Célian Ramis

Migrant'scène : Les voix féminines de la migration 2/2

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Les femmes étaient à l’honneur pour la 2e édition de Migrant’scène. Deux groupes ont répondu à la thématique imposée – la migration au féminin – au Bar’Hic de Rennes : le chœur de La tête à l’est et Mariana Caetano.
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Les femmes étaient à l’honneur pour la 2e édition de Migrant’scène, organisé par La Cimade, samedi 23 novembre. Deux groupes ont répondu à la thématique imposée – la migration au féminin – au Bar’Hic de Rennes : le chœur de La tête à l’est et Mariana Caetano.

Aux alentours de 21h, le Bar’Hic est déjà rempli de monde ce samedi soir. Beaucoup sont venus pour assister au concert de La tête à l’est. Créée en 2009, l’association a pour vocation de promouvoir la musique et la danse d’Europe de l’Est dans la région Bretagne. Elles sont sept femmes ce soir-là à unir leur voix qui résonnent dans le bar aux sons des Balkans.

En chœur, parfois à l’unisson, elles interprètent des chansons traditionnelles de Roumanie et de Bulgarie, accompagnées par deux accordéons, des percussions, du violon et parfois des voix de quatre hommes. Certains morceaux sont doux et légers, similaires à des berceuses. D’autres sont nuancés et naviguent sur les flots de plusieurs voix qui jouent sur les intensités, agitant le chœur qui oscille entre chuchotements et notes très fortes et puissantes, qui font danser les spectateurs, qui pour bon nombre d’entre eux prennent des cours de chants avec l’association Tête à l’Est, entrainés à plusieurs reprises dans des rondes traditionnelles.

Après une courte pause, c’est au tour de Mariana Caetano, entourée de ses musiciens, de prendre place sur la scène, située au fond du bar. La chanteuse qui vient « d’un pays du soleil, très loin d’ici », arrivée en France depuis 2004, inonde ce lieu festif de la place des Lices des sons brésiliens qui rythment son deuxième album « Mé Ô mond », sur fond de guitares et de percussions.

Plaisir, solitude, amour, consommation… autant de thèmes abordés que de mimiques développées sur scène avec humour et singularité. Sa voix est envoutante, douce et grave. Sa musique est poétique et décalée, avec des influences rock, chanson française et pop. Mariano Caetano joue avec les mouvements musicaux de son pays, alterne entre MPB (Musica popular brasileira) et tropicalismo (mouvement culturel de la fin des années 60 qui contestait la musique populaire brésilienne), ne prenant que les particularités de chaque genre, sans se préoccuper des étiquettes.

En moins d’une heure, cette artiste originale nous dépayse à travers un voyage expérimental unique, nous baladant tranquillement d’un pays à un autre, d’un continent à un autre.

Les deux concerts nous offrent chacun un instant musicalement opposé. Une invitation au voyage dans les deux cas qu’on aimerait concrétiser plus longuement, à la rencontre d’autres cultures qui s’expriment à travers les voix de ses femmes.

Célian Ramis

Migrant'scène : Les voix féminines de la migration 1/2

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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Plusieurs événements ont eu lieu autour de la thématique suivante : la migration au féminin.
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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Samedi 23 novembre, plusieurs événements ont eu lieu dans le centre ville de la capitale bretonne, autour de la thématique : migration au féminin.

« Nous avons choisi de parler de mobiles, de mobilité et de mobilisation, et non de migration ou d’immigration. Et ça, ça change déjà le regard », explique Marie Arlais, directrice artistique et membre du collectif nantais étrange miroir. Une quinzaine de personnes a participé à l’installation sonore, Mobiles illégitimes, exposée au café L’enchantée à Rennes, uniquement pour l’après-midi.

Pour Marie, « les témoignages sonores permettent de ne pas tomber dans la représentation stéréotypée avec des images de la femme victime, de la femme qu’il faut à tout prix aider ». En effectuant leurs recherches, les membres du collectif dégagent différents angles, décèlent les diverses thématiques liées au sujet, « y compris des choses auxquelles on ne pensait pas, comme le lien avec la mobilisation et le féminisme ou encore la sexualité des migrantes ».

Ils recueillent les histoires de plusieurs femmes venues d’Algérie, du Bénin, du Mozambique, d’Israël, d’Ecosse ou encore du Maroc, ainsi que des témoignages de sociologues, anthropologues, militantes, professeures, conseillère en insertion professionnelle.

De là est imaginée la structure qui voyage actuellement de ville en ville dans le cadre de Migrant’scène : une grande armoire en bois dont certains tiroirs demandent à être ouverts afin de libérer les paroles de toutes ces femmes. Dans les extraits, on peut entendre :

Luanda : « On appartient tous à quelque chose, on est tous nés quelque part »,

Maeva : « Si j’avais été un homme, ça aurait été plus facile. Mais j’ai osé (partir, ndlr), je suis allée au bout, j’ai relevé le défi et j’y suis arrivée » / « Je suis africaine, j’en suis fière et je ne serais jamais blanche. Je ne pourrais qu’être française d’adoption mais jamais de peau. Je peux modifier certaines choses pour l’intégration mais pas tout »,

Saïda : « La famille (dans laquelle elle travaillait, ndlr), je la respecte mais ils ont beaucoup abusé de ma situation. Ils n’ont fait aucun effort pour faire un courrier à la Préfecture alors que j’étais très utile pour leur fille handicapée »,

Sivan : « Quand tu vis dans un pays nouveau, il faut que tu changes ta langue, ça te fait changer ton rythme, tu vas plus lentement, tu cherches tes mots ».

La mobilité quotidienne

Le sujet est traité dans toute sa complexité et toute sa diversité avec l’objectif de mettre en avant des axes peu médiatisés. Avec les tiroirs, le collectif invite les visiteurs à aller chercher, fouiller, explorer par eux-mêmes les informations concernant la mobilité. « Ce thème illustre notre mode de penser actuel. Nous sommes une génération qui bouge beaucoup, se déplace pour des voyages ou le travail. Pour nous, c’est normal », explique Marie Arlais.

Les informations apportées au cours de cette exposition interactive sont appuyées et complétées par un éclairage avisé et alternatif. Pour la sociologue et anthropologue Nacira Guénif Souilamas, les femmes sont privées de toute capacité à se mouvoir : « Les différentes fonctions des femmes – religieuses, culturelles, familiales – les bloquent dans leur mobilité. C’est cette logique d’immobilisation qui renforce l’illégalité des mobilités des femmes ». De quoi faire réfléchir les auditeurs au-delà de la thématique. Jules Falquet est elle aussi sociologue et figure dans le kaléidoscope sonore proposé par étrange miroir. Dans un extrait, elle développe sa réflexion autour de la notion « To care », signifiant « prendre soin » en anglais.

Selon elle, les femmes seraient plus qualifiées pour s’occuper des personnes malades ou âgées, grâce à l’éducation reçue. « On appelle cela la crise du care ou la crise de la reproduction sociale car elles ne s’occupent pas uniquement des personnes âgées. On importe là aussi des femmes pour s’occuper des hommes valides. Il y a toujours moyen de se faire tailler une pipe pour pas cher. Tout ça, sans papiers, car sans papiers = sans droits », raconte l’experte.

Une installation sonore originale, interactive et riche de sens dont on voudrait pouvoir profiter plus longuement, dans un lieu plus propice et moins étroit.

Célian Ramis

Syndrôme de Williams : Gabrielle ou une manière d'aborder le handicap autrement

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Le syndrome de Williams : la vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.
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Le film Gabrielle, plusieurs fois primé, a eu une vie assez brève au Gaumont de Rennes. Le scénario est d’une simplicité presque banale : c’est une histoire d’amour entre deux jeunes, Gabrielle et Martin. Qu’est-ce qui en fait un film d’une intensité extraordinaire ? Pour les deux personnages, tous deux handicapés, rien n’est simple, surtout pas l’amour. L’actrice qui joue Gabrielle est atteinte d’un handicap rare : le syndrome de Williams. La vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.

