Célian Ramis

Terres-Neuvas aux Champs Libres : une histoire d'hommes ?

Posts section: 
Related post: 
192
Location: 
Champs Libres, Rennes
List image: 
Summary: 
Le musée de Bretagne des champs libres et le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc présentent une exposition en parallèle, d’octobre à avril sur les Terre-neuvas, ces pêcheurs qui partaient de longs mois en mer, en Atlantique nord.
Text: 

Le musée de Bretagne des champs libres et le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc présentent une exposition en parallèle, d’octobre à avril sur les Terre-neuvas, ces pêcheurs qui partaient de longs mois en mer, en Atlantique nord. Le sujet semble empreint de virilité et ne laissant aucune place aux femmes, et pourtant…

En deux parties, l’exposition sur les Terre neuvas sera visible du 19 octobre 2013 au 19 avril 2014 : l’une à Rennes, l’autre à Saint Brieuc, avant de déménager à St Malo et Granville en juin 2014. Elle présente en deux volets, l’aventure de la pêche à la morue sur les côtes de Terre-neuve.

Des marins bretons et normands s’embarquaient pendant plusieurs mois pour profiter des réserves halieutiques, c’est-à-dire des richesses en poisson du Canada. Les conditions de vie sommaires, les techniques de pêche, le contexte socio-économique de l’époque ( etc …), sont autant de sujets abordés dans le cadre de l’exposition.

Un contexte masculin

Aux champs libres sont exposés cinq siècles de pêche morutière à travers un parcours qui reprend une démarche d’histoire sociale. Le quotidien de ces hommes est dévoilé à travers de nombreux objets, photos et documents. L’univers des marins est très bien restitué grâce à une scénographie efficace visuellement qui plonge le spectateur dans les eaux froides de Terre-Neuve, du labrador ou encore de Saint Pierre et Miquelon, à la recherche de morue. Les enfants sont les bienvenus grâce à la mise en place d’interactions et d’objets numériques.

À Rennes, il s’agit presque exclusivement de pêcheurs, même si, occasionnellement, des femmes ont pu embarquer pour aider à sécher ou à saler la morue.

Si la gente féminine se fait discrète dans le contenu de l’exposition, c’est une directrice, Céline Chanas, au musée de Bretagne qui a coordonné le travail en amont de l’exposition. Elle signale que lorsqu’ils ont commencé à travailler, le simple mot Terre-neuvas suffisait à réveiller une mémoire familiale chez ses interlocuteurs. Le recrutement des marins se faisait très loin à l’intérieur des terres, parfois même jusqu’à Rennes.

C’est pourquoi en Bretagne, le souvenir des Terre-neuvas est un sujet de mémoire très présent, qui alimente parfois des fantasmes. Céline Chanas a été accompagnée dans sa démarche par la directrice du musée d’art et d’histoire de Saint Brieuc, Elisabeth Renault, et par la conservatrice du musée du Vieux Granville, Michèle Chartrain.

Une réalité féminine

Le deuxième volet, présenté à Saint-Brieuc, est axé sur un thème précis: « Le temps de l’absence ». Il traite des personnes restées à terre, et notamment des épouses des marins. La littérature et l’art ont consacré l’image de la veuve éplorée ou celle de la femme scrutant l’horizon dans l’attente d’une voile de bateau. Ces images d’Épinal sont reprises, complétées par des faits précis.

Loin d’attendre au bout du quai en s’abîmant les yeux dans les flots de l’Océan, les femmes de marins maintenaient une activité professionnelle pour subvenir aux besoins de la famille. Pêcheuses à pied, lavandières, agricultrices, couturières, ouvrières dans les usines de conditionnement du poisson… les métiers ne manquaient pas.

Au-delà de leur activité professionnelle, elles s’occupaient également de la maison, des enfants; ce qui ne leur laissait que peu de temps pour attendre le retour des Terre-neuvas sur la jetée. Mais dans ce cas peut-on parler d’une libération des femmes avant l’heure de leurs consœurs? Pas complètement. Certes les épouses de marins étaient libres du contrôle d’un mari, pas de celui de la famille qui pesait encore sur leurs épaules.

L’exposition vient rappeler le rôle et la place des femmes, trop souvent occultés par les exploits ou les tragédies des marins.

