Célian Ramis

Festival du film d'animation : Mathilde Parquet, un rêve animé

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Bruz
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Plusieurs séances ont permis d’entendre et de voir les professionnels cachés derrière les courts-métrages. Focus sur Mathilde Parquet, qui a signé le film Louis.
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À l’occasion du festival national du film d’animation de Bruz, les réalisateurs et réalisatrices des films en compétition étaient conviés aux Apéroterviews, au Grand logis de Bruz. Plusieurs séances ont permis d’entendre et de voir les professionnels cachés derrière les courts-métrages. Focus sur Mathilde Parquet, qui a signé le film Louis.

L’interview ne durera pas plus qu’une dizaine de minutes – le principe étant le même pour chaque interviewé. Un temps qui paraît long pour la jeune réalisatrice, qui étudie depuis un an à La Poudrière, l’école du film d’animation, basée à Valence. Stressée, elle semble inconfortable dans un exercice qui lui est peu familier.

Ses propos sont à l’image de son court-métrage : bruts, fouillis, spontanés. « Dans Louis, le but était de retranscrire mon rêve. Il est plutôt gai, puis angoissant », explique-t-elle. Pour exprimer au mieux les sensations ressenties en songe, elle joue avec les formes, les couleurs et les techniques, « pour marquer les ruptures ». Tantôt la 2D, tantôt le volume animé, tantôt le pastel. Ce dernier soulignant « que le rêve part dans tous les sens ».

Avant de retranscrire son rêve, elle l’a raconté une quinzaine de fois et l’a écrit, et si elle ne l’a pas vécu en animation, mais en prise de vue réelle, elle a souhaité rester proche de l’expérience ressentie. « Les couleurs sont très fortes, abruptes. Je crois que je suis un peu brutale dans la réalité. Je ne réfléchis pas beaucoup, je suis dans le ressenti et je me suis fait confiance par rapport à ce que j’avais vécu dans mon rêve », précise-t-elle. Elle ajoute d’ailleurs que le début de Louis est très propre, très storyboardé. Un côté qui ne lui ressemble pas mais qui était nécessaire pour la suite des aventures.

Les réactions, après la projection, ont été variées. Certains lui demandent ce qui lui est arrivé dans sa vie, d’autres sont mal à l’aise : « Ce n’est pas un voyage initiatique sur le désir du retour à l’enfance. C’est un film sur mes sentiments, mes angoisses. J’aime malmener le spectateur ». Pour elle, le rôle du cinéma est de toucher le spectateur, lui parler et ce sont les films qui dérangent qui marquent et prennent les tripes.

« J’accorde aussi beaucoup d’importance à la narration, au récit. J’ai besoin de l’histoire, je ne suis pas très attirée par ce qui est abstrait », ajoute Mathilde. Pour son prochain film d’étude, elle travaille encore sur un projet qui devrait mettre la sensibilité des spectateurs à mal : « Pourtant, j’aimerais bien faire des choses gaies… »

Célian Ramis

Festival du film d'animation : L'art rennais du volume animé

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Bruz
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Entre deux séances, professionnels et festivaliers ont pu échanger autour des techniques d’animation et découvrir ce qui existe dans le milieu rennais.
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Sur le parvis du Grand Logis, à Bruz, plusieurs animations ont rythmé la vie du Festival national du film d’animation. Entre deux séances, professionnels et festivaliers ont pu échanger autour des techniques d’animation et découvrir ce qui existe dans le milieu rennais.

D’un côté, la Caravanim’, fidèle au poste depuis 3 ans. L’occasion de déambuler autour de la caravane et d’observer de près les marionnettes qui ont pris vie dans des productions rennaises comme Le Cid, d’Emmanuelle Gorgiard (2006, Vivement lundi !), Tati Ramitsu, de Victoria Vancells (2012, JPL Films) ou encore la future vedette Dimitri, de Agnès Lecreux et Jean-François Le Corre (2013, Vivement lundi !). L’intérieur est cosy et convivial, ambiance rétro. Maude Gallon est décoratrice et accessoiriste en stop motion depuis 7 ans.

« L’objectif est de rencontrer des réalisateurs, discuter autour d’un thé et d’échanger lors d’un instant convivial autour de nos créations », explique-t-elle. En effet, la Caravanim’ est née du regroupement d’une quinzaine de techniciens désireux de montrer leurs champs de compétences en volume animé, 2D ou encore 3D. « Nous sommes un vivier de professionnels à Rennes ou en Bretagne. L’idée est de montrer que l’on peut faire un film d’animation de A à Z », précise Anna Deschamps, fabricante de marionnettes et d’accessoires depuis 4 ans.  Au fil des passages au festival de Bruz et au festival d’Annecy, des liens se tissent et les rencontres débouchent, à long terme, sur des collaborations : « Des projets sont en cours de réalisation ou de concrétisation. Ça prend beaucoup de temps d’avoir des retours ».

D’un autre, une yourte dans laquelle les spectateurs peuvent s’initier aux techniques d’animation. Un atelier proposé par l’Arrosoir à Emile, une association qui existe depuis près de 15 ans à Rennes. Fanny Desaunay est étudiante en école d’art et est membre de l’association : « L’interaction et la manipulation des objets permettent une découverte ludique et nous évitent de rester collés aux écrans ».

