Célian Ramis

Quand le théâtre parle de violence conjugale

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.
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Le 11 octobre prochain, au théâtre du Vieux Saint –Etienne à Rennes, sera jouée à 20h30, « Je te veux impeccable, le cri d’une femme ». Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.

L’idée est partie d’une rencontre entre la compagnie Théâtre Quidam, spécialisée dans le théâtre de proximité et Rachel Jouvet, victime de violences conjugales. Cette femme, issue du monde du spectacle, a subi pendant 2 ans les menaces et les coups de son ex-compagnon, avant que celui-ci tue son beau père et soit incarcéré dans une prison parisienne. De là en résulte une pièce.

En effet, l’année dernière, Rachel Jouvet a décidé de partager son passé avec Loïc Choneau, auteur, metteur en scène et Isabelle Séné, comédienne. « Rachel a commencé à nous raconter son histoire. On s’est regardé en se disant qu’on ne pouvait que participer à son projet de la mettre en scène. Notre association travaille toujours sur des thèmes de société », explique Loïc Choneau.

C’est lui qui a recueilli son témoignage : « Pendant 3 mois, toutes les semaines, on s’est rencontré pendant un heure. Chaque fois, j’écrivais le texte puis elle validait. On a beaucoup travaillé sur les sentiments, sur la complexité de la nature humaine, sur le fait d’être prisonnier d’une situation ». Une fois  l’écriture terminée, Isabelle Séné a commencé à étudier son rôle d’interprétation. « Un travail physique », souligne-t-elle, dans lequel la fluidité du corps est primordiale. « Dès la lecture du texte, j’ai laissé mes émotions et mes sensations me guider », dit-elle. Pour être le plus vrai possible.

Un questionnement important

Rachel Jouvet a attendu 13 ans pour dévoiler au public son histoire. « Il fallait que je me reconstruise et que les choses soient claires dans ma tête. J’avais envie d’écrire, mais je ne savais pas comment », confie-t-elle. Avec cette pièce de théâtre, elle a franchi une étape. Dans 7 ans, l’ancien partenaire de la jeune femme sortira de prison et elle commence déjà à se poser des questions sur le bien fondé de sa reconstruction : « à quoi bon, si les choses n’ont pas changé ? », se demande-t-elle.

A l’époque, elle s’était sentie impuissante face aux autorités. « Il faut que les lois suivent » et protègent les femmes et leur famille. A l’issue de chaque représentation, un débat avec le public est organisé et une question n’a pas encore été posée : « Comment ce drame a-t-il pu se produire ? ». Rachel Jouvet ne l’explique toujours pas mais elle compte bien avancer sur le sujet.

Dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre), une représentation/débat est également prévue le 30 novembre, à 20h, à la maison de quartier de Villejean.

Célian Ramis

Rentrée rennaise : Ambitions, attentes, actions

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Féminisme, politique, économie, vie quotidienne, culture… panorama de ce qui rythmera Rennes dans les mois à venir… Toujours au féminin !
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C’est la rentrée ! L’occasion pour YEGG de faire un point sur les grands chantiers de l’année 2013-2014. Féminisme, politique, économie, vie quotidienne, culture… panorama de ce qui rythmera Rennes dans les mois à venir… Toujours au féminin !

L’élue adjointe au maire de Rennes, déléguée aux droits des femmes, répond aux questions de YEGG concernant la politique menée par la ville pour l’égalité des sexes.

YEGG : Que pensez-vous de la loi-cadre pour l’égalité entre les femmes et les hommes, présentée en conseil des ministres le 3 juillet par Najat Vallaud-Belkacem ?

Jocelyne Bougeard : Je suis en contact permanent avec le ministère des Droits des femmes puisque je siège au Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. La loi proposée mérite toute notre attention puisqu’elle engage les collectivités, ce qui est assez nouveau. Ces dernières doivent travailler sur les droits des femmes ! Certaines dimensions de la loi vont encore être complétées, notamment en ce qui concerne les retraites, les gardes d’enfant, etc.

Vous parlez aussi de la dimension de l’égalité au travail ?

Le premier emploi des femmes est agent d’entretien. Scandaleux quand on sait qu’en réalité elles sont plus qualifiées et diplômées que les hommes. La ville de Rennes est le 3e employeur de la région avec près de 300 métiers et détient le label Egalité professionnelle. Aujourd’hui, notre objectif est de maintenir et/ou initier des actions spécifiques et des actions transversales.

D’où la signature de la charte européenne pour l’égalité entre les hommes et les femmes…

En effet, nous l’avons signée en 2006 et en juillet, le conseil municipal a signé un plan d’actions associé à cette charte, qui contient des actions déjà engagées dans notre politique, ainsi que nos objectifs. Nous avons défini 30 articles, à partir de nos constats et de l’identité de notre territoire.

Quels sont les points principaux de ce plan d’actions ?

Le principal axe de travail est de sensibiliser et d’informer la population tout au long de l’année. Et pas seulement de mettre en place des actions le 8 mars et le 25 novembre (journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes). Ensuite, la charte se concentre sur le travail des femmes dans sa globalité, c’est-à-dire qu’elle comprend les conditions des femmes au travail et l’égalité professionnelle. Car il faut savoir que, dans ce domaine, les lois ont 30 ans !

Peut-on vraiment « forcer » l’égalité professionnelle à travers une loi ?

Il est évident qu’il ne s’agit pas de licencier des hommes pour mettre des femmes à leur place. La loi n’est pas une option, ni une orientation, mais une mesure législative qui doit sécuriser les compétences de chacun et les mettre en avant. A compétences égales, les femmes doivent pouvoir accéder aux postes de cadres au même titre que les hommes. Nous avons un travail à fournir en amont pour proposer une éducation à l’égalité. Il est important de se reconnaître dans sa différence et sa richesse. Savoir que les hommes et les femmes ne sont pas complémentaires. Ils sont égaux.

Qu’en est-il de la défense des droits des femmes dans la campagne municipale ?

Le programme n’est pas définitif et officiel. La candidate socialiste Nathalie Appéré ne défendra pas simplement les femmes mais l’égalité entre les hommes et les femmes.

