Célian Ramis

Mythos 2014 : Jeanne Cherhal, une histoire de J.

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L'Aire libre, St jacques de la Lande
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La fragile brunette découverte dans les années 2000, Jeanne Cherhal, livrait un nouveau spectacle plus rock que les précédents jeudi 17 avril à l’Aire Libre dans le cadre de Mythos.
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La fragile brunette découverte dans les années 2000, Jeanne Cherhal, livrait un nouveau spectacle plus rock que les précédents jeudi 17 avril à l’Aire Libre dans le cadre de Mythos. Elle n’a plus rien de la femme « pas solide » de ses premières chansons. Au contraire, solide comme un roc, elle est devenue une pierre angulaire de la chanson française.

Jeanne Cherhal est accompagnée pour ce nouveau spectacle de plusieurs musiciens: un batteur, un guitariste et un bassiste avec lesquels elle a enregistré l’album Histoire de J., sorti le 10 mars dernier. Ils se connaissent bien et cela s’entend. Lorsqu’un imprévu vient perturber la chanteuse, ils savent rebondir sur les notes qu’elle égraine joyeusement.

Elle accueille le public toute de blanc vêtue, assise derrière son piano. La salle est comble et enthousiaste, le succès ne se dément pas. La voix particulière de la chanteuse, fine et mélodieuse, résonne entre les murs de la salle de l’Aire Libre.

Des textes plus engagés

Jeanne Cherhal, plutôt connue pour l’ambiance intimiste de ses textes, a travaillé sur de nouvelles thématiques. La cause des femmes à travers le monde semble l’avoir inspirée. Sa chanson en hommage à Noxolo Nogwaza, lesbienne violée et assassinée en Afrique du sud à cause de son orientation sexuelle, est très émouvante.

Dans la même lignée, elle aborde le thème du viol en criant sa détermination : « Quand c’est non, c’est non! »,  scande-t-elle au refrain. Elle confie à son public : « J’ai écrit cette chanson un jour où j’étais furieuse, mais je ne sais pas si ça s’entend… » Par petites touches d’humour et grâce à une énergie virevoltante elle entraîne les spectateurs dans ses révoltes. Elle garde néanmoins un goût pour les mélodies douces et mélancoliques. Lors du rappel elle interprète le titre qui fit son succès « Je suis liquide ».

Un public conquis

Conquérir le public n’était pas bien difficile à atteindre tant les personnes présentes étaient déjà sous le charme de la chanteuse. La salle de l’Aire Libre était remplie d’admirateurs. La taille humaine de la structure a permis un véritable échange avec le public. La chanteuse s’est donc lâchée, disant aimer particulièrement le public rennais et le festival Mythos. Esquissant des pas de danse qui prenaient parfois des allures de défi acrobatique, n’hésitant pas à converser avec des spectateurs, la chanteuse a livré une performance endiablée et bien rythmée.

Elle s’éclipse un instant, le temps d’enfiler une robe à paillette et de revenir pour un moment « Cabaret ». Seule, avec sa voix et son piano, elle entreprend des mélodies douces et intimistes, plus proches de son univers de prédilection. Sa reprise de « Les nuits d’une demoiselle » version 2.0 a particulièrement enchanté: « Je me fais vibrer le sans-fil, je me fais exporter le point com… » chantonne-t-elle sous les rires de l’assistance.

Décidément connectée avec son temps tout en apportant une touche de mélancolie, Jeanne Cherhal a de nouveau rayonné sur les planches de Mythos qu’elle foulait pour la quatrième fois. La jolie romance entre le festival rennais et la chanteuse peut continuer, on en redemande.

 Chloé Rébillard

 

Jeanne Cherhal : « Je me sens solidaire des femmes et je me sens féministe »

Mythos est un festival que vous connaissez bien puisque vous étiez présente en 2001 puis 2004 et 2010. Que ressentez-vous aujourd’hui à l’idée de vous produire devant le public rennais ?

J’en suis très heureuse ! J’adore jouer en Bretagne et dans le Nord. Ce sont deux régions que j’affectionne particulièrement. C’est un peu cliché de dire ça mais ce sont des régions très chaleureuses, les gens sont très accueillants. Je chante d’ailleurs une chanson qui s’appelle « Finistère ».

Justement, cette chanson « Finistère », racontez-nous…

Cette chanson, c’est une déclaration d’amour à la Bretagne. Je chante un état d’esprit. C’est un lieu qui se mérite un peu, qui paraît aride au premier abord, mais quand on connaît…. Souvent j’y loue une maison, jamais la même, et j’y reste pendant 5 jours pour travailler. J’y vais avec mon clavier numérique, mon ordinateur, et je m’isole, et l’inspiration vient. Je me sens bien là-bas.

Histoire de J., comme Histoire de Jeanne. C’est un album autobiographique ?

Complètement. C’est un album très personnel, j’y livre beaucoup de choses sur moi-même, sur ma vie. J’ai fait le choix de l’initial J pour garder une part de mystère, et en même temps pour que l’on comprenne qu’il s’agit de moi, de mon histoire. Si j’avais décidé de l’appeler Histoire de Jeanne, ça aurait fait trop mégalo !

Est-ce un hommage à Véronique Sanson ?

Non, non pas du tout ! Ce n’est pas un hommage à Véronique Sanson mais plutôt à l’époque où est sorti son album « Amoureuse ». Mon travail est né d’une expérience autour de cet album. C’est un hommage au groove des années 70, aux sonorités de cette époque. J’ai d’ailleurs enregistré l’album dans les mêmes conditions qu’à l’époque, en analogique pour reproduire ce son si propre au 70’s. C’est une période qui me donne une impression de liberté totale.

Vous évoquez le viol (Quand c’est non c’est non) et l’homophobie (Noxolo). Vos textes sont plutôt engagés.

À partir du moment où l’on chante quelque chose c’est une démarche engagée. Une chanson est un engagement pour soi et aussi pour les autres. Je parlerai d’ailleurs de chansons « concernées » plus qu’engagées. Je me sens solidaire des femmes et je me sens féministe. Je chante très simplement un message qui est dirigé vers le sexisme ordinaire.

Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ?

Tout et n’importe quoi ! Enfin surtout les rapports humains qui sont une source d’inspiration inépuisable, que ce soit positif ou négatif. Je ne serai pas capable d’écrire quelque chose sans me sentir émue ou bouleversée. J’ai besoin de me sentir concernée pour écrire.

Après un album rock (Charade), vous revenez au piano. Un retour aux sources ?

Oui, bien sûr, encore une fois orchestré par « Amoureuse ». C’était un travail de remise en selle sur mon instrument, le piano voix. Je ne me suis pas occupée d’autre chose que de mon piano voix. Je n’ai pas eu l’envie de faire autre chose, ni eu l’envie de prendre une guitare ou une batterie.

Quels sont vos futurs projets ?

Pour l’instant je n’ai rien d’autre à faire que de me concentrer sur ma tournée qui va durer un peu plus d’un an, et de penser au prochain album.

Comment vous sentez-vous quelques heures avant la scène ?

C’est un peu tôt pour ressentir le trac (l’interview se déroule à 18h et Jeanne Cherhal se produira en concert à 22h30, ndlr). Par contre je l’aurai une heure avant. Mais je suis vraiment contente de faire partie de la programmation de Mythos encore cette année. Parce que c’est un festival qui met en avant la parole et le verbe sous toutes ses formes. Là, je me sens hyper francophone et francophile, et je trouve qu’il est très important que ce genre de festival existe.

Justine Gourlay

Célian Ramis

Mythos 2014 : Une part de canard en chacun de nous

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Théâtre de la Parcheminerie, Rennes
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Mercredi 16 avril, Enora Boëlle dévoilait les premières esquisses de son projet Moi, Canard lors du festival Mythos. La lecture s’est déroulée en toute intimité, dans le hall du théâtre de la Parcheminerie.
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Mercredi 16 avril, Enora Boëlle dévoilait les premières esquisses de son projet Moi, Canard lors du festival Mythos. La lecture s’est déroulée en toute intimité, dans le hall du théâtre de la Parcheminerie.

Quelques minutes avant le début de la lecture, la metteure en scène, Enora Boëlle, est tendue, stressée. Pour cette représentation unique au cours du festival, ils ont eu 5 jours de répétition, dans une école maternelle. L’objectif étant de présenter, sous la forme d’une lecture théâtrale, la première partie de l’histoire Moi, Canard, librement inspirée du conte de Hans Christian Andersen, Le vilain petit canard.

Tout a commencé avec la naissance des enfants d’Enora Boëlle, co-directrice artistique du Théâtre de Poche de Hédé. La comédienne et metteure en scène au sein du Joli collectif cherche alors des livres dont les textes parlent de la différence. « Je n’en trouvais pas. Et puis, je suis tombée sur Pomelo de Ramona Badescu. J’ai tout de suite beaucoup aimé son travail. Pour moi, Ramona utilise tous les ingrédients nécessaires, la langue française, la poésie de la langue, l’humour, le côté grinçant… », explique-t-elle, au détour d’un café dans la rue Saint-Melaine, un matin de Mythos.

Un jour, entre deux trains, elles se rencontrent à Marseille, là où vit l’écrivaine. « On a discuté, on était vraiment sur la même longueur d’ondes et on s’est aperçues que nous partagions le même enthousiasme pour le conte d’Andersen, qui est notre favori », précise Enora. Elle lui explique alors son projet d’adaptation au théâtre, dans un spectacle destiné au jeune public, ce que Ramona accepte sur le champ. Il y a un mois environ, elle lui a livré la première partie du texte, celle que l’on a pu découvrir au premier étage de la Parcheminerie en ce mercredi.