Terre-Neuve/Terra-Neuvas bénéficie de deux volets très complets, qui fonctionnement de manière autonome. La visite des deux musées apporte néanmoins une meilleure compréhension du sujet dans sa globalité.

Célian Ramis

Show burlesque ou l'art de glorifier les corps féminins

Posts section: 
Related post: 
180
Location: 
Le Ponant, Pacé
List image: 
Summary: 
Quatre magnifiques effeuilleuses et un maitre de cérémonie complètement loufoque ont assuré le show pour une bonne cause : la lutte contre le cancer du sein. Ambiance cabarets parisiens, s’il vous plait !
Text: 

Samedi 12 octobre, le Breizh Burlesque Festival a fait monter la température de la salle du Ponant, à Pacé. Quatre magnifiques effeuilleuses et un maitre de cérémonie complètement loufoque ont assuré le show pour une bonne cause : la lutte contre le cancer du sein. Ambiance cabarets parisiens, s’il vous plait !

Pour cette première tournée bretonne, « vous avez le droit de crier, de siffler, de taper des mains, de taper des pieds, explique Frédérique Doré, présidente de l’association Binic Burlesque Festival. Messieurs, vous pouvez siffler. Mesdames, vous n’avez rien à dire ».

C’est ainsi que débute ce Breizh Burlesque Festival, qui fait une escale à Pacé pour clôturer la tournée – qui a débuté à Binic début octobre et qui a traversé les quatre départements bretons. Elles sont allemandes, finlandaises ou belges. Elles ont en commun leur savoir-faire et leur pratique du burlesque, un genre affriolant qui met en avant les effeuilleuses et qui met le corps féminin à l’honneur.

Pour placer le spectateur directement dans l’ambiance, c’est Miss Anne Thropy qui entre en première dans l’arène pour interpréter la chanson « Welcome to burlesque », extraite de la bande originale du film de Steven Antin, Burlesque. Puis c’est le parisien Charly Voodoo qui fait son entrée. Chaussons de danseuse ballerine, des froufrous roses autour de la taille, une queue en plumes dans le bas du dos, des bigoudis roses sur le crâne – « pour rappeler la bigoudène » – le maitre de cérémonie, extravagant et burlesque (dans le sens de loufoque et ridicule), déboule en flamand rose pour la première partie du show, la seconde sera l’occasion pour lui d’enfiler son costume de black swan et d’interpréter à merveille et avec grâce, une partie du Lac des cygnes.

« Ce soir, nous sommes là pour Octobre rose, dédié à la prévention et au dépistage du cancer du sein. Vous allez en voir du sein, du jarret, de la paillette, du plumage… De la femme sauvage, de l’homme aussi (il n’y a que moi, ne cherchez pas) », déclare-t-il avec un air aristo efféminé, dont il ne cessera pas de grossir les traits au fil de la soirée.

Les artistes sont belles, pulpeuses pour la plupart, voire bien en chair, dévoilent avec élégance leurs généreux atouts et affichent de larges sourires face à un public ravi et enthousiaste. Les unes et les autres se dénudent tour à tour dans des numéros d’exception. Entre Lada Redstar, l’atout charme allemande, Loulou D’Vil, la brunette sauvageonne finlandaise, Miss Anne Thropy, la terriblement charnelle belge et Lolly Wish, la belle blonde pulpeuse belge également, le show est sensuel, provocant et pétillant.

Toutes les quatre semblent sorties de l’univers des cartoons américains du début XXe siècle. Des Betty Boop tatouées et ultra rock qui assument leur corps, leurs formes avec leurs imperfections et leurs atouts. A la fois vêtues en marin, en militaire, en papillon ou en cerise, elles réalisent des performances incroyables en alliant différents genre de danses – influences orientales, latinos, classique, moderne – et mouvements sensuels, voire sexuels selon les numéros, sans jamais sombrer dans la vulgarité.

Un spectacle complet

Doucement, les stars du burlesque enlèvent leurs gants, avec les mains ou la bouche, dézippent leurs robes, déboutonnent leurs corsets, dégraffent leurs soutien-gorges, retirent leurs portes jarretelles et bas. On découvre alors, petit à petit, les différentes parties de leurs corps, qui à la base sont dissimulés sous des costumes moulants, resserrés au niveau de la taille laissant entrevoir des hanches larges.

