Célian Ramis

Municipales 2014 : Nathalie Appéré, première femme maire de Rennes

Posts section: 
Related post: 
226
Location: 
Rennes
List image: 
Summary: 
Après un suspens quasi nul, Rennes reste le bastion de la gauche. C’est ce qu’a confirmé le second tour, hier soir, malgré une abstention de 46,61%, des élections municipales.
Main images: 
Text: 

Après un suspens quasi nul, Rennes reste le bastion de la gauche. C’est ce qu’a confirmé le second tour, hier soir, malgré une abstention de 46,61%, des élections municipales. Nathalie Appéré, candidate socialiste, porte donc sa liste Rennes créative et solidaire à la victoire avec 55,83% des voix contre 44,16% pour son adversaire, Bruno Chavanat, leader du centre-droite. Une femme à la tête de Rennes, une grande première pour la capitale bretonne.

« Je suis un produit de la parité », nous disait Nathalie Appéré en décembre 2013, dans le cadre de notre article sur la parité dans les scrutins, à lire dans le numéro 21 – janvier 2014 et sur notre site. Ce dimanche soir, la candidate socialiste élue au poste de maire de Rennes rejoint le faible pourcentage de femmes maires, tout comme ses consœurs Johanna Rolland à Nantes ou encore Anne Hidalgo à Paris.

En 2008, elles étaient 13,9% en France. Un chiffre que Jocelyne Bougeard, jusqu’alors adjointe au maire, déléguée aux droits des femmes, redoute de voir encore diminuer. Le 30 mars, celle qui figurait en 29ème position durant l’entre-deux tours signe pour un nouveau mandat, aux côtés de la députée-maire Nathalie Appéré. Pour cette dernière, qui fait son entrée, aux alentours de 21h20, dans le grand salon de l’Hôtel de ville sous les nombreux applaudissements des militants, « les Rennais ont souhaité écrire une nouvelle page de notre histoire ».

Un discours succinct prononcé par celle qui succède à Daniel Deleveau – maire de Rennes et président de Rennes Métropole depuis 2008 – au milieu de son équipe, qui devrait se mettre au travail dès vendredi prochain lors du conseil municipal. Et un discours qu’elle termine, sourire aux lèvres, en saisissant la main de Matthieu Theurier – co-tête de liste Europe Écologie Les Verts – Front de gauche durant la campagne et en 2ème position après la fusion avec la liste Rennes créative et solidaire – qui lui en revanche n’affiche pas le même large sourire que ses nouveaux camarades fraichement élus (ou réélus pour la majorité).

De son côté, Jocelyne Bougeard regrette la douloureuse séparation de certains colistiers – due à l’alliance de la liste de Nathalie Appéré et de celle de Matthieu Theurier – Valérie Faucheux – mais se déclare extrêmement contente « et consciente des engagements pris vis-à-vis de la population rennaise ». Et évidemment, ravie « qu’une femme soit élue ».

Si pour l’heure, elle ne peut (veut) pas s’avancer sur la délégation dont elle sera chargée, elle exprime et confirme sa volonté de conserver sa responsabilité au sein de la délégation aux droits des femmes, « même si quelqu’un d’autre pourrait très bien le faire ». Une délégation qui lui tient à coeur. Pour elle, l’égalité des sexes et les droits des femmes restent une priorité forte, « notamment la situation des femmes pauvres ». Et si Nathalie Appéré mentionne, dans son discours les axes prioritaires de son nouveau conseil municipal, l’emploi, la qualité de vie environnementale, la démocratie locale entre autres, elle taira la question de la parité et de l’égalité femmes-hommes.

Un sujet qu’elle n’a pas porté au cœur de sa campagne également mais auquel elle se dit particulièrement sensible, « notamment dans le fait de maintenir la ville de Rennes en tant qu’employeur exemplaire et novateur, aussi bien au niveau de la parité qu’au niveau de la qualité des emplois ». Le prochain conseil municipal de la capitale bretonne sera constitué vendredi 4 avril. Selon les informations communiquées par la Préfecture d’Ille-et-Vilaine, le conseil devrait être constitué de 48 sièges pour la majorité et 13 sièges pour l’opposition.

Célian Ramis

En quête du bien-être

Posts section: 
List image: 
Summary: 
L'heure est à la remise en question. Et ça tombe bien car les médecines non conventionnelles surfent sur l'air du temps, mais pourquoi un tel succès ?
Text: 

La tendance est à la remise en question. Une remise en question qui interroge notre société et nos pratiques, nos automatismes, notre quotidien. Et la médecine dite traditionnelle n’y échappe pas. L’importance, pour ne pas dire le monopole, de l’industrie pharmaceutique, les nombreux scandales autour de certains médicaments (Mediator, Alli, pilules 3ème génération, etc.), la déshumanisation et le manque d’écoute (dû au manque de temps) accordé aux patients, tendent à interpeller et à questionner les occidentaux. Les institutions européennes - le Parlement et le Conseil de l’Europe - se sont penchées sur la question des médecines non conventionnelles définies - par le Parlement en 1997 - comme « les procédés thérapeutiques qui ne relèvent pas, ou pas encore, de la médecine traditionnelle, qui entrainent très probablement la guérison qu’ils promettent et dont l’exercice n’est pas nécessairement lié à l’obtention d’un diplôme d’État dans le domaine de la science médicale » et en appellent à la reconnaissance de ces médecines et nouvelles professions de santé, à condition d’en encadrer strictement l’exercice et la formation.

À plus haute échelle, l’Organisation Mondiale de la Santé se prononce en faveur « de leur intégration dans les systèmes de santé pour compléter la gamme de soins offerts aux patients », précise la note d’analyse n°290 du Centre d’Analyse Stratégique (CAS), en octobre 2012 (Rapport : Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ?). 

En Suisse, le ministère de la Santé a accordé six années « test » à 5 disciplines non conventionnelles (médecine anthroposophique, homéopathie, médecine traditionnelle chinoise, thérapie neurale et phytothérapie). En Allemagne, il existe plus de 20 000 Heilpraktiker : des « non médecins » utilisant des techniques non conventionnelles pour traiter les problèmes physiques ou psychiques. Le CAS explique qu’afin d’obtenir le titre, ils « doivent réussir un examen (connaissances cliniques et physiologiques de base et points de droit)  ».

Un examen dont le taux de réussite ne dépasse pas 20%. En France, pas de reconnaissance officielle mais une ouverture sur la complémentarité des médecines, avec l’exemple de l’AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris) adoptant dans son plan 2010-2014 un volet sur ces pratiques et créant, en 2011, un centre intégré de médecine chinoise. Aussi, le Centre de Médecines Douces du Mans fait intervenir des acuponcteurs, kinésiologues, naturopathes, ostéopathes ou encore des sophrologues. Et même dans la capitale bretonne, les professionnels de la santé y ont recours. Tel est le cas du centre d’évaluation et du traitement de la douleur – à Pontchaillou – qui utilise l’hypnose. Si peu de médecins acceptent de répondre à nos questions, ils confient néanmoins que ces médecines pourraient être intégrées, dans un cadre de prévention santé.