Plusieurs jeux de décomposition des images à travers des miroirs et/ou des fentes sont en libre accès sous la yourte et invitent le visiteur à comprendre les bases de l’animation grâce à des objets datant du XIXe siècle. On peut alors manipuler la Toupie fantoche, le Zootrope, le Praxinoscope ou encore le Phénakirtiscope. Enfin, un dernier atelier permet de comprendre le principe du stop motion et chacun peut s’essayer à la création d’une séquence animée.

Avec une marionnette conçue par le créateur rennais David Thomas, les festivaliers prennent des photographies, reliées à un ordinateur et un logiciel d’animation, et font exécuter différentes actions au personnage robotique. « Un monsieur est resté une heure cet après-midi pour effectuer quelques secondes d’une séquence. C’est très long mais ça montre le procédé de stop motion qui agit image par image », explique Fanny.

Une manière ludique et interactive de sensibiliser les festivaliers à l’art de l’animation mais aussi aux différences compétences des techniciens bretons.

Célian Ramis

Festival du film d'animation : Katariina Lillqvist ou l'esthétisme d'un monde puant

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Rennes
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Coup de projecteur sur la Finlande, c’est ce que nous propose le Festival du film d’animation de Bruz, qui organisait jeudi 12 décembre une rencontre projection, avec la réalisatrice Katariina Lillqvist.
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Coup de projecteur sur la Finlande, c’est ce que nous propose le Festival du film d’animation de Bruz, qui organisait jeudi 12 décembre une rencontre projection, avec la réalisatrice Katariina Lillqvist, hors les murs, à l’école des Beaux-Arts de Rennes.

Katariina Lillqvist est une figure incontournable du cinéma d’animation finlandais. Et elle était présente lors du Festival national du film d’animation de Bruz pour rencontrer les spectateurs et leur faire découvrir son univers singulier. La réalisatrice est née dans le Sud Ouest de la Finlande, à Tampere, en 1963. Pendant ses études, elle navigue entre son pays et la République Tchèque, c’est d’ailleurs là-bas qu’elle fera un stage au studio pragois Jiri Trnka, avec qui elle restera en lien étroit tout au long de sa carrière.

Elle réalise un certains nombres de documentaires pour la télé ou la radio avant de s’orienter vers le cinéma d’animation en volume animé. Les techniques d’animation avec marionnettes sont sa spécialité et sa renommée internationale. « Niveau techniques et technologies, la Finlande a beaucoup évolué dans les dernières décennies », explique-t-elle lors de la projection rencontre. À l’occasion de cette rencontre, elle nous présente deux court-métrages et un pilote de son prochain long-métrage.

Il y a quelque chose de macabre, de morbide, dans l’univers de Katariina Lillqvist qui pourtant ne cesse de rire et de sourire. Si elle est née bien après l’indépendance de la Finlande et la Seconde guerre mondiale, elle reste très marquée par l’histoire de son pays. Juste après avoir écrit et réalisé la trilogie inspirée des œuvres de Kafka – très empreintes du contexte socio-politique soviétique – elle présente un court-métrage intitulé La jeune fille et le soldat, en 1995. Une jeune femme part à la recherche de son fiancé sur les champs de bataille.

En chemin, elle croise des squelettes, des cadavres, des futurs cadavres et la Mort en personne. Comme souvent dans les films d’animation finlandais, c’est un court-métrage muet ce qui laisse une large place à la bande originale, teintée de violons et de sonorités klezmer. De manière à faire régner une tension permanente amplifiée par les couleurs sombres des décors funèbres chargés de symboles liés à la guerre et à la mort. L’histoire d’amour et la quête de cette jeune femme angoissée à l’idée de perdre à jamais son bien aimé vient adoucir le climat pesant et lui apporter une touche poétique et fantastique.

On admire la qualité des images, réalisées en stop motion – image par image – et la beauté esthétique de cet univers pourtant sinistre. La jeune fille et le soldat n’est pas sorti tout seul de l’esprit de Katariina, le scénario était présent dans sa tête dès lors que sa grand-mère évoquait ses souvenirs de la guerre civile qui a frappé la Finlande en 1918, au lendemain des révolutions russes et de la déclaration d’indépendance du pays.

Une guerre civile que la réalisatrice a du mal à comprendre mais qu’elle explique par le fait que « la Finlande est un tout petit pays mais avec de grandes et fortes opinions politiques ». Plus de 10 ans après La jeune fille et le soldat, en 2008, Katariina Lillqvist revient avec un film court intitulé Le papillon de l’Oural, qui met en scène la marionnette de Carl Gustav Mannerheim, président de la Finlande de 1944 à 1946 qui a participé en tant que baron à la guerre civile de 1918 et en tant que commandant en chef lors des deux guerres mondiales.

« C’était d’abord un documentaire pour la radio. Puis on a trouvé des photos et cela m’a donné l’idée d’un film en stop motion », explique-t-elle. Dans cette œuvre, elle veut mettre en avant la « mémoire de l’horreur ». Sur fond de guerre et de tension, elle illustre encore une fois une histoire d’amour dans laquelle douceur, poésie et magie s’entremêlent et font ressortir une sorte de bienveillance qui sera mise à mal tout au long du court-métrage. Une vision chaotique des relations humaines altérée par une représentation sinistre de la société. Dans Le papillon de l’Oural, la réalisatrice aborde et développe le thème de l’homosexualité impossible et cachée dans ce contexte de prohibition et de tension politique.

