Célian Ramis

Focus Cirque Nordique : Frappées du cuir chevelu...

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen présentaient leur création « Capilotractées », dans le cadre du Focus Cirque Nordique, organisé par l’association de production Ay-Roop.
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Jeudi 10 avril, au théâtre du Vieux Saint-Etienne, Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen présentaient leur création « Capilotractées », dans le cadre du Focus Cirque Nordique, organisé par l’association de production Ay-Roop. Un spectacle « capillairement » dingue.

L’une est brune, l’autre rousse. L’une est fildefériste, l’autre trapéziste. Elice Abonce Muhonen et Sanja Kosonen sont toutes les deux circassiennes et finlandaises. Et ont les cheveux longs. Un détail important puisque tout le spectacle repose cette information. Marquée par un spectacle vu dans son enfance, Sanja décide, avec la complicité d’Elice, de remettre la technique de la suspension par les cheveux – technique de cirque ancestrale – au goût du jour.

Ainsi, pendant deux ans, elles vont travailler et s’entrainer pour créer un numéro insolite et original de cirque capillaire. « Nous avons une coiffure spéciale pour y parvenir et il faut évidemment y aller tout doucement. Le fait de mouiller nos cheveux régulièrement pendant le spectacle les rend plus élastiques », confie Elice Abonce Muhonen à la suite de la représentation. Une représentation qui a réuni les Rennais et les Rennaises dans la salle du Vieux Saint-Etienne.

Ce soir-là, les spectateurs piqués par la curiosité s’empressent de s’installer sous les couvertures et attendent sagement, les yeux écarquillés, que les artistes dévoilent leur création.

Sur scène, deux chaises. Et une structure installée au-dessus, qui permettra aux deux circassiennes de s’élever et de s’envoler. Elles ont soigneusement tressés leurs cheveux, attachés en chignon sur le haut du crâne, dans lequel vient s’accrocher un anneau en fer. Une coiffure dévoilée après une chanson imaginée spécialement pour le spectacle, accompagnée à la guitare et au ukulélé. « Capilotractées… Capilotractées… Tirées par les cheveux… », chantent en chœur les deux complices du Galapiat Cirque.

Un petit air humoristique, simple et efficace qui annonce le thème de la soirée. Et c’est en effet un spectacle tiré par les cheveux qu’elles vont nous présenter. Théâtre, musique, danse, voltige… divers numéros se succèdent, entrecoupés d’intermèdes absurdes et burlesques alternant ainsi performances capillaires et divertissement clownesque.

Sous les cheveux, la liberté…

« Nous avons tout créé nous-mêmes. Deux personnes nous ont aidé à nous mettre en valeur dans la mise en scène. C’est très important pour notre carrière d’artistes et de circassiennes de pouvoir produire un spectacle comme celui-ci, sans agrès principal », précise Elice. Tout en conservant leurs agrès de prédilection – fil et trapèze – elles s’emparent de la suspension par les cheveux comme d’un outil de travail ordinaire, libérant ainsi jambes et bras qui peuvent alors exécuter et effectuer des mouvements entiers, longs et gracieux.

En attachant les mousquetaires au bout des cordes – reliées à la structure métallique par des systèmes de poulies – à leurs anneaux de fer, Sanja et Elice peuvent alors se suspendre dans les airs et imaginer les formes qu’elles veulent. Un vent de liberté se faufile entre les pierres froides du théâtre et fait bouger les deux corps à la fois souples et rigides qui s’amusent avec la technique mais aussi avec tout ce qui leur passent sous la main.

Une planche de bois sur laquelle l’une s’installe avec des poids pendant que l’autre décolle petit à petit du sol, jusqu’à se mettre en position du lotus, dans les airs, comme si elle lévitait. D’autres outils comme les chaises leur servent également de point de départ qu’elles transforment rapidement en terrain de jeu.

Tout devient alors matière à jouer. Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen se suspendent par les cheveux, virevoltent dans les airs, se déshabillent et se rhabillent pendant leurs envolées, délassent leurs tresses, détachent leurs longues chevelures et les font tournoyer sur des chansons françaises comportant le mot cheveux dans les paroles – avec notamment Sylvie Vartan, Dalida ou encore Jacques Dutronc – embarquant avec elles pendant plus d’une heure les spectateurs amusés et fascinés par les performances peu communes.