1 – Les chaises municipales : En 2014, les citoyens sont appelés aux urnes à l’occasion des élections municipales. Les 23 et 30 mars, les Rennais éliront un nouveau (une nouvelle ?) chef de file, Daniel Delaveau ayant annoncé en décembre dernier qu’il ne se présenterait pas pour un second mandat. C’est Nathalie Appéré, actuellement députée de la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine et conseillère municipale déléguée au suivi du centre-ancien, qui a été désignée candidate du Parti Socialiste.

Elle s’opposera alors à Bruno Chavanat (UDI, ex-UMP), leader de l’opposition rennaise et conseiller municipal. Du côté d’Europe Ecologie Les Verts, une assemblée générale est organisée le 28 septembre afin de désigner le ou la candidate du parti, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il présenterait une grande liste alternative. Cependant, aucune alliance avec les forces de gauche n’a pas été officialisée. En tête de liste du Front National se trouve Gérard de Mellon, dont l’objectif est de faire entrer son parti pour la première fois à la mairie de Rennes. Le Parti Pirate pourrait aussi se lancer dans la course aux Municipales en constituant une « liste citoyenne ». Rien n’a encore été officialisé depuis cette annonce en avril dernier. Les Français seront également sollicités le 25 mai 2014 pour les élections européennes.

2 – Pas de trêve : Selon le rapport 2013 de la Fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement en France, il apparaît que 3,6 millions de personnes sont mal-logées, dont 685 000 sans domicile personnel, dans l’hexagone. À Rennes, la situation ne fait pas exception. Pour pallier aux difficultés de se loger, plusieurs associations se mobilisent tout au long de l’année. Comme le Droit Au Logement 35 ou encore Un Toit, c’est Un Droit qui réquisitionnent des lieux et accompagnent les sans-abris, majoritairement immigrés, en leur apportant une aide matérielle, juridique et/ou administrative.

Moins connue du grand public, l’association Foyer Saint-Benoit Labre, à Rennes, lutte contre le mal-logement au quotidien. Accueil, hébergement d’urgence et temporaire, accompagnement et insertion des personnes en difficulté sociale sont les principales missions du Foyer. En cette rentrée, l’association annonce sa collaboration avec d’autres structures, telles que le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation 35, dépendant du ministère de l’Égalité des territoires et du Logement. Ensemble, ils développeront leur programme d’actions, le 10 septembre.

3 – Lien avec l’extérieur : Début septembre, la ville de Rennes a signé trois conventions de partenariat pour le renforcement de sa politique de prévention de la délinquance et de médiation, en privilégiant les liens entre les détenus et l’extérieur. Sont concernées l’association Enjeux d’enfants Grand Ouest, chargée d’accompagner et d’aider la relation entre un enfant et son parent incarcéré, Brin de Soleil Rennes, qui œuvre pour l’accueil et l’hébergement temporaire des proches des détenus en attente de parloir et SOS Victimes 35, accompagnant les victimes d’infractions pénales.

Elles ont reçu respectivement 9 000, 8 000 et 15 033 euros de subvention pour l’année 2013. Le partenariat, valable un an et renouvelable deux fois, se base évidemment sur un échange de bon procédé. De son côté, la ville de Rennes s’engage à transmettre les informations en lien avec les missions de ces associations et se doit d’apporter son soutien aux actions et manifestations organisées. En contrepartie, les trois structures éclaireront de leurs expertises des groupes de travail, des séminaires et des situations spécifiques organisés par la municipalité.

1 – Centre commercial recrute employés : Le centre Alma, en plein travaux depuis 17 mois, s’étend sur 30 000 m2 supplémentaires et se rénove pour accueillir 40 nouvelles boutiques qui seront dévoilées le 23 octobre prochain à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle version. Gaëlle Aubrée, directrice depuis deux ans du centre commercial l’a annoncé en mai dernier : 200 nouveaux emplois seront créés dès la rentrée de septembre dans l’établissment qu’elle dirige.

Ces recrutements sont issus de la signature d’une convention entre le centre Alma et la Maison de l’emploi, de l’insertion et de la formation (Meif), présidée par Gwenaële Hamon (par ailleurs adjointe au Maire de Rennes). Le compromis favorise, entre autre, l’embauche de salariés issus des quartiers environnant au centre commercial (Brequigny, Le Blosne). L’objectif est de privilégier les recutements « de proximité » et de redynamiser le sud de Rennes. Ainsi, la plupart des candidatures ont été centralisées à la Meif ainsi qu’à Pôle emploi. L’essentiel des postes à pourvoir concernent des emplois liés à la vente ou au ménage.

2 – PSA se barre : L’industrie rennaise a-t-elle encore de l’avenir ? La situation de PSA-La Janais sera en tout cas observée de très près en ce dernier trimestre de l’année 2013. La direction du fabriquant automobile a d’ores et déjà fait savoir que sept à huit jours seraient chômés en septembre, dix en octobre et six en novembre. Le plan social validé en avril dernier par le Comité central d’entreprise de PSA prévoit la suppression de 1 400 postes sur les 5 500 que compte le site rennais. La Janais, située à Chartres-de-Bretagne, ne sera pas pour autant laissée à l’abandon.

La SNCF, le groupe Pigeon et l’entreprise B3Eco Design ont, en effet, fait savoir leur souhait de s’implanter sur les terres de Peugeot-Citroën. Des annonces qui laissent entrevoir la possibilité d’embauches pour les futurs-ex PSA, et ce, dès septembre pour un début d’activité en fin d’année. La désindustrialisation devrait toutefois toucher un autre lieu historique de la capitale bretonne puisque la direction de Cooper standard a annoncé le transfert des activités de la Barre Thomas, possiblement vers une future usine construite à Châteaubourg.

3 – Re-Retraites : Une nouvelle fois sur le devant de la scène médiatique et politique, la réforme des retraites risque de provoquer plus d’un mécontentement, voire un automne explosif, et pas seulement à Paris. À Rennes, les forces syndicales ont déjà appelé à manifester ce 10 septembre place de la Mairie contre le projet de loi engagé par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui prévoit, entre autre, l’allongement à 43 annuités la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. La pénibilité du travail devrait également être prise en compte dans le calcul des pensions.