Avant de terminer la rencontre, Katariina propose aux spectateurs de découvrir le pilote de son prochain long-métrage inspiré librement du roman de Mikhail Bulgakov, Le maître et Marguerite, qui raconte l’amour d’un écrivain morphinomane pour la femme d’un général de l’Armée Rouge. Il n’en faut pas plus pour comprendre ce qui a attiré la réalisatrice dans le résumé de l’œuvre. Elle reprend à son compte cette histoire dramatique qu’elle illustre à travers des marionnettes cabossées et débridées qui expriment toutes la douleur, la tristesse et la mélancolie. Katariina Lillqvist est véritablement une figure incontournable du cinéma d’animation qui manie aussi bien le volume animé que les émotions et l’esthétisme d’un monde puant.

Festival du film d'animation : un vent finlandais souffle sur Bruz

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Bruz
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Le Festival national du film d’animation de Bruz a débuté le 9 décembre. Pour cette édition anniversaire – 20e édition pour 30 ans d’existence – la Finlande est l’invitée d’honneur.
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Le Festival national du film d’animation de Bruz a débuté le 9 décembre. Pour cette édition anniversaire – 20e édition pour 30 ans d’existence – la Finlande est l’invitée d’honneur. Hier soir, au Grand Logis de Bruz, était projetée une série de court-métrages réalisés par des étudiants en cinéma ou des professionnels finlandais. Voyage au cœur d’un univers qui met la Finlande sens dessus-dessous.

Cécile Noesser, coordinatrice de la programmation, nous avait prévenue, « les spectateurs risquent d’être surpris » lors des soirées finlandaises. « Ils ont un humour particulier », précise-t-elle. Mercredi soir, au Grand Logis, la surprise est de mise.

Treize court-métrages sont présentés aux festivaliers, peu nombreux pour l’occasion. Des films muets pour la plupart, une caractéristique redondante et importante dans le cinéma d’animation finlandais.

Les techniques sont cependant exploitées sous leurs formes diverses : le volume animé, les marionnettes, le dessin, la 2D. On découvre même un court-métrage filmé en décor naturel qui n’a de l’animation que certains effets réalisés à l’ordinateur et un personnage de poupée masculine (A finnish table, de Niina Suominen, 2011), racontant la vie d’un mannequin à la campagne. À la sauce absurde dont sont friands les finlandais et que l’on retrouvera également dans The Anchor, de Tommi Juutilainen (2007) qui nous propose des dessins plus travaillés, chargés et approfondis en terme de détails et de perspective que le reste des dessins animés programmés ce soir-là. En effet, on note une majorité de dessins aux traits basiques et primaires, donnant un style enfantin à l’ensemble de l’œuvre, dont les répétitions peuvent être lassantes.

D’autres genres sont développés à travers les films courts traitant, entre autre, du temps qui passe dans Suddenly last summer de Äkkiä Viime Kesänä (2010) qui utilise des acteurs botaniques pour servir son message poétique, inspiré de l’œuvre – du même nom – de Tennessee Williams, écrite en 1958. Mais aussi de la maladie et de la santé, proposée sous deux angles différents. Dans Benigni, de Elli Vuorinen, Jasmini Ottelin et Pinja Partanen (2009), le personnage principal, qui est joueur de xylophone, découvre une tumeur qui grandit sous son bras et avec laquelle il va apprendre à cohabiter.

Un regard imagé et lyrique qui nous rappelle légèrement le nénuphar-cancer de L’écume des jours de Boris Vian. Dans l’autre, Public health, de Piipa Toivonen (2001), c’est une fois encore l’humour absurde qui prime et qui devient le personnage central, sous des airs cyniques et moqueurs. On peut également citer le thème de la différence, un thème développé avec sensibilité et adresse dans le court-métrage The unplugged son, de Milla Nybondas (2008). À l’occasion de l’anniversaire de son papa, Adrian participe à un diner de famille. Autour de la table, le jeune garçon se sent différent, isolé, en marge de sa propre famille, dont chaque membre se branche à une prise secteur pour allumer une ampoule du lustre. Seule celle d’Adrian crépite. Il va pourtant trouver une solution moderne et originale pour s’intégrer parmi les siens.

La Finlande sens dessus-dessous nous permet de découvrir un cinéma d’animation méconnu du grand public français et qui apporte un éclairage ainsi qu’une ouverture d’esprit sur ce genre en général. Toutefois, il nous manque certaines clés de lecture qui pourraient nous aider à décrypter les court-métrages énigmatiques et parfois peu compréhensibles.