Pour la metteure en scène, c’est un moment important. Une première lecture a déjà eu lieu 15 jours avant, devant l’auteur du texte, elle a alors découvert les interprètes et validé les choix d’Enora, « même si on a refait un travail dramaturgique ensemble ». Ici, quelques dizaines de Rennaises et de Rennais sont réunis pour entendre cette nouvelle version d’un conte que l’on a tous encore en mémoire.

Trouver sa place dans le monde

« Une histoire qui parle de la manière de transmettre le fait de grandir », analyse la co-directrice artistique du Théâtre de Poche. Plusieurs interrogations l’ont poussé à s’orienter vers ce texte : « Qu’est-ce qui fait que l’on existe ? Qu’on a sa place ? Qu’on est un individu unique ? Le Vilain petit canard pose la question : Comment chaque individu trouve sa place dans le monde ? »

Dans Moi, Canard, c’est la comédienne Abigail Green qui incarne celui qui est foutu dehors, malgré lui, malgré son envie de ressembler à sa famille ; il ne parlera malheureusement pas le « coin-coin » de sa mère. Enora affirme sa volonté de féminiser le conte sans toutefois en faire un parti pris militant, cela n’étant pas l’objectif de la pièce. « C’est une femme qui joue le canard mais en réalité il n’est pas sexué ce canard. On note un gros point de vue du côté de la mère. Et au début quand le canard est dans l’œuf, il y a un côté très maternel, qui moi me touche beaucoup, c’est très féminin », confie la metteure en scène.

Et il y a en effet quelque chose de très doux, de très chaud dans la voix et dans l’interprétation d’Abigail Green, vêtue d’un long ciré blanc, capuche vissée sur la tête. Une chaleur rassurante et protectrice qui nous enveloppe au début de la lecture seulement. Car rapidement, le texte se durcit, se noircit et l’histoire du petit canard nous emporte au plus près du thème développé par l’auteur original.

Celui des difficultés qu’il faut surmonter pour enfin trouver sa place. « Ce n’est pas qu’une histoire d’enfant, même si chaque année, on entend toujours des choses affreuses dans les cours d’école… Dans la vie, on grandit, on murit, on traverse des expériences difficiles, on rencontre des personnes, bonnes ou mauvaises pour nous… », observe Enora Boëlle, qui souhaite à chacun de trouver sa place dans le monde.

Trouver sa part de canard

Elle insiste néanmoins sur sa détermination à ne pas victimiser le protagoniste du conte car « on est tous un peu canard, à des degrés différents ». Pendant près de 30 minutes, les spectateurs sont suspendus aux lèvres de la comédienne, attentifs aux mots prononcés, au sens donné, tout en ne manquant pas de jeter un œil sur le rôle de Gregaldur, « issu de la scène impro-underground-punk » qui se tient assis sur la scène à deux pas d’Abigail.

Le musicien – qui a été aiguillé et dirigé par Robin Lescouët, co-directeur artistique du Théâtre de Poche de Hédé, également collaborateur artistique dans le projet Moi, Canard – intrigue, entouré de ses instruments créés à partir de jouets. Il accompagne discrètement les paroles du canard, ajoute des bruitages et composent des mélodies qui soulignent l’état d’esprit du personnage. On l’imagine comme un scientifique déluré, installé dans son cabinet de curiosité, qui expérimente et puise dans tous les objets susceptibles de créer des sonorités relatives à la situation énoncée par Abigail.

Et à ce rôle, il rajoute celui de complice et lance de temps en temps un regard de soutien à celle qui figure à ses côtés, légèrement tremblante. Cet été, Ramona Badescu devrait poursuivre l’adaptation du conte d’Andersen, de manière à ce que l’équipe de Moi, Canard puisse commencer à créer le spectacle en plateau. Un travail qui devrait commencer en octobre prochain et qui devrait aboutir à un spectacle finalisé en mars 2015.

Et si l’année à venir semble déjà bien remplie, Enora Boëlle a déjà en tête une nouvelle idée de collaboration avec Ramona Badescu, sur le thème du deuil, de la frontière ténue entre la vie et la mort. « C’est un projet ambitieux, ce n’est pas une adaptation cette fois. L’idée, c’est : quand il y a la mort, la vie n’est pas loin et inversement », dévoile la metteure en scène qui semble prendre goût au spectacle jeune public. Moi, Canard étant son premier projet de mise en scène pour les petits (mais aussi pour les anciens enfants).

Célian Ramis

Mythos 2014 : Les femmes fontaines vue par Rufus

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Carré Sévigné
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Recueils de poèmes, d’écrits et de lettres, supports de témoignages de femmes, d’hommes aussi, sur le thème encore tabou et méconnu, en tout cas, en occident, des femmes fontaines.
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Le festival Mythos accueille cette année Rufus, artiste vivant et célèbre personnage du paysage cinématographique français. « Rufunambule et les jaillissantes », spectacle qu’il présente pour la première fois au carré Sévigné où il est également artiste associé, fait l’ouvrage de recueils de poèmes, d’écrits et de lettres, supports de témoignages de femmes, d’hommes aussi, sur le thème encore tabou et méconnu, en tout cas, en occident, des femmes fontaines.

« Comment les gens vont-ils comprendre ce spectacle ? » fût la principale interrogation de l’artiste avant de monter sur scène. L’artiste raconte avoir puisé son inspiration au travers de l’œuvre écrite par le sociologue Jacques Salomé, L’effet source, paru en France il y a deux ans, retranscrivant quelques 300 témoignages de femmes qui osent parler librement de sexualité, et plus précisément des femmes fontaines.

Terme imagé utilisé pour parler des femmes dont le plaisir sexuel se manifeste par l’émission abondante d’un liquide au moment de l’orgasme. Sujet qui, à l’heure actuelle, n’est que trop peu abordé et trop peu nommé, comme le déplore Rufus. La médecine n’en parle pas, la religion non plus. « Nous n’avons qu’un seul mot pour parler de cela, il est donc difficile de trouver une connivence, difficile d’y apporter de l’humour. L’évocation poétique me semblait la meilleure voie à prendre pour parer à cet obscurantisme médical », explique-t-il.

En effet, en France le terme « femme fontaine » est complétement absent des manuels, précis ou lexiques médicaux. Au Rwanda, par exemple, il existe près de 300 mots pour parler de cette forme de sexualité féminine. Et comme si cela ne suffisait pas à nous complexer, ce pays abrite aussi des écoles qui enseignent la jouissance aux jeunes filles, qui seront par la suite très prisées par la gente masculine.

« C’est un sujet que même la pornographie occidentale chrétienne trouve inconvenante » 

Animé par la curiosité, il a interrogé bon nombre de femmes pendant deux ans afin de laisser la parole à celles qui étaient les mieux placées pour en parler. Exercice qui s’est avéré plus difficile qu’il n’y parait, l’amenant à se repositionner comme propre sujet de son œuvre : « C’est un objet que même la pornographie occidentale chrétienne trouve inconvenante ! » En choisissant de lire sur scène certains témoignages très personnels qui ont nourri l’ouvrage psychosociologique de Jacques Salomé, Rufus s’offre le rôle de confident, plongeant le spectateur dans l’intimité de ces femmes qui osent parler.

Ainsi, le spectateur découvre ce que ressentent ces femmes fontaines, la jouissance à laquelle elles goûtent, cette part d’elles-mêmes qui les guide vers un état mi sensuel mi spirituel. L’une écrira cette phrase « C’était un mystère que les mots risquaient d’anéantir ». Une autre évoque son premier orgasme lors de… son accouchement ! Les écrits sont touchants : « C’était un mystère que les mots risquaient d’anéantir ». Ils sont également pleins de tendresse et de naïveté, parfois maladroits, traduisant de la joie et de la gratitude.

Malgré tout, ces femmes qui témoignent ne s’expliquent pas ce phénomène, toutes évoquant cette expérience comme un incroyable jaillissement libérateur. « Toutes les femmes sont fontaine, il y a celles qui le savent et toutes celles qui ne le savent pas encore », affirme Jacques Salomé.

« Il semblerait que dans son entier la femme soit taboue »

L’artiste précise ne pas faire de prosélytisme, le but n’étant pas de convaincre. « Je suis caché derrière des témoignages. » Il avoue également avoir pris le temps à la réflexion quant à cette fameuse citation de Sigmund Freud : « Il semblerait que dans son entier la femme soit taboue ». Affirmation hallucinante qui amène la sexualité sur le devant de la scène selon Rufus, évoquant un scandale auquel un artiste ne peut se dérober. « C’est comme s’il y avait une obligation de réparation sur l’évocation des femmes fontaines. Personne n’en parle et pourtant cela fait partie de la sexualité» répond Rufus, expliquant les motivations qui l’ont amené à choisir ce thème.

Dans un hasard tout à fait stupéfiant selon l’intéressé, le spectacle suit son cours avec une seconde partie où le comédien lit le texte L’innommable de Samuel Beckett. Il y est question d’une naissance, mise en scène grâce à un sac et une corde rouge, symbolisant le placenta et le cordon ombilical. Et si certains l’auront bien compris, il n’est néanmoins pas évident pour tout le public de saisir cette métaphore. « Il est question de Dieu, avance une spectatrice, Dieu qui pète un câble ! » « Ne serait-ce pas tout simplement l’absurdité de ce que nous sommes ? » tente une autre.

