Janvier 2015

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Laura Lamassourre
Text: 

« Ne vous inquiétez pas, ce sont des chansons, elles ne sont pas bien dangereuses, elles sont pires que ça », déclame la rappeuse au flow incisif, Billie Brelock, sur la scène du bar Le Backstage le 5 décembre dernier. L’artiste fait partie de la programmation des Bars en Trans qui se tiennent tous les ans en marge du festival des Trans Musicales au Parc expo de Rennes. Une programmation « off » de plus de 80 artistes qui nous ravie par sa féminité et son accessibilité dans la quinzaine de bars participants. Fredda, la marseillaise, nous parle d’amour avec sa voix suave à La Trinquette. Viennent ensuite les deux rimeuses Billie Brelock et Sianna, qui successivement, ont enflammé le public du Backstage. La première, originaire de Nanterre, rappe sur la société avec un humour parfois noir et nous laisse une sensation « douce – amer » de satisfaction. La seconde, la jeune Sianna de Beauvais, n’a que 19 ans et pourtant, accompagnée de Fanko sur scène, a réalisé un show joyeux et pêchu, semblant prendre la relève du hip hop français. Plusieurs artistes féminines parmi tant d’autres ont figuré dans cette programmation 2014 – on pourra citer Marie Flore ou la jolie Julia de Kid Francescoli – trop pour qu’on puisse parler de toutes, et c’est pour ça qu’on dit oui aux Bars en Trans !

Text: 

En décembre, le site de l’Obs publiait un article intitulé « Vers un « congé règles » ? Pourquoi pas mais il serait très difficile de l’appliquer », basé sur la préconisation d’un gynécologue londonien, Gedis Grudzinskas, soulignant la douleur ressentie par certaines femmes lors des menstruations. Il propose alors un congé allant de 1 à 3 jours pour celles qui souffrent de leurs règles, et qui se sentiraient alors « nulles », « pas fières de leur travail ». L’avocat Eric Rocheblave, spécialiste en droit du travail, décrypte cette idée afin de comprendre si elle serait applicable dans l’Hexagone. Il met alors en garde des abus qui pourraient en découler de la part de la gent féminine en général. Mais comment peut-on envisager même la probabilité de l’application d’une proposition aussi sotte ? Les femmes ne souffrent-elles pas suffisamment de discriminations au travail ? Imaginons un entretien d’embauche : l’employeur demanderait-il à la potentielle recrue si elle a des règles douloureuses et abondantes avant ou après lui avoir posé la question de sa situation amoureuse et du nombre d’enfants qu’elle souhaite avoir ? Quand les anglais débarquent, ça nous met décidément, sans clichés aucun évidemment, de mauvais poil…

Posts section: 
Title: 
Des bars et des nanas
Title: 
Congé ensanglanté
Summary: 
Lors de la dernière édition de Bars en Trans, les artistes féminines ont pris la parole et ont marqué les esprits. On adore.
Summary: 
Un gynécologue anglais propose un congé mensuel (menstruel même !) de 1 à 3 jours pour les femmes ayant des règles douloureuses. Ça va saigner, chéri...

Décembre 2014

Writers: 
Clara Potier
Writers: 
Morgane Soularue
Text: 

Le XXIème siècle sera féminin ou ne sera pas… Le recueil de 12 photoreportages Le Siècle des Femmes, édité par Les Arènes et 6Mois, tend à le prouver, avec grâce et profondeur. À l’origine du projet, Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef de 6Mois, explique ce qui a mené au choix des 12 histoires de femmes racontées ici. Elle rappelle ainsi que si « l’égalité entre femmes et hommes est inscrite dans les tablettes des Nations Unies depuis 1945 », ce n’est qu’en théorie, et que les victoires obtenues pour la cause des femmes ne concernent que l’Occident. Ailleurs, les femmes restent brimées. Elles sont pourtant au cœur des solutions à inventer face aux menaces qui pèsent sur le monde (sur-population, pauvreté, climat…etc.). Dans ce combat, les images sont  essentielles. Or, elles montrent la femme inévitablement jeune et jolie, s’éloignant toujours plus de la réalité. Ce livre les dévoilent telles qu’elles sont. Hessa, son tchador et ses talons aiguilles ; Filda l’Ougandaise, qui survit avec le poids de ses deuils ; Erika, la médecin qui aide les gens à mourir dignement ; les nouvelles concubines de l’Empire du Milieu ; les filles-mères de Naples ; les Walés et leurs corps nus recouverts de terre orange… La beauté brute qui émane de ces photos donne au quotidien ordinaire, et difficile de ces femmes, une dimension inattendue, puissante et touchante.