Prochaine séance : dimanche 15 décembre à 11h au Grand Logis de Bruz

Égalité des sexes : Le graal des chevalières de la table ronde

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Arvor, Rennes
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La réalisatrice finistérienne Marie Hélia présente son nouveau film à l’Arvor, du 27 novembre au 3 décembre : Les chevalières de la table ronde (« Liberté, Sexualités, Féminisme. 50 ans de luttes pour les droits des femmes »).
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La réalisatrice finistérienne Marie Hélia présente son nouveau film – produit par Paris Brest productions – à l’Arvor, du 27 novembre au 3 décembre : Les chevalières de la table ronde (« Liberté, Sexualités, Féminisme. 50 ans de luttes pour les droits des femmes »). Un documentaire  – centré sur 12 femmes qui ont milité au Planning familial et qui continuent de faire entendre leurs voies à travers leur quotidien et leur militantisme – qui flirte avec la fiction puisqu’en parallèle, le spectateur suit une Gorilla Girl dans sa traversée du Finistère à la recherche d’une pie noir, en l’honneur de Rosa Bonheur, une des premières femmes peintres du XIXe siècle à être reconnue internationalement. Interview de Marie Hélia.

YEGG : Pourquoi avoir choisi de centrer le film sur les militantes et créatrices du Planning familial ?

Marie Hélia : À l’origine, c’était une demande du Planning familial de Brest, qui réunissait les créatrices du PF Finistère. Elles ont des choses à dire et leurs mémoires sont précieuses. J’ai pu établir la liste et les rencontrer. Elles sont 8 à avoir participé à sa création, elles ont entre 86 et 90 ans.

Comment de temps cela vous a pris ?

Un an d’écriture et de rencontres environ. Mais au total, entre l’idée du film et la première projection, trois années se sont écoulées.

Pourquoi ce parallèle entre les créatrices du Planning familial et les chevaliers de la table ronde ?

C’est une lutte très épique. En plus, elles ont une classe incroyable. Elles étaient en lutte, en quête ! En quête de liberté. Le lien avec la table vient simplement de la référence à la table à repasser, avec évidemment une vague inspiration des légendes arthuriennes (la table ronde a été conçue pour que chacun siège à égalité, ndlr).

C’est d’ailleurs une artiste, Annelise Nguyên, qui a réalisé la table ronde. Pourquoi en faire construire une pour le film ?

Tout simplement parce que je ne voulais pas l’acheter chez Ikea. Et que je voulais vraiment inclure d’autres femmes artistes dans ce projet. Il n’y a pas qu’elle, il y a aussi Laetitia Sheriff.

Comment s’est passée la rencontre avec cette dernière ?

Je la connaissais déjà, de loin. J’étais persuadée que c’était elle qu’il fallait pour réaliser la bande originale du film. De la guitare et de la voix. Et c’est ce qu’elle fait. C’est une musique originale qu’elle propose ici. Quand elle a vu le film, elle a joué en direct avec la projection.

Est-ce que ce sera l’occasion d’organiser un ciné-concert avec cette auteure-compositeure-chanteuse ?

Ce serait bien. Pour l’instant, nous n’avons pas encore la version sans les paroles. Mais c’est une très belle collaboration.

Autre figure féminine importante dans le film : la Gorilla Girl, féministe américaine. Pourquoi l’inclure dans le scénario ?

Car elle représente la place des femmes dans la culture. Elle défend les femmes dans les arts. Elle symbolise le féminisme car c’est un personnage volontaire et libre. Et puis, c’est un personnage de fiction, ce qui vient perturbée le scénario du documentaire. C’est ça aussi que je trouvais intéressant. J’aime bien penser une forme pour chacun de mes films. C’est ce qui en fait leur force.

Et pourquoi Rosa Bonheur en particulier ?

Déjà, le nom Rosa Bonheur est magnifique. Je cherchais une peintre animalière, sans forcément que j’aime ses œuvres. Je trouve d’ailleurs sa peinture trop académique. Mais c’est aussi une femme qui ne se revendiquait pas féministe mais qui l’était par la force des choses.

Un peu comme vous…

C’est un féminisme instinctif. Moi, je me revendique féministe. Je pense d’ailleurs que quand on est une femme, c’est un pléonasme !

Vous avez rencontré les « anciennes » du Planning familial mais aussi les « nouvelles », la jeune génération de militantes. Avez-vous ressenti une différence dans la manière de militer ?

Non, vraiment pas. Elles militent toutes au PF et font preuve d’altruisme envers les autres femmes. Elles ne se battent pas simplement pour elles mais également pour les autres. Je les trouve pragmatiques. J’ai déjà réalisé un film sur les militants, qui s’appelle Dans la ville rouge, il s’agit là de militants perdus, paumés. Les féministes, elles se prennent en main au quotidien. Elles ne se laissent pas tomber dans les pièges de la télévision qui nous montre des femmes objets. On va bientôt nous dire de rentrer à la maison si ça continue !

Vous travaillez sur le territoire breton et avait réalisé le film dans le Finistère. Dans la région, le militantisme féministe est-il plus important qu’ailleurs selon vous ?

Je ne crois pas. Je ne crois pas à cette fumisterie du matriarcat breton, qui nous dit qu’en Bretagne, les femmes sont fortes et puissantes. Elles n’ont pas le pouvoir politique, pas le pouvoir économique et pas le pouvoir législatif. Tout ça, ça me gave grave ! Tout comme les bonnets rouges, je suis anti bonnets rouges de toute manière. Pour revenir à la question, je crois que le féminisme breton est le même qu’ailleurs. Il y a une légère baisse du militantisme, comme partout. Par exemple, au Planning, les bénévoles sont dures à trouver.

Le Planning familial parle aussi de réduction des moyens financiers. Est-ce que le film en profite pour aborder cette problématique ?