La CGT, FO et Solidaires ont dénoncé, dans un communiqué unitaire, ces premières mesures ainsi que l’opposition entre le secteur public et le privé. Les syndicats soulignent la difficulté pour des jeunes, dont les études sont de plus en plus longues, à atteindre la durée de cotisation minimum. Ils réclament aussi la sortie « des logiques qui ont diminué le niveau des pensions et crée des inégalités entre les femmes et les hommes ».

1 – Qui a eu cette idée folle ? : Depuis le 3 septembre, plus de 13 000 petits rennais ont retrouvé les bancs de l’école et le lot de nouveautés qui les accompagnent. Désormais, pour les élèves des 81 établissements publics de primaire et maternelle, la classe c’est 4,5 jours par semaine. C’est en effet dès cette rentrée que la très discutée réforme des rythmes scolaires (voir notre Focus dans le n°14 de YEGG-Mai 2013) entre en application à Rennes.

Cette nouvelle organisation prévoit une concentration des matières fondamentales le matin, une pause méridienne allongée permetant la pratique d’activités encadrées, deux heures de cours l’après-midi puis la mise en place d’ateliers périscolaires en lien avec le tissu associatif local. L’enseignement privé appliquera ces nouveux horaires dès septembre 2014. Et la rentrée s’annonce particulièrement chargée pour les professionnels de l’Éducation de la capitale bretonne puisque la ville compte 600 écoliers de plus que l’année dernière. Une augmentation de la démographie compensée cette année par l’embauche de 65 professeurs des écoles supplémentaires dans l’Académie de Rennes.

2 – Souriez : Alors que Marseille a occupé une place de choix cet été dans les rubriques faits divers des journaux français, Rennes a décidé de jouer la carte de la sécurité. Ou en tout cas du sentiment de sécurité. Le conseil municipal du mois de juillet a permis d’acter l’installation de trois caméras de vidéo-surveillance supplémentaires, sous les arcades de la place de la République. Une décision qui porte à 28 le nombre d’outils aussi baptisés « vidéo-pro­tection » à Rennes.

Rappelons qu’en mars dernier, les élus rennais avaient voté l’implantation de quatre caméras dans le quartier du Gros-Chêne, au nord de Rennes. Mais c’est au sud de la ville que la mairie a du faire face à des difficultés cet été. Le Blosne a en effet été le théâtre de conflits communautaires et de vives tensions entre les policiers et certains habitants. Les questions liées à la protection de la personne seront sans nul doute au coeur des prochaines élections municipales. Bruno Chavanat, leader de l’opposition municipale et candidat de la droite à la mairie, a en effet interpellé plusieurs fois la majorité socialiste sur ces faits divers lors de conseils municipaux.

3 – Les grands travaux : Sensible au bruit ? Quittez Rennes ! C’est en 2014 que le gros des travaux commencera pour la construction de la ligne B du métro. Elle rejoindra le sud-ouest de la ville au nord-est en passant par la place Sainte-Anne, laquelle accueillera également le futur Centre des congrès en lieu et place de l’ancien couvent des Jacobins. Autres travaux importants dans le centre-ville, ceux destinés à transformer le mail François Mitterrand.

Ce qui était il y a quelques mois encore un parking pouvant accueillir 400 véhicules se transformera en un grand espace réservé aux piétons dans l’objectif de lier de façon plus fluide le centre-ville et l’ouest de Rennes. Les travaux autour de la gare se poursuivront aussi pour accueillir le futur quartier Eurorennes à l’horizon 2020. Au nord, c’est la zone Maurepas- Gayeulles qui entamera sa rénovation. Les premiers travaux débuteront au printemps 2014 et s’étenderont sur au moins… 15 ans ! Le projet de la mairie prévoit la construction d’environ 1 200 logements et la démolition de 366. Le centre commercial du Gast, implanté au coeur de Maurepas, qui accueillera une station de métro de la ligne B, sera également rénové.

1 – Les marquises de Sévigné : S’il y a une institution culturelle qui met les femmes à l’honneur, c’est bien le Carré Sévigné, à Cesson. Cette année encore, Carole Lardoux, directrice artistique du lieu, se démarque des autres salles de spectacles de Rennes et de ses alentours en proposant une programmation audacieuse que nous serions tentés de qualifier de « féministe », au pire féminine. Meriem Menant, qui inaugurera la saison 2013-2014 le 8 octobre prochain, enfilera, à trois reprises son costume d’Emma la clown.

Côté musique, on attend le trio vocal humoristique Les Amuses Girls, les chanteuses et musiciennes Claire Diterzi, Rokia Traoré, Brigitte Fontaine ou encore Suzy Firth et son spectacle « Women & Song » . On attend particulièrement Modèles, par la compagnie La part des Anges. Les neuf auteures de la pièce et six comédiennes tenteront de répondre à cette question : « Qu’est-ce qu’être une femme en 2013 ? » Côté danse, Passion simple, de la compagnie L’éolienne, explore les mécanismes de la passion à travers quatre solos féminins. Toute la programmation et les infos pratiques sur www.ville-cesson-sevigne.fr

2 – Toutes en Trans : C’est LE rendez-vous culturel de début décembre à Rennes. Les Trans musicales mettront à l’honneur du 5 au 7 décembre prochain les talents émergeants de la scène musiques actuelles. L’édition 2013 est particulièrement attendue puisque le festival fêtera ses 35 ans. Pour autant, Béatrice Macé et Jean-Louis Brossard, co-directeurs de l’ATM (association Trans musicales) ont d’ores et déjà fait savoir qu’il s’agirait d’un « non anniversaire » . On se consolera avec une prog’ dont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, vingt-huit noms ont été dévoilés. YEGG attend avec impatience les canadiens de Chic Gamine (quatre chanteuses et un batteur percussionniste).

La formation d’outre Atlantique allie avec une certaine aisance r’n'b, pop et soul music recréant ainsi une ambiance de soirées entre bonnes copines qui donnent de la voix. Autre chanteuse attendue, La Yegros. Elle vient d’Argentine où elle est considérée comme « la reine de l’underground ». L’ATM nous promet « une fête totale » grâce à un mélange de musique traditionnelle de son pays et de danse africaine. Enfin, on garde bien évidemment un oeil sur les quatre rennais de Superets.

