Célian Ramis

Femmes aux TransMusicales 2014 #2

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Parc expo, Rennes
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Première soirée réussie pour les TransMusicales au parc expo de Rennes, ce jeudi 4 décembre. Les quatre groupes féminins ont fait exploser la scène du Hall 3.
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Ce jeudi 4 décembre, les groupes féminins se sont succédés dans le Hall 3 du parc expo de Rennes. Tous les quatre ont marqué la scène des TransMusicales de par leurs empreintes singulières.

 
21h30 - COURTNEY BARNETT – ROCKEUSE DÉSINVOLTE

 

 

La chanteuse/guitariste et ses 3 musiciens s’installent et révèlent dès la première chanson un son très empreint de garage rock. La musique et la manière de chanter rappellent instantanément Hole, les distorsions en moins et des cachets de valium en plus. Dr Martens au pied, pantalon noir serré, chemise large à pois et attitude désinvolte, la jeune australienne s’aligne dans la grande tradition du « slacker rock ».

Au fil du set, les influences folk croisent celles du garage grunge, Courtney Barnett ayant évolué plusieurs années dans deux groupes, garage d’un côté et psyché/country de l’autre. En 2012, elle lance son propre label Milk ! Records et sort son 1er EP, I’ve got a friend called Emily Ferris. Puis un 2e, How to carve a carrot into a rose. Pour finalement les combiner dans The double EP : a sea of split peas, en 2013.

Les paroles de ses chansons marquent les esprits comme dans « Avant Gardener », dans laquelle elle raconte son choc anaphylactique et sa piqure d’adrénaline. Celle qui se décrit de manière humoristique comme une Lena Dunham musicale aborde également sa relation avec la chanteuse australienne Jen Cloher, avec qui elle a joué quelques temps, et parle librement de masturbation.

Après quelques morceaux folk/rock aux effets acoustiques, le groupe repart sur des notes carrément plus rock au style des années 90. Le public est à bloc. À l’aide de la basse, de la batterie et de deux guitares, les quatre musiciens font monter l’intensité avec de l’instrumental pur, tirant vers le punk rock.

Courtney Barnett bouge nonchalamment son corps en secouant ses cheveux avant de soudainement se tourner vers le batteur et de le rejoindre sur son carré installé légèrement en hauteur. Animés par l’attitude rock de la chanteuse-auteure-compositeure, les festivaliers se déchainent face aux musiciens qui prennent leur pied à balancer les notes brutes. « Merci d’avoir écouté la musique plutôt que de taper dans les mains », crie la chanteuse avant de conclure sur des crissements de guitare qui font durer notre plaisir.

 

 

 

 

23h20 - KATE TEMPEST – RAPPEUSE THÉÂTRALE

 

 

 

Si on ne change pas de hall après Courtney Barnett, on change en revanche radicalement de style avec la britannique Kate Tempest. À son arrivée, les cris et applaudissements  cessent instantanément dès lors qu’elle prend le micro et se lance dans une performance technique stupéfiante.

Son débit de parole, qui provoque en nous un sentiment d’urgence tout en nous figeant de longues secondes durant, est impressionnant, et son phrasé parfaitement articulé. La rappeuse anglaise n’est pas là depuis plusieurs minutes qu’elle met tout le monde d’accord. Le cul scotché au Hall 3, le public des Trans prend une claque.

« Je voudrais pouvoir faire tout ça en français. Je ne peux pas. Je suis désolée, très désolée », annonce-t-elle d’emblée. Il y a une force combattive dans sa voix, dans sa manière d’interpréter sa musique.

Renforcée par les sonorités électro, produites instrumentalement sur scène par ses musiciens, et par l’appui vocal de la choriste hip-hop, l’énergie circule et se diffuse aussi vite que les mots qui sortent de sa bouche.

Et quand elle s’arrête, c’est pour laisser les gros sons trip hop envahir et saisir nos entrailles. La poétesse, reconnue pour son talent d’écriture qui lui vaut d’être qualifiée d’un des plus grands talents actuels, manie l’art de faire passer des émotions.

Les sonorités parfois énigmatiques qui nous plongent dans une atmosphère angoissante viennent contrecarrer son chanté viscéral qu’elle renvoie pourtant avec légèreté et bonne humeur.

On aime sa façon de raconter des histoires, sans en comprendre la finesse des mots qu’elle aligne à vitesse éclair. Elle maitrise les rythmes, pose parfaitement sa voix pour nous captiver et capter notre attention et joue de toute sa théâtralité, un art pour lequel elle est également salué en Angleterre. « Vous êtes putain de brillants ! C’était magique. Vous êtes putain de géniaux. Merci pour la soirée », lâche-t-elle avec émotion, à l’image de son concert.

 

 
 
00h50 – A-WA – TRIO ENVOÛTANT

 

 

 

Les trois chanteuses figurent en ligne sur le devant de la scène. Elles sont sœurs. Tair, Liron et Tagel Haim sont au centre du groupe A-Wa (prononcer Ay-Wa), venu d’Israël. Elles chantent dans un dialecte arabo-yéménite des chansons issues de la tradition orale, enregistrées dans les années 60 par les chanteur-auteur-compositeur yéménite Shlomo Moga’a.

Amour et protestations féminines, le trio joue le contraste de profondeur et légèreté dans des chants qui résonnent à travers leurs voix unies. Ces dernières percent les murs du Hall 3 pour se briser au loin, accompagnées par les notes et rythmes entrainants des guitares, de la basse et de la batterie.

Leur premier album, qui devrait arriver prochainement, produit par Tomer Yosef, Israélien vivant à New-York, propose une approche moderne des chansons folk yéménites mixé à de l’électro dance.

L’ensemble produit une sensation de fraicheur groovy qui séduit les spectateurs-trices, se laissant entrainer dans des pas de danse, au rythme des instruments et des voix parfois a cappella, parfois en chœur. Radieuses, les trois femmes partagent leur musique à la fois ensoleillée et tortueuse avec un élégant brin de retenue.

Là encore, une belle énergie se dégage de cette formation originale. Elles mêlent au fil du concert percussions, sollicitations du public et violon, le temps d’une chanson à chaque fois. Juste le temps de tisser une relation avec leur auditoire, qui s’affine avec les minutes tardives qui défilent, et de nous plonger dans une ambiance intimiste.

La force des voix épouse la fragilité qui émane des textes et nous invite à l’évasion. « Nous allons vous chanter une chanson d’amour yéménite qui parle de la façon dont l’amour peut vous consumer de l’intérieur », explique une des chanteuses. Si certains rêvassent debout, d’autres dansent à n’en plus finir en investissant l’espace qui se libère au fur et à mesure.

