Célian Ramis

8 mars : Histoire(s) de femmes

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Le 8 mars symbolise la journée internationale des femmes. L'occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.
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Depuis 1977, les Nations Unies reconnaissent officiellement la Journée internationale de la Femme. Célébrée le 8 mars dans plusieurs pays du monde, elle s’étend généralement sur plusieurs semaines à travers des événements organisés en l’honneur des femmes. L’occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.

Lydie Porée et Patricia Godard ont décidé de faire revivre ce combat de grande ampleur à travers des visites guidées dans le Rennes féministe des années 70. « Nous étions toutes les deux militantes pour l’association Mix’Cité, créée en 2002 à Rennes. Et quand nous avons commencé, nous n’avions pas beaucoup d’informations sur cette partie de l’histoire… », explique Lydie.

Au fil des rencontres, des recherches dans les archives municipales et départementales, elles reconstituent et rassemblent les morceaux de cette époque. En montant l’association Histoire du féminisme à Rennes en 2012, les deux femmes ont décidé de mettre leur savoir au profit des curieux et curieuses, à travers une balade dans la capitale bretonne.

REVIVRE LE MOUVEMENT FÉMINISTE

Retour en arrière. Nous sommes dans les années 60. L’association Maternité heureuse existe depuis 4 ans à Paris et devient le Mouvement français pour le Planning Familial en 1960. Rennes accueille son antenne locale en 1965, rue Magenta, puis rue Thiers avant de s’installer au 9 place de Bretagne, en 1976. C’est à cet endroit que la visite guidée commence. Lydie plante le décor : « En 1920, une loi interdit l’avortement et l’information sur la contraception. La loi Neuwirth du 28 décembre 1967 vient abroger celle du début du siècle ».

La pilule est autorisée mais l’avortement, non. C’est à partir de là que la France va voir émerger le mouvement féministe : « Les femmes souffraient beaucoup des grossesses à répétition et voulaient avoir le choix ». En avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté à travers un manifeste publié dans le Nouvel Observateur. « Certaines célébrités comme Simone de Beauvoir ou Catherine Deneuve ont pris part à cette action, protégeant ainsi les autres femmes », explique Lydie. L’année suivante, se crée la section locale de l’association Choisir, composée d’un certain nombre d’étudiants en médecine en faveur du droit à l’avortement.

Ces militants iront à Grenoble apprendre la méthode Karman : l’introduction d’un tube dans le col de l’utérus et l’aspiration de l’embryon à l’aide d’une seringue. « C’était plus simple et moins dangereux que les pratiques des faiseuses d’ange qui utilisaient des aiguilles à tricoter par exemple », confie Lydie dans une petite impasse perpendiculaire à la rue Saint-Michel, à l’endroit où siégeait Choisir.

Soit l’intervention était pratiquée clandestinement dans un appartement, soit les femmes souhaitant avorter recevaient une aide pour se rendre en Angleterre ou en Hollande, là où l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) était déjà autorisée. Mais lorsqu’émerge le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC), en 1973, l’association Choisir disparaît, fatiguée par la lourdeur de sa mission.

En avril 1974, le MLAC, propose aux Rennais d’assister à la projection clandestine du film Histoires d’A, de Marielle Issartel et Charles Belmont, montrant un avortement selon la méthode Karman. Les Renseignements généraux sont présents mais n’interviendront pas. Ils laisseront même partir une militante avec les bobines. « À cette époque, le maire de Rennes Henri Fréville va voter pour la légalisation de l’avortement », précise Lydie Porée.

Et quelques mois plus tard, en janvier 1975, la loi Veil est promulguée, autorisant l’IVG. Pourtant, la lutte ne faiblit pas : « Elle était votée pour 5 ans et nous devions rester vigilantes », explique Brigitte Rocher, militante féministe, actuellement directrice du Planning Familial. Cette dernière, accompagnée du groupe L’Insoumise, ouvre un bar féministe mixte La Margelle, 9 rue Saint-Malo.

Nous sommes au début des années 80 et c’est ici que la visite s’arrête. « Nous proposons aux participants de venir prendre un verre pour prolonger les discussions », souligne la jeune militante d’aujourd’hui. Deux visites guidées sont organisées dans le cadre de la Journée internationale de la Femme, les 15 et 16 mars.