3 – Une bouffée d’Aire : Programmation culturelle particulièrement attendue en cette saison 2013-2014 : celle de L’Aire Libre. Le « théâtre pour une parole vivante » implanté à Saint-Jacques de la Lande et racheté en janvier dernier par Maël Le Goff et Émilie Audren, co-directeurs du festival Mythos, fera pour la première fois sa rentrée en même temps que les autres structures rennaises. Si, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’ensemble des rendez-vous n’ont pas été annoncés, on sait d’ores et déjà que cette fin d’année 2013 ne sera pas placée sous le signe de la féminité…

Sur les cinq noms dévoilés sur le site internet du théâtre (parmi lesquels Dominique A), presque pas de femme, hormis le trio allemand She she pop, qui présentera « Testament », du 14 au 16 novembre, dans le cadre du festival Mettre en scène. On compte donc sur l’année 2014 pour redresser la barre. Autre enjeux pour les programmateurs, faire cohabiter des propositions de lieu culturel avec celles de festival. L’Aire Libre deviendra-t-elle la vitrine de Mythos ? À moins que le rendez-vous annuel implanté dans le parc du Thabor permette à une salle de spectacles excentrée de se faire un nom… Réponse dans quelques mois.

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2013 - 2014 : Votre ville en mouvement
Féminisme : Jocelyne Bougeard
Politique : Élections, Engagement, Suivi
Économie : Emplois, Chômage, Retraites
Vie quotidienne : École, Sécurité, Travaux
Culture : Femmes en scène

Célian Ramis

Elles veillent sur vous

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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.
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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.

Elles sont infirmière, conductrice de bus, bénévole pour le Samu social ou Noz’ambule, et elles protègent la population rennaise une fois le soleil couché. YEGG met en lumière quatre héroïnes du quotidien, qui, aux quatre coins de la capitale bretonne, veillent au bon déroulement de la nuit. Reportage en images.

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Elles éclairent vos nuits
Régine Boulé, 57 ans, bénévole au Samu social
Gaëlle Bourdeverre, 39 ans, infirmière aux urgences pédiatriques
Mélanie Durot, 27 ans, Noz’ambule
Khadija Bouvet, 42 ans, conductrice de bus
Nuit paisible

Street art : la culotte qui colle

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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

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Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
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En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

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Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

Célian Ramis

Graphisme et féminisme : "On peut vraiment s'exprimer à Rennes"

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Et elles sont féministes. Mathilde et Juliette, sous le nom de La Brique, ont interpellé l’opinion publique par le street art. Interview.
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« Trop peu de rues portent un nom de femme ». C’est le slogan qui a été affiché au centre ville de Rennes fin avril. « Certains ont été arrachés, mais pas le reste. A croire que c’est la thématique qui les dérange », expliquent les deux jeunes femmes à l’initiative de cette campagne d’affichage sauvage. Elles sont étudiantes en dernière année de l’école des Beaux-Arts, section graphisme, à Rennes. Et elles sont féministes. Mathilde et Juliette, sous le nom de La Brique, ont allié les deux pour interpeller l’opinion publique sur le sujet. Interview.  

YEGG : D’où vous est venue l’idée de mêler graphisme et féminisme ?

La Brique : Le graphisme militant politique existe depuis 1968 et a pris de l’ampleur depuis les années 80 mais le graphisme féministe n’apparaît pas comme un courant officiel. Nous avons toutes les deux une passion pour le graphisme militant et engagé. C’était intéressant de se réunir pour faire cette action ensemble, à l’échelle locale. Nous sommes aussi toutes les deux féministes et par conséquent, nous connaissons bien les problématiques actuelles.

YEGG : Pourquoi l’angle des noms de rue ?

Nous avons été inspirées d’une lecture : La ville est à nous (édité par l’association Ne pas plier, sous la direction d’Isabel de Bary, ndlr) qui traite de l’espace public et dans lequel est soulevé le manque de parité dans l’histoire des noms de rue. Très inscrit à Paris, le constat est similaire à Rennes, après observation et analyse.

YEGG : Vous avez trouvé des chiffres sur le nombre de rues au féminin ?

Aucun chiffre officiel n’a été publié par la mairie. Nous avons donc fait un décompte manuel : environ 6% des rues portent un nom de femme, contre 94% de noms masculins. C’est très critique.

Nous sommes parties de noms des personnes et avons fait des recherches. On se demandait : qu’est-ce qui motive la municipalité à nommer une rue et quels sont les critères d’attribution de noms ?

YEGG : Résultat ?

La construction du centre-ville de Rennes date du XIXe siècle. Les plaques de rue de ce territoire portent les noms de personnages de cette époque, en lien avec la capitale bretonne ou la région. Il y a donc un espace temps qui a permis de définir les noms de rue.

Est-ce qu’on ne peut pas, à compétences égales, les transposer au niveau féminin ? Les recherches nous ont menées à découvrir les parcours de certaines femmes qui ont compté à Rennes ou en Bretagne. Nous avons croisé leurs histoires avec la situation géographique, cela nous a aidé à isoler des personnalités importantes. Nous en avons choisi neuf et entamé un travail de recherches dans les archives de l’époque. Principalement aux Champs Libres.

YEGG : Quel est l’objectif de votre action ?

Nous souhaitions alerter l’opinion publique, sensibiliser les passants. On se dit toujours que les noms de rues sont anodins mais pas du tout. Cela permet de voir l’histoire publique et collective. Nous ne voulons pas critiquer ce qui a été fait ou débaptiser les rues, loin de là. L’objectif était vraiment d’alerter ! Nous avons donc disposé des affiches un peu partout dans le centre-ville pour toucher le plus grand nombre de passant.

YEGG : Vous avez imaginé une scénographie. Quel a été votre raisonnement ?