 

 
2h20 – MOLOTOV JUKEBOX – COCKTAIL EXCENTRIQUE

 

 

 

 

« J’ai découvert ce groupe il y a 2 ans. Ils devaient venir l’an dernier mais bon la chanteuse s’est fait mal… Aujourd’hui, ils sont là, c’est Molotov Jukebox ! », s’écrie Jean-Louis Brossard, co-directeur des TransMusicales en guise d’introduction du groupe, mais également de clôture de cette première soirée au parc expo.

Dès leur arrivée, les membres du groupe débordent d’énergie. Natalia Tena affiche un large sourire qu’elle ne lâchera pas du concert. Accordéon, trompette, violon, batterie et guitare démarrent en trombe pour y faire éclater des sonorités de fanfare de l’Est.

Rien à dire, nous ne sommes pas déçus d’avoir patienter un an de plus pour les découvrir en live.La musique est entrainante, festive, à la limite de l’excentricité.

Les genres se mélangent. Molotov Jukebox, qui vient pour la première fois en France, passe de chansons explosives parlant d’un ancien amant à des chansons jazzy à la James Bond. « On a toujours voulu faire une chanson à la James Bond », déclare le violoniste Sam Apley, sourire en coin. Le début est jazzy, la voix soul.

D’un registre à un autre, l’aisance est la même, l’énergie est semblable. Toujours empreinte de bonne humeur malgré l’heure tardive et le peu de festivaliers restants.

Accordéon accroché aux épaules et robe noire moulante, Natalia Tena, que l’on connaît pour ses rôles dans Harry Potter et Games of throne, déploie la puissance de sa voix qu’elle s’amuse à varier entre ton très nasal et échappées vocales.

Jusqu’à entamer des chansons plus pop rock et même une chanson en hommage à la capitale anglaise, Londres « qui pour sûr est une femme ! » Impossible de ne pas bouger ses pieds et son corps pendant cette dernière heure tant l’énergie impulsée est grande.

Célian Ramis

Femmes aux TransMusicales 2014 #1

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Ubu, Rennes
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L'une à la voix rock, l'autre orientale. Les deux - Sabina et Alsarah & The Nubatones - sont montées sur la scène de l'Ubu, mercredi 3 décembre, pour la premier soir des TransMusicales, avec deux shows divins.
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C’est à l’Ubu que s’est ouvert la 36e édition des TransMusicales, mercredi 3 décembre. Deux femmes figuraient dans la programmation et ont assuré le show dans des registres bien distincts : Sabina, suivie de Alsarah & The Nubatones.

21h45 - Il n’est pas encore très tard à l’Ubu mais déjà il est difficile de se frayer un chemin dans la foule pour accéder à la fosse. Sabina vient de commencer, les premières notes annoncent un set très rock, les premiers rangs sont d’ores et déjà déchainés. L’ancienne chanteuse des Brazilian Girls encourage de sa belle voix grave et chaude le public à chanter avec elle. « Je veux vous entendre », lance-t-elle en français avant d’entamer une chanson en allemand extraite de son premier album solo Toujours.

Originaire d’Italie, elle prend rapidement le départ pour l’Allemagne, pays de sa mère avant de s’embarquer pour la France puis les Etats-Unis. Tous ces déménagements auront marqué la musicienne qui manie les différentes langues avec aisance et fluidité. « Aucune réflexion, jamais ! Donnez nous plus ! Donnez nous tout ! », s’exclame-t-elle à la fin d’une chanson, rempilant directement sur la suivante.

La basse très rythmique invite le public à s’investir davantage et à suivre les instructions de Sabina Sciubba. Une belle énergie scénique se dégage de l’osmose entre les trois musiciens – guitare, basse et batterie – et la chanteuse, vêtue d’un pantalon bleu électrique tacheté d’étoiles et d’un débardeur sur lequel trône un gros motif de flammes : « Je veux juste vous expliquer quelque chose. Vous voyez ce que je porte… Non je ne suis pas habillée en super héro. Je suis l’Europe et je brûle !!! » Sa voix est divinement envoûtante, terriblement rock et s’accorde parfaitement avec le son organique produit par le clavier auquel vient de s’installer le bassiste.  

Sabina partage avec générosité ses chansons, dont elle écrit les textes et compose les musiques. Elle y parle de révolution, mais surtout d’amour, « de toute façon, ça va ensemble ». La sensualité déborde de son déhanché et de son chanté singulier qui accompagne la dynamique rock et new wave dont elle puise ses inspirations.

Elle joue avec sa voix dans des parties vocales pures et douces dans certaines balades qui ne sont pas sans rappeler la signature de Radiohead. Puis entame un Viva l’amour accéléré et carrément plus rock que la version de l’album. « Que de l’amour et plus de loyer ! », crie-t-elle, à la fin de la chanson. « Et en parlant de loyer, je crois qu’il faut qu’on s’arrête », lui glisse un musicien… Dommage.

ALSARAH & THE NUBATONES

Aux alentours de 23h, la fosse ne désemplit pas de festivaliers et festivalières qui dansent en attendant le prochain concert. Les musiciens de The Nubatones s’installent sur la scène et effectuent quelques balances avant de démarrer. Alsarah fait son entrée. Les sonorités arabes retentissent dans la salle, suspendue aux lèvres de la chanteuse soudanaise à la voix impressionnante.

Qualifiée de nouvelle reine de la pop nubienne (région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, ndlr) et de la rétro-pop soudanaise par The Guardian, elle s’inspire de différents styles musicaux d’Afrique du nord et de l’est auxquels elle ajoute des influences arabes, suivant les pas de la grande Oum Kalthoum. Les musiciens participent à la réussite de ce mélange à travers les percussions, le luth et la basse. Sans artifices, Alsarah varie l’intensité de son chant, entrainant également celle des instruments, entre douceur et puissance pour un résultat détonnant.

« Une chose à propos de mon spectacle. C’est plus fun si vous dansez et si vous tapez dans les mains », précise la chanteuse en rigolant. Vêtue de bleu turquoise, la chanteuse-auteure-ethnomusicologue propose un show très coloré, très enjoué, empreint de voluptés et de légèreté. En bougeant délicatement les épaules et en levant gracieusement les mains, toujours le sourire aux lèvres, elle hypnotise spectateurs et spectatrices.

La dynamique du concert entraine la foule à se laisser porter par ses émotions. Les accélérations rythmiques des instruments viennent contrebalancer les instants délicats portés par la douce lenteur du chant d’Alsarah, accompagnés par moment par le chœur des trois hommes.

