Célian Ramis

Girlz en basket

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Rencontre avec Lauraine Tony, basketteuse confirmée qui jouera lors du tournoi féminin B.Ballin Girlz.
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Samedi 22 juin aura lieu sur le campus de Beaulieu, la 1ère édition du B Ballin Girlz. Ce tournoi de basket exclusivement féminin, organisé pas l’association du même nom, donnera l’occasion aux amatrices du ballon orange d’en découdre sur le parquet. Le clou du spectacle sera donné par le match de gala, confrontant des joueuses confirmées comme Lauraine Tony. Portrait.   

Originaire de Cayenne en Guyane, la joueuse du club de l’Avenir de Rennes, se tourne rapidement vers le basket. Passion qui lui vient de son père basketteur amateur. Comme de nombreuses sportives elle a des modèles : « Sandrine Gruda (désignée meilleure joueuse européenne en 2009, ndlr) est l’une des joueuses qui m’inspire, mais la plupart de mes idoles sont dans le basket masculin, notamment, Kobe Briant (double champion olympique entre autre, ndlr)». 

Dans le département d’Outre-Mer, le basket n’est pas un sport très populaire mais Lauraine y trouve très vite ses repères. Dès ses 12 ans elle intègre le Pôle Espoir de Guyane, qui est composé des meilleur(e)s joueurs(euses) de sa génération. A cette occasion, elle participe à de nombreux tournois, notamment en métropole, ce qui lui permet d’intégrer le centre de formation du Temple sur Lot en Aquitaine.

Une première expérience qui sera suivie d’une seconde à Nice. Durant cette période de formation, la joueuse fait ses premiers pas dans le monde du basket professionnel. Elle participe à des matchs de Ligue féminine 2, l’équivalent de la seconde division professionnelle et est sélectionnée à plusieurs reprises en équipe de France en catégorie jeune.

« J’ai eu de la chance d’être dans les différentes équipes de France, c’est un vrai plaisir. Aujourd’hui je n’y pense plus trop, je crois que c’est derrière moi. Mais qui sait, je peux faire un bon match le jour où le sélectionneur est là, et être sélectionnée de nouveau », confie Lauraine.

«  Le travail procure la richesse »

Jusque là ses choix de carrière n’étaient dictés que par le basket. Il va en être autrement avec son arrivée à l’Avenir de Rennes en 2009. « Je suis venue ici pour suivre une formation d’éducateur sportif tout en continuant à jouer. Aujourd’hui mon emploi du temps se partage entre l’école et les entraînements en semaine, les matchs le week-end », explique l’étudiante de l’Institut National de Sport et Santé. C’est une certitude : elle jouera encore deux ans pour l’Avenir de Rennes, temps qui lui reste pour obtenir son diplôme, après elle avisera.

Quand on lui pose la question de l’impact médiatique des bons résultats actuels de l’équipe de France de basket féminin, elle semble quelque peu désabusée : « Je ne crois pas que notre sport soit plus médiatisé aujourd’hui. On en souffre, beaucoup de clubs coulent financièrement. C’est dramatique. Il faudrait plus de couverture, que l’on passe à la télévision sur les chaînes publiques ! ». Malgré cela, à 23 ans, Lauraine continuera de jouer parce qu’elle est passionnée. Une chose est sûre, la guyanaise applique à merveille la devise de sa ville natale « Fert aurum industria » qui signifie «  Le travail procure la richesse ».

Christine Claude : mi-rennaise mi-golinouille

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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I),
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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I), publié aux Editions de la rue Nantaise (Rennes) en juillet 2012, dont le tome 2 est en préparation. Rencontre avec celle qui nous embarque de Marrakech à Montmartre à travers ses livres.

Avant d’être écrivain, Christine Claude a exercé bien des métiers : aide géomètre, secrétaire de labo, traductrice, femme de ménage, serveuse… Ou encore baby-sitter pendant un an et demi aux Etats-Unis « à l’époque de Nixon et de la guerre du Viet-Nam ». Puis elle s’est tournée vers le théâtre mais a estimé ne pas avoir la fibre pour ce milieu car « trop insoumise ».

C’est là qu’elle a débarqué en Bretagne, a eu deux fils, puis plus tard une fille, et est devenue encadreuse d’art. Elle a ouvert une galerie à Saint-Brieuc pendant 10 ans avant de partir pendant 3 ans aux Antilles. « Je suis vite rentrée car j’ai foiré à tous les niveaux là-bas. Je me suis plantée… », confie celle qui établit alors domicile à Brest.

Décidée à renouer avec un de ses premiers amours, elle reprend le théâtre et crée une compagnie jeune public. Cette dernière s’arrête, la communication étant difficile à gérer. Pourtant, elle en garde un excellent souvenir : « c’était une super expérience ! La déambulation, le côté artisanal… c’était un peu romantique ».