Le fils de Karine, Luka, six ans, n’est pas tout à fait un enfant comme les autres. Le syndrome de Williams dont il est atteint est une maladie génétique rare occasionnant un retard psychomoteur, c’est-à-dire physique et mental. Les personnes qui en sont atteintes souffrent d’une hypersociabilité qui les pousse à se fier aisément aux autres.

D’autres symptômes sont associés : troubles cardiaques, troubles du sommeil, hyperacousie. Dès lors, le moindre bruit inhabituel devient problématique. Cette sensibilité aiguë au bruit n’est pas seulement un problème: elle permet aussi à de nombreux Williams d’avoir l’oreille absolue et des prédispositions pour la musique.

 Dans le film Gabrielle, de la réalisatrice Louise Archambault, de nombreux aspects du syndrome sont présents. Victime d’un stress disproportionné au son d’un grille-pain mal en point, incapable de se repérer dans Montréal, ville dans laquelle elle habite, ou encore inapte à compter son argent – impliquant ainsi qu’elle tende innocemment son porte-monnaie au vendeur – la protagoniste, interprétée par Gabrielle Marion-Rivard, est montrée vulnérable dans son quotidien le plus banal.

L’occasion pour les spectateurs de percevoir et de comprendre certaines difficultés vécues à travers ce handicap. La musique est également très présente, la chorale dont fait partie Gabrielle  tisse le fil rouge du scénario. C’est dans cette chorale qu’elle rencontre Martin, qu’elle s’épanouit. Les textes chantés sont ceux de Robert Charlebois, artiste reconnu au Québec, qui a accepté de participer en tant qu’acteur et chanteur. Tous ces aspects font que, selon Karine, « en tant que parents, nous n’avons pas vraiment vécu le film comme une histoire mais bien plus comme un documentaire, c’est réaliste. La réalisatrice a compris plein de choses: les parents trop ou pas assez présents, le rôle de la fratrie. Pour Luka, sa sœur est aussi très présente. ».

Une sexualité complexe

Cette œuvre cinématographique permet aussi d’aborder des questionnements qui touchent les parents d’enfants handicapés, quelque soit la maladie. Les questions de l’autonomie et de la sexualité par exemple, auxquelles Louise Archambault accorde beaucoup d’importance.

Gabrielle rêve d’avoir un appartement, d’être comme tout le monde, mais son incapacité à gérer les aléas du quotidien rend ce désir impossible. Les relations amoureuses aussi sont compliquées. La preuve, son histoire avec Martin, jeune homme qui fréquente le même centre, est gérée par les responsables. Les scènes abordant la sexualité entre personnes handicapées sont paradoxalement comiques et infiniment tragiques. Une fois le désir entre les deux jeunes gens percé à jour, les responsables convoquent les familles.

Pour eux, le passage à l’acte se décide autour d’une table, avec les parents, les responsables du centre et eux-mêmes. Certaines phrases sont cruelles et heurtent la sensibilité du spectateur comme lorsque la mère de Martin demande si Gabrielle est stérilisée. D’autres situations, comme l’animateur demandant à Gabrielle si elle a déjà touché le pénis du jeune homme, sont assez amusantes et la réponse plutôt drôle : « non, non, je t’assure, je ne l’ai pas touché. »  Les parents de Luka, eux, sont encore loin de ces questionnements, vu son jeune âge: « Pour nous, avoir un enfant handicapé rend tout plus compliqué, on ne peut pas faire de projet à long terme. Trop se projeter ne sert à rien sinon à déprimer. Nous avons une vision à court terme, sur deux ans environ. Là il est en moyenne section, l’année prochaine il sera en grande section et après on ne sait pas. ».

Les Williams ne suivent pas le cursus classique jusqu’au bout, ils sont intégrés, plus ou moins tôt dans leur scolarité, dans des classes spécialisées. En fonction de leur adaptation ils peuvent rester dans les écoles élémentaires jusqu’en CP, rarement plus. La lecture constitue un premier palier qui leur est difficile de franchir, même si les situations sont très différentes d’un enfant à l’autre. Pour Luka, il est impossible de savoir à l’avance ce qu’il sera capable de maîtriser en terme d’apprentissage.

 Le soutien du tissu associatif

 L’association Williams Bretagne, basée à Rennes, mais qui adhère au réseau associatif national, a pour objectif premier de créer du lien entre les familles concernées et organise un week-end annuel réunissant les parents, les enfants et des intervenants professionnels dans le domaine de la santé: « ça fait du bien de se retrouver entre nous pour parler des avancées, des difficultés. » Au delà de ces rencontres, l’association organise également des colonies pour ces enfants qui demandent une prise en charge spécifique.

Ils essayent également de communiquer autour du syndrome. Le film Gabrielle n’ayant été programmé que dans très peu de salles en Bretagne à l’origine, des membres de l’association se sont mobilisés auprès des cinémas locaux afin qu’ils acceptent de le diffuser. Karine n’a pas obtenu de séances supplémentaires mais d’autres y sont parvenus, dans de petits établissements bretons. Le passage du film durant deux semaines au Gaumont de Rennes était inespéré. Elle l’interprète comme étant le résultat du prix du public, obtenu au festival du film de Locarno.

Avoir un enfant handicapé est source de difficultés sur de nombreux points : la scolarisation notamment. Les papiers administratifs pour obtenir des aides sont également un casse-tête, tous les parents n’ayant pas connaissance de leurs droits. La maman de Luka a ainsi pu aider un autre couple qui ignorait leur possibilité d’obtenir d’une carte de stationnement. Selon les parents de Luka, Karine et Aymerick, le fait de s’engager dans des associations aide à reprendre le pas sur la maladie. « Le handicap c’est quelque chose qui nous tombe dessus, qu’on ne choisit pas. S’engager dans des associations c’est un moyen de ne plus le subir mais au contraire d’aller de l’avant. »

Le couple a ainsi créé une autre association avec d’autres familles de la même ville qu’eux, Betton. Cette nouvelle structure, 3Ailes, regroupe tous les handicaps. Pour les parents ce type d’initiatives permet de se sentir moins seul, car le pire dans le handicap, « c’est la solitude ».

Célian Ramis

25 novembre : Les voix du combat

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Les violences faites aux femmes représentent aujourd'hui un des plus grands combats féministes. Vers qui se tourner à Rennes si l'on est victimes de violences ?
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Si l’Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France a révélé qu’une femme sur dix était victime de violences, aucun nouveau chiffre n’est parvenu depuis 2000 au niveau national. En attendant des statistiques plus récentes – une nouvelle enquête est en cours – les structures rennaises et brétiliennes ont à cœur leur mission d’accompagnement, d’écoute et de soutien auprès des femmes victimes de violence.

STOP AUX VIOLENCES, LE PROGRAMME – Du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles à Rennes Métropole, nombreuses sont les structures et institutions préoccupées par la situation des femmes. À l’occasion du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (aussi appelée journée internationale d’élimination des violences faites aux femmes), elles se réunissent pour organiser plusieurs événements du 22 novembre au 15 décembre, avec notamment la pièce de théâtre « Je te veux impeccable, le cri d’une femme », d’après le témoignage de Rachel Jouvet (à lire pages 17 et 18) à la Maison de quartier Villejean, le 30 novembre.

Au programme : la projection du film Le paradis des bêtes de Estelle Larrivaz au cinéma Arvor, le 25 novembre, une conférence autour de la question « L’égalité femme-homme a-t-elle encore un sens ? » avec Réjane Senac, chercheure au CNRS, à la Chambre des métiers et de l’artisanat d’Ille-et-Vilaine, le 27 novembre, ou encore l’exposition « Déconstruire les idées reçues sur les violences faites aux femmes », créée par l’ECVF (Elu/es contre les violences faites aux femmes) jusqu’au 30 novembre au CDAS Cleunay.

Des manifestations spécialisées sur la situation des femmes à l’étranger sont également prévues avec la 7e rencontre nationale des associations de promotion des droits des femmes migrantes en France, à l’Hôtel de Rennes Métropole, le 26 novembre, mais aussi à travers l’exposition « Femmes meurtries dans leur corps et dans leurs âmes » à l’Union des associations interculturelles de Rennes, du 25 novembre au 15 décembre et la rencontre-débat avec le Dr Jérôme Blanchot, spécialisé dans la chirurgie réparatrice de la fistule, et le Dr Harlicot, spécialisé dans la réparation de l’excision, le 11 décembre, à l’UAIR.