Le public est conquis. « Je ne comprend pas ce que je chante mais j’m’en fous », rigole une femme au milieu de la foule. Il est temps de présenter les musiciens. L’occasion de savourer un solo de luth. Ambiance tamisée, lumières feutrées, les spectateurs-trices sont figé-e-s, hypnotisé-e-s, par les sonorités orientales ainsi que par la dextérité et la rapidité des doigts du musicien. Les lumières roses orangées épousent cet instant instrumental onirique, auquel s’allie la profondeur du chant insufflé par les sonorités nubiennes. Une véritable invitation à se perdre dans ses pensées et à plonger dans une atmosphère apaisante.

La perte de tous repères spatio-temporels n’est que de courte durée. Les instructions de la chanteuse nous ramène à l’Ubu : « On va s’entrainer ensemble à taper des mains. On va taper des mains tout le long de la chanson. Oui je sais, je vous en demande beaucoup. Vous pouvez boire de l’eau maintenant, et on y va. N’accélérez pas, voilà c’est bien, c’est parti. » Les festivalier-e-s jouent le jeu avec plaisir, ravis d’être sollicités par la divine Alsarah.

Célian Ramis

Hors lits, en toute intimité avec ses voisins

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Rennes
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De la laverie à la grange d'une maison qui sera bientôt démolie, Hors lits invite à la performance insolite et intrigante. YEGG vous guide.
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Et si vous alliez voir un spectacle chez votre voisin dont vous avez toujours rêvé de voir l'aménagement intérieur ? C'est à peu de choses près ce que propose le concept Hors Lit. Des artistes effectuent une série de performances chez des particuliers qui acceptent, le temps d'une soirée, de prêter leur intérieur. YEGG a testé pour vous.

Par une froide soirée de novembre, une bande d'inconnus se réchauffent en tapant du pied à l'arrêt de bus Saint Yves sur la ligne 5. Le rendez-vous a été donné là, mais aucun des spectateurs ne sait exactement où nous allons nous rendre. Florence, manteau jaune assorti au bleu de ses yeux, est l'instigatrice de cette 6ème édition rennaise. Elle prend la parole pour annoncer le départ. Suivez le guide.

Hors Lit n'est pas né à Rennes mais à Montpellier, en 2005. Créé par quelques artistes qui ont ensuite bougé et ensemé dans toute la France. Toulouse, Paris etc... jusqu'à arriver à Rennes. Cela faisait deux ans que le concept n'avait pas eu lieu dans la capitale bretonne.

La 6ème édition vient donc combler un vide de deux années. Sur le site internet, Hors lit est défini comme s'inscrivant : « dans une démarche sensible de réécriture de l’intime en ouvrant des espaces alternatifs entre artistes, habitants et spectateurs. »

ARRÊT « LAVERIE »

Le premier arrêt se fait dans la laverie du quartier. Dans un angle de rue, elle apparaît comme un havre de chaleur au spectateur ankylosé par le froid. Nous entrons. Une jeune femme nous attend assise sur une table, jouant avec une balle en mousse. Elle indique au public où se placer puis démarre sa performance. Elle investit le lieu pour y danser et y chanter avec énergie.

Délurée, elle passe des claquettes à une chanson de Boby Lapointe avec pour seule transition une visite dans les machines. À quatre pattes sur les machines à laver, elle réalise le rêve de tout utilisateur de lavomatique : transformer l'attente ennuyante en un moment défoulant et créatif. Un jeune homme se retrouve au milieu des spectateurs alors qu'il venait juste laver son linge.

« Bon, je vais peut-être pouvoir récupérer mes affaires maintenant ! »
lance-t-il, amusé, lorsque la performance se termine.

Stupeur des spectateurs qui pensaient que la machine lancée était prévue dans le spectacle. Les rires fusent. Première étape réussie.

Tel un troupeau en transhumance, nous repartons vers le second lieu, toujours guidé par le berger Florence et une femme qui tient sur sa tête une pancarte « Hors Lit ». Les rues sont vides à cette heure-ci mais quelle image renvoyons-nous aux quelques passants égarés ?

ARRÊT « MAISON DE LOTISSEMENT »

Arrivés au second lieu, nous pénétrons cette fois-ci dans une maison de lotissement qui ne dénote pas de ses voisines. Après avoir monté une volée de marches, nous voici dans un salon inconnu, d'une blancheur impeccable. Pas de trace des maîtres de maison. Comme dans la laverie, une danseuse nous attend, muette. Sa performance est bien assortie au décor sobre de cet intérieur : très froide, sans musique et un peu plombante. Certains manquent de piquer du nez.

La technique est impeccable mais pourquoi une chorégraphie aussi triste dans un concept empli de bonne humeur ? Nous repartons tous sur la pointe des pieds, en ayant presque eu l'impression de déranger.

Les langues se délient sur le chemin qui nous mène au troisième lieu. Nous prenons plus le temps pour causer avec nos camarades d'un soir. Venus en couple ou entre amis – les plus jeunes spectateurs sont proches de la quarantaine - ils commentent les performances ou tentent de se repérer dans le quartier. Le but des performances Hors Lit c'est aussi la découverte ou la redécouverte d'un lieu de Rennes.

ARRÊT « MAISON DU QUARTIER »

La troisième étape se fait de nouveau dans une habitation du quartier. À l'entrée, la maîtresse de maison nous accueille, tout sourire. L'intérieur est nettement plus chaleureux que le précédent. Assis sur des canapés, des chaises, des tabourets, ou sur des coussins au sol, comme lors d'un dîner entre amis, nous assistons à la projection d'un film sur la vie d'une paludière.

Sans fausse empathie et avec un sens artistique certain, le réalisateur nous plonge dans les marais salants et dans l'existence hors du temps de cette femme. Le film plaît, le lieu aussi, c'est presque à regret que certains quittent la maison vers la dernière étape de notre soirée.

Le quatrième et dernier lieu est celui qui a justifié le choix du quartier du sud gare pour cette sixième édition de Hors Lit : c'est la maison de la première danseuse, celle de la laverie. Nous apprenons qu'elle s'appelle Lucie. Florence prend la parole pour expliquer :

« L'affiche que vous voyez là c'est celle qui annonce le projet immobilier qui va conduire à détruire la maison de Lucie. Ils vont raser sa maison pour construire des immeubles. C'est elle qui m'a sollicité car elle voulait rendre un dernier hommage à son lieu de vie. »

Le Hors Lit millésime 2014 a presque un aspect politique. Au vu de l'emplacement de la maison, à deux pas du pont de Nantes, avec une superficie de terrain importante, il n'est pas étonnant que l'endroit ait attiré la convoitise de promoteurs.