Au pays des Golinouilles

C’est à ce moment-là qu’elle prend son sac à dos et met le cap vers le Maroc. Marrakech, plus précisément, la Ville Rouge, qui deviendra en juillet 2012 le décor de son livre Les Golinouilles. « Pour moi, ça a été un choc culturel, émotionnel. J’y suis restée, je m’y suis mariée ! explique-t-elle. La culture marocaine est profonde et riche sur beaucoup de plans : la musique, la gastronomie, l’esthétique… »

Différente de l’image que l’on en a, selon l’écrivain. Elle évoque alors le côté « arnaque » qui rôde « comme partout ». Pour décrire l’ambiance particulière au plus près de ce qu’elle ressent, elle décide de la retranscrire dans un livre jeune public qui sera aussi apprécié par les adultes : Les Golinouilles, édité aux Editions de la rue nantaises (Rennes) et illustré par Srï. La confrontation entre deux mondes : l’un rempli par de très petits êtres, l’autre par les Hommes. Ces derniers ignorant l’existence des familles de Golinouilles.

Pourtant, un jour Omar va faire la connaissance de la fratrie Golpoil. « Ils sont arrivés un jour dans ma tête… Ce sont un peu mes yeux dans Marrakech », s’amuse l’écrivain. En effet, elle aime se faufiler dans les rues de la ville, tout voir et partager la philosophie de vie très simplifiée de ces êtres imaginaires, « c’est mon utopie personnelle ». Ceux qui ont lu et apprécié pourront découvrir la suite dans le livre II, « peut-être fin 2013, avant les fêtes ». Et on peut déjà révéler qu’une partie de l’histoire se déroulera en Bretagne « puisqu’un personnage rentre de l’île de Molène ». Dans ce nouvel opus, il sera question d’un mariage, d’une nouvelle famille de Golinouilles et de truanderie, entre autre.

De Marrakech à Montmartre

Christine Claude publiera aussi un « guide non touristique de Marrakech » dans lequel on pourra découvrir les coins et les recoins moins visités de la Ville Rouge. Si elle a les yeux qui pétillent en parlant de sa cité de cœur, l’écrivain n’oublie pas sa ville natale, Paris. Et son quartier d’enfance, Montmartre. Aussi, elle a imaginé des chroniques et des nouvelles, format qu’elle apprécie particulièrement « car ça va vite et je suis fainéante », sur l’atmosphère de ce lieu, sur celles qui y vivent et y travaillent, publiées dans le recueil Les pieds de la femme boutonnières, dans lequel elle « mêle du vrai et du faux ».

Et du personnel dans la nouvelle La faute à Lilou. L’histoire d’un père qui travaille dans le milieu artistique et qui trimballe sa fille aux côtés d’une petite Lilou, dont il s’occupe et qui deviendra une grande poétesse (le nom a été changé par respect pour cette personne). « Dans celle-ci, c’est vraiment ma vie mais en règle générale j’aime inventer des personnages en y ajoutant toujours des choses personnelles. Je raconte des bribes de mon histoire à travers les livres », confie-t-elle, le sourire aux lèvres et le regard lointain.

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

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Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
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En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

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Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

Célian Ramis

Sophie Pondjiclis chante pour la Traviata

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Mardi 4 juin, à 20h, sera joué, à l’opéra de Rennes et retransmis en plein air, l’une des œuvres les plus populaires de Guiseppe Verdi : La Traviata.
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Mardi 4 juin, à 20h, sera joué, à l’opéra de Rennes et retransmis en plein air, l’une des œuvres les plus populaires de Guiseppe Verdi : La Traviata. L’histoire d’un amour tragique, d’une demi-mondaine, Violetta, malade de la tuberculose qui sauve l’honneur de son amant Alfredo Germont, avant de mourir. Un personnage féminin, inspiré d’une pièce d’Alexandre Dumas, le fils, La Dame aux camélias. L’occasion pour YEGG de rencontrer l’une des chanteuses principales de ce spectacle, Sophie Pondjiclis, qui interprète le rôle de Flora Bervoix, une courtisane.

Sophie Pondjiclis est une grande dame de l’opéra. Diplômée du conservatoire national supérieur de musique de Paris à 22 ans, 1er prix au concours international de chant de Tréviso, cette mezzo-soprano côtoie très tôt le monde de la musique classique. « J’ai commencé le piano à 5 ans », explique-t-elle, avant de souligner : « J’avais déjà ma voix dès l’âge de 11 ans ». De là, elle intègre rapidement les plus grandes écoles de musique et devient l’une des plus jeunes élèves des établissements prestigieux qu’elle fréquente, au point de devoir falsifier son âge pour y entrer. Aujourd’hui, elle joue sur les plus grandes scènes européennes : la Scala de Milan, l’Opéra Garnier de Paris, le Grand théâtre de Genève, l’opéra de Zurich et prend les traits de différents personnages lyriques parmi les plus célèbres de ces derniers siècles, telle que Carmen, qui sera son premier rôle. Mardi prochain, c’est le personnage de Flora qu’elle interprètera, à l’opéra de Rennes. Une courtisane provocatrice, qui revisitée par le metteur en scène Jean-Romain Vesperini, se veut un brin jalouse et malveillante. Un rôle fort, en italien, que Sophie Pondjiclis connait bien puisqu’il fait parti de son répertoire. Pour cette française d’origine grecque, La Traviata une « histoire d’amour contrariée », qui décrit « un monde terriblement attaché aux apparences ».  Une œuvre qui inspire la quête « de l’instant présent » et dont elle se sent « privilégiée d’être partie prenante ».