Je n’ai pas abordé l’aspect financier dans le film car je n’ai pas ressenti cette préoccupation dans le Finistère. Par contre, ce qui est dit et évoqué, c’est le manque de moyens et de temps mis à disposition. Comme par exemple l’accès à la sexualité dans les écoles. Ce n’est pas avec trois heures sur le sujet qu’on va les sensibiliser à la question. Il y a une vraie urgence de ce côté-là.

Qui sont les spectateurs qui viennent assister aux séances de projection ?

Le public est essentiellement féminin : 80% de femmes environ qui ont entre 40 et 65 ans. Mais on va aussi organiser des séances pour les scolaires, pour l’instant dans le Finistère dans les villes qui ont un Planning familial – Quimper, Brest, Douarnenez – puisque c’est la structure qui fera la sensibilisation.

Est-ce que la jeune génération est présente également ? Le féminisme peut parfois faire peur aux jeunes femmes…

C’est dommage, il n’est pas interdit de penser… La jeune génération a du mal à rentrer dans les salles pour voir un documentaire… Mais il y a quelques-unes quand même !

Par conséquent, le message de transmission est plus difficile à faire passer…

Le message se transmet mais c’est long, c’est normal. Nous n’avons pas les mêmes moyens de distribution que les blockbusters américains…. Le film est passé sur les chaines locales comme TBO, c’est positif, c’est comme ça que le message va passer. En tout cas, dans les salles, les spectateurs semblent ravis. Les chevalières de la table ronde ont une telle énergie ! Elles transmettent leur bonheur et leur joie de vivre. C’est super !

Merci Marie Hélia

Merci à vous.

Célian Ramis

De Barcelone à New-York, Cédric Klapisch passe par Rennes

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Gaumont, Rennes
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.

« À la fin de L’Auberge espagnole, je ne pensais pas faire de suite. Puis j’ai fait Les poupées russes. Je voulais attendre 10 ans avant le troisième volet, j’ai finalement attendu 8 ans. J’avais besoin de continuer, de faire la suite », explique Cédric Klapisch. La suite des aventures de Xavier, interprété par Romain Duris, qui, de Barcelone à New-York en passant par Saint-Pétersbourg, poursuit sa vie « compliquée », « bordélique ».

Il a maintenant 40 ans, deux enfants, est devenu écrivain et s’installe à New-York, où il est encore une fois confronté à un véritable casse tête chinois. Le réalisateur et l’acteur évoquent tous deux l’âge de la maturité décrit dans Casse-tête chinois, en salles le 4 décembre. À croire que le fameux âge con serait passé…

Autour de Xavier, trois femmes : Wendy, Isabelle et Martine (Kelly Rilley, Audrey Tautou et Cécile de France). « C’était une évidence pour moi de réunir cette bande de 4 avec laquelle il y a un vrai plaisir de jeu », explique le réalisateur. Dans le triptyque, nombreuses sont les personnalités féminines qui gravitent autour du personnage principal. « À 20 ans, on est très entouré de la gente féminine, à 40, on est avec sa femme et sa bande d’amis rétrécit. C’est toute l’histoire du cercle familial », précise-t-il. Une volonté très marquée de réunir une majorité de personnages féminins qu’il a voulu garder tout en resserrant les liens qui les unissent.

Klapisch souligne également la relation centrale et particulière avec Isabelle : « Xavier la définit constamment comme son pote. Il y a entre eux aussi bien une complicité masculine qu’un rapport étroit avec le monde des femmes ». Dès L’Auberge espagnole, Xavier se lie d’amitié avec Isabelle, une lesbienne belge qui vit sa sexualité sans complexes et sans difficultés, évolue dans sa vie professionnelle – dans le monde de la finance – et fonce droit devant. Elle représente alors les bons côtés des relations entre hommes et femmes, et c’est sur ce point que le réalisateur insiste.

Klapisch, entre fiction et réalité

Encore une fois, celui qui a révélé Romain Duris en tant qu’acteur dans Le péril jeune (1994) nous fait voyager à travers le temps et l’espace. Il nous laisse percevoir à travers les différents volets du triptyque son vécu et sa vision du temps qui passe.

En effet, placer l’action au cœur de New-York n’est pas un hasard pour Cédric Klapisch qui y a étudié le cinéma. « J’y ai vécu de 23 à 25 ans et je n’y étais pas retourné depuis. Dans les 8 dernières années, je suis allé 4 fois en Chine et je pensais tourner là-bas. Mais si tourner aux Etats-Unis était compliqué, le faire en Chine l’était encore plus », déclare-t-il. Malgré des techniques de tournage très différentes de celles qu’il maitrise en France, il s’oriente vers la ville cosmopolite dans laquelle « tout le monde est un immigrant, ce qui convient parfaitement au thème de ces gens qui se sont rencontrés en Erasmus ».

Là aussi, Klapisch établit un lien entre la fiction et sa réalité, sa sœur ayant effectué son année d’Erasmus à Barcelone, en colocation avec « cinq étudiants de nationalités différentes, qui parlent chacun une langue étrangère », d’où l’idée initiale de L’Auberge espagnole.