Text: 

Comme l’a rappelé lundi 24 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan, la femme n’est naturellement pas l’égale de l’homme. C’est donc pourquoi, dans notre société, à temps de travail égal dans le secteur privé, elle gagnera moins que la gent masculine. Elle touchera également une retraite moindre puisque ses trois grossesses l’auront empêchées de travailler efficacement. Normal donc qu’elle paye aussi plus cher dans les magasins. Women-Taxe, Taxe rose, Femini taxe, peu importe sa dénomination, la définition reste la même : brosses à dents, rasoirs, déodorants, les produits du quotidien pour femmes coûtent plus chers que les produits pour hommes… même lorsqu’ils sont identiques. Formulé par le collectif féministe « Georgette Sand », début septembre, ce constat a alerté le gouvernement qui a lancé le 3 novembre dernier une enquête pour « mesurer la réalité du phénomène ». On imagine déjà que, par souci d'égalité, les marques choisiront d'augmenter les prix au rayon homme. Pour notre part, on peut aussi choisir, par souci citoyen, d'y réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée dans ce type d'achat. Taxe rose, taxe bleu, qu'importe la couleur tant qu'il y a de la consommation. Pour 2015, nous, on passe au vert !

Posts section: 
Title: 
Saine lecture
Title: 
Merde à la taxe rose !
Summary: 
La beauté brute qui émane des photos du Siècle des femmes donne au quotidien ordinaire, et difficile de ces femmes, une dimension inattendue, puissante et touchante.
Summary: 
Women-Taxe, Taxe rose, Femini taxe, peu importe sa dénomination, la définition reste la même : les produits du quotidien pour femmes coûtent plus chers que les produits pour hommes… Ras-le-bol !

Novembre 2014

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Morgane Soularue
Text: 

Dans le cadre de La Réussite Éducative – mise en place par la loi de Cohésion Sociale de 2005 afin de créer un lien école-famille et d’aider les enfants en fragilité éducative, sociale et culturelle, au travers de parcours personnalisés – la Direction Éducation Enfance de la Ville a créé un abécédaire. L’idée ? Originale et bienveillante, elle repose sur la nécessité de décrypter l’école en brisant le barrage de la langue. Traduit en arabe, turc, russe et anglais, l’abécédaire contient 250 définitions de mots - choisis par un comité de pilotage de parents, d’enseignants, d’éducateurs - comme « assurance scolaire, cahier, cantine, conseil d’école, discipline, Éducation Nationale, gratuité, laïcité, liberté, maladie contagieuse, neutralité, obligation scolaire, pédagogie, poux, ponctualité, préau, punition, respect, rythme scolaire…». 6 000 seront distribués, avec un accompagnement pédagogique, début novembre par les directeurs d’école et dans les structures de quartiers au Blosne et à Villejean. « C’est une reconnaissance des cultures d’origine et nous sommes déjà sollicités par d’autres villes pour les aider à le mettre en place », confie Bertrand Gohier, coordinateur du projet. Et quel beau projet ! Disponible aussi en français et téléchargeable sur le site de la Ville.

Text: 

Mi-septembre, la SACD (Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatiques) publiait la 3e édition de la brochure « Où sont les femmes ? ». En partenariat avec H/F, le Laboratoire de l’égalité et Deuxième regard, ce livret révèle la sous-représentation des femmes dans les milieux culturels. Et l’égalité femmes-hommes n’a toujours pas de quoi se réjouir, la progression étant faible et lente. Si le rapport souligne des initiatives et mesures favorables à une évolution positive, les chiffres sont néanmoins symptomatiques d’un manque réel de prise de conscience : 0% des théâtres nationaux sont dirigés par des femmes. Côté musique, les compositrices ne représentent qu’1% au niveau national et 15% seulement des opéras sont mis en scène par des femmes. Dans le cinéma, on note une sensible augmentation du nombre de réalisatrices de long-métrage, représentant 23% (18,4% en 2008). Ridicule ! À Rennes, un seul élève enfile le bonnet d’âne : le TNB avec une représentation des femmes de 21% (mise en scène, chorégraphie et écriture), soit une baisse de 25% par rapport à 2013. Mais la structure est loin d’être la seule à se voir décerner le prix du scandaleux manque de conscience vis-à-vis de l’importance d’une parité entre les sexes. Malheureusement.