« Nous ne sommes pas des médecins, nous ne soignons pas, nous apportons du bien-être  », déclare Sylvie Hurel, coach de vie - aromatologue et co-gérante de la Maison du Bien-Être à Rennes. Quant à Laura Lefebvre, énergéticienne-géobiologue-naturopathe, installée à Betton, elle est convaincue « qu’on ne fera jamais l’économie des médecins ! Ce sont les seuls capables de poser un diagnostic et d’accompagner efficacement un malade  ». L’enjeu est ailleurs. Le clivage entre médecines proviendrait principalement de l’industrie pharmaceutique bien décidée à verrouiller les potentielles alternatives susceptibles de diminuer le besoin de médicaments.

Et concernant la baisse d’intérêt des français pour la médecine classique, il semblerait que plusieurs raisons entrent en jeu, et notamment celle du manque d’écoute et d’attention des médecins face à leurs patients. De là nait un véritable engouement pour les pratiques holistiques - la personne est prise en compte dans sa globalité, sans dissociation du corps et de l’esprit.

« La médecine traite les symptômes mais pas les causes. En général, lorsque l’on va chez le médecin, la maladie est au stade 4. Nous sommes là pour intervenir avant ».
Isabelle Hernandez, praticienne en âyurveda.

Le corps comme signal d’alerte. Pour nous faire comprendre « qu’on a fait fausse route  », selon Laura Lefebvre, avant de préciser : « Ce n’est pas pour nous punir. Il n’y a pas de culpabilité à avoir. Ce qui est important de comprendre, c’est que l’on est responsable de sa santé, que l’on en soit conscient ou non ».

UN ESPRIT SAIN DANS UN CORPS SAIN ?

Les praticiennes rencontrées ont en commun leurs parcours atypiques. Aucune ne se destinait à devenir praticienne du bien-être. Seule Emmanuelle Royer (photo ci-contre / photo de Une) a commencé le yoga à l’âge de 12 ans et n’a pas cessé de le pratiquer depuis. À 20 ans, elle approfondit ses connaissances par des stages et des retraites puis passe des examens en Asie, où elle vit à cette époque, et se spécialise dans le Hatha yoga, pratique la plus ancienne en Inde.

En 2007, elle ouvre son studio à Rennes, Pur Yoga. « C’est une philosophie de vie basée sur la respiration et l’alignement dans les postures. On oxygène son sang, ce qui permet de mieux nourrir nos muscles et nos organes. On mange mieux, on dort mieux, on est plus relâché et on se muscle partout », explique-t-elle. Une pratique qui s’apparente à du sport, sans en être un. Les postures sont physiques, les mouvements sont doux et apaisants, les bienfaits s’en font rapidement ressentir.

Laura Lefebvre avait ça dans ses tripes, elle voulait être médecin. Elle s’orientera dans les ressources humaines avant de devenir énergéticienne en 1995 : « C’est un cheminement de vie. Mais je pense qu’il faut avoir ça au fond de nous pour le pratiquer, c’est une vocation ». Dans l’énergétique, on se détache du principe du corps physique :

« on considère que le problème de santé est présent dans le corps énergétique avant d’arriver dans le corps physique  ».

Grâce aux centres d’énergie – les chakras sont reliés à un ou plusieurs organes vitaux – la praticienne rétablit la bonne circulation pour retrouver son équilibre. Plusieurs outils permettent de réaliser le bilan énergétique, à l’aide de la radiesthésie (utilisation de la baguette, du pendule, de l’antenne de Lecher) ou de la géobiologie qui travaille sur les phénomènes concernant la personne dans son lieu de vie et/ou de travail. Elle en vient ensuite à la naturopathie. Une pratique qui axe les consultations sur des aspects physiques et sur l’hygiène de vie. Le but : rééquilibrer le corps en utilisant des compléments alimentaires, des bourgeons, des huiles essentielles ou encore des élixirs floraux.

Solenn Tilly s’est elle aussi orientée vers l’énergétique et la naturopathie, après avoir travaillé dans l’agroalimentaire. C’est à la naissance de sa fille qu’elle réalise qu’elle n’aime pas lui donner des sirops en guise de traitements : « trop sucrés, trop de rechutes  ». En fouillant dans les biocoop, en diversifiant l’alimentation, elle finit par suivre des séminaires sur la naturopathie. « Ça a été une révélation. J’y suis retournée pendant 4 – 5 ans, 3 fois par an en moyenne avant d’obtenir, en 2009, le diplôme CERS-TA, de Heilpraktiker », se souvient-elle.

En 2008, elle s’est formée à la pratique de l’antenne de Lecher. Une méthode qui vise à définir, par les vibrations qu’émet ou non l’antenne, les zones du corps énergétique à rééquilibrer :

« On utilise les points d’entrée de la médecine chinoise et on interroge l’antenne sur les besoins en huiles essentielles, en fleurs de Bach, en oligoéléments, en homéopathie, etc.  ».

Pour Solenn Tilly, pas de pression à avoir, chacun doit s’écouter. « On conseille, on oriente vers des plantes, des sons, des thérapies naturelles afin de soigner les terrains dévitalisés. Cela passe souvent par des changements de comportements alimentaires  », précise-t-elle.

L’alimentation est souvent cause de déséquilibrage corporel. Isabelle Hernandez en est convaincue et le confirme : 90% des préconisations données concernent la diététique. « J’ai des patientes qui mangent sainement et qui pensent bien faire. Mais il faut connaître sa propre constitution pour être en bonne santé  », souligne-t-elle. Après une expérience dans une agence de publicité, elle devient, à 23 ans, formatrice dans un centre auprès de personnes handicapées en région parisienne.

Elle se plonge dans le yoga et se forme en parallèle de son boulot, ce qui la mènera petit à petit à la pratique de l’âyurveda en autodidacte. « Et il y a 4 ans, j’ai fait un burn-out. J’étais dans le trop », commente-t-elle. Elle prend le temps de s’écouter, de revenir en Bretagne et d’approfondir ses connaissances de la médecine traditionnelle indienne, vieille de 5 millénaires : « je me suis reconnectée à ma nature ».

Depuis deux ans et demi, la praticienne reçoit une majorité de femmes pour des bilans ou des massages ayurvédiques en suivant sa règle d’or :

« Pas plus de quatre personnes par jour et pas plus de deux massages. Il faut pouvoir être disponible et à l’écoute. Et puis avant chaque consultation, je dois méditer pour me recentrer et être dans les meilleures conditions  ».

La médecine indienne part du principe que tout l’univers est constitué des 5 éléments (éther, air, feu, eau et terre) dans des proportions différentes. Ils sont réunis en trois doshas (énergies vitales combinant un ou plusieurs des 5 éléments) : Vata, Pitta et Kapha. « Nous avons tous un ou deux doshas prédominants, c’est notre constitution de naissance, celle qui influence notre personnalité et notre corps. Il faut la maintenir durant sa vie pour être en bonne santé, dans le sens d’épanoui  », selon la spécialiste.

Elle définit la constitution de naissance et détermine à quel point la personne s’en est éloignée ou à l’inverse est dans l’excès. L’intervention se fait ensuite sur la diététique et/ou sur le style de vie. Des positions de yoga pourront être prescrites « car c’est un outil important de l’âyurveda  ».

Autre médecine non conventionnelle, la kinésiologie. Sophie Tchékaloff exerce cette profession depuis septembre 2012, quartier Saint-Hélier. Avant, elle a passé 17 ans dans l’agroalimentaire en tant que responsable qualité. En parallèle, elle pratique la danse « pour nourrir le besoin de laisser s’exprimer mon corps  ». Quand elle décide de se réorienter, il lui semble naturel en lisant la définition de la kinésiologie de suivre cette voie : « ça m’a parlé car on prend en compte du corps, en travaillant les mémoires corporelles  ».