De nombreux ponts s’établissent alors entre le réalisateur, qui semble parler à travers les propos de Xavier (il emploiera à plusieurs reprises la première personne pour évoquer et expliquer l’état d’esprit du personnage principal), et ce dernier, soulignés par une complicité forte entre Cédric Klapisch et Romain Duris. « C’est un travail à part, nous avons commencé ensemble et nous sommes devenus amis. Il n’a plus besoin de terminer ses phrases pour me diriger », commente l’acteur qui a collaboré à 7 reprises avec Klapisch. Si ce dernier parle de troisième et dernier volet de la série, sa proximité avec Xavier nous laisse penser que l’histoire ne cessera pas de si tôt et dépasse largement son existence sur le grand écran.

Célian Ramis

Syndrôme de Williams : Gabrielle ou une manière d'aborder le handicap autrement

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Rennes
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Le syndrome de Williams : la vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.
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Le film Gabrielle, plusieurs fois primé, a eu une vie assez brève au Gaumont de Rennes. Le scénario est d’une simplicité presque banale : c’est une histoire d’amour entre deux jeunes, Gabrielle et Martin. Qu’est-ce qui en fait un film d’une intensité extraordinaire ? Pour les deux personnages, tous deux handicapés, rien n’est simple, surtout pas l’amour. L’actrice qui joue Gabrielle est atteinte d’un handicap rare : le syndrome de Williams. La vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.

Le fils de Karine, Luka, six ans, n’est pas tout à fait un enfant comme les autres. Le syndrome de Williams dont il est atteint est une maladie génétique rare occasionnant un retard psychomoteur, c’est-à-dire physique et mental. Les personnes qui en sont atteintes souffrent d’une hypersociabilité qui les pousse à se fier aisément aux autres.

D’autres symptômes sont associés : troubles cardiaques, troubles du sommeil, hyperacousie. Dès lors, le moindre bruit inhabituel devient problématique. Cette sensibilité aiguë au bruit n’est pas seulement un problème: elle permet aussi à de nombreux Williams d’avoir l’oreille absolue et des prédispositions pour la musique.

 Dans le film Gabrielle, de la réalisatrice Louise Archambault, de nombreux aspects du syndrome sont présents. Victime d’un stress disproportionné au son d’un grille-pain mal en point, incapable de se repérer dans Montréal, ville dans laquelle elle habite, ou encore inapte à compter son argent – impliquant ainsi qu’elle tende innocemment son porte-monnaie au vendeur – la protagoniste, interprétée par Gabrielle Marion-Rivard, est montrée vulnérable dans son quotidien le plus banal.

L’occasion pour les spectateurs de percevoir et de comprendre certaines difficultés vécues à travers ce handicap. La musique est également très présente, la chorale dont fait partie Gabrielle  tisse le fil rouge du scénario. C’est dans cette chorale qu’elle rencontre Martin, qu’elle s’épanouit. Les textes chantés sont ceux de Robert Charlebois, artiste reconnu au Québec, qui a accepté de participer en tant qu’acteur et chanteur. Tous ces aspects font que, selon Karine, « en tant que parents, nous n’avons pas vraiment vécu le film comme une histoire mais bien plus comme un documentaire, c’est réaliste. La réalisatrice a compris plein de choses: les parents trop ou pas assez présents, le rôle de la fratrie. Pour Luka, sa sœur est aussi très présente. ».

Une sexualité complexe

Cette œuvre cinématographique permet aussi d’aborder des questionnements qui touchent les parents d’enfants handicapés, quelque soit la maladie. Les questions de l’autonomie et de la sexualité par exemple, auxquelles Louise Archambault accorde beaucoup d’importance.

Gabrielle rêve d’avoir un appartement, d’être comme tout le monde, mais son incapacité à gérer les aléas du quotidien rend ce désir impossible. Les relations amoureuses aussi sont compliquées. La preuve, son histoire avec Martin, jeune homme qui fréquente le même centre, est gérée par les responsables. Les scènes abordant la sexualité entre personnes handicapées sont paradoxalement comiques et infiniment tragiques. Une fois le désir entre les deux jeunes gens percé à jour, les responsables convoquent les familles.

Pour eux, le passage à l’acte se décide autour d’une table, avec les parents, les responsables du centre et eux-mêmes. Certaines phrases sont cruelles et heurtent la sensibilité du spectateur comme lorsque la mère de Martin demande si Gabrielle est stérilisée. D’autres situations, comme l’animateur demandant à Gabrielle si elle a déjà touché le pénis du jeune homme, sont assez amusantes et la réponse plutôt drôle : « non, non, je t’assure, je ne l’ai pas touché. »  Les parents de Luka, eux, sont encore loin de ces questionnements, vu son jeune âge: « Pour nous, avoir un enfant handicapé rend tout plus compliqué, on ne peut pas faire de projet à long terme. Trop se projeter ne sert à rien sinon à déprimer. Nous avons une vision à court terme, sur deux ans environ. Là il est en moyenne section, l’année prochaine il sera en grande section et après on ne sait pas. ».

Les Williams ne suivent pas le cursus classique jusqu’au bout, ils sont intégrés, plus ou moins tôt dans leur scolarité, dans des classes spécialisées. En fonction de leur adaptation ils peuvent rester dans les écoles élémentaires jusqu’en CP, rarement plus. La lecture constitue un premier palier qui leur est difficile de franchir, même si les situations sont très différentes d’un enfant à l’autre. Pour Luka, il est impossible de savoir à l’avance ce qu’il sera capable de maîtriser en terme d’apprentissage.