Nous avions beaucoup d’informations. Il a fallu les doser. Pour avoir un module textes/images assez imposant pour être bien vu. Nous avons donc disposer des panneaux avec le slogan, le nom de la femme dans la plaque, son portrait, des images d’archives pour humaniser l’ensemble et un texte expliquant l’époque, le parcours et pourquoi elles auraient mérité de figurer dans nos rues. Il fallait que le graphisme soit percutant et visible, sans être trop chargé. Aujourd’hui, les affiches sont utilisées pour la musique, les tracts politiques, les boites… Il était important de ne pas surcharger l’espace public et de se démarquer.

YEGG : Avez-vous eu des retours de votre affichage sauvage ?

Oui, de nombreux retours. De la sphère féministe mais aussi d’habitants qui ne sont pas forcément engagés. Nous avons été surprises par l’attention que les gens ont porté à notre projet. En général, on parle de 2 secondes d’attention pour une affiche. Là, on a vu les gens s’arrêter, s’approcher, lire les textes…

YEGG : Est-ce que la municipalité a réagi ?

Non. Ce qui nous a un peu déçu d’ailleurs… Mais on se dit que l’affichage sauvage étant illégal, les élus n’allaient pas se positionner officiellement.

YEGG : Des réactions négatives de la part de passants ?

Très peu. Certains slogans ont été arrachés. Les textes et photos n’ont pas trop été touchés. A croire que c’est la thématique qui a dérangé certaines personnes… Mais nous n’avons pas eu de tags ou de remarques sexistes.

YEGG : Est-ce qu’on peut imaginer de nouvelles actions de La Brique à l’avenir ?

Oui, bien sûr. On ne sait pas encore sous quelle forme, quand et où mais nous maintenons La Brique pour le moment. Rennes est une ville qui permet vraiment de s’exprimer !

YEGG : A bientôt alors et à visage découvert peut-être !

Merci, à bientôt.

Les femmes envahissent les rues de Rennes

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Elles lancent une brique dans la mare et défendent les noms de rue au féminin.
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Des affiches ont été collées sur différents murs du centre ville de la capitale bretonne : l’oeuvre d’un projet mené par deux étudiantes de l’école des Beaux-Arts de Rennes.

Tout est parti d’un constat peu surprenant : peu de rues portent le nom d’une femme qui a marqué l’histoire. 6% environ, selon La Brique, intitulé de ce duo féminin à l’initiative du projet. Etudiantes à l’école des Beaux-Arts de Rennes, elles décident alors d’allier design graphique et féminisme. Un affichage sauvage qui interpelle et interroge !

Rue Mme Poyard, rue Marion Du Faouët, rue Louise Bodin, rue Rosa Kerjner, et bien d’autres encore – au total, il y a neuf portraits à découvrir – viennent s’ajouter à une longue liste de potentiels noms de rues. Evidemment, elles n’ont pas été choisies au hasard. Non, ce sont des militantes, des journalistes, des artistes, des aventurières… et toutes ont un lien avec Rennes ou avec la Bretagne.

Une initiative percutante et pertinente qui n’a pas fini de faire parler d’elle…

Mythos 2013 : La beauté selon Marie-Ève Perron

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Marie-Eve Perron nous a offert, jeudi soir, un grand moment de dérision et de rire, dans le parc du Thabor avec son premier spectacle solo, Marion fait maison.
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Marie-Eve Perron nous a offert, jeudi soir, un grand moment de dérision et de rire, dans le parc du Thabor avec son premier spectacle solo, Marion fait maison.

La conteuse québécoise se glisse dans la peau de Marion, une jeune femme, en couple depuis 4 ans, qui décide d’organiser un cocktail dinatoire pour toute sa famille à Noël. Pendant 42 jours, elle va tester les viandes, se plonger dans les bouquins de recette, dénicher toutes les astuces sur les blogs culinaires et suer derrière ses fourneaux.

Mais la soirée ne va pas se dérouler comme elle l’espérait, voyant débarquer chez elle une équipe de télé-réalité. Sa famille l’a inscrite à une émission de relooking…

La talentueuse Marie-Eve Perron tourne à la dérision les programmes de télé-réalité offrant (forçant) la possibilité à des filles « se laissant aller » d’être entièrement relookées, et ainsi de retrouver confiance en elles. Et il faut avouer que le moment est jouissif.

La comédienne nous propose des situations hilarantes, croustillantes et mordantes, en jouant de son accent et en interprétant à merveille l’hystérie des participantes dont elle prend le contre-pied. Un moment exquis !

Célian Ramis

Le patrimoine, par les femmes du présent

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Elles oeuvrent pour la conservation du patrimoine, pour la sauvegarde des différentes époques de l’Histoire ou encore pour une modernisation du paysage…
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Pour être attractive, une ville doit se développer. Et y habiter signifie aussi de subir les change­ments, qui passent souvent par des travaux plus ou moins lourds. La capitale bretonne est en pleine expansion avec la naissance de nouveaux quartiers comme la Courrouze ou ViaSilva. Aussi, la ville de Rennes évolue selon un PRU, Programme de Ré­novation Urbaine (mis en place par la loi du 1er août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine). Il vise depuis 2007 cinq quartiers d’habitat social : Villejean, le Blosne, Bré­quigny/Champs Manceaux, Cleunay et Maurepas.

L’objectif étant de les restructurer pour favoriser leur intégration dans un grand ensemble urbain. En parallèle, des grands projets se mêlent aux travaux dus au PRU, et notamment dans le centre ville. Que ce soit pour la deuxième ligne de métro prévue pour 2018 – qui ira de Saint-Jacques de la Lande à Cesson-Sévigné en traversant l’hy­percentre, les fouilles préventives de l’ancien couvent des Jacobins qui devrait être transformé en centre des congrès en 2016, la réhabilitation d’immeubles anciens menaçant de s’effondrer ou encore la revalorisation des Portes mordelaises, les rues et les places de la capitale bretonne sont parfois envahies d’échafaudages, de trous dans le sol, de barrières de sécurité mais aussi par les bruits des machines qui entaillent les pavés, le bitume ou même les murs.