Après une formation à Nantes, elle obtient son diplôme et s’établit à son compte. En kinésiologie, les points d’entrée utilisés sont les différents méridiens du corps. Le professionnel va alors les rééquilibrer :

« On donne du sens à une douleur, on réajuste. On étudie ce que le corps ramène à la conscience. C’est lui qui nous mène et nous guide ».

Pour cela, Sophie Tchékaloff se munie de plusieurs listes constituant un guide d’entretien. Le test musculaire va lui permettre d’établir un dialogue avec le corps via les bras de la patiente, qui répondent par oui ou par non, en utilisant la tonicité ou le relâchement des muscles sans contrôle conscient du cerveau. « C’est une communication énergétique qui s’établit. Le corps sait de quoi il a besoin  », confie-t-elle.

Tout son savoir-faire repose sur les mémoires du corps, depuis sa vie intra-utéro à l’instant T. Il pose son traumatisme, permettant ainsi à la spécialiste de rectifier via des remèdes naturels, comme les huiles essentielles, des sons, des mouvements, des symboles, etc. : « je suis l’intermédiaire entre le corps et la conscience de la personne. Ensuite, c’est un travail de développement personnel. »

MAJORITÉ FÉMININE

Les praticiennes sont, en majorité de sexe féminin. Idem pour la clientèle. Selon Isabelle Hernandez, « elles ont besoin de se reconnecter à ce qu’elles sont ». Un premier pas se fait souvent dans le cadre d’une guérison puis s’élargit à une philosophie de vie due à une prise de conscience. Une prise de conscience qui se généralise depuis 4 – 5 ans, selon les praticiennes.

« Il y a une vraie demande, ça devient presque incontournable. On devient soucieux de son bien-être. On commence à se lasser de la prise de médicaments, on essaye de trouver d’autres solutions  »
Laura Lefebvre, énergéticienne-géobiologue-naturopathe.

Pour Solenn Tilly, il est primordial de retrouver l’estime de soi et de s’écouter : « Il faut le faire en douceur pour ne pas choquer le cerveau  ».

Emilie* vit à Rennes. Issue d’une famille attentive au bien manger et aux alternatives des médicaments – homéopathie, acuponcture – elle participe aux constellations familiales, en individuel dans un premier temps en 2006, animées par Véronique Ghezel. Puis de manière collective en 2009 et travaille sur de lourds héritages émotionnels familiaux. Il y a un an, elle s’est formée avec Laura Lefebvre à la pratique du reiki – qui fait appel au magnétisme :

« Cela équilibre les parties du corps, c’est doux, chaud, très cocooning. C’est important de le pratiquer sur soi pour être disponible pour les autres  ».

Elle apprécie la considération holistique de l’être humain. Une manière aussi d’aller plus loin « dans la connaissance de notre propre personne. C’est le travail d’une vie !  »

LE BIEN-ÊTRE : UN MARCHÉ CONVOITÉ

Actuellement, nombreuses sont les praticiennes à s’installer en milieu urbain, ou en périphérie. Et les Rennais en sont friands. Pour Laura Lefebvre, « il y a une évolution positive du côté clientes, surtout sur le bassin rennais  ». Isabelle Hernandez, souligne une ouverture d’esprit et une réelle prise de conscience de la part des bretons, qui viendrait de leur naturel, de leur simplicité et de leur authenticité. Pourtant ces pratiques n’étant pas reconnues et intégrées officiellement dans la communauté médicale traditionnelle, les consultations ne sont pas remboursées.

En moyenne, elles oscillent entre 50 et 70 euros la séance (entre 1h et 2h). « Ce n’est pas une thérapie classique. Généralement, les femmes viennent de manière ponctuelle. Certaines reviennent mais elles le font quand elles en ont besoin. On leur donne des clés pour s’adapter au quotidien », explique Florence Delaune, coach sophrologue et co-gérante de la Maison du Bien-Être de Rennes. La structure qu’elle gère avec Sylvie Hurel permet à de nombreuses praticiennes de partager les locaux mais aussi leurs expériences et leurs pratiques.

Chaque mois, des ateliers, des conférences et des Happy Lab sont proposés en lien avec le bonheur, le bien-être, les différentes pratiques encadrées dans ce domaine. À Rennes, il suffit de naviguer sur Internet pour trouver bon nombre d’animations organisées par les associations, les praticiennes ou encore des structures telles que l’association Joséehoued, qui organisait le 21 février dernier une conférence animée par la chaman Elli Mizikas.

À cette même date s’ouvrait le salon Bio Respire la vie, au parc expo de Rennes. Durant trois jours, une multitude de stands de cristaux, massages, naturopathie, géobiologie, feng-shui, huiles essentielles entre autres, étaient à la disposition des curieux à l’affut de toutes les pratiques et nouveautés en terme de bien-être.

Les médecines non conventionnelles bénéficient donc d’un intérêt certain depuis plusieurs années et tendent à se démocratiser. Un bémol survient alors : « L’industrie a bien compris que ça marchait et met la main sur certains produits de type lait de soja. Elle popularise l’information mais ne sensibilise pas  », conclut Solenn Tilly.

  • Le prénom a été modifié

Isabelle gillet, magnétiseuse : Au quotidien, Isabelle Gillet propose ses conseils et ses études : en Feng Shui, en Géobiologie et en Home Staging. Dans la discrétion, elle partage ses talents de magnétiseuse. Un don qu’elle découvre dès l’âge de 20 ans. Il consiste à utiliser son énergie ou l’énergie captée pour soulager une douleur, enlever une verrue ou cicatriser une brûlure. « J’appose mes mains sur un individu ou sur une photo. Je ferme les yeux et je me concentre pour que l’énergie pénètre. J’éprouve un ressenti, comme des fourmis et lorsque mon corps est fatigué, je m’arrête  », décrit la magnétiseuse. En général, une pratique de 15 minutes tous les 2 ou 3 jours suffit pour éradiquer le problème.

Pour profiter de ce don, le prix s’élève entre 20 et 25 euros (2 à 3 séances). Elle éprouve également des ressentis physiques avec les lieux : des vertiges, des évanouissements lorsque les énergies y sont négatives : « Je suis allée dans une maison à Rennes où une dame était gênée par une pièce. Je me suis effondrée.  » Après des recherches, sa réaction est expliquée. Il s’agissait d’un lieu de torture pendant la seconde guerre mondiale. Pour guérir l’habitat, elle y pratique un nettoyage énergétique. « Une remise à niveau, où j’utilise de l’encens, du sel ou des bols tibétains pendant plus d’une heure  », détaille-t-elle.

Elli Mizikas, shamanka et éveilleuse d’âme : Spécialiste des mythes, des contes et des traditions populaires, psychothérapeute et écrivain, Elli Mizikas rencontre durant ses voyages de nombreux maîtres chamaniques. Elle décide, à son tour, de transmettre ses connaissances lors de conférences, de formations, d’ateliers, sans s’affilier à une tradition en particulier. Il sert à faire découvrir, naître et réconcilier les gens avec les énergies, pour guérir et soigner. Cela passe par la méditation profonde, la danse, les rituels, l’utilisation de plantes, de minéraux et d’outils (crânes, bâtons). « Le chamanisme m’a apporté beaucoup sur la compréhension psychiatrique des individus  », explique-t-elle.