Les spectateurs d’abord timides et sages, se laissent embarquer par le rythme entrainant du show et s’enivrent de l’ambiance des cabarets, recréés par les fumées épaisses, les lumières flashy et les costumes pailletés. Ils crient, applaudissent, participent même à certains moments, tapent des pieds, avides de découvrir la suite de l’effeuillage.

En douceur, les artistes font durer le plaisir. Elles sont joueuses, sauvages, allumeuses, alternent entre chansons music-hall et numéros qui mêlent déhanchés érotiques, expressions de femmes-enfants et attitudes de femmes fatales.

Puissance, pouvoir, rage et plaisir se distinguent et se lisent dans les yeux brillants de ces stars de l’effeuillage qui puisent dans le langage corporel pour glorifier le corps des femmes. On se rappelle le message de Miss Anne Thropy, directrice artistique du Breizh Burlesque Show, dans les lignes du numéro 18 de YEGG : « Prenez soin de votre corps, aimez-le et aimez-vous telles que vous êtes ».

Célian Ramis

Elles veillent sur vous

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.
Text: 

Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.

Elles sont infirmière, conductrice de bus, bénévole pour le Samu social ou Noz’ambule, et elles protègent la population rennaise une fois le soleil couché. YEGG met en lumière quatre héroïnes du quotidien, qui, aux quatre coins de la capitale bretonne, veillent au bon déroulement de la nuit. Reportage en images.

Tab title: 
Elles éclairent vos nuits
Régine Boulé, 57 ans, bénévole au Samu social
Gaëlle Bourdeverre, 39 ans, infirmière aux urgences pédiatriques
Mélanie Durot, 27 ans, Noz’ambule
Khadija Bouvet, 42 ans, conductrice de bus
Nuit paisible

Quand Emma (la clown) rencontre Dolto (la fille)

Posts section: 
Related post: 
169
Location: 
Carré Sévigné
List image: 
Summary: 
Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.
Text: 

Meriem Menant, alias « Emma la clown », sera au Carré Sévigné, à Cesson Sévigné, le 1er octobre prochain. Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.

Meriem Menant est une artiste. Formée à l’école internationale de théâtre à Paris, l’école Jacques Lecoq, elle débute sa carrière sur les planches et joue parallèlement, de la musique dans le métro, avec un jeune américain. Mais, dans ce dernier domaine, l’aisance musicale leur manque et ils trouvent un moyen alternatif d’expression artistique : ils se déguisent en clown !

L’américain est remplacé par un italien, Gaetano Lucido, et avec lui, elle invente un duo visuel et musical de clowns. Son personnage d’« Emma la clown » voit le jour. Ils jouent pendant 4 ans. Puis, Meriem Menant décide de prendre son envol. De là, débute sa carrière solo. « Emma la clown, l’heureux tour », « Emma la clown sous le divan », « Emma la clown et son orchestre »…les créations s’enchainent et le succès est au rendez vous, en France et à l’étranger.

Elle joue en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et dans des endroits atypiques : dans la rue, sur une péniche, dans une grotte, chez les gens, dans un squat, dans un château, dans une école. « Des rapports de proximité différents qui provoquent un jeu différent », selon elle. L’énergie n’est pas la même dans la rue qu’en salle. « Dans la rue, l’artiste est très exposé et fournit plus d’énergie », explique-t’elle – alors qu’en salle, c’est plus intérieur et stressant. Avec son nez rouge, ses yeux fardés, son chapeau sans forme et sa cravate noire, elle confie vouloir proposer  au public « un regard naïf sur le monde (…) sans jamais donner de leçon », avec comme fil conducteur l’idée qu’« il faut s’aimer ».

Les thèmes lui viennent en tête, les images et les mots en marchant. Dans ces moments-là, « il y a un lâché prise » precise-t’elle, qui permet l’inspiration. Le 1er octobre prochain, elle jouera au coté du médecin, pédiatre et haptothérapeute (science de l’affectivité), Catherine Dolto, dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence », au Carré Sévigné. Une conférence ouverte sur la vie, les fœtus, les bébés, où la scientifique parle des clowns et l’artiste des psychanalystes.