Des lois protègent les femmes victimes de violences et de nombreuses structures sont présentes à Rennes pour vous en informer. Emilie Floch, avocate généraliste et volontaire au Centre d’information des femmes et des familles (CIDFF) nous explique.

Le droit des femmes en France est un terme à définir. Les textes ne distinguent pas spécifiquement l’homme de la femme. Cependant, face aux violences auxquelles sont confrontées ces dernières, des lois s’appliquent pour les défendre, soit pénalement soit civilement. « Il faut juste les replacer dans un contexte », commente Maître Emilie Floch, avocate au barreau de Rennes. Chaque année, des femmes de tous les âges, issues de toutes les catégories sociales viennent la consulter pour des faits de violences. 

La plupart sont des mères, des épouses, des travailleuses : leurs profils sont variés mais leur état d’esprit souvent similaire.

« Lors d’un premier contact, lorsqu’elles n’ont pas eu de lien avec une structure d’aide, elles sont perdues. Elles ne savent pas si elles sont victimes ou responsables. Elles hésitent et culpabilisent. Je dois leur faire comprendre qu’elles ont le droit de dénoncer ce type de comportement ».
Emilie Floch, avocate généraliste et volontaire au Centre d’information des femmes et des familles (CIDFF)

L’idéal : qu’elles soient conseillées et écoutées, dans des structures adaptées, « elles sont plus déterminées »Notamment au CIDFF. Une équipe pluridisciplinaire les accueille, les informe et les accompagne dans leurs démarches sociales, professionnelles, médicales, policières et judiciaires…

Me Floch y participe volontairement dans le cadre de permanences gratuites organisées par l’Ordre des Avocats de Rennes :

« J’interviens car la problématique m’intéresse tout particulièrement. J’apporte le point de vue de l’avocat durant des entretiens d’une trentaine de minutes. Elles peuvent me voir directement à l’association ou me consulter après avoir vu un juriste. Le lien entre l’avocat et le CIDFF est important et complémentaire. Je ne peux pas convaincre quelqu’un de faire une procédure. Elles ont besoin d’être accompagnées psychologiquement et moralement ».

De toutes les manières, pour Emilie Floch, la première chose à faire pour ces femmes est de verbaliser les faits auprès de leurs proches ou d’associations, pour sortir du cycle. Puis, si besoin de déposer une plainte. Dans ce cas, il s’agit d’ « un entretien avec un officier de police ou un gendarme. La victime relate les faits, soit de manière spontanée, soit en répondant à différentes questions des enquêteurs et l’ensemble est ensuite retracé dans un procès-verbal », décrit l’avocate.

Pour elle, il est préférable de déposer une plainte plutôt qu’une main courante, « cette dernière n’étant qu’une simple déclaration qui ne fera l’objet d’aucun acte d’enquête » déclare-t-elle, en précisant que « dans le cas de violences physiques, il faut également faire constater ses blessures par un médecin légiste – un certificat médical ne pouvant pas être suffisant et faire l’objet de contestations, notamment du point de vue de la partialité, dans le cadre d’un procès. »

Depuis 2 ans, des lois sur les violences faites aux femmes ont été publiées au Journal Officiel. Portées par Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem, elles concernent le harcèlement sexuel, l’élargissement, le durcissement des peines en cas de mariages forcés, d’avortement forcé, de mutilations sexuelles et le renforcement de la lutte contre la traite des êtres humains. « Ces lois apparaissent intéressantes puisque qu’elles viennent renforcer la protection des victimes, aussi bien d’un point de vue pénal que civil (ordonnance de protection des victimes de violences, article 515-9 Code Civil) et également aggraver les sanctions contre les auteurs de violence » explique Me Floch, qui poursuit :

« Cependant, il est difficile de se prononcer sur la portée réelle de ces nouvelles dispositions qui sont relativement récentes et dont la portée devra être appréciée dans quelques années. »

Néanmoins, « les femmes osent davantage faire appel à la loi aujourd’hui. Elles dénoncent des choses qui restaient auparavant dans la sphère familiale ». Beaucoup d’options d’aides s’offrent à elles. Elles peuvent être accompagnées à Rennes, au CIDFF, mais aussi lors de permanences gratuites organisées par l’ordre des avocats ou par des associations.

Le planning familial est un « mouvement féministe d’éducation populaire ». Il accueille et soutient au quotidien des femmes victimes de violences. Brigitte Rocher, directrice du planning familial à Rennes nous éclaire sur son rôle et ses missions.

Le planning familial 35 écoute et prend en charge de nombreuses femmes tout au long de l’année. Tous les mercredis après-midi, une permanence d’accueil pour les jeunes femmes victimes de violences dans leur relation sexuelle est tenue par une psychologue/ criminologue. Chaque mois, un groupe de parole est également organisé pour faire sortir les femmes de leur victimisation. Le centre est tout public : on trouve des lycéennes, des étudiantes, des salariées… en quête de réponses et d’accompagnement ; et le service ne désemplit pas. Et pour cause, les femmes osent d’avantage se confier : « Elles décrochent plus facilement leur téléphone, (même si les choses évoluent doucement) ».

Lors des entretiens, les professionnels constatent cependant qu’il subsiste « toujours de la honte et des difficultés à porter plainte », précise Brigitte Rocher. Dans le cas de viols conjugaux, la situation reste difficile à dénoncer : le « conjoint reste le père de leurs enfants ». Le Planning familial travaille en réseau :

« On les oriente vers d’autres associations comme l’Asfad lorsqu’il est question de logement, vers l’hôpital pour une problématique de médecine légale ou vers le commissariat pour un dépôt de plainte. »
Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial.

La structure mène également des actions de prévention pour faire évoluer les choses et différents programmes sont proposés, notamment à destination des jeunes (dans les collèges, par exemple). Ils portent sur la santé de façon globale, sur les stéréotypes, sur la relation d’égalité entre les hommes et les femmes. Mais la structure manque de moyens. « Les projets sont difficiles à monter. On manque de subventions, notamment sur le groupe de parole, qui demande un travail thérapeutique important avec des professionnels », conclut la directrice du planning familial.

En région, l’INSEE classe la Bretagne à la 19e place sur 22 en 2004 avec 1,38 décès par mort violente au sein du couple par millions d’habitants (le ratio moyenne en France étant de 3,61). À Rennes, l’Asfad enregistre 1200 appels par an sur la plateforme Violences disponible 24h/24.

« 600 femmes font appel à nous chaque année, certaines nous contactant à plusieurs reprises », explique Hubert Lemonnier, responsable du service de prévention des violences conjugales et extra-familiales.

Spécialisée dans les violences conjugales, l’association, qui existe depuis 30 ans, accueille toutes celles qui sont en proie à des pressions physiques, psychologiques (humiliation, privation, chantage, etc.), économiques (suppression d’accès au compte bancaire, gestion des allocation, etc.) ou encore en situation de vulnérabilité (grossesse, santé fragilisée, handicap, statut adminstratif, etc.)

Le premier contact avec un professionnel – éducateurs-trices spécialisé(e)s – permet d’établir un diagnostic, de pouvoir comprendre et mesurer le risque qu’elles encourent.« Certaines posent la question « Est-ce de la violence ? » L’échange met des mots sur la situation », précise Hubert Lemonnier.

Selon les cas, elles pourront être orientées vers les différents partenaires de l’Asfad, comme le Planning familial, le CIDFF, SOS Victimes, UAIR (Union des association interculturelles de Rennes) ou encore vers les forces de l’ordre, « nous avons maintenant un travailleur social au poste de police, ce qui facilite les démarches pour porter plainte ».