LES LUTTES ACTUELLES

Retour dans le présent. Quarante ans après la naissance du mouvement féministe, la lutte pour le droit des femmes est toujours d’actualité. Mais sous d’autres formes. Du 2 au 30 mars une série d’événements, sur le thème « Corps et identités », est organisée par la ville de Rennes. Pour Jocelyne Bougeard, adjointe au Maire, déléguée aux droits des femmes, il ne faut pas oublier que si la législation française est assez complète, il reste des lacunes : « la preuve avec la campagne de communication du Stade Rennais ».

Pas de mystère pour l’élue, nommée en janvier 2013 au Haut conseil de l’égalité entre les hommes et les femmes, il est primordial de privilégier la mixité et l’égalité professionnelle. « En tant que collectivité, nous sommes donneurs d’ordre. Nous nous devons de développer des actions avec des cycles de conférences, des campagnes de communication… », explique-t-elle.

Autre combat important : la prévention des violences sexuelles et sexistes. Un travail que réalise le Planning Familial 35. « Au delà de notre mission d’information, de consultation et d’orientation, nous travaillons en partenariat avec des réseaux comme le Centre d’Information sur le Droit des Femmes ou SOS Victimes par exemple », explique Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35, implanté à Rennes et à Saint-Malo.

HORS HEXAGONE

Au cours du mois de mars, la Maison Internationale de Rennes accueille et organise des événements en lien avec la Journée des Femmes, parmi lesquels deux conférences ont particulièrement attiré notre attention. Le 13 mars, l’association France Palestine Solidarité propose une rencontre avec Hamdan Zouhr, une femme palestinienne, qui viendra parler de son emprisonnement qui a duré 6 ans. Elle témoigne de la condition des prisonniers et de la situation à Ghaza, « prison à ciel ouvert », comme l’explique Ghania Boucekkine, vice-présidente de la MIR.

Deux jours plus tard, les regards seront tournés vers le Mali avec la présentation de l’ouvrage L’Afrique mutilée, en présence d’une des auteures, Nathalie M’Dela Mounier. Pour Ghania, il était essentiel de se centrer sur ce pays « mutilé géographiquement mais aussi au niveau de ses ressources et de ses structures. Sans oublier que les femmes qui vivent là-bas sont les premières victimes de la guerre. Elles sont violées, esclaves sexuelles… ».

Que l’on soit femmes des années 70, d’aujourd’hui, de France ou d’ailleurs, les luttes sont loin d’être terminées et égales.

Infos pratiques : Infos sur www.metropole.rennes.fr 

Pour les visites guidées, s’inscrire sur histoire.feminisme.rennes@gmail.com

Des années 70 à aujourd’hui, Brigitte Rocher n’a jamais cessé de s’investir dans la lutte pour le droit des femmes. Portrait d’une directrice qui prône la sexualité libre et heureuse, pour tous.

À cette époque, elle est étudiante et est déjà très impliquée dans le mouvement féministe, prenant part au com­bat dans différentes associa­tions locales comme le Groupe de femmes de La Paillette, puis plus tard L’Insoumise. « Nous étions très engagées pour la loi sur l’IVG qui n’existait pas avant janvier 1975 (loi Veil, ndrl). Et aussi sur la loi Neuwirth de décembre 1967, qui autorisait la contraception, mais dont les nombreux décrets ont joué sur la lenteur de son application », explique Brigitte Rocher.

Elle a environ 22-23 ans lorsqu’elle décide avec un groupe de mili­tantes de créer une Maison des femmes. Si le mouvement a déjà pris de l’ampleur, le pro­jet ne voit pas le jour, faute de subventions suffisantes. Néan­moins, elles n’en restent pas là et lancent le café La Margelle, 9 rue Saint Malo à Rennes. L’objectif était « d’ouvrir un lieu convivial pour les femmes mais aussi pour les hommes ». Un endroit dynamique dans lequel étaient organisés des soirées, des concerts, des lectures… Nous sommes alors en 1980. Un an plus tard, La Margelle ferme : « Certaines étaient enceintes, d’autres partaient à l’étranger… C’est normal, nous avions 25-26 ans ! Mais nous étions satisfaites de ce que nous avions créé ».

LE COMBAT CONTINUE

En parallèle, Brigitte Rocher était adhérente puis membre du Conseil d’administration au Mouvement Français du Plan­ning Familial, qui prendra en­suite le nom qu’on lui connaît actuellement. « Je participais à un groupe de travail organisé là-bas. J’étais très intéressée par la problématique de la santé », explique-t-elle. En effet, après ses études de sociologie, elle entre à l’École nationale de la Santé publique et reste dans ce milieu pendant plus de quinze ans en tant que chargée de mis­sion puis responsable de ser­vice à la Caisse primaire d’as­surance maladie.