 Le soutien du tissu associatif

 L’association Williams Bretagne, basée à Rennes, mais qui adhère au réseau associatif national, a pour objectif premier de créer du lien entre les familles concernées et organise un week-end annuel réunissant les parents, les enfants et des intervenants professionnels dans le domaine de la santé: « ça fait du bien de se retrouver entre nous pour parler des avancées, des difficultés. » Au delà de ces rencontres, l’association organise également des colonies pour ces enfants qui demandent une prise en charge spécifique.

Ils essayent également de communiquer autour du syndrome. Le film Gabrielle n’ayant été programmé que dans très peu de salles en Bretagne à l’origine, des membres de l’association se sont mobilisés auprès des cinémas locaux afin qu’ils acceptent de le diffuser. Karine n’a pas obtenu de séances supplémentaires mais d’autres y sont parvenus, dans de petits établissements bretons. Le passage du film durant deux semaines au Gaumont de Rennes était inespéré. Elle l’interprète comme étant le résultat du prix du public, obtenu au festival du film de Locarno.

Avoir un enfant handicapé est source de difficultés sur de nombreux points : la scolarisation notamment. Les papiers administratifs pour obtenir des aides sont également un casse-tête, tous les parents n’ayant pas connaissance de leurs droits. La maman de Luka a ainsi pu aider un autre couple qui ignorait leur possibilité d’obtenir d’une carte de stationnement. Selon les parents de Luka, Karine et Aymerick, le fait de s’engager dans des associations aide à reprendre le pas sur la maladie. « Le handicap c’est quelque chose qui nous tombe dessus, qu’on ne choisit pas. S’engager dans des associations c’est un moyen de ne plus le subir mais au contraire d’aller de l’avant. »

Le couple a ainsi créé une autre association avec d’autres familles de la même ville qu’eux, Betton. Cette nouvelle structure, 3Ailes, regroupe tous les handicaps. Pour les parents ce type d’initiatives permet de se sentir moins seul, car le pire dans le handicap, « c’est la solitude ».

Célian Ramis

Bertrand Tavernier et les femmes du Quai d'Orsay

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Gaumont, Rennes
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Mardi 8 octobre, le grand réalisateur Bertrand Tavernier présentait son nouveau film Quai d’Orsay en avant-première à Rennes. L’occasion de discuter avec lui, entre autre, des différents personnages féminins qui émergent au sein de cette comédie.
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Mardi 8 octobre, le grand réalisateur Bertrand Tavernier présentait son nouveau film Quai d’Orsay en avant-première à Rennes. L’occasion de discuter avec lui, entre autre, des différents personnages féminins qui émergent au sein de cette comédie.

Quai d’Orsay est une adaptation de la bande-dessinée, de Christophe Blain et Abel Lanzac, du même nom. Bertrand Tavernier y ajoute sa vision personnelle, change l’ordre de certaines scènes, amplifie l’importance du personnage de Marina et apporte quelques nouveaux éléments – tels que la rédaction des questions et des réponses pour les députés à l’Assemblée nationale.

« Mais c’est quand même la réalité », précise le réalisateur du film. La réalité de la vie au sein du cabinet du ministre des Affaires étrangères. Nous suivons les débuts d’Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz), fraichement débarqué au quai d’Orsay en tant que chargé du langage. C’est lui qui rédige les discours du ministre, Alexandre Taillard de Vorms, interprété par Thierry Lhermitte « avec la grâce et la faculté de ne jamais jouer « comique » dans une comédie ».

En effet, celui qui a réalisé Que la fête commence, Le juge et l’assassin, L.627, Holy Lola ou plus récemment La princesse de Montpensier, signe avec brio une comédie (genre peu commun dans la filmographie de l’auteur), à découvrir en salle dès le 6 novembre. Entre la folie, les manies, le comportement obsessionnel, la détermination du ministre – fonction occupée par Dominique de Villepin (2002 – 2004) – et les différents caractères, quelques peu particuliers, des conseillers du cabinet, Arthur va devoir apprendre à composer dans cet univers où tension, exigences et réactivité sont de mises. « Ce qui m’amusait, c’est que dans cette folie qui émane du quai d’Orsay, Alexandre Taillard arrête un génocide en Afrique, résiste aux néo-conservateurs américains et prononce l’un des plus beaux discours des anales de la diplomatie française de ses 20 dernières années », explique Bertrand Tavernier.

Un hommage en opposition au gouvernement actuel « sage, rationnel, certes, mais qui ne traite aucun dossier ». Et au service de cette croustillante adaptation, un casting brillant : entre la majestueuse présence de Thierry Lhermitte, la justesse d’interprétation de Niels Arestrup, la fraicheur du jeu de Raphaël Personnaz, la distribution masculine est riche et imposante.

Quatre femmes sur le podium

Tavernier, qui craignait de restituer un univers trop masculin, met aussi le paquet sur le côté féminin et fait ressortir quatre personnages forts dans le film. D’un côté Marina qui incarne une jeune femme vive, sexy, drôle et surtout « est l’égale de son compagnon, Arthur ». Une scène appuie justement le parallèle entre les deux membres du couple, à travers une cour d’école envahie d’enfants et des couloirs du ministère grouillant de conseillers et de fonctionnaires.