Sous leur tignasse, le duo crée des nœuds entre cirque traditionnel, parodies et modernité. Le tout entremêlé d’une bonne dose d’absurde, qui pourrait peut-être être amenée avec plus de subtilité et de finesse mais qui séduit sans difficulté.

Célian Ramis

Focus Cirque Nordique : Mad in Finland, la Finlande inventée

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Quittant la Finlande, leur pays d’origine, il y a une dizaine d’années, elles ont toutes eu la même envie : faire du cirque. YEGG s’est faufilé sous le chapiteau le temps d’une heure.
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La production Ay-Roop présente « Mad in Finland », cirque nordique mettant en scène sept jeunes femmes circassiennes et finnoises, qui se déroulera place du Parlement de Bretagne, du 9 au 12 avril. Seize jours. C’est le temps qu’il leur aura fallu pour monter entièrement ce spectacle. Quittant la Finlande, leur pays d’origine, il y a une dizaine d’années, elles ont toutes eu la même envie : faire du cirque. YEGG s’est faufilé sous le chapiteau le temps d’une heure.

Attention, un vent nordique souffle sur la Bretagne. Entre acrobaties périlleuses et mises en scène pleines d’humour, la rafale Ay-Roop frappe de plein fouet et s’abat sous le chapiteau de la place du Parlement. Au centre de la piste, sept femmes sont rassemblées en cercle, se serrant les unes aux autres. Il fait sombre.

Seul le murmure cinglant des rafales se fait entendre. Émane alors un chant a capella, emplissant bientôt le cirque de son étrange mélodie. En quelques secondes, nous faisons le grand saut. Direction la Finlande, où nous nous retrouvons en plein cœur de la fameuse dépression hivernale, saison allant d’octobre à avril, bien connue pour ses températures polaires et son faible taux d’ensoleillement.

Pourquoi ce thème ? « Nous sommes très nostalgiques de la Finlande. Beaucoup de petites choses, à première vue sans importance, nous manquent. Cela peut-être les bottes en caoutchouc, comme la vodka à la réglisse ou les saunas. C’est cela qui nous a donné l’idée», confie Mirja Jauhiainen. Le spectacle est truffé de références finnoises, certaines restant inaccessibles au grand public, notamment la scène du lancer de Nokia… « On doit encore retravailler la mise en scène afin que tout le monde comprenne bien de quoi il s’agit. Cela viendra avec le temps ! », nous dit-on à ce propos.

Une atmosphère détonnante

L’atmosphère dynamisante, mêlant traits d’humour et pirouettes de haute voltige, impressionne et enchante. Durant près d’une heure et demi, le spectacle bat son plein. Le public rit aux éclats, retient son souffle, applaudit. L’ambiance est électrique et chaleureuse. Pleines d’énergie, les filles sur-jouent, en fond des tonnes, et ça marche. La scène finale approche.

Une équilibriste en talons hauts et robe de cocktail s’apprête à monter sur le fil, telle une Charlie Chaplin au féminin, pendant qu’un duo de trapézistes s’adonne à un ballet chorégraphié dans les airs. C’est indéniable, « Mad in Finland » reprend les codes du cirque contemporain en y ajoutant une touche d’humour et de légèreté.

La Finlande inventée en souvenir d’une vie passée

Dix ans qu’elles se connaissent. Deux ans qu’elles travaillent ensemble. À l’origine indépendantes, c’est après une première représentation encourageante, qui n’avait pour autre but que d’être éphémère, qu’elles ont eu l’envie de continuer à se produire en groupe. Les artistes confieront à la fin du spectacle qu’elles en sont seulement à leur dixième représentation.

Une prouesse lorsque l’on constate la maitrise des acrobaties et la mise en scène si rafraichissante. « Mad in Finland », c’est donc la Finlande inventée en souvenir d’une vie passée sur une autre terre. Elles y abordent avec beaucoup d’amour les clichés finnois auxquelles elles sont restées très attachées.

