, grave, puissante. Sur la scène, tout est contraste. Mesparrow, entre timidité assumée et exubérance cachée, son univers est un mélange d’étrangeté et de tranquillité, sa voix, entre fragilité et profondeur. On a beau écouter son premier album en boucle depuis près d’un mois, on découvre autre chose à la voir sur scène.

La formidable version jazzy et azimutée de My heart belongs to daddy ou celle mélodieuse et mélancolique de Stand by me y sont pour beaucoup. La pause nature, une version vocale, drôle et inquiétante, des bruits de la forêt, est impressionnante. Au fil des chansons, Mesparrow a scotché, comblé le public, pas étonnant qu’un admirateur n’ait pu s’empêcher de lui crier « je t’aime ».

Les belges de BRNS, un chanteur-batteur, un bassiste-claviériste-choriste, un guitariste-choriste et un percussionniste-choriste, ont confirmé leur incroyable énergie et inventivité sur scène. Avec leur post-rock progressif et contemplatif, BRNS a finit la soirée en beauté, et laissé le public en extase, qui ne voulait plus partir malgré les signes clairs de la salle qui rallumait les lumières.

Célian Ramis

Les Embellies : Ils font le festival 1/2

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Premier soir aux Embellies : à la rencontre des artistes.
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Cheek Mountain Thief et Florian Mona ont ouvert la 15e édition du festival Les Embellies, mercredi 20 mars à l’Ubu. Une première soirée calme et conviviale !

En ce début de festival, la salle de concert n’affichait pas complet. Pourtant les deux groupes annoncés sont attendus : Cheek Mountain Thief et Florian Mona. À l’entrée, Chloé, étudiante en 3e année d’information-communication à Rennes, est chargée du merchandising.

Elle est ici, pour la première fois, en tant que bénévole : « J’avais eu un écho positif de ce festival et j’étais curieuse de le découvrir par moi même ». Au début du mois, une réunion avait été organisée pour établir le planning et expliquer le rôle de chacun. Service, installation du matériel, préparation des soirées, merchandising, Chloé travaille sur différents postes. « C’est agréable, on discute avec les spectateurs, on entend la musique… », explique-t-elle, en profitant de la bonne humeur répandue par Cheek Mountain Thief.

À la fin de leur concert, les musiciens s’accordent un moment pour profiter du bar. Le groupe est en France pour une dizaine de dates : « Nous tournons seulement dans ce pays. Je crois que le disque est apprécié en France. En tout cas, dans Les Inrocks… (rires) », explique le chanteur, Mike Lindsay. Son nom peut sembler familier.

C’est le leader de Tuung, groupe anglais venu à Rennes en 2007 pour les Transmusicales. Quelques mois plus tard, il rencontre une fille en tournée et part en Islande pour la revoir. La suite, il nous la raconte sur scène : « Je suis allé dans le Nord et j’ai été tellement inspiré que je suis resté là bas, à Reykjavik et à Hùsavik, un petit village ». Entre temps, il a rencontré d’incroyables musiciens, revu la fille (et compte l’épouser, confie-t-il hors de la scène), enregistré un album de folk avec la formation Cheek Moutain Thief (et, à côté, un disque avec Tuung).

Avant de retourner avec ses musiciens, Mike Lindsay nous conseille trois groupes islandais qui l’ont inspiré : « Sin Fang, de la black pop, Soley, membre de Sin Fang qui a lancé son projet solo, et Gruska Babouchka, un mélange de choses hantées pour les enfants (rires)… C’est le groupe de ma copine ! »

Quelques heures plus tard, c’est au tour de Florian Mona de descendre de scène et de nous parler de son parcours musical. Au milieu des années 90, cet originaire de Laval (installé à Rennes depuis dix ans maintenant) se lance, avec des amis, dans le groupe Twirl Comics.