Un mélange de sérieux et d’humour, où « on apprend et on rit (…) toujours avec respect », souligne Meriem Menant. Les deux femmes se sont rencontrées en 2005. « Une conférence artistique et scientifique était organisée et il était prévu que Catherine Dolto soit interrompue par un clown. On a joué sans répéter et ça a cartonné, raconte Meriem. Depuis on ne se quitte plus !”

Meriem Menant sera aussi au Carré Sévigné, le 27 février prochain, dans « Emma mort, même pas peur » et le 16 mai prochain, dans « Emma fête ».

Célian Ramis

B.Ballin Girlz : le basket au féminin

Posts section: 
Related post: 
163
List image: 
Summary: 
Samedi 22 juin, l’association B.Ballin Girlz a organisé un tournoi de basket exclusivement féminin. Reportage.
Main images: 
Text: 

Samedi 22 juin, l’association B.Ballin Girlz a organisé un tournoi de basket exclusivement féminin. YEGG s’est rendu sur place pour rencontrer la présidente de l’association Lauriane Songué, et prendre, par la même occasion, la température de cet événement particulier.

Initialement prévu à Beaulieu, le tournoi a finalement prit ses aises à l’espace des Deux Rives, faute de soleil. Si le temps n’était pas au beau fixe à l’extérieur, l’ambiance, elle, était survoltée à l’intérieur. Lauriane Songué, présidente de l’association B Ballin Girlz, et à l’initiative de l’événement, avait le sourire.

Tout a parfaitement fonctionné, pour cette première édition. « Pour moi, la réussite des basketteuses aux JO a été un élément moteur. Cela a créé une dynamique pour le basket féminin. Dynamique sur laquelle on s’est appuyé pour créer cet événement », confie Lauriane avant d’ajouter : « on a créé ce tournoi pour répondre à une demande. Les filles en avaient marre de devoir toujours jouer contre des garçons. De plus, lors des tournois mixtes, on sent souvent qu’on n’est pas à notre place ! ».

Avec 16 équipes inscrites, soit plus de 60 joueuses au total, les filles ont répondu à l’appel. Toute la journée, les matchs se sont enchaînés, par équipe de trois sur un panier. « En plus de proposer un tournoi exclusivement réservé aux femmes, on voulait également faire découvrir une nouvelle discipline, le 3 contre 3 qui sera d’ailleurs une nouvelle discipline olympique à partir de 2016 », précise la présidente de l’association.

« On ne fait pas ça pour l’argent »

Concours de dunk (une des manières les plus spectaculaires de marquer un panier au basket-ball, ndlr), show de danse, accueil chaleureux, proposition de restauration, tout était réuni pour que les participantes et les spectateurs se sentent à l’aise.

Et cela n’était pas dû à un quelconque hasard, mais à une vraie volonté affichée par l’organisatrice : « On ne fait pas ça pour l’argent, mais pour le plaisir. On veut que les gens s’amusent, que ce soit convivial, que tout le monde passe un bon moment ». B.Ballin Girlz n’a pas œuvré que pour les femmes avec ce tournoi. « On est en partenariat, avec Le ballon du bonheur (une association qui vient en aide aux enfants des pays en voie de développement à travers le sport ndrl). C’est important pour nous d’agir pour la bonne cause », confie Lauriane.

Après quelques heures de compétition, la journée s’est terminée aux alentours de 18h pour les amatrices, avec la grande finale, et la création d’une vidéo regroupant toutes les participantes pour envoyer un message de soutien aux joueuses de l’équipe de France actuellement à l’Euro. A 20h, ce fut au tour des professionnelles de faire leur entrée sur le parquet, dont Lauraine Tony (lire notre article Girlz en basket, publié le 20 juin 2013) pour un match de gala. Pour une première, ce fut réussi et il est fort à parier qu’une deuxième édition sera proposée l’an prochain.

Street art : la culotte qui colle

Posts section: 
Related post: 
192
List image: 
Summary: 
« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
Main images: 
Text: 

« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

Célian Ramis

Girlz en basket

Posts section: 
Related post: 
164
List image: 
Summary: 
Rencontre avec Lauraine Tony, basketteuse confirmée qui jouera lors du tournoi féminin B.Ballin Girlz.
Text: 

Samedi 22 juin aura lieu sur le campus de Beaulieu, la 1ère édition du B Ballin Girlz. Ce tournoi de basket exclusivement féminin, organisé pas l’association du même nom, donnera l’occasion aux amatrices du ballon orange d’en découdre sur le parquet. Le clou du spectacle sera donné par le match de gala, confrontant des joueuses confirmées comme Lauraine Tony. Portrait.   