Dans la troupe, l’ambiance est excellente. Elle connaît déjà certains artistes, tels que le baryton Marzio Giossi, qu’elle a côtoyé en jouant dans Otello, ainsi que le chef d’orchestre néerlandais, Antony Hermus. « C’est toujours un plaisir de retrouver ses confrères », déclare-t-elle. Ce n’est pas la première fois, qu’elle joue à l’opéra de Rennes et cette salle lui plaît. L’acoustique y est meilleure et « quelque soit la taille de l’opéra, l’émotion est grande et le trac toujours le même ». Elle soutient la volonté de la ville de Rennes d’ouvrir son art à tous les publics possibles. C’est, pour elle, un excellent moyen de le désacraliser et de dépasser les a-priori. Pourquoi aller au cinéma, lorsque le prix des billets est le même, qu’à l’opéra ? La question se pose et l’image de celui-ci doit évoluer… Elle-même a déjà accompli des missions éducatives auprès des enfants, pour éveiller leurs sens et les ouvrir à d’autre sensibilité musicale. « Je leur ai proposé un concert de 50 minutes, qui recouvrait du baroque jusqu’au 20ème siècle ». Ils ont appris par cœur « la garde montante », extrait de l’opéra Carmen, de Georges Bizet. Après avoir chanté pour eux, ils ont chanté pour elle et pris goût à ce genre. Vendredi dernier, c’est à la prison des femmes de Rennes que Sophie a chanté. Une rencontre qui lui tenait à cœur. « Je suis heureuse de leur apporter un moment de bonheur », précise la mezzo-soprano, qui ajoute qu’il s’agit d’« une forme d’évasion au travers de la musique ». Après son passage dans la capitale bretonne, Sophie Pondjiclis sera, le 14 juin prochain, au théâtre des champs Elysées, à Paris, dans Le barbier de Séville et le 20 juin prochain dans Pénélope, de Gabriel Fauré. D’autres représentations sont également prévues à l’opéra national du Rhin et à Marseille, où elle rejouera le rôle de Flora, dans La Traviata, mise en scène, cette fois-ci, par Renée Auphan. Un programme chargé, mais passionnant, pour cette mère de deux enfants, dont le dicton est « oser, doser ».

Infos pratiques : Demain, La Traviata sera jouée à l’opéra de Rennes et retransmise, à 20h, en direct ou en différé sur plusieurs écrans, place de la mairie à Rennes, à Betton, Bruz, Cesson Sévigné, Lorient, Saint-Malo, Dinard, Jersey (5 juin), à la télévision sur France 3, TV Rennes, Tébéo, Ty Télé, Armor TV et la radio sur France musique.

Célian Ramis

Polar rennais : Docteur Lys et Miss Calibre

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Rencontre avec Valérie Lys, la seule femme du collectif rennais Calibre 35.
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Deux ans après sa création, Calibre 35, collectif rennais d’auteurs de polar dégaine Rennes, ici Rennes, recueil de dix nouvelles fleurant bon la capitale bretonne. Seule femme à poser sa plume sur les pages blanches de ce livre noir, Valérie Lys, médecin biologiste le jour, écrivain la nuit, évoque pour YEGG Des cendres à Montfort, savoureux cocktail de médicaments, d’incinération et de terrorisme.

YEGG : Comment avez-vous intégré Calibre 35 ?

Valérie Lys : J’ai été contacté par David Khara et Fréderic Paulin fin 2011 lors d’un salon du polar à Chevaigné (35). J’écris depuis toute petite, influencée par Proust ou Borges, et cela m’apporte du plaisir mais il est difficile d’être éditée, surtout que je n’ai pas l’ambition de faire de l’écriture mon métier. Mais faire partie du collectif peut donner un coup de pouce aux auteurs et faciliter l’édition, c’est positif.

Quel lien entretenez-vous avec les autres auteurs du collectif ?