« Nous chantions en anglais, nous cherchions à avoir une envergure indé », explique-t-il. Cinq ans plus tard, le groupe s’arrête, « au bon moment puisqu’aucune amitié n’a été usée ». Et d’ailleurs, Florian Mona va poursuivre sa carrière avec un ami de Twirl Comics, Maël, qui monte à cette époque sa formation et cherche des musiciens : « Nous y avons participé avec Romuald, aujourd’hui ingé son sur la tournée ».

Si le premier album rencontre un grand succès, le deuxième peine à trouver sa place. Florian lance alors Monarica, un projet folk avec un DJ sur scène, dans lequel il n’arrive pas à se retrouver au bout d’un an. « Je voulais composer des choses plus personnelles », dit-il. En 2009, il sort son premier album solo chez Naïve et tourne pendant deux ans et demi.

Aujourd’hui, il revient sur le devant de la scène avec un spectacle en avant première puisqu’il est en résidence à l’Ubu pour le festival Les Embellies. Il est de retour aussi avec deux musiciens qu’il connaît bien : le batteur Mathieu Languille, de Montgomery, et le bassiste-claviériste Samuel Chapelin, de Manceau. Deux groupes qu’il invite à monter sur scène ce mercredi 20 mars : « Ce n’est pas uniquement parce qu’ils bossent avec moi sur ce spectacle. Ils font partis de ma famille musicale et leur musique me parle ». Autre artiste que Florian connaît bien : Yann Tordeonde Lesueur, qui a réalisé le clip de son titre Le Large.

« Il a bossé aussi avec Montgomery, a joué à la Route du Rock… Et puis nous avons une culture ciné commune (Michel Gondry pour n’en citer qu’un, ndlr). Musicale aussi ! », précise-t-il. Le chanteur, fatigué après sa performance, nous livre tout de même quelques projets futurs : des premières parties de concert, des dates à l’étranger, des titres en radio, voire en télé… Florian Mona semble s’être retrouvé avec des chansons en français, dans un style « plus noisy pop et moins folk que d’habitude » et une scénographie simple, composée de quelques néons. Celui qui souhaitait revenir à une musique proche de ses influences (New Order, Grandaddy,…) nous livrera son deuxième album Les Héroïnes, le 29 avril prochain. Un deuxième album très attendu !

Célian Ramis

Les Embellies : Cheek Mountain Thief et Florian Mona

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Ubu, Rennes
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À l'occasion du festival Les Embellies, Cheek Mountain Thief et Florian Mona étaient en concert à l'Ubu, à Rennes.
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Mercredi 20 mars, dans le cadre des Embellies de printemps, l’Ubu accueillait deux ovnis : un musicien londonien exilé en Islande et un artiste lavalois-rennais en résidence durant cette 15e édition.

A peine arrivé sur scène, Mike Lindsay, alias Cheek Mountain Thief, tout droit échappé de Tuung et entourés de ses musiciens et musiciennes islandais, a fait dodeliner l’Ubu sur ses rythmes de folk bucolique et expérimental. Entre les chansons, il raconte son voyage à Husavik, petit village de pêcheur au nord de l’Islande, où il s’est installé pendant deux mois, dans une cabane face aux montagnes, cherchant le calme et la solitude, mais où il a rencontré, dans l’unique pub du village (ouvert seulement le samedi, précise la violoniste) les musiciens qui l’accompagnent dans sa tournée en France : un batteur (fish-farmer dans le civil), une trompettiste, une violoniste, un bassiste, un guitariste et un claviériste.

L’ambiance intimiste de l’Ubu colle parfaitement avec le côté radieux, optimiste, mélodieux de l’étrange orchestre anglo-islandais qu’est Cheek Mountain Thief.

A peine le temps d’une bière et d’une cigarette, qu’un son rock electro, basse et guitare et synthés et batterie, envahit l’Ubu. Florian Mona est accompagné du batteur Mathieu Languille, de Montgomery, et du bassiste-clavieriste Samuel Chapelain, de Manceau. Florian Mona est plus timide, plus réservé que Mike Lindsay, il annonce qu’il est en résidence à l’Ubu depuis deux semaines, dans le cadre du festival Les Embellies, et qu’il a préparé un spectacle tout frais, tout neuf.