Originaire de Cayenne en Guyane, la joueuse du club de l’Avenir de Rennes, se tourne rapidement vers le basket. Passion qui lui vient de son père basketteur amateur. Comme de nombreuses sportives elle a des modèles : « Sandrine Gruda (désignée meilleure joueuse européenne en 2009, ndlr) est l’une des joueuses qui m’inspire, mais la plupart de mes idoles sont dans le basket masculin, notamment, Kobe Briant (double champion olympique entre autre, ndlr)». 

Dans le département d’Outre-Mer, le basket n’est pas un sport très populaire mais Lauraine y trouve très vite ses repères. Dès ses 12 ans elle intègre le Pôle Espoir de Guyane, qui est composé des meilleur(e)s joueurs(euses) de sa génération. A cette occasion, elle participe à de nombreux tournois, notamment en métropole, ce qui lui permet d’intégrer le centre de formation du Temple sur Lot en Aquitaine.

Une première expérience qui sera suivie d’une seconde à Nice. Durant cette période de formation, la joueuse fait ses premiers pas dans le monde du basket professionnel. Elle participe à des matchs de Ligue féminine 2, l’équivalent de la seconde division professionnelle et est sélectionnée à plusieurs reprises en équipe de France en catégorie jeune.

« J’ai eu de la chance d’être dans les différentes équipes de France, c’est un vrai plaisir. Aujourd’hui je n’y pense plus trop, je crois que c’est derrière moi. Mais qui sait, je peux faire un bon match le jour où le sélectionneur est là, et être sélectionnée de nouveau », confie Lauraine.

«  Le travail procure la richesse »

Jusque là ses choix de carrière n’étaient dictés que par le basket. Il va en être autrement avec son arrivée à l’Avenir de Rennes en 2009. « Je suis venue ici pour suivre une formation d’éducateur sportif tout en continuant à jouer. Aujourd’hui mon emploi du temps se partage entre l’école et les entraînements en semaine, les matchs le week-end », explique l’étudiante de l’Institut National de Sport et Santé. C’est une certitude : elle jouera encore deux ans pour l’Avenir de Rennes, temps qui lui reste pour obtenir son diplôme, après elle avisera.

Quand on lui pose la question de l’impact médiatique des bons résultats actuels de l’équipe de France de basket féminin, elle semble quelque peu désabusée : « Je ne crois pas que notre sport soit plus médiatisé aujourd’hui. On en souffre, beaucoup de clubs coulent financièrement. C’est dramatique. Il faudrait plus de couverture, que l’on passe à la télévision sur les chaînes publiques ! ». Malgré cela, à 23 ans, Lauraine continuera de jouer parce qu’elle est passionnée. Une chose est sûre, la guyanaise applique à merveille la devise de sa ville natale « Fert aurum industria » qui signifie «  Le travail procure la richesse ».

Christine Claude : mi-rennaise mi-golinouille

Posts section: 
Related post: 
160
List image: 
Summary: 
Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I),
Text: 

Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I), publié aux Editions de la rue Nantaise (Rennes) en juillet 2012, dont le tome 2 est en préparation. Rencontre avec celle qui nous embarque de Marrakech à Montmartre à travers ses livres.

Avant d’être écrivain, Christine Claude a exercé bien des métiers : aide géomètre, secrétaire de labo, traductrice, femme de ménage, serveuse… Ou encore baby-sitter pendant un an et demi aux Etats-Unis « à l’époque de Nixon et de la guerre du Viet-Nam ». Puis elle s’est tournée vers le théâtre mais a estimé ne pas avoir la fibre pour ce milieu car « trop insoumise ».

C’est là qu’elle a débarqué en Bretagne, a eu deux fils, puis plus tard une fille, et est devenue encadreuse d’art. Elle a ouvert une galerie à Saint-Brieuc pendant 10 ans avant de partir pendant 3 ans aux Antilles. « Je suis vite rentrée car j’ai foiré à tous les niveaux là-bas. Je me suis plantée… », confie celle qui établit alors domicile à Brest.