Il ne fait nul doute que la vie et la mort sont de vastes sujets auxquels il souhaite confronter son public. Si le thème évoqué par Rufus pouvait nous laisser redouter une certaine libido mal placée, il n’en est rien. Le sujet est abordé en douceur, avec une pointe d’humour et d’esprit. À la fin du spectacle, il dédie les applaudissements à toutes ces femmes dont il s’est inspiré.

Célian Ramis

Mythos 2014 : Lettre à la solitude

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Café des bricoles, Rennes
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Le duo du collectif Les becs verseurs a proposé une lecture théâtrale de leur nouvelle création La lettre.
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Le Café des Bricoles accueillait hier après-midi, mercredi 16 avril, Myriam Gautier et Hélène Mallet, deux conteuses de la compagnie Les Becs Verseurs. Le duo a proposé une lecture théâtrale de leur nouvelle création La lettre.

On connaît la compagnie des Becs Verseurs pour leurs indétrônables visites décalées au sein d’expositions – on se rappelle notamment de leur prestation aux Champs Libres lors de l’exposition Rennes en chanson, présentée de novembre 2010 à mars 2011 – ou de divers événements rennais. Ici, les deux conteuses se mettent à nue dans une création qui leur est propre.

Entourées d’Alain Le Goff et de Rozenn Fournier – l’un pour l’accompagnement dans l’écriture, l’autre pour un regard extérieur – Myriam Gautier et Hélène Mallet font appel à la famille Mythos et calibrent leur spectacle pour nous faire passer un moment singulier et poignant. Ce jour-là, au Café des Bricoles, l’ambiance est intimiste et conviviale. Des bancs installés des deux cotés de l’estrade, les rideaux tirés, le silence.

Les deux comédiennes se tiennent debout, chacune face à son pupitre, et enfilent leur blouson de cuir. L’une en noir, l’autre en couleur camel. La simplicité de la mise en scène apporte un côté expérimental à un spectacle en cours de création – fin mars, elles étaient en résidence à l’Aire Libre pour la création lumières, lire notre article dans le numéro 24 – et marque leur volonté d’un décor épuré et sobre, permettant ainsi aux spectateurs de se concentrer sur les dialogues.

Car tout l’intérêt de cette pièce réside dans les échanges entre les deux femmes, qui se rencontrent sur un banc. L’une lit un conte de fée, « une histoire de brinces, brincesses et de brenouilles », explique-t-elle dans son langage farfelu. L’autre lit le journal, « un conte de faits divers ». A priori tout semble les opposer. Entre froideur et cynisme, innocence et naïveté, les deux femmes vont finir par tisser des liens et nouer une relation solide. Leur conversation pourrait être l’une de celles que l’on lit dans les bouquins de Jarry ou Ionesco.

Parfois absurde, parfois cinglante mais surtout banale. Les animaux domestiques, les ruses pour tromper l’ennui et tout à coup une mystérieuse lettre de menace de mort, en provenance de Nouvelle-Calédonie. Un courrier dont chaque lettre a été découpée dans les pages des journaux. Une intrigue qui se noie dans les palabres de deux personnages qui échangent ensemble, qui content et racontent leur solitude.

Puisque finalement, tout est une histoire de solitude dans ce spectacle. Comment vont-elles dévoiler ce qui les anime au plus profond d’elles-mêmes ? Oseront-elles se défaire des chaines imposées par leur isolement ? Jusqu’où iront-elles, ensemble, dans leur lutte routinière ?

Myriam Gautier et Hélène Mallet nous embarquent dans cette aventure ordinaire qui prend des proportions d’histoire extra-ordinaires. Elles explorent avec humour les méandres d’une vie sans saveurs et pimentent leur récit à travers l’imaginaire et l’absurdité qu’on leur connaît et reconnaît. La situation décrite et jouée résonne en chacun de ceux qui ont connu cette solitude commune. Le duo joue sur le rythme, les silences, le regard et les intonations pour renvoyer une intensité succulente et appréciable à ce thème sombre et profond. Un énorme coup de cœur en cette deuxième journée de Mythos.

Célian Ramis

Forum Libé : 2030, révolution sexuelle ou régression dans nos pratiques ?

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Champs Libres, Rennes
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Débat intitulé « Faire l’amour en 2030 : une nouvelle révolution sexuelle ? » à l’occasion de la sixième édition du Forum Libération au Théâtre National de Bretagne à Rennes.
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Qu’en sera-t-il de nos pratiques sexuelles en 2030 ? Quelles places auront les nouvelles technologies dans le plaisir ? Samedi 12 avril, l’écrivain et maîtresse de cérémonie sadomasochiste Catherine Robbe-Grillet, auteure en 1956 du sulfureux L’image – sous le pseudonyme Jean de Berg – et l’artiste multimédia déjanté Yann Minh ont tenté de nous donner quelques réponses dans le cadre d’un débat intitulé « Faire l’amour en 2030 : une nouvelle révolution sexuelle ? » à l’occasion de la sixième édition du Forum Libération au Théâtre National de Bretagne à Rennes.

L’association de ces deux personnalités semble curieuse et cela explique certainement pourquoi la salle Jouvet est comble en cette fin de journée. Si l’une est la pionnière des pratiques sexuelles les plus débridées depuis les années 1950, l’autre les expérimente à travers les réseaux sociaux et le cyber-espace.

« L’amour du point de vue cybernétique (1) est un traitement de l’information, dans les années qui viennent notre société va augmenter les capacités du traitement de cette information et inventer des technologies qui amplifient la stimulation sexuelle », selon Yann Minh, adepte des rencontres virtuelles et des « donjons sadomasochistes » sur le réseau Second Life notamment. Mais concrètement qu’est-ce que cela donnerait ?

Des robots les plus perfectionnés à la jouissance par la pensée, l’avenir de notre sexualité selon l’artiste semble intimement lié aux nouvelles technologies. « De nouvelles choses vont permettre de voir ce qu’il se passe dans le cerveau du partenaire grâce aux feed-back (2), nous pourrons ainsi rajouter des éléments à notre répertoire sensuel, sexuel et cognitif », poursuit-il devant une salle qui semble perplexe face à de telles pratiques.

À l’aide d’une manette de console Nintendo Wii Yann Minh nous fait voyager dans un univers ludique sur l’écran de cinéma du TNB et nous invite à parcourir avec lui l’évolution de la sexualité, des écrits sadomasochistes aux premiers godemichets, le public s’esclaffe pendant son intervention et se laisse transporter au milieu de ses fantasmes futuristes. Ces propos semblent pourtant quelques peu fantasques pour l’audience qui s’interroge sur ce qui, selon Catherine Robbe-Grillet, restera de nos ébats charnels en 2030.

« Il faut retomber dans un corps à corps »

« Il me semble que le sexe de base : sodomie, coït, cunnilingus, fellation, cela ne change jamais, c’est la même chose depuis la nuit des temps, ce sont les conditions qui vont changer », nous explique celle qui aurait tout juste cent ans en 2030.

Elle parle de sexe de manière libre, ne semble pas perturbée à l’idée de relations avec des robots ou autres fantaisies numériques mais s’inquiète d’une certaine perte des relations physiques plus humaines, de l’émotion que procure un réel « corps à corps », que les réseaux sociaux, les machines ou les téléphones ne peuvent nous procurer. Quand la question de la prostitution est évoquée, elle raconte le désespoir de certains clients, le besoin de chaleur de ces hommes qu’aucune technologie selon elle ne pourra synthétiser.

Que l’on soit d’accord ou non sur la question des prostituées, une réelle question se pose : dans une quinzaine d’année, les hommes et les femmes abandonneront-ils les plaisirs tactiles basiques ? « Si les gens sont heureux comme ça c’est bien mais je n’y crois pas vraiment. Dans le cyber-espace les gens se sentent protégés, des MST par exemple, mais cela reste assez pépère » pour Catherine Robbe-Grillet. Pour elle, les mentalités ont énormément évolué et en particulier depuis ce qu’elle appelle la « révolution sexuelle » des années 1975.

Les femmes quant à elles, toujours selon l’écrivain, connaissent mieux leur corps, ne sont plus pliées à un devoir conjugal et vivent leur sexualité avec moins de tabou. Quelque peu utopiste peut-être ? « J’espère que les femmes seront libres de faire ou ne pas faire et entre autre qu’on leur foute la paix », répond-elle quand on évoque la femme de 2030. On l’espère également, atteindra-t-on une liberté sexuelle complète d’ici quinze ans ? Patience, on y est presque… paraît-il.

 

1  Science de l’action orientée vers un but, fondée sur l’étude des processus de commande et de communication chez les êtres vivants, dans les machines et les systèmes sociologiques et économiques (Larousse).

2 Synonyme de rétroaction, rétrocontrôle.

Célian Ramis

Forum Libé : en 2030, les féministes au pouvoir ?