« C’est la classe quand même de jouer à l’Ubu« , ajoute-t-il. Pourtant, c’est hors de la salle de concert qu’il nous emporte alors, avec des mélodies noisy, parfois pop, parfois sombres, des textes poétiques et des néons, disposés sur la scène, qui crépitent. Après quelques chansons, les invités de Florian débarquent : Valérie Leulliot, du groupe Autour de Lucie, pour un duo qui sortira bientôt en bonus (du prochain album ?). Tambourin pour elle, guitare acoustique pour lui, et la voix des deux : Je suis ton tueur/tu es mon tueur. Ca promet.

Les copains de Montgomery viennent ensuite faire les choeurs, et à la chanson suivante, cette petite chorale s’agrandit des membres du groupe Manceau, et tous ces mecs, sur la scène, fredonnent, tandis que Florian chante « Nous iront jusqu’au bout/il ne faut pas faiblir/pour rester vivant ». Les filles du public ont l’air plutôt contentes. Pour le rappel, Florian Mona interprète Le Large, le single qu’on fredonne depuis quelques mois déjà, et qui nous met tellement l’eau à la bouche pour l’album à venir.

Célian Ramis

Travelling : Güz II joue avec le feu

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Rencontre entre La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud et la musique instrumentale des Rennais de Güz II.
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Samedi soir, le Tambour accueillait une séance ciné quelque peu particulière, dans le cadre de Travelling, puisqu’il s’agissait d’un ciné-concert. Une rencontre entre La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud et la musique instrumentale des Rennais de Güz II.

Intégrer ce ciné-concert à la programmation de Travelling n’est pas un hasard puisqu’une partie du film a été tournée en Ecosse mais aussi car il s’agit d’une collaboration Clair Obscur et MJC Antipode (la performance a déjà été réalisée en septembre 2012 pour le ciné-concert en plein air devant l’Antipode, ndlr). C’est aussi l’occasion de surprendre les spectateurs grâce à un mélange détonnant entre un réalisateur français et un groupe rennais dont le nom Güz II, à consonance nordique, «  nous est tombé du ciel et ne veut rien dire de particulier».

« Nous voulions un film des années 80, sans dialogues, mais pas muet, qui nous inspire bien pour jouer », nous explique Fabien, saxophoniste du groupe, à la fin de l’événement. Trois semaines de travail auront suffit à mettre La guerre du feu, de Jean-Jacques Annaud, en musique. Mais le groupe est allé plus loin, créant « une version électrique pour les salles de concert et une version acoustique, de rue, car c’est ainsi que le projet est né ».

Pendant 1h40, les spectateurs vont assister à l’alliance d’un cinéma des années 80 (on pourra sentir que la bobine a longtemps tourné dans les salles) racontant une aventure préhistorique et d’une musique orchestrale oscillant entre douceur et mélodies animales. Au centre de la scène, un écran de cinéma. Et sur la droite, le trio rennais, tout de noir vêtu. Ils n’auront pas oublié également de se masquer le visage, comme pour chaque concert.

Trois hommes préhistoriques, trois musiciens contemporains

A l’écran, un trio d’hommes préhistoriques, proches de l’homme de Neandertal, partant à la recherche du feu. Car à cette époque, leur tribu connaît l’usage du feu, sait le conserver mais ignore comment le produire. Sur le côté de la scène, un trio aussi qui définit sa musique comme du « rock instrumental de rue ». La différence : ces trois musiciens rennais savent produire et conserver le feu durant leur concert. Saxophones, violon, clavier, guitare, boîte à rythmes, mandoline, flûte à bec, batterie ou encore percussions, une dizaine d’instruments est réunie pour porter les spectateurs au cœur du récit.

Des sonorités rock, primitives mais aussi des notes mystiques créées par les voix envoutantes des musiciens… Güz II, qui puise une partie de ses influences dans la musique de films, recrée l’ambiance adéquate et nous fait redécouvrir l’œuvre de Jean-Jacques Annaud, sous un angle contemporain et dynamique.