Elles peuvent également être mises à l’abri grâce aux 5 appartements dont dispose l’association, situés à la résidence Brocéliande, route de Lorient. Durant 15 jours, les victimes de violences peuvent se reposer, établir de nouveaux repères et analyser tous les leviers de la sortie de l’urgence :

« Ce temps est renouvelable car la sortie de l’urgence et l’accès au logement peuvent être très long, nécessitant souvent une procédure devant le Juge des affaires familiales et des décisions judiciaires ».
Hubert Lemonnier, responsable du service de prévention des violences conjugales et extra-familiales.

Depuis fin octobre, des logements temporaires sont destinés à accueillir ces femmes à la résidence Patton.

LIEU DE REPOS ET D'ÉCOUTE

Autre nouveauté cette année, la mise en place de l’Accueil de jour, un service à l’écoute des femmes qui peuvent venir avec leurs enfants.

« C’est informel comme rencontre. On – la psychologue spécialisée dans les violences, qui travaille également auprès des femmes venant à la plateforme Violences, et moi-même – les reçoit, les écoute et on peut leur proposer des rendez-vous. Mais ce n’est pas obligatoire, nous ne mettons aucune condition. Elles peuvent venir simplement pour se reposer, nous avons aussi un coin cuisine et buanderie si elles ont besoin ».
Virginie Toby, éducatrice spécialisée et référente de l’accueil de jour.

Depuis janvier 2013, 32 « ménages » – femmes seules ou avec enfants – ont déjà passé la porte de ce service, qui sera inauguré le 28 novembre à 17h30. « Les enfants sont souvent le déclencheur. C’est-à-dire que les femmes victimes de violences taisent la situation tant qu’elles pensent que l’enfant n’est pas au courant. Elles les protègent jusqu’au jour où ils comprennent. Là, elles ont le déclic », explique Hubert Lemonnier.

Pour l’Asfad, pas question de mettre la pression à leurs interlocutrices, « on ne les force pas à se séparer de leur conjoint », précise Virginie Toby. Les pères peuvent venir à l’accueil de l’association, centrée sur le côté humain, et seront informés de la situation actuelle, de leurs nouveaux droits. Si les femmes souhaitent s’entretenir avec eux, l’Asfad leur permet de le faire au rez-de-chaussée du bâtiment.

« À travers la parentalité, on apaise le conflit conjugal. Le père reste le père à part entière. Ce qui est dommage aujourd’hui, c’est qu’aucune structure n’existe pour l’accompagnement et le soutien des hommes qui en formulent la demande », conclut Hubert Lemmonier.

Plateforme violences, 24h/24 : 02 99 54 44 88

Victime de violences conjugales, la comédienne Rachel Jouvet a décidé de témoigner autour de son expérience à travers la pièce « Je te veux impeccable, le cri d’une femme », mis en scène par la compagnie rennaise Quidam Théâtre. Pour YEGG, elle revient sur les faits, qui se sont déroulés à Mélesse.

Quel âge aviez-vous au moment des faits ?

Je l’ai rencontré à 17 ans. Huit mois plus tard, j’étais enceinte. Les choses allaient assez bien entre nous. Il m’avait isolé de mon entourage, sauf d’une copine de quartier avec qui j’allais à l’école. On se suffisait l’un à l’autre, comme beaucoup de jeunes couples.

L’isolement est un des signes. Y en a-t-il eu d’autres ?

Il me faisait des reproches sur ma personnalité, me disait que je le rendais malheureux et je le croyais. Puis, le jour où j’ai dépassé la date pour l’avortement et que je lui ai annoncé que je voulais le garder – ce qu’il voulait aussi – il m’a mis la première claque. Comme si désormais je lui appartenais. J’étais prise au piège.

Comment les violences ont-elles augmenté ?

Je subissais de plus en plus et plus en plus fort. Un soir, je suis rentrée, il était caché sur la terrasse de mes parents. Il m’a foutu les boules. Je lui ai reproché d’être ivre. Lui était euphorique. Le téléphone a sonné. Mes parents avaient une société et transféraient les appels. C’était un client, ça a duré deux minutes mais il hurlait et faisait l’andouille. Je lui ai tapé sur la cuisse pour lui dire de faire moins de bruit. Il m’a frappé comme jamais.

Comment avez-vous réagi ?

J’ai couru comme une dingo, enceinte de 7 mois, et j’ai pu aller jusqu’à la salle de danse. Là, il m’a cassé la mâchoire devant tout le monde. Double fracture. J’ai compris que c’était irrécupérable. Il avait dépassé les limites de l’entendement. J’ai passé la nuit à l’hôpital et le lendemain matin, mes parents m’ont emmené au poste de police.

Avez-vous porté plainte ?

Non. Les policiers ne m’ont donné aucune explication et aucune information sur la protection. Ils m’ont demandé « Est-ce que vous voulez porter plainte ? », j’ai dit non. Le médecin a déposé une plainte. Il pouvait le faire, les violences ayant eu lieu sur la voie publique. Ça m’a bien arrangée face à lui au tribunal. Il m’aurait forcé à me rétracter.

Votre entourage était-il au courant ?

Je cachais tout, j’étais la reine des excuses. Mais à l’école, ils me voyaient arriver avec des marques le matin. Il est même venu au lycée, un prof m’a prévenu et les élèves m’ont caché. J’essayais de me séparer de lui mais sans me mettre en danger, et sans mettre mes parents en danger.

À plusieurs reprises, vous êtes allée au tribunal. Comment ça s’est passé ?

Pas toujours très bien. Un expert psy a dit que je n’étais pas mûre parce que je n’essayais pas sur le long terme. Il ne voyait pas la dangerosité de l’homme et j’avais beaucoup de mal à le prouver. Lui, il disait n’importe quoi, c’était ridicule. Je me battais contre quelqu’un qui racontait sa propre vérité dans sa tête.

A-t-il été violent envers votre enfant ?

Quand elle avait 3 mois, il l’a enlevée. J’ai mis un mois à la récupérer. On savait qu’elle était chez lui. Sur conseils des services sociaux, je ne suis pas intervenue. Les policiers ont débarqué chez lui un matin et ont mis 1h30 pour la retrouver car il l’avait cachée sous une couette.

Aviez-vous la garde de l’enfant ?

Au début, non. Après ça, j’ai demandé la garde au tribunal. À partir de là, il m’a attaquée en justice pour tout et n’importe quoi. Il portait plainte pour abandon de famille, jouait la victime.

Est-ce que cela fonctionnait ?

Non, les juges et les greffiers avaient bien compris et ont essayé de lui expliquer plusieurs fois. Rien à faire. Il a étranglé mon père devant ses clients, crevé nos pneus de voiture, tout cassé dans la maison de mes parents… On a porté plainte à 13 reprises mais les procédures sont longues entre les conciliations, les convocations au tribunal, etc.

Jusqu’au jour où il n’a plus donné de nouvelles…

Il a écrit une lettre disant qu’il abandonnait sa fille, qu’il ne voulait plus entendre parler ni de moi, ni de ma famille. Deux mois plus tard, il a débarqué chez mes parents avec un fusil, à 2h du matin. Il a essayé de dégommer tout le monde. Ma mère a été touchée, moi aussi, je suis restée dans le coma. Mon père en est décédé.

Que s’est-il passé ensuite ?

Durant la période de coma, j’ai compris que j’allais être utile à la société à travers mon histoire. Je n’ai pas pu m’activer immédiatement car notre quotidien était transformé et on réalisait la mort de mon père. J’ai mis 5 ans avant de me souvenir de ce que j’avais vécu dans ce coma.

On essaye d’aller de l’avant, d’aller bien. Mais on ressent tellement de tristesse à l’intérieur. Je me demandais si j’allais pouvoir sourire et me sentir bien à nouveau. Puis, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais être comédienne et j’en faisais mon défi. Un an plus tard, je recevais mon premier cachet. À partir de là, tout était possible, tout était transformable, tout pouvait évoluer. Je savais que je pouvais décider s’il avait encore du pouvoir sur moi.

Votre ancien compagnon a été arrêté et incarcéré.

Oui, nous avons subi un procès d’assises très dur, il faut se souvenir de tout, témoigner. On sait que l’on va être jugé malgré tout. Je me sentais coupable, j’avais l’impression qu’on ne me reconnaissait pas comme victime, moins que ma mère. Au résultat, il est en prison depuis 1999 et devrait sortir en 2019.