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Champs Libres, Rennes
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Une bourrasque féministe s’est abattue sur la salle de conférence des Champs Libres, prête à insuffler un nouveau souffle : « 2030 : un nouveau féminisme ? »
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La semaine dernière, le Forum Libé s’installait à Rennes avec 40 débats et une multitude d’intervenants réunis autour du thème 2030. Vendredi 11 avril, en fin d’après-midi, une bourrasque féministe s’abattait sur la salle de conférence des Champs Libres, prête à insuffler un nouveau souffle : « 2030 : un nouveau féminisme ? »

Un nouveau souffle ? On n’en doute pas mais peu d’éléments seront donnés pour nous permettre d’imaginer le futur. Néanmoins, rien n’interdit de rêver et de fantasmer deux ou trois utopies pour la suite d’un mouvement pluriel. Luc Le Vaillant, journaliste pour Libération, était chargé de modérer le débat et pour l’occasion, il était entouré de quatre expertes : Safia Lebdi, à l’origine du mouvement Ni putes ni soumises, Françoise Picq, politiste et spécialiste de l’histoire du féminisme, Michèle Fitoussi, écrivaine, et Chekeba Hachemi, ancienne diplomate afghane.

L’avenir du féminisme, Françoise Picq le voit flou : « On ne connaît ni le contexte politique de 2030, ni le contexte social ». Pour elle, à chaque mouvement féministe se crée un mouvement réactionnaire visant à l’empêcher d’exister. « Aujourd’hui, la contre révolution féministe n’est pas principalement du fait des hommes mais surtout du poids des religieux et des idéologies traditionnelles », explique-t-elle, esquivant d’un tour de manche la question.

L’utopie en 2030 pour Michèle Fitoussi, c’est « la même salle qu’aujourd’hui remplie par une majorité d’hommes. Que tout le monde comprenne que le féminisme, c’est l’affaire de tous ». Là non plus, elle ne se mouille pas. Elle émet alors deux hypothèses. La pire, celle de la montée du pouvoir réac’ avec « le resserrement des crédits sociaux qui empêche les femmes d’aller bosser et la diminution, voire la suppression, de l’IVG ».

La meilleure, celle de l’égalité qui prime. Celle qui voit les hommes prendre le congé paternité, s’investir dans les tâches domestiques. Celle qui voit les écarts de salaires se réduire, le sexisme être éradiquer. Celle qui voit les femmes crever les plafonds de verre, les stéréotypes se déconstruire à travers l’éducation à l’égalité dans les écoles et les familles.

Chekeba Hachemi, elle, partage deux espoirs. Pour l’Afghanistan, « ce serait d’avoir une salle comme celle-ci ». Elle s’explique : « Car leur présence signifierait liberté et éducation. Dans le pays où il fait le moins bon vivre pour les femmes, l’éducation des petites filles est primordiale, c’est aussi important qu’un programme alimentaire. » Pour la France, elle souhaite que les femmes aient le choix de faire un enfant. Que ce ne soit pas un frein à l’emploi. Que ce ne soit pas un risque à prendre. « On en est encore loin », termine-t-elle. Safia Lebdi voit un espoir du côté des pays arabes et 2030 devrait être influencée par l’international.

« Il y a la même émulsion aujourd’hui dans les pays arabes et les pays de l’Est qu’en France, au Canada et aux Etats-Unis dans les années 60 », explique-t-elle.

L’activiste, comme elle se définit, entame un discours très optimiste. Le réveil de ces pays « qui s’attachent aux valeurs que portent la France avec encore plus d’enthousiasme puisqu’elles représentent la liberté pour les femmes » allié à la génération Internet « qui permet la transmission de l’information avec rapidité et sécurité et qui voit naitre de plus en plus de jeunes femmes informées » engendrent la libération de la parole qui se propage sur les blogs et les réseaux sociaux.

Elle pose alors une hypothèse : 2030, potentiellement, les femmes au pouvoir ? Une question qu’elle soulève pour servir son argument qu’elle porte comme son cheval de bataille : la création d’un parti politique féministe. « Les femmes ont du mal à prendre le pouvoir, à l’assumer – sans oublier que l’on ne veut pas leur donner – et la question est centrale dans tous les pouvoirs. Pourtant aujourd’hui, elle est minime dans les affaires politiques », déclare la conseillère régionale écologiste (en Ile-de-France).

Les femmes révolutionnaires ?

De tout temps, les femmes se sont battues pour leurs droits en exerçant une résistance passive. Mais pour les faire avancer, ce sont les périodes de révolution qui permettent aux femmes de tirer leur épingle du jeu. Pour Françoise Picq, spécialiste de l’histoire des femmes, « il n’y jamais eu d’histoire autonome du féminisme. Il a toujours eu une relation liée à la politique ». Elle cite alors les incontournables comme Olympe de Gouges qui durant la Révolution française a signé l’ouvrage Déclaration des droits de la femmes et de la citoyenne ou encore Flora Tristan qui s’est battue pour la condition féminine à l’époque du marxisme.

« Ces femmes-là s’inspirent du discours politique et en tirent les conclusions de ce que cela doit être valable pour les femmes », analyse-t-elle.

Car pour elle, le féminisme remet en question les équilibres sur lesquels la société repose en mettant le doigt sur les problèmes complexes de cette société, « à un niveau où les autres ne les ont pas posé. Comme la prostitution ou le voile par exemple. Le voile, le débat a commencé en 1989 avec le problème de la laïcité. Et c’est Ni putes Ni soumises qui nous a ouvert les yeux sur cette question-là ».

C’est donc très rapidement que le débat se centre sur ce sujet, qui étonnament ne crée aucune dissension entre les quatre femmes présentes à la table. « À l’époque des Talibans, j’entendais souvent la question : à quand les femmes afghanes sans l’habit qui les couvre ? Mais on ne parle jamais des autres droits bafoués ! », s’insurge Chekeba Hachemi. Selon elle, c’est le jour où elles auront accès à l’éducation, au travail, aux finances, qu’elles enlèveront naturellement le voile.

« Il faut les écouter ces femmes. Pas décider en tant que femmes blanches du bon côté du périph’ », lance-t-elle sous un tonnerre d’applaudissements, avant que Safia Lebdi ne reprenne la parole et son argument principal.

Le féminisme international. Le seul qui puisse servir à faire avancer les sociétés en matière de droits des femmes. Le féminisme de Ni putes Ni soumises.

« L’intégrisme et le fascisme sont à nos portes ! Et on le dit depuis 10 ans. Lorsque l’on a mis cette question sur le tapis, on a eu l’impression de vivre dans une France qui ignorait une partie de sa population. Les meufs vivent une double discrimination : celle d’être femme et celle d’être femme d’origine », scande Safia.

Et 2030 alors ?

La question de l’avenir a vite été écartée par les intervenantes, plus à l’aise dans l’observation et l’analyse de la situation actuelle, basée sur des luttes féministes profondes et récentes. Luc Le Vaillant utilise alors son rôle de modérateur pour recentrer le débat et pour tourner les regards vers ce que pourrait être l’avenir de ce mouvement pluriel.

C’est avec le sourire et un ton un brin provocateur – qu’il confesse aisément – qu’il se lance dans l’arène : « Revenons sur les points de conflit. Imaginons alors 2030, l’utérus artificiel ? Faut-il externaliser la gestation pour que les hommes et les femmes soient égaux ? » Une question qui fait bondir les expertes féministes ! Françoise Picq y saisit alors l’opportunité de préciser qu’il n’est pas question de perdre la spécificité de la maternité :

« Je n’ai pas envie d’échanger mon identité de genre. Là dessus, Antoinette Fouque n’avait pas tort. Il y a un slogan du MLF – Mouvement de libération des femmes – que j’aime beaucoup : « Un homme sur deux est une femme ». Nous sommes un homme sur deux mais nous ne sommes pas un homme comme les autres ».

Et elle revient alors sur la réalité actuelle, à savoir que les hommes, dans l’incapacité physique d’avoir des enfants entre eux, doivent passer par le corps des femmes. « Des femmes précaires, fragilisées. C’est la marchandisation du corps », ajoute Michèle Fitoussi, pour qui égalité des droits ne rime pas avec mimétisme.

Un lien vers un autre sujet sensible, que le journaliste de Libération ne résiste pas à saisir au vol : « Et alors, les bordels d’État pour hommes et femmes ? Possible ? » Et si personne ne se risque à répondre à ce qui pourrait être interprété comme un affront – 1h30 ne suffit pas pour entamer cet angle là – Luc Le Vaillant tente une échappatoire satirique et cynique : « Ce serait un bon moyen pour l’État de récupérer de l’argent ». De quoi détendre l’ambiance avant donner la parole au public.

Tout le monde est concerné

Une parole divisée qui va orienter la conférence sur le féminisme, l’affaire de tous. Safia Lebdi revendique le fait d’être féministe, que l’on soit homme ou femme. « Ce sont les hommes qui doivent se réveiller ! On construit l’avenir de demain, on résiste face à la mondialisation et aux questions morales ! », déclare-t-elle. Et quand un jeune homme prend la parole pour exprimer son envie de mettre l’humain au cœur du débat, Chekeba Hachemi lui rétorque avec ferveur et engagement :

« ça fait un demi siècle que l’humain est au cœur du débat et rien n’avance pour les femmes ».

Et Françoise Picq enchaine : « En se libérant, les femmes libèrent l’humanité toute entière ! » C’est à Michèle Fitoussi que revient l’honneur de conclure, et cette dernière ne s’éloignera pas de la ligne des inégalités qui subsistent entre les hommes et les femmes : « Vu la pente actuelle, il faudrait 120 ans pour arriver à une parité réelle. Quand on voit l’Assemblée nationale, il n’y a pas de diversité, pas de femmes alors que nous ne sommes pas une minorité, nous sommes 50% de la population. Je fais tout comme les hommes dans ce pays, je veux être traitée de la même manière ! » 2030, un nouveau féminisme ? On ne saura pas. Faudra être là…

 

3 questions à Safia Lebdi : « Mieux vaut être Zahia… »

Durant le débat, votre discours était plutôt optimiste avec un féminisme porté par la jeune génération via Internet. Pourtant, les jeunes femmes revendiquent leur volonté de ne pas être affiliées au féminisme et prônent l’égalité des sexes. Qu’est-ce qui fait peur dans le féminisme ?