Chaque évolution doit être pensée par la Ville de Rennes, en concertation avec les habitants, des urbanistes, des membres de l’association Les amis du patrimoine rennais et des architectes afin de préserver l’existant et l’améliorer, ou non selon les points de vue. Les projets ne peuvent être confirmés sans les rap­ports des archéologues ayant menés des fouilles préventives sur les chantiers. YEGG vous pré­sente trois femmes qui travaillent sur les transfor­mations de ce centre ancien. Elles oeuvrent pour la conservation du patrimoine, pour la sauvegarde des différentes époques de l’Histoire ou encore pour une modernisation du paysage… Elles vous font découvrir leur rôle dans l’évolution du Rennes de demain.

La députée de la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine est aussi, on aurait tendance à l’oublier, conseillère municipale en charge du suivi du centre ancien. Entre grandes ambitions et réalités parfois périlleuses, Nathalie Appéré nous dévoile son plan de bataille et dresse l’état des lieux d’un Rennes en chantier permanent.

Une politique ancienne et ambitieuse”. Ambition. Le mot est lâché, et il est faible. Nathalie Appéré, en charge du suivi du centre ancien depuis qu’elle a quitté son poste de première adjointe au maire de Rennes à la suite de son élection à l’Assem­blée Nationale en juin 2012, a de l’ambition pour les vieilles rues de la capitale bretonne. Pour­tant, les chiffres sont de l’ordre du pharaonique à l’échelle locale.

Sur les 1600 immeubles que compte le centre ancien, 600 sont considérés comme dégradés, dont 300 très dégradés néces­sitant de lourds travaux”, lâche Nathalie Appéré. Ces travaux de grande ampleur n’effraient pas la municipalité qui envisage la réfection de 200 immeubles sur 5 ans : “Notre mission est de concilier la sécurité, la réhabilitation, ne pas figer l’immeuble. Il faut identifier les éléments de patri­moine, les valoriser, les protéger”.

Des répara­tions rendues difficiles par le mur qui semble se dresser devant les pouvoirs publics : le nombre important de copropriétaires parfois peu enclins à la négociation. “À Rennes, plus de 80% des propriétaires sont bailleurs, pour seulement 20% d’occupants. Le plus fréquemment, ils louent des studios à des étudiants. Certains sont donc réticents à des travaux qui sont coûteux, car leur pro­priété est déjà rentable en l’état”, avoue la conseil­lère municipale dont une des tâches est de déblo­quer ce genre de situations.

La Ville de Rennes n’est évidemment pas seule dans l’exercice. Toute évolution dépend de l’architecte des bâtiments de France dont l’objectif est de protéger le patrimoine de la ville et de mettre en place des règles de pro­tection car “c’est l’identité de la ville qui est der­rière le centre historique”, ajoute Nathalie Appéré.

Architecte à mi-temps et archéologue pour l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), Ellen Esnault explique en quoi consiste son travail au couvent des Jaco­bins et aux Portes mordelaises.

« On a souvent à l’esprit la vision de l’archéologue qui fouille uniquement le sol, je ne suis pas que sur cette partie-là », explique Ellen Esnault. Son do­maine à elle : les élévations. Les murs en résumé. C’est pour l’étude du bâti qu’elle est intervenue dès novembre 2011, sur le chantier du couvent des Jacobins, qui devrait laisser place au centre des congrès.

Au total, 8000 m2 à explorer en 16 mois. Sans oublier qu’il faudra ensuite « une an­née de post fouilles avec les anthropologues, les céramologues… ». Concrètement, un diagnostic est réalisé avant de débuter les fouilles préven­tives. Des maçons déposent de l’enduit pour une meilleure lisibilité des murs, afin que les archéolo­gues puissent dans un second temps relever un maximum d’éléments. « Avec des truelles et des brosses métalliques, on observe les changements de matériaux. Puis on met les différents états en relation pour établir le phasage, les époques », explique l’archéologue.

C’est la première fois qu’elle travaille sur un chantier de cette ampleur : « c’est même inédit au niveau national. Cet ancien couvent est intact et a encore les bâtis en éléva­tion. De plus, il a une place centrale dans Rennes, suscite la curiosité des habitants, sans parler des trouvailles comme les sépultures par exemple ».

Une fois les rapports rédigés, l’INRAP travaille en collaboration avec des architectes qui doivent s’adapter aux normes et aux exigences du patri­moine conservé pour imaginer le futur centre des congrès. « Etant également architecte, je sais ana­lyser rapidement et visionner l’ensemble en 3D, selon la formation des murs, les anomalies liées au bâtiment… En fait, j’utilise mes deux regards dans chaque discipline », dit-elle.

Concernant le projet de valorisation des Portes mordelaises, le travail est différent. « Il s’agit de fouilles pro­grammées, non préventives, puisqu’il n’y a pas encore de travaux prévus et donc d’urgence », précise Ellen. Trois phases sont planifiées sur trois ans. La première phase a d’ailleurs eu lieu l’été dernier pour fouiller le fossé et se poursui­vra pendant les étés 2013 et 2014. « Avec ces études, nous allons pouvoir comprendre l’évolu­tion des élévations dans le temps, construites sur les remparts datant de l’Antiquité et consolidées au XVe siècle », explique-t-elle. D’autres chantiers (pas encore attribués à l’INRAP) à Rennes sont en prévision : le sol du mur Dubonnet, la place Saint-Germain et l’aile inoccupée de l’Hôtel-Dieu.

Ancienne historienne d’art et conservatrice de musées à Rennes, Sylvie Blottière-Derrien est aujourd’hui vice-présidente de l’association Les amis du patrimoine rennais qui oeuvre depuis 2005 à la conservation des biens patrimoniaux de notre ville.

« Nous sommes des gens vivants qui aiment leur passé », résume Sylvie Blottière-Derrien. L’association est née de la volonté de sauve­garder la chapelle de la Visitation, devenue un centre commercial. Mais « il est trop tard pour intervenir », le projet étant déjà lancé avec les promoteurs.

« On a réussi à sauver un édicule (partie de l’édifice religieux, ndlr) et une partie du mur dans une des boutiques. Mais c’est dommage de ne pas avoir pu faire plus », regrette la vice-présidente. Les amis du patrimoine rennais réunissent des histo­riens, des universitaires, des conservateurs de musée mais aussi des étudiants et jeunes actifs intéressés par l’objectif du collectif.