Nous nous réunissons de temps en temps mais nous sommes surtout en liaison par mail ou Facebook. Pendant l’écriture de Rennes, Ici Rennes, chacun a travaillé de son côté, il n’y a pas eu d’écriture collective. C’est davantage un prétexte pour faire connaître les différents auteurs. Et de toute façon, chacune des nouvelles a un style bien particulier qui dépend de celui de l’écrivain. Le mien est plus classique et plat que les autres, mais je dois avouer que j’ai particulièrement la nouvelle de Léonard Taokao, Ad Rennes Aline.

Vous avez l’habitude, dans vos romans, des intrigues qui se déroulent dans les environs de Rennes. La contrainte ici en était-elle vraiment une ?

Non, ce n’était pas vraiment une contrainte. C’est une facilité pour moi d’écrire sur mon quotidien, sur les lieux et les personnes que j’ai l’habitude de fréquenter. La contrainte était plutôt celle du format d’écriture. Dans un polar, le lecteur doit constamment réfléchir. Avec une nouvelle, on ne peut pas installer un climat et donc une intrigue très travaillée.

C’est ce qui explique l’absence de meurtre dans votre nouvelle, contrairement aux neuf autres ?

J’ai choisi de ne tuer personne car le format de la nouvelle est, en effet, trop court pour cela. Mais la mort est quand même très présente puisqu’une des premières scènes se déroule dans le crématorium de Montfort-sur-Meu. Selon moi, dans un polar, il faut des études de comportement, des descriptions, c’est peut-être le côté féminin. On aime, en tant qu’auteur, prendre notre temps et retourner les situations. Avec la nouvelle, il faut aller droit au but.

A défaut de meurtre, il est question d’un trafic de médicaments, sur fond de terrorisme… Votre connaissance du monde de la santé vous a-t-elle aidée voire inspirer ?

Au départ, je ne voulais pas écrire sur le médical. Mais c’est sans doute plus fort que moi ! Mon métier ne m’a pas particulièrement aidée, en revanche, c’est vrai que je suis allée à l’hôpital Guillaume Régnier à plusieurs reprises. La psychiatrie revient donc souvent dans mes histoires. Quant au trafic de médicaments, c’est de l’imagination, je ne le constate pas dans mon environnement et je ne veux pas spécialement pointer du doigt l’industrie pharmaceutique même si elle est imparfaite et qu’elle a une mauvaise image.

Vous soulevez aussi la question du racisme ordinaire avec l’omniprésence de prénoms étrangers…

Oui je le dénonce volontairement, sans pour autant prendre partie. Il y a une atmosphère particulière, pleine de clichés. Je voulais jouer avec. Que chaque personnage puisse être à un moment donné soupsonné.

A propos des personnages, vous ne mettez en scène que des hommes à l’exception de Myriam et des décédées, pourquoi ?

Je préfère parler des hommes que des femmes. D’ailleurs je suis plus souvent entourée d’hommes que de femmes dans la vie. Il y a sans doute de la pudeur de ma part, je parle à travers les livres. Je ne veux pas que le lecteur pense que si le narrateur ou personnage principal est une femme, c’est forcément de moi dont il s’agit. Il y a beaucoup de moi dans le style d’écriture qui est relativement classique et évidemment féminin, mais je ne suis pas présente dans la nouvelle.

Le format est nouveau, l’éditeur aussi… Comment s’est déroulée la collaboration avec Critic ?

Ce fut laborieux ! Le point positif, c’est que c’est un éditeur très perfectionniste qui nous fait des retours, chose un peu inédite pour moi. Nous étions très encadrés. Il a fait une première correction, puis une deuxième, une troisième, une quatrième… Au final, avec plusieurs auteurs, on se demande si l’éditeur ne voulait pas écrire le livre (rires) !

Quel regard portez-vous sur Des cendres à Montfort ?

Le niveau est très moyen, le format nouvelle y est pour beaucoup. C’était une commande et je n’avais pas le feu sacré lors de l’écriture. Ce n’est pas mon enfant contrairement aux autres romans. D’ailleurs, je me demande quel public va pouvoir acheter le livre car on ne voit pas vraiment qu’il s’agit de polar.

Célian Ramis

Le patrimoine, par les femmes du présent

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Elles oeuvrent pour la conservation du patrimoine, pour la sauvegarde des différentes époques de l’Histoire ou encore pour une modernisation du paysage…
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Pour être attractive, une ville doit se développer. Et y habiter signifie aussi de subir les change­ments, qui passent souvent par des travaux plus ou moins lourds. La capitale bretonne est en pleine expansion avec la naissance de nouveaux quartiers comme la Courrouze ou ViaSilva. Aussi, la ville de Rennes évolue selon un PRU, Programme de Ré­novation Urbaine (mis en place par la loi du 1er août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine). Il vise depuis 2007 cinq quartiers d’habitat social : Villejean, le Blosne, Bré­quigny/Champs Manceaux, Cleunay et Maurepas.