Elle utilise « nos mots, pour parler de leur sagesse à eux, afin que nous puissions nous réapproprier leurs merveilles  ». Elli Mizikas s’est intéressée très tôt aux espaces ésotériques, dès l’âge de 6 ans, en posant beaucoup de questions aux adultes, comme une soif de comprendre tous les mystères de l’existence. Aujourd’hui, elle continue de se former. « Il faut travailler sur soi, sur l’ensemble de l’être et expérimenter  » avoue-t-elle avant de préciser que « chaque chamanisme est une parcelle de vérité et une mise en forme qui est propre à chaque culture  ». C’est pour cette raison qu’elle n’exclut aucune famille. « Les chamans ont une connaissance de la terre, de la vie et de la psyché humaine que certains scientifiques ne découvrent que maintenant  », conclut-elle.

Anna, panseuse de feu : Surprise de panser les brûlures, Anna reste discrète sur son don : « Je suis quelqu’un de terre à terre  ». Lorsqu’elle pose ses mains à côté d’une plaie, la douleur disparaît. « Mes mains deviennent chaudes  », explique-t-elle. Et la personne se sent soulagée. « Ma mère était enceinte de quelques semaines lorsqu’un feu s’est déclaré dans la maison. Le voisin lui a dit que son bébé serait panseur de feu  ». Sa prédiction se confirme : Anna soulage, très jeune, une femme brûlée par l’huile d’une friteuse. Elle vient en aide à ceux qui le lui demandent. « Jamais, je ne le ferai payer. Ce serait une aberration pour moi », précise-t-elle.

Le docteur Philippe Rault est médecin anesthésiste au Centre Hospitalier Universitaire de Rennes. Il est responsable du centre d’évaluation et du traitement de la douleur. Il y pratique une thérapie complémentaire : l’hypnose ericksonienne. Il nous explique…

En quoi consiste l’hypnose ericksonienne ?

Il s’agit d’une hypnose assez originale, mise au point par l’américain Milton Hyland Erickson. Un homme très astucieux qui a développé une technique très personnelle pour aider les patients à trouver des ressources en eux - afin de répondre à leurs questions de santé mentale et physique. Jeune, il avait contracté la polio. Pour ne pas être paralysé, il a travaillé sur son mental. Il a imaginé ses muscles en activité et ça a fonctionné : il n’a pas connu le destin tragique qu’on lui prédisait. Il a voulu aider les autres.

Dans quel cas utilisez-vous cette technique sur vos patients ?

Je la pratique en cas de douleurs chroniques, c’est-à-dire d’au moins trois mois. Chez des personnes souffrant de migraines, de problèmes lombalgiques, neurologiques, mais aussi lorsqu’elles ont une contre-indication ou refusent d’être anesthésiées. Je l’utilise comme moyen alternatif pour la réalisation d’une coloscopie, par exemple. Le patient est éveillé et entre dans une transe hypnotique où la douleur est différente. Sa partie émotionnelle est déconnectée de sa partie sensorielle, ce qui lui permet de trouver la solution en lui, pour mieux supporter la douleur. On est dans une concentration intérieure où la transe est comparable à celle que nous vivons lorsque nous sommes perdus dans nos pensées.

Comment cela fonctionne ?

Le médecin s’assure de la motivation du patient et entretient un lien thérapeutique avec lui. Lors de l’hypnose, il l’accompagne dans un souvenir agréable, l’invite - avec des mots positifs, une voix tranquille et monocorde - à entrer dans des pensées positives. Plus le patient est dans ses idées réconfortantes, moins il est dans la salle d’examen et donc dans la douleur.

Il s’agit ici d’une thérapie dite complémentaire. A-t-elle pour vocation de se substituer au traitement médical ?

En aucun cas l’hypnose ne remplace le traitement de départ. Elle vient toujours en complément. Pour la douleur, elle fait partie de l’arsenal pour soigner le patient, au même titre que les médicaments, la chirurgie, la kinésithérapie ou l’homéopathie. Elle n’est pas une fin mais un moyen de traiter la douleur.

Peut-on dire, dans le cas de traitement contre la douleur, que la médecine traditionnelle et les thérapies non conventionnelles se complètent ?

Oui, elles peuvent fonctionner ensemble en harmonie. La médecine classique repose sur les médicaments et la technique alors que les thérapies complémentaires apportent une synergie sans oublier l’aspect psychologique. Elles fonctionnent toujours (à moins que le thérapeute soit incompétent ou le patient résistant) et offrent un bon complément. Cependant, à la différence de la médecine, l’hypnose n’est pas remboursée par la caisse d’assurance maladie. Du coup, je la pratique en consultation classique pour que les patients soient dédommagés financièrement.

L’hypnose traite-t-elle le patient dans son ensemble ?

Elle offre une vision globale, écologique et systémique du patient. Ce dernier est perçu comme un système complexe dans lequel il doit trouver sa place.

Le 5 mars 2013, l’académie de médecine a publié un rapport sur ces thérapies - incluant l’hypnose, la médecine manuelle, le tai-chi et l’acupuncture - dans le but « de préciser leurs effets, de clarifier leurs indications et d’établir de bonnes règles pour leur utilisation ». Était-ce essentiel ?

Oui, lorsqu’on utilise des techniques, il faut un minimum de cadres. Il était nécessaire de poser des règles, sinon les gens sont perdus. C’est aussi une réponse aux mauvaises pratiques d’hypnose.

Tab title: 
Des pratiques féminines non conventionnelles
L'engouement du bien-être
Secrets de rebouteuses
L'hypnose, une thérapie complémentaire qui fait ses preuves

Célian Ramis

La badouillerie du vendredi

Posts section: 
Related post: 
222
Location: 
Campement Dromesko, Saint-Jacques de la Lande
List image: 
Summary: 
Vendredi 21 février sera présentée la troisième Badouillerie, au campement théâtre Dromesko, à Saint Jacques de la Lande. Un rendez-vous singulier organisé par la compagnie « Les Emplumées ».
Text: 

Vendredi 21 février sera présentée la troisième Badouillerie, au campement théâtre Dromesko, à Saint Jacques de la Lande. Un rendez-vous singulier organisé par la compagnie « Les Emplumées ». Présentation.

Dans une ferme rénovée, rue du Haut Bois, à Saint Jacques de la Lande se joue, vendredi, la troisième Badouillerie. Un évènement artistique, inspiré des soirées festives et carnavalesques du XIXème siècle à Paris, qui met en avant de jeunes artistes bretons, à travers des  expositions, des performances, des concerts, des projections et des ciné-débats.  

Ce mois-ci, le thème s’articule autour de la fête foraine avec la présence de deux femmes : Martina Damarte et Natalia Santo. Elles proposent un univers fantasque et ludique qui enchante et captive. Illustratrice et marionnettiste, la première présente son théâtre d’objet, son mini musée qui tient dans une valise. « Un musée itinérant et autonome pour aller à la rencontre des gens » explique-t-elle.

Originaire d’Italie, elle s’est formée aux beaux arts de Lorient et à l’école de bandes dessinées de Florence. La seconde fait partie de la compagnie de théâtre et de cirque à cheval « Panik ». Elle installe un « photomaton circus » dans lequel elle prend en photos des personnes – avec un argentique – dans un décor travaillé (des tissus particuliers, des objets suspendus ou des déguisements) et développe en instantané les clichés pour les remettre aux modèles.