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Title: 
Combattre l'exclusion
Title: 
Lente progression
Summary: 
Début novembre, la Ville de Rennes distribuera des abécédaires de l'éducation, traduit en arabe, turc, russe et anglais.
Summary: 
Cette année encore, la Culture est pointée du doigt pour ses inégalités en matière de représentation femmes-hommes dans les différentes structures françaises.

Caliban et la sorcière - Silvia Federici

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Summary: 
Un ouvrage qui offre une nouvelle réflexion profonde sur l’histoire des discriminations basées sur le corps, la reproduction et la sexualité.
Text: 

« Dès le début du mouvement des femmes, les militantes et théoriciennes féministes ont perçu que le concept de « corps » était fondamental pour comprendre l’origine de la domination masculine et la construction de l’identité sociale féminine », établit Silvia Federici dans l’introduction de Caliban et la Sorcière, traduit de l’anglais en juin par le collectif Senonevevo, aux éditions Entremonde. L’enseignante (New-York), universitaire et militante féministe dite radicale convoque ici philosophes et grands penseurs de l’Histoire comme Foucault et Marx pour débuter un argumentaire avec lequel il est difficile de composer tant les concepts et théories s’accumulent. Pourtant, le discours et la démonstration sont passionnants. Elle revisite l’histoire du capitalisme depuis son origine sous l’angle de l’histoire des femmes et de la chasse aux sorcières, pour en comprendre la base de l’exploitation sociale et économique. Un ouvrage qui offre une nouvelle réflexion profonde sur l’histoire des discriminations basées sur le corps, la reproduction et la sexualité.

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Octobre 2014

Writers: 
Morgane Soularue
Writers: 
Marine Combe
Text: 

Le sexisme est latent ; dans la culture comme dans de nombreux domaines. Si on perçoit une évolution positive, l’égalité des sexes n’est pas encore partout au rendez-vous. Mais certains lieux de culture osent parler de celui dont on ne doit pas prononcer le nom : le genre. La MJC Bréquigny fait heureusement partie de ceux-là. « Hommes et/ou femmes, qu’est-ce que c’est que ce genre ? » se compose de plusieurs événements distillés tout au long de l’année. Parce que ce n’est pas un sujet que l’on ressort uniquement lors de la journée internationale des Femmes ! Les propositions sont intrigantes et alléchantes. Véronique Durupt, artiste bien connue de la MJC, interrogera la question du genre en lien avec le territoire à travers des ateliers dont les contenus seront restitués lors d’une exposition finale. Elle mettra également en scène l’histoire d’une libération, celle de la femme qui s’affranchit de son oppresseur. D’autres artistes aborderont la question du genre avec un monologue en un acte pour un transformiste, un cabaret autour de l’encyclopédie de la femme ou encore « Théâtre forum » et « Être sans son destin », ces deux dernières manifestations impliquant le lycée de Bréquigny. Parce qu’on le dit et on le répète : l’éducation à l’égalité, c’est pas que pour les prunes !

Text: 

Le scandale « Diane 35 » a-t-il éveillé la conscience de certaines femmes ? Une étude de l’Ined et l’Inserm montre que, depuis 2010, les Françaises rejettent la pilule contraceptive. Elle recule de 9 points chez les 15-49 ans (de 50 % à 41%). De révolution émancipatrice, elle devient source de gênes et de dangers. Car se bourrer d’hormones de synthèse, qui ébranlent le corps et ses rythmes naturels, est loin d’être anodin. Ainsi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à opter pour le stérilet en cuivre. Malheureusement, de nombreux gynécologues sont encore trop frileux et refusent la pose de ce contraceptif si la femme n’a pas eu d’enfant. Agaçant ! Plus grave encore, le recul de la pilule est aussi liée à la crise économique : les plus démunies ne pouvant plus avancer le prix de la consultation. Elles adoptent alors les méthodes naturelles (retrait, températures, Ogino et Billings…). Peu fiables, celles-ci haussent le risque de grossesse et donc les IVG, qui, en 2013, auraient crû de près de 5 % en un an. Inquiétant. On savait que les plus précaires ne soignaient plus leurs dents ni leurs yeux, voilà que les femmes se privent maintenant de contraception et de l’indispensable contrôle gynécologique, mettant leur santé en péril. Révoltant.

