Décembre 2013

Writers: 
Chloé Rébillard
Writers: 
Marine Combe
Text: 

Les réseaux sociaux sont emblématiques de notre société actuelle. Parfois controversés, stigmatisés, parfois adorés, adulés jusqu’à en rendre addict plus d’un. Facebook fait parti de ceux qui sont les plus critiqués à cause, entre autre, de la forte tendance des utilisateurs à partager les moindres détails de leur vie privée. Pourtant, certaines initiatives peuvent y naitre et rassembler une cyber-communauté. C’est le cas de Portraits de Rennes qui a vu le jour mi-novembre, sous la forme d’une page J’aime. Qui se cache derrière ? On ne sait pas. Et on s’en fout. L’intérêt ici est de découvrir des personnalités, Monsieur et Madame tout le monde, qui vivent dans la capitale bretonne. Si chaque description n’est pas forcément attrayante ou intéressante, la forme proposée et la spontanéité des réponses en revanche est plutôt distrayante et apporte de la nouveauté dans un paysage numérique routinier et morne. Une photo de la personne est postée avec les quelques lignes de texte, rendant vivante et réelle cette communauté de tous les jours, à laquelle on ne prête plus attention au quotidien. Cette nouvelle page attise la curiosité, transforme le centre ville en un territoire de jeu puisque, sait-on jamais, nous pourrions bien être la prochaine proie de celle ou celui qui tire le portrait aux Rennais.

Text: 

Alors que la Bretagne est une terre à la culture fertile, les artistes locaux sont sous-représentés dans la ville. Des groupes de musique, des artistes plasticiens, des photographes, peintres, musiciens... sont à l'affut d'opportunité pour émerger. Pourtant, à première vue, la ville de Rennes semble bien dotée en lieux d'accueil culturels. Entre le Liberté, le Musikhall, l'Antipode, l'Ubu... il y a de quoi faire pour égayer les soirées. Mais si on regarde la programmation de ces salles, elle est avant tout nationale, voire internationale. Celle du Liberté, par exemple, est révélatrice. En décembre, Nolwenn Leroy, Pascal Obispo et Vanessa Paradis se produiront dans la plus grande salle de concert de Rennes. Mais où sont les artistes locaux ? Relégués dans les bars qui ne bénéficient pas d’une jauge suffisante, ils n'ont pas leur place dans ces grandes structures trop onéreuses pour le budget des débutants. La capitale bretonne manque d'un lieu qui permette aux locaux de venir se produire pour se tester, gagner en notoriété... ou se planter. Un lieu accessible à toutes et à tous et qui pratique des tarifs abordables. D'autant que l'offre de spectacle à Rennes est en baisse. La salle de la Cité est fermée pour cause de travaux et dans le même temps l'Élaboratoire devrait tirer sa révérence et sortir de la scène rennaise.

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Title: 
Têtes de Rennais
Title: 
Culture stérile
Summary: 
Portraits de Rennais sur la toile, un point pour l'effort !
Summary: 
Alors que la Bretagne est une terre à la culture fertile, les artistes locaux sont sous-représentés dans la ville.

3096 jours - Sherry Hormann

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Une adaptation haletante et rigoureuse plutôt en cohérence avec le récit bouleversant et émouvant de la rescapée.
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Le 2 mars 1998, la jeune Natascha Kampusch se rend pour la première fois, seule et à pied, à son école. Sur le chemin, elle sera enlevée par Wolfgang Priklopil, un électricien trentenaire et célibataire. Dans une pièce de 5m2, elle vivra plus de 8 années sous le joug de son ravisseur. La violence psychologique et le harcèlement composent l’arsenal de son bourreau qui n’aura de cesse de détruire sa véritable identité et par là même son enfermement physique et mental. Elle finira par s’enfuir après 3096 jours d’emprisonnement. Le film est adapté du récit de vie de la victime. Histoire qui fut en 2006 relayée par les médias du monde entier. Une réalisation réaliste qui dévoile avec force la cruauté du quotidien et le calvaire de la jeune femme dans cette cave sinistrement aménagée et conçue pour la capture. On regrette néanmoins la réalisation en anglais et non en allemand, dommageable pour la compréhension et la matérialisation du drame. Une volonté qui répond probablement à l’effroi international qu’a suscité l’affaire. Une adaptation haletante et rigoureuse plutôt en cohérence avec le récit bouleversant et émouvant de la rescapée.