Leur style est décalé, bon enfant et l’ambiance générale de la Badouillerie : « festive, conviviale et intimiste », selon Estelle Eon, chargée de l’administration de la compagnie Les Emplumées. Une atmosphère qui permet de partager, d’échanger et de rencontrer les artistes, car l’essentiel de ces rendez-vous reste l’échange. « On travaille sur le lien avec le spectateur et chaque évènement est travaillé in situ. On demande aux artistes de créer quelque chose d’unique », précise la jeune femme.

En plus des attractions et des surprises, un bal guinguette est programmé, emmené par des musiciens de la Gapette, le « Cupif  Band from Biroutt ». Fort de son succès, le nombre de places est limité. Il faut donc réserver, au plus vite, auprès de la compagnie Les Emplumées, pour assister à l’évènement. La jauge est petite, mais offre un côté intimiste à ce rendez-vous artistique…

Modèles, tempête sous les crânes

Posts section: 
Related post: 
219
Location: 
Carré Sévigné
List image: 
Summary: 
Ce mardi soir, la tempête Petra a fait tournoyer la pluie dans des rafales de vent glacé… Ce mardi soir, la tempête a aussi soufflé sous les crânes des spectateurs, venus assister à la représentation du spectacle Modèles.
Text: 

Ce mardi soir, la tempête Petra a fait tournoyer la pluie dans des rafales de vent glacé… Ce mardi soir, la tempête a aussi soufflé sous les crânes des spectateurs, venus assister à la représentation du spectacle Modèles, de la compagnie La part des anges – mise en scène de Pauline Bureau – au Carré Sévigné.

Au moment même où l’actualité réveille et secoue les consciences sur le droit à l’avortement et la théorie des genres, Modèles tombe à point. Sur scène, Rachel Arditi, Sabrina Baldassarra, Sonia Floire, Gaëlle Hausermann et Céline Milliat-Baumgartner, se mettent à nue, aux sens propre et figuré – quand la mise en scène le réclame – pour raconter l’Histoire des femmes et des histoires de femmes, véritables échos aux vies de chacune, aux expériences, joyeuses ou douloureuses, que chaque femme a pu traverser ou traversera.

Elles rappellent qu’il y a encore 48 ans un mari pouvait interdire à son épouse de travailler et d’ouvrir un compte en banque ; qu’en 2004 celle qui fait le choix d’avorter peut encore être mal traitée ; qu’il est, en 2014, normal pour la société qu’une mère assume boulot-enfants-maison et qu’un père qui fait les courses ou le ménage une fois par mois est un demi-dieu. Alors, le spectateur frisonne, pleure, rit et sourit, se crispe, enrage, compatit, rougit avec elles.

Il n’est pas ici question de féminisme, du moins pas de celui qui voudrait voir les hommes réduits au silence et à la castration, non, Modèles ne stigmatise pas la gent masculine, mais la société tout entière, celle qui a fait et qui continue de faire qu’aujourd’hui

« les filles, on ne leur dit pas qu’il faut faire de la psychologie plutôt que de la sociologie. Or, statistiquement, il y a beaucoup plus de filles en psychologie (l’âme, l’intime, la maison) qu’en sociologie (la politique, l’agora). Ca veut dire qu’inconsciemment les filles s’orientent vers ce pour quoi elles se pensent faites (…). Elles collaborent inconsciemment », comme le décrit si bien ce texte de Pierre Bourdieu sur lequel s’ouvre le spectacle.

Une mise en scène audacieuse

Les textes de Bourdieu, Despentes, Duras…etc., mis en scène de façon originale et intelligente – les comédiennes se glissent dans la peau des auteurs pour les réciter sous forme d’interviews filmées – ponctuent une pièce où se mêlent scènes théâtrales classiques, projections vidéos, chants (dont une très bonne reprise de Fuck You de Lily Allen), danses, mimes et où les allégories sont poético-trash, parfois borderlines mais jamais vulgaires.

Et puis, les comédiennes sont accompagnées d’un musicien, Raphaël Aucler, dont les riffs de guitare et les solos de batterie apportent une intensité notable au spectacle. Outre son intelligence, son originalité, sa volonté d’interpeler sans agresser, Modèles fait du bien, en ces temps où ressurgit une morale à la tolérance douteuse qui voudrait maintenir l’humanité dans une immobilité réac’ où la femme ne travaille pas, ne bronche pas, ne sort pas de sa cuisine, n’avorte pas, ne désobéit pas à son mari, n’est pas l’égale de l’homme…

C'est quoi être une femme aujourd'hui ?

Posts section: 
Related post: 
210
Location: 
Carré Sévigné
List image: 
Summary: 
Elles sont jeunes, jouent, chantent, dansent, et pensent. Ce sont les filles de la compagnie La Part des Anges. Elles ont écrit à 14 mains le spectacle Modèles.
Text: 

Elles sont jeunes, jouent, chantent, dansent, et pensent. Ce sont les filles de la compagnie La Part des Anges. Elles ont écrit à 14 mains le spectacle Modèles – qui sera joué ce mardi 4 février au Carré Sévigné – sur les femmes. Il y est entre autres question de transmission, de violences, de discriminations, d’égalité.

Être une femme aujourd’hui n’est pas si facile. Malgré les victoires de nos aînées, l’équilibre entre vies professionnelle et privée, est toujours précaire, et l’égalité des sexes loin d’être parfaite. Sujet universel sur lequel la compagnie La Part des Anges s’est penchée avec originalité et profondeur. « Modèles est une très belle pièce, inhabituelle car écrite collectivement par des jeunes femmes qui sont aussi d’excellentes comédiennes, musiciennes et chanteuses. Elles sont douées ! », raconte Carole Lardoux, directrice artistique du Carré Sévigné.

Pour répondre à une commande du Théâtre de Montreuil il y a quelques années, Pauline Bureau, auteure, metteure en scène et comédienne, a réuni sa troupe et son équipe technique. « On s’est mis à table et on a parlé, échangé, partagé. De fil en aiguille, le spectacle s’est concrétisé », révèle Sonia Floire, co-auteure et comédienne. « Entre nous, il y a bien sûr des différences et des points communs, liés à nos éducations, nos expériences », ajoute Gaëlle Hausermann, co-auteure et comédienne également.

Si les parcours ne sont pas les mêmes, ils sont tous influencés par des modèles. Certaines avaient des mères qui travaillaient, d’autres pas. Que fait-on de ces exemples ? Le spectacle évoque ainsi la transmission entre femmes, l’avortement, les premières règles, les combats contre les injustices, l’illettrisme, les violences… etc. Mais non au sens où on l’envisage quand les femmes parlent des et aux femmes, les hommes n’y sont pas non plus stigmatisés. « Les filles de Modèles s’interrogent, chacune avec sa propre construction, son individualité, il y a plusieurs regards sur le monde et un grand respect », décrit Carole Lardoux.

La pièce n’a donc pas été créée autour d’un message, « nous parlons de nous, de nos vécus et chacun s’y retrouve », précise Gaëlle Hausermann. Cette résonnance dans le cœur et l’esprit du public n’était pas recherchée, mais elle est là et elle touche les comédiennes.