ARRÊT « GRANGE »

Astrid Radigue, du groupe Furie, nous attend sagement derrière son clavier sous la grange. Une odeur de vin chaud s'échappe d'une marmite et, à son invitation, nous nous précipitons pour en prendre une tasse avant que le concert ne débute.

Avec simplicité et humour, Astrid mène le public dans son univers pop. Les notes s'égrènent et résonnent sous le toit de la vieille grange, tandis que les deux lions de cirque en carton fixent le public de leurs yeux de braise. À peine le temps de quelques chansons et c'est déjà fini. Cela fait presque trois heures que nous déambulons de lieu en lieu.

Le périple s'arrête autour de la marmite de vin chaud accompagnée de quelques toasts, sous la grange. Convivialité restera le maître mot de cette soirée hors du temps. Il est maintenant temps de regagner nos lits.  

Célian Ramis

Furie / Monogrenade / Au Revoir Simone : un combo envoûtant et hypnotisant

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Antipode, Rennes
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Samedi 8 novembre, le groupe rennais Furie montait sur la scène de l’Antipode et partageait l’affiche avec les canadiens de Monogrenade et les new-yorkaises du trio Au Revoir Simone.
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Samedi 8 novembre, le groupe rennais Furie montait sur la scène de l’Antipode et partageait l’affiche avec les canadiens de Monogrenade et les new-yorkaises du trio Au Revoir Simone.

INSTANT ENVOÛTANT

En mars dernier, lors de la carte blanche à Laëtitia Shériff dans le cadre des Embellies, c’est au Jardin Moderne que l’on découvrait le nouveau projet d’Astrid Radigue (Mermonte, LadyJane, Soulful Singers). Après 4 ans de réflexion autour d’une nouvelle formation, Furie s’éveille et happe le public par sa pop mélodieuse, la douceur de ses comptines musicales et son harmonieuse mélancolie. Huit mois ont passé et Furie revient sur la scène rennaise, celle de l’Antipode cette fois-ci, avec un projet délicieusement abouti.

Déjà séduits au début de l’année par l’originalité de la proposition, il n’aura pas fallu attendre plusieurs chansons pour être véritablement conquis en ce samedi 8 novembre. La prestation semblant emprunter des chemins plus rock sur ce set n’en est que meilleure. D’entrée de jeu, Astrid Radigue, entourée de Florian Jamelot, Jérôme Bessout et Pierre Marais, capte l’attention de son auditoire, envoûté par la pureté du chant et des mélodies qui mêlent guitares, batterie, clavier et percussions. Les quatre musiciens nous emportent dans un univers singulier à l’énergie enchanteresse, dans lequel s’entrecroisent légèreté et noirceur poétique. C’est un instant exquis que l’on savoure ce soir-là et on espère voir la Furie déployer ses ailes infernales encore et encore.

INSTANT HYPNOTISANT

C’est ensuite au tour des québécois de Monogrenade de monter sur scène. Le groupe traverse l’Atlantique et arpente les routes de France pour présenter son deuxième album, Composite. Six musiciens, trois femmes et trois hommes, s’installent en ligne sur le devant de l’estrade, prêts à nous transporter dans les ambiances vertigineuses qui leur sont propres depuis la sortie de Tantale, en 2012. Éclairés par des lumières sombres et chaudes, ils entament un math rock sensuel qui nous emmène dans une ambiance intimiste, laquelle nous enivre d’une chaleur apaisante.

Si les parties chantées, en français, nous rappellent à certains moments les phrasés de François and the Atlas Mountain (ce qui n’est pas pour nous déplaire), les parties instrumentales nous ramènent à l’instant présent. Un instant hypnotisant qui nous fige dans l’espace et le temps. Les rythmes effrénés des violons, accompagnés par le violoncelle, exercent un contrepoids à notre douce somnolence, apportant rapidité et mouvement.

INSTANT COLORÉ

Le voyage au sein de la pop aérienne se poursuit à l’Antipode, avec une escale à New-York (Brooklyn précisément) où nous retrouvons le trio exclusivement féminin de Au Revoir Simone. Venues présenter leur dernier album en date, sorti à l’automne 2013, Move in Spectrums, les trois musiciennes s’installent chacune devant leurs claviers aux airs rétro et électrisent d’entrée de jeu les spectateurs/trices. C’est dans un monde coloré aux mélodies pop et rondes que nous transportent les trois nymphes des villes, qui viennent d’enchainer quatre soirs à l’Olympia de Paris, en première partie d’Etienne Daho avec qui elles ont collaboré.

Les chansons sont entrainantes, les notes des claviers claquent et l’aspect synthético-girly s’ajoute à un ensemble parfaitement maitrisé et enjoué. Si on regrette la mélancolie et la fragilité qui se dégageaient – et que l’on adorait – des chansons des albums antérieurs, on aime toujours autant l’énergie et la fraicheur de ce trio qui invite à un instant de partage et de dynamisme contagieux. Et quel bonheur quand elles entament « Crazy » et « Somebody who » ! On ne s’en lasse pas.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet 2014 : DelaDap, une tornade électro-swing

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Parc du Thabor, Rennes
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Les musiciens déjantés du groupe DelaDap proposaient, pour leur première scène en France, un concert dansant et débridé aux airs d’électro-swing pop.
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Jeudi 9 octobre, la soirée Crazy Swing Club accueillait les musiciens déjantés du groupe DelaDap, pour leur première scène en France, pour un concert dansant et débridé aux airs d’électro-swing pop.

On aurait pu les croiser sur la scène « Découverte » des Trans, mais c’est dans le cadre plus intime du Grand Soufflet que l’on a pu apprécier la proposition originale de DelaDap, une formation musicale détonante qui réunit autour du producteur tchèque Stani Vana plusieurs musiciens d’Europe centrale et des Balkans. Les diverses influences se croisent et s’entremêlent dans un son souvent jazzy, électro et pop. Mais DelaDap va plus loin, semblant s’écarter avec joie de toute contrainte et d’étiquette de genre.

Ce que le groupe propose, c’est de puiser dans les traditions roms, slaves et klezmer, en y ajoutant de l’électro tout droit venu des années 90. Pas besoin d’entendre plusieurs chansons, la sauce prend immédiatement et on se délecte de chaque instant d’énergie déployée par ces ovnis qui balancent leurs musiques, fruit d’un travail de 10 ans, comme si plus rien autour n’avait d’importance.

Ils nous emportent dans leur univers festif sans perdre de temps et créent un lien permanent avec le public pris dans le tourbillon DelaDap. Les sonorités empreintes aux musiques d’Europe de l’Est et de la Mitteleuropa communient parfaitement avec les notes électroniques de la console et l’intensité de la voix de la chanteuse.