S’est-il manifesté en 14 ans ?

Pas auprès de moi. Mais je sais que, 4 ans après son incarcération, il a envoyé une lettre de menaces à ma mère.

Vous avez souhaité le mettre en scène dans la pièce « Je te veux impeccable, le cri d’une femme ».

J’ai cherché beaucoup de témoignages pour savoir comment les autres s’en étaient sorties. J’étais alors embauchée dans la compagnie de Loïc Choneau. Il y a un an et demi, je suis arrivée au travail, un peu tourmentée et « connectée » avec mon ex. J’ai tout expliqué à Loïc. On s’est dit qu’il fallait qu’on l’écrive et que Isabelle Séné le joue.

N’est-ce pas douloureux de revivre cette histoire à chaque représentation ?

À la base, je ne voulais pas transposer ce fardeau sur les autres. Puis j’ai compris que j’avais une responsabilité humaine. Que mon père n’était pas mort pour rien ! Au final, c’est une histoire d’amour qui dégénère. La Première, livrée à Mélesse, était aussi un cadeau pour tous ceux qui m’ont soutenu.

Le débat qui suit le spectacle tourne autour des violences subies. N’y a-t-il jamais un côté voyeuriste ?

Non. Je ne rentre pas trop dans les détails. Il ne faut pas penser que je ressasse, au contraire j’avance en parlant aux gens et je trouve parfois des réponses que je n’avais pas. Cela me permet de mettre des mots sur un blocage que j’ai encore aujourd’hui. La peur de la relation de couple.

Etes-vous effrayée par la sortie de prison de votre ex-compagnon ?

C’est l’horreur. Mais je ne peux pas attendre les bras croisés. Ma thérapie et le spectacle m’aident à me dire que j’ai encore de très belles choses à vivre. Peut-être qu’avant sa sortie, j’irais le voir. Une rencontre encadrée par des psychologues. Pour essayer de discuter, de comprendre et d’analyser. Voir où il en est.

Peut-on parler de pardon ?

Lui pardonner me paraissait fou il y a quelques années. Aujourd’hui, oui, j’ai réussi, sans oublier ce que nous avons vécu. À présent, je suis contente de la vie que je mène. Ce que j’espère, c’est dépasser mes limites encore et encore. Je serai fière de lui s’il était capable de se remettre en question car je lui souhaite de vivre sa vie sereinement.

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Des paroles face à la violence
Mesdames, vous avez des droits !
Le Planning Familial : une structure à votre écoute !
Protection et accompagnement des victimes
Entretien avec Rachel Jouvet

Célian Ramis

Show burlesque ou l'art de glorifier les corps féminins

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Le Ponant, Pacé
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Quatre magnifiques effeuilleuses et un maitre de cérémonie complètement loufoque ont assuré le show pour une bonne cause : la lutte contre le cancer du sein. Ambiance cabarets parisiens, s’il vous plait !
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Samedi 12 octobre, le Breizh Burlesque Festival a fait monter la température de la salle du Ponant, à Pacé. Quatre magnifiques effeuilleuses et un maitre de cérémonie complètement loufoque ont assuré le show pour une bonne cause : la lutte contre le cancer du sein. Ambiance cabarets parisiens, s’il vous plait !

Pour cette première tournée bretonne, « vous avez le droit de crier, de siffler, de taper des mains, de taper des pieds, explique Frédérique Doré, présidente de l’association Binic Burlesque Festival. Messieurs, vous pouvez siffler. Mesdames, vous n’avez rien à dire ».

C’est ainsi que débute ce Breizh Burlesque Festival, qui fait une escale à Pacé pour clôturer la tournée – qui a débuté à Binic début octobre et qui a traversé les quatre départements bretons. Elles sont allemandes, finlandaises ou belges. Elles ont en commun leur savoir-faire et leur pratique du burlesque, un genre affriolant qui met en avant les effeuilleuses et qui met le corps féminin à l’honneur.

Pour placer le spectateur directement dans l’ambiance, c’est Miss Anne Thropy qui entre en première dans l’arène pour interpréter la chanson « Welcome to burlesque », extraite de la bande originale du film de Steven Antin, Burlesque. Puis c’est le parisien Charly Voodoo qui fait son entrée. Chaussons de danseuse ballerine, des froufrous roses autour de la taille, une queue en plumes dans le bas du dos, des bigoudis roses sur le crâne – « pour rappeler la bigoudène » – le maitre de cérémonie, extravagant et burlesque (dans le sens de loufoque et ridicule), déboule en flamand rose pour la première partie du show, la seconde sera l’occasion pour lui d’enfiler son costume de black swan et d’interpréter à merveille et avec grâce, une partie du Lac des cygnes.

« Ce soir, nous sommes là pour Octobre rose, dédié à la prévention et au dépistage du cancer du sein. Vous allez en voir du sein, du jarret, de la paillette, du plumage… De la femme sauvage, de l’homme aussi (il n’y a que moi, ne cherchez pas) », déclare-t-il avec un air aristo efféminé, dont il ne cessera pas de grossir les traits au fil de la soirée.

Les artistes sont belles, pulpeuses pour la plupart, voire bien en chair, dévoilent avec élégance leurs généreux atouts et affichent de larges sourires face à un public ravi et enthousiaste. Les unes et les autres se dénudent tour à tour dans des numéros d’exception. Entre Lada Redstar, l’atout charme allemande, Loulou D’Vil, la brunette sauvageonne finlandaise, Miss Anne Thropy, la terriblement charnelle belge et Lolly Wish, la belle blonde pulpeuse belge également, le show est sensuel, provocant et pétillant.

Toutes les quatre semblent sorties de l’univers des cartoons américains du début XXe siècle. Des Betty Boop tatouées et ultra rock qui assument leur corps, leurs formes avec leurs imperfections et leurs atouts. A la fois vêtues en marin, en militaire, en papillon ou en cerise, elles réalisent des performances incroyables en alliant différents genre de danses – influences orientales, latinos, classique, moderne – et mouvements sensuels, voire sexuels selon les numéros, sans jamais sombrer dans la vulgarité.

Un spectacle complet

Doucement, les stars du burlesque enlèvent leurs gants, avec les mains ou la bouche, dézippent leurs robes, déboutonnent leurs corsets, dégraffent leurs soutien-gorges, retirent leurs portes jarretelles et bas. On découvre alors, petit à petit, les différentes parties de leurs corps, qui à la base sont dissimulés sous des costumes moulants, resserrés au niveau de la taille laissant entrevoir des hanches larges.

Les spectateurs d’abord timides et sages, se laissent embarquer par le rythme entrainant du show et s’enivrent de l’ambiance des cabarets, recréés par les fumées épaisses, les lumières flashy et les costumes pailletés. Ils crient, applaudissent, participent même à certains moments, tapent des pieds, avides de découvrir la suite de l’effeuillage.

En douceur, les artistes font durer le plaisir. Elles sont joueuses, sauvages, allumeuses, alternent entre chansons music-hall et numéros qui mêlent déhanchés érotiques, expressions de femmes-enfants et attitudes de femmes fatales.

Puissance, pouvoir, rage et plaisir se distinguent et se lisent dans les yeux brillants de ces stars de l’effeuillage qui puisent dans le langage corporel pour glorifier le corps des femmes. On se rappelle le message de Miss Anne Thropy, directrice artistique du Breizh Burlesque Show, dans les lignes du numéro 18 de YEGG : « Prenez soin de votre corps, aimez-le et aimez-vous telles que vous êtes ».

Célian Ramis

Culture : la Bretagne en marche vers l'égalité femmes-hommes ?

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Rennes
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Les lignes bougent à Rennes, et plus largement en Bretagne. Dans les coulisses de l’égalité Femmes-Hommes, plusieurs personnes s’agitent et agissent pour la création d’une association HF Bretagne.
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Les lignes bougent à Rennes, et plus largement en Bretagne. Dans les coulisses de l’égalité Femmes-Hommes, plusieurs personnes, de sexes féminin et masculin, impliquées et investies dans les domaines de l’art et de la culture s’agitent et agissent pour la création d’une association HF Bretagne, qui viendrait s’ajouter aux 11 autres collectifs de ce mouvement national. De quoi s’agit-il ? YEGG les a rencontrées.