« Ma mère est venue voir le spectacle et elle a tout compris. Par contre, les français ne doivent pas saisir toutes les allusions car on y retrouve beaucoup de références culturelles », raconte Sanja Kosonen. Ce que les spectateurs retiendront, c’est ce regard plein de tendresse et tellement nature qu’elles portent sur leur pays natal.

Vivant aujourd’hui en France, en Allemagne, en Espagne et en Suède, ces femmes acrobates se sont lancées dans l’aventure de la vie d’artiste sans filets. Quant à l’avenir, elles partiront en tournée internationale dès octobre 2014. Le succès sera sans aucun doute au rendez-vous.

Célian Ramis

D'Agadez à Castel Volturno, qui sont ces migrants ?

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Champs Libres, Rennes
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En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie.
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Fanny Bouyagui, plasticienne de 54 ans, née et installée à Roubaix, présente son exposition « Soyez les bienvenus » aux Champs Libres, jusqu’au 11 mai 2014. En 2009, Fanny se rend à Agadez, au Niger, où elle rencontre ces africains qui s’apprêtent à faire le grand voyage migratoire. Un an plus tard, elle cherche à savoir ce que sont devenus ces migrants et part à leur rencontre en Italie, plus précisément à Castel Volturno, petite ville étape située au nord de Naples, dirigée par la mafia italienne. Les interviews filmées et les nombreuses photos qu’elle ramène de son voyage font l’objet de ce poignant témoignage.

Fanny Bouyagui a eu l’idée de monter cette exposition alors qu’elle se trouvait à Anvers, chez une amie, discutant des sans-papiers et se demandant ce qui pousse ces Africains à tout quitter malgré les dangers dont ils ont conscience. Se remémorant l’histoire de son passé, et notamment celle de son père, sénégalais né à Dakar et arrivé en France en 1957, elle a eu envie de comparer cette époque, il y a 50 ans, où les migrants étaient les bienvenus, à celle d’aujourd’hui, plus précaire.

L’exposition retrace donc le chemin migratoire de ces africains qui rêvent d’accoster sur le continent européen, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ainsi, on entre dans l’intimité de l’artiste dès le début de la visite. Un portrait en noir et blanc de son père, Baré Bouyagui, se jouxte à un cliché où il est accompagné de sa femme, une jolie blonde prénommée Odette Vanmeenen.

La joie de vivre du couple et leur existence paisible transparait au travers leurs visages souriants. Sont également exposés des dizaines de papiers officiels, tels qu’un certificat de nationalité, un certificat de résidence ou un contrat de travail. « Mon père n’a jamais rencontré de difficultés, que ce soit pour trouver du travail ou pour se loger. Il est arrivé en France puis s’est marié avec une très belle femme, il a eu des enfants. Il a vécu heureux, tout était beaucoup plus simple », déclare Fanny le visage souriant.

« Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux »

Et pourtant, la situation aujourd’hui est bien différente. La première étape d’investigation se situe en Afrique, où les témoignages recueillis sont pleins d’espoirs. Les migrants sont prêts à tout pour arriver en Europe.

L’artiste a regroupé des milliers de photos, morceaux d’articles, cartes géographiques, où l’on peut lire : « Ils veulent continuer le chemin vers l’Europe. Il s’agit de tout sauf de rentrer chez eux », ou encore « Il existe un triptyque sur les routes clandestines : les transporteurs, les hébergeurs, les passeurs. » Par terre sont amassés des bidons en tas, enlacés dans la toile de coco.

Tout est très coloré, très chargé, saturé. Au fur et à mesure du parcours, on évolue inexorablement vers la dure réalité.

« Ici, tu meurs avant ton heure »

Seconde étape, à Castel Volturno. Les vidéos filmées bouleversent, nous livrant des témoignages touchants, reflétants la désillusion des africains installés en Europe : « Il n’y a rien ici, il n’y a que la souffrance. Si vous croisez des migrants qui veulent venir ici, dites leur bien que ce n’est pas la peine. Ici, tu meurs avant ton heure. » Les propos sont brutaux et amères. Très vite, un sentiment d’impuissance nous envahi, nous laissant simples spectateurs face à cette situation de précarité et de misère.

