Diplomatie - Volker Schlöndorff

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Un affrontement feutré qui ne lésinera pas sur la menace et la dimension du lendemain, l’après-guerre. Un cheminement mental séduisant et épique.
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Adapté de la pièce de Cyril Gely, Diplomatie ne réprime pas ses origines théâtrales. Un quasi huit clos au sein de l’Hôtel Meurisse, quartier général allemand d’où se dirigent les opérations du général Von Choltitz. Ce dernier ayant reçu l’ordre de raser Paris dans son ensemble. De l’apparition du consul suédois Nordling interprété par André Dussolier, va naître un dialogue de qualité et un duel rhétorique entre ce dernier et le général incarné par Niels Arestrup. Une partie d’échec qui démarre au petit matin du 24 août 1944. La force et l’expression du film résident en ce face à face de la dernière heure où ces hommes déterminés vont être juges du sort de millions de parisiens et du destin de la cité. Cité des arts qu’Adolf Hitler lui-même admirait plus que toute autre ville. Raison pour laquelle il n’aurait pas supporté qu’elle survive à la guerre alors que Berlin était en ruine. Une plaidoirie salvatrice pour le consul qui se heurte souvent à la droiture militaire du général. Arguments contre arguments, feintes et ripostes seront à la mesure de l’enjeu, tel un combat d’épée. Volker Schlöndorff brille par sa mise en scène de dialogues d’une très belle qualité, tout autant que le jeu de ces deux monstres du cinéma excellera dans l’art oratoire. Le fin doigté du diplomate contre le devoir et la majesté prussienne. Un affrontement feutré qui ne lésinera pas sur la menace et la dimension du lendemain, l’après-guerre. Un cheminement mental séduisant et épique.

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Jimmy's Hall - Ken Loach

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Ken Loach reste maître de la poésie humaniste autour d’une justice sociale revendiquée et appuyée par les combats de l’histoire.
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1932, Jimmy Gralton, irlandais de la province de Leitrim, revient vivre sur ses terres qu’il a dû fuir 10 ans plus tôt. Un exil forcé et politique à la suite de la guerre civile qui n’aura pas entamé les valeurs et le militantisme de l’homme. Il s’installe auprès de sa vieille mère dans la ferme familiale. Poussé par la jeunesse du comté et par l’ardeur de ses vieux amis, Jimmy va rouvrir le dancing. La structure remise en état et en activité, ses ennemis d’hier rejaillissent et c’est avec une sévère violence et une certaine impunité qu’ils mettront tout en œuvre pour détruire ce lieu unique. À travers quelques personnages affiliés au dancing, Ken Loach acte et incarne autant l’envie d’étudier et de discuter en toute liberté que de se divertir et danser dans cette époque ravagée par la crise. Ce cadre progressiste sera vécu comme un affront aux yeux des propriétaires terriens et de l’église qui ne voient pas d’un bon œil une alternative à la conduite à suivre pour cette jeunesse irlandaise. Un biopic finement mis en scène qui ne submerge pas le spectateur de détails historiques et qui recèle d’histoires de vie de ces hommes et femmes. Un récit inscrit dans un contexte de tensions sociales qui pour autant n’est pas dénué de romance et sentiments. Ken Loach reste maître de la poésie humaniste autour d’une justice sociale revendiquée et appuyée par les combats de l’histoire. Petits comme grands. Ici c’est l’histoire avec ce petit h qui nous émeut et nous affecte avec sensibilité.

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Chaleur humaine - Christine and the Queens

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Des textes et des mélodies mélancoliques, rythmées et langoureuses… la fraicheur musicale d’Héloïse Letissier rencontre la froideur de Christine.
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Après un EP remarqué, Héloïse Letissier offre à son public ce qu’il attendait depuis plusieurs mois : un premier album à la hauteur de toutes les espérances et surtout à la hauteur de son talent d’artiste complète, un statut qui lui a été sans chichis à l’unanimité. À travers la construction de Christine, son double androgyne et digne héritier-e de Mickael Jackson, la reine de la « freakpop » a imposé son style et signe ici un véritable ovni musical. Avec ses Queens, inspirée de sa rencontre avec des dragqueens lors d’une nuit londonienne, elle nous emmène dans un univers pop, raffiné, poétique et extravagant, jouant avec les codes du genre et de genre, avec des chansons comme « It » ou « Half ladies ». Des textes et des mélodies mélancoliques, rythmées et savoureusement langoureuses… la fraicheur musicale d’Héloïse Letissier rencontre la froideur de Christine and the Queens qui déferle dans une Chaleur humaine de 11 titres.