« La sous-représentation des femmes dans le secteur du spectacle vivant est désormais une réalité reconnue et incontestée, même si certains persistent à la justifier par la nécessaire liberté du programmateur et la recherche de l’excellence artistique ». C’est ainsi que commence la deuxième édition de « Où sont les femmes ? », proposée par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Réalité reconnue et incontestée, lit-on. En effet, le constat est terrifiant.

En 2006, le ministère de la Culture et de la Communication commande à Reine Prat un rapport intitulé Pour l’égal accès des hommes et des femmes aux postes de responsabilités, aux lieux de décision, à la maitrise de la représentation dans le secteur du spectacle vivant. Ce rapport fait état de la situation et révèle des discriminations de grande ampleur – en 2009, elle remettra un second rapport, De l’interdit à l’empêchement. Cette prise de conscience mène à la création du mouvement H/F « pour l’égalité femmes/hommes dans l’art et la culture ».

Depuis 2008, plusieurs régions s’en sont emparées dont les régions Rhône-Alpes, Ile-de-France, Normandie ou encore Aquitaine. C’est aujourd’hui au tour de la Bretagne, qui ne présente a priori pas de différences par rapport au reste de l’Hexagone !

« L’artistique n’a pas de genre »

« Dans la culture, on produit des modèles. Quel message et quelle image transmet-on à travers ce constat alarmant ? », s’interroge Carole Lardoux, directrice artistique du Carré Sévigné, à Cesson. Elle est entourée d’une petite quinzaine de personnes, toutes réunies pour la création d’une association H/F en Bretagne : « C’est une action forte que le ministère a placé dans ses priorités en disant « L’artistique n’a pas de genre » ».

Mi-octobre, certains membres de ce futur collectif, se retrouvent dans les locaux de Spectacle vivant en Bretagne – dont la conseillère artistique Sarah Karlikow fait partie de l’association -, préparent les statuts administratifs, réfléchissent à la manière d’approcher et d’intéresser la presse à ce sujet « pour tous, pas seulement pour les femmes » et organisent leur première assemblée générale qui aura lieu le 5 novembre « certainement à Rennes mais le lieu n’est pas encore défini », précise Florence Chénel.

Leur rôle : constituer l’association, poser les bases, donner les moyens (financiers) et s’organiser pour que ce soit le travail de tous. « Ce n’est pas l’asso de quelques unes. On part de notre propre sensibilité, on met le projet sur les rails. Mais après chacun doit s’accaparer l’idée et l’appliquer dans son domaine », ajoute Marine Bachelot, auteure et metteure en scène, membre du collectif Lumières d’août à Rennes.

L’assemblée générale du 5 novembre sera l’occasion de faire l’état des lieux, basé sur des chiffres effrayants* et de se demander : « C’est quoi la question de l’égalité dans le milieu des arts et de la culture ? »

+ d’infos sur le mouvement HF Bretagne à retrouver dans le numéro 19 de YEGG, sur yeggmag.fr dès le 5 novembre 2013.

* Les chiffres clés, tirés des rapports de Reine Prat, 2006 et 2009

84% des théâtres co-financés par l’Etat sont dirigés par des hommes

89% des institutions musicales sont dirigées par des hommes

97% des musiques que nous entendons dans nos institutions ont été composées par des hommes

94% des orchestres sont dirigés par des hommes

85% des textes que nous entendons ont été écrits par des hommes

86% des établissements d’enseignement artistique sont dirigés par des hommes

Célian Ramis

Quand le théâtre parle de violence conjugale

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.
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Le 11 octobre prochain, au théâtre du Vieux Saint –Etienne à Rennes, sera jouée à 20h30, « Je te veux impeccable, le cri d’une femme ». Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.

L’idée est partie d’une rencontre entre la compagnie Théâtre Quidam, spécialisée dans le théâtre de proximité et Rachel Jouvet, victime de violences conjugales. Cette femme, issue du monde du spectacle, a subi pendant 2 ans les menaces et les coups de son ex-compagnon, avant que celui-ci tue son beau père et soit incarcéré dans une prison parisienne. De là en résulte une pièce.

En effet, l’année dernière, Rachel Jouvet a décidé de partager son passé avec Loïc Choneau, auteur, metteur en scène et Isabelle Séné, comédienne. « Rachel a commencé à nous raconter son histoire. On s’est regardé en se disant qu’on ne pouvait que participer à son projet de la mettre en scène. Notre association travaille toujours sur des thèmes de société », explique Loïc Choneau.

C’est lui qui a recueilli son témoignage : « Pendant 3 mois, toutes les semaines, on s’est rencontré pendant un heure. Chaque fois, j’écrivais le texte puis elle validait. On a beaucoup travaillé sur les sentiments, sur la complexité de la nature humaine, sur le fait d’être prisonnier d’une situation ». Une fois  l’écriture terminée, Isabelle Séné a commencé à étudier son rôle d’interprétation. « Un travail physique », souligne-t-elle, dans lequel la fluidité du corps est primordiale. « Dès la lecture du texte, j’ai laissé mes émotions et mes sensations me guider », dit-elle. Pour être le plus vrai possible.

Un questionnement important

Rachel Jouvet a attendu 13 ans pour dévoiler au public son histoire. « Il fallait que je me reconstruise et que les choses soient claires dans ma tête. J’avais envie d’écrire, mais je ne savais pas comment », confie-t-elle. Avec cette pièce de théâtre, elle a franchi une étape. Dans 7 ans, l’ancien partenaire de la jeune femme sortira de prison et elle commence déjà à se poser des questions sur le bien fondé de sa reconstruction : « à quoi bon, si les choses n’ont pas changé ? », se demande-t-elle.

A l’époque, elle s’était sentie impuissante face aux autorités. « Il faut que les lois suivent » et protègent les femmes et leur famille. A l’issue de chaque représentation, un débat avec le public est organisé et une question n’a pas encore été posée : « Comment ce drame a-t-il pu se produire ? ». Rachel Jouvet ne l’explique toujours pas mais elle compte bien avancer sur le sujet.

Dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre), une représentation/débat est également prévue le 30 novembre, à 20h, à la maison de quartier de Villejean.

Célian Ramis

Rentrée rennaise : Ambitions, attentes, actions

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Féminisme, politique, économie, vie quotidienne, culture… panorama de ce qui rythmera Rennes dans les mois à venir… Toujours au féminin !
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C’est la rentrée ! L’occasion pour YEGG de faire un point sur les grands chantiers de l’année 2013-2014. Féminisme, politique, économie, vie quotidienne, culture… panorama de ce qui rythmera Rennes dans les mois à venir… Toujours au féminin !

L’élue adjointe au maire de Rennes, déléguée aux droits des femmes, répond aux questions de YEGG concernant la politique menée par la ville pour l’égalité des sexes.

YEGG : Que pensez-vous de la loi-cadre pour l’égalité entre les femmes et les hommes, présentée en conseil des ministres le 3 juillet par Najat Vallaud-Belkacem ?

Jocelyne Bougeard : Je suis en contact permanent avec le ministère des Droits des femmes puisque je siège au Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. La loi proposée mérite toute notre attention puisqu’elle engage les collectivités, ce qui est assez nouveau. Ces dernières doivent travailler sur les droits des femmes ! Certaines dimensions de la loi vont encore être complétées, notamment en ce qui concerne les retraites, les gardes d’enfant, etc.

Vous parlez aussi de la dimension de l’égalité au travail ?

Le premier emploi des femmes est agent d’entretien. Scandaleux quand on sait qu’en réalité elles sont plus qualifiées et diplômées que les hommes. La ville de Rennes est le 3e employeur de la région avec près de 300 métiers et détient le label Egalité professionnelle. Aujourd’hui, notre objectif est de maintenir et/ou initier des actions spécifiques et des actions transversales.

