Célian Ramis
Viols de Mazan : les coulisses d'un procès historique

L’idée de faire monter l’information sur scène, le temps d’une soirée, vient de Louise Katz, Julie Lallouet-Geffroy et Nathanaël Simon, co-fondateur-ices du nouveau média intitulé Les 3 ours. Le 24 janvier, c’est la journaliste Cindy Hubert qui revenait sur son quotidien de chroniqueuse judiciaire lors du procès des viols de Mazan qu’elle a couvert sur le terrain pour RTL, durant les 4 mois de cette affaire hors-norme.
Premier numéro d’une forme « Journal intime », il offre la possibilité aux spectateur-ices de se rassembler autour d’une actualité qui a saturé l’espace médiatique pendant toute la durée de l’affaire judiciaire. C’est là la volonté et l’innovation des 3 ours : prendre « le contrepied de l’infobésité ». Julie Lallouet-Geffroy commente : « Au lieu d’être seul-e derrière son écran de téléphone, dans son lit à écouter la radio, là, on est ensemble en 100% réel. » À la manière d’un magazine, la rédaction sélectionne une thématique, des rubriques et des angles, et commande à un-e journaliste pigiste – spécialiste de la question – le traitement du sujet ayant été l’objet de polémique et de sidération. Tout ça, sur scène, devant un public.
LES PRÉMICES D’UNE AFFAIRE HORS-NORME
À la salle de la Cité, c’est Cindy Hubert la première professionnelle à se lancer dans un spectacle d’informations de 45 minutes, environ, avant d’échanger avec la salle. Devant elle, une table, des chaises, un verre d’eau. Et ses carnets. Dans lesquels elle va compter les jours - « une habitude prise lors du procès du 13 novembre » - durant ces « quatre mois en apnée ». Cette fois, ce seront huit cahiers noircis de ses souvenirs, de ses impressions, ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, de ce qui ne se voit pas mais se ressent… « Je vais les garder car il y a des procès qui ne nous quittent jamais tout à fait », commente-t-elle.
L’affaire qui va inonder l’actualité en septembre 2024, elle la découvre deux ans plus tôt : « En 2022, on dit ‘l’affaire Dominique Pelicot’ ou ‘l’affaire de la soumission chimique’. On ne connait pas encore Gisèle Pelicot. On connait Caroline Darian, sa fille, qui vient de sortir un livre et qui vient chez nous, sur RTL. » Rapidement, elle se passionne pour cette affaire qui inclut un homme ayant fait venir des inconnus chez lui pour violer sa femme, droguée à son insu pendant, au moins, une dizaine d’années.
Au total, 51 hommes sont accusés, aux côtés de Dominique Pelicot. Il y a, dit-elle, « toute la France dans un box ». Les prémices d’un procès hors norme dans lequel les vidéos des viols vont être diffusés. « C’est très rare d’avoir des preuves matérielles dans les affaires de viols », souligne-t-elle. Impossible de passer à côté, elle tanne sa rédaction et se prépare pour le procès qui se déroulera quelques mois plus tard.
PRENDRE LE TEMPS DE REVENIR AUX FAITS, COLLECTIVEMENT
« Autour de ce procès, il y a eu beaucoup de productions mais au final, est-ce qu’on a vraiment écouté ? Qu’est-ce que l’on sait vraiment de cette affaire ? Même en étant sensible à ces sujets, on n’avait pas envie de se plonger dedans, on avait peur… Parfois les articles étaient pointus et détaillés, le cerveau bloquait. Les médias ont fourni beaucoup d’analyse mais peu de faits », explique la co-fondatrice des 3 ours. Chroniqueuse judiciaire, Cindy Hubert a couvert l’intégralité de l’affaire, a passé quatre mois dans le tribunal d’Avignon à écouter les interrogatoires et les plaidoiries, à côtoyer Gisèle Pelicot, les 52 accusés, les avocat-es, les journalistes du monde entier, les militantes féministes… et à assister à un procès historique.
Seule en scène, empruntant les codes du théâtre par un jeu de sons et de lumières, elle relate l’actualité à travers son vécu et son quotidien de journaliste. Pour Julie Lallouet-Geffroy, « l’idée, c’est de revenir aux faits avec les journalistes qui sont sur le terrain et montrent la réalité. Cindy Hubert parle du rapport qui se crée avec les accusés, qui sont assis à côté d’elle tous les jours. Elle relate l’ambivalence qui se joue là, on est dans l’humain. » Et on découvre la pratique d’un métier qu’on pense connaitre mais dont on ignore tout.