Décidée à renouer avec un de ses premiers amours, elle reprend le théâtre et crée une compagnie jeune public. Cette dernière s’arrête, la communication étant difficile à gérer. Pourtant, elle en garde un excellent souvenir : « c’était une super expérience ! La déambulation, le côté artisanal… c’était un peu romantique ».

Au pays des Golinouilles

C’est à ce moment-là qu’elle prend son sac à dos et met le cap vers le Maroc. Marrakech, plus précisément, la Ville Rouge, qui deviendra en juillet 2012 le décor de son livre Les Golinouilles. « Pour moi, ça a été un choc culturel, émotionnel. J’y suis restée, je m’y suis mariée ! explique-t-elle. La culture marocaine est profonde et riche sur beaucoup de plans : la musique, la gastronomie, l’esthétique… »

Différente de l’image que l’on en a, selon l’écrivain. Elle évoque alors le côté « arnaque » qui rôde « comme partout ». Pour décrire l’ambiance particulière au plus près de ce qu’elle ressent, elle décide de la retranscrire dans un livre jeune public qui sera aussi apprécié par les adultes : Les Golinouilles, édité aux Editions de la rue nantaises (Rennes) et illustré par Srï. La confrontation entre deux mondes : l’un rempli par de très petits êtres, l’autre par les Hommes. Ces derniers ignorant l’existence des familles de Golinouilles.

Pourtant, un jour Omar va faire la connaissance de la fratrie Golpoil. « Ils sont arrivés un jour dans ma tête… Ce sont un peu mes yeux dans Marrakech », s’amuse l’écrivain. En effet, elle aime se faufiler dans les rues de la ville, tout voir et partager la philosophie de vie très simplifiée de ces êtres imaginaires, « c’est mon utopie personnelle ». Ceux qui ont lu et apprécié pourront découvrir la suite dans le livre II, « peut-être fin 2013, avant les fêtes ». Et on peut déjà révéler qu’une partie de l’histoire se déroulera en Bretagne « puisqu’un personnage rentre de l’île de Molène ». Dans ce nouvel opus, il sera question d’un mariage, d’une nouvelle famille de Golinouilles et de truanderie, entre autre.

De Marrakech à Montmartre

Christine Claude publiera aussi un « guide non touristique de Marrakech » dans lequel on pourra découvrir les coins et les recoins moins visités de la Ville Rouge. Si elle a les yeux qui pétillent en parlant de sa cité de cœur, l’écrivain n’oublie pas sa ville natale, Paris. Et son quartier d’enfance, Montmartre. Aussi, elle a imaginé des chroniques et des nouvelles, format qu’elle apprécie particulièrement « car ça va vite et je suis fainéante », sur l’atmosphère de ce lieu, sur celles qui y vivent et y travaillent, publiées dans le recueil Les pieds de la femme boutonnières, dans lequel elle « mêle du vrai et du faux ».

Et du personnel dans la nouvelle La faute à Lilou. L’histoire d’un père qui travaille dans le milieu artistique et qui trimballe sa fille aux côtés d’une petite Lilou, dont il s’occupe et qui deviendra une grande poétesse (le nom a été changé par respect pour cette personne). « Dans celle-ci, c’est vraiment ma vie mais en règle générale j’aime inventer des personnages en y ajoutant toujours des choses personnelles. Je raconte des bribes de mon histoire à travers les livres », confie-t-elle, le sourire aux lèvres et le regard lointain.

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
Text: 

En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

Tab title: 
Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

Célian Ramis

Sophie Pondjiclis chante pour la Traviata

Posts section: 
Keywords: 
Related post: 
168
List image: 
Summary: 
Mardi 4 juin, à 20h, sera joué, à l’opéra de Rennes et retransmis en plein air, l’une des œuvres les plus populaires de Guiseppe Verdi : La Traviata.
Text: 

Mardi 4 juin, à 20h, sera joué, à l’opéra de Rennes et retransmis en plein air, l’une des œuvres les plus populaires de Guiseppe Verdi : La Traviata. L’histoire d’un amour tragique, d’une demi-mondaine, Violetta, malade de la tuberculose qui sauve l’honneur de son amant Alfredo Germont, avant de mourir. Un personnage féminin, inspiré d’une pièce d’Alexandre Dumas, le fils, La Dame aux camélias. L’occasion pour YEGG de rencontrer l’une des chanteuses principales de ce spectacle, Sophie Pondjiclis, qui interprète le rôle de Flora Bervoix, une courtisane.