D’où la signature de la charte européenne pour l’égalité entre les hommes et les femmes…

En effet, nous l’avons signée en 2006 et en juillet, le conseil municipal a signé un plan d’actions associé à cette charte, qui contient des actions déjà engagées dans notre politique, ainsi que nos objectifs. Nous avons défini 30 articles, à partir de nos constats et de l’identité de notre territoire.

Quels sont les points principaux de ce plan d’actions ?

Le principal axe de travail est de sensibiliser et d’informer la population tout au long de l’année. Et pas seulement de mettre en place des actions le 8 mars et le 25 novembre (journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes). Ensuite, la charte se concentre sur le travail des femmes dans sa globalité, c’est-à-dire qu’elle comprend les conditions des femmes au travail et l’égalité professionnelle. Car il faut savoir que, dans ce domaine, les lois ont 30 ans !

Peut-on vraiment « forcer » l’égalité professionnelle à travers une loi ?

Il est évident qu’il ne s’agit pas de licencier des hommes pour mettre des femmes à leur place. La loi n’est pas une option, ni une orientation, mais une mesure législative qui doit sécuriser les compétences de chacun et les mettre en avant. A compétences égales, les femmes doivent pouvoir accéder aux postes de cadres au même titre que les hommes. Nous avons un travail à fournir en amont pour proposer une éducation à l’égalité. Il est important de se reconnaître dans sa différence et sa richesse. Savoir que les hommes et les femmes ne sont pas complémentaires. Ils sont égaux.

Qu’en est-il de la défense des droits des femmes dans la campagne municipale ?

Le programme n’est pas définitif et officiel. La candidate socialiste Nathalie Appéré ne défendra pas simplement les femmes mais l’égalité entre les hommes et les femmes.

1 – Les chaises municipales : En 2014, les citoyens sont appelés aux urnes à l’occasion des élections municipales. Les 23 et 30 mars, les Rennais éliront un nouveau (une nouvelle ?) chef de file, Daniel Delaveau ayant annoncé en décembre dernier qu’il ne se présenterait pas pour un second mandat. C’est Nathalie Appéré, actuellement députée de la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine et conseillère municipale déléguée au suivi du centre-ancien, qui a été désignée candidate du Parti Socialiste.

Elle s’opposera alors à Bruno Chavanat (UDI, ex-UMP), leader de l’opposition rennaise et conseiller municipal. Du côté d’Europe Ecologie Les Verts, une assemblée générale est organisée le 28 septembre afin de désigner le ou la candidate du parti, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il présenterait une grande liste alternative. Cependant, aucune alliance avec les forces de gauche n’a pas été officialisée. En tête de liste du Front National se trouve Gérard de Mellon, dont l’objectif est de faire entrer son parti pour la première fois à la mairie de Rennes. Le Parti Pirate pourrait aussi se lancer dans la course aux Municipales en constituant une « liste citoyenne ». Rien n’a encore été officialisé depuis cette annonce en avril dernier. Les Français seront également sollicités le 25 mai 2014 pour les élections européennes.

2 – Pas de trêve : Selon le rapport 2013 de la Fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement en France, il apparaît que 3,6 millions de personnes sont mal-logées, dont 685 000 sans domicile personnel, dans l’hexagone. À Rennes, la situation ne fait pas exception. Pour pallier aux difficultés de se loger, plusieurs associations se mobilisent tout au long de l’année. Comme le Droit Au Logement 35 ou encore Un Toit, c’est Un Droit qui réquisitionnent des lieux et accompagnent les sans-abris, majoritairement immigrés, en leur apportant une aide matérielle, juridique et/ou administrative.

Moins connue du grand public, l’association Foyer Saint-Benoit Labre, à Rennes, lutte contre le mal-logement au quotidien. Accueil, hébergement d’urgence et temporaire, accompagnement et insertion des personnes en difficulté sociale sont les principales missions du Foyer. En cette rentrée, l’association annonce sa collaboration avec d’autres structures, telles que le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation 35, dépendant du ministère de l’Égalité des territoires et du Logement. Ensemble, ils développeront leur programme d’actions, le 10 septembre.

3 – Lien avec l’extérieur : Début septembre, la ville de Rennes a signé trois conventions de partenariat pour le renforcement de sa politique de prévention de la délinquance et de médiation, en privilégiant les liens entre les détenus et l’extérieur. Sont concernées l’association Enjeux d’enfants Grand Ouest, chargée d’accompagner et d’aider la relation entre un enfant et son parent incarcéré, Brin de Soleil Rennes, qui œuvre pour l’accueil et l’hébergement temporaire des proches des détenus en attente de parloir et SOS Victimes 35, accompagnant les victimes d’infractions pénales.

Elles ont reçu respectivement 9 000, 8 000 et 15 033 euros de subvention pour l’année 2013. Le partenariat, valable un an et renouvelable deux fois, se base évidemment sur un échange de bon procédé. De son côté, la ville de Rennes s’engage à transmettre les informations en lien avec les missions de ces associations et se doit d’apporter son soutien aux actions et manifestations organisées. En contrepartie, les trois structures éclaireront de leurs expertises des groupes de travail, des séminaires et des situations spécifiques organisés par la municipalité.

1 – Centre commercial recrute employés : Le centre Alma, en plein travaux depuis 17 mois, s’étend sur 30 000 m2 supplémentaires et se rénove pour accueillir 40 nouvelles boutiques qui seront dévoilées le 23 octobre prochain à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle version. Gaëlle Aubrée, directrice depuis deux ans du centre commercial l’a annoncé en mai dernier : 200 nouveaux emplois seront créés dès la rentrée de septembre dans l’établissment qu’elle dirige.

Ces recrutements sont issus de la signature d’une convention entre le centre Alma et la Maison de l’emploi, de l’insertion et de la formation (Meif), présidée par Gwenaële Hamon (par ailleurs adjointe au Maire de Rennes). Le compromis favorise, entre autre, l’embauche de salariés issus des quartiers environnant au centre commercial (Brequigny, Le Blosne). L’objectif est de privilégier les recutements « de proximité » et de redynamiser le sud de Rennes. Ainsi, la plupart des candidatures ont été centralisées à la Meif ainsi qu’à Pôle emploi. L’essentiel des postes à pourvoir concernent des emplois liés à la vente ou au ménage.

2 – PSA se barre : L’industrie rennaise a-t-elle encore de l’avenir ? La situation de PSA-La Janais sera en tout cas observée de très près en ce dernier trimestre de l’année 2013. La direction du fabriquant automobile a d’ores et déjà fait savoir que sept à huit jours seraient chômés en septembre, dix en octobre et six en novembre. Le plan social validé en avril dernier par le Comité central d’entreprise de PSA prévoit la suppression de 1 400 postes sur les 5 500 que compte le site rennais. La Janais, située à Chartres-de-Bretagne, ne sera pas pour autant laissée à l’abandon.

La SNCF, le groupe Pigeon et l’entreprise B3Eco Design ont, en effet, fait savoir leur souhait de s’implanter sur les terres de Peugeot-Citroën. Des annonces qui laissent entrevoir la possibilité d’embauches pour les futurs-ex PSA, et ce, dès septembre pour un début d’activité en fin d’année. La désindustrialisation devrait toutefois toucher un autre lieu historique de la capitale bretonne puisque la direction de Cooper standard a annoncé le transfert des activités de la Barre Thomas, possiblement vers une future usine construite à Châteaubourg.

3 – Re-Retraites : Une nouvelle fois sur le devant de la scène médiatique et politique, la réforme des retraites risque de provoquer plus d’un mécontentement, voire un automne explosif, et pas seulement à Paris. À Rennes, les forces syndicales ont déjà appelé à manifester ce 10 septembre place de la Mairie contre le projet de loi engagé par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui prévoit, entre autre, l’allongement à 43 annuités la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. La pénibilité du travail devrait également être prise en compte dans le calcul des pensions.

La CGT, FO et Solidaires ont dénoncé, dans un communiqué unitaire, ces premières mesures ainsi que l’opposition entre le secteur public et le privé. Les syndicats soulignent la difficulté pour des jeunes, dont les études sont de plus en plus longues, à atteindre la durée de cotisation minimum. Ils réclament aussi la sortie « des logiques qui ont diminué le niveau des pensions et crée des inégalités entre les femmes et les hommes ».