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9 mois ferme - Albert Dupontel

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Une satire du système judicaire brillamment contée par la plume du génie comique. Une fable moderne et irrévérencieuse à savourer.
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Ariane Felder est une juge qui se réfugie dans le travail. Réputée sérieuse et intraitable, elle jouie d’une réputation sans faille auprès de ses collègues. Jusqu’au jour où elle perd le contrôle et se retrouve enceinte par accident. Elle ne se souvient de rien et va mener l’enquête jusqu’à ce qu’elle découvre que le père n’est autre que Bob, un criminel recherché. Dupontel signe une comédie pleine d’énergie dotée d’une mise en scène inspirée des cartoons et du burlesque. On retrouve le personnage de brute sensible et attachante des sketchs de la première heure. Comme lors de ses précédentes réalisations, l’auteur joue d’un humour noir grinçant et cynique. Un scénario plutôt abouti et un sens comique appuyé par une mécanique de précision qui s’articule autour du personnage central du juge interprété par Sandrine Kiberlain. Mais le savoir-faire de l’auteur émerge aussi de tous ces seconds rôles qui sont autant de talents et de personnages d’où jaillissent le bizarre et le risible. Une comédie certainement plus populaire que ses précédents films dans laquelle Dupontel pose un regard critique de la société. Cette fois-ci, une satire du système judicaire brillamment contée par la plume du génie comique. Une fable moderne et irrévérencieuse à savourer.

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Cheba Louisa - Françoise Charpiat

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Le film est très largement porté par le jeu brillant d’Isabelle Carré et Rachida Brakni. Une belle tentative de romantisme social.
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Djemila est une jeune femme franco-algérienne indépendante et bien intégrée. Salariée et autonome financièrement elle décide de louer un appartement afin de pouvoir vivre son aventure sentimentale avec plus de liberté. En effet, son amant et collègue de travail, Djemila le garde secret auprès de sa famille qui l’a promise à un jeune homme du quartier dont elle est issue. L’héroïne vit entre deux mondes, l’un traditionaliste, celui du poids et des contraintes familiales et l’autre, celui de la jeune femme moderne qui veut choisir son propre chemin. Sa vie va changer le jour où elle va rencontrer sa voisine Emma, jeune banlieusarde fauchée élevant seule ses deux enfants. Les premiers contacts sont sévères et méprisants, mais vont vite laisser place à une forte complicité. Cette dernière va dès lors pousser Djemila à s’émanciper de ses racines et gagner en indépendance. On passera les quelques clichés qui traînent ici ou là mais Françoise Charpiat, pour son premier film, signe un film émouvant et sensible. Le scénario est d’une richesse modérée et le goût commun pour la musique n’est qu’un prétexte pour réunir deux femmes que tout oppose pour autant représentative d’une mixité française. Le film est très largement porté par le jeu brillant d’Isabelle Carré et Rachida Brakni. Une belle tentative de romantisme social.

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Exhale - My sleeping doll

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La jeune rennaise réussit avec sa guitare électrique et sa voix magnétique à nous happer dans une ambiance dark et intrigante.
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Après une démo de 3 titres l’année dernière, My Sleeping Doll a sorti au printemps dernier Exhale, un EP de 5 titres. Cinq ballades mélancoliques et un brin shoegaze (courant musical de rock alternatif) avec lesquelles la jeune rennaise réussit avec sa guitare électrique et sa voix magnétique à nous happer dans une ambiance dark et intrigante. Cinq ballades dans lesquelles on se laisse volontiers sombrer, comme dans un rêve doux bien qu’un peu angoissant. Si dernièrement la scène rennaise fait parler d’elle en surfant sur la mode de l’électro-pop ou de la pop frenchie, on revient ici au fondement d’un rock épuré et pénétrant et on attend avec impatience de découvrir la chanteuse sur scène (à l’Antipode, le 21 novembre, pour une soirée très féminine avec également Daughter et Broken Twin).

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Les lunes de Jupiter - Alice Munro

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Plein d’esprit, amusants, et sans concession, les récits s’attachent à des périodes charnières des héroïnes.
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Retour sur ce recueil de nouvelles publiées à partir de 1977 pour célébrer le prix Nobel de Littérature décerné en 2013 à Alice Munro. L’écrivaine canadienne devient, à l’âge de 82 ans, la 13ème femme à obtenir le prestigieux prix. Au fil des 12 nouvelles des Lunes de Jupiter,  comme dans le reste de son œuvre, différents portraits de femmes sont brossés. Plein d’esprit, amusants, et sans concession, les récits s’attachent à des périodes charnières des héroïnes, la fin de l’enfance, de l’adolescence, d’une liaison ou d’un mariage sont perçus à travers des histoires au semblant banales qui révèlent en réalité l’émancipation et la métamorphose subtile de chacune vers une féminité différente, qui s’éloigne des schémas familiaux ou traditionnels. À la question « Pensez vous être une auteure féministe ? », la lauréate répond qu’elle se sent féministe dans la mesure où elle attache de l’importance à l’expérience des femmes et, dans ce sens, il s’agit là pour elle de la base du mouvement.