Sophie Pondjiclis est une grande dame de l’opéra. Diplômée du conservatoire national supérieur de musique de Paris à 22 ans, 1er prix au concours international de chant de Tréviso, cette mezzo-soprano côtoie très tôt le monde de la musique classique. « J’ai commencé le piano à 5 ans », explique-t-elle, avant de souligner : « J’avais déjà ma voix dès l’âge de 11 ans ». De là, elle intègre rapidement les plus grandes écoles de musique et devient l’une des plus jeunes élèves des établissements prestigieux qu’elle fréquente, au point de devoir falsifier son âge pour y entrer. Aujourd’hui, elle joue sur les plus grandes scènes européennes : la Scala de Milan, l’Opéra Garnier de Paris, le Grand théâtre de Genève, l’opéra de Zurich et prend les traits de différents personnages lyriques parmi les plus célèbres de ces derniers siècles, telle que Carmen, qui sera son premier rôle. Mardi prochain, c’est le personnage de Flora qu’elle interprètera, à l’opéra de Rennes. Une courtisane provocatrice, qui revisitée par le metteur en scène Jean-Romain Vesperini, se veut un brin jalouse et malveillante. Un rôle fort, en italien, que Sophie Pondjiclis connait bien puisqu’il fait parti de son répertoire. Pour cette française d’origine grecque, La Traviata une « histoire d’amour contrariée », qui décrit « un monde terriblement attaché aux apparences ».  Une œuvre qui inspire la quête « de l’instant présent » et dont elle se sent « privilégiée d’être partie prenante ».

Dans la troupe, l’ambiance est excellente. Elle connaît déjà certains artistes, tels que le baryton Marzio Giossi, qu’elle a côtoyé en jouant dans Otello, ainsi que le chef d’orchestre néerlandais, Antony Hermus. « C’est toujours un plaisir de retrouver ses confrères », déclare-t-elle. Ce n’est pas la première fois, qu’elle joue à l’opéra de Rennes et cette salle lui plaît. L’acoustique y est meilleure et « quelque soit la taille de l’opéra, l’émotion est grande et le trac toujours le même ». Elle soutient la volonté de la ville de Rennes d’ouvrir son art à tous les publics possibles. C’est, pour elle, un excellent moyen de le désacraliser et de dépasser les a-priori. Pourquoi aller au cinéma, lorsque le prix des billets est le même, qu’à l’opéra ? La question se pose et l’image de celui-ci doit évoluer… Elle-même a déjà accompli des missions éducatives auprès des enfants, pour éveiller leurs sens et les ouvrir à d’autre sensibilité musicale. « Je leur ai proposé un concert de 50 minutes, qui recouvrait du baroque jusqu’au 20ème siècle ». Ils ont appris par cœur « la garde montante », extrait de l’opéra Carmen, de Georges Bizet. Après avoir chanté pour eux, ils ont chanté pour elle et pris goût à ce genre. Vendredi dernier, c’est à la prison des femmes de Rennes que Sophie a chanté. Une rencontre qui lui tenait à cœur. « Je suis heureuse de leur apporter un moment de bonheur », précise la mezzo-soprano, qui ajoute qu’il s’agit d’« une forme d’évasion au travers de la musique ». Après son passage dans la capitale bretonne, Sophie Pondjiclis sera, le 14 juin prochain, au théâtre des champs Elysées, à Paris, dans Le barbier de Séville et le 20 juin prochain dans Pénélope, de Gabriel Fauré. D’autres représentations sont également prévues à l’opéra national du Rhin et à Marseille, où elle rejouera le rôle de Flora, dans La Traviata, mise en scène, cette fois-ci, par Renée Auphan. Un programme chargé, mais passionnant, pour cette mère de deux enfants, dont le dicton est « oser, doser ».

Infos pratiques : Demain, La Traviata sera jouée à l’opéra de Rennes et retransmise, à 20h, en direct ou en différé sur plusieurs écrans, place de la mairie à Rennes, à Betton, Bruz, Cesson Sévigné, Lorient, Saint-Malo, Dinard, Jersey (5 juin), à la télévision sur France 3, TV Rennes, Tébéo, Ty Télé, Armor TV et la radio sur France musique.

Pages