Célian Ramis

Sylvie Jourdan, son accordéon et sa philosophie de l'ivresse

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Rencontre avec Sylvie Jourdan, une accordéoniste à la gouaille de vieille rockeuse, qui nous reçoit pour partager autour de sa passion pour son instrument et autour de sa philosophie de l'ivresse.
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Le festival Le Grand soufflet est de retour pour sa 17e édition. Jusqu’à près de 33 communes mettent à l’honneur “l’outil qui a voyagé dans le monde entier” : l’accordéon. Et cette année, c’est la Louisiane qui sera la vedette avec Clifton Junior Chenier, les Magnolia Sisters ou encore Whiskey and women. En parallèle se déroulera le Petit soufflet. Les bars seront envahis par le blues, le jazz et le rock. Nous nous sommes intéressés à Sylvie Jourdan, l’accordéoniste de Fuckin’hell Orkestar, qui se produira ce soir au Oan’s pub. RDV à 21h ! 

 On fait ce qu’on veut et ce qu’on a envie”, déclarait Etienne Grandjean, directeur artistique du Grand soufflet, lors de la présentation du festival à la presse. Cette phrase pourrait correspondre à Sylvie Jourdan. On vous explique un peu. Cette accordéoniste de 45 ans nous accueille chez elle afin de nous faire découvrir son univers.

Assise sur une chaise, son accordéon sur les genoux, cette musicienne dévoile une personnalité envoûtante, pleine d’énergie, de poésie et de modestie. Ses premières expériences artistiques remontent à ses 7 ans : “J’accompagnais ma grand-mère qui chantait Fréhel. Elle était garde barrière et souvent les cheminots passaient et aimaient faire la fête. C’était très sympa”. Alors pourquoi l’accordéon ?

Aucune certitude à ce sujet. Mais il ne s’agirait pas forcément d’un hasard puisque son oncle et son grand-père en jouaient. D’ailleurs, des années plus tard, elle retrouvera un cousin, lui aussi devenu musicien et travaillera avec lui et Vincent Courtay. Et lui, pour info, c’est Steph Machin (à découvrir sur MySpace). Revenons à nos moutons et à Sylvie Jourdan. C’est à l’oreille qu’elle va apprendre à jouer, en essayant de retrouver les notes que chante sa mémé. Puis elle prendra des cours particuliers “en mode éducation musette” avant de monter à Paris en 1987. Elle est alors âgée de 18 ans et commence à goûter à la vie de bohème en jouant dans les bars et les rues de Montmartre, “mais surtout sur la place du Tertre” et fréquente  les bars près de la rue de Lappe (vers Bastille).

Elle y fait des rencontres, notamment celle de guitaristes manouche,  Maurice et Joseph, ce dernier étrangement surnommé Le roi de la pompe ! Sans oublier un super accordéoniste, Jo Privat et plein d’autres. L’été, elle vient jouer à Saint-Malo et en 1993, elle s’installe à Rennes.

Une carrière de folie

Au détour d’un pub irlandais, elle s’accoquine avec les Jack’O lanternes où chacun amène sa touche perso. Elle se met alors à composer et ne s’arrêtera pas de le faire : “C’est thérapeutique pour moi”. Nous sommes alors en 1996. Un an plus tard, une rencontre semble bouleverser sa vie. Avec Soazig Le Lay, elles montent le groupe Les Oisives. Ensemble, elles sortent deux albums : Salto arrière en 2003, L’intangible en 2005. Le duo partage la même philosophie de l’ivresse. Elles partagent “le fait de vivre l’instant présent. On appréciait de ne rien faire et on avait un vrai partage”.