DÉCOUVERTE DU SUJET
C’est par un acte illégal que le travail débute : obtenir le dossier d’instruction. « Ça appartient au secret de l’instruction. Je n’ai pas le droit de l’avoir. Je finis par l’avoir », signale Cindy Hubert, précisant l’importance de ce document pour les chroniqueur-euses judiciaires. Noms, faits, interrogatoires… Elle se plonge dans les 371 pages, durant 2 journées entières, stabilotant les passages intéressants, marquants, essentiels, incontournables. « Plus j’avance, plus c’est atroce. Il y a cet homme qui est venu 6 fois, ce pompier qui a gardé son uniforme, ce gamin de 20 ans… On comprend que sur les vidéos, on entend explicitement les ronflements de Gisèle Pelicot du début à la fin des viols. Ce que je vais finir par entendre plus tard au procès… », déplore-t-elle.
Nous sommes juste avant l’été. Paris se prépare à recevoir les Jeux Olympiques, Cindy croule sous le travail. En contact avec l’avocate de Dominique Pelicot, elle découvre une géante du barreau. Une avocate du diable « qui assume de vouloir défendre tout le monde ». Puis en interviewant l’avocat adverse et Gisèle Pelicot elle-même, elle découvre « la femme derrière la victime ». Au départ, elle la nomme Françoise, « à sa demande », pour préserver l’anonymat. La veille, Gisèle souhaite que son nom soit révélé dans la presse. La journaliste change tous ses papiers, se rend à Avignon, enchaine les directs dès le premier jour sur le parvis du tribunal. « Gisèle arrive, elle parle, il n’y aura pas de huis clos », lâche-t-elle, comme si elle entendait cette annonce pour la première fois. Là où nous avions, à distance, observé l’affaire par la lucarne, Cindy Hubert nous ouvre les portes du palais de justice et nous offre la possibilité de nous installer à ses côtés, sur les bancs du tribunal. Et au-delà. Dans son quotidien. Dans son travail.
UN QUOTIDIEN MARQUÉ DE REPÈRES
Son hôtel avec vue sur les rails, sa routine (partir tôt, croiser Gisèle Pelicot et ses avocats au feu rouge, apercevoir Jacques et Joseph les deux accusés les plus matinaux au café, passer la sécurité), ses rituels qui la rassurent (la sonnerie du tribunal qui retentit, la cour qui entre dans la salle qui se lève puis se rassoit), la foule qui l’entoure... Il y a les journalistes, de plus en plus nombreux, de plus en plus internationaux. Il y a les accusés, « qui prennent toute la salle ». Il y a les habitudes : les accusés qui mangent d’un côté de la rue, à la brasserie rapidement baptisée « la brasserie des accusés » d’où ils seront ensuite priés de ne plus venir, l’écriture des papiers peu avant 18h avant de réaliser sa chronique en direct, la musique qu’elle écoute pour se concentrer ou au contraire pour lâcher prise, les lectures pour se vider la tête, les repas après le boulot avec les autres journalistes. Des femmes majoritairement : « Les gars font la police, les filles la Justice »
Elle témoigne du besoin de débriefer à la fin de la journée, de lâcher ce qu’elle a sur le cœur. « On parlait, on s’engueulait, on rigolait. Un procès, c’est impudique. On connait toute la vie des accusés au fil du procès. On a l’impression de les connaitre, on refaisait le procès, on refaisait le match », se souvient-elle. Elle partage avec la salle l’ambivalence de la relation avec les accusés, assis à côté d’elle. Le mouchoir de l’un tombe, on le ramasse et lui donne. Un geste anodin. Un geste humain. « Et puis, il y a des accusés qui comparaissent libres, il y a des échanges avec eux aussi. Une proximité se crée. »
FACE À LA DÉFIANCE, LA TRANSPARENCE !
Malgré l’ignominie de l’affaire, l’exigence de la neutralité, imposée par le fantasme de la figure journalistique, est irréelle et impossible à atteindre. Certains éléments du procès la bouleversent particulièrement. Elle se rappelle du 18 septembre. Gisèle Pelicot prend la parole pour la 2e fois et bluffe l’audience « par ses mots et sa détermination ». Quatre heures durant, elle est interrogée, suspectée, engueulée. « Je sors pour pleurer. Pleurer d’impuissance. Je me dis qu’il faut que je fasse mon papier et je le fais, voilà. Les meilleurs papiers sont souvent ceux qu’on écrit avec les tripes, en quelques minutes », analyse la journaliste, qui va également suivre son instinct en entendant l’avocat de la défense déclarer « qu’il y a viol et viol ». Convaincue avec sa consœur de l’importance de cette phrase – de ce qu’elle dit de l’époque, de la défense, de la loi, du procès – elles vont, après l’audience, tendre le micro à Me de Palma afin qu’il répète à nouveau son propos : « Très calmement, il y va, il le redit. Cette phrase est devenue virale, elle a envahi les murs d’Avignon sur des collages. »
C’est aussi ça la sève des 3 ours : apporter de la transparence sur le métier de journaliste. « Il ne s’agit pas juste de faire le buzz, les journalistes sont des acteur-ices du monde, pas simplement des observateur-ices, des témoins », signale Julie Lallouet-Geffroy. Parler du travail journalistique, décomposer la manière dont la journaliste a appréhendé l’affaire et investi sa mission, comment elle a composé avec la déontologie, les choix qui ont été opérés… Tout cela participe à remettre de la confiance entre la presse et la population, à une époque de grande défiance envers les journalistes (d’où l’importance et l’enjeu fondamental de l’éducation aux médias et à l’information !).
« Montrer l’arrière-cuisine, avec les choix, les bons comme les mauvais, qui sont faits par les journalistes qui restent des êtres humains ! On fait des erreurs, on est des humains »
insiste Julie Lallouet-Geffroy.
C’est ce que transmet Cindy Hubert, ce soir-là sur scène. En partageant son rôle, son vécu et ses ressentis, elle rend le travail journalistique humain et accessible.
« IL Y A DES CHOSES QU’ON PRÉFÈRE TAIRE »
Et puis, il y a aussi ce que les journalistes ne relatent pas. Ce qu’ils choisissent de ne pas retranscrire dans leurs papiers et leurs chroniques. Pas uniquement parce que les calibres ou les durées imposées ne le permettent pas. Car en 1’10, soit deux pages de texte à écrire avant le direct, rodée à l’exercice, elle peut dire 1000 choses, choisir un angle d’attaque pour parler de l’enjeu de la journée ou d’un moment en particulier (qu’elle qualifie de « frissons d’assises »). « Dans un procès, on ne peut pas tout dire, tout raconter. Il y a des choses qu’on préfère taire », dit-elle, avant de partager quelques éléments avec nous.
A notre tour, nous décidons de les garder à la discrétion de notre carnet. Parce qu’il s’agit de ne pas ajouter « du sordide sur du sordide » et de respecter une part d’intimité de Gisèle Pelicot qui n’a pas été dévoilée dans la presse durant le procès. « Ça lui appartient », précise Cindy Hubert. Alors, elle enchaine avec le moment le plus marquant des quatre mois : le verdict. « Du jamais vu ! Il n’y a pas un mais 32 mandats de dépôt, c’est fou ! La majorité des accusés sont libres. Il faut se rendre compte que quelqu’un comparait libre et va être incarcéré devant nous ! », s’écrie-t-elle. La circulation est coupée, il y a des directs dans toutes les langues du monde, les féministes sont nombreuses, à l’instar des soutiens à Gisèle Pelicot. Et jusque dans la salle, résonne L’hymne des femmes entamé hors de l’enceinte du tribunal.
Elle montre le document qu’elle a établi pour se préparer à cette journée particulière : un tableau Excel listant tous les accusés et des annotations dont elle se sert pour les identifier et les reconnaitre. « Les directs vont aller très vite, je dois être capable d’expliquer les peines prononcées, être à la hauteur. Les peines tombent, elles sont lourdes, mais plus basses que les peines requises, on est surtout sur du 8-10 ans, et tout se passe dans un calme relatif. Les familles sont dans une autre salle… », décrit-elle. Dehors, les militantes féministes scandent « Honte à la Justice ». Gisèle Pelicot sort « devant une forêt de micros avec son petit-fils » David, qui acceptera de venir en studio à RTL grâce à Cindy Hubert : « Pour moi, c’est la plus belle récompense ! »
REPRENDRE LE COURS DE SA VIE
Le 24 janvier, lors du spectacle d’informations, le procès est terminé depuis plus d’un mois. Pourtant, elle le dit, rien n’est jamais vraiment fini. Restent les mots et les images. Les mots de Gisèle Pelicot. Les images des viols qui imprègnent la rétine. Il faut désormais gérer l’après. Celui où après un tel tumulte, tout parait fade : « Après un procès, on tombe dans un trou d’air. C’est une sorte de décompensation. On connait bien ça en tant que chroniqueurs judiciaires. On parle de traumatisme vicariant, un traumatisme par procuration (subi par les professionnels exposé-es quotidiennement à des situations émotionnellement chargées, ndlr). » Faire avec, retrouver sa vie, se réinvestir dans son quotidien. « Dans ces moments-là, on est content-es d’aller au procès Sarkozy. Les infractions financières, ça détend », rigole-t-elle, consciente que dans quelques mois s’ouvrira, dans le cadre de l’affaire des viols de Mazan, un nouveau procès en appel. À la fin de l’année 2025, à Nîmes, face à des jurés. De nouveaux cahiers à annoter pour Cindy Hubert :
« Je sais que je vais retrouver Gisèle Pelicot. »
« UNE AUTRE MANIÈRE D’ACCÉDER AU RÉCIT JOURNALISTIQUE »
Son récit nous captive. Fluide et impactant. Avec professionnalisme, loin d’une description voyeuriste, Cindy Hubert documente des aspects clés et essentiels à la compréhension de son métier mais aussi du procès. Ce qui en a fait son caractère hors-norme, ce qui a alimenté la machine médiatique durant toute sa durée. Elle nous donne les faits, elle partage son vécu, nous raconte le travail quotidien d’une chroniqueuse judiciaire, la spécificité de son métier et comment elle le vit. C’est fascinant et apaisant. Loin du tumulte de l’infobésité, un souffle pour réfléchir ensemble aux informations livrées. « C’est une autre manière d’accéder au récit journalistique. Ensemble, on respire, on écoute et on débriefe ensuite », s’enthousiasme Julie Lallouet-Geffroy.
D’autres formes de spectacle d’informations sont en construction. Toujours dans une dynamique de réflexion journalistique au service de l’information et de sa diffusion collective : « Le prochain aura lieu fin avril au théâtre du Vieux St-Etienne. Ce sera une enquête avec un-e journaliste sur scène, accompagné-e de ses sources. Comme on ferait des citations dans un article. Et bien sûr, on fera varier les sujets mais ce sera toujours une actualité clivante. Tout le bruit que ça fait dans la société empêche de raisonner. Les gens se cabrent vite, le dialogue est difficile. Là, on se pose, on souffle, on en parle ensemble. »

« Face aux violences, notre silence les arrange, notre colère les dérange » Le ton est donné face à cette grande banderole qui trône en tête de cortège, en étendard et symbole du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences à l’encontre des personnes sexisées. Samedi 23 novembre, elles étaient des milliers, personnes concernées et allié-es, à se rassembler partout en France, pour faire entendre leurs voix et leurs colères et ensemble dénoncer les violences sexistes et sexuelles.
« Contre le patriarcat, riposte féministe ! », « Réarmement féministe », « Not all men – 95% », « Pour le sang et la douleur on a déjà nos règles » ou encore « J’avais 10 ans et 17 ans » Elles sont nombreuses les pancartes ce jour-là, à côtoyer les chants, les percussions et les vibrations du sol, au rythme d’une marche placée sous le signe de la combattivité, de la rage, de la joie militante et de l’espoir. Parmi les slogans emblématiques, « la honte doit changer de camp » revient comme un fil rouge, en écho à l’actualité brûlante du procès des viols de Mazan. Mais aussi des affaires et scandales qui se multiplient à vitesse historique (Bedos, Depardieu, Plaza, Doillon, Jacquot, Nekfeu, Naps, Abbé Pierre…)
Sans oublier qu’une femme est tuée tous les 2 à 3 jours par son partenaire ou ex-partenaire, que 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol par an en France ou encore que plus de 270 000 personnes subissent des violences conjugales. Elle poursuit : « Des millions de femmes, ici et partout dans le monde, souffrent en silence. Les violences brisent des vies et défigurent des sociétés. »
« Nous devons regarder vers l’avenir. Qu’allons-nous laisser ? Une société où les violences sexistes et sexuelles continueront de se répandre ou un monde où l’égalité, la dignité et le respect régneront pour toutes les femmes et les filles ? Le chemin reste semé d’embuches mais il est essentiel que nous poursuivions le combat. Pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour toutes celles qui, par peur ou honte, n’osent pas encore parler. »
« Ras le viol », « Face aux violences, notre silence les arrange, notre colère les dérange », « Le scandale, c’est le viol »… Les pancartes trônent dans l’espace public, les slogans retentissent, la foule scande « Le patriarcat ne tombera pas tout seul, organisons-nous pour lui péter la gueule ! ». Il y a de la colère, il y a de la sidération et puis, il y a aussi de la sororité, de l’adelphité et de la solidarité. Et surtout, beaucoup de courage et d’émotions, ce jour-là, samedi 14 septembre. Partout en France, les militantes féministes et allié-es se sont retrouvées pour se mobiliser, ensemble, en soutien à Gisèle Pélicot et Caroline Darian, et en soutien à tou-tes les victimes de violences sexistes et sexuelles.
Depuis l’ouverture de l’affaire judiciaire, début septembre à Avignon, Gisèle Pelicot affiche avec force sa détermination à briser le tabou et le silence et, surtout, à ne pas se taire face à une atrocité si banalisée et répandue dans la société. Elle devient, quelques mois après Judith Godrèche, le symbole de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et une figure emblématique qui fédère et permet à d’autres concerné-es de livrer leurs vécus. Elle envoie un message puissant et essentiel : la honte doit changer de camp. « Les enquêtes de la Ciivise nous rappellent clairement que ce phénomène, qui existe dans de très nombreuses familles, est caché la plupart du temps pendant des dizaines d’années. Et lorsque les victimes parlent, elles ne sont pas crues ni par leur famille, ni par les flics, ni par la Justice. Cette situation doit changer pour que les enfants puissent grandir sainement et en sécurité. Pour que nos vies soient apaisées et nos traumatismes soignés ! », déclarent les militantes de Nous Toutes 35 lors du rassemblement du 14 septembre.
« Que ce soit la violence d’un avocat qui dit qu’il y a ‘viol et viol’, que ce soit la violence d’une Justice qui ne joue aucun rôle dans la protection des victimes, la violence d’une police qui demande si on était bien habillé-es et si on a apprécié, la violence économique puisque la précarité empêche les femmes et les minorités de genre de quitter les foyers violents, la violence d’un État qui aujourd’hui a Darmanin comme ministre de l’Intérieur, qui fait semblant de se préoccuper des VSS pour enfermer des personnes issues de l’immigration et les expulser alors que lui-même est accusé de viol, la violence d’un Macron qui fait semblant de s’intéresser à la constitutionnalisation de l’IVG pendant qu’il soutient Depardieu, qui nous dit qu’on doit réarmer démographiquement le pays, etc. »
Le profil de l’agresseur :« Mon agresseur était blanc. J’en ai marre d’entendre les gens dire que les étrangers sont les personnes qui violent dans les rues. C’est pas vrai. Moi, j’ai peur de sortir de chez moi, parce que j’ai peur des hommes blancs. » / « On est dans un système où malheureusement quand on a du pouvoir, on garde notre rang, on n’est pas dénoncé… » / « C’était mon beau-père, un homme de confiance, apprécié de tout le monde évidemment, quelqu’un dont on ne pouvait pas penser ça de lui » et « Ces hommes (à propos des 50 accusés au procès, ndlr), leurs CV tournent beaucoup dans la presse. Ce qui choque, c’est que leurs vies sont ordinaires. Ils occupent des tafs ordinaires. Ça pourrait être n’importe quel homme. » La victimisation des hommes face au sujet : « C’est important que tout le monde comprenne que ce n’est pas l’individu en tant que tel qu’on dénonce mais le groupe social – homme – que vous représentez, la masse que vous êtes, l’énergie qui s’en dégage et qui peut être effrayante. »