L’objectif étant de les restructurer pour favoriser leur intégration dans un grand ensemble urbain. En parallèle, des grands projets se mêlent aux travaux dus au PRU, et notamment dans le centre ville. Que ce soit pour la deuxième ligne de métro prévue pour 2018 – qui ira de Saint-Jacques de la Lande à Cesson-Sévigné en traversant l’hy­percentre, les fouilles préventives de l’ancien couvent des Jacobins qui devrait être transformé en centre des congrès en 2016, la réhabilitation d’immeubles anciens menaçant de s’effondrer ou encore la revalorisation des Portes mordelaises, les rues et les places de la capitale bretonne sont parfois envahies d’échafaudages, de trous dans le sol, de barrières de sécurité mais aussi par les bruits des machines qui entaillent les pavés, le bitume ou même les murs.

Chaque évolution doit être pensée par la Ville de Rennes, en concertation avec les habitants, des urbanistes, des membres de l’association Les amis du patrimoine rennais et des architectes afin de préserver l’existant et l’améliorer, ou non selon les points de vue. Les projets ne peuvent être confirmés sans les rap­ports des archéologues ayant menés des fouilles préventives sur les chantiers. YEGG vous pré­sente trois femmes qui travaillent sur les transfor­mations de ce centre ancien. Elles oeuvrent pour la conservation du patrimoine, pour la sauvegarde des différentes époques de l’Histoire ou encore pour une modernisation du paysage… Elles vous font découvrir leur rôle dans l’évolution du Rennes de demain.

La députée de la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine est aussi, on aurait tendance à l’oublier, conseillère municipale en charge du suivi du centre ancien. Entre grandes ambitions et réalités parfois périlleuses, Nathalie Appéré nous dévoile son plan de bataille et dresse l’état des lieux d’un Rennes en chantier permanent.

Une politique ancienne et ambitieuse”. Ambition. Le mot est lâché, et il est faible. Nathalie Appéré, en charge du suivi du centre ancien depuis qu’elle a quitté son poste de première adjointe au maire de Rennes à la suite de son élection à l’Assem­blée Nationale en juin 2012, a de l’ambition pour les vieilles rues de la capitale bretonne. Pour­tant, les chiffres sont de l’ordre du pharaonique à l’échelle locale.

Sur les 1600 immeubles que compte le centre ancien, 600 sont considérés comme dégradés, dont 300 très dégradés néces­sitant de lourds travaux”, lâche Nathalie Appéré. Ces travaux de grande ampleur n’effraient pas la municipalité qui envisage la réfection de 200 immeubles sur 5 ans : “Notre mission est de concilier la sécurité, la réhabilitation, ne pas figer l’immeuble. Il faut identifier les éléments de patri­moine, les valoriser, les protéger”.

Des répara­tions rendues difficiles par le mur qui semble se dresser devant les pouvoirs publics : le nombre important de copropriétaires parfois peu enclins à la négociation. “À Rennes, plus de 80% des propriétaires sont bailleurs, pour seulement 20% d’occupants. Le plus fréquemment, ils louent des studios à des étudiants. Certains sont donc réticents à des travaux qui sont coûteux, car leur pro­priété est déjà rentable en l’état”, avoue la conseil­lère municipale dont une des tâches est de déblo­quer ce genre de situations.

La Ville de Rennes n’est évidemment pas seule dans l’exercice. Toute évolution dépend de l’architecte des bâtiments de France dont l’objectif est de protéger le patrimoine de la ville et de mettre en place des règles de pro­tection car “c’est l’identité de la ville qui est der­rière le centre historique”, ajoute Nathalie Appéré.

Architecte à mi-temps et archéologue pour l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), Ellen Esnault explique en quoi consiste son travail au couvent des Jaco­bins et aux Portes mordelaises.

« On a souvent à l’esprit la vision de l’archéologue qui fouille uniquement le sol, je ne suis pas que sur cette partie-là », explique Ellen Esnault. Son do­maine à elle : les élévations. Les murs en résumé. C’est pour l’étude du bâti qu’elle est intervenue dès novembre 2011, sur le chantier du couvent des Jacobins, qui devrait laisser place au centre des congrès.

Au total, 8000 m2 à explorer en 16 mois. Sans oublier qu’il faudra ensuite « une an­née de post fouilles avec les anthropologues, les céramologues… ». Concrètement, un diagnostic est réalisé avant de débuter les fouilles préven­tives. Des maçons déposent de l’enduit pour une meilleure lisibilité des murs, afin que les archéolo­gues puissent dans un second temps relever un maximum d’éléments. « Avec des truelles et des brosses métalliques, on observe les changements de matériaux. Puis on met les différents états en relation pour établir le phasage, les époques », explique l’archéologue.

C’est la première fois qu’elle travaille sur un chantier de cette ampleur : « c’est même inédit au niveau national. Cet ancien couvent est intact et a encore les bâtis en éléva­tion. De plus, il a une place centrale dans Rennes, suscite la curiosité des habitants, sans parler des trouvailles comme les sépultures par exemple ».