À presque 50 ans, on lui propose le poste de directrice du Planning Familial 35. Dix ans plus tard, ce travail représente toujours pour elle un pas de plus dans cet engagement auquel elle tient : « C’est toujours un travail militant qui a du sens. Nous sommes là pour aider les hommes et les femmes à choisir leur famille. Cela rejoint le slo­gan des féministes dans les an­nées 70 : « Un enfant, si je veux, quand je veux ». En résumé, nous prônons la liberté sexuelle ».

Une liberté sexuelle qui signifie d’avoir le choix de sa grossesse grâce à une contraception rem­boursée (par la Sécurité sociale pour les adultes, gratuite pour les mineurs). Une avancée due à la lutte des femmes avant la loi de 1967, qui a perduré dans le temps. Brigitte Rocher se souvient qu’à cette pé­riode, « nombreux étaient les hommes et les femmes qui vivaient dans de grandes souf­frances parce qu’ils avaient déjà 6 ou 7 enfants et craignaient d’en avoir d’autres ! ».

Encore marquée par ces années, elle déplore aujourd’hui « le manque de militantisme, d’adhérents au Planning, de moyens financiers ». En Ille-et-Vilaine, seulement une centaine d’adhérents, dont les 26 salariés et les 20 membres du Conseil d’administration. Pourtant, elle ne lâche pas, voyant que certaines causes mé­ritent d’être défendues, « comme la lutte pour le mariage pour tous, à laquelle nous avons pris part ».

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Journée de la femme : actions, détermination
Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35

Célian Ramis

Solidarité sous les toits de Rennes

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À l’heure où se loger devient un problème majeur en France, l’hébergement solidaire semble apporter une aide temporaire aux personnes en difficultés.
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Chaque année, l’Ille-et-Vilaine accueille près de 11 000 nouveaux habitants. A l’heure où se loger devient un problème majeur en France, nous nous sommes intéressés à l’hébergement solidaire, qui semble apporter une aide temporaire aux personnes en difficultés. Présentation de deux associations qui œuvrent dans la Capitale bretonne : Rennes Hébergement et Habitat et Humanisme 35. 

Lors de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, les 10 et 11 décembre 2012, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a présenté les axes principaux du plan pluriannuel contre la pauvreté. Un plan adopté le 22 janvier 2013 par le Comité interministériel contre les exclusions.

Parmi les points importants, l’hébergement, avec la création de 4000 places pour les situations d’urgence et la mise en œuvre d’une garantie universelle des risques locatifs, pour les travailleurs précaires et les jeunes. Mais à quoi peut-on prétendre pour se loger temporairement à moindre coût ?

UNE COLOCATION PARTICULIÈRE

Rennes Hébergement répond à un besoin précis : trouver un logement rapidement pour une courte durée. Depuis 2003, Françoise Koné et Sandra Blandin proposent des séjours temporaires chez l’habitant, à Rennes et aux alentours. « L’objectif est de permettre aux personnes ayant peu de ressources financières, comme celles en situation de précarité, des étudiants qui payent un double loyer en venant suivre une formation de quelques semaines à Rennes ou des jeunes informés d’une mission en intérim du jour au lendemain, de trouver une solution pour la nuit », explique Françoise, la coordinatrice de l’association.

Le principe est simple : la personne concernée remplit un formulaire sur le site en expliquant son projet et la durée souhaitée. Elle va ensuite être mise en contact avec un propriétaire adhérent au réseau. Elle bénéficiera alors d’une chambre de minimum 9m2 ainsi que des lieux de vie commune ainsi que d’un petit-déjeuner pour 18 euros par nuit. Une cotisation annuelle, à hauteur de 10 euros, est demandée au locataire, 15 euros au propriétaire, qui, lui, paiera aussi un droit d’entrée de 25 euros.

« Si on fait une moyenne générale sur l’ensemble de l’année, les hébergés restent 8 nuitées par mois. Nous sommes là pour répondre à des besoins extrêmement flexibles »
explique la coordinatrice.