Le réalisateur accorde au personnage d’Anaïs Demoustier une place plus importante que dans la bande dessinée, en lui attribuant un travail d’enseignante et un engagement auprès d’une famille de sans-papiers dont les enfants sont scolarisés dans son école. D’un autre, Valérie, conseillère Afrique au ministère, qui joue la charnelle diplomate plongée dans ce milieu de costards cravates. Sans aucun doute l’atout charme d’un scénario qui ne s’étend pas, à juste titre, sur l’attirance que peut ressentir le jeune Arthur à son contact. La belle Julie Gayet endosse le rôle de « la séductrice habillée en Chantal Thomas et en cuir, qui se révèle salope » mais qui a toujours des propos sensés et intéressants. « Une vraie force », s’exclame Tavernier en parlant de son actrice.

En parallèle de ses deux forces vives, nombreuses sont les employées – secrétaires – noyées dans cet univers viril mais qui n’en demeurent pas moins essentielles à l’appui et à l’efficacité du travail de l’équipe. Deux particulièrement marquent la vie de ce cabinet. L’une, jouée par Marie Bunel, « qui doit en voir de toutes les couleurs avec le ministre qui passe et qui fait valser les dossiers ; je ne sais pas combien de fois elle doit ramasser les feuilles et ranger son bureau ».

L’autre, jouée par Alix Poisson, « qui protège le pauvre Maupas (haut fonctionnaire du quai d’Orsay, ndlr) et qui prend soin de lui comme si elle en était amoureuse », décrit Bertrand Tavernier, qui semble revivre les moments passés en présence des personnages et des actrices. Des rôles féminins secondaires dans le scénario, justifiés par le réalisme de l’histoire, néanmoins très bien servis et signifiés par l’œil critique et avisé du metteur en scène.

Passionné par l’Histoire, le réalisateur nous plonge au cœur des tourments d’un ministère en ébullition permanente. Le spectateur, entrainé dans cette course folle, oscille entre rires et compassion. Entre fiction et réalité, entre histoire politique et histoire des hommes, chacun saura déceler la part de vérité dans les coulisses du pouvoir diplomatique.

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

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Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
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En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

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Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

Célian Ramis

Rencontre avec l'équipe de Né quelque part

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Le 23 mai, l’équipe du film Né quelque part, diffusé sur les écrans dès le 19 juin prochain, était de passage à Rennes pour l’avant-première, présentée au cinéma Gaumont.
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Le 23 mai, l’équipe du film Né quelque part, diffusé sur les écrans dès le 19 juin prochain, était de passage à Rennes pour l’avant-première, présentée au cinéma Gaumont.

Mohamed Hamidi, réalisateur et co-scénariste, Alain-Michel Blanc, co scénariste et Tewfik Jallab, acteur principal étaient réunis jeudi soir au Gaumont pour échanger autour du film Né quelque part. Un film dans lequel il est question d’identité, de filiation et de racines.

Farid est français, d’origine algérienne. Ce jeune homme, en études de droit, va devoir se rendre en Algérie, pays dans lequel il n’a jamais mis les pieds, pour sauver la maison de son père. Il va alors rencontrer des personnages étonnants, attachants et découvrir la terre de ses parents, leur histoire. Parmi les rencontres marquantes, celle de son cousin (interprété par Jamel Debbouze), qui porte le même nom que lui et qui rêve d’une vie en France.

« Cette histoire aurait pu être la mienne. Mon père est le seul garçon de sa famille à être parti travailler à l’étranger et à y rester », explique le réalisateur Mohamed Hamidi. Né quelque part est inspiré de sa vie mais ne raconte pas son histoire personnelle.

Le film illustre et met en scène le déracinement. Ici, celui d’un jeune français se rendant pour la première fois en Algérie dans le pays de ses parents. Mais à travers cet exemple, le réalisateur veut évoquer le sujet dans son universalité. « Ce n’est pas un privilège des maghrébins ! J’ai ressenti ça aussi quand je suis parti à Paris dans les années 60 », précise le co-scénariste Alain-Michel Blanc, aujourd’hui installé à Saint-Malo, sa terre d’origine.

Pour Tewfik Jallab, qui incarne le personnage principal, la force du film réside dans la gravité des sujets traités avec légèreté et humour : « Malgré ce qu’a vécu ce pays, les relations compliqués avec la France,… les algériens ont toujours su garder le sens de l’humour ».

Pourtant, il ne sera pas question de comédie tout au long de cette fiction. Une intensité croissante se fait ressentir, notamment dans la relation avec le cousin « qui fait un transfert à travers le personnage principal qu’il va « endormir » dans un climat de joie algérienne ».

Mais aussi dans le jeu de l’acteur, qui se glisse à merveille dans la peau de ce jeune qui va faire tomber les barrières au fil du film et vivre un véritable chamboulement émotionnel. « Je peux facilement m’identifier au personnage puisque comme lui, j’ai plusieurs pays. Farid trouve là-bas un pays qui lui correspond et le complète », ajoute Tewfik Jallab. On retient aussi le talent des autres acteurs qui servent la justesse et la sincérité de ce long-métrage.

Né quelque part embarque le spectateur dans une jolie histoire, qui confronte la tendresse à la dureté de la réalité et mêle poésie, philosophie et comédie.

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