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Nikki Nack - Tune Yards

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Tune Yards chamboule à nouveau les rythmes, les styles et les cultures dans un joyeux bordel.
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Chez YEGG, on était sous le charme de Merill Garbus, alias Tune Yards, depuis son 2ème album, Whokill, et son passage à l'Ubu début 2012. Un orchestre cosmopolite à elle toute seule, explosif, coloré, complètement barré, l'expérience avait été intense et inoubliable. Deux ans après, Tune Yards chamboule à nouveau les rythmes, les styles et les cultures dans un joyeux bordel intitulé Nikki Nack. Funk, soul, jazz, tambours, rap,... La grande prêtresse de la déconstruction et du DIY livre un album impressionnant, parce qu'on n'est jamais perdu dans son labyrinthe psychédélique, on s'y sent chez soi et on plane sans avoir besoin de prendre de substances illicites...

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Sous les jupes des filles - Audrey Dana

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Si l’idée est simple - une sorte de mosaïque contemporaine et moderne de la féminité - ce qu’il en sort est nauséabond de clichés.
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Si l’idée est simple, réunir 11 femmes en faisant une sorte de mosaïque contemporaine et moderne de la féminité, ce qu’il en sort est nauséabond de clichés. Du très improbable kaléidoscope de la femme de la réalisatrice Audrey Dana en résulte une image superficielle et totalement hors de la réalité. Sous les jupes des filles s’emploie à énumérer les travers et faiblesses de tous ces personnages à travers des vies qui les opposent et qui, de part leur appartenance à la gente féminine, les rapprocheraient tout de même. On pourrait juger d’un sens de la comédie assez moyen et d’une mise en scène approximative mais ce qui visiblement échappe à l’auteure c’est que les femmes auront bien du mal à se reconnaître en ce bel assemblage de conditions bourgeoises. À peine le début de questionnement autour de et sur la femme sans jamais la moindre réflexion sur le sujet énoncé, pas même en digression. Qu’il en soit de la pression sociale d’être une mère, une femme dévouée, du monde du travail ou du plaisir sexuel, rien n’est abordé avec sérieux. Tout n’est que visibilité potache et légèreté insignifiante. Un probable éparpillement qui n’apportera pas la moindre once de contenu. Audrey Dana qui, on s’en doute bien, aura cherché à cerner la féminité à notre époque n’aura rien de très concret à proposer aux femmes qui vivent de vraies vies de femmes, loin de ces personnages traités incarnant de navrants archétypes. Le talent du casting aurait dû signer de bons moments de cinéma. Dommage!

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À coup sûr – Delphine de Vigan

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Un premier long métrage qui restera raté et incarnera sur pellicule un point de vue tristement monochrome.
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Emma, jeune et séduisante trentenaire est une fonceuse. Une éducation qui ne néglige pas la valeur de la compétition la poussera à toujours réussir ce qu’elle entreprend. Journaliste, elle est brillante et exécute méthodiquement dans sa vie le culte de la performance. À la suite d’un malentendu et une expérience malheureuse la jeune femme croit être une mauvaise affaire au lit. Obsédée par la réussite et déçue par cette révélation, Emma mettra tout en œuvre pour devenir le meilleur coup de Paris. Commencera dès lors pour l’héroïne un cycle d’études et travaux pratiques en accéléré autour du sexe, nous embarquant dans tout un tas de situations irréalistes plus souvent grotesques et absurdes que comiques. Le scénario comme prétexte, la réalisatrice nous fait croiser de multiples experts, connaisseurs et autres professeurs du sexe tous stéréotypés. Si le jeu des acteurs principaux, Laurence Arné et Eric Elmosnino, n’est pas mauvais, les dialogues sont plutôt convenus et souvent peu représentatifs des situations. On peinera donc à rire aux aventures chargées de catastrophes et lourdes de plans d’action et autres investigations. Pour l’écrivaine, Delphine de Vigan, le passage derrière la caméra comme réalisatrice pour son premier long métrage restera raté et incarnera sur pellicule un point de vue tristement monochrome.

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9m2 - Vanessa Cosnefroy avec Stéphane Delaunay

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Elle dit tout, les cachetons, les infréquentables, le froid, la laideur, les odeurs, les injures, l’absurdité du système qui l’a détruite et rendue violente.
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« Si son histoire ne pouvait avoir valeur d’exemple, elle illustrait la contre productivité du système carcéral (…) nul ne pourrait douter que la spirale dans laquelle Vanessa était entrée, la prison en était responsable », analyse Stéphane Delaunay dans 9m2, qu’il a co-écrit avec l’ex-détenue Vanessa Cosnefroy. Ce témoignage, d’une puissance rageuse, est celui d’une jeune femme incarcérée pour avoir escroqué des banques. 5 ans de prison dans 10 maisons d’arrêt. De Limoges à Nice en passant par Fresnes, Fleury, Les Baumettes…, le constat est le même partout : « Tu deviens un numéro d’écrou et un blaze (…) c’est le début du processus de perte d’identité, on te transforme en machine (…) le parfait détenu, en somme, est un zombie ». Vanessa ne se résigne pas, elle entre en rébellion, devient une autre, celle qu’on appelle 9-3. Violente, contre elle-même et les matons, elle est une « boule de nerfs ». Alors, elle enchaine mitard, internement d’office et isolement. Elle dit tout, les cachetons pour abrutir les détenu(e)s, la rencontre avec les infréquentables comme Monique Olivier la complice de Fourniret, le froid, la laideur, les odeurs, les injures, l’absurdité du système qui l’a détruite et rendue violente.