Entre théâtre et cabaret

Modèles est un spectacle qui mêle lectures de textes littéraires et intellectuels – Marie Darrieusecq, Pierre Bourdieu, Virginie Despentes, Marguerite Duras, Catherine Millet, Virginia Woolf – morceaux d’histoires personnelles, chants et musique live – un musicien accompagne les comédiennes sur scène – danses… « C’est un cabaret ! sourit Sonia Floire, c’est du théâtre très moderne, c’est peut-être aussi pour cela que ça plait beaucoup aux gens et particulièrement aux jeunes ». Du théâtre contemporain et original, authentique et populaire qui séduit le public à l’image de Carole Lardoux :

« La mise en scène de Pauline Bureau est imaginative, originale, drôle, juste, vive, très touchante. En outre, j’aime quand le théâtre est une fenêtre de réflexion et permet de poser la question « dans quelle société vit-on ? » ou encore « qu’ai-je à dire en tant que femme, qu’est-ce être une femme ? »… J’aime que le théâtre soit problématique, qu’il soit le prolongement de la parole de beaucoup de gens », confesse-t-elle.

La parole continue de se libérer à la fin de chaque représentation au travers de discussions ouvertes avec les spectateurs. Et souvent le public est dérouté, bouleversé, content, touché, rit. Tous semblent se retrouver autour de cette problématique et cette envie de faire avancer la société.

C’est quoi être une femme aujourd’hui ?

Pour répondre à cette interrogation de base, Sonia Floire et Gaëlle Hausermann ont trouvé une source inspiratrice dans un texte de Virginie Despentes, extrait de King Kong Théorie :

« Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toute façon je ne l’ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas ».

Pour Gaëlle, il est important pour bien répondre de ne pas tomber dans le cliché du féminisme extrémiste. Selon elle, si pour l’égalité toutes les conquêtes sont possibles, ici « le but était de libérer la parole, de partager et c’est déjà pas mal ! Nous ne voulons surtout pas donner de leçons ! », assure-t-elle. À la même question, Carole Lardoux évoque aussi l’égalité entre êtres humains, « c’est avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’un homme ». Une affaire avant tout humaniste, que les femmes doivent mener avec les hommes, pour une société meilleure.

Célian Ramis

Femmes animales, une première prometteuse

Posts section: 
Related post: 
211
Location: 
Rennes
List image: 
Summary: 
Mathilde Pilon, jeune femme de 28 ans, s’est lancée dans la cour des grands avec une première exposition intitulée « Femmes-animales. ».
Text: 

Mathilde Pilon, jeune femme de 28 ans, s’est lancée dans la cour des grands avec une première exposition intitulée « Femmes-animales. ». Elle est visible jusqu’au 26 janvier à la Coopérative, à Rennes. L’artiste compile des poésies et des photographies autour de la question de la métamorphose.

Mathilde Pilon écrit depuis toujours. Dès l’école elle écrivait sur ses cahiers. La plume est pour elle une manière de s’exprimer naturellement. C’est sa rencontre avec une personnalité qu’elle qualifie de personne « spontanée et particulière » qui lui ouvre les portes de la photographie.

De cette rencontre, elle tire un texte qu’elle intitule « femme-loup » et le besoin de l’illustrer se fait sentir. Elle prend son appareil photo, et en improvisant sur le tas elle commence à illustrer ses poèmes avec « les images que j’avais en tête. » Elle a tout appris sur le tas et confesse : « La recherche de modèles, le travail sur Photoshop, le travail de scénographie, je n’y connaissais rien mais j’ai adoré le faire. »

Lancée, elle ne s’arrête plus et décline l’idée en une série de portraits, tous féminins et animales :  la « femme-cobra » serpente aux cotés de la « femme-chat » qui fait le dos rond à la « femme-caméléon », qui elle-même se camoufle de la somnolente « femme-marmotte ».

En tout c’est une quinzaine de portraits qui sont proposés dans cette exposition. Le travail s’est fait avant tout « sur la métamorphose. Ce qui m’a intéressé c’est l’anthropomorphisme, le côté hybride des choses et le fait qu’un seul être puisse avoir plusieurs facettes. »

Mais c’est aussi une histoire de vie et de femmes, de rencontres et de force. Elle s’est inspiré des personnes autour d’elle, de la vie, tout a été fait de manière intuitive. D’autres projets sont déjà en route pour la jeune femme. Elle a déjà pris contact avec une maison d’édition pour publier le travail qui est actuellement exposé: « Mais je ne peux pas vraiment le dire, rien n’a encore été signé. »

Célian Ramis

Adèle : créatrice de poésie textile

Posts section: 
Related post: 
207
List image: 
Summary: 
Adèle Le Gall a un talent, c’est certain. Si on lui demande quel est son métier, elle nous répond « je suis une « bijouteuse » poétique ». Le décor est posé : imaginez des bijoux qui racontent une histoire.
Text: 

Adèle Le Gall a un talent, c’est certain. Si on lui demande quel est son métier, elle nous répond «  je suis une « bijouteuse » poétique ». Le décor est posé : imaginez des bijoux qui racontent une histoire. Ou plutôt des histoires, imaginaires et parfois inspirées de la Nature, comme lorsque qu’un papillon brodé se pose discrètement sur un serre-tête ou lorsque qu’une libellule atterrit sur un  nénuphar habillant une barrette. C’est tout cela « la Malle d’Adèle », le nom de sa marque.

Être née dans une famille d’artisans aide forcément à s’engager sur la voie de création : «  Ma grand-mère tenait une boutique de confection, ma mère travaille toujours la céramique, et mon père travaillait le cuir ». Adèle a grandi en regardant sa maman travailler toutes sortes de matières : tissus, céramique, pâte fimo.

À l’adolescence, Adèle s’oriente vers des études d’arts plastiques (la photo en particulier) et réalise rapidement que ce n’est pas fait pour elle : « je m’y suis tellement  ennuyée ! ». Pour subvenir à ses besoins, entre des petits boulots purement alimentaires, elle développe sa créativité en réalisant des bijoux en pâte polymère dite pâte « Fimo ». Nous sommes alors en 2003 et ce matériau commence tout juste à être utilisé par des créatrices de bijoux.

À l’époque, peu attirée par Internet, Adèle décide de ne vendre ses créations que via des marchés de Noël et d’Eté, ainsi que des Festivals techno, où la clientèle jeune et branchée est séduite par ses créations colorées aux formes psychédéliques et accessibles financièrement. Entre ses périodes d’exposition, elle s’attèle à la fabrication. Elle gardera de cette période  des souvenirs  agréables de vie de « bohême à 100 à l’heure ».

En 2009, lorsqu’Adèle attend la naissance de sa première fille, elle décide d’arrêter de travailler cette pâte « fimo » qui peut dégager des vapeurs toxiques pendant la cuisson. Elle fait alors une pause mais sa créativité, elle, ne se met pas sur « off » : elle réfléchit à la création de bijoux dans une matière sans danger et plus simple à travailler (la pâte fimo se travaillant avec masque et gants). Elle se tourne vers les tissus…

Et puisque la vie de famille n’est pas forcément compatible avec les déplacements sur les marchés artisanaux, elle se tourne vers Internet pour proposer sa nouvelle collection de bijoux textiles. La Malle d’Adèle est lancée avec succès sur des plateformes de vente spécialisées dans le fait-main, telles que « A Little Market ». Ces supports de vente offrant la possibilité de mettre facilement en vente ses créations, avec une visibilité intéressante. Ce n’est que plus récemment qu’elle a lancé en parallèle un site dédié à sa marque.

Le parcours d’Adèle est singulier : elle n’a donc quasiment jamais connu d’autre métier que celui de créatrice indépendante et ne se verrait pas autrement.