Sous le chapiteau, ça fourmille, ça danse, ça bavarde. Les spectateurs installés timidement au départ sur les bancs des gradins descendent au fur et à mesure se mêler à la petite foule qui vacille joyeusement sur la piste.

Les danseurs de swing ont laissé la place aux sautillants festivaliers qui réclament toujours plus, satisfaits de chaque proposition. Les rythmiques et les refrains sont punchys et entrainants, entrent dans la tête pour n’en ressortir que quelques heures plus tard.

On retient « Listen up / This is DelaDap » pour son dynamisme et sa bonne humeur, hommage jovial au 10e anniversaire du groupe. Et sur la scène, les musiciens prennent plaisir à répondre aux attentes du public. L’accordéon se plie et se déplie à vive allure, la trompette résonne et la batterie s’impose…

Et à tout cela s’ajoute les compositions du DJ et le style disco-swing de la chanteuse pour un joyeux bordel maitrisé et manié à souhait. DelaDap réussit avec brio à imposer son style et nous invite à voyager sur les routes d’Europe et du temps. Les époques se côtoient et flirtent ensemble dans une parfaite symbiose. Du cash et du chaos, comme on aime.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet 2014 : Yéti fait son cabaret humoristique

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Parc du Thabor, Rennes
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Accordéon, flûte traversière, boucle de samples et légèreté naturelle... Yéti - Jetty Swart - convoque la bonne humeur sur la scène du Grand Soufflet.
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Mercredi 8 octobre, la joviale Jetty Swart – prononcer Yéti – se produisait sur la scène du Grand Soufflet, avec son accordéon, sa flûte traversière, sa boucle de samples et sa légèreté naturelle.

« Je suis née d’une mère hollandaise. On les reconnaît facilement, ce sont elles qui ramènent les sacs de patates ! » Le premier contact avec le public annonce la couleur. Proximité et second degré seront les maitres mots de cette fin d’après-midi pluvieuse.

Et quand au milieu de la chanson, elle oublie les paroles, la copine de Chloé Lacan le tourne en dérision et continue de chantonner en souriant : « Je ne sais plus ce que je chante à ce moment-là… Est-ce que quelqu’un l’a déjà entendue pour m’aider ? Ce serait super chouette mais c’est pas grave parce que la chanson continue ! »

Et le public ne manquera pas de la soutenir en fredonnant avec elle une série de « pom pom pom ». Jetty Swart, chanteuse et musicienne, oscille entre l’anglais et le français pour transporter les spectateurs dans un univers onirique, dans lequel se croisent comptines, histoires abracadabrantes, poésie et cabaret humoristique.

Celle qui a bien fait de quitter l’école d’arts graphiques pour se consacrer à la musique est pétillante, créative et inventive. Avec du beat-box enregistré en sample, elle transforme le chapiteau en cabane isolée au milieu de la forêt sous laquelle nous sommes abrités. On perçoit alors le son d’une goutte d’eau qui tombe lourdement sur les planches de bois. Et la magie opère, elle transforme « notre cafard en caviar » et sème la bonne humeur sur fond de temps maussade.

« On va danser ! Et si on danse, il faut quelque chose de plus spectaculaire ! », lance-t-elle en enlevant sa chemise en jean. Et en faisant tomber la veste, elle fait également tomber le masque. Si le second degré et son naturel taquin ne sont jamais très loin, et sont surtout nichés dans la Chanson du coq, « écrite pour les gars que j’ai rencontré à Montpellier », l’artiste hollandaise nous embarque à présent sous le ciel étoilé d’une nuit très noire.

Les rêves et les sentiments profonds sont surface et s’animent au son de l’accordéon et de sa voix qu’elle manie avec une facilité déconcertante. Indéniablement elle sait jouer avec les ambiances, les mots et les émotions. Passant d’une reprise délurée de Mickael Jackson avec un franc roulé de R à une chanson poignante empreinte de sonorités de l’est, elle fédère le public autour de son personnage et de sa proposition musicale. Et les festivaliers en redemandent encore et encore. Poussée par l’adrénaline, Yéti se laisse voguer et entame une dernière chanson en néerlandais pour conclure ce concert aux ambiances et influences éclectiques.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet 2014 : La rencontre swing du hula hoop et du burlesque

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Rennes
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Une Electro Swing Party placée sous le signe du swing, de l'effeuillage, du hula hoop et de l'accordéon... La formule est insolite, pas une réussite néanmoins.
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Samedi 4 octobre, le festival rennais d’accordéon proposait une formule originale lors d’une Electro Swing Party réunissant Edith Presley, sélecta rock, Maryll Abbas, accordéoniste, Candy Scream, performeuse burlesque et Anossens, reine du hula hoop.

Après un concert énergétisant avec Manouche, Etienne Grandjean, directeur artistique du festival, relevait le pari risqué d’une deuxième partie de soirée exclusivement féminine. Le risque ne provenant pas du sexe des protagonistes mais d’une production réalisée à distance et composée de quatre femmes d’univers différents.

La sauce aurait pu prendre si les talents avaient été mis davantage en avant. Les numéros s’enchainent avec une extrême rapidité, laissant les spectateurs-trices dans une grande confusion des genres. Pour autant, les danseurs et danseuses de lindy hop sont au rendez-vous et leurs mouvements effrénés, effectués aux rythmes des chansons de DelaDap, Chinese Man, Parov Stelar ou encore des Swingrowers, produisent des instants inattendus empreints d’énergie et de bonne humeur. Néanmoins, les performances de hula hoop et de burlesque charment le public à chaque brève apparition.

Anossens, agile professionnelle des cerceaux, nous emporte dans son univers onirique et coloré, tout comme son accessoire de prédilection, et nous laisse ce goût d'enfance qui nous marque l'esprit face à un numéro de cirque et de magie. De son côté, la danseuse aux courbes fines et divines, Candy Scream, exécute deux performances d'effeuillage empreints des profondeurs parfumées des revues de cabaret. Le burlesque ne laisse personne indifférent et on aime toujours autant y assister.

Plus tôt dans la journée, c'est à l’abri du mauvais temps que nous avions rencontré Anossens et Candy Scream, dans les coulisses du Grand Soufflet. interview.

YEGG : Vous offrez, à l’occasion de l’Electro Swing Party, deux performances originales. Racontez-nous comment vous avez découvert vos disciplines respectives, le hula hoop et le burlesque.

Anossens : C’est lors d’un concert avec des performeurs de hula hoop que je suis restée scotchée. J’ai eu le coup de foudre. J’étais alors dans l’informatique mais je m’intéressais déjà à la discipline, dans le sens du mouvement, de la détection du mouvement.