1 – Qui a eu cette idée folle ? : Depuis le 3 septembre, plus de 13 000 petits rennais ont retrouvé les bancs de l’école et le lot de nouveautés qui les accompagnent. Désormais, pour les élèves des 81 établissements publics de primaire et maternelle, la classe c’est 4,5 jours par semaine. C’est en effet dès cette rentrée que la très discutée réforme des rythmes scolaires (voir notre Focus dans le n°14 de YEGG-Mai 2013) entre en application à Rennes.

Cette nouvelle organisation prévoit une concentration des matières fondamentales le matin, une pause méridienne allongée permetant la pratique d’activités encadrées, deux heures de cours l’après-midi puis la mise en place d’ateliers périscolaires en lien avec le tissu associatif local. L’enseignement privé appliquera ces nouveux horaires dès septembre 2014. Et la rentrée s’annonce particulièrement chargée pour les professionnels de l’Éducation de la capitale bretonne puisque la ville compte 600 écoliers de plus que l’année dernière. Une augmentation de la démographie compensée cette année par l’embauche de 65 professeurs des écoles supplémentaires dans l’Académie de Rennes.

2 – Souriez : Alors que Marseille a occupé une place de choix cet été dans les rubriques faits divers des journaux français, Rennes a décidé de jouer la carte de la sécurité. Ou en tout cas du sentiment de sécurité. Le conseil municipal du mois de juillet a permis d’acter l’installation de trois caméras de vidéo-surveillance supplémentaires, sous les arcades de la place de la République. Une décision qui porte à 28 le nombre d’outils aussi baptisés « vidéo-pro­tection » à Rennes.

Rappelons qu’en mars dernier, les élus rennais avaient voté l’implantation de quatre caméras dans le quartier du Gros-Chêne, au nord de Rennes. Mais c’est au sud de la ville que la mairie a du faire face à des difficultés cet été. Le Blosne a en effet été le théâtre de conflits communautaires et de vives tensions entre les policiers et certains habitants. Les questions liées à la protection de la personne seront sans nul doute au coeur des prochaines élections municipales. Bruno Chavanat, leader de l’opposition municipale et candidat de la droite à la mairie, a en effet interpellé plusieurs fois la majorité socialiste sur ces faits divers lors de conseils municipaux.

3 – Les grands travaux : Sensible au bruit ? Quittez Rennes ! C’est en 2014 que le gros des travaux commencera pour la construction de la ligne B du métro. Elle rejoindra le sud-ouest de la ville au nord-est en passant par la place Sainte-Anne, laquelle accueillera également le futur Centre des congrès en lieu et place de l’ancien couvent des Jacobins. Autres travaux importants dans le centre-ville, ceux destinés à transformer le mail François Mitterrand.

Ce qui était il y a quelques mois encore un parking pouvant accueillir 400 véhicules se transformera en un grand espace réservé aux piétons dans l’objectif de lier de façon plus fluide le centre-ville et l’ouest de Rennes. Les travaux autour de la gare se poursuivront aussi pour accueillir le futur quartier Eurorennes à l’horizon 2020. Au nord, c’est la zone Maurepas- Gayeulles qui entamera sa rénovation. Les premiers travaux débuteront au printemps 2014 et s’étenderont sur au moins… 15 ans ! Le projet de la mairie prévoit la construction d’environ 1 200 logements et la démolition de 366. Le centre commercial du Gast, implanté au coeur de Maurepas, qui accueillera une station de métro de la ligne B, sera également rénové.

1 – Les marquises de Sévigné : S’il y a une institution culturelle qui met les femmes à l’honneur, c’est bien le Carré Sévigné, à Cesson. Cette année encore, Carole Lardoux, directrice artistique du lieu, se démarque des autres salles de spectacles de Rennes et de ses alentours en proposant une programmation audacieuse que nous serions tentés de qualifier de « féministe », au pire féminine. Meriem Menant, qui inaugurera la saison 2013-2014 le 8 octobre prochain, enfilera, à trois reprises son costume d’Emma la clown.

Côté musique, on attend le trio vocal humoristique Les Amuses Girls, les chanteuses et musiciennes Claire Diterzi, Rokia Traoré, Brigitte Fontaine ou encore Suzy Firth et son spectacle « Women & Song » . On attend particulièrement Modèles, par la compagnie La part des Anges. Les neuf auteures de la pièce et six comédiennes tenteront de répondre à cette question : « Qu’est-ce qu’être une femme en 2013 ? » Côté danse, Passion simple, de la compagnie L’éolienne, explore les mécanismes de la passion à travers quatre solos féminins. Toute la programmation et les infos pratiques sur www.ville-cesson-sevigne.fr

2 – Toutes en Trans : C’est LE rendez-vous culturel de début décembre à Rennes. Les Trans musicales mettront à l’honneur du 5 au 7 décembre prochain les talents émergeants de la scène musiques actuelles. L’édition 2013 est particulièrement attendue puisque le festival fêtera ses 35 ans. Pour autant, Béatrice Macé et Jean-Louis Brossard, co-directeurs de l’ATM (association Trans musicales) ont d’ores et déjà fait savoir qu’il s’agirait d’un « non anniversaire » . On se consolera avec une prog’ dont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, vingt-huit noms ont été dévoilés. YEGG attend avec impatience les canadiens de Chic Gamine (quatre chanteuses et un batteur percussionniste).

La formation d’outre Atlantique allie avec une certaine aisance r’n'b, pop et soul music recréant ainsi une ambiance de soirées entre bonnes copines qui donnent de la voix. Autre chanteuse attendue, La Yegros. Elle vient d’Argentine où elle est considérée comme « la reine de l’underground ». L’ATM nous promet « une fête totale » grâce à un mélange de musique traditionnelle de son pays et de danse africaine. Enfin, on garde bien évidemment un oeil sur les quatre rennais de Superets.

3 – Une bouffée d’Aire : Programmation culturelle particulièrement attendue en cette saison 2013-2014 : celle de L’Aire Libre. Le « théâtre pour une parole vivante » implanté à Saint-Jacques de la Lande et racheté en janvier dernier par Maël Le Goff et Émilie Audren, co-directeurs du festival Mythos, fera pour la première fois sa rentrée en même temps que les autres structures rennaises. Si, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’ensemble des rendez-vous n’ont pas été annoncés, on sait d’ores et déjà que cette fin d’année 2013 ne sera pas placée sous le signe de la féminité…

Sur les cinq noms dévoilés sur le site internet du théâtre (parmi lesquels Dominique A), presque pas de femme, hormis le trio allemand She she pop, qui présentera « Testament », du 14 au 16 novembre, dans le cadre du festival Mettre en scène. On compte donc sur l’année 2014 pour redresser la barre. Autre enjeux pour les programmateurs, faire cohabiter des propositions de lieu culturel avec celles de festival. L’Aire Libre deviendra-t-elle la vitrine de Mythos ? À moins que le rendez-vous annuel implanté dans le parc du Thabor permette à une salle de spectacles excentrée de se faire un nom… Réponse dans quelques mois.

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2013 - 2014 : Votre ville en mouvement
Féminisme : Jocelyne Bougeard
Politique : Élections, Engagement, Suivi
Économie : Emplois, Chômage, Retraites
Vie quotidienne : École, Sécurité, Travaux
Culture : Femmes en scène

Célian Ramis

Elles veillent sur vous

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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.
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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.

Elles sont infirmière, conductrice de bus, bénévole pour le Samu social ou Noz’ambule, et elles protègent la population rennaise une fois le soleil couché. YEGG met en lumière quatre héroïnes du quotidien, qui, aux quatre coins de la capitale bretonne, veillent au bon déroulement de la nuit. Reportage en images.

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Elles éclairent vos nuits
Régine Boulé, 57 ans, bénévole au Samu social
Gaëlle Bourdeverre, 39 ans, infirmière aux urgences pédiatriques
Mélanie Durot, 27 ans, Noz’ambule
Khadija Bouvet, 42 ans, conductrice de bus
Nuit paisible

Street art : la culotte qui colle

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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

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