Une fois les rapports rédigés, l’INRAP travaille en collaboration avec des architectes qui doivent s’adapter aux normes et aux exigences du patri­moine conservé pour imaginer le futur centre des congrès. « Etant également architecte, je sais ana­lyser rapidement et visionner l’ensemble en 3D, selon la formation des murs, les anomalies liées au bâtiment… En fait, j’utilise mes deux regards dans chaque discipline », dit-elle.

Concernant le projet de valorisation des Portes mordelaises, le travail est différent. « Il s’agit de fouilles pro­grammées, non préventives, puisqu’il n’y a pas encore de travaux prévus et donc d’urgence », précise Ellen. Trois phases sont planifiées sur trois ans. La première phase a d’ailleurs eu lieu l’été dernier pour fouiller le fossé et se poursui­vra pendant les étés 2013 et 2014. « Avec ces études, nous allons pouvoir comprendre l’évolu­tion des élévations dans le temps, construites sur les remparts datant de l’Antiquité et consolidées au XVe siècle », explique-t-elle. D’autres chantiers (pas encore attribués à l’INRAP) à Rennes sont en prévision : le sol du mur Dubonnet, la place Saint-Germain et l’aile inoccupée de l’Hôtel-Dieu.

Ancienne historienne d’art et conservatrice de musées à Rennes, Sylvie Blottière-Derrien est aujourd’hui vice-présidente de l’association Les amis du patrimoine rennais qui oeuvre depuis 2005 à la conservation des biens patrimoniaux de notre ville.

« Nous sommes des gens vivants qui aiment leur passé », résume Sylvie Blottière-Derrien. L’association est née de la volonté de sauve­garder la chapelle de la Visitation, devenue un centre commercial. Mais « il est trop tard pour intervenir », le projet étant déjà lancé avec les promoteurs.

« On a réussi à sauver un édicule (partie de l’édifice religieux, ndlr) et une partie du mur dans une des boutiques. Mais c’est dommage de ne pas avoir pu faire plus », regrette la vice-présidente. Les amis du patrimoine rennais réunissent des histo­riens, des universitaires, des conservateurs de musée mais aussi des étudiants et jeunes actifs intéressés par l’objectif du collectif.

Pour éviter au maximum que l’épisode de la Visitation ne se répète, l’association est invitée dans les commissions de la Ville de Rennes « afin de connaître les projets en amont car c’est terrible de se battre quand tout est déjà établi ». Sylvie Blottière-Der­rien a conscience qu’une ville doit évoluer et se développer. Mais selon elle, ce n’est pas pour autant qu’il faut agir précipitam­ment : « Nous ne sommes pas contre le Rennes d’aujourd’hui et de demain et nous ne sommes pas non plus le club des pleu­reuses. La municipalité a de bonnes idées mais ne réfléchit pas assez à mon goût aux possibilités d’aménagement. Il faudrait que les architectes soient plus inventifs ».

En ef­fet, la vice-présidente déplore la perte d’es­pace de la salle du Jeu de paume, le pro­jet de fermeture des arcades à République (le 14 mars, l’architecte des bâtiments de France a rendu un avis défavorable au permis de construire demandé par La Poste, propriétaire des arcades, ndlr) ou encore l’arrivée du centre des congrès, qui pourrait selon elle être construit ailleurs. Une salle devrait être dédiée aux trouvailles lors des fouilles préalables « et nous y veillerons ! » Veiller à la mise en valeur du patrimoine, telle est la vocation de l’association, qui offre le prix galette aux propriétaires se battant dans ce sens. Point important pour Sylvie : « Lais­ser le passé trouver sa place dans le présent »

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Centre ancien : les visages de la transformation
Nathalie Appéré, le casque et l'écharpe
Ellen Esnault, archéologue des temps modernes
Sylvie Blottière-Derrien, l'amie du patrimoine

Célian Ramis

8 mars : Histoire(s) de femmes

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Le 8 mars symbolise la journée internationale des femmes. L'occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.
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Depuis 1977, les Nations Unies reconnaissent officiellement la Journée internationale de la Femme. Célébrée le 8 mars dans plusieurs pays du monde, elle s’étend généralement sur plusieurs semaines à travers des événements organisés en l’honneur des femmes. L’occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.

Lydie Porée et Patricia Godard ont décidé de faire revivre ce combat de grande ampleur à travers des visites guidées dans le Rennes féministe des années 70. « Nous étions toutes les deux militantes pour l’association Mix’Cité, créée en 2002 à Rennes. Et quand nous avons commencé, nous n’avions pas beaucoup d’informations sur cette partie de l’histoire… », explique Lydie.