Le féminisme français est squatté par les anciennes féministes. Le MLF, le droit à l’IVG, c’est obsolète pour les jeunes ! Mieux vaut être Zahia et gagner son argent avec son corps. Pour la nouvelle génération, Zahia incarne la réussite, la liberté. Cette génération est déconnectée de l’ancienne ! Rien que dans l’apparence…

C’est aussi pour ça que les Femen ont marché. Elles sont décomplexées et utilisent le corps comme une arme de combat. Le public qui y adhère est large et jeune. Moi, je suis une femme française issue de l’immigration, je m’identifie à des femmes qui me ressemblent. On ne peut pas se reconnaître dans l’ancien féminisme. Et ce sont les anciennes qui ont créé le rejet. Sans oublier qu’on met tout et n’importe quoi dans ce terme.

Comment ramène-t-on les jeunes femmes à la mobilisation et comment les sensibilise-t-on au mouvement ?

À travers le féminisme international ! Avec Facebook, en 3 ou 4 clics, on parle avec quelqu’un en Égypte, au Chili, en Angleterre. Il faut utiliser la blogosphère internationale. Car s’il existe des différences entre les pays, on dit la même chose sur le plan des droits des femmes. Toutes les femmes disent la même chose : mes libertés sont mises à mal. La religion, le communautarisme… elles vivent la même chose au Brésil, pour prendre un exemple. La parole est universelle. On a besoin d’une Gandhi. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de leader dans le féminisme. Il faut créer cette figure de leader.

Personne aujourd’hui ne peut incarner cette figure ? Najat Vallaud-Belkacem le pourrait-elle ?

Absolument pas ! Et non il n’y a personne actuellement. C’est pourquoi je pense qu’il faut créer un parti politique. Mais pas la liste européenne féministe ! Cette liste sera essentiellement constituée de femmes issues de la classe aisée. Elles vont mettre un peu de minorité mais très peu. Et surtout, elles ne mettront pas une tête inconnue en tête de liste. C’est un one-shot, soit tu cartonnes, soit tu dégages. Alors après ça peut être une stratégie politique. Elles vont peut-être permettre – et c’est la seule chose positive – d’aborder ces questions-là pendant la campagne. Moi je fais partie d’Europe Ecologie Les Verts, pour la laïcité, l’égalité, la liberté. On ne bougera pas là dessus et ces valeurs-là, on n’y touche pas !

Célian Ramis

Focus Cirque Nordique : Frappées du cuir chevelu...

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen présentaient leur création « Capilotractées », dans le cadre du Focus Cirque Nordique, organisé par l’association de production Ay-Roop.
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Jeudi 10 avril, au théâtre du Vieux Saint-Etienne, Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen présentaient leur création « Capilotractées », dans le cadre du Focus Cirque Nordique, organisé par l’association de production Ay-Roop. Un spectacle « capillairement » dingue.

L’une est brune, l’autre rousse. L’une est fildefériste, l’autre trapéziste. Elice Abonce Muhonen et Sanja Kosonen sont toutes les deux circassiennes et finlandaises. Et ont les cheveux longs. Un détail important puisque tout le spectacle repose cette information. Marquée par un spectacle vu dans son enfance, Sanja décide, avec la complicité d’Elice, de remettre la technique de la suspension par les cheveux – technique de cirque ancestrale – au goût du jour.

Ainsi, pendant deux ans, elles vont travailler et s’entrainer pour créer un numéro insolite et original de cirque capillaire. « Nous avons une coiffure spéciale pour y parvenir et il faut évidemment y aller tout doucement. Le fait de mouiller nos cheveux régulièrement pendant le spectacle les rend plus élastiques », confie Elice Abonce Muhonen à la suite de la représentation. Une représentation qui a réuni les Rennais et les Rennaises dans la salle du Vieux Saint-Etienne.

Ce soir-là, les spectateurs piqués par la curiosité s’empressent de s’installer sous les couvertures et attendent sagement, les yeux écarquillés, que les artistes dévoilent leur création.

Sur scène, deux chaises. Et une structure installée au-dessus, qui permettra aux deux circassiennes de s’élever et de s’envoler. Elles ont soigneusement tressés leurs cheveux, attachés en chignon sur le haut du crâne, dans lequel vient s’accrocher un anneau en fer. Une coiffure dévoilée après une chanson imaginée spécialement pour le spectacle, accompagnée à la guitare et au ukulélé. « Capilotractées… Capilotractées… Tirées par les cheveux… », chantent en chœur les deux complices du Galapiat Cirque.

Un petit air humoristique, simple et efficace qui annonce le thème de la soirée. Et c’est en effet un spectacle tiré par les cheveux qu’elles vont nous présenter. Théâtre, musique, danse, voltige… divers numéros se succèdent, entrecoupés d’intermèdes absurdes et burlesques alternant ainsi performances capillaires et divertissement clownesque.

Sous les cheveux, la liberté…

« Nous avons tout créé nous-mêmes. Deux personnes nous ont aidé à nous mettre en valeur dans la mise en scène. C’est très important pour notre carrière d’artistes et de circassiennes de pouvoir produire un spectacle comme celui-ci, sans agrès principal », précise Elice. Tout en conservant leurs agrès de prédilection – fil et trapèze – elles s’emparent de la suspension par les cheveux comme d’un outil de travail ordinaire, libérant ainsi jambes et bras qui peuvent alors exécuter et effectuer des mouvements entiers, longs et gracieux.

En attachant les mousquetaires au bout des cordes – reliées à la structure métallique par des systèmes de poulies – à leurs anneaux de fer, Sanja et Elice peuvent alors se suspendre dans les airs et imaginer les formes qu’elles veulent. Un vent de liberté se faufile entre les pierres froides du théâtre et fait bouger les deux corps à la fois souples et rigides qui s’amusent avec la technique mais aussi avec tout ce qui leur passent sous la main.

Une planche de bois sur laquelle l’une s’installe avec des poids pendant que l’autre décolle petit à petit du sol, jusqu’à se mettre en position du lotus, dans les airs, comme si elle lévitait. D’autres outils comme les chaises leur servent également de point de départ qu’elles transforment rapidement en terrain de jeu.

Tout devient alors matière à jouer. Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen se suspendent par les cheveux, virevoltent dans les airs, se déshabillent et se rhabillent pendant leurs envolées, délassent leurs tresses, détachent leurs longues chevelures et les font tournoyer sur des chansons françaises comportant le mot cheveux dans les paroles – avec notamment Sylvie Vartan, Dalida ou encore Jacques Dutronc – embarquant avec elles pendant plus d’une heure les spectateurs amusés et fascinés par les performances peu communes.

Sous leur tignasse, le duo crée des nœuds entre cirque traditionnel, parodies et modernité. Le tout entremêlé d’une bonne dose d’absurde, qui pourrait peut-être être amenée avec plus de subtilité et de finesse mais qui séduit sans difficulté.

Célian Ramis

Europe : Femmes, au-delà des frontières

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Alors que les élections européennes approchent – la France votera pour les eurodéputés le 25 mai prochain – la confusion règne, l’abstention gagne du terrain, le pouvoir de l’Europe est remis en cause, menaçant ainsi les acquis féminins et féministes.
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En mars, la capitale bretonne a profité de la journée internationale des femmes pour braquer les regards sur la question de l’égalité en Europe à l’heure où « certains gou­vernements fragilisent les droits acquis », précise le programme proposé par la ville de Rennes. Conférences, débats, projections de documentaires, expositions… les ma­nifestations apportaient une dimension européenne et internationale sur les écarts et discriminations qui subsistent et qui creuse un fossé entre les sexes. Si l’identité euro­péenne peine à s’imposer et ne se fait pas ressentir à Rennes, nombreuses sont celles qui ont souhaité interroger, comprendre et analyser les disparités ou les luttes communes de ces femmes qui œuvrent pour la cause. Alors que les élections européennes approchent – la France votera pour les eurodéputés le 25 mai prochain – la confusion règne, l’abstention gagne du terrain, le pouvoir de l’Europe est remis en cause, menaçant ainsi les acquis féminins et féministes.

Dès le 6 mars, l’exposition « Portraits de femmes européennes » est un des premiers événements à inaugurer la Journée internationale des Femmes à Rennes. Neuf portraits de femmes d’origine étrangère, résidant dans le quartier de Maurepas, sont présentés dans le hall de l’Espace social commun Gros Chêne. Nelly Raynal est médiatrice pour cette structure et est à l’origine de ce projet, mené en collaboration avec la photographe Elise Ruello.

L’objectif : créer du lien social entre les femmes du quartier et le centre social. Pour elle, qui a passé du temps à discuter avec chacune des participantes, très peu se sentent concernées par l’identité européenne. « Quand elles arrivent à être intégrées par le pays d’accueil, c’est là le principal pour elles », explique Nelly. Un point sur lequel la rejoint Marina, 38 ans, d’origine arménienne, ayant vécu 15 ans en Russie et arrivée à Rennes en 2005.