Pour créer sa collection de bijoux textiles, Adèle récupère de beaux tissus  et des galons anciens chez sa maman, et se met à chiner ses dimanches de libre dans les brocantes de la région… Elle développe ainsi une technique de plus en plus maîtrisée, en travaillant des matières telles que le cuir pour former la base solide de ses colliers ou manchettes, ou la feutrine pour les autres accessoires.

Ces créations dévoilent une richesse infinie de tons et de reflets : grâce à des soies chinoises ou damassées mariées à des mousselines perlées, le tout savamment harmonisé dans un enchevêtrement de galons. Adèle va même jusqu’à teindre les dentelles anciennes dans des couleurs surprenantes et envisage aujourd’hui de teindre elle-même ses étoffes pour répondre aux exigences pointues de sa clientèle… En parallèle, elle aimerait développer une collection destinée aux futures mariées.

Le parcours d’Adèle est singulier : elle n’a donc quasiment jamais connu d’autre métier que celui de créatrice indépendante et ne se verrait pas autrement. Sa passion créative la fait vivre au sens propre comme au figuré mais elle sait qu’il faut sans cesse proposer de nouvelles créations pour se maintenir à un niveau convenable de revenus dans ce marché fortement concurrentiel de la création de bijoux faits-main.

Aujourd’hui Adèle réalise 80% de son CA sur Internet et 20% via des salons, marchés ou ventes privées. Pour 2014, elle pense se diriger vers de nouveaux marchés de créateurs, le contact direct avec la clientèle lui manquant. Elle envisage aussi de prendre un atelier avec d’autres créatrices, la conciliation vie perso / vie pro en travaillant chez soi n’étant pas toujours facile à vivre sur le long terme.

Célian Ramis

Marrainage : Des femmes de Rennes et d'ailleurs

Posts section: 
Related post: 
201
Location: 
Maison Internationale de Rennes
List image: 
Summary: 
La MIR regroupe plusieurs dizaines d’associations rennaises qui interviennent dans divers domaines de l’international, tels que la solidarité, les échanges culturels et les droits humains.
Text: 

La maison internationale de Rennes (MIR) association de loi 1901 regroupe plusieurs dizaines d’associations rennaises qui interviennent dans divers domaines de l’international, tels que la solidarité, les échanges culturels et les droits humains. Dans ce dernier secteur, elle mène un projet « migrations » dont l’une des facettes est le projet marrainage. Présentation.

Financé  actuellement par la délégation régionale aux Droits des femmes et à l’égalité et par le fond social européen, le marrainage met en lien des femmes avec des migrantes en recherche d’un accompagnement dans leur projet professionnel, politique ou associatif. « Il s’agit d’un projet régional qui leur permet d’exercer leur citoyenneté et de s’investir dans l’espace public », explique Ghania Boucekkine, la vice présidente de l’association, déléguée aux droits humains.

Débuté en 2006, le projet est à l’origine créé à la demande de jeunes étudiantes étrangères bloquées dans leurs projets qu’elles souhaitaient mener en France ou dans d’autres pays. À l’époque, la MIR travaillait sur la relation « femmes et pouvoir » explique la vice présidente. Pour répondre à leurs attentes, la MIR a décidé de former des duos avec d’un côté, des marraines qui orientent, conseillent, ouvrent leur réseau et partagent leur expérience et de l’autre des femmes d’origine étrangère qui ont besoin d’être appuyées, de reprendre confiance en elles, de sortir de leur isolement et de construire leur avenir.

Actuellement, 33 binômes existent en Bretagne, dont 24 en Ille-et-Vilaine. Mariko et Gaudence en font partie. Depuis fin septembre, Mariko, professeur de physique à l’université de Rennes 1, aide Gaudence, 26 ans, originaire du Rwanda, dans sa recherche d’emploi en tant qu’ingénieur chimiste.

Elle lui apporte son regard de scientifique, lui ouvre ses réseaux, l’épaule dans l’écriture de son curriculum vitae, dans ses lettres de motivation et lui fait découvrir les sites d’offres d’emploi spécialisés. Un vrai soutien pour la jeune femme. « Elle était très timide et son CV était très scolaire », confie la professeur. Ce qui n’est aujourd’hui plus le cas… « On acquiert une confiance en soi grâce à un CV qualitatif », précise Mariko.

Fort de son succès, le projet marrainage s’exporte : en Ile de France, à Poitiers (où des fonds viennent d’être mis en place) et dans le Morbihan. Dans ce dernier département, ce sont des femmes qui veulent s’installer en tant qu’agricultrices, qui sont aidées. Une version du marrainage de la MIR qui en dit long sur les possibilités d’avenir de ce projet.

Célian Ramis

Les sages-femmes tentent le camping des cigognes à Rennes

Posts section: 
Related post: 
218
Location: 
Rennes
List image: 
Summary: 
Les sages-femmes de Rennes et des alentours ont décidé de se mobiliser pour leur profession, en grève depuis le 16 octobre dernier, et d’installer le « Camping des cigognes » sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes.
Text: 

Jeudi 12 décembre, les sages-femmes de Rennes et des alentours ont décidé de se mobiliser pour leur profession, en grève depuis le 16 octobre dernier, et d’installer le « Camping des cigognes » sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes. Un moyen de sensibiliser les passants à leurs revendications.

Depuis deux mois, les sages-femmes ont entamé un mouvement national de grève à l’initiative d’un collectif – composé de 6 membres*. Un mouvement suivi à Rennes, et plus largement en Bretagne. Jeudi 12 décembre, les sages-femmes ont planté les tentes sur un carré de pelouse, sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes.

Dès 16h, le « Camping des cigognes » est installé et la vente de gâteaux, thé, café et bracelets « je soutiens les sages-femmes » démarre, dans le but de récolter de l’argent qui servira à payer le transport jusqu’à Paris, lundi 16 novembre. « Deux cars partiront de Bretagne, un de Lorient et de Rennes, pour que nous puissions participer à la seconde manifestation nationale », explique Charlotte Godet, sage-femme à Rennes.

À 21h, une dizaine de professionnels, toujours vêtus de leur blouse blanche, est réunie dans la froideur hivernale à quelques mètres du camping et se retrouve autour d’une table, avant de manger, dans une ambiance plutôt festive.

Sortir de l’invisibilité

Une action qui a également pour objectif de faire sortir la profession de son « invisibilité » : « Nous souffrons d’une méconnaissance du grand public. Même les femmes enceintes n’ont pas forcément connaissance de toutes nos compétences, elles le découvrent au fur et à mesure », explique Alice Froger.

Parmi ces compétences figurent le suivi gynécologique obstétrical, le suivi post-partum, la préparation à l’accouchement ou encore l’échographie. Une liste non exhaustive qui leur permet de manifester leur volonté d’être reconnues en tant que praticiens de premier recours. « À la différence des gynécologues – mais nous ne pouvons pas faire de généralités non plus – nous avons plus de temps à consacrer à la femme enceinte, qui peut parfois se sentir seule (dans le labyrinthe médical). Les gynécologues sont souvent overbookés et sont les spécialistes de la grossesse pathologique. Nous, nous sommes des spécialistes de la grossesse dite normale », poursuit la sage-femme rennaise.

Elles revendiquent également l’importance du suivi physiologique qui a été reconnu dans un rapport de la Cour des Comptes en 2011 comme un facteur « permettant de limiter les risques d’accouchements prématurés » mais aussi de diminuer les risques de mortalité des mères et des bébés.