On ressent à cet instant même ce que l’artiste a voulu nous transmettre. Le message est passé. «Je n’ai pas de solution, et je pense qu’il n’y en a pas, conclu Fanny. Le but de l’exposition est de montrer aux gens ce qui se passe, point.  A Castel Volturno, près de 80% de la population est composée de migrants africains. C’est une zone de non-droits dirigée par la mafia. Ils vivent dans l’illégalité mais on leur fout la paix. Alors ils restent… »

Sans filtres ni retouches, Fanny Bouyagui nous livre la juste vérité à travers une mise en scène remarquable. Le point de vue personnel de l’artiste, optimiste, en noir et blanc, se heurte au point de vue collectif, coloré mais fataliste. Une expérience assurément humaine et bouleversante, sans aucun doute nécessaire à une vraie prise de conscience.

Célian Ramis

Festival Zanzan : comme une envie de changer l'image de l'autisme

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« J’ai fait ce film pour présenter une enfant qui a une liberté rare qu’on ne retrouve pas chez nous, les « normaux ». On a beaucoup à se reprocher sur notre liberté, les limites de notre normalité » explique la réalisatrice Eugénie Bourdeau
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« J’ai fait ce film pour présenter une enfant qui a une liberté rare qu’on ne retrouve pas chez nous, les « normaux ». On a beaucoup à se reprocher sur notre liberté, les limites de notre normalité » explique la réalisatrice Eugénie Bourdeau dont le documentaire, Sa normalité a été projeté vendredi 4 avril aux Champs Libres dans le cadre de la troisième édition du festival Zanzan, « Cinéma des arts et des différences » dirigé par Philippe Thomas, qui se déroulait du 3 au 6 avril à Rennes.

Ce documentaire de vingt-six minutes compile dix années de moments d’intimité de la vie d’Eugénie Bourdeau et de sa fille Lucile, 12 ans, diagnostiquée autiste à 4 ans. À la maison, en région parisienne puis à Avignon, en voiture sur un air de Francis Cabrel, lors d’une fête de la musique où l’enfant danse dans la foule ou bien à l’école, tant de moments de la vie quotidienne capturés par la caméra et le smartphone de cette mère, ancienne scripte pour le cinéma, qui décide, lorsqu’elle se retrouve seule avec Lucile à l’âge de un an de passer à la réalisation afin de filmer celle qu’elle considère comme « passionnante ».

Monté en une semaine, ce film l’a été à l’occasion d’un décrochage d’une des expositions des travaux de Lucile, « La Tribu de Lulu »*.

Parce que oui, Lucile dessine. Elle dessine frénétiquement au stylo noir, presque compulsivement, sur des centaines de feuilles par jour, des corps enlacés, en mouvement, dans un style qui, s’il est très naïf, n’en est pas moins vif et précis. Sur la vingtaine de minutes du documentaire, beaucoup de plans se concentrent sur cette activité qui accapare une grande partie du temps de l’adolescente.

Le dessin pour Lucile « c’est sa lecture des choses, une manière de traduire ce dont elle est témoin » selon sa mère. Cette voie prise par Lucile leur a ouvert de nombreuses portes explique la réalisatrice, qui déplore la succession de mauvaises expériences qu’elles ont connu dans ce système d’école ou avec des personnes qui n’ont pas su comprendre ou s’adapter à la singularité de l’enfant.

« Pour eux, nous sommes les handicapés »

En voyant ces images, on ne peut que sentir l’émotion, les moments de joie et d’amour de cette relation fusionnelle entre une mère et sa fille. C’est un documentaire joyeux, lumineux, sur un air du groupe Islandais Sigur Rós, que réalise Eugénie Bourdeau, qui a fait le choix de ne pas intégrer les colères de Lucile au montage par souci d’intimité.

C’est ainsi un film très positif qui nous est donné de voir, mais c’est en discutant avec la réalisatrice que l’on comprend en quoi le faire a été pour elle, un travail sur soi. Outil de mémoire, ce film lui a permis, en visionnant les images, de prendre du recul sur Lucile, leur relation et de s’approprier une seconde lecture des choses.