Candy Scream : Moi j’ai cherché sur Internet. J’étais dans une école de théâtre mais je rêvais de faire du cabaret. C’est là que j’ai découvert le Cabaret des Filles de joie. Je suis alors allée les voir sur scène puis j’ai pris des cours dans cette école pendant un ou deux ans. J’aimais le message que pouvait faire passer cette revue féministe et rock n’ roll.

L’an dernier, à l’occasion du spectacle Porte jarretelles et piano à bretelles, produit par Etienne Grandjean et présenté au Grand Soufflet 2013, nous interrogions les danseuses burlesque sur la vocation féministe de la revue. Elles soutenaient que ça n’était pas un genre féministe mais humaniste…

Candy Scream : Chaque fille a son engagement. On défend forcément quelque chose sur scène, on s’engage. Je trouve que c’est féministe dans le sens où on est des femmes, rien que des femmes, déjà. Et ensuite parce que le message que je veux faire passer est : Je suis comme je suis et vous allez m’accepter comme je suis.

Qu’est-ce qui vous anime dans votre pratique, Anossens ?

Anossens : Je peux pratiquer le hula hoop pendant des heures ! À ce moment-là, rien d’autre ne compte. J’aime être à fond dans quelque chose. On dompte des éléments. Avec la discipline aérienne par exemple (Anossens pratique également la pole dance), on dompte l’air. Il y aussi le feu que je manie. Et avec le cerceau, on ressent le sentiment d’un élément qui coule, ça rappelle l’eau, de manière symbolique évidemment.

Les performeuses burlesque multiplient parfois les compétences. Candy Scream, quelles sont les vôtres ?

Candy Scream : Je manie aussi le feu avec les torches, les bâtons de feu, les bollasses. Ça reste de l’ordre de l’accessoire. Avec le costume et les chaussures à talons ! Après, forcément il y a beaucoup de danse puisqu’on apprend à danser au cabaret. Même si l’effeuillage et le cabaret ont évidemment leurs propres codes. En fait, on peut tout faire, selon nos personnages.

Vous êtes réunies pour un soir avec Edith Presley, et Maryll Abbas, sur la scène du Grand Soufflet. Comment s’est déroulée la rencontre ?

Candy Scream : Je connaissais Porte Jarretelles et Piano à bretelles, j’ai des amies qui dansent dans ce spectacle. Etienne Grandjean m’a contacté, il m’avait vu au Cabaret des Filles de joie. Il m’a alors proposé de participer à cette soirée.

Anossens : Moi, il m’a contacté car il voulait impérativement du hula hoop. (Rires)

Pas facile de préparer un spectacle à plusieurs lorsque tous les membres sont à distance… Concrètement, comment avez-vous travaillé ?

Anossens : On a fait nos choix de musique parmi une sélection. On en a choisi 2 sur lesquelles on allait jouer. Avec Internet et le téléphone, on y arrive !

Candy Scream : J’ai été en contact à plusieurs reprises avec Etienne Grandjean. Il m’a donné pas mal de conseils pour occuper la scène et préparer mes numéros en fonction de la surface.

Interpréter vos numéros sur de l’électro swing était une contrainte pour vous ?

Anossens : Non car c’est une rythmique très intéressante, joyeuse. Ça me donne envie de bouger donc c’est très bien. Je peux reprendre exactement les mouvements que je travaille au quotidien, en les adaptant au rythme de la chanson.

Candy Scream : J’ai l’habitude de fréquenter les soirées électro de La Java à Paris. Mais c’est vrai que j’ai plus l’habitude du milieu rock. J’ai sélectionné deux playback de femmes. Car cela permet de décrisper le visage et donner de l’expression au personnage que j’incarne lors de mon numéro. Après c’est de l’effeuillage, c’est pas sorcier de se déshabiller !

(Anossens : Alors là je ne suis pas d’accord avec toi ! (Rires) Au contraire, je trouve ça très dur !)

Candy Scream : Concrètement, cela donne une entité au personnage. Et comme c’est une nana limite hystéro que j’interprète, ça correspond très bien ! (Rires)

Merci Anossens et Candy Scream.

Anossens et Candy Scream : Merci à vous.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet 2014 : Edith Presley, la sélecta rock prête à swinguer

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Rennes
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Parmi les talents programmés lors du Grand Soufflet 2014, la rennaise Edith Presley, djette rock et originale, qui sera entourée, le 4 octobre de l’accordéoniste Maryll Abbas, de la performeuse burlesque Candy Scream et de la reine du hula hoop Anossens.
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Swing et électro-swing sont convoqués à la nouvelle édition du Grand Soufflet, qui prend ses quartiers cette année dans le parc du thabor, du 2 au 11 octobre. Et parmi les talents programmés, la rennaise Edith Presley, djette rock et originale, qui sera entourée, le 4 octobre de l’accordéoniste Maryll Abbas, de la performeuse burlesque Candy Scream et de la reine du hula hoop Anossens. Une soirée Electro Swing Party qui ne laissera pas les spectateurs-trices indifférent-e-s. Et surtout pas la rockeuse. Portrait.

Il court, dans le milieu rock rennais, des bruits de couloir sur Edith Presley. La légende raconte qu’elle serait la fille du sosie d’Elvis à Fourqueux. Et que c’est en mettant de la musique dans sa baraque à frites qu’elle se serait faite repérer, en faisant danser les genoux de ses client-e-s. La vérité est toute autre et c’est à une table du Petit bar, place Sainte-Anne, qu’Edith Presley nous la raconte :

« En fait, ça remonte aux soirées chez mes potes. Je suis un peu une anarchiste, voire une fasciste, de la musique. Je voulais toujours choisir ce qu’on écoutait. Un jour, on m’a demandé de venir faire ma maligne au Bar’Hic, il y a environ 3 ans. Je ne faisais pas la fière… Mais en réalité c’était génial ! Je me suis laissée prendre au jeu depuis. »

Quelques mois plus tard, la djette figure dans la programmation des Bars en Trans et est alors repérée par Jean-Louis Brossard qui fait d’elle une résidente à l’Ubu et lui propose un Dj set lors de l’édition 2013 des Transmusicales.

Son personnage évolue et de fille de sosie, elle devient la petite sœur des Ramones, djette talons aiguilles et veste en cuir : « J’adore les chaussures et les fringues. Même si à l’Ubu, je suis dans ma petite cabine, j’aime être bien habillée et je peux me permettre de partir dans les extrêmes. Personne ne me juge et c’est génial. On peut donc allier les hauts talons, le bandeau dans les cheveux à la Rosie la riveteuse et toute la panoplie rock’n’roll ! »

ROCK, SOUL ET PIN-UP

Ici, pas de « Hey mister DJ » mais plutôt du « Don’t let me be misunderstood ». Car si on pourrait croire que ce sont les nanas de The Hole, L7, The Sound ou Le Tigre qui l’ont inspirées, c’est au contraire des « Madames » de la soul comme Nina Simone ou Aretha Franklin par exemple qui l’ont amenées à la musique. Elle aborde tout de même au détour de la conversation des grandes du rock et du punk comme la chanteuse, Nico, de Velvet Underground, Lydia Lunch – qui a enregistré avec Sonic Youth – ou encore Blondie (Debbie Harry).