Pour éviter au maximum que l’épisode de la Visitation ne se répète, l’association est invitée dans les commissions de la Ville de Rennes « afin de connaître les projets en amont car c’est terrible de se battre quand tout est déjà établi ». Sylvie Blottière-Der­rien a conscience qu’une ville doit évoluer et se développer. Mais selon elle, ce n’est pas pour autant qu’il faut agir précipitam­ment : « Nous ne sommes pas contre le Rennes d’aujourd’hui et de demain et nous ne sommes pas non plus le club des pleu­reuses. La municipalité a de bonnes idées mais ne réfléchit pas assez à mon goût aux possibilités d’aménagement. Il faudrait que les architectes soient plus inventifs ».

En ef­fet, la vice-présidente déplore la perte d’es­pace de la salle du Jeu de paume, le pro­jet de fermeture des arcades à République (le 14 mars, l’architecte des bâtiments de France a rendu un avis défavorable au permis de construire demandé par La Poste, propriétaire des arcades, ndlr) ou encore l’arrivée du centre des congrès, qui pourrait selon elle être construit ailleurs. Une salle devrait être dédiée aux trouvailles lors des fouilles préalables « et nous y veillerons ! » Veiller à la mise en valeur du patrimoine, telle est la vocation de l’association, qui offre le prix galette aux propriétaires se battant dans ce sens. Point important pour Sylvie : « Lais­ser le passé trouver sa place dans le présent »

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Centre ancien : les visages de la transformation
Nathalie Appéré, le casque et l'écharpe
Ellen Esnault, archéologue des temps modernes
Sylvie Blottière-Derrien, l'amie du patrimoine

Célian Ramis

8 mars : Histoire(s) de femmes

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Le 8 mars symbolise la journée internationale des femmes. L'occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.
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Depuis 1977, les Nations Unies reconnaissent officiellement la Journée internationale de la Femme. Célébrée le 8 mars dans plusieurs pays du monde, elle s’étend généralement sur plusieurs semaines à travers des événements organisés en l’honneur des femmes. L’occasion de revenir sur les luttes féministes à Rennes des années 70 à nos jours.

Lydie Porée et Patricia Godard ont décidé de faire revivre ce combat de grande ampleur à travers des visites guidées dans le Rennes féministe des années 70. « Nous étions toutes les deux militantes pour l’association Mix’Cité, créée en 2002 à Rennes. Et quand nous avons commencé, nous n’avions pas beaucoup d’informations sur cette partie de l’histoire… », explique Lydie.

Au fil des rencontres, des recherches dans les archives municipales et départementales, elles reconstituent et rassemblent les morceaux de cette époque. En montant l’association Histoire du féminisme à Rennes en 2012, les deux femmes ont décidé de mettre leur savoir au profit des curieux et curieuses, à travers une balade dans la capitale bretonne.

REVIVRE LE MOUVEMENT FÉMINISTE

Retour en arrière. Nous sommes dans les années 60. L’association Maternité heureuse existe depuis 4 ans à Paris et devient le Mouvement français pour le Planning Familial en 1960. Rennes accueille son antenne locale en 1965, rue Magenta, puis rue Thiers avant de s’installer au 9 place de Bretagne, en 1976. C’est à cet endroit que la visite guidée commence. Lydie plante le décor : « En 1920, une loi interdit l’avortement et l’information sur la contraception. La loi Neuwirth du 28 décembre 1967 vient abroger celle du début du siècle ».

La pilule est autorisée mais l’avortement, non. C’est à partir de là que la France va voir émerger le mouvement féministe : « Les femmes souffraient beaucoup des grossesses à répétition et voulaient avoir le choix ». En avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté à travers un manifeste publié dans le Nouvel Observateur. « Certaines célébrités comme Simone de Beauvoir ou Catherine Deneuve ont pris part à cette action, protégeant ainsi les autres femmes », explique Lydie. L’année suivante, se crée la section locale de l’association Choisir, composée d’un certain nombre d’étudiants en médecine en faveur du droit à l’avortement.

Ces militants iront à Grenoble apprendre la méthode Karman : l’introduction d’un tube dans le col de l’utérus et l’aspiration de l’embryon à l’aide d’une seringue. « C’était plus simple et moins dangereux que les pratiques des faiseuses d’ange qui utilisaient des aiguilles à tricoter par exemple », confie Lydie dans une petite impasse perpendiculaire à la rue Saint-Michel, à l’endroit où siégeait Choisir.

Soit l’intervention était pratiquée clandestinement dans un appartement, soit les femmes souhaitant avorter recevaient une aide pour se rendre en Angleterre ou en Hollande, là où l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) était déjà autorisée. Mais lorsqu’émerge le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC), en 1973, l’association Choisir disparaît, fatiguée par la lourdeur de sa mission.

En avril 1974, le MLAC, propose aux Rennais d’assister à la projection clandestine du film Histoires d’A, de Marielle Issartel et Charles Belmont, montrant un avortement selon la méthode Karman. Les Renseignements généraux sont présents mais n’interviendront pas. Ils laisseront même partir une militante avec les bobines. « À cette époque, le maire de Rennes Henri Fréville va voter pour la légalisation de l’avortement », précise Lydie Porée.

Et quelques mois plus tard, en janvier 1975, la loi Veil est promulguée, autorisant l’IVG. Pourtant, la lutte ne faiblit pas : « Elle était votée pour 5 ans et nous devions rester vigilantes », explique Brigitte Rocher, militante féministe, actuellement directrice du Planning Familial. Cette dernière, accompagnée du groupe L’Insoumise, ouvre un bar féministe mixte La Margelle, 9 rue Saint-Malo.

Nous sommes au début des années 80 et c’est ici que la visite s’arrête. « Nous proposons aux participants de venir prendre un verre pour prolonger les discussions », souligne la jeune militante d’aujourd’hui. Deux visites guidées sont organisées dans le cadre de la Journée internationale de la Femme, les 15 et 16 mars.