Posts section: 
Title: 
Femmes au programme
Title: 
Privées de contraception
Summary: 
Heureusement, certains lieux de culture osent parler de celui dont on ne doit pas prononcer le nom : le genre.
Summary: 
Le scandale « Diane 35 » aurait-il éveillé la conscience de certaines femmes ?

Septembre 2014

Writers: 
Morgane Soularue
Writers: 
Marine Combe
Text: 

La série 2.0 « Femmes contre Féminisme » est un vrai feuilleton digne d’un soap que l’on adore détester. Cet été, il a fallu être assidu-e-s pour suivre le bras de fer entre Women Against Feminism – tumblr né aux Etats-Unis il y a un an proposant aux femmes de poster des photos d’elles portant un panneau explicatif quant à leur rejet du féminisme – et Je n’ai pas besoin du féminisme (quoique) – tumblr francophone parodiant l’adversaire édité au début de l’été. « Je n’ai pas besoin du féminisme parce que tous les hommes ne sont pas des violeurs, je ne suis pas une victime, je ne suis pas oppressée, les hommes ont aussi des problèmes », poste une jeune américaine, le 20 août (ulcère en lisant ces lignes). En moyenne, elles ont entre 18 et 25 ans, mariées pour la plupart et mères de famille. Et l’amalgame entre féminisme et anti-hommes va bon train… La confusion d’une égalité déjà acquise aussi… On se ravit de la riposte estivale, digne parodie cinglante et cynique. « Je n’ai pas besoin du féminisme car j’adore me faire traiter de « pute » quand je porte une jupe », « Les femmes adorent que je gagne 25% de plus qu’elles. Elles trouvent ça viril. » Alors, bien évidemment on a ri de ce second degré. Mais à la fin de l’été, cette série a comme un goût amer et on se dit qu’on en a ras-le-bol et qu’on voudrait bien que certaines femmes réfléchissent davantage au sens des choses…

Text: 

Depuis 2010, les assistantes maternelles, ou asmat, peuvent créer des Maisons d’Assistantes Maternelles, dites MAM. Pour ne plus exercer seules chez elles et dissocier lieu de travail et lieu de vie. « Cela encourage les vocations chez les jeunes et donc crée de nouvelles places de garde », confie Stéphanie Batti, fondatrice de la MAM Poppins à la Courrouze. Mais le Conseil Général (CG) d’Ille-Et-Vilaine – qui octroie les agréments – semblerait ne pas l’entendre de cette oreille. « Ouvrir notre MAM a été long, pénible et très contraignant, il a fallu 2 ans et demi de bras de fer avec le CG qui n’a eu de cesse de nous mettre des bâtons dans les roues (CF. YEGG n°27, p.8) », confie Stéphanie qui aurait eu des échanges tendus et musclés avec la personne en charge des MAM au CG. Celle-ci lui aurait même envoyé les tracts de l’association « pas de bébé à la consigne »… D’autres asmat déclarent avoir récemment rencontré les mêmes difficultés à Janzé et à la Chapelle-des-Fougeretz. Les raisons de ce bras de fer ? Politiques peut-être. La loi émanant de la droite… C’est ce que pensent celles qui se sont frottées à la désapprobation farouche du CG. Quoi qu’il en soit, cette attitude est déplorable et navrante. Juger une loi mauvaise, c’est un droit, mais l’institution publique sort ici de son rôle si elle s’oppose ainsi aux asmat, et par là même à la création d’emplois et de places de garde. Minable.    

Posts section: 
Title: 
Femmes contre féminisme
Title: 
CG contre MAM
Summary: 
La série 2.0 « Femmes contre Féminisme » est un vrai feuilleton digne d’un soap que l’on adore détester.
Summary: 
Bras de fer entre les assistantes maternelles et le Conseil Général 35.