« Ces musiciennes rock de The Hole ou L7, un peu « crades », je les écoute maintenant et j’aime bien. Mais à la base, j’aime les femmes plus élégantes. J’adore les pin-up, les années 50, toute cette période avec les rondeurs, l’absence de jugement et les femmes qui s’émancipent ! Il y en a quelques une encore à Rennes, je suis toujours en admiration… », explique-t-elle en rigolant. Ce qu’elle préfère, c’est jouer là où elle veut – le Mondo Bizarro étant presque sa 2e maison - et quand elle le veut. Elle aurait pu être intermittente et se consacrer à son activité de Dj. Mais elle ne s’y voyait pas :

« ça ne correspond pas à qui je suis. Là j’ai plus de temps pour la créativité, l’originalité. Je garde le plaisir et je profite des moments intenses. J’accepte ce que l’on me propose quand je trouve ça cool ».

Ainsi, elle a pu faire la première partie d’Aggrolites à Paris et des BB Brunes à Rennes. Pour elle, pas besoin de faire « des remix et du boum boum » pour faire danser et vibrer le public, les originaux suffisent. Qualifiée sélecta, elle ne produit ou ne remixe aucune chanson, elle passe les morceaux rock en l’état.

Et pour cela, elle encaisse les reproches et critiques de certains djs : « Aux Trans notamment, je m’en suis pris plein la gueule sur les réseaux sociaux, disant que je n’étais pas légitime. Je ne me suis jamais prise pour une DJ à proprement parler. Mais il y a les puristes, avec les vinyles et les autres. Moi je viens avec ma sélection et mon casque. »

Être femme dans ce milieu n’est pas tâche aisée et chacune doit se faire sa place. Elle cite notamment Katell Mixette, « plus orientée électro mais je l’admire beaucoup ». Un moral d’acier, un entourage solide, un apprentissage rapide de l’art de la discrétion, Edith Presley ne se démonte pas et continue à cultiver sa particularité et son amour de la musique. « Ce qui est passionnant dans cette discipline, c’est qu’il faut avoir une grande culture musicale. Et un morceau vous amène à un autre morceau, sans cesse. On découvre l’histoire de la chanson, l’histoire de la musique et on va sans arrêt plus loin », explique-t-elle, prise dans le sillage de sa passion qui l’embarque dans un tourbillon de challenges qui l’animent profondément.

SWING, ÉLECTRO ET ACCORDÉON

Et elle relèvera son prochain défi lors de la prochaine édition du festival Le Grand Soufflet, qui se déroule à Rennes du 2 au 11 octobre, principalement au parc du Thabor. Accordéon, électro et swing, la petite sœur des Ramones troquera-t-elle son perfecto contre une robe charleston ? Ce n’est pas dit. Mais ce qui est certain, c’est que la djette a bel et bien remonté ses manches pour dénicher des chansons hors de son répertoire habituel.

« Au départ, je devais intervenir seulement dans le teaser du festival », confie-t-elle. Mais Etienne Grandjean, directeur artistique, a vu plus grand et surfe sur le succès de sa production, présentée dans la capitale bretonne lors de l’édition précédente, « Porte-jarretelles et piano à bretelles ». Il convoque alors sur scène la performeuse burlesque du Cabaret des Filles de joie Candy Scream, la reine du hula hoop Anossens et l’accordéoniste Maryll Abbas pour une Electro Swing Party – le 4 octobre au Thabor.

Edith Presley proposera également un Dj set à Saint-Coulomb, le 11 octobre, lors de la soirée partagée avec le délirant Balluche de la Saugrenue. Des propositions originales auxquelles la rockeuse adhère avec fierté.

Célian Ramis

Slam Connexion : existe-t-il un slam au féminin ?

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.
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À l’occasion de la « Coupe de la Ligue Slam de France » – qui se déroulait du 15 au 18 mai dernier au Théâtre du Vieux St Etienne à Rennes, organisée par la Ligue Slam de France et l’association rennaise Slam Connexion – Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.

En 2006, le grand public a pu découvrir cet art oratoire auparavant presque mystérieux qu’est le slam, avec la sortie de l’album Midi 20 de Grand Corps Malade ; mais c’est également l’année de la création de l’association Slam Connexion à Rennes, première du genre à l’époque en Bretagne.

Poétique, humoristique voire politique, mise en musique ou non, seule ou à plusieurs, la pratique slam s’ouvre à tous, jeunes ou moins jeunes. Le but de l’association est justement d’ouvrir cet art au plus grand nombre comme l’explique Charlotte Bonnin : « Pour nous il s’agit à travers des ateliers d’écriture, de montrer comment utiliser cet outil à des fins d’expression libre, comme outil pédagogique alternatif, que ce soit vis-à-vis de structures scolaires comme de centres sociaux, d’associations, de maisons de retraites ou à la prison des femmes par exemple ».

Arrivées dans le milieu du slam un peu par hasard et par des portes différentes, elles ont cependant en commun la passion de l’écriture, d’abord slameuses puis engagées dans l’associatif ou l’inverse, Aurélia Décordé et Charlotte Bonnin affirment avoir « pris une claque » la première fois qu’elles ont assisté à une scène slam. « Ce qui m’a touché dans le slam c’est tout d’abord le côté scénique, la prestance des poètes. Il n’y a pas de vedettariat dans ce milieu, on brille le temps de déclamer son texte et on retourne s’asseoir dans le public. Mais c’est aussi le fait qu’on écrive un texte pour le dire, c’est extrêmement différent du monde de l’édition par exemple. Chaque soirée est différente, on passe toujours un bon moment, on fait toujours de belles découvertes ».

Dans le slam, pas de professionnel. On peut se faire un nom certes, mais tout dépendra d’un soir, d’une prestation, d’un tournoi. Quelques-uns sont cependant reconnus comme par exemple la slameuse Luciole, rennaise d’origine, qui a pu se faire connaître en posant ces textes sur de la musique, ce qu’on appelle le spoken word. Une slameuse reconnue c’est bien, mais retrouve-t-on beaucoup de femmes sur scène ?