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Elle est partie (Madame la Fée) - Zil Selance

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Et certaines chansons nous restent en tête, nous incitant à en redemander et faire tourner l’EP en boucle.
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Dans la case des incasables, voici Zil Selance. Et c’est à ce titre que Zil se lance en 2011, sélectionnée par la ville de Rennes pour se produire lors de la fête de la musique. Elle joue ce soir-là avec un copain guitariste mais veut concrétiser son projet de groupe. Elle s’entoure alors de Christophe à la batterie, Bruno à la basse et Olivier au clavier. Un quatuor original : une indienne qui chante de l’électro pop sur Rennes avec 3 jeunes hommes de 50 ans. La rencontre du disco, de la pop et de l’électro sonne comme une évidence qui nous emporte dans un univers singulier, dans lequel musique rétro et musiques actuelles s’entremêlent. La jeune chanteuse, auteure-compositeure, signe des textes, en français, qui résonnent en nous et invitent à laisser voguer notre imagination. Et certaines chansons comme « Elle est partie » ou « Laisse que toi aller » nous restent en tête, nous incitant à en redemander, ou à défaut de faire tourner l’EP en boucle.

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24 jours - Alexandre Arcady

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Alexandre Arcady pose les fondements du crime qui, selon lui et cette famille française et républicaine, relève d'un crime antisémite.
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Tiré de l'histoire vraie de l'enlèvement et la séquestration d'Ilan Halimi, en 2006 en région parisienne, 24 Jours nous immerge avec passion, à travers les faits, au plus près de la douleur et du harcèlement vécus par la famille et tout particulièrement par la mère de la victime. Ceux que l'on appellera le "Gang des barbares" seront les tortionnaires et bourreaux d'Ilan. Il sera affamé et torturé pour être, au bout de 24 jours d'échec de négociations éreintantes, laissé pour mort dans les bois. Si le cinéaste consent à vouloir présenter cette femme et mère comme représentant LA figure maternelle, cette volonté peut être, au vu des faits, perçu comme complexe et ambiguë. En effet si Ruth Halimi est la maman d'un jeune comme les autres, tout le film choc vise à revisiter l'histoire à travers un polar dont l'issue dépend de l'identité juive du jeune homme. C'est en cela qu'Alexandre Arcady pose les fondements du crime qui, selon lui et cette famille française et républicaine, relève d'un crime antisémite. Si ce dernier reste incompris par l'opinion, l'est-il sur la base d'une bonne présentation des faits ? C'est bien LA question que soulève l'histoire de ce fait divers et non le film. Au-delà du récit, doit-on juger le crime comme antisémite - ce que les auteurs (livre & film) s'attèlent à démontrer - ou doit-on se forger bien malgré le propos une réelle opinion personnelle sur l'enlèvement et le terrible supplice de ce jeune français ?

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Nymphomaniac - Lars Von Trier

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C'est avec intelligence que le cinéaste distille l'équation du jugement et témoignage de son compteur et de son auditoire.
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Seligman est un vieux et charmant célibataire. Il découvre au fond d'une rue sombre un soir d'hiver une femme rouée de coups à demi consciente. Elle s'appelle Joe. Il la ramène chez lui, la soigne et de là va naître une longue discussion sur la vie de cette femme, de sa naissance jusqu'à ses 50 ans. Le parcours mouvementé se laissera volontiers compter par Joe qui s'auto diagnostique nymphomane. Dans ce premier volume, on découvre avec intensité les premiers pas de la sexualité d'une jeune fille obsédée très tôt par son sexe, le sexe et le chemin de la séduction et du plaisir. Immoral et parfois obscène, ce chemin de vie nous engloutit parfois sous les très crus détails visuels des innombrables rapports sexuels. Lars Von Trier nous plonge avec beaucoup de liberté au cœur de la tourmente de Joe qui n'a de cesse de canaliser ses émotions à travers ces multiples relations sexuelles. Le spectateur pourra se sentir brusqué par les enchaînements, entre la quiétude de la chambre de Seligman et le parcours érotique et malaise émotionnel de la jeune femme. Très loin de la grivoiserie, parfois inconvenant et scabreux, l'auteur cherche avec habilité à faire surgir la douleur de l'héroïne synthétisée autour du sexe. Un film qui ne choque pas mais intrigue sous la peau d'une alternative poésie référencée en littérature et musique classique. C'est avec intelligence que le cinéaste distille l'équation du jugement et témoignage de son compteur et de son auditoire.

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