LES LUTTES ACTUELLES

Retour dans le présent. Quarante ans après la naissance du mouvement féministe, la lutte pour le droit des femmes est toujours d’actualité. Mais sous d’autres formes. Du 2 au 30 mars une série d’événements, sur le thème « Corps et identités », est organisée par la ville de Rennes. Pour Jocelyne Bougeard, adjointe au Maire, déléguée aux droits des femmes, il ne faut pas oublier que si la législation française est assez complète, il reste des lacunes : « la preuve avec la campagne de communication du Stade Rennais ».

Pas de mystère pour l’élue, nommée en janvier 2013 au Haut conseil de l’égalité entre les hommes et les femmes, il est primordial de privilégier la mixité et l’égalité professionnelle. « En tant que collectivité, nous sommes donneurs d’ordre. Nous nous devons de développer des actions avec des cycles de conférences, des campagnes de communication… », explique-t-elle.

Autre combat important : la prévention des violences sexuelles et sexistes. Un travail que réalise le Planning Familial 35. « Au delà de notre mission d’information, de consultation et d’orientation, nous travaillons en partenariat avec des réseaux comme le Centre d’Information sur le Droit des Femmes ou SOS Victimes par exemple », explique Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35, implanté à Rennes et à Saint-Malo.

HORS HEXAGONE

Au cours du mois de mars, la Maison Internationale de Rennes accueille et organise des événements en lien avec la Journée des Femmes, parmi lesquels deux conférences ont particulièrement attiré notre attention. Le 13 mars, l’association France Palestine Solidarité propose une rencontre avec Hamdan Zouhr, une femme palestinienne, qui viendra parler de son emprisonnement qui a duré 6 ans. Elle témoigne de la condition des prisonniers et de la situation à Ghaza, « prison à ciel ouvert », comme l’explique Ghania Boucekkine, vice-présidente de la MIR.

Deux jours plus tard, les regards seront tournés vers le Mali avec la présentation de l’ouvrage L’Afrique mutilée, en présence d’une des auteures, Nathalie M’Dela Mounier. Pour Ghania, il était essentiel de se centrer sur ce pays « mutilé géographiquement mais aussi au niveau de ses ressources et de ses structures. Sans oublier que les femmes qui vivent là-bas sont les premières victimes de la guerre. Elles sont violées, esclaves sexuelles… ».

Que l’on soit femmes des années 70, d’aujourd’hui, de France ou d’ailleurs, les luttes sont loin d’être terminées et égales.

Infos pratiques : Infos sur www.metropole.rennes.fr 

Pour les visites guidées, s’inscrire sur histoire.feminisme.rennes@gmail.com

Des années 70 à aujourd’hui, Brigitte Rocher n’a jamais cessé de s’investir dans la lutte pour le droit des femmes. Portrait d’une directrice qui prône la sexualité libre et heureuse, pour tous.

À cette époque, elle est étudiante et est déjà très impliquée dans le mouvement féministe, prenant part au com­bat dans différentes associa­tions locales comme le Groupe de femmes de La Paillette, puis plus tard L’Insoumise. « Nous étions très engagées pour la loi sur l’IVG qui n’existait pas avant janvier 1975 (loi Veil, ndrl). Et aussi sur la loi Neuwirth de décembre 1967, qui autorisait la contraception, mais dont les nombreux décrets ont joué sur la lenteur de son application », explique Brigitte Rocher.

Elle a environ 22-23 ans lorsqu’elle décide avec un groupe de mili­tantes de créer une Maison des femmes. Si le mouvement a déjà pris de l’ampleur, le pro­jet ne voit pas le jour, faute de subventions suffisantes. Néan­moins, elles n’en restent pas là et lancent le café La Margelle, 9 rue Saint Malo à Rennes. L’objectif était « d’ouvrir un lieu convivial pour les femmes mais aussi pour les hommes ». Un endroit dynamique dans lequel étaient organisés des soirées, des concerts, des lectures… Nous sommes alors en 1980. Un an plus tard, La Margelle ferme : « Certaines étaient enceintes, d’autres partaient à l’étranger… C’est normal, nous avions 25-26 ans ! Mais nous étions satisfaites de ce que nous avions créé ».

LE COMBAT CONTINUE

En parallèle, Brigitte Rocher était adhérente puis membre du Conseil d’administration au Mouvement Français du Plan­ning Familial, qui prendra en­suite le nom qu’on lui connaît actuellement. « Je participais à un groupe de travail organisé là-bas. J’étais très intéressée par la problématique de la santé », explique-t-elle. En effet, après ses études de sociologie, elle entre à l’École nationale de la Santé publique et reste dans ce milieu pendant plus de quinze ans en tant que chargée de mis­sion puis responsable de ser­vice à la Caisse primaire d’as­surance maladie.

À presque 50 ans, on lui propose le poste de directrice du Planning Familial 35. Dix ans plus tard, ce travail représente toujours pour elle un pas de plus dans cet engagement auquel elle tient : « C’est toujours un travail militant qui a du sens. Nous sommes là pour aider les hommes et les femmes à choisir leur famille. Cela rejoint le slo­gan des féministes dans les an­nées 70 : « Un enfant, si je veux, quand je veux ». En résumé, nous prônons la liberté sexuelle ».

Une liberté sexuelle qui signifie d’avoir le choix de sa grossesse grâce à une contraception rem­boursée (par la Sécurité sociale pour les adultes, gratuite pour les mineurs). Une avancée due à la lutte des femmes avant la loi de 1967, qui a perduré dans le temps. Brigitte Rocher se souvient qu’à cette pé­riode, « nombreux étaient les hommes et les femmes qui vivaient dans de grandes souf­frances parce qu’ils avaient déjà 6 ou 7 enfants et craignaient d’en avoir d’autres ! ».

Encore marquée par ces années, elle déplore aujourd’hui « le manque de militantisme, d’adhérents au Planning, de moyens financiers ». En Ille-et-Vilaine, seulement une centaine d’adhérents, dont les 26 salariés et les 20 membres du Conseil d’administration. Pourtant, elle ne lâche pas, voyant que certaines causes mé­ritent d’être défendues, « comme la lutte pour le mariage pour tous, à laquelle nous avons pris part ».

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Journée de la femme : actions, détermination
Brigitte Rocher, directrice du Planning Familial 35

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