Ce qui leur vaudra un joli succès sur scène. Les filles vont pourtant décider d’emprunter des chemins différents pour voguer vers un nouvel horizon. Et ce dernier prend la forme du groupe Carbel, une formation de 4 musiciens avec qui elle enregistrera deux albums dont un live à Chartres-de-Bretagne. En 2008, elle fait la connaissance d’Alan Corbel avec qui elle va s’embarquer dans l’aventure Fuckin’hell Orkestar. “A ce moment-là, avec lui et des amis que l’on avait en commun avec Soazic nous étions beaucoup chez moi. Une sorte de thérapie de groupe. On a alors voulu lancer ce groupe en hommage à Soaz’”, explique-t-elle. Pour le nom du groupe, l’histoire est fun.

En effet, un ex copain de Sylvie était irlandais “alors forcément ça y allait sur les “fuckin trucs” et les “fuckin machins”. Et Soaz le connaissait bien et on avait fini par le dire souvent aussi”. Le groupe va alors lancer le pari de Fuckin’hell Orkestar, “fait pour se détendre, s’amuser et faire ce qu’on ne pouvait pas faire”. Tiens, y  aurait-il une ressemblance avec la phrase d’Etienne Grandjean ? Et d’ailleurs, Sylvie est une habituée du Grand Soufflet puisqu’elle y a participé avec Les Oisives ainsi que Fuckin’hell orkestar l’an dernier. Depuis, elle a sorti un album intitulé Rochebonne, sur lequel elle a travaillé avec Emeline, la tubiste  du groupe. Un bel opus, vendu pendant les concerts, qu’elle qualifie “d’album transitoire”. Une manière de passer à autre chose par rapport à elle même.

Cette femme dynamique, pleine de projets en tête et pleine de douceurs nous émeut. Sensible et franche, elle avoue qu’après un break d’un an et demi dans la chanson, elle vit une période de renaissance : “Il faut que je chante mes chansons”. Et nous, on est ravis parce que sa voix rauque, nous on l’aime bien. Son style qui mêle jazz manouche, fanfares d’Europe de l’est et chanson française, on est fans. Ajoutez à cela sa gouaille de rockeuse absolument fascinée par David Bowie, rebutée par la musique bretonne et son regard à la fois pétillant et innocent et vous avez une accordéoniste de folie.

La fibre musicale jusqu’au bout des ongles

Et oui, c’est ça l’esprit Jourdan & cie comme elle dit. Parce que là, on vous a résumé les choses de manière un peu grossière mais Sylvie Jourdan, elle, ne s’arrête pas là. On a même envie de dire qu’elle ne s’arrête jamais de jouer, de pianoter, de tirer sur le soufflet qui entame des va-et-vient qui semblent si faciles à effectuer. Sylvie, elle, a l’air de faire ça sans se fatiguer. Alors vous me direz, c’est son métier. 

Mais cela n’empêche que nous restons collés au canapé lorsque la charismatique musicienne se met à jouer. Alors, nous, on essaye un peu de comprendre. “Avec la main droite, on fait la mélodie. Et avec la main gauche, on fait tous les accords, la rythmique. La partie du milieu, c’est le soufflet. Selon les mouvements du soufflet, on gagne en intensité. J’aime penser que c’est l’âme de l’accordéon”, explique Sylvie. Si elle n’avait pas joué de l’accordéon, elle aurait peut-être été tentée par la basse : “j’adore ça. J’aimerais jouer de la basse dans Fuckin’Hell qui est plus rock”. Ou alors de la scie musicale. “J’adore, c’est comme une voix humaine”. Bref, elle aime la musique et transmet cette passion à ses enfants qui jouent de la batterie, du violon, de la guitare, du piano ou encore de la basse. Joyeux bordel dans la baraque hein ?!

Et bien pas tant que ça apparemment : “On fait parfois des boeufs à la maison, tous ensemble. C’est de l’éveil !” Pas banal comme éveil. En tout cas, là dedans, l’ambiance semble joyeuse et tout cela nous donne envie de nous installer dans un bar style Bistrot de la Cité, Café des bricoles ou encore au Oan’s à l’heure de l’apéro pour assister à un petit concert improvisé de Sylvie Jourdan et Vincent Courtay… En attendant de saisir cet instant privilégié, on vous donne rendez-vous au Oan’s le 19 octobre pour faire la fête !
 

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