Pour la mère, le problème avec l’autisme, c’est les autres. « On fait subir à ces enfants notre propre incompétence à ne pas les comprendre. Être face à l’autisme demande un vrai travail sur soi et de revoir sa façon d’être. Les gens ne s’adaptent pas et pourtant, il faut respecter les autistes en tant que personnes », explique la réalisatrice qui garde un œil sur sa fille qui joue au soleil et s’adresse à des inconnus de manière spontanée.

Sa normalité accompagne ainsi les expositions de Lucile Notin-Bourdeau et devait tout d’abord s’adresser à un public restreint de proches. Or, si Eugénie Bourdeau n’envisageait pas sa diffusion au grand public de prime abord, l’idée de pouvoir engager des débats autour de l’autisme l’a conquise et ce fut le cas après sa projection aux Champs Libres, en sous-titré et en audio description pour ceux qui le souhaitaient.

Dans la salle certains connaissent et comprennent l’autisme, d’autres sont moins sensibilisés et posent des questions. Lucile monte sur l’estrade et commence à chanter Highway to Hell du groupe ACDC ou Down On My Knees de l’artiste Ayo sous le regard bienveillant des spectateurs qui s’amusent de son énergie et de sa liberté dont nous parle tant sa mère.

« J’ai voulu montrer une autre façon d’être, la beauté dans sa liberté », conclut Eugénie Bourdeau qui parle de « singularité » pour l’autisme plutôt que de handicap; cette singularité qui encore aujourd’hui reste compliquée à comprendre, à expliquer mais qui cette fois, rime avec légèreté et sourire.

* Pour voir les dessins de l’artiste Lucile Notin-Bourdeau : latribudelulu.com

Focus Cirque Nordique : des spectacles féminins tirés par les cheveux...

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La circassienne Elice Abonce Muhonen, qui pratique le cirque – trapèze ballant – depuis 2008 et fondatrice de la compagnie Galapiat, basée à Langueux – répond à nos questions.
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Du 8 au 12 avril se déroule Focus cirque nordique, à Rennes et Rennes Métropole, organisé par l’association Ay-Roop. Au programme, deux spectacles 100% féminin et 100% finlandais. La circassienne Elice Abonce Muhonen, qui pratique le cirque – trapèze ballant – depuis 2008 et fondatrice de la compagnie Galapiat, basée à Langueux – répond à nos questions.

Comment vous est venue l’idée du spectacle Capilotractées autour de la suspension par les cheveux ?

C’est un numéro de cirque traditionnel. Sanja Kosonen avait vu ça, quand elle était petite, en Finlande. On a voulu replonger là-dedans. Et puis, c’est différent de ce que l’on fait d’habitude.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur Capilotractées ?

On y travaille depuis 3 ans. On l’a déjà présenté en avril 2013. Et on l’a pas mal joué depuis. À Paris, à Lille, au Chili, en Finlande et maintenant à Londres (du 1er au 6 avril 2014, ndlr).

Comment est accueilli ce spectacle ?

Il est très bien accueilli. C’est marrant, les gens sont surpris, ils ont un peu peur aussi. Mais finalement c’est très humoristique. Après, nous ne sommes pas suspendues par les cheveux pendant une heure mais Capilotractées tourne forcément autour de cette discipline et des cheveux. C’est une technique que nous avons dû apprendre, au niveau de la coiffure, de la manière de s’accrocher. On savait que ça existait, on avait vu des images mais on ne l’avait jamais pratiqué.

Vous serez également, avec Sanja Kosonen, dans le spectacle Mad in Finland, présenté sous le chapiteau installé place du Parlement mercredi 9 avril.

Oui, c’est un spectacle avec 7 femmes finlandaises. Nous travaillons toutes dans le monde entier pour faire du cirque professionnel. Mad in Finland est donc bâtit autour de la Finlande er de la nostalgie que nous ressentons. On se retrouve souvent, on se rend visite, on parle finnois. Ce n’est pas quelque chose auquel on est habituées maintenant. On parle alors de notre réalité et de nos clichés finlandais.

Les clichés finlandais dont la dépression finlandaise ?

Oui, exactement. La dépression finlandaise c’est l’hiver très long, très noir. Le fait qu’on ne voit pas beaucoup le soleil. Et c’est encore plus profond. Car ce que l’on aborde dans ce spectacle ce n’est uniquement le côté négatif. