Célian Ramis

Ladies night : les petites reines du vélo

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La petite Rennes
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La Petite Rennes proposait une soirée spécialement organisée pour les femmes où chacune pouvait venir réparer son vélo. Au programme, bricolage, customisation de bicyclette et buffet gourmand.
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Ce jeudi 19 juin, La Petite Rennes proposait une soirée spécialement organisée pour les femmes où chacune pouvait venir réparer son vélo. Cette association populaire, qui propose des ateliers chaque semaine autour du vélo, espérait attirer le public féminin. Au programme, bricolage, customisation de bicyclette et buffet gourmand.

Je n’y connaissais pas grand chose en mécanique, j’avais déjà changé un guidon mais c’est tout. J’avais un peu envie de bidouiller, et puis cette idée de soirée filles m’a fait sauter le pas. Plus d’excuses désormais!” C’est avec près d’une trentaine de femmes que Gaëlle est venue participer à la Ladies night, organisée par La Petite Rennes, où les filles ont eu la possibilité de se retrouver entre elles pour réparer leurs vélos. Cette association solidaire et participative propose en effet des ateliers vélos à l’année, ouverts à toutes et à tous, au 20 rue Chicogné, à Rennes.

UN FACTEUR D'INTÉGRATION SOCIALE À LA MOBILITÉ

C’est l’envie de redonner aux bicyclettes leur heure de gloire qui a finalement poussé Simon Thieulin à fonder cette organisation en 2011, précisant vouloir aider les gens à retrouver leur autonomie : “C’est ce que l’on appelle un facteur d’intégration sociale à la mobilité”. David Piedo, président de l’association, ajoute que “l’expertise sur les vélos peut être déléguée et qu’apprendre à faire les choses soi-même fait partie de l’éducation populaire”. Trois ans après, plus de 1 000 adhérents se sont laissés séduire par ce concept un peu écolo-branché, follement dans l’air du temps.

Cependant, l’association peine à attirer un public féminin, force est de constater que l’atelier rempli de mâles jouant de l’outillage pourrait effectivement en intimider plus d’une...

Je serai sûrement venue même si la soirée filles n’avait pas eu lieu, mais c’est quand même beaucoup moins intimidant de se dire que l’on est juste entre nous”
confie Aline, ravie d’avoir trouver un atelier pour son vélo.

LE CONCEPT DE LA SOIRÉE SEMBLE RAVIR LES ADHÉRENTS

L’idée est de faire venir les femmes qui ont envie de participer aux ateliers, mais qui n’auraient pas forcément osé passer le pas de la porte spontanément,” précise Claire, ajoutant vouloir casser cette image girly qui a tendance à coller aux soirées féminines.

C’est donc devant leurs locaux, portes grandes ouvertes, que Claire, accompagnée de 3 autres bénévoles, a accueilli les participantes pour leur présenter le concept et animer la soirée. Dehors, les boissons et gourmandises posées sur les tables invitaient à la convivialité.

Nous ne sommes pas des professionnels, ce que l’on aime c’est aussi de pouvoir nous retrouver ensemble autour d’un verre et de nos vélos, et de discuter de ce que nous aimons, sans chichis.”

Et c’est sur un bon morceau de Minitel Rose que les filles ont donc tour à tour changer leurs roues, nettoyer leurs vélos ou réparer leurs freins, le tout dans une ambiance très décontractée.

“Si la soirée marche bien, nous allons peut-être envisager d’en organiser régulièrement”. Alors que le concept de la soirée semble avoir ravi les adhérentes, la Ladies Night aura cependant fait naître quelques émules puisque les locaux ont été tagués quelques jours plus tôt, les responsables de cet acte de vandalisme exprimant rageusement leur haine, vociférant contre la “bourgeoisie du centre ville”.

Triste constat pour David, qui se rassure cependant de pouvoir compter sur le soutien des adhérents mais aussi des LGBT et des féministes.

Simon quant à lui souhaite à l’avenir sortir peu à peu du créneau purement mécanique pour se concentrer sur l’événementiel. Un vélo musical ou encore un vélo resto, il ne manque pas de ressources et d’idées pour nous épater.

Célian Ramis

Le rêve des Créatives prend forme

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Triangle, Rennes
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Le 12 juin dernier, les 10 jeunes femmes se sont produites sur la scène du Triangle, en présence d’une centaine de spectateurs venus assister à l’avènement de ce projet.
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Rappelez-vous, il y a quelques semaines, le groupe des Créatives travaillait sur un spectacle mêlant chorégraphie et chant, dans le but de créer une connexion entre la sensibilité artistique et le monde professionnel. Le 12 juin dernier, les 10 jeunes femmes se sont produites sur la scène du Triangle, en présence d’une centaine de spectateurs venus assister à l’avènement de ce projet. À 20h30, les danseuses frémissaient d’impatience à l’idée de faire naître le fruit de leurs répétitions. La salle est comble. La scène silencieuse. Lever de rideau…

C’est aux côtés de leurs 7 partenaires que Dania, Soiz et Mariette ont dansé ce soir-là, au Triangle. Après 45 minutes de spectacle, la chorégraphe Corinne prend la parole afin d’expliquer ne pas avoir thématisé le travail dans le but d’offrir au groupe l’opportunité de se laisser émerger, et de se laisser aller à cette part d’inconnu propre au projet.

On a commencé par des jeux avec une ouverture poétique, raconte Mathieu, pour aller chercher en elles un contact avec le monde, tout en restant présent et discret à la fois.” Très vite, les Créatives ne tardent pas à laisser exprimer leurs émotions, encore bousculées par l’adrénaline de la soirée. “J’aurai aimé que cela dure plus longtemps, déplore Dania, je me sens nostalgique car c’est déjà fini. C’était très intense”, souligne-t-elle, confessant avoir pleuré juste avant de monter sur scène.

UN FANTASME QUI SE CONCRÉTISE

Je sais désormais que je suis capable, affirme-t-elle au moment de faire le bilan. Ce qui pouvait m’effrayer, comme faire entendre ma voix par exemple, m’a, contre toute attente, procuré beaucoup de plaisir. J’attendais avec impatience ce jour, un peu comme lorsque l’on prépare un entretien d’embauche.” Désormais, elle gardera en mémoire cette force, cette énergie qui l’a poussée à se surpasser. Car là était son véritable défi.

Et le lien avec le monde du travail ? “Cette force qui s’est révélée en moi me servira pour faire face au monde extérieur, que ce soit pour des entrevues ou dans mes relations sociales.” Tout comme ses partenaires, Dania a appris la tolérance de la différence. La jeune femme, qui se décrit comme étant très impulsive, sait à présent faire confiance aux autres.

IL FAUT ACCEPTER DE SE LAISSER GUIDER PAR L'AUTRE

Quant à Soiz, elle a appris à s’aimer. Son défi était de prendre réellement conscience de ses atouts. Plus qu’une aventure humaine, c’est un véritable apprentissage de développement personnel qu’elle avoue avoir vécu. Si au départ elle reconnait avoir eu beaucoup de retenue, son manque de confiance s’est très vite envolé, laissant place à l’envie de créer et d’aller à la rencontre des autres.

“J’ai enfin réussi à me laisser guider et à lâcher prise afin d’aller jusqu’au bout de ce projet,” conclut-elle satisfaite. L’avenir? “Nous avons comme projet de faire un documentaire sur nous, dans la foulée, avec cette même énergie si productive. Une chose est sûre, c’est que l’on ne veut pas se perdre de vue!” Mariette, instigatrice de cette initiative, ajoute avoir eu l’idée de réaliser ce projet en visionnant Les invisibles, film documentaire sorti en 2012 et retraçant la vie des homosexuels dans les années 50.

C’est la différence de chaque femme qui les a rapproché. Cette “féminitude”, à ne pas confondre avec le féminisme précise t-elle,  a besoin d’être mise en lumière.

“Savoir que l’on est capable d’aller au bout de ce qui s’apparentait à l’origine à un rêve est un fantasme qui se concrétise. La société nous impose déjà tellement de limites aujourd’hui, alors pourquoi s’en créer nous-même? Tout est possible, même dans notre maladresse.”

Les Créatives l’auront bien compris : l’union fait la force. Si pour elles, le groupe leur a permis de faire face au regard des autres, la plupart aura appris que pour lâcher prise, il faut accepter de se laisser guider par l’autre. Elles en retiendront le souvenir d’une aventure riche et forte d’un bel esprit d’équipe, qui a fait naître de façon naturelle cette envie de créer ensemble. Les Créatives, c’est un petit peu comme cette bande de copines que l’on aurait tant aimé avoir, un groupe soudé au sein duquel chaque personne apporte tellement à l’autre par sa différence et par sa connivence.

Célian Ramis

Lesbiennes, les invisibles ?

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Si les femmes représentent le sexe inférieur, le deuxième sexe comme l’a défini Simone de Beauvoir en 1949 dans son essai philosophique et féministe Le deuxième sexe, « les lesbiennes et les bisexuelles cumulent, elles, le fait d’être homos ET femmes ».
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Quand on pense à la Marche des fiertés, on imagine les rues de Rennes se tapisser des cou­leurs du drapeau arc-en-ciel, on voit une marée humaine prendre quartiers place de la mairie et sur l’esplanade Charles de Gaulle et on sent un vent de liberté s’élever dans les airs de la capitale bretonne. Et si la manifestation prend des allures colorées et festives, elle n’en est pas moins militante et porte à plusieurs voix les re­vendications des personnes LGBTI – lesbienne, gay, bi, trans et intersexe. Le 7 juin, le Centre GLBT de Rennes, les associations adhérentes, les militantes et militants ainsi que chaque per­sonne souhaitant prendre part à l’événement, marcheront fièrement dans le centre-ville ren­nais afin de lancer leur message affilié aux prin­cipes de liberté et d’égalité pour toutes et tous. Un peu plus d’un an après la promulgation de loi Taubira – publiée au Journal Officiel le 18 mai 2013 - sur le Mariage pour tous et quelques se­maines après le retrait officiel d’une promesse de campagne, de François Hollande, autour de la PMA – qui ne figurera pas dans la loi sur la famille et qui ne devrait finalement pas être portée devant le Parlement lors de ce mandat socialiste – dans quel état d’esprit se dérou­lera cette Marche des Fiertés 2014 ? YEGG a voulu connaître l’avis des femmes lesbiennes à Rennes, qui semblent souffrir de plusieurs types de discriminations.

Si les femmes représentent le sexe inférieur, le deuxième sexe comme l’a défini Simone de Beauvoir en 1949 dans son essai philosophique et féministe Le deuxième sexe, « les lesbiennes et les bisexuelles cumulent, elles, le fait d’être homos ET femmes  », expliquent Aurore Malinet et Audrey Moullec, membres du CA du Centre GLBT de Rennes, à l’initiative – avec Orianne Siret – des Ladies Meeting organisés les 1ers et 3èmes dimanches de chaque mois au local de l’association. Alors l’union de deux personnes de « catégorie deuxième sexe » constituerait-elle le quatrième sexe ?

« Dans un groupe hétéro, j’ai déjà entendu dire  : « Toi, tu n’es pas une vraie fille » », nous précise Aurore, qui milite pour la déconstruction des idées reçues. Elle a les cheveux longs, assume sa féminité et son homosexualité. De quoi semer la zizanie dans certains esprits étroits pour qui une lesbienne porte son orientation sexuelle sur le visage. Un visage aux traits masculins assorti d’une attitude à la garçonne. « Les gens ont du mal à comprendre que l’on puisse avoir envie de mettre des mini-jupes et des doigts à une fille », lance Océanerosemarie, auteure, chanteuse et comédienne qui a co-signé, avec Sandrine Revel, la bande-dessinée La lesbienne invisible, dont elle a également tiré un one-woman-show. Dans ce spectacle, elle brise les tabous et les stéréotypes, parle sans langue de bois de sexualité féminine et dénonce les comportements hétérocentrés (qui considèrent que l’hétérosexualité représente la norme).

Ce dimanche après-midi, une dizaine de femmes est réunie dans le local du CGLBT, à quelques mètres du métro Villejean. Autour d’un thé, d’un café, de gourmandises salées et sucrées, elles échangent autour de la préparation des sushis, des makis, de la féminisation des termes et des différentes catégories désignant l’orientation sexuelle. Elles s’interrogent également sur la différence entre les associations homos et les associations féministes. « Je suis venue ici car je suis homo, ça m’a suffit pour venir mais je pense que les féministes ont plus de mal à faire venir les gens  », explique l’une des femmes. « C’est comme partout, tu viens mais si l’ambiance ne te plait pas, tu vas t’en aller  », lui répond une autre. La discussion se poursuit pendant plusieurs minutes, se prolonge et prend parfois des chemins de traverse, passant d’un sujet à un autre aux grés des envies des participantes.

« Nous avons lancé les Ladies Meeting il y a environ un an car nous voulions que les femmes – qui aiment les femmes ou qui se posent des questions – puissent avoir un moment entre elles. Pour partager, échanger, en toute convivialité ! »
Audrey Moullec, membre du CA du CGLBT, à l'initiative des Ladies meeting.

« Et en toute sécurité  », ajoute Aurore. Pouvoir parler librement, de son orientation sexuelle, de ses doutes, ses appréhensions, son cheminement personnel. « On lance parfois des débats, en fonction de l’actualité ou non. Sinon, ce sont les personnes présentes qui amènent des sujets sur le tapis. On joue parfois à des jeux de société et on va souvent au cinéma après, mais pas qu’entre femmes », précise la jeune femme, qui a fait son coming-out il y a 3 ans environ. « J’ai mis quasiment un an à le dire. J’étais épuisée, j’avais peur des réactions et puis j’ai fini par l’annoncer. Ma mère a un peu plus de mal à l’accepter mais en règle générale ça s’est bien passé  », nous dit-elle.

RECRUDESCENCE D'ACTES HOMOPHOBES

Si on se figure que l’homosexualité féminine est plus facile à assumer et à accepter, il n’en est pas moins difficile de l’annoncer à sa famille, ses proches et son entourage qui peuvent adopter des réactions surprenantes, insoupçonnées et blessantes. Chaque année, SOS Homophobie publie un rapport détaillé sur l’homophobie en France, à télécharger gratuitement sur leur site Internet. Basé principalement sur les témoignages reçus par l’association au cours de l’année 2013, le rapport sur l’homophobie 2014 révèle une recrudescence d’actes homophobes, biphobes et transphobes. L’an dernier, 3 517 témoignages ont été recueillis par la structure qui note à la fois une « libération de la parole homophobe mais également une libération de la parole des victimes  », nous a-t-on expliqué par téléphone. Un mal pour un bien ? Pas tout à fait. Jamais l’association n’avait comptabilisé autant de récits oraux – malgré l’augmentation des faits dénoncés : de 365 en 1997 à 1 977 en 2012 – ce qui souligne un élément déclencheur fort et marquant dans l’année en question. « Forcément, il y a un lien avec la forte opposition au Mariage pour tout-e-s  », dévoile SOS Homophobie qui consacre d’ailleurs un chapitre du rapport à la loi promulguée le 17 mai 2013.

« La Manif pour tous a été quelque chose de très douloureux pour nous. Douloureux de découvrir que des gens de notre entourage étaient homophobes. Et aujourd’hui le retrait de la PMA est particulièrement blessant : on ne nous considère pas capables d’élever des enfants ».
Aurore Malinet, membre du CA du CGLBT, également à l'initiative des Ladies Meeting.

Pour Audrey, les forces opposantes ont décomplexé les haines en tout genre et ont signifié un recul sexiste ineffable laissant sous-entendre que les femmes devaient retrouver leur place… de femmes.

En Ille-et-Vilaine, peu de témoignages ont été recueillis par SOS Homophobie. Avec 38 cas recensés, le département n’est pas classé parmi les zones qui comptabilisent le plus de récits (il en est de même pour le reste de la région Bretagne) « mais il faut bien penser que pour certains, on ne peut pas identifier le lieu dans lequel ils se trouvent  ». Sans oublier de mentionner qu’il s’agit là de témoignages volontaires puisque tous les actes homophobes ne sont pas déclarés et dénoncés. Pourtant, il est indéniable qu’ils ont augmenté. « Cette année, nous avons vu de nombreuses personnes venir au Centre à la suite d’une agression, de menaces ou d’insultes  », déclarent celles qui sont à l’initiative des Ladies Meeting. Les cas les plus fréquents pour les actes de lesphobie prenant la forme d’insultes (57% au niveau national).

Pour Orianne Siret, le problème réside dans la peur suscitée par les mouvements contestataires de 2013 : « La parole décomplexée crée maintenant une pression supplémentaire au moment de faire notre coming-out. On a l’impression que l’on va relancer le débat alors qu’à ce moment-là, on veut simplement parler de nous, pas d’un problème de société  ». Le mot est lâché. Problème de société.

« Je ne veux plus parler de tolérance. On tolère, ça veut dire qu’on ne veut pas voir ! »
Orianne Siret, membre du CA du CGLBT, à l'initiative des Ladies Meeting.

L’adoption du Mariage pour tous constitue alors une victoire quelque peu amère « car le mariage a été accepté, après 6 mois de débats houleux, mais pas l’adoption. Enfin très peu. Sans parler de la PMA…  » Cette loi, il la fallait. On parle alors d’évolution logique après l’adoption (houleuse) du Pacs « mais il ne faut pas s’arrêter là, il faut continuer d’agir  ». Un point sur lequel la rejoint Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité, mais qui ne souhaite pas parler de discrimination lorsque l’on aborde l’argument de la PMA quand on la croise au Forum de l’égalité des droits et de lutte contre les discriminations, le 23 mai dernier.

UNE MARCHE POUR LA DIGNITÉ

Agir pour la reconnaissance des droits des homosexuels en tant qu’individus, en tant que couples, en tant que familles. C’est dans cet état d’esprit que le centre GLBT entend manifester lors de la Marche des Fiertés. Depuis le début de l’année, les militants s’investissent chaque lundi soir pour organiser ce que l’on appelait auparavant la Gay Pride. La Marche, qui englobe toute la communauté LGBTI, se veut festive mais pas seulement. Avant tout militante et citoyenne, elle réunit environ 2 500 personnes chaque année, dont certaines qui peuvent, ce jour-là uniquement, assumer leur différence. « Cela fait 20 ans que ça existe à Rennes. Et chaque année, nous portons les mêmes revendications. On a juste enlevé le point sur le mariage et actualisé le mot d’ordre qui est Nos vies, nos corps : nos droits  », expliquent Antonin Le Mée, président du CGLBT et Julien Fleurence, vice-président.

En ligne de mire : le gouvernement. Pour Julien, il est certain que la parole décomplexée et impunie des politiques a sa part de responsabilité également. « À droite, il y a un intérêt électoral à être contre le mariage et la PMA et à gauche, il s’agit de lâcheté  », précise-t-il. Dans les revendications, on note alors l’abandon de la PMA, le changement d’état civil des trans, la mutilation des enfants intersexes, entre autres. Pour le président du CGLBT, « tout comme il y a une montée de l’homophobie, il y a une montée du sexisme. C’était déjà là avant mais le verrou a sauté l’an dernier ».

LES FEMMES, TOUJOURS SOUS REPRÉSENTÉES

Ils regrettent l’absence de prévention en terme de sexualité pour les lesbiennes et les bisexuelles. Même s’ils soulignent des avancées puisqu’un partenariat se construit avec le Planning Familial 35. Dans le local de l’association, on remarque rapidement les prospectus, la documentation, à destination des gays principalement, malgré quelques brochures sur le préservatif féminin, sur les infections sexuellement transmissibles, sur la sexualité en toute sécurité ou quelques ouvrages littéraires dont les trop peu (re)connues oeuvres de Violette Leduc. « Peu de documents s’adressent aux femmes, aux lesbiennes et aux bis, souligne Orianne. Même à la télévision et au cinéma, on voit bien que les lesbiennes sont moins représentées que les gays. Dans une série comme Girls par exemple qui est très moderne, pas un seul couple de lesbiennes ! Et au ciné, on a un peu l’impression que maintenant qu’il y a eu La vie d’Adèle, il va falloir attendre 10 ans pour revoir un film sur l’homosexualité féminine.  »

Les homosexuelles souffriraient alors d’un manque de représentativité et de visibilité. Et même au CGLBT, on reconnaît qu’elles sont moins nombreuses à venir lors des permanences du mercredi – de 19h à 22h. « Les lesbiennes rencontrent les mêmes problèmes que ceux des femmes dans la société soit en parallèle de leur condition, soit de manière amplifiée  », rationalise Antonin. Les femmes, lesbiennes ou bisexuelles, souffrent donc tout autant de la difficulté de s’imposer dans un groupe mixte. Les hommes prenant plus facilement la parole pour s’exprimer en public. Dans la lesbophobie, plusieurs facteurs apparaissent de manière plus ou moins pernicieuse :

« Une femme qui aime une femme. L’être inférieur qui aime l’être inférieur. On comprend qu’elle adopte une attitude masculine pour se rapprocher du sexe supérieur. Mais en même temps, on lui dit de ne pas quitter sa place de femme soumise.  »

Impossible pour certains de ne pas catégoriser selon la norme imposée par le couple hétérosexuel : une femme qui aime une femme est par conséquent un homme. Défiant toute logique, certaines lesbiennes figurent dans la catégorie des invisibles comme le défini Océanerosemarie, une notion trop bien comprise par Orianne Siret. Les stéréotypes s’accumulent, se transmettent au fil du temps et se banalisent. Les gouines, goudous, colleuses de timbres, brouteuses de minous, et on en passe, seraient dans l’imagerie populaire des bombes sexuelles ayant des rapports intimes entre elles, tout en fantasmant sur la venue salvatrice du pénis. « Et dans ce fantasme, on pense toujours que ce sont deux hétérosexuelles finalement. Et pour les bis, c’est pire, on pense toujours que le plan à trois est assuré !  », confie Audrey, qui ne dévoile sa bisexualité qu’à son entourage proche à cause des conséquences que son orientation sexuelle entraine. « On est vu(e)s comme des traitres car on ne choisit pas…  », souligne-t-elle.

Lesbiennes et bis sont confrontées à des idées reçues communes : battues pendant l’enfance, mal baisées par les amants qu’elles ont connus, pas vraiment femmes dans le fond, frustrées ou encore pas définitivement « perdues  »… « Ça, c’est pour les hommes. Pour les femmes, elles pensent souvent qu’on va les draguer ou être automatiquement attirées par elles ». Aurore, de son côté, ne se laisse pas envahir par la crainte et n’hésite pas à s’afficher en couple dans la rue et en public, sauf la nuit « car les voitures ralentissent, on nous regarde avec insistance. Ça fait parti du fantasme…  »

Maïwenn, 19 ans, étudiante à Rennes, elle, le vit différemment. Si elle a été profondément choquée par le retrait de la PMA de la loi sur la famille « car au delà de l’homosexualité, tout le monde a le droit de fonder une famille  », elle ne ressent pas d’insécurité dans l’espace urbain. « Je n’ai jamais vécu de violences, à part le regard de certaines personnes. Ma mère m’a dit de faire attention en public par exemple mais je ne me sens pas en insécurité  », explique-t-elle. Mais le fait de devoir se méfier ne sonnerait-il pas comme un premier degré de violences ? Il note toutefois une inégalité profonde entre les hétéros et les homos.

FAIRE ÉVOLUER LES MENTALITÉS

Au CGLBT de Rennes, les membres du bureau réfléchissent à des moyens de faire évoluer les mentalités avec des moyens financiers réduits. « Depuis quelques années, nous avons un contrat d’objectif avec la Ville de Rennes. C’est-à-dire qu’elle nous délègue la fonction de diagnostic », explique Antonin. Et si dans les rangs de l’asso, on reconnaît les bienfaits d’une relation en bonne intelligence avec les élus locaux, on note tout de même que cela n’est pas encore suffisant pour avancer davantage. Surtout que certains militants sont fatigués, épuisés.

« L’an dernier, il y a eu des burn-out, des hospitalisations, de l’épuisement. Surtout qu’on luttait avec des moyens beaucoup plus faibles que ceux de la Manif pour tous  »
Antonin Le Mée, président du CGLBT.

Aujourd’hui, les adhérents pensent à une campagne basée sur la dérision, qui serait selon eux bien plus impactante : « Comme les gens en ont marre des manifestations, on pense que ça ferait du bien à tout le monde d’y mettre un peu d’humour ». Autre alternative, la reprise de l’association étudiante rennaise Commune Vision, située dans le bâtiment Erève de Rennes 2. En janvier 2014, une poignée de militantes ont pris en charge cette asso quelque peu endormie depuis plusieurs années (comme l’a été récemment le CGLBT ou encore l’association lesbienne rennaise Femmes entre elles).

« C’est une structure étudiante, LGBTQI – Queer et Intersexe – ouverte à tous dans laquelle on trouvera un accueil, de la prévention et du militantisme  »
explique Falone, présidente, qui fréquente également le CGLBT avec sa compagne, Faustine.

« Nous sommes une association adhérente du Centre mais indépendante. Nous serons à la Marche des Fiertés d’ailleurs  », précise-t-elle. Et féministe aussi dans les statuts, un point qui pour l’instant reste discret. Des permanences seront ouvertes dès septembre pour « des relations individualisées, de proximité, ça c’est important  », souligne Faustine. L’avantage selon les deux militantes : « Nos subventions ne viendront pas de la Ville de Rennes. Nous aurons plus de possibilités dans nos actions  ».

Pour l’heure, les associations agiront main dans la main le 7 juin sans distinction de statuts, de rôles ou d’orientations sexuelles. « C’est un moment pour être nous-mêmes, tous ensemble, dans une bonne ambiance. Si nous n’avons plus trop d’espoir concernant la PMA – à part en allant en Belgique – nous allons quand même faire la fête, ce jour-là est fait pour malgré tout !  », conclut Aurore. Car c’est quand le soleil brille pendant la pluie qu’on perçoit alors les arcs-en-ciel.

À ce jour, le projet de loi sur la famille ne prévoit pas l’élargissement de l’AMP (assistance médicale à la procréation, nommée aussi PMA) aux femmes célibataires et aux couples lesbiens. Mais qu’est ce que l’AMP ? Le docteur Célia Ravel, responsable du centre CECOS du CHU de Rennes, nous explique.

L’Assistance médicale à la procréation rassemble différentes techniques de procréation dont les plus courantes sont :

- l’insémination artificielle intra utérine : la technique la plus simple, nécessitant au préalable un traitement de stimulation. Elle consiste à injecter à l’intérieur de l’utérus les spermatozoïdes recueillis par masturbation au laboratoire, à l’aide d’un cathéter. 4 à 6 cycles sont possibles, avec un taux de réussite évalué entre 15 et 20% pour chaque cycle.

- La fécondation in vitro : une méthode plus complexe (divisée en plusieurs phases nécessitant une stimulation hormonale), qui consiste à prélever un ovule pour le féconder en culture et l’introduire dans l’utérus. Le taux de succès varie de 25 à 35%.

« C’est un engagement au parcours long et compliqué », souligne  Célia Ravel du Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains (CECOS) du CHU de Rennes. Actuellement, peuvent y prétendre les couples hétérosexuels rencontrant des difficultés à concevoir un enfant depuis deux ans (avec des rapports sexuels réguliers). Pour cela, ils devront au préalable passer les examens du bilan d’infertilité. De manière générale, les femmes devront ainsi évaluer leur réserve ovarienne avec une prise de sang, une échographie et une hystérosalpingographie, soit une radiographie de l’utérus et des trompes.

Les hommes feront eux un spermogramme pour analyser le nombre,  la mobilité et la forme de leurs spermatozoïdes. Toutes les démarches seront remboursées intégralement par la sécurité sociale jusqu’aux 43 ans de la patiente. Bien sûr, chaque AMP proposée par le médecin est adaptée en fonction de chaque situation. « Tout dépend si c’est un facteur masculin ou féminin car il existe différents cas d’infertilité », précise-t-elle. Infertilité inexpliquée, infertilité génétique, infertilité infectieuse, traumatismes, antécédents chirurgicaux ou due aux traitements anticancéreux. Dans ce dernier cas, il s’agira d’ailleurs d’une préservation de fertilité. Les femmes en couple ayant une insuffisance ovarienne ou une endométriose sont également concernées.

Selon la spécialiste, l’AMP reste évidemment un sujet sensible car « on touche au début de la vie ». Et si elle était un jour ouverte aux couples de femmes ? Les médecins pourraient-ils s’y opposer ? « Il y aura forcément une clause de conscience », répond Célia Ravel, avant de préciser que les cliniques belges qui accueillent ces femmes sont actuellement florissantes…

Infographie : © Sophie Barel

Engagée au CGLBT de Rennes, Orianne Siret, 26 ans, étudiante en psycho, répond à nos questions sur l’homosexualité féminine.

Avant d’officialiser votre homosexualité, avez-vous eu des expériences hétérosexuelles ?

Oui, j’ai eu un copain vers 20 ans, nous sommes restés ensemble 4 ans, nous sommes séparés depuis 2 ans. Avant lui, je me posais déjà des questions, j’éprouvais de l’attirance pour des filles après le lycée. Au collège déjà, j’avais ressenti quelque chose pour une fille que j’avais vu à la télé mais j’avais refoulé. Ensuite, j’avais dans mon entourage des gens qui disaient « Les homos, faut les soigner ». Politiquement et socialement, je n’étais jamais d’accord, je les défendais beaucoup. On en prend plein la gueule parce qu’on aime « différemment ».

C’est à cette période que vous avez commencé à vous poser des questions ?

En fait, j’avais des problèmes familiaux et mon orientation sexuelle n’était pas ma priorité. Je me disais que j’étais bi. On imagine toujours que c’est avant l’homosexualité. Là je suis attirée par les femmes mais peut-être que je serais plus tard attirée par les hommes. Qui sait pourquoi ? Et même si on savait la réponse, à quoi ça servirait ? En fait, j’ai eu besoin de me trouver, moi. Je suis allée au CGLBT de Rennes et Antonin m’a dit « On ne va pas te demander de preuves » et ça, c’était très important pour moi. C’est stressant, on a toujours l’impression qu’il faut se définir. Qu’il faut sans cesse se justifier, être cohérent, stable. Surtout que je n’ai pas encore eu d’expérience homosexuelle. Beaucoup se demandent comment on peut être lesbienne sans avoir « testé » mais on ne se demande pas si on est hétéro… J’ai parfois l’impression qu’on me demande mon CV sexuel (rires) !

Quelles ont été les réactions lors de votre coming-out ?

J’étais ingénieure en informatique, un milieu très masculin mais plusieurs de mes collègues étaient des potes. L’homosexualité féminine passe mieux avec les hommes en général. C’est déjà pas facile d’être une femme dans le domaine de l’informatique, on vous dit « Tu n’es pas vraiment une fille ». Même si c’est une blague, ça me touche. Au même titre que « tu es homo car tu as été battue dans ton enfance ». Et dans les milieux féminins, je sais que l’on a plutôt peur des réactions de type « Pas de soucis, tant que tu ne me dragues pas ». On s’interroge souvent sur le moment de l’annoncer. Mais quand je ne le dis pas, j’ai le sentiment de cacher quelque chose, de ne pas être moi-même. On est alors dans le rôle de pré-supposée hétéro.

Et pour votre famille ?

Aucun souci avec mes tantes, cousins et cousines. Je ne l’ai pas encore dit à mes parents car il faut avant tout que je rétablisse la communication auparavant. On ne sait jamais comment vont le prendre les parents, j’ai entendu déjà tant d’histoires ! Ça se passe rarement réellement bien.

Est-ce facile de faire des rencontres à Rennes ?

Pas tellement. Finalement, on souffre aussi du manque de représentativité (au cinéma par exemple, on voit plus souvent des films qui traitent de l’homosexualité masculine…). Dans les bars, il y a plus souvent des hommes et aucun établissement n’est spécifiquement lesbien, à part L’Extaz mais peu s’y retrouve. L’Insolite est plus accueillant mais c’est majoritairement masculin je trouve, comme pour le Batchi. Ce sont plus des lieux pour sortir que pour faire des rencontres. Et ensuite, on éprouve aussi des difficultés en tant qu’« invisibles », quand ce n’est pas écrit sur notre tête que nous sommes lesbiennes. Un avantage qui peut aussi être un inconvénient !

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Homosexualité féminine : la double discrimination
Lesbiennes, le quatrième sexe ?
La PMA, c'est quoi ?
Entretien avec Orianne Siret

Célian Ramis

YEGG fait sa BIennale de l'égalité : Dans l'intimité du hammam (5/5)

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Lorient
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Un spectacle intense et émouvant « À mon âge je me cache encore pour fumer », présenté par la compagnie finistérienne Les Cormorans.
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La 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, organisée au Palais des congrès de Lorient, s’est achevée samedi 17 mai par le spectacle intense et émouvant « À mon âge je me cache encore pour fumer », présenté par la compagnie finistérienne Les Cormorans.

Une histoire de femmes, d’Algérie, d’Islam, de condition féminine dans les pays arabes mais aussi une histoire de solidarité, de force et de beauté. Un magnifique tableau présenté par la compagnie de théâtre Les Cormorans, originaire de Carantec dans la baie de Morlaix, et adapté de la pièce de l’auteure et comédienne féministe Rayhana, À mon âge je me cache encore pour fumer. Cette femme algérienne avait été violemment agressée en janvier 2010 à Paris, au moment des représentations de cette pièce, en raison du sujet traité.

En 2014, Gilles Kermarrec choisit de mettre en scène la première œuvre écrite en français de Rayhana, avec sa troupe de théâtre – constituée de femmes de 14 à 62 ans - avec qui il travaille depuis de nombreuses années. C’est devant une salle comble que la compagnie finistérienne a joué ce nouveau spectacle de qualité et assurément émouvant.

La pièce se déroule dans un hammam à Alger et présente le destin de neuf femmes oscillant entre rébellion, aspiration et soumission. Elles sont d’âge et de conditions diverses mais sont toute réunies dans cet espace protégé et intimiste initialement dédié à la toilette des femmes. Au cours du spectacle, elles échangent, toujours avec passion et ferveur, autour de leurs vies, de leur condition de femmes.

D’une situation banale au départ, la pièce de Rayhana nous emmène au cœur de l’intimité de ces neufs personnages profondément engagées et enlisées dans leur propre existence. Elles discutent, débattent, s’engueulent, se contredisent et se déchirent tandis que Fatima, la masseuse en chef, tente de les calmer et de les rappeler à l’ordre : « Vous êtes dans un hammam, vous êtes ici pour vous laver, on ne parle pas politique ici, apprenez à rester à votre place ».

Elles ont des parcours et des idéologies différents et éprouvent des difficultés à se comprendre et à cohabiter dans un espace fermé alors qu’elles aspirent toutes à une certaine liberté. L’une a subi une agression à l’acide et vient de divorcer, l’autre est mineure et enceinte – sans être mariée – une autre ne jure que par Dieu et a perdu son mari, assassiné parce que considéré terroriste, une autre encore attend de pouvoir épouser un homme pour fuir le hammam…

Briser les stéréotypes manichéens

Quand soudain arrive une occidentale, « une brunasse habillée comme une blondasse ». Elle vient rencontrer la patronne qui doit lui présenter une fille pour son fils quadra, célibataire, qui veut une vierge portant le voile « car les filles de France ont tout perdu, la religion, la tradition… »

Elle apporte une autre vision contrastée de la condition féminine qui vient se heurter à la différence des cultures. La pièce interroge, interpelle et intéresse car elle ne délivre aucune réponse brute et brise les stéréotypes en présentant et confrontant plusieurs points de vue. Ici, l’auteure, le metteur en scène et les comédiennes ne prennent aucun parti pris sinon celui de présenter un instant de vie durant lequel se croisent plusieurs destins et diverses facettes de la problématique énoncée. Ils dépeignent une condition féminine complexe et difficile à vivre à travers des portraits beaux et forts. Les dialogues sont poignants et renvoient à un quotidien cabossé dans lequel se mêlent espoirs, rêves, blessures, failles, rancunes, peurs et plaisirs. 

Pendant une heure, les spectatrices – peu d’hommes assistent à la représentation – sont suspendues aux lèvres des comédiennes qui envoient une haute dose d’électricité dans l’audience. La compagnie théâtrale use d’humour, de douceur mais aussi de sévérité, et de brutalité. Aucun sujet ni individu n’est épargné que ce soit dans les discussions ou dans l’émotion partagée. Sur scène, la tension est palpable.

Toutefois, elles diffusent et transmettent le message avec beaucoup de justesse et finesse, relevant le pari de peindre un tableau d’une grande beauté sur lequel figurent ces femmes liées par leur force et leurs valeurs aussi différentes soient-elles. La pièce passe de la comédie au drame avec beaucoup de subtilité à laquelle s’ajoute la force de la mise en scène de Gilles Kermarrec qui fait danser et chanter les comédiennes, accompagnées par un accordéoniste et une violoncelliste. Un instant d’une grande beauté qui nous pousse à la réflexion et à l’ouverture d’esprit.

Célian Ramis

YEGG fait sa BIennale de l'égalité : "Parler pour libérer les consciences" (4/5)

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Lors de la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem a répondu à nos questions, samedi 17 mai.
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À l’occasion de la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Najat Vallaud Belkacem était de passage à Lorient, samedi 17 mai. Elle a répondu à nos questions lors d’un point presse, à l’issue du débat auquel elle participait – en compagnie de Pierrick Massiot, président du Conseil régional de Bretagne – autour des politiques publiques d’égalité.

YEGG : La 4e Biennale de l’égalité se termine aujourd’hui en Bretagne, seule région à proposer ce type de manifestation (la ville de Reims organise également une Biennale de l’égalité). Pourrait-on imaginer que la Biennale de l’égalité soit imposée dans chaque région française, et chapotée par le ministère des Droits des femmes ?

Najat Vallaud Belkacem : C’est une très bonne idée ! Il faudrait en parler aux collègues des autres régions pour organiser tout ça. Ce que je peux dire de la Biennale de l’égalité en Bretagne, c’est que je trouve que c’est une initiative formidable. Deux jours pour mettre en lumière les inégalités et pour rassembler les acteurs autour d’un débat commun. C’est aussi l’occasion de découvrir des combats menés par d’autres structures.

J’aime aussi l’idée qu’elle tourne, qu’elle ne soit pas définie dans une ville en particulier (la Biennale a été organisée à Brest, Morlaix et Saint-Malo, ndlr). Aussi, la Biennale soulève des points cruciaux dont il est important de parler pour libérer les consciences. Car souvent les victimes n’ont même pas conscience d’en être ! Il faut leur faire prendre conscience de tout ça, c’est tout l’enjeu ici. Et ça passe par la communication…

YEGG : … et par la transversalité. On le sait, vous aimez jouer et agir avec tous vos domaines de compétence (droits des femmes, ville, jeunesse et sports). La preuve avec la récente nomination d’une ancienne athlète pour lutter contre l’homophobie dans le sport…

Najat Vallaud-Belkacem : Tout à fait ! J’ai le plaisir d’être en charge des Sports et de pouvoir agir pour sa féminisation. Je pense qu’il faut lutter contre toutes les discriminations. Et surtout lorsqu’elles sont subies en raison de son orientation sexuelle. J’ai nommé Maguy Nestoret-Ontanon pour être en charge de la lutte contre l’homophobie dans tous les sports. Je pense que quand on ne nomme pas le mal, on a du mal à le combattre. Pour l’homophobie, c’est la même chose. D’où la nomination de cette ancienne athlète pour lutter contre ça.

Média : La Biennale s’intéresse à l’égalité au quotidien. Alors qu’est-ce que l’égalité change au quotidien ?

Najat Vallaud-Belkacem : Aujourd’hui, nous n’avons pas l’égalité. Il faudrait donc se demander ce qu’elle changera quand on l’aura réalisée. L’égalité donne la liberté d’être soi. D’être une femme et être chef d’entreprise dans le BTP. D’être un homme et être assistant maternel. C’est génial comme projet de société et l’égalité est un élément essentiel dans tous les pays, nous l’avons encore dit lors du débat.

Média : Il y avait vendredi matin un débat intitulé « Éducation : faut-il avoir peur ? ». Qu’est-ce que vous en pensez ?

Najat Vallaud-Belkacem : Je suis ravie que la Biennale ait osée cet intitulé. Le droit des femmes ne doit pas se contenter de parler qu’aux initiés. Sinon, on avance très vite mais finalement on se rend compte que l’on est seul et que la société ne nous suit pas. Il faut acquérir le réflexe de l’égalité. Dans les médias, la télé, les pubs… tout dans la société nous pousse à exclure de notre champ d’horizon des rôles ou des métiers parce qu’ils sont attribués aux filles ou aux garçons.

L’éducation à l’égalité explique les différences qui existent mais explique aussi et surtout que nous aspirons aux mêmes choses. Il faut changer les mentalités, s’autoriser à ambitionner des choses. Et ça, ça se construit très jeune. Avoir accès à l’éducation à l’égalité, c’est ce que défendent les valeurs de la République.

Célian Ramis

YEGG fait sa Biennale de l'égalité : Girl power contemporain (3/5)

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Le girl power s'impose sur la scène de la Biennale de l'égalité avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les soeurs Bervas.
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Conférences, tables-rondes, ateliers, spectacles composaient la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, au Palais des congrès de Lorient, vendredi 16 mai. Le soir venu, à quelques mètres de là, c’est dans le parc que les femmes ont continué de s’exprimer. Par la chanson et la musique cette fois, avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les Sœurs Bervas.

Vendredi, à 20h30, le parc Jules Ferry respire le calme et la tranquillité. Pourtant, les voix puissantes des membres de The Boxettes percent cette fausse quiétude. Celles qui se sont produit le 20 mars dernier, à Rennes, sur la scène de l’Antipode sont de retour en terre bretonne pour environ une heure de beatbox détonnant, 100% féminin, pour notre plus grand plaisir.

Ces cinq londoniennes, alignées en toute simplicité et sobriété, font résonner leurs voix a cappella devant un public restreint, contre toute attente. Le groupe est composé de quatre vocalistes et beatboxeuses, Alyusha Chagrin, Kate Brown, Neo Joshua et Yvette Ribby-Williams, réunies autour de Bellatrix, première championne du monde de l’histoire du human beatbox.

Leurs chansons mêlent puissance, pureté vocale, harmonies mélodieuses et techniques impressionnantes de beatbox en mélangeant les genres musicaux qui oscillent entre r’n b, soul, hip hop et jazz. Engagé, le quintet expriment à travers leurs textes le girl power contemporain en chantant la force détenue par les femmes. Et la démontrent également en formant un groupe uni au style percutant et original.

Leur concert soulève un vent d’énergie et apporte un souffle nouveau à la scène beatbox. La performance de Bellatrix ne peut passer inaperçue et ne cesse d’étonner et d’impressionner la gente masculine tant elle dévoile des capacités hors-normes. Vêtue d’une robe noire et d’une paire de baskets streetwear, la championne anglaise ne se contente pas de flirter avec les graves, elle produit avec sa voix – et semble le faire avec une aisance déstabilisante – des fréquences que la basse ne pourrait délivrer.

Elle se mesure alors à des techniques de dubstep et de drum and bass, délivrant ici une énergie enivrante qui incite le public à se rassembler devant la scène pour danser. The Boxettes alternent chansons originales et reprises – de Rudimental et Lorde – et même impro, en demandant aux spectateurs de leur donner 3 mots – freedom, peace et aller (to go) – pour en faire une chanson. Elles entrainent le public dans leur univers, grâce à leur présence scénique et leur générosité. Un groupe qui illustre à merveille le thème de la Biennale de l’égalité femmes-hommes.

Dans le clan Bervas

Il est 22h et des poussières – et des bières pour certains échauffés - lorsque le deuxième groupe monte sur scène. Une scène plus chargée que lors du tableau précédent puisque Les Sœurs Bervas sont accompagnées, elles, de plusieurs instruments. Trois musiciens soutiennent le duo féminin constitué d’Ann et de Gaëlle. Le changement d’ambiance est radical.

Du human beatbox diabolique, on passe à la chanson française teintée de musiques venues d’ailleurs. Une affiche séduisante également. Les deux complices proposent un univers « réalistico-féérique » aux allures de cabaret familial dans lequel on croise des personnages cabossés, des souvenirs douloureux et dans lequel on soulève des cailloux hantés par des secrets de famille. Logique quand on partage depuis toujours le même environnement familial. Au fil des chansons, Les Sœurs Bervas nous embarquent dans leurs vies réelles, imagées et imaginées, avec ferveur mais aussi avec douceur puisqu’elles chantent derrière chaque ligne des textes un thème central et universel, celui de l’amour.

Et si on avoue ne pas adhérer entièrement au style proposé - qui souligne quelques faiblesses en matière d’originalité dans le genre musical – il est à noter qu’elles ont l’art de faire danser les spectateurs et de les emmener dans leur monde déjanté et festif. Ces deux lorientaises s’arment de belles paroles pour naviguer contre vents et marées avec humour, émotion et gaieté contagieuse. Les Sœurs Bervas apportent une touche humaine de par leur sens de la théâtralité et de la scène.

Parfois cruelles, parfois fantasques et parfois à fleur de peau, elles mettent leur imagination et leur vision de la vie à nu avec élégance et même sensualité.

Célian Ramis

YEGG fait sa BIennale de l'égalité : Marche ou C-rêve (2/5)

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Vendredi 16 mai, Laëtitia Mazoyer présentait sa conférence gesticulée « Marche ou C-rêve ! : L’échappée belle ou la longue traversée des violences conjugales ».
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Vendredi 16 mai, Laëtitia Mazoyer présentait sa conférence gesticulée « Marche ou C-rêve ! : L’échappée belle ou la longue traversée des violences conjugales », à l’occasion de la 4e Biennale de l’égalité, organisée à Lorient. Un parcours de combattante et de militante.

Deux groupes sont constitués au fond de la salle. Laëtitia Mazoyer, au milieu, observe, écoute, attend. Les femmes, et les rares hommes présents, accordent leurs arguments avant de les confronter entre eux. La conférence commence ainsi. Par un débat mouvant. D’un côté, celles qui sont pour l’affirmation « C’est le premier pas qui coûte ».

De l’autre, celles qui sont pour l’affirmation « Ce n’est pas le premier pas qui coûte ». Ce premier pas coûte et compte pour certaines et pour d’autres, il est l’élément déclencheur mais pas nécessairement le plus important. Après un échange convivial qui se conclut par une dernière affirmation d’une participante - « Cela dépend des situations et des personnalités… » - Laëtitia Mazoyer invite les spectatrices à s’asseoir pour parler de son premier pas.

Celui qu’elle a fait pour quitter le foyer familial mais surtout celui qu’elle a fait pour sa marche de Nancy à Strasbourg. « Quitter le foyer où je vivais des violences, enceinte de 8 mois… J’avais besoin de partir, besoin de protéger mon enfant », lance-t-elle devant une audience ébahie et pendue à ses lèvres. C’est en octobre 2010 que la jeune femme a franchi le pas. Déjà séparée de son compagnon, elle est encore noyée dans les démarches administratives.

Cette année-là, elle s’engage pour la grande cause : la lutte contre les violences faites aux femmes (année nationale). Sur scène, elle prend alors sur son dos, le sac de voyage qu’elle avait d’abord placée devant son ventre pour illustrer la grossesse. Elle sort des cartes et surtout un drap sur lequel elle a dessiné son trajet qu’elle étend sur un fil à linge. « Avoir un trajet, une première étape, ça me donnait déjà une perspective. J’avais défini des étapes, pris des gites. Un sac à dos, un duvet, des draps. Quand une femme part, il faut penser à prendre les papiers, la trousse de secours… Souvent le départ ne s’improvise pas, sauf pour les cas de danger imminent. Allez, on décolle ! »

Marche ou C-rêve n’est pas une invitation au voyage mais une manière pédagogique et vivante de retransmettre le parcours vécu par cette femme. Et qui pour la 7e fois joue sa conférence gesticulée. « J’ai choisi de parler de l’après car il est difficile de témoigner quand on est encore dedans. Mais c’est vital de témoigner, pour informer, pour donner une vision large aux potentielles femmes qui peuvent le vivre », nous confie Laëtitia.

Un discours commun à celui de Rachel Jouvet, victime de violences conjugales à 18 ans, qui a choisi de raconter son histoire dans la pièce « Je te veux impeccable, le cri d’une femme », mise en scène et jouée par la compagnie rennaise Quidam théâtre (lire notre Focus n°19 – novembre 2013). Pour Laëtitia, la marche est une manière d’apprendre à vivre avec la solitude qui l’habite depuis qu’elle est partie du domicile conjugal. Elle établit un lien entre la peur ressentie lors du départ et celle des premiers jours de randonnée.

« La peur vous colle à la peau. J’ai passé du temps à la dompter », explique-t-elle. Chaque étape fait écho à ce qu’elle a subi au cours de l’après. Les émotions, le changement d’humeur, les difficultés, le découragement, l’épuisement, l’envie d’aller plus loin, d’avancer, de se reconstruire… Elle a déjà connu tout ça. Mais lors de sa marche, elle se libère, éprouve le plaisir de marcher, fait des rencontres. Et au fil de la conférence gesticulée, elle crée des parallèles entre son cheminement personnel et le chemin parcouru dans l’histoire des luttes féminines. « J’ai commencé à sortir de mon idée que l’égalité femmes-hommes, c’était acquis », dit-elle en posant sur son nez des lunettes avec un seul carreau teinté. Et pour sortir davantage du brouillard, elle sort deux autres linges qu’elle attache au fil, derrière elle.

« J’ai découvert deux triangles qui ont complètement bouleversé ma façon de penser. L’un qui explique la situation : il y a le persécuteur, la victime et le sauveur dans une relation triangulaire. L’autre montre comment s’en sortir : la protection, la permission et la thérapie », décrit-elle.

Néanmoins, la jeune femme ne se contente pas de ces schémas et fouille dans les écrits jusqu’à tomber sur une enquête concernant les violences faites aux femmes et un numéro de téléphone : « On m’a répondu : « Vous avez le bon numéro », c’était formidable ». C’est avec un humour fin et léger que Laëtitia fait passer son message et conte son expérience. Un parcours de combattante mis en parallèle avec une marche de militante.

Un problème social

« Au bout d’un moment, en cours de route, j’ai commencé à marcher avec joie et j’ai tué le prince charmant ». Silence dans la salle, les spectatrices étant piquées par la curiosité. Dans une démonstration théâtrale, Laëtitia illustre la relation de couple.

Elle tient son sac à dos, bras tendus, en position de supériorité face à elle. Elle se baisse, se baisse et se baisse encore, jusqu’à plaquer d’un coup sec le sac à dos à terre et se relève fièrement en scandant « J’ai tué le prince charmant, pas l’amour ». Et la conférence reprend son rythme de marche, tantôt saccadé, tantôt rapide, et tantôt ralenti. Une cadence irrégulière que chacun et chacune peuvent comprendre et imaginer en se remémorant des instants de vie.

« Je me suis rendue compte que j’étais un problème social. J’étais vachement rassurée », précise-t-elle. Rires étouffés dans la salle. Un problème social. Comme toutes ses femmes qui à un moment ont choisi de résister, de bousculer l’ordre établi et de refuser l’autorité :

« C’est un angle nouveau dans le témoignage contre les violences faites aux femmes. J’ai découvert ça en lisant le livre de Patricia Romito, Un silence de mortes – La violence masculine occultée, et je trouve ça très important que les femmes ne soient pas soumises. Si elles mettaient la même énergie ailleurs que dans le combat contre les violences, elles pourraient déplacer des montagnes ! »

Laëtitia Mazoyer termine par le discours qu’elle a prononcé lors du colloque sur les violences faites aux femmes, une fois arrivée à Strasbourg : « Je voulais vous parler de l’après… Une fois qu’on est parti… Dont on ne parle pas beaucoup ». La conférence gesticulée s’achève sur le cri de guerre qu’elle a inventé lors de sa marche. Un moment intense et émouvant qui restera gravé dans les mémoires des spectatrices et spectateurs qui prennent ici la mesure des drames subis par plus d’une femme sur dix en France, sans compter celles qui ne dénoncent pas ou ne réalisent pas les violences dont elles sont victimes.

Célian Ramis

YEGG fait sa BIennale de l'égalité : Le cerveau a-t-il un sexe ? (1/5)

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La neurobiologiste et directrice de recherche de l’Institut Pasteur, Catherine Vidal, présentait vendredi 16 mai sa conférence « Le cerveau a-t-il un sexe ? »
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À l’occasion de la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, organisée par la région Bretagne au Palais des congrès de Lorient, la neurobiologiste et directrice de recherche de l’Institut Pasteur, Catherine Vidal, présentait vendredi 16 mai sa conférence « Le cerveau a-t-il un sexe ? »

Elle mène une double vie, Catherine Vidal, comme elle aime le dire au début de sa conférence. Dans sa première vie, elle est dans son labo et travaille sur la vie et la mort des neurones dans les maladies neuro-dégénératives. Et dans la seconde, elle s’intéresse aux stéréotypes et aux idées reçues qui concernent les femmes et les hommes.

Pas n’importe lesquels : ceux qui émanent de l’idéologie du déterminisme biologique. À savoir que les femmes et les hommes auraient un cerveau différent, d’où les inégalités entre les sexes. Pendant près d’une heure, la neurobiologiste va balayer les grandes idées reçues profondément gravées dans l’imagerie populaire. Le médecin, anatomiste et anthropologue Paul Broca défend, au XIXe siècle, l’idée d’une infériorité féminine due à la taille et au poids de leur cerveau, pesant environ 1,200 kg contre 1,350 kg en moyenne pour les hommes.

« Mais déjà à cette époque, on savait qu’il n’y avait pas de relation entre la taille et le poids du cerveau et l’intelligence. Par exemple, le cerveau d’Anatole France pesait 1 kg et celui d’Einstein 1,250 kg. On ne serait jamais allé dire qu’Einstein aurait pu être une femme… », démontre Catherine Vidal. Pour déconstruire les stéréotypes les plus ancrées dans l’opinion, elle se base alors sur plusieurs études et sondages menés d’abord dans les années 80 – le cerveau est découpé et placé dans le formol – puis dans les années 90 jusqu’à aujourd’hui – les études sont réalisées par IRM : « Ces dernières montrent que statistiquement, il n’y a pas de différences entre le cerveau d’une femme et le cerveau d’un homme. Avant, avec le formol, on tirait des conclusions à partir de probabilités. On disait alors que les femmes étaient plus douées en matière de communication car leur hémisphère gauche était plus développé et que les hommes étaient plus doués pour se repérer dans l’espace car leur hémisphère droit était plus développé. »

Plasticité cérébrale et théorie du genre

Mais le cerveau, et c’est là que réside toute la difficulté, est bien plus complexe. Catherine Vidal, elle, choisit de présenter et d’expliquer, simplement, le fonctionnement de la plasticité cérébrale, qui rejoint la théorie du genre « qui n’est pas une théorie mais un concept ».

C’est lors de la vie intra-utérine que se forment les organes et que se construit le cerveau : « Le bébé nait avec 100 milliards de neurones qui ne vont pas cesser de se multiplier. Mais il faut savoir qu’à la naissance, seulement 10% des neurones sont connectés entre eux ». 90% de nos milliards de synapses se fabriquent lors de la petite enfance et tout au long de notre existence. Si notre vision est très sommaire jusqu’à nos 5 ans – le temps que le nerf optique se développe intégralement jusqu’à la connexion au système nerveux – il en résulte que l’exposition de l’œil à la lumière est une condition obligatoire pour la connexion des neurones aux voies visuelles. Il en est alors de même pour toutes les connexions.

Pour la scientifique, pas de doute : « L’interaction avec l’environnement est indispensable à la construction du cerveau, sinon il ne peut pas se câbler. L’environnement et l’apprentissage jouent donc un rôle très important ». En effet, des études réalisées sur des pianistes, mathématiciens ou encore des jongleurs montrent que l’entrainement régulier, dès le plus jeune âge, amène l’épaississement de certaines zones nécessaires à la pratique choisie, et inversement, l’arrêt des exercices entraine un rétrécissement de ces zones.

D’autres cas école sont montrés ce vendredi à l’assemblée réunie dans l’Auditorium pour appuyer l’argument de la neurobiologiste : le cerveau est malléable – il est en effet plissé dans la boite crânienne – et peut s’adapter à certaines anomalies physiques sans les répercuter sur le mental – certaines personnes subissent des ablations d’un hémisphère du cerveau et récupèrent leurs capacités après rééducation de l’hémisphère restant. Seule compte la stimulation, l’interaction, avec son environnement social et culturel.

Interférence entre idéologie et pratique scientifique

« Hormis l’hypothalamus (dont une des fonctions est de réaliser la liaison entre le système nerveux et le système endocrinien, ndlr) qui active chaque mois des neurones afin de déclencher l’ovulation chez la femme et qui marque donc une différence associée à la reproduction, il n’y a pas de différence entre les sexes pour les fonctions cognitives », explique la conférencière.

Elle poursuit : « Jusqu’à 2 ans et demi, l’enfant n’est pas capable de s’identifier au masculin ou au féminin. Il n’a pas conscience de son sexe ». Par conséquent, ses goûts et sa personnalité sont forgés par son environnement, son éducation et sa culture – décor de la chambre, jouets, vêtements, etc. – « en fonction des normes de sexe ».

La plasticité cérébrale conforte donc la notion de sexe et de genre, conduisant inéluctablement à la théorie du genre, qui selon Catherine Vidal est une « réalité conceptuelle qui ne nie pas la réalité biologique, bien au contraire, elle l’intègre ». L’homme ne serait donc pas biologiquement programmé à mieux se repérer dans l’espace et la femme ne serait pas naturellement intuitive : « Les instincts sont ancrés dans la biologie mais leur expression est contrôlée par la culture ». Et donc par tous les stéréotypes véhiculés et transmis de génération en génération.

Pour Catherine Vidal, rien ne prouve que les cerveaux masculins et féminins sont diamétralement opposés, ni même légèrement différents mais tout converge vers la conclusion de la plasticité cérébrale : « Il n’y a pas de corrélation entre humeurs et fluctuations d’hormones. Chaque femme vit à sa façon son cycle mensuel, sa grossesse, sa ménopause… » En d’autres termes, chaque cerveau, féminin ou masculin, diffère en fonction de l’histoire de l’individu qui le porte, de son environnement et de ses interactions à l’extérieur au cours de son existence.

« Il y a une interférence entre l’idéologie et la pratique scientifique et l’idée d’un déterminisme biologique persiste toujours. Les biologistes doivent s’engager auprès des sciences sociales pour diffuser la culture de l’égalité entre les femmes et les hommes », conclut Catherine Vidal, fortement applaudie au terme de sa conférence.

Célian Ramis

Médiation familiale : Conciliation lors de la séparation

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Comment est entreprise la médiation familiale ? Quels moyens sont mis en œuvre ? Comment un couple peut vivre les séances ? Les médiateurs pourraient-ils se substituer aux avocats et aux juges des affaires familiales ?
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En mai 2004, l’Assemblée nationale adoptait le texte définitif du projet de loi relatif au divorce. Une loi promulguée le 26 mai 2004 et publiée au Journal Officiel le 27 mai de la même année, qui vise à simplifier et à moderniser les procédures de divorce, datant de 1975. Ainsi, on peut lire dans l’article 255 du Code civil que le « juge peut notamment : 1° Proposer aux époux une mesure de médiation et, après avoir recueilli leur accord, désigner un médiateur familial pour y procéder ; 2° Enjoindre aux époux de rencontrer un médiateur familial qui les informera sur l’objet et le déroulement de la médiation (…) » La médiation familiale, encore peu et mal connue - loin d’être réservée aux couples mariés en instance de divorce – ambitionne de rétablir le dialogue entre les deux parties afin de pouvoir s’accorder sur différents points relatif à la séparation comme le partage des biens ou encore la garde des enfants. Comment est entreprise la médiation familiale ? Quels moyens sont mis en œuvre ? Comment un couple peut vivre les séances ? Les médiateurs pourraient-ils se substituer aux avocats et aux juges des affaires familiales ? La rédaction de YEGG s’est penchée sur ces questions.  

Depuis plusieurs décennies maintenant, le nombre de séparation des couples augmente. Aujourd'hui, en France, plus d'un couple sur deux qui passe par la case mariage, passera également par la case divorce. Et ces chiffres ne mentionnent pas les couples non-mariés. La séparation est devenue de ce fait un véritable enjeu de société. Entre déchirements des conjoints et souffrance des enfants, la médiation familiale est une solution proposée pour tenter d'apaiser ce passage douloureux.

La médiation familiale est apparue en France à la fin des années 1980, sur l'exemple du Québec. Elle a pour but d'amener les familles sur un terrain neutre pour les aider à résoudre les conflits qui peuvent surgir à différents moments : séparation des couples, difficulté de communication avec un jeune majeur, désaccord au sein d'une fratrie sur la prise en charge d'un parent vieillissant, rupture du lien entre petits-enfants et grands-parents. Néanmoins, la coordinatrice du service de médiation familiale de l'UDAF 35 (Union Départementale des Associations Familiales), Christine Duchemin, le rappelle: « Dans 95% des cas que nous rencontrons, il s'agit d'une séparation entre conjoints. »

Une épreuve douloureuse qui peut amener les ex-conjoints à s'entre-déchirer devant les tribunaux afin de faire payer à l'autre la souffrance dont il le juge responsable. Le pari qui est fait par la médiation familiale, c'est de permettre aux couples de retrouver un espace de communication pour se mettre d'accord sur les modalités de la séparation, plutôt qu'elles ne  soient imposées par la justice. À Rennes, il existe deux services qui proposent la médiation familiale: l'UDAF 35 et Espace médiation. Outre ces structures, une médiatrice officie de manière privée : Marie-Christine de Cacqueray.

LA PHILOSOPHIE DE LA MÉDIATION

Madame Hignard, juriste au Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) le rappelle:

« La médiation ce n'est pas une thérapie de couple, ce n'est pas fait pour sauver le couple. »

Bien souvent, au delà du conflit conjugal, les conjoints ont un rôle à jouer en tant que parents. Dans le préambule du texte de loi sur la famille présenté début avril à l'Assemblée Nationale, le législateur précise: « Chacun peut se séparer de son conjoint, de son partenaire ou de son concubin mais jamais de ses enfants ».

Il faut donc réinventer une co-parentalité et une communication apaisée après la séparation. Le médiateur familial joue le rôle de tiers neutre, impartial, afin de favoriser la reprise du dialogue. Selon Christine Duchemin, ce métier transmet un idéal à la société:

« Notre objectif c'est de responsabiliser les gens. Il y a une dimension philosophique importante dans notre démarche. C'est un temps à part, le médiateur prend le temps d'analyser la situation, permet aux personnes de parler, de s'exprimer soi, d'écouter l'autre. Il les aide à être acteurs de ce qui s'est passé pour devenir acteurs de ce qu'il y a à régler. Il aide à retrouver la capacité à discuter, à se comprendre et à chercher ensemble des solutions. » 

C'est un espace où l'on responsabilise les gens pour les aider à garder leur liberté de choix. La nouvelle communication établie au moment des séances doit se prolonger en-dehors des murs des séances. La réussite se fait sur le long terme, les parents qui ont eux-mêmes choisis les modalités de la séparation, les respectent plus et surtout sont plus aptes à communiquer entre eux à propos de leurs enfants. Pour la coordinatrice du service, cela montre aussi l'exemple pour les enfants : « Réussir à s'entendre au-delà de la séparation, c'est un message très fort qui est envoyé aux enfants. Ils les font grandir ensemble tout étant séparés. C'est important pour un enfant d'avoir des adultes, des parents responsables. »

UN HOMME ET UNE FEMME QUI SE SONT AIMÉS

« Une séparation c'est avant tout l'histoire d'un homme et d'une femme qui se sont aimés, qui ont décidé d'avoir une famille, qui ont vécu de belles choses avant que la relation ne se dégrade. »
Christine Duchemin, coordinatrice du service médiation familiale à l'UDAF.

Pour illustrer son propos, Christine Duchemin revient sur une médiation qui l'a marquée. Les personnes étaient en procédure depuis sept ans, ils se déchiraient, d'enquêtes en expertises. Ils sont arrivés en médiation à l'initiative de la femme, qui tentait cet ultime recours avant son déménagement dans le sud. Ce changement de région remettait en cause la résidence alternée des enfants. Pendant les premières séances, ils n'ont pas pu se regarder, ni s'appeler par leur prénom. L'homme voulait garder les enfants car il considérait le déménagement comme un choix personnel de la femme.

Elle, elle affirmait que les enfants préféraient partir avec elle. Selon ses dires, avec la médiation, ils ont pu se donner accès à ce que représentait le projet de déménagement, à leur ressenti. Lui a fini par formuler qu'il se sentait discrédité et non-reconnu dans son rôle de père depuis le début de la séparation. C'était aussi pour cela qu'il se battait depuis toutes ses années pour obtenir la résidence alternée devant les tribunaux. Difficile, donc, pour lui d'y renoncer. Face à cette confidence la femme a alors déclaré, « d'une manière très émouvante » précise la professionnelle, qu'au contraire elle estimait que sa place en tant que père était très importante auprès des enfants, qu'elle comptait énormément sur lui.

Pour elle, venir en médiation c'était aussi réfléchir sur comment il allait rester le papa de ses enfants. « Une fois que les deux ont réussi à formuler ce qui les bloquait, c'est un tapis rouge qui se déroule. Les solutions ont été trouvées en quelques séances. Je pense que si la médiation n'était pas passée par là, ces gens-là se déchireraient encore », commente la coordinatrice de l'UDAF.

PARCOURS D'UNE MÉDIATION

Le parcours d'une médiation commence par un rendez-vous d'information pour en expliquer le principe. Ce rendez-vous préalable permet d'éviter de se tromper de démarche : dans certains cas,  ce n'est pas la solution. Les cas de violences conjugales, par exemple, ne rentrent pas dans ce processus : « Pour démarrer une médiation, il faut qu'il y ait une égalité dans le couple, que chaque ex-conjoint reconnaisse l'autre comme légitime. Si la notion de respect n'est pas présente dès le départ, ce n'est pas possible. Dans ces cas-là nous renvoyons les personnes auprès d'autres professionnels qui sont plus adaptés », confie Christine Duchemin.

« Nous n'avons pas de relations institutionnalisées avec la médiation familiale mais nous renvoyons régulièrement des personnes vers ce service. Cependant  elle n'est pas adaptée dans les cas de violence intra-familiale, il faut qu'il y ait une égalité dans le couple. »
Mme Hignard, juriste au CIDFF.

Lorsque les personnes acceptent la démarche, un autre rendez-vous est fixé, cette fois-ci pour entrer dans le vif du sujet. « Chaque parcours est différent, en fonction de ce qu'il y a à régler. On fixe des séances tous les quinze jours à trois semaines, qui peuvent durer entre 1h30 et 2h. Certains n'ont besoin que de deux ou trois séances, pour d'autres il en faudra plus d'une dizaine. » Les rencontres se déroulent à trois : les deux participants et un médiateur familial diplômé.

Lors de la séance, le professionnel invite chacun à parler des points de désaccord et à exposer leur point de vue pour déterminer d'où viennent les différents. Autorité parentale, montant d'une pension alimentaire, lieu de résidence des enfants, séparation des biens... les sujets sur lesquels travaillent les parents en médiation sont nombreux et très concrets. Le médiateur n'est pas un thérapeute, même si, parfois, les blocages rencontrés ne sont pas d'ordre rationnels mais psychologiques.

Lorsque le parcours aboutit, et que les deux participants parviennent à s'entendre sur les points principaux, ils n'ont plus qu'à écrire leur accord et à le faire valider par un juge. Cette dernière étape permet aux parties d'avoir l'assurance que les accords seront officialisés. À l'UDAF 35, environ la moitié des médiations débouchent sur un accord entre les ex-conjoints. Pour d'autres ce n'est pas le bon moment ou la séparation a été trop douloureuse.

LE MÉTIER ET LES ENJEUX DE MÉDIATION

On ne peut pas s'improviser médiateur familial. Depuis 2004 c'est un diplôme d'État – le DEMF - reconnu qui nécessite un diplôme de niveau trois (c'est-à-dire un bac +2) préalable, auquel s'ajoute une formation d'environ 700 heures. Christine Duchemin précise: « Nous n'avons pas de jeunes bacheliers qui se dirigent vers la médiation familiale. Il faut avoir une expérience de vie plus importante. C'est un métier où certaines situations peuvent entrer en résonance avec notre propre vécu. Il faut savoir prendre de la distance pour ne pas laisser notre ressenti empiéter sur notre professionnalisme. La plupart des médiateurs viennent du champ du travail social. Ils ont déjà eu une expérience avant de se lancer dans la médiation. » Dans le service consacré à la médiation à l'UDAF 35, 6 médiateurs familiaux se relaient, 4 femmes et 2 hommes. Leur temps de travail équivaut à 3 temps plein.

La médiation familiale est confrontée à de nouveaux enjeux. La loi sur la famille, reportée début 2014 par le gouvernement Ayrault à cause des sujets sensibles de la GPA (Gestation pour Autrui) et PMA (Procréation Médicalement Assistée), n'a pas complètement été abandonnée. Début avril un projet de loi édulcoré, et sans les sujets polémiques, a été déposé devant l'Assemblée Nationale. Il comprend un volet sur la médiation familiale.

Jusqu'à présent les démarches de médiation étaient entreprises volontairement, tous les couples reçus ayant choisi ce mode de séparation. Le juge aux affaires familiales pouvait contraindre un couple à se rendre au rendez-vous d'information sur la médiation mais il était ensuite laissé libre de la poursuivre ou non. Dans le nouveau projet de loi, le juge peut désormais enjoindre des conjoints à se rendre aux séances de médiation. L'article 17 prévoit « à l'effet de faciliter la recherche par les parents d'un exercice consensuel de l'autorité parentale, le juge peut : […] leur enjoindre de prendre part à des séances de médiation familiale. »

Si la loi n'a pas encore été votée, elle inquiète la coordinatrice du service de médiation de l’UDAF 35:

« Nous sommes très prudents avec cette nouvelle règle. Notre objectif ce n'est pas de désengorger les tribunaux, mais d'aider les personnes. Nous craignons un peu que cette loi fasse perdre le sens premier de la médiation. »

Les professionnels ont fait remonter leurs craintes au niveau national, mais avec un peu plus de 600 médiateurs familiaux en France face à la gigantesque machine judiciaire, leur voix n'a pas encore été entendue. Ce combat, pour préserver le sens de leur métier et en garder les principes déontologiques, tout en restant complémentaires de la justice, est difficile. Les débats parlementaires qui arrivent sont ainsi très attendus.

Au fur et à mesure que la notoriété de la médiation augmente, de plus en plus de personnes y ont recours. En 2013, ce service de l'UDAF 35 a connu une augmentation de plus de 37% de son activité par rapport à 2012. Les professionnels du droit la connaissent mieux et certains juges aux affaires familiales n'hésitent plus à enjoindre les couples à se rendre au rendez-vous d'information.

Pour autant la relation entre la justice et la médiation familiale n'est pas toujours simple. Selon les médiateurs, certains professionnels de la justice, notamment quelques avocats, la perçoivent comme une concurrence indirecte dans les affaires de divorces. Pourtant la médiation familiale se veut complémentaire et non rivale, puisqu'elle est l'un des outils qui permettent une séparation moins douloureuse.

QUÉBEC, PAYS ANGLO-SAXONS... DES EXEMPLES À SUIVRE ?

D'autres pays sont en avance par rapport à la France sur le développement de ce type de service. Au Québec, mais également dans les pays anglo-saxons, celle-ci est beaucoup plus développée. La coordinatrice semble croire qu'il s'agit d'une différence culturelle : « En France on est beaucoup plus dans la culture du conflit. Pas seulement pour les séparations, même pour un conflit de voisinage on va devant les tribunaux. »

Sous d'autres cieux, le conflit n'est pas judiciarisé et les salles de médiation, familiale, mais aussi dans d'autres domaines, fleurissent au coin des rues. Il n'est pas plus étrange d'aller voir un médiateur qu'un médecin. La France est encore loin de ces situations. Cependant avec l'augmentation de l'activité de ces professionnels et une meilleure connaissance du grand public des services proposés, il se pourrait que cette solution soit de plus en plus prisée dans les années à venir.

Deux ex-conjoints ont accepté de témoigner pour YEGG de manière anonyme sur leur expérience de la médiation familiale. À la fin de l'année 2013, en désaccord sur la somme à verser pour leur fils, ils contactent le service de médiation de l'UDAF 35. Ils ont participé à trois séances qui ont abouti à un accord.

Qu'est-ce qui vous poussé à venir en médiation familiale ?

Lui : Nous sommes séparés depuis trois ans, je ne voyais mon fils que le week-end, c'était court avec le foot et ses activités. Je voulais qu'il fasse une semaine chez moi et une semaine chez sa mère pour que je le vois plus. Avant, je versais 200 euros de pension alimentaire mais avec mon salaire c'était difficile, je finissais souvent à découvert. Je pensais qu'avec la résidence alternée je ne devrais plus rien. Mon ex, elle, considérait qu'avec les dépenses liées à l'école et ses activités, je lui devrais encore de l'argent. Tous les deux, ça se passe très bien mais pour caler les choses on a préféré aller voir quelqu'un.

Elle : Depuis septembre, lorsqu'on a envisagé la résidence alternée, les questions d'argent pour la pension alimentaire devenaient centrales et pendant 4 mois on n’arrivait plus à communiquer. C'était rompu on avait plein de points de discorde et surtout on n’arrivait pas à se mettre d'accord sur le montant de la pension. Je me suis dit que la meilleure solution serait peut-être de voir un tiers pour repenser les choses calmement.

Comment avez-vous connu la médiation ?

Lui : C'est mon ex qui l'a connu. Je ne connaissais pas, c'est elle qui a pris le rendez-vous.

Elle : J'ai connu l'UDAF au moment de mon divorce car quelqu'un m'en avait parlé. J'étais allée là-bas pour faire des séances dans le service Parents ensemble. Quand la communication s'est dégradée avec mon ex-mari, je me suis rappelée qu'à l'UDAF, ils faisaient aussi de la médiation familiale. 

Quelles étaient vos attentes vis-à-vis de cette démarche ?

Lui : Quand on s'est séparés, on a été à un premier rendez-vous mais c'était compliqué, c'était bizarre et pas facile, comme tous les divorces. La première fois je n'ai pas compris, je ne me rappelle même pas ce qu'on a dit (le premier rendez-vous concernait une séance Parents ensemble ndlr). La deuxième fois (3 ans après la séparation ndlr), on a remis les choses en place  et c'est là que j'ai compris. On m'a demandé : Combien Vous dépensez pour votre fils ? Et on a mis les choses au clair.

Elle : C'était avant tout pour rétablir une communication. Retrouver un terrain d'entente avec mon ex-mari à propos de notre fils. Après, je m'étais renseignée et je savais qu'il me devait une pension, je voulais aussi qu'il comprenne ça, mais le plus important c'était de réussir à se parler.

Comment avez-vous vécu ces séances ?

Lui : C'était bien, ça permet de remettre les choses au point.

Elle : Dans notre cas, ça a été assez facile, on s'était déjà reparlé pour qu'il accepte la médiation. J'ai trouvé que les questions étaient très justes, la médiatrice mettait très à l'aise, elle savait s'adapter aux personnes. On a fait trois séances. Pendant la première, elle a remis notre enfant au cœur d'un arbre généalogique. Ça nous a permis de parler chacun de notre vie, de la personne avec qui on vit actuellement, mais aussi des grands-parents et de tout le contexte autour de l'enfant. À la fin de la séance elle nous a demandé de faire un calendrier sur un an pour calculer combien de temps notre fils passait chez chacun, et combien on dépensait par mois pour lui. La deuxième séance a été plus technique, on a repris les chiffres qu'on lui avait apporté et elle a fait un calcul à partir de ça. On est arrivé à un chiffre de pension qui était plus élevé que ce que proposait le juge. Ensuite elle nous a demandé de réfléchir tous les deux si ça nous convenait et lors de la troisième séance on s'est mis d'accord sur la résidence et la pension. La dernière fois c'était moins technique, on était plus dans la discussion.

Qu'en avez-vous retiré ?

Lui : On s'est mis d'accord, on le garde une semaine chacun et je continue de donner 100 euros par mois. On a mis ça sur papier et ce papier-là on va le montrer au juge, on a rendez-vous au tribunal. C'est bien de lui montrer que je donne une pension alimentaire, qu'on est déjà passé en médiation familiale. Grâce à ce papier, ils vont voir qu'on a fait un effort et pour le magistrat ce sera plus simple.

Elle : La résidence alternée est mise en place depuis quelques semaines et on a repris une communication apaisée. Bref que du positif ! Actuellement elle nous rédige un papier à présenter devant le juge avec nos accords. C'est vraiment ce que j'en attendais.

Est-ce que c'est une démarche que vous conseillerez autour de vous ?

Lui : Oui, cela permet de discuter pour les couples qui ne s'entendent pas, pour qu'ils puissent régler leurs problèmes avec quelqu'un qui n'est ni de la famille, ni des amis. J'ai vu comment ils interrogent les gens et comment ils travaillent, donc, oui, je le conseillerai.

Elle : Oui, en fait je l'ai déjà fait plein de fois, même quand je n'y avais pas encore participé. Il y a des gens autour de moi qui on fait une médiation au moment de la séparation. Moi j'avais un peu peur que dans notre cas, cela ne soit pas possible, je ne savais pas qu'on pouvait le faire y compris deux ans et demi après la séparation. Ça m'est déjà arrivé plusieurs fois d'en parler à des gens et de la conseiller. Plus généralement je recommande régulièrement les services de l'UDAF. 

La médiation familiale était-elle présente dans les affaires que vous traitez ?

Nous avons des personnes qui ont entamé le processus de médiation, souvent pour parler des questions liées aux enfants, très peu pour les problèmes d’argent. Dans ce cas-là, si les parties trouvent un accord, notre rôle est de le faire homologuer par un juge.

Et nous avons aussi des cas dans lesquels la médiation familiale a échoué. Généralement, nous le savons très rapidement s’il y a possibilité de rapprocher les deux parties, selon les points de désaccords. Quand c’est très conflictuel, très profond, qu’il y a beaucoup de rancœur et que cela dépasse même la séparation… Nous savons alors qu’il y a peu de chances que la médiation fonctionne.

La médiation familiale est-elle en concurrence avec le rôle des avocats ?

Je n’ai pas le sentiment que ce soit en concurrence directe. Dans la médiation, il y a un tiers, qui est neutre. J’ai la sensation qu’on traite davantage l’aspect psychologique. L’avocat résonne en terme de droit, de principes juridiques. Je pense que les deux sont complémentaires. Après, il y a certainement une vision que n’a pas le grand public mais l’avocat est aussi là pour trouver un accord.

Si nous pouvons rapprocher les deux parties, nous le faisons en discutant entre confrères ou par voie de courrier confidentiel par exemple. C’est dans l’intérêt du client que ce ne soit pas la guerre, qui mène à l’épuisement. Nous n’avons pas la même approche, pas les mêmes compétences que les médiateurs familiaux. Et c’est bien que chacun ait son domaine et soit conscient de ses limites.

Le juge pourrait-il enjoindre les deux parties à suivre les séances de médiation ?

Il peut les enjoindre à se rendre à une séance d’information. Je pense que de les enjoindre à suivre toute la médiation est contraire au principe même de médiation familiale. Elle s’effectue sur le volontariat, l’envie. Si c’est le contraire, il n’y aura pas d’écoute, c’est voué à l’échec. Ce serait vraiment aller à l’encontre du postulat de départ.

Tab title: 
Médiation familiale : une alternative lors des séparations ?
Se quitter sans se déchirer : la reprise du dialogue
Une histoire de vécu
3 questions à Anaïs Jolly, avocate - Droit de la famille

Célian Ramis

Karine Birot, la Wonder Féministe qui lutte avec humour (et Dalida) contre l’hétéropatriarcat

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Guy Ropartz, Rennes
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Karine Birot incarnait, le 25 avril dernier, Wonder Féministe ou la super-hérote qu’il manquait pour sauver le monde. Une conférence gesticulée humoristique au message cinglant et alarmant.
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Dans le cadre du festival des arts de rue Dehors, organisé par Les grands moyens à la salle Guy Ropartz à Rennes, Karine Birot incarnait, le 25 avril dernier, Wonder Féministe ou la super-hérote qu’il manquait pour sauver le monde. Une conférence gesticulée humoristique au message cinglant et alarmant.

Les féministes sont-elles systématiquement des chieuses sans humour ? Des femmes dont l’unique plaisir est d’emmerder tout le monde ? Il serait plus simple de l’affirmer mais on se priverait alors de grands débats et du spectacle offert par Karine Birot. Dans la vie civile, elle est conseillère au Planning Familial de Nantes. Et au cours de certaines soirées, à Rennes notamment, elle enfile son costume de Wonder Féministe, « la super-hérote qu’il manquait pour sauver le monde ». Parée d’un bandeau étoilé dans les cheveux, d’une cape étoilée, d’un tee-shirt rouge WF, d’une jupe têtes de mort et des bottines rétro, Karine Birot choisit d’incarner l’anti-héroïne des temps modernes.

Contrairement à Wonder Woman qui a toujours laissé planer le doute, Wonder Féministe est militante et engagée. Engagée contre les normes définies et imposées par l’hétéropatriarcat. Elle est alors bien décidée à lutter contre cela et à déconstruire les idées reçues autour des féministes : « J’en ai marre qu’elles soient associées à des chieuses sans humour ! Pourquoi doit-on se justifier à chaque fois ? Le féminisme dérange car il pose des questions sur tout, en réponse à l’hétéropatriarcat ».

Et c’est avec quelques vers de poésie moderne qu’elle entame sa conférence gesticulée, pour laquelle elle s’est formée avec la Scop Le Pavé – une coopérative d’éducation populaire – lors du dernier semestre 2013. Assise sur sa chaise, elle lit avec sagesse et philosophie : « Vous êtes charmante, est-ce que je peux vous lécher quelque chose ? », « J’aime bien les filles un peu grosses » ou encore « Oh la blondasse tu me suces la fougasses ?! » Des perles contemporaines de la tradition orale à lire sur le blog Paye ta schnek qui recense les meilleures phrases balancées par des hommes à des femmes dans la rue. La Wonder Féministe est, elle, venue « parler des femmes, des féministes, de ces individus socialement désignés comme des femmes ».

Simone de Beauvoir, dont l’esprit règne lors de la conférence gesticulée, dans Le deuxième sexe disait « On ne nait pas femme, on le devient ». Qu’en est-il pour le féminisme ? Comment et pourquoi devient-on féministe ? Simplement être femme signifie-t-il être féministe ?

Des questions que naturellement se posent toutes les femmes sensibles, ou non, à la cause des droits des femmes et de l’égalité des sexes. Mais faut-il avoir vécu les discriminations ou les violences pour se sentir concernée ? « Dès l’enfance, j’ai bien senti que quelque chose n’allait pas. On me disait souvent « Une petite fille ne fait ci, une petite fille ne fait pas ça ». Mais c’est là que j’ai développé mon premier super pouvoir : celui de ne jamais me sentir inférieure à un homme », explique Karine Birot, de sa position de femme blanche, hétéro, qui roule en Twingo (« oui j’ai du chemin à faire encore moi aussi ») et a également des préjugés sexistes, racistes et homophobes.

« Bref, je suis née dans le même monde que vous », lance-t-elle sur un ton grinçant. Dans ce spectacle, Karine Birot retrace son point de vue d’enfant et d’adolescente qui se posait comme tout un chacun des milliards de question et notamment en terme d’égalité femmes-hommes, voyant sa mère « affrontait la jungle du supermarché » et son père, « homme de gauche qui allait libérer tous les hommes de la terre mais qui n’impliquait pas sa femme dans ce sauvetage puisqu’il faut que quelqu’un s’occupe des enfants et de la bouffe » et comprenant qu’une princesse ne pouvait pas « avoir de mobylette, ne pouvait pas draguer, devait attendre de se faire draguer… »

Elle veut plus d’aventures, de bières et de rock’n roll, décide de devenir championne régionale de cul sec et ambitionne même de devenir un mec avant de s’apercevoir que ces derniers sont également limités dans leur comportement : « on peut pas chialer, on doit ouvrir les canettes de bière avec les dents et on ne peut pas porter de robe ! ». Elle se heurte alors à la sensation d’enfermement. Seulement deux cases pour définir notre nature : le genre masculin et le genre féminin.

« Les femmes ont alors un don pour les tâches ménagères, la dextérité avec le balai, le maniement de l’éponge, elles sont sexuellement désirables et n’ont pas le sens de l’orientation. Les hommes, eux, ils dirigent le monde. Le pompom de la pomponnette c’est qu’on définit ça par la nature. Les correspondances sont étranges : quéquette/foufoune, bleu/rose, on/off… »
constate la super-hérote.

Alors que les scientifiques auraient déjà allongé la liste de catégorisation du sexe humain à 48 possibilités, l’hétéropatriarcat milite lui pour conserver précieusement les deux définitions rigides de l’être humain.

« Les cases deviennent des normes et qui dit normes, dit exclusion », précise la Wonder Féministe, bien décidée à convoquer les esprits des Simone – de Beauvoir et Weil – mais aussi celui de Rebecca West, Rosie la riveteuse et ses copines issues des minorités ou encore Virginie Despentes afin de déconstruire ensemble ces idées reçues et reconstruire ensemble une société ouverte et accueillante, autrement dit égalitaire, et qui refuse ce système social qui génère des oppressions : « L’hétéropatriarcat est un vicelard, je le soupçonne d’avoir écrit le mode d’emploi des femmes… »

Métier : féministe professionnelle

« Je suis devenue animatrice socio-culturelle mais je me suis vite ennuyée. J’avais besoin d’espace pour développer mes supers pouvoirs parce que j’avais quand même un monde à sauver ! », scande-t-elle en se mordant les lèvres pour ne pas rigoler. Féministe professionnelle, elle le deviendra, c’est décidé.

Elle écume les associations féministes et découvre l’espace Simone de Beauvoir, qui abrite le Planning Familial, association féministe d’éducation populaire. C’est dans cette structure que les femmes – jeunes et moins jeunes – peuvent venir s’informer, se sensibiliser ou parler de sexualité et de tout ce qui tourne autour de ce thème central dans la vie des individus.

Elle est alors embauchée dans ce lieu guidé par le fameux slogan militant « Un enfant si je veux quand je veux » en tant que conseillère conjugale et familiale : « Pas très sexy dit comme ça. J’ai proposé ingénieuse du sexe mais ça n’a pas été accepté… » Au quotidien, elle reçoit, écoute et informe filles et femmes sans pouvoir jamais porter de jugement. « Ce n’est pas si facile que ça ! Une fois, une jeune femme de 16 ans vient me voir. Elle est enceinte et veut le garder. Moi je me dis « Très mauvaise idée » mais mon rôle est de l’informer, je lui donne donc toutes les cartes pour qu’elle fasse son choix, elle décide de poursuivre sa grossesse. La Wonder Féministe qui est en moi voudrait l’enfermer dans une pièce remplie d’enfants qui pleurent mais je suis conseillère… », se souvient Karine Birot, qui alimente la conférence gesticulée de quelques anecdotes croustillantes vécues au cours de sa jeune carrière.

Armée jusqu’à l’utérus

Et c’est à ce moment-là qu’elle brandit ses armes du quotidien : celles qui sont soigneusement rangées dans sa trousse à outils. « Nous avons au Planning Familial des planches anatomiques car le corps est un chantier et que le sexe c’est dégueulasse mais bon nous on le regarde », ricane-t-elle en accrochant les esquisses à la corde à linge qui traverse la scène.

Puis vient le moment où Wonder Féministe se transforme en véritable agent de prévention sexuelle à la Mary Poppins qui sort de son sac toute une série d’objets – beaucoup plus osés et insolites que ceux de la chère magic nanny. Tour à tour, elle épingle un préservatif masculin, puis féminin, un sex toy, une digue dentaire (pour rapports anaux et buccaux), un speculum, un anneau contraceptif ou encore une plaquette de pilule, un test de grossesse et un utérus ! Une fois tout son matériel installé, elle mime un entretien personnalisé avant de se lancer dans une tirade digne de « Moi, président » :

« Simone, elle vient parce qu’elle aime les femmes mais elle ne sait pas à qui en parler.
Simone, elle vient parce qu’elle a peur du jugement si elle avorte.
Simone, elle vient parce qu’elle a des douleurs pendant les rapports et qu’elle ne prend pas de plaisir.
Simone, elle vient parce qu’elle entend dire
« Attention Simone, ne te fais pas violer ».
Simone, elle vient parce que son père est violent et qu’elle ne comprend pas pourquoi.
Simone, elle vient parce qu’elle veut être maitresse de sa vie et avoir un enfant si elle veut.
Simone, c’est un peu moi. Simone, c’est un peu nous toutes 
».

Karine Birot, en dehors de son costume de Wonder Féministe, n’incarne pas de personnage. Elle délivre ici une conférence gesticulée – co-écrite avec Anna Reymondeaux, historienne sociologue et lesbienne féministe engagée – empreinte d’humour pour finalement exprimer le désarroi des femmes et la colère des féministes face aux discriminations et aux violences subies. Des discriminations et des violences longtemps acceptées sans dire mots.

« À l’heure où un viol est commis toutes les 7 minutes en France, le combat n’est pas gagné. Et les droits des femmes sont même remis en cause », explique-t-elle avec sérieux cette fois. Pourquoi est-on plus compréhensif envers les actes sexistes ? Pourquoi considère-t-on qu’il s’agit là d’un sujet secondaire ? Et pourquoi hiérarchise-t-on les injustices au lieu d’employer l’intersectionnalité ?

« Le féminisme dérange car ce n’est pas une question d’égalité mais d’oppression. Aujourd’hui, il est question de tout réinventer, de tout reconstruire. De vivre et d’agir sur la vie. On ne nait pas femme, on le devient comme on apprend à s’aimer et à se respecter, conclut-elle. Et n’oubliez pas, on peut être féministe et aussi aimer Dalida ». Et le boa rose est de mise pour se dandiner sur « Laissez-moi danser » !

 

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