Fabienne, qui fait partie des 130 hébergeurs de l’association, est propriétaire d’une maison de 160m2, composée de 4 chambres individuelles et d’un jardin : « Je peux accueillir plusieurs personnes, et c’est ce que je fais depuis 2006 avec cette association. C’est un avantage pour moi car toute seule, j’aurais du mal à payer les charges. Les revenus dûs grâce à la location me permettent de ne pas avoir d’ennuis financiers. Mais au-delà de cet aspect, c’est une véritable expérience de partage ! »

Plus de 450 demandes pour bénéficier de cette alternative, qui s’approche légèrement de la colocation inter-générationnelle, sont enregistrées chaque année. Si certaines n’aboutissent pas toujours, peu de conditions sont exigées. « On discute avec les propriétaires afin de déterminer leurs attentes et leur faire des propositions adéquates. Il est rare qu’ils aient des contraintes. Parfois, dans les cas de divorce par exemple, il arrive que des femmes ne veuillent pas accueillir d’hommes », explique Francoise Koné. Les locataires sont souvent des jeunes. En effet, les moins de 30 ans représentent 45% des hébergés.

Le réseau d’hébergement chez l’habitant n’est pas l’unique activité de Rennes Hébergement qui propose aussi d’accueillir des personnes en situation urgente dans la résidence sociale, Les Ajoncs, située rue Gaston Tardif à Rennes. Six appartements, en théorie, huit dans la réalité, sont gérés par l’association, financée en partie par Rennes Métropole, la Ville, la CAF ou encore le Conseil général 35. « Cette résidence est un sas pour les personnes en difficultés, pour une durée de six mois, qui n’ont pas encore pu accéder à un logement social en priorité », précise la coordinatrice. Un accompagnement, avec le Centre communal d’action sociale, des travailleurs sociaux ou des associations partenaires, peut être mis en place sur demande du résident.

SOUS-LOCATION SOLIDAIRE

Il y a 25 ans, le père Bernard Devert créait la fédération nationale Habitat et Humanisme, qui regroupe aujourd’hui 54 associations. Depuis 10 ans, une antenne départementale existe en Ille-et-Vilaine. Philippe Boquien, qui en est le président, explique : « Le principe général est d’essayer de s’attaquer au problème du mal logement, à la suite de l’appel de la Fondation Abbé Pierre ». C’est aussi d’apporter une solution complémentaire au dispositif proposé par Rennes Métropole et les Agences immobilières à caractère social :

« Ce dispositif est assez efficace dans l’ensemble et assez complet pour l’hébergement social. Mais, même si la situation est moins tendue que dans d’autres villes, nous sommes là pour élargir cette offre. »

Concrétement, Habitat et Humanisme loue un bail aux propriétaires qui propose un bail de 3, 6 ou 9 ans. Quelques conditions sont exigées : « Il faut qu’ils connaissent l’association et en partagent les valeurs et que les logements soient situés dans des quartiers qui favorisent la mixité sociale ». Et côté financier, ils devront aligner le loyer sur les loyers sociaux pratiqués par la Ville, « soit environ 6 euros le m2 pour Rennes ».

Les propriétaires doivent bien évidemment présenter un hébergement propre et en bon état. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, effectuer des travaux de réhabilitation et de rénovation en constituant un dossier auprès de l’Agence nationale de l’habitat qui pourra les aider financièrement : « Nous pouvons les aider à remplir les papiers ».

Pour les personnes souhaitant bénéficier des appartements, l’association demande à ce qu’elles soient en attente d’une place en HLM. Quand elles accèdent à une location, elles signent une Convention d’occupation temporaire à durée déterminée, renouvelable selon les besoins. « On peut prolonger le contrat mais il faut bien penser que c’est un passage temporaire, qui n’a pas vocation à s’éterniser », insiste le Président d’Habitat et Humanisme 35.

ENTRE LE FOYER ET LE LOGEMENT "ORDINAIRE"

Une pension de famille, située rue Papu à Rennes, est gérée par Habitat et Humanisme et dispose de 18 logements individuels. « Elle est accessible aux personnes qui bénéficient des minimas sociaux, qui ont souvent un parcours un peu lourd, qui nous sont orientées par la Commission locale de l’habitat », explique Philippe Boquien. Aucune place n’étant actuellement disponible, les candidats sont placés sur liste d’attente et doivent passer un « entretien » pour démontrer sa motivation et son projet.