« C’est dur de créer du lien ! Surtout qu’en Russie, on fait beaucoup plus la fête entre femmes. L’avantage de ne pas avoir l’égalité des sexes, c’est que les hommes travaillent et que les femmes ont le temps de se réunir entre elles »
Nelly Raynal, médiatrice à l’Espace social commun Gros Chêne.

Toutefois, elle est ravie d’avoir participé à ce projet qui lui a permis de rencontrer les habitantes de son quartier, « et maintenant on se voit très régulièrement. On mélange les cultures, c’est magnifique ! »

UN CONTEXTE SOCIAL

« La promotion des droits des femmes est issue des directives et lois européennes depuis plus d’un demi siècle. On s’intéresse maintenant à la poursuite de ce travail. L’Europe de demain sera-t-elle encore plus populiste et réactionnaire ? ». Jocelyne Bougeard, alors adjointe au maire, déléguée aux Droits des femmes, à l’Égalité des droits et à la Laïcité – à l’heure où nous écrivons ces lignes, le nouveau conseil municipal n’a pas encore été constitué – s’interroge et souhaite mobiliser la population rennaise sur ce sujet.

Elle renouvelle ainsi son intérêt et sa volonté d’inscrire la capitale bretonne en tant que territoire engagé par la signature de la charte européenne de l’égalité entre les  femmes et les hommes depuis 2006 mais aussi en tant que territoire participant à l’unité et la cohérence de l’Europe. Un sujet qui semble manquer de visibilité auprès des Rennais peu informés et sensibilisés à la thématique.

« L’Union Européenne n’est plus une force motrice dans ce domaine depuis plusieurs années », explique Maxime Fourest, membre du Haut Conseil à l’Égalité, présent à Rennes le 11 mars pour une conférence intitulée « L’Europe de l’égalité est-elle en panne ? Le rôle des politiques d’égalité communautaires dans les états membres ». La pertinence de la question tombe à pic et soulève ainsi d’autres interrogations, à savoir le rôle exact et le pouvoir de cette Union politique, économique et sociale.

C’est en 1957, lors du traité de Rome (article 119 – devenu article 141), que figure pour la première fois le principe d’égalité entre les femmes et les hommes, concernant l’égalité de rémunération.

« Un principe qui restera inaperçu pendant au moins deux décennies avant que les luttes féministes ne s’emparent de cette arme juridique »
Maxime Fourest, membre du Haut Conseil à l’Égalité.

Quarante ans plus tard, le traité d’Amsterdam est signé dans un contexte de renforcement de l’unité européenne. Il prévoit alors la modification de l’article 2 en incluant la promotion de l’égalité entre les sexes dans l’énumération des missions que se fixe la Communauté ainsi que la modification de l’article 3, dans lequel un alinéa est ajouté : « Lorsqu’elle réalise toutes les actions visées au présent article, la Communauté cherche à éliminer les inégalités, et à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes ».

Né alors le volet social de l’Union Européenne qui porte la question de l’égalité comme un levier de développement et de lutte contre les discriminations. La Communauté, en 1990, soutient et appuie la création du Lobby Européen des Femmes, qui réunit actuellement plus de 2500 organisations dans 31 pays. Leur rôle : « Faire du lobbying au niveau européen et fournir des informations aux responsables politiques afin que les droits des femmes et leurs besoins ainsi qu’une perspective de genre soient pris en compte lors de l’élaboration des politiques et législations.

Promouvoir la participation des organisations de femmes au niveau de l’UE et leur fournir les informations nécessaires à une telle participation. » Pour Maxime Fourest, si l’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est a permis de faire naitre des politiques d’égalité dans des pays qui n’en avaient pas, il souligne toutefois le manque de leadership européen et d’investissement des États pour porter ces questions-là et les faire évoluer. « Le Parlement européen a renforcé dans les années 2000 son rôle de vigie, rend des rapports notamment sur l’IVG, pour un droit européen à l’avortement mais travaille aussi sur la prostitution, la traite des êtres humains », explique-t-il.

Pourtant, les deux derniers rapports en date ont été rejetés par les élus européens. Tout d’abord le rapport Estrela, sur le droit à l’avortement en Europe, rejeté le 10 décembre dernier. Ensuite, le rapport Zuber, concernant l’égalité de rémunération à travail égal, l’interdiction des départs forcés en cas de maternité ou encore la lutte contre les stéréotypes sexistes, rejeté le 11 mars dernier.

« Il y a une vraie volonté de remettre en cause les acquis des droits des femmes »
 Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée écologiste siégeant à la commission Droits des femmes et égalité des genres.

Pourtant, c’est entre autre l’abstention de certains élus de son parti qui a bloqué l’adoption de ce rapport initiative. Pour cause, « nous sommes divisés sur la question de la prostitution au sein de notre groupe ». Les écarts se creusent, les clivages se renforcent et les forces se radicalisent. 

FEMMES, PREMIÈRES VICTIMES DE LA CRISE

Elisabeth Crémieu, agrégée de géographie et ancienne enseignante à Sciences Po Paris, explique dans son ouvrage Géopolitique de la condition humaine qu’en théorie « les droits des femmes avancent quand les partis de gauche, normalement progressistes, sont au pouvoir, et ce pour des raisons idéologiques et politiques : le vote des femmes, conservateur dans les premiers temps, se déplace vers les partis de gauche dans de nombreux pays.

Il y a alors interaction : beaucoup de femmes votent à gauche, et la gauche au pouvoir fait avancer les droits des femmes. Mais la réalité est plus complexe que cela. » Une réalité complexe et compliquée en effet à laquelle vient s’ajouter la peur due à la montée au pouvoir des conservateurs, comme en témoigne l’actualité espagnole, avec le projet de loi sur l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse dans seulement deux cas – à savoir en cas de viol, avec dépôt de plainte obligatoire, et en cas de danger pour la santé de la mère. Une loi qui rejoindrait l’esprit des politiques plus restrictives comme celles de la Pologne, de Chypre ou encore de l’Irlande.

La belge Christine Van Den Daelen n’en démord pas : « Les femmes sont un champ d’expérimentation en terme de régression sociale ». Membre du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, elle était invitée par l’association rennaise Questions d’égalité, le 13 mars, pour développer son point de vue sur l’impact de la dette publique européenne sur la population féminine. En ligne de mire, les mesures d’austérité prises en réaction à la crise de 2008. Les conséquences : la diminution des revenus du travail rémunéré des femmes, la casse de la protection sociale, la destruction du service public, la remise en cause du droit du travail et l’augmentation de la TVA.

Et tout cela « sape l’autonomie financière et les libertés des femmes ». Elle exprime et démontre alors la féminisation de la pauvreté, qui n’apparaît pas comme un phénomène nouveau mais qui impacte les droits des femmes « En Espagne, on a supprimé le ministère de l’Égalité, en Italie, on a réduit de 70% les budgets des politiques familiales, en Allemagne, on débourse des sommes incroyables pour qu’un enfant soit pris en charge en crèche… » Et sa liste ne cesse de s’allonger et de tirer la sonnette d’alarme à chaque exemple et chiffre donnés.

Un argumentaire détaillé qui se veut le reflet d’une situation chaotique mais pas sans issue. Un souhait : « Annuler le côté illégitime de la dette. Les femmes sont les créancières de la dette publique, ce n’est pas normal. » En février 2011, le réseau Femmes en mouvement contre la dette et les plans d’austérité en Europe se constitue et développe un panel d’initiatives. En Grèce, les membres du collectif exigent des audits de comptes publics, d’hôpitaux, de centres sociaux, d’écoles, etc. Les actions de rue, les campagnes pour les droits à la santé des femmes mais aussi des droits sexuels et reproductifs également, se multiplient.

Pour Monica Karbowska, membre de « Initiative Féministe Européenne », il est important de sensibiliser les femmes à ces problématiques et de mettre en lien les mouvements sociaux européens.

« Il y a une multitude de mouvements et de manifestations depuis 2010/2011. Si on prend le cas de la Bulgarie, la Bosnie, la Grèce, la Slovénie, la Serbie, la Hongrie et plus récemment l’Ukraine. Mais en France, on n’entend pas beaucoup parler de tout ça. »
Monica Karbowska, membre de Initiative Féministe Européenne.

Ne pas rester dans son coin, sa solitude, « il faut se sortir de la logique individualiste ». Un message très politisé qu’elle lance à la petite assemblée réunie à la Maison internationale de Rennes. Elle poursuit : « On nous habitue à nous soumettre, on nous habitue à l’humiliation, à se dire que l’on est rien. Et quand on vit avec les minima sociaux, on a des revenus tellement bas que l’on s’isole et que l’on devient exclu de la citoyenneté ». Retrouver sa citoyenneté avant tout pour pouvoir être mobilisés, engagés, dans des causes communes, militantes.

PROBLÈME IDENTITAIRE

Et c’est justement vers les pays de l’Est et les pays des Balkans que se sont tournés les regards lors du week-end Documentaires au féminin, organisé par l’association Comptoir du Doc en partenariat avec Les Champs Libres, à Rennes. Les 15 et 16 mars, quatre films ont été diffusés et ont fait l’objet de débats et d’échanges avec le public à l’issue de chaque projection.

Parmi la sélection, Femmes des 12 frontières, de Claudine Bories, met particulièrement l’accent sur le militantisme, l’action politique et citoyenne d’une cinquantaine de femmes, qui viennent du Kosovo, de Bosnie, de Croatie, de Serbie, d’Albanie ou encore de Macédoine et qui vont se réunir et retourner sur les routes encore traumatisées par les différentes guerres et tensions pour transgresser les frontières. Un documentaire qui marque aussi l’envie de ses femmes de partager leurs expériences, leurs souvenirs et leurs engagements politiques, qu’elles souhaitent transmettre à la jeune génération.