Autre revendication essentielle pour les professionnelles de la grossesse : le statut des sages-femmes. « Depuis toujours, nous sommes considérées comme personnel non-médical, la seule profession qui n’est pas inscrite dans son Code de déontologie », déclare Charlotte Godet. Un statut qui limite leur autonomie dans le milieu professionnel et dans le quotidien de leur exercice. Phénomène paradoxal, elles sont intégrées au personnel médical devant le Tribunal et pour l’Assurance Maladie.

« Par contre, concernant le nombre de médicaments autorisés lors des prescriptions, nous sommes à nouveau en « non-médical ». Et nous n’avons pas non plus le droit aux primes de risque », ajoute-t-elle. Si le corps médical semble comprendre et approuver le mouvement des sages-femmes, en revanche elles ne sentent pas reconnues à leur juste valeur et soutenues dans leur grève. Une grève en grande partie invisible puisqu’elles continuent de travailler et d’assurer leurs fonctions « mais nous ne déclarons pas les cotations, que nous remplissons par informatique, et qui donnent ensuite à l’hôpital accès aux remboursements de la Sécurité Sociale ».

Le « camping des Cigognes » sera présent sur le parvis de l’Hôpital Sud de Rennes jusqu’à vendredi 13 décembre, 16h. Avant de lever le camp, les sages-femmes mobilisées poursuivront leur vente de gâteaux et de bracelets pour rembourser leurs frais de transport en direction de la Capitale afin de défiler aux côtés de leurs consœurs et confrères, lundi 16 décembre.

*Association nationale des étudiants sages-femmes, Conférence nationale des enseignants en maïeutique, Collège national des sages-femmes, Organisation nationale syndicale des sages-femmes, Association nationale des sages-femmes cadres, CFTC.

Célian Ramis

Afrik'Entraide : Pour une femme "bien dans ses stilettos"

Posts section: 
Related post: 
190
Location: 
Maison Internationale de Rennes
List image: 
Summary: 
Rencontre avec l’association Afrik’Entraide qui organisait, dimanche 1er décembre, dans les locaux de la MIR, un vide dressing, intitulé pour l’occasion « Freakum’ Dress’ing » en clin d’œil amusé à un clip vidéo de la chanteuse américaine Beyoncé.
Main images: 
Text: 

Rencontre avec l’association Afrik’Entraide qui organisait, dimanche 1er décembre, dans les locaux de la MIR (Maison Internationale de Rennes), un vide dressing, intitulé pour l’occasion « Freakum’ Dress’ing » en clin d’œil amusé à un clip vidéo de la chanteuse américaine Beyoncé.

Une pile de chaussures sur une table, des vêtements posés et pendus dans toute la pièce, derrière une porte, un atelier de confection de meubles en carton, de l’autre coté d’une autre, un buffet d’énormes gâteaux « fait maison » dont se délectent enfants et parents.

« Nous avons voulu répondre à une demande de nos adhérents et sympathisants. C’est une manière plus conviviale de continuer de mobiliser autour de l’association et de promouvoir nos actions auprès des publics étudiant et associatif rennais qui évoluent sans cesse », explique Melissa Djenno, chargée de projet de développement. Elle fait partie de la vingtaine d’étudiantes migrantes africaines à l’initiative du projet Afrik’ Entraide, lancée en 2006.

Depuis plusieurs années, l’association a organisé diverses conférences et évènements en rapport avec l’esclavage mais aussi et surtout la femme africaine, des sujets « lourds » pour Melissa qui estime que ce vide-dressing leur permet de « respirer et de se faire plaisir ». L’événement a été préparé avec des assidues de vide-dressing et sélectionnées par les adhérents, notamment Valérie Dokla, chargée de communication politique et présidente qui atteste « s’intéresser moins au coté mercantile qu’au partage ».

Du partage il y en a aussi durant les ateliers proposés en parallèle du vide-dressing : fabrication de nœuds papillons en tissus africains, customisation de vêtements et fabrication de meubles en carton avec Nkita, eco designer, un des rares hommes en France à pratiquer le design et la conception d’objet en carton. Durant quelques heures on a pu voir défiler un public très varié, une ambiance familiale et colorée feutre la pièce, le « message arrivera jusqu’aux enfants » pour Valérie ; particularité de cette journée pour elle, l’assistance est composée de familles désireuses de partager ce moment en toute simplicité et non plus seulement  de personnes plus avisées sur les sujets des conférences habituelles.

Avec Melissa elles se sont rencontrées sur les bancs de la faculté de Droit de Rennes et racontent qu’à cette période de leur vie, à ce carrefour, se projeter dans le monde du travail les souciait : « on se voyait déjà galérer à cause de notre statut de migrantes » explique Valérie.

C’est dans ce contexte qu’est né le projet d’Afrik’ Entraide, avec d’autres jeunes filles « ivoiriennes, sénégalaises, gabonaises, kényanes, guinéennes, mauritaniennes, congolaises », le choix a été fait de créer une association étudiante qui promeut la femme africaine mais qui leur permet avant tout de mener à bien leurs divers projets personnels. Pour Gisèle, qui s’est lancée dans l’aventure il y a deux ans, il s’agissait notamment de mettre en place un club de lecteurs, pour Chrisvie, étudiante en sociologie, l’association a permis d’approfondir son intérêt pour la question identitaire féminine.

Si elles ne se considèrent pas comme féministes au départ, ce sont certains hommes, parfois étonnés par leur ambition, qui leur renvoient cette image à laquelle elles s’adaptent progressivement. « Il faut changer la perception du mot féminisme et lui redonner son sens premier » selon Valérie qui avoue ne pas vouloir être associée aux mouvements féministes les plus intransigeants mais estime qu’une femme, à partir du moment où elle défend ses intérêts et ceux des autres femmes peut être considérée, en quelque sorte, comme une féministe.

Une femme afropolitaine

« La femme africaine aujourd’hui ne se pose plus la question de son intégration » affirme Valérie. Volontaire, urbaine, dynamique, ancrée dans son époque et même « bien dans ses stilettos » comme l’explique Melissa en plaisantant, voilà ce qu’est la femme africaine d’aujourd’hui pour les adhérentes d’Afrik’ Entraide, une femme qui doit beaucoup à la femme d’Afrique dont les « valeurs insufflées trouvent une valeur en France » aux yeux de Valérie.

C’est dans cet esprit qu’est né le projet Marrainage en collaboration avec la MIR. Les marraines d’Afrik’ Entraide accompagnent ainsi professionnellement et humainement une quinzaine de filleules du monde entier et ce, dans tout l’Ille-et-Vilaine depuis 2006. Il s’agit pour elles de donner un avis extérieur sur le parcours de ces femmes, de « palier au manque d’humanité de Pôle Emploi » pour Melissa.

Conseiller, ouvrir des réseaux d’insertion professionnelle, accompagner des projets politiques ; en bref, répondre à des interrogations que toute femme peut se poser à un moment donné de sa vie mais qui semblent compliquées par le statut de migrante. Reste maintenant aux jeunes femmes et hommes d’Afrik’ Entraide à concrétiser un autre dessein qui leur tien à cœur ; l’expansion du réseau de l’association à d’autres régions de France comme c’est déjà le cas à Angers ou Paris mais aussi et surtout en Afrique afin d’y propager les valeurs de cette femme afropolitaine.

Pages