« Nous examinons très sérieusement les demandes de chaque personne car nous souhaitons préserver un équilibre entre les hommes, qui sont plus nombreux à connaître des situations difficiles, et les femmes. Aussi, nous prêtons attention aux difficultés rencontrées par les uns et les autres pour ne pas additionner les problèmes mais au contraire anticiper sur la vie sociale future », nous dit-il. Chaque bénéficiaire accède à un habitat d’environ 25m2 avec une chambre, une salle de bain et une cuisine.

En fonction de la superficie, le loyer peut changer mais il s’élève en moyenne à 430 euros. « On reçoit le montant qu’il reste une fois qu’ils ont perçues leurs aides, que ce soit la CAF, les allocations, le RSA ou des pensions. Pour certains, cela couvre 80% du loyer », commente Philippe.

Au rez-de-chaussée, des parties communes sont faites pour organiser des animations collectives. Le but est de créer du lien social « en proposant des repas, des sorties, des ateliers. Intégrer la pension de famille permet de retrouver la capacité à se prendre en main. C’est un sas entre le foyer et le logement « ordinaire » ». À l’inverse des logements loués par Convention d’occupation temporaire, les résidents n’ont pas de contrainte de durée de séjour. « Certains sont capables de partir au bout d’un an, et ça c’est positif ! », conclut Philippe Boquien.

Retrouver les infos pratiques à la fin de ce focus.

Fabienne*, propriétaire adhérente de Rennes Hébergement depuis 2006.

« Des amis m’ont parlé de Rennes Hébergement, ça m’a donné envie de participer. J’ai donc contacté l’association pour m’engager là-dedans. Ma maison, avec le jardin, fait 160m2, on a largement la place de vivre à trois ou à quatre sans se marcher dessus. C’est formidable ce que cette expérience apporte : l’échange avec les autres, le partage !

Je découvre plein de cultures différentes car je loge des étrangers qui viennent pour travailler ou étudier. Libanais, algériens, allemands, grecs, indonésiens, vietnamiens… et j’en passe ! Chaque semaine on essaye de se faire un repas pour être ensemble et discuter. On noue des liens très forts. Par exemple, cette année, je pars en Indonésie dans la famille d’une des locataires. Alors tant que je pourrais faire ça, je le ferais ! »

Cyndie, locataire adhérente de Rennes Hébergement pour la première fois.

« Depuis octobre dernier, je suis une formation en cuisine au lycée Louis Guilloux, à Rennes, pour réaliser mon projet : ouvrir une crêperie. J’ai cours quatre jours par semaine, je dors donc trois nuits par semaine dans le logement proposé par l’association. Ensuite, je rentre chez moi à Morlaix retrouver mon mari et mes deux filles. Le dispositif est pratique et efficace, j’ai été logée en une semaine ! Puis, j’ai dû changer de logement, c’était prévu.

On m’a tout de suite attribué un autre endroit, dans lequel je vais rester jusqu’à début juin. La cohabitation se passe bien, je suis assez discrète, je passe du temps dans ma chambre mais on discute le soir et je me sens comme à la maison. Beaucoup plus tranquille qu’à l’auberge de jeunesse ou à l’hôtel. Et moins cher. »

* La personne souhaitant garder l’anonymat, le prénom a été modifié.

Du côté des structures plus connues du grand public, les solutions se multiplient pour répondre au problème du mal-logement. Coup d’oeil sur les aides apportées par Rennes Métropole, Un Toit c’est un droit et la CAF.

Rennes Métropole : Chaque année, la métropole consacre environ 40 millions d’euros à l’habitat, dont une grande partie destinée à la réhabilitation du parc immobilier ancien. Dans l’agglo, c’est près de 44 000 logements qui sont destinés aux plus précaires. Et les pouvoirs publics se fixent un objectif de 1000 toits supplémentaires construits par an. Des solutions qui répondent à un constat : pour Gilles Dreuslin, responsable du pôle dispositifs de solidarité à Rennes Métropole, “il y a une paupérisation et une hausse des demandes” (1200 en 2010, 1800 en 2012).

Pour faire face à cet engorgement, deux fillières ont été mises en place: le droit commun et le relogement social prioritaire. Si la première établit une liste d’attente pour l’accès au logement, la deuxième, elle, donne la priorité aux situations d’urgence comme par exemple une famille monoparentale vivant des minima sociaux, soit près de 30% des dossiers.