Au fil des rencontres, des recherches dans les archives municipales et départementales, elles reconstituent et rassemblent les morceaux de cette époque. En montant l’association Histoire du féminisme à Rennes en 2012, les deux femmes ont décidé de mettre leur savoir au profit des curieux et curieuses, à travers une balade dans la capitale bretonne.

REVIVRE LE MOUVEMENT FÉMINISTE

Retour en arrière. Nous sommes dans les années 60. L’association Maternité heureuse existe depuis 4 ans à Paris et devient le Mouvement français pour le Planning Familial en 1960. Rennes accueille son antenne locale en 1965, rue Magenta, puis rue Thiers avant de s’installer au 9 place de Bretagne, en 1976. C’est à cet endroit que la visite guidée commence. Lydie plante le décor : « En 1920, une loi interdit l’avortement et l’information sur la contraception. La loi Neuwirth du 28 décembre 1967 vient abroger celle du début du siècle ».

La pilule est autorisée mais l’avortement, non. C’est à partir de là que la France va voir émerger le mouvement féministe : « Les femmes souffraient beaucoup des grossesses à répétition et voulaient avoir le choix ». En avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté à travers un manifeste publié dans le Nouvel Observateur. « Certaines célébrités comme Simone de Beauvoir ou Catherine Deneuve ont pris part à cette action, protégeant ainsi les autres femmes », explique Lydie. L’année suivante, se crée la section locale de l’association Choisir, composée d’un certain nombre d’étudiants en médecine en faveur du droit à l’avortement.

Ces militants iront à Grenoble apprendre la méthode Karman : l’introduction d’un tube dans le col de l’utérus et l’aspiration de l’embryon à l’aide d’une seringue. « C’était plus simple et moins dangereux que les pratiques des faiseuses d’ange qui utilisaient des aiguilles à tricoter par exemple », confie Lydie dans une petite impasse perpendiculaire à la rue Saint-Michel, à l’endroit où siégeait Choisir.

Soit l’intervention était pratiquée clandestinement dans un appartement, soit les femmes souhaitant avorter recevaient une aide pour se rendre en Angleterre ou en Hollande, là où l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) était déjà autorisée. Mais lorsqu’émerge le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC), en 1973, l’association Choisir disparaît, fatiguée par la lourdeur de sa mission.

En avril 1974, le MLAC, propose aux Rennais d’assister à la projection clandestine du film Histoires d’A, de Marielle Issartel et Charles Belmont, montrant un avortement selon la méthode Karman. Les Renseignements généraux sont présents mais n’interviendront pas. Ils laisseront même partir une militante avec les bobines. « À cette époque, le maire de Rennes Henri Fréville va voter pour la légalisation de l’avortement », précise Lydie Porée.

Et quelques mois plus tard, en janvier 1975, la loi Veil est promulguée, autorisant l’IVG. Pourtant, la lutte ne faiblit pas : « Elle était votée pour 5 ans et nous devions rester vigilantes », explique Brigitte Rocher, militante féministe, actuellement directrice du Planning Familial. Cette dernière, accompagnée du groupe L’Insoumise, ouvre un bar féministe mixte La Margelle, 9 rue Saint-Malo.

Nous sommes au début des années 80 et c’est ici que la visite s’arrête. « Nous proposons aux participants de venir prendre un verre pour prolonger les discussions », souligne la jeune militante d’aujourd’hui. Deux visites guidées sont organisées dans le cadre de la Journée internationale de la Femme, les 15 et 16 mars.

LES LUTTES ACTUELLES

Retour dans le présent. Quarante ans après la naissance du mouvement féministe, la lutte pour le droit des femmes est toujours d’actualité. Mais sous d’autres formes. Du 2 au 30 mars une série d’événements, sur le thème « Corps et identités », est organisée par la ville de Rennes. Pour Jocelyne Bougeard, adjointe au Maire, déléguée aux droits des femmes, il ne faut pas oublier que si la législation française est assez complète, il reste des lacunes : « la preuve avec la campagne de communication du Stade Rennais ».

Pas de mystère pour l’élue, nommée en janvier 2013 au Haut conseil de l’égalité entre les hommes et les femmes, il est primordial de privilégier la mixité et l’égalité professionnelle. « En tant que collectivité, nous sommes donneurs d’ordre. Nous nous devons de développer des actions avec des cycles de conférences, des campagnes de communication… », explique-t-elle.

Autre combat important : la prévention des violences sexuelles et sexistes. Un travail que réalise le Planning Familial 35. « Au delà de notre mission d’information, de consultation et d’orientation, nous travaillons en partenariat avec des réseaux comme le Centre d’Information sur le Droit des Femmes ou SOS Victimes par exemple », explique Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35, implanté à Rennes et à Saint-Malo.