Autre regard sur la précarité des femmes, celui du réalisateur autrichien Ed Moschitz. Ce dernier s’est intéressé à la situation des femmes en Moldavie qui émigrent illégalement vers l’Europe de l’Ouest pour gagner de l’argent et s’occuper de leur famille. À l’origine, Mama illegal est un reportage proposé à la télé autrichienne sur la vie d’Aurica et de son mari.

« C’était la nounou de mes enfants. Elle ne m’avait pas dit qu’elle était en situation illégale. Quand elle me l’a avoué, j’ai souhaité faire un reportage sur elle. J’ai alors été frappé par la découverte de la Moldavie et l’émission a passionné l’Autriche ».
Ed Moschitz, réalisateur autrichien.

Ce qui ne devait être qu’un sujet de quelques minutes devient un deuxième reportage puis un sujet de documentaire. Pendant 7 ans, le réalisateur va suivre l’évolution d’Aurica et va rencontrer d’autres jeunes femmes dans la même situation, qui vont accepter de témoigner. « La plupart des femmes qui partent sont souvent assez jeunes. Elles ont souvent un métier en Moldavie. Par exemple, Aurica était maitresse en maternelle », précise Ed Moschitz.

Mais le chômage et la pauvreté les font quitter leur pays pour aller travailler « vers la Russie et l’Ukraine pour les hommes et vers l’Autriche, l’Allemagne ou l’Italie pour les femmes qui vont être embauchées dans les services à la personne en général ». Si le réalisateur met en lumière l’incroyable combat de ces femmes et leur lutte pour la survie de leurs foyers, il met le doigt sur un point crucial de leur parcours : la découverte de l’ailleurs et le problème identitaire.

« Quand elles partent, elles n’ont aucune idée de ce qui les attend. Sur place, elles découvrent la place des femmes et les droits des femmes en Europe de l’Ouest. Cela devient un véritable problème quand elles rentrent chez elles », décrypte-t-il. À leur retour, leur vision a fondamentalement changé. Leur maison est trop petite, insalubre, leurs enfants ont grandi, sans elles. Le choc est brutal. Mama illegal montre alors des femmes bloquées entre leur pays d’origine qui ne leur correspond plus et leur pays d’accueil dans lequel elles sont clandestines. « Elles n’ont plus de pays d’attache. Nous contribuons à la destruction de ces femmes, de ces pays, de leurs familles », précise-t-il.

1, 2, 3, 4, 5… VITESSES

C’est donc une Europe à plusieurs vitesses qui est présentée dans le cadre de ce mois des femmes et qui cristallise les nombreuses inégalités qui subsistent entre les pays mais aussi les différences entre les femmes de chaque État. Des différences dues à la culture et l’histoire de leur pays. Le mouvement HF Bretagne, qui œuvre pour l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture organisait le 10 mars, aux Ateliers du Vent, une lecture-conférence en présence de plusieurs artistes rennaises.

Ces dernières ont choisi de sélectionner des textes d’auteures étrangères abordant des thèmes forts comme la prostitution ou les violences conjugales, en isolant des données chiffrées révélatrices du long chemin qu’il reste à parcourir. En effet, on y apprend qu’en Italie, sur 100 femmes violées, ¼ d’entre elles le sont pas leur mari. Et que 90% de ces femmes ne dénoncent pas leur violeur. Début mars, une enquête de l’Agence européenne des droits fondamentaux dévoilait qu’au sein de l’Union Européenne, 1 femme sur 3 a été victime de violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans sa vie et qu’une femme sur 20 a été violée.

Des résultats qui font frémir et qui révèlent une proportion de femmes agressées plus élevée dans les pays de l’Europe du Nord, qui sont pourtant régulièrement pris à titre d’exemple sur la question de l’égalité des sexes. L’explication réside alors simplement dans le fait que la parole étant plus libérée, plus nombreuses sont celles qui osent dénoncer les violences subies, en opposition à la pudeur des pays du Sud.

Mari Flones, chorégraphe norvégienne installée aujourd’hui à Brest, invitée au débat du Mouvement HF Bretagne, avoue avoir été surprise, lors de sa première réunion en France, par la question d’un chorégraphe lui demandant s’il était important pour elle d’être autonome financièrement :

« J’ai eu l’impression qu’il fallait avoir un compagnon pour vivre. Je n’ai pas du tout été éduquée comme ça et je n’avais eu cette question avant… J’ai alors pensé que c’était la culture française… »

Malgré cette anecdote, elle tempère le discours tenu par les médias sur l’avancée des pays nordiques : « On aime penser qu’on est en avance en matière d’égalité femmes-hommes mais il reste encore des choses à faire, surtout maintenant que le gouvernement a changé… Certains points annoncés par l’ancien gouvernement socialiste sont actuellement remis en question ». Une nuance qui fait frémir dans l’assemblée. Et qui terrifie les Institutions qui redoutent une montée en puissance des conservateurs à l’occasion des prochaines élections européennes.

Euro-députée écologiste depuis 2008, l’an­cienne adjointe au maire de Rennes (2001-2008) siège aujourd’hui au Parlement européen au sein de la commission des Affaires étran­gères et de la commission Droits des femmes et égalité des genres. Elle est également pré­sente dans les délégations Asie Centrale et Conseil législatif palestinien. Elle revient sur le mandat en cours – jusqu’au 25 mai.

Après presque 5 ans de mandat, quel état des lieux – concernant l’égalité femmes-hommes en Europe - dres­sez-vous ?

Cette année a été assez chaude car il y a une peur de basculer à droite mais sinon… Le rapport sur le congé parental n’avance pas ! Il est bloqué depuis 2010. En 2009, le Parlement a voté afin de l’allonger à 20 semaines et de rendre le congé de paternité non transmissible/obligatoire. La proposition a été adoptée mais le Conseil bloque le processus. De nombreux États ne veulent pas d’une décision européenne, préférant une compétence nationale.

Comme cela a été le cas avec le rapport Estrela sur « la santé et les droits reproductifs et génésiques » en dé­cembre 2013 ?

Oui, alors qu’il n’est pas révolutionnaire ! Le pire, c’est qu’au sein de la Commission, il y avait une grande majorité favorable. Mais des milliers de courriels ont été envoyés aux élus de toute l’Europe. Ils étaient fondés sur la désinformation. On parlait alors de législation de la pédophilie. De la folie ! Alors que le rapport traite de l’accès à la contraception, d’éducation sexuelle, de légalisation de l’IVG. Puis les mobilisations de certains extrémistes ont entrainés les conserva­teurs… Le Parti populaire européen et des députés UMP français ont voté contre. Ils ont regretté et ont parlé d’un problème de traduction. C’est de la bêtise ! Après ils se disent les héritiers de Simone Veil…

La situation en Espagne a beaucoup agité l’Europe en ce début d’année. A-t-on raison d’avoir peur ?

C’est un des enjeux du 25 mai, j’en suis convaincue ! On sent un durcissement, une volonté de remettre en cause les acquis des droits des femmes. Quand on voit la position de la Lituanie, de Malte, de l’Espagne concernant l’IVG… Ou qu’en Italie, 85% des médecins font jouer l’objection des consciences et que c’est lé­gal ! Sans oublier les mesures d’austérité sur les financements des services publics, des hôpitaux, etc. Tout cela pèse sur les femmes.

Comment agir, au niveau européen, pour faire évoluer les mentalités ?

On évolue très lentement, ce n’est pas spontané. On lance des rapports d’initiative qui ne forcent pas les États à appliquer les di­rectives mais qui les conseillent avant de proposer une loi. Il faut de la pédagogie, des efforts. Quand on a défendu l’avortement, on était une minorité. Pareil pour la contraception pour les mi­neurs. Là, on ajoute à la campagne électorale la question de la traite des êtres humains, c’est une compétence de l’Union Euro­péenne. Et la question de la prostitution y est incluse. La loi fran­çaise – examinée par le Sénat en juin prochain - est très attendue. La France est souvent prise pour exemple par l’Union Européenne en matière de droits des femmes. Sinon, l’évolution passe par la sensibilisation des collé­giens et les lycéens. Ainsi que les échanges Erasmus !

Et par le Gender mainstreaming ?

Ah ! C’est un terme qui a été intégré au langage courant (rires). Oui, la Commission est vigilante à ce niveau-là et souhaite que chaque commission interne prenne en compte la question du genre. Réaliser des études genrées, c’est un point qui a été bien accepté par tout le monde.

À quelques semaines des élections européennes, des structures rennaises travaillent activement pour informer les électeurs. C’est le cas de la Maison de l’Europe à Rennes.

Située 10 place du Parlement à Rennes, la Maison de l’Europe « informe les citoyens sur l’Union Européenne, encourage les échanges européens, fait découvrir une Europe Unie dans la diversité et développe le sentiment d’appartenance à l’Union européenne* ». Ouverte au grand public, elle possède 12 antennes en Ille-et-Vilaine. « On a créé cette Maison avec quelques amis fin 2001, au moment où l’Europe passait à la monnaie unique. Les rennais se posaient des questions : on voulait y répondre et débattre », explique la présidente Jeanne-Françoise Hutin.