« Dans le slam, il n’est pas question de sexe mais de parcours »

« Le slam est un milieu très masculin et cela ne vaut pas seulement pour Rennes et parfois la tendance s’inverse. Au début ici, c’était une fierté pour nous slameuses de se faire une petite place, mais disons que depuis une dizaine d’années les choses ont bien évolué. De ce constat nous avons décidé de former des équipes entièrement féminines », explique Aurélia Décordé.

Milieu masculin oui mais pas misogyne pour autant comme l’explique Charlotte Bonnin, « les garçons sont toujours heureux de découvrir une nouvelle slameuse, c’est toujours un peu la fête pour nous tous dans ce cas-là ». Pas réellement d’explication pour les deux jeunes femmes quant à la disproportion des sexes sur scène. Si il y a des équipes féminines en tournoi, beaucoup sont mixtes et très peu de slammasters (présentateurs/trices des soirées slam) sont des femmes.

« Je pense qu’il s’agit peut-être d’une question d’engagement. Beaucoup de femmes commencent par monter sur scène puis graviter dans le monde du slam pour peu à peu s’engager dans les associations à plus long terme. C’est très difficile à expliquer, disons peut-être que certaines d’entre nous sont moins compétitrices en tournoi que les hommes ».

Lors de la coupe au Théâtre du Vieux St Etienne, 30% environ des poètes étaient des femmes mais dans l’association Slam Connexion il est intéressant de noter que sur huit référents, cinq sont des femmes et les bénévoles également sont majoritairement des femmes. Qu’en est-il des textes, de la poésie ? Une femme slamera-t-elle de manière différente ? « Cela peut paraître cliché mais chez les hommes l’écriture va avoir tendance à être plus rapée alors que les femmes seront plus en prose, en douceur mais cela n’empêchera pas certaine d’y intégrer une certaine violence. Par contre, au niveau des thèmes, les garçons ne sont pas en reste quand il faut parler d’amour ».

Le slam semble ainsi évoluer avec son temps, pratique peu connue au début des années 2000, elle se démocratise petit à petit et diffuse une nouvelle forme d’expression chez les femmes comme chez les hommes, les adultes comme les enfants, les artistes comme les novices. Le but étant de se lâcher, de faire sortir notre colère, notre joie, nos sentiments, bientôt un slam comme outil de militantisme pour les femmes ?

Célian Ramis

YEGG fait sa Biennale de l'égalité : Girl power contemporain (3/5)

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Le girl power s'impose sur la scène de la Biennale de l'égalité avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les soeurs Bervas.
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Conférences, tables-rondes, ateliers, spectacles composaient la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, au Palais des congrès de Lorient, vendredi 16 mai. Le soir venu, à quelques mètres de là, c’est dans le parc que les femmes ont continué de s’exprimer. Par la chanson et la musique cette fois, avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les Sœurs Bervas.

Vendredi, à 20h30, le parc Jules Ferry respire le calme et la tranquillité. Pourtant, les voix puissantes des membres de The Boxettes percent cette fausse quiétude. Celles qui se sont produit le 20 mars dernier, à Rennes, sur la scène de l’Antipode sont de retour en terre bretonne pour environ une heure de beatbox détonnant, 100% féminin, pour notre plus grand plaisir.

Ces cinq londoniennes, alignées en toute simplicité et sobriété, font résonner leurs voix a cappella devant un public restreint, contre toute attente. Le groupe est composé de quatre vocalistes et beatboxeuses, Alyusha Chagrin, Kate Brown, Neo Joshua et Yvette Ribby-Williams, réunies autour de Bellatrix, première championne du monde de l’histoire du human beatbox.

Leurs chansons mêlent puissance, pureté vocale, harmonies mélodieuses et techniques impressionnantes de beatbox en mélangeant les genres musicaux qui oscillent entre r’n b, soul, hip hop et jazz. Engagé, le quintet expriment à travers leurs textes le girl power contemporain en chantant la force détenue par les femmes. Et la démontrent également en formant un groupe uni au style percutant et original.

Leur concert soulève un vent d’énergie et apporte un souffle nouveau à la scène beatbox. La performance de Bellatrix ne peut passer inaperçue et ne cesse d’étonner et d’impressionner la gente masculine tant elle dévoile des capacités hors-normes. Vêtue d’une robe noire et d’une paire de baskets streetwear, la championne anglaise ne se contente pas de flirter avec les graves, elle produit avec sa voix – et semble le faire avec une aisance déstabilisante – des fréquences que la basse ne pourrait délivrer.

Elle se mesure alors à des techniques de dubstep et de drum and bass, délivrant ici une énergie enivrante qui incite le public à se rassembler devant la scène pour danser. The Boxettes alternent chansons originales et reprises – de Rudimental et Lorde – et même impro, en demandant aux spectateurs de leur donner 3 mots – freedom, peace et aller (to go) – pour en faire une chanson. Elles entrainent le public dans leur univers, grâce à leur présence scénique et leur générosité. Un groupe qui illustre à merveille le thème de la Biennale de l’égalité femmes-hommes.

Dans le clan Bervas

Il est 22h et des poussières – et des bières pour certains échauffés - lorsque le deuxième groupe monte sur scène. Une scène plus chargée que lors du tableau précédent puisque Les Sœurs Bervas sont accompagnées, elles, de plusieurs instruments. Trois musiciens soutiennent le duo féminin constitué d’Ann et de Gaëlle. Le changement d’ambiance est radical.

Du human beatbox diabolique, on passe à la chanson française teintée de musiques venues d’ailleurs. Une affiche séduisante également. Les deux complices proposent un univers « réalistico-féérique » aux allures de cabaret familial dans lequel on croise des personnages cabossés, des souvenirs douloureux et dans lequel on soulève des cailloux hantés par des secrets de famille. Logique quand on partage depuis toujours le même environnement familial. Au fil des chansons, Les Sœurs Bervas nous embarquent dans leurs vies réelles, imagées et imaginées, avec ferveur mais aussi avec douceur puisqu’elles chantent derrière chaque ligne des textes un thème central et universel, celui de l’amour.

Et si on avoue ne pas adhérer entièrement au style proposé - qui souligne quelques faiblesses en matière d’originalité dans le genre musical – il est à noter qu’elles ont l’art de faire danser les spectateurs et de les emmener dans leur monde déjanté et festif. Ces deux lorientaises s’arment de belles paroles pour naviguer contre vents et marées avec humour, émotion et gaieté contagieuse. Les Sœurs Bervas apportent une touche humaine de par leur sens de la théâtralité et de la scène.

Parfois cruelles, parfois fantasques et parfois à fleur de peau, elles mettent leur imagination et leur vision de la vie à nu avec élégance et même sensualité.

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