Mai 2014

Writers: 
Morgane Soularue
Writers: 
Marine Combe
Text: 

Le 12 avril dernier, le Forum Libé interrogeait l’avenir de la France à travers différents prismes, dont celui du féminisme. 2030 : un vent nouveau ? Pas de réponse. Pas de prise de risque pour les 4 intervenantes invitées, seulement des utopies idéalistes et légèrement Bisounours. De leur côté, Mathilde Joubaud – lycéenne à Saint-Martin en option Cinéma – et Paul Marques Duarte – étudiant en Arts du spectacle à Rennes 2 – ont décidé de prendre le contrepied de cette minauderie pour frapper un grand coup. Fin mars, ils diffusent sur Vimeo leur très court métrage Désirée, dont le synopsis, simple et efficace, se veut percutant. L’histoire d’une jeune fille, de 18 ans, qui se rend chez le médecin pour avorter et qui se retrouve face à un mur : « Pas violée, pas d’IVG », lui répond-il. Une réplique fracassante qui résonne dans l’actualité espagnole depuis décembre dernier, moment où le gouvernement de Mariano Rajoy a adopté la loi anti-IVG, restreignant l’avortement à deux cas seulement : viol ou danger pour la santé de la mère. À la manière de Lisa Azuelos ou Éléonore Pourriat, les deux jeunes rennais transposent une situation soi-disant irréaliste à notre quotidien pour créer un choc, une prise de conscience. Une bien belle initiative qui nous fait réaliser qu’aucun droit n’est jamais acquis. Désirée insuffle en nous un vent de militantisme et cristallise certaines horreurs qu’il est important de combattre pour préserver le futur de toutes les femmes. Plus d’infos sur yeggmag.fr – Droit à l’avortement : Désirée ou l’art du court-métrage rennais – 28 mars 2014.

Text: 

Alerté par le SDAS FO 35 sur l'absence d’un centre IVG à l’hôpital de Vitré, YEGG a enquêté. Face à la difficulté d’obtenir des réponses, le sujet s’est révélé sensible, voire brûlant. Si le Conseil Général a signé en 2012 une convention avec les hôpitaux et la CPAM pour une « la mise en œuvre de l’IVG médicamenteuse dans les centres de planification ou d’éducation familiale départementaux », celle-ci a depuis pris beaucoup de retard. Vincent Lavoué, gynécologue-obstétricien au CHU de Rennes, qui a formé la responsable du centre de Vitré, CPEF volontaire pour l’expérimentation, s’en étonne. Il décrit, en outre, la position du centre hospitalier : « Légalement le directeur ne peut pas obliger les gynécologues à pratiquer l’IVG, mais pour maintenir sa maternité, il a besoin d’eux. C’est la quadrature du cercle. Le cas se pose dans beaucoup de petites villes. À Vitré les choses sont en train de se régler, mais le problème va se poser à Redon ». Selon lui, le débat est plus large : « Nous dépendons d’administrations distinctes, les centres de planification du Conseil Général, les centres IVG de la Sécu, deux instances décisionnelles qui ne se parlent pas en Ille-et-Vilaine. Il y a un manque de lisibilité et de coordination des différents intervenants, alors qu’on devrait travailler ensemble, en bonne intelligence, pour une action construite et cohérente, comme dans le Morbihan ». La rédaction de YEGG ne manquera pas de revenir plus longuement sur ce sujet dans un prochain numéro. 

Posts section: 
Title: 
Un film désiré
Title: 
L'avortement : quel avenir ?
Summary: 
Et si l'avortement n'était pas légalisé en France ?
Summary: 
Manque de centre IVG dans le département = sujet sensible...

Mars 2014

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Marine Combe
Text: 

Jean-François Copé a de quoi trembler ! Lui qui s’inquiétait de la diffusion du livre Tous à poil à l’école… Il n’y a pas que les libraires du Nord qui se mettent à poil contre la censure. La révolution est en marche et elle se fait à poil, qu’on se le dise ! Que ce soit pour lutter contre des accusations injustifiées, pour accepter son propre corps ou encore bousculer le marketing, les femmes font tomber les fringues. En effet, on note la prolifération de sites Internet visant à mettre en lumière les corps féminins, pas plus vêtus que ne l’était Éve. Ainsi, The Nu Project propose divers et variés clichés de participantes volontaires pour poser nues à leurs domiciles. Né en 2005, le projet vise à photographier « des modèles non-professionnelles, avec un minimum de maquillage et pas de glamour ». Le tumblr Mon corps m’appartient prend aussi son élan. La créatrice invite les femmes à poster « une photo de vous, anonyme ou pas, visage apparent ou pas, corps dénudé ou pas ». Accompagnés de textes, les visuels cherchent à démontrer la beauté de tous les corps, ronds, petits, disproportionnés, abimés, oubliés, chéris, etc. Poilus également… Les poils comme arme de lutte et de buzz ! C’est le choix de la marque de prêt-à-porter américaine, American Apparel, qui début janvier créait la polémique en mettant en vitrine des mannequins aux poils pubiens très développés. De quoi hérisser les poils de Monsieur Copé et autres juges des bonnes conventions…