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Aventine - Agnès Obel

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Doux et un peu mélancolique, un peu inquiétant, on craint de s'ennuyer et on découvre un monde fantastique.
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Trois ans après son premier album Philarmonics, la danoise Agnes Obel revient avec le fascinant et envoûtant Aventine et c'est un peu comme un automne (en Bretagne) : doux et un peu mélancolique, un peu inquiétant, on croit qu'on va s'ennuyer et on découvre un monde fantastique où les gouttes de pluie (arpèges espiègles) jouent avec le vent (tempos languissants) et le temps (silences suspendus). Agnes Obel a composé, écrit, interprété, enregistré, réalisé et mixé l'album quasiment seule. Sa personnalité timide et secrète se dessine et se dévoile dans ce disque minimaliste et gracieux, simplement porté par le piano, le violoncelle et sa voix voluptueuse. « La musique doit humblement chercher à faire plaisir, l'extrême complication est le contraire de l'art » a dit Debussy, dont Agnes Obel est une grande admiratrice. Le plaisir ressenti en écoutant Aventine est simplement exquis.

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Blue Jasmine - Woody Allen

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Cate Blanchett promet à elle seule un bon moment de cinéma sans pour autant porter l'œuvre de Woody Allen parmi ses plus belles réussites.
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Woody Allen pose ses caméras aux USA mettant fin à une longue période de production européenne. Jasmine, arrivant de la côte Est, pose elle ses valises à San Francisco, chez sa sœur. Trahie, humiliée et ruinée, elle cherche désespérément à se reconstruire. De là va naître une volonté de se réinventer. Le personnage de Cate Blanchett incarne à lui seul la quasi-intégralité dramatique du scénario. Prétentieuse ridicule ou hautaine agaçante, elle incarne une femme à la dérive et terriblement angoissée. Alcoolique, dépressive et surmédicamentée elle se débat tant bien que mal pour ne pas sombrer dans la folie la plus pure. L’actrice est d’une vraisemblance impressionnante mais n’en demeure pas moins un personnage doté d’un potentiel comique assez limité. Pathétique et désagréable, le personnage ne suscite pas la compassion. Une comédie certes mais qui révèle chez l’auteur une étonnante absence d’émotion. Une finalité éloignée des envolées lyriques et souvent optimistes des conclusions du réalisateur. La prestation de Cate Blanchett promet à elle seule un bon moment de cinéma sans pour autant porter cette œuvre de Woody Allen parmi ses plus belles réussites.

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Les saisons de Louveplaine - Cloé Korman

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La jeune écrivain confirme son talent et son originalité, son sens pour une poétique des déracinés, en quête d'un ailleurs.
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Nour, jeune algérienne, arrive à Louveplaine, cité imaginaire du 93, à la recherche de son mari qui lui avait promis une nouvelle vie en France et qui ne donne plus de nouvelles. Elle découvre un appartement vide et sans meubles, mais aussi les tours, les habitants, les flics...C'est à travers ses yeux que Cloé Korman brosse un portrait des cités, hors des clichés et des caricatures, à travers sa quête et ses rencontres que le quotidien des tours est décrit avec un réalisme qui ressemblerait plus à un documentaire qu'à une fiction si le périple de Nour n'était pas un voyage initiatique, entre surprises, souvenirs et déconvenues et si l'écriture de l'auteure n'était pas si intelligente, dense, farouche. Trois ans après son premier roman Les Hommes couleurs, la jeune écrivain confirme son talent et son originalité, son sens pour une poétique des déracinés, en quête d'un ailleurs.

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Jeune et jolie - François Ozon

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Un sujet de société personnifié mais qui semble n’être qu’un prétexte afin d’aborder l’apprentissage et la recherche de vécu d’une adolescente.
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Isabelle est une jeune lycéenne parisienne de 17 ans qui ne laisse pas insensibles les hommes autour d’elle. Elle le sait et va très vite vouloir affronter ses propres limites. Offrir sa virginité lors des vacances à un bel étranger estival ne sera qu’une formalité. De retour à sa vie citadine la jeune fille devenue femme se laissera emporter par ses désirs de vivre des expériences beaucoup plus sulfureuses. Après avoir un jour été abordée par un homme, Isabelle loue son corps contre rémunération. La jeune héroïne est remarquable par son physique et déroutante par ses choix. Elle ne cherche pas à être, comme les jeunes de son âge, mais plutôt à vivre. Elle s’invente un personnage sans jamais afficher de plaisir à le faire. Une fois encore, Ozon perturbe et dérange. Le spectateur ne dispose pas d’élément de réponse quant à cette prostitution qui n’a pas de réel motif en dehors de l’expérimentation pure. Un sujet de société personnifié mais qui semble n’être qu’un prétexte afin d’aborder l’apprentissage et la recherche de vécu d’une adolescente. Un film un brin voyeuriste et sans jugement qui dévoile et invoque dans la douleur et la beauté.

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