Service habitat social : 02 23 62 16 30

metropole.rennes.fr

 

Un toit c’est un droit : L’association “Un toit c’est un droit”, née en décembre à la suite d’une scission avec Droit au logement 35 met l’accent sur les situations critiques. À travers des actions parfois controversées, comme par exemple les réquisitions de bâtiments publics, le collectif entend proposer des solutions plus durables que le 115, numéro d’urgence sociale géré par la préfecture. Les “gros squats” sont, selon Carole Bohanne, membre fondatrice du mouvement, un moyen de “rendre visible la précarité de certaines personnes”, et dans un premier temps, de “mettre les gens à l’abri”, leur première vocation.

Ils permettent aussi de se poser environ 6 mois, ce qui est énorme pour eux!”, ajoute Carole Bohanne. Autre solution : la solidarité. Grâce à un réseau établit dans tout le département, des propriétaires en lien avec l’association proposent aux sans domicile un accueil gracieux dans des gîtes ruraux pour quelques semaines.

untoitundroit35.blogspot.fr

 

Caisse d’allocations familiales (CAF): La CAF propose comme, son nom l’indique, différentes aides financières dont l’objec­tif est d’apporter un soutien au règlement du loyer. Tradi­tionnellement appelée «APL», l’aide personnalisée au loge­ment n’est en réalité qu’une des trois allocations proposées par la CAF. En effet, cette alloc est réservée aux locataires de logements conventionnés (la convention étant passée entre l’État et le propriétaire). La deu­xième ressource proposée est l’Allocation au logement familial qui prend en compte le nombre d’enfants à charge par le foyer.

Enfin, la dernière mouture bien connue des rennais : l’Allocation logement social (ALS). Réservée aux personnes seules et aux étudiants, l’ALS représentait, à Rennes, plus de 21000 dossiers au 31 décembre 2011, soit près du tiers des demandes propres à la capitale bretonne. L’attri­bution des aides par la CAF dépend du revenu ou encore de la surface du logement.

0 810 25 35 10

www.35.caf.fr

Propriétaires : les règles à respecter

 • Pour intégrer Rennes Hébergement, il suffit de contacter l’association via le site ou par téléphone. Le locataire doit pouvoir disposer d’une chambre, seul, d’une surface de minimum 9m2. Une visite des lieux sera obligatoire. Vous signez un engagement, après lecture de la charte qualité, et payez la somme de 25 euros de droits d’entrée, plus une cotisation annuelle de 15 euros. Sur les 18 euros payées par le locataire, par nuitées, vous reversez 1,50 euro à Rennes Hébergement par nuits réservées et 35 centimes au Trésor Public, selon un calendrier tenu par Rennes Métropole.

• Pour intégrer Habitat et Humanisme, il est impératif de connaître l’association et d’en partager les valeurs de partage et de solidarité. Il faut aussi accepter d’aligner le loyer sur les loyers sociaux pratiqués sur la ville de Rennes. L’appartement qui est mis en location doit être bien isolé et en bon état. Une fois votre proposition acceptée, Habitat et Humanisme signe un bail de 3, 6 ou 9 ans, à votre choix. Vous pouvez contacter Habitat et Humanisme en Ille-et-Vilaine par téléphone ou par mail.

 

Locataires : les conditions d’accès au logement

• Pour bénéficier du réseau de Rennes Hébergement, une fiche est à télécharger sur le site et à retourner remplie, avec une description de votre projet. Le temps maximal de location de la chambre est de six mois renouvelables en accord avec le propriétaire et l’association. Vous vous engagez à adhérer à Rennes Hébergement à hauteur de 10 euros pour la cotisation annuelle et à payer 18 euros par nuitées à l’hébergeur directement. 

• Pour bénéficier d’un logement proposé par Habitat et Humanisme, il faut déjà avoir fait une demande d’hébergement en HLM ou en Agence immobière à caractère social et être en attente d’une réponse. Lorsque vous accédez à une location, vous signez une Convention d’occupation temporaire à durée déterminée, renouvelable selon vos besoins et votre situation. Le montant du loyer dépend ensuite de la superficie de l’appartement.

 

www.rennes-herbergement.fr, rennes.hebergement@no-log.org ou 02 99 14 49 68 – Permanences du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 sur rendez-vous et de 14h à 18h au 9 rue Gaston Tardif, 35 000 Rennes.

http://www.habitat-humanisme.org/ille-et-vilaine, ille-et-vilaine@habitat-humanisme.org ou 02 99 27 76 92 – Permanence le mardi de 14h à 17h au 6 rue de l’Hôtel Dieu, 35 000 Rennes.

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