Text: 

En mai 2013, la loi Taubira autorisait les couples homosexuels à se marier. La Manif pour tous n’avait donc pas eu raison de cet engagement qu’avait pris le candidat Hollande, avant son élection. C’est du moins ce qu’on espérait. Mais il semblerait que les pressions soient trop fortes pour que le gouvernement puisse assumer entièrement ses positions. La question de la PMA – procréation médicalement assistée – avait d’abord été écartée du Mariage pour tous pour des raisons de confusion dans un débat qui s’annonçait déjà extrêmement houleux. La porte restée pourtant ouverte avec la possibilité pour les couples lesbiens d’avoir recours à la PMA à l’occasion de la loi sur la famille. Le 2 février 2014, la Manif pour tous réunit des milliers de manifestants dans les villes de France. Le lendemain, Manuel Valls, rapidement soutenu par Matignon, annonce que la PMA ne figurera pas dans le projet de loi et que le gouvernement rejettera les amendements des parlementaires. Depuis les réactions de gronde se font entendre, à très juste titre ! Madame Figaro publie sur son site une interview du professeur François Olivennes, gynécologue-obstétricien, qui explique le mépris de la France envers les techniques d’aide médicale à la procréation et qui regrette le manque d’informations autour des dons d’ovocytes – très faibles dans l’Hexagone – et Le Monde dresse un portrait de plusieurs couples de femmes homosexuelles qui se sont vues refuser, par le Parquet, l’adoption de l’enfant de leur conjointe pour « fraude à la loi ».

Posts section: 
Title: 
Toutes à poil(s) !
Title: 
Pas pour les homosexuelles
Summary: 
Enlevons tout, ne lâchons rien !
Summary: 
Mariage pour tous, ok. Enfants pour tous, quelle idée ?

Novembre 2013

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Morgane Soularue
Text: 

On a toutes un jour eu affaire à un dragueur de rue et à sa prose fleurie. Ces petites phrases qui sont inoffensives pour celui qui les balance, voire sonnent comme des compliments et qui sont en fait agressives et obscènes la plus part du temps. Car on ne croise pas que des poètes. L’humoriste Bérengère Krief s’est d’ailleurs spécialisée dans les meilleures phrases à répliquer. Une étudiante belge en a fait une vidéo qui pousse aujourd’hui les autorités d’Outre-Quiévrain à légiférer pour punir les harceleurs. Et Anaïs Bourdet, elle, a eu la très bonne idée de collecter ses perles du romantisme moderne dans un tumblr, appelé « Paye ta shnek ». Un petit bijou inédit, dont la lecture est un régal. On imagine très bien la tête et la dégaine de chaque auteur, pure jouissance ! Le succès est tel qu’elle en a tiré un livre et une exposition. Tout y passe, du plus classe au plus crasse. Et à Rennes nous avons de grands flatteurs. La preuve : « J’aimerais bien être à la place de ta selle de vélo ». Ou le très classe « Eh madame, tu viens réparer ma braguette ? Je l’ai cassée tellement t’es bandante ! ». Le romantique « Ton père est un voleur, il a volé les deux plus gros jambons pour les mettre à la place de tes cuisses »… Des figures de style entendues à Sainte Anne, République, Saint-Michel et Liberté… Pour celles qui veulent alimenter le tumblr, c’est par ici : http://payetashnek.tumblr.com/

Text: 