HORS HEXAGONE

Au cours du mois de mars, la Maison Internationale de Rennes accueille et organise des événements en lien avec la Journée des Femmes, parmi lesquels deux conférences ont particulièrement attiré notre attention. Le 13 mars, l’association France Palestine Solidarité propose une rencontre avec Hamdan Zouhr, une femme palestinienne, qui viendra parler de son emprisonnement qui a duré 6 ans. Elle témoigne de la condition des prisonniers et de la situation à Ghaza, « prison à ciel ouvert », comme l’explique Ghania Boucekkine, vice-présidente de la MIR.

Deux jours plus tard, les regards seront tournés vers le Mali avec la présentation de l’ouvrage L’Afrique mutilée, en présence d’une des auteures, Nathalie M’Dela Mounier. Pour Ghania, il était essentiel de se centrer sur ce pays « mutilé géographiquement mais aussi au niveau de ses ressources et de ses structures. Sans oublier que les femmes qui vivent là-bas sont les premières victimes de la guerre. Elles sont violées, esclaves sexuelles… ».

Que l’on soit femmes des années 70, d’aujourd’hui, de France ou d’ailleurs, les luttes sont loin d’être terminées et égales.

Infos pratiques : Infos sur www.metropole.rennes.fr 

Pour les visites guidées, s’inscrire sur histoire.feminisme.rennes@gmail.com

Des années 70 à aujourd’hui, Brigitte Rocher n’a jamais cessé de s’investir dans la lutte pour le droit des femmes. Portrait d’une directrice qui prône la sexualité libre et heureuse, pour tous.

À cette époque, elle est étudiante et est déjà très impliquée dans le mouvement féministe, prenant part au com­bat dans différentes associa­tions locales comme le Groupe de femmes de La Paillette, puis plus tard L’Insoumise. « Nous étions très engagées pour la loi sur l’IVG qui n’existait pas avant janvier 1975 (loi Veil, ndrl). Et aussi sur la loi Neuwirth de décembre 1967, qui autorisait la contraception, mais dont les nombreux décrets ont joué sur la lenteur de son application », explique Brigitte Rocher.

Elle a environ 22-23 ans lorsqu’elle décide avec un groupe de mili­tantes de créer une Maison des femmes. Si le mouvement a déjà pris de l’ampleur, le pro­jet ne voit pas le jour, faute de subventions suffisantes. Néan­moins, elles n’en restent pas là et lancent le café La Margelle, 9 rue Saint Malo à Rennes. L’objectif était « d’ouvrir un lieu convivial pour les femmes mais aussi pour les hommes ». Un endroit dynamique dans lequel étaient organisés des soirées, des concerts, des lectures… Nous sommes alors en 1980. Un an plus tard, La Margelle ferme : « Certaines étaient enceintes, d’autres partaient à l’étranger… C’est normal, nous avions 25-26 ans ! Mais nous étions satisfaites de ce que nous avions créé ».

LE COMBAT CONTINUE

En parallèle, Brigitte Rocher était adhérente puis membre du Conseil d’administration au Mouvement Français du Plan­ning Familial, qui prendra en­suite le nom qu’on lui connaît actuellement. « Je participais à un groupe de travail organisé là-bas. J’étais très intéressée par la problématique de la santé », explique-t-elle. En effet, après ses études de sociologie, elle entre à l’École nationale de la Santé publique et reste dans ce milieu pendant plus de quinze ans en tant que chargée de mis­sion puis responsable de ser­vice à la Caisse primaire d’as­surance maladie.

À presque 50 ans, on lui propose le poste de directrice du Planning Familial 35. Dix ans plus tard, ce travail représente toujours pour elle un pas de plus dans cet engagement auquel elle tient : « C’est toujours un travail militant qui a du sens. Nous sommes là pour aider les hommes et les femmes à choisir leur famille. Cela rejoint le slo­gan des féministes dans les an­nées 70 : « Un enfant, si je veux, quand je veux ». En résumé, nous prônons la liberté sexuelle ».

Une liberté sexuelle qui signifie d’avoir le choix de sa grossesse grâce à une contraception rem­boursée (par la Sécurité sociale pour les adultes, gratuite pour les mineurs). Une avancée due à la lutte des femmes avant la loi de 1967, qui a perduré dans le temps. Brigitte Rocher se souvient qu’à cette pé­riode, « nombreux étaient les hommes et les femmes qui vivaient dans de grandes souf­frances parce qu’ils avaient déjà 6 ou 7 enfants et craignaient d’en avoir d’autres ! ».

Encore marquée par ces années, elle déplore aujourd’hui « le manque de militantisme, d’adhérents au Planning, de moyens financiers ». En Ille-et-Vilaine, seulement une centaine d’adhérents, dont les 26 salariés et les 20 membres du Conseil d’administration. Pourtant, elle ne lâche pas, voyant que certaines causes mé­ritent d’être défendues, « comme la lutte pour le mariage pour tous, à laquelle nous avons pris part ».

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Journée de la femme : actions, détermination
Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35

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