Depuis, l’association organise des animations pédagogiques, des cours de langues, des livrets d’informations ou encore des manifestations (conférences, débats, colloques). Pour les élections européennes - le 25 mai en France - un fascicule sur le rôle du parlement européen est distribué. « Le 24 avril prochain, on organise un forum. Les candidats répondront aux questions des électeurs sur leur motivation, leur mode de gouvernance et leur vision de l’Europe dans le monde », explique-t-elle. Fin juin, la structure réunira aussi les députés élus avec des jeunes - qui apporteront des propositions de lois.

« Les rennais ne s’intéressent pas trop à ces élections. Il y a 5 ans, on enregistrait 60% de taux d’abstention. D’ailleurs, durant les campagnes municipales, les élus ont peu parlé de la position de la ville par rapport à l’Europe, alors que c’est un sujet central ».
Jeanne-Françoise Hutin, présidente de la Maison de l'Europe.

Et du côté des femmes ? « Certaines se sentent très européennes et militent, mais c’est un petit nombre », dit-elle. Le droit des femmes repose bien sûr sur la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (notamment, avec l’article 23 sur l’égalité entre hommes et femmes) mais les enjeux restent multiples : « L’Europe doit préconiser le respect de la femme dans son intégrité morale et physique - comme pour toutes les catégories d’ailleurs - lutter contre les violences faites aux femmes, défendre la parité, notamment au niveau des instances européennes et faire attention aux acquis », confie Jeanne-Françoise Hutin.

Concernant les sujets de société, « les députés européens actuels pensent que c’est du ressort des États. Lorsque cela touche trop à l’anthropologie, il est difficile de faire une loi qui s’impose à tous, mais nous devons rester unis dans la diversité », souligne-t-elle.

* Extrait du livret « Des maison de l’Europe de Bretagne »

Infographie : © Sophie Barel

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Droits des femmes : quelle Europe pour les Rennaises ?
Elles questionnent l'égalité européenne
Entretien avec Nicole Kiil-Nielsen
Union Européenne : mobilisation compliquée à Rennes

Célian Ramis

Focus Cirque Nordique : Mad in Finland, la Finlande inventée

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Quittant la Finlande, leur pays d’origine, il y a une dizaine d’années, elles ont toutes eu la même envie : faire du cirque. YEGG s’est faufilé sous le chapiteau le temps d’une heure.
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La production Ay-Roop présente « Mad in Finland », cirque nordique mettant en scène sept jeunes femmes circassiennes et finnoises, qui se déroulera place du Parlement de Bretagne, du 9 au 12 avril. Seize jours. C’est le temps qu’il leur aura fallu pour monter entièrement ce spectacle. Quittant la Finlande, leur pays d’origine, il y a une dizaine d’années, elles ont toutes eu la même envie : faire du cirque. YEGG s’est faufilé sous le chapiteau le temps d’une heure.

Attention, un vent nordique souffle sur la Bretagne. Entre acrobaties périlleuses et mises en scène pleines d’humour, la rafale Ay-Roop frappe de plein fouet et s’abat sous le chapiteau de la place du Parlement. Au centre de la piste, sept femmes sont rassemblées en cercle, se serrant les unes aux autres. Il fait sombre.

Seul le murmure cinglant des rafales se fait entendre. Émane alors un chant a capella, emplissant bientôt le cirque de son étrange mélodie. En quelques secondes, nous faisons le grand saut. Direction la Finlande, où nous nous retrouvons en plein cœur de la fameuse dépression hivernale, saison allant d’octobre à avril, bien connue pour ses températures polaires et son faible taux d’ensoleillement.

Pourquoi ce thème ? « Nous sommes très nostalgiques de la Finlande. Beaucoup de petites choses, à première vue sans importance, nous manquent. Cela peut-être les bottes en caoutchouc, comme la vodka à la réglisse ou les saunas. C’est cela qui nous a donné l’idée», confie Mirja Jauhiainen. Le spectacle est truffé de références finnoises, certaines restant inaccessibles au grand public, notamment la scène du lancer de Nokia… « On doit encore retravailler la mise en scène afin que tout le monde comprenne bien de quoi il s’agit. Cela viendra avec le temps ! », nous dit-on à ce propos.

Une atmosphère détonnante

L’atmosphère dynamisante, mêlant traits d’humour et pirouettes de haute voltige, impressionne et enchante. Durant près d’une heure et demi, le spectacle bat son plein. Le public rit aux éclats, retient son souffle, applaudit. L’ambiance est électrique et chaleureuse. Pleines d’énergie, les filles sur-jouent, en fond des tonnes, et ça marche. La scène finale approche.

Une équilibriste en talons hauts et robe de cocktail s’apprête à monter sur le fil, telle une Charlie Chaplin au féminin, pendant qu’un duo de trapézistes s’adonne à un ballet chorégraphié dans les airs. C’est indéniable, « Mad in Finland » reprend les codes du cirque contemporain en y ajoutant une touche d’humour et de légèreté.

La Finlande inventée en souvenir d’une vie passée

Dix ans qu’elles se connaissent. Deux ans qu’elles travaillent ensemble. À l’origine indépendantes, c’est après une première représentation encourageante, qui n’avait pour autre but que d’être éphémère, qu’elles ont eu l’envie de continuer à se produire en groupe. Les artistes confieront à la fin du spectacle qu’elles en sont seulement à leur dixième représentation.

Une prouesse lorsque l’on constate la maitrise des acrobaties et la mise en scène si rafraichissante. « Mad in Finland », c’est donc la Finlande inventée en souvenir d’une vie passée sur une autre terre. Elles y abordent avec beaucoup d’amour les clichés finnois auxquelles elles sont restées très attachées.

« Ma mère est venue voir le spectacle et elle a tout compris. Par contre, les français ne doivent pas saisir toutes les allusions car on y retrouve beaucoup de références culturelles », raconte Sanja Kosonen. Ce que les spectateurs retiendront, c’est ce regard plein de tendresse et tellement nature qu’elles portent sur leur pays natal.

Vivant aujourd’hui en France, en Allemagne, en Espagne et en Suède, ces femmes acrobates se sont lancées dans l’aventure de la vie d’artiste sans filets. Quant à l’avenir, elles partiront en tournée internationale dès octobre 2014. Le succès sera sans aucun doute au rendez-vous.

Focus Cirque Nordique : des spectacles féminins tirés par les cheveux...

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La circassienne Elice Abonce Muhonen, qui pratique le cirque – trapèze ballant – depuis 2008 et fondatrice de la compagnie Galapiat, basée à Langueux – répond à nos questions.
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Du 8 au 12 avril se déroule Focus cirque nordique, à Rennes et Rennes Métropole, organisé par l’association Ay-Roop. Au programme, deux spectacles 100% féminin et 100% finlandais. La circassienne Elice Abonce Muhonen, qui pratique le cirque – trapèze ballant – depuis 2008 et fondatrice de la compagnie Galapiat, basée à Langueux – répond à nos questions.

Comment vous est venue l’idée du spectacle Capilotractées autour de la suspension par les cheveux ?

C’est un numéro de cirque traditionnel. Sanja Kosonen avait vu ça, quand elle était petite, en Finlande. On a voulu replonger là-dedans. Et puis, c’est différent de ce que l’on fait d’habitude.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur Capilotractées ?

On y travaille depuis 3 ans. On l’a déjà présenté en avril 2013. Et on l’a pas mal joué depuis. À Paris, à Lille, au Chili, en Finlande et maintenant à Londres (du 1er au 6 avril 2014, ndlr).

Comment est accueilli ce spectacle ?

Il est très bien accueilli. C’est marrant, les gens sont surpris, ils ont un peu peur aussi. Mais finalement c’est très humoristique. Après, nous ne sommes pas suspendues par les cheveux pendant une heure mais Capilotractées tourne forcément autour de cette discipline et des cheveux. C’est une technique que nous avons dû apprendre, au niveau de la coiffure, de la manière de s’accrocher. On savait que ça existait, on avait vu des images mais on ne l’avait jamais pratiqué.

Vous serez également, avec Sanja Kosonen, dans le spectacle Mad in Finland, présenté sous le chapiteau installé place du Parlement mercredi 9 avril.

Oui, c’est un spectacle avec 7 femmes finlandaises. Nous travaillons toutes dans le monde entier pour faire du cirque professionnel. Mad in Finland est donc bâtit autour de la Finlande er de la nostalgie que nous ressentons. On se retrouve souvent, on se rend visite, on parle finnois. Ce n’est pas quelque chose auquel on est habituées maintenant. On parle alors de notre réalité et de nos clichés finlandais.

Les clichés finlandais dont la dépression finlandaise ?

Oui, exactement. La dépression finlandaise c’est l’hiver très long, très noir. Le fait qu’on ne voit pas beaucoup le soleil. Et c’est encore plus profond. Car ce que l’on aborde dans ce spectacle ce n’est uniquement le côté négatif. Il y a aussi quelque chose de très beau à cette dépression. On touche alors à plein de choses différentes, de sujets, comme la vie des circassiens et circassiennes.

+ d’infos dans l’émission YEGG RADIO du mercredi 2 avril dans laquelle nous recevions Géraldine Werner, co-directrice de l’association Ay-Roop. À écouter ici : 25ème émission YEGG RADIO – 2 avril 2014.

 

Mad in Finland – place du Parlement de Bretagne – le 9 avril à 18h30 / le 11 avril à 20h / le 12 avril à 18h30

Capilotractées – théâtre du Vieux Saint-Etienne – le 10 avril à 20h30

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