Le 23 octobre, le centre Alma à Rennes inaugurait son nouveau site, dont les travaux de rénovation ont été effectués sur 18 mois. Les 40 nouvelles enseignes ont agité la capitale bretonne semble-t-il. 45 000 personnes ont foulé les allées du centre commercial, dont 21 000 pour la soirée d’ouverture. Les twittos ont réagi à un tel record d’affluence. Pour Holden Caulfield, « les centres commerciaux sont le sommet de l’aculture et de l’incivisme ». Sans juger l’intérêt de la population pour les boutiques, il est malheureux, consternant même, de constater que cet événement réunisse autant de monde, à l’heure où les mouvements sociaux ont du mal à toucher les foules, où la crise financière sépare les individus et où les urnes sont boudées. Pire encore, 5 000 euros ont été offerts à Pauline, l’heureuse gagnante du jeu organisé par Alma pour amplifier de manière exponentielle sa promotion, qui disposait d’une heure pour les dépenser. Là ce sont les journalistes rennais qui se lâchent sur Twitter, à juste titre. Jacques Guyader, reporter sportif pour Ouest France, commente : « Quand la com’ fait faire n’importe quoi à n’importe qui. Débile et indécent ». Xavier Debontride, rédacteur en chef de Place Publique, se demande : « Suis-je le seul à être choqué par le coup de com d’Alma et le claquage des 5000 € en moins d’1h ? Vous avez dit conso responsable ? » Non Xavier, vous n’êtes vraiment pas le seul…

Posts section: 
Title: 
"Hey Mademoiselle..."
Title: 
Buzz commercial
Summary: 
Petites phrases inoffensives cherchent harceleur de rue...
Summary: 
Coup de com' au centre Alma, on ne dit pas chapeau bas...

Octobre 2013

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Laura Lamassourre
Text: 

« En partant d'une approche picturale et artistique, je souhaitais m'interroger en photographie sur qui sont les pèlerins d'Emmaüs des temps modernes ? », résume la photographe Élodie Guignard à propos de son exposition « Les Magnifiques », dont les clichés seront visibles jusqu'au 24 novembre dans l'escalier de la Bibliothèque des Champs Libres. Dans le cadre de la Journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre prochain, l'artiste, qui travaille et vit à Rennes, présente une série de dix-huit portraits d'hommes et de femmes de la communauté Emmaüs des Peupins dans les Deux-Sèvres. La jeune femme diplômée de l’École Nationale Supérieure de Photographie d'Arles les met en scène dans un cadre naturel, affublés de divers costumes, fourrures, chapeaux à plumes ou robes de mariées, dénichés dans les fripes de l'association, et leur donne derrière l'objectif, une grandeur insoupçonnée. Au-delà du simple coté esthétique de son travail, Élodie Guignard a su révéler un autre type de beauté à travers les sourires lumineux de personnalités qu'on oublierait parfois, en allant débusquer le futur vase qui trônera fièrement sur notre cheminée ou la chemise vintage qui fera pleurer d'envie notre entourage. Dans l'air du temps, ces portraits magnifient des corps, des visages parfois abîmés par la vie et révèlent des hommes et des femmes qui pourraient passer pour des artistes de cabarets parisiens. Le grotesque, la joie, la légèreté – qui manquent souvent dans l’art ces temps-ci, non ? – s’entremêlent à merveille.

Text: 

Depuis le 15 septembre dernier, et jusqu’au 31 décembre, le Musée des Beaux-Arts de Rennes appelle à la générosité publique pour finaliser l’acquisition de l’œuvre Saint Jude Thaddée, de Jusepe de Ribera. Soit 50 000 euros pour pallier à une « lacune criante dans l’ensemble des œuvres du XVIIe siècle : celle de l’école espagnole ». Pour cela, un Fonds de dotation a été mis en place. Le but : « favoriser l’essor et la pérennisation du mécénat de la structure culturelle ». Le mécénat, qui, nous dit-on dans un communiqué de presse à ce sujet « peut être l’affaire de tous », n’est pas nouveau dans l’art. Sans oublier l’effervescence autour des plateformes de financement participatif sur Internet. À la différence que, sur ces dernières, figurent des premiers projets nécessitant un coup de pouce à travers des sommes modestes, comparé aux 50 000 euros requis dans cette période charnière de septembre à décembre (impôts sur le revenu et impôts locaux). Que les Rennais soient invités à participer à l’acquisition d’une œuvre en échange de contreparties alléchantes, en soi, n’est pas scandaleux. Mais il flotte dans cette démarche une sorte d’indécence à requérir auprès de la population rennaise, bien que moins affectée par le chômage et la précarité que d’autres semble-t-il, toutefois affaiblie par la crise – à en croire les coupes budgétaires des institutions et les plans sociaux – une telle somme.

Posts section: 
Title: 
Magnifique misère
Title: 
Indécente culture
Summary: 
Dans l'air du temps, ces portraits magnifient des corps, des visages parfois abîmés par la vie.
Summary: 
Il flotte dans cette démarche une sorte d’indécence à requérir auprès de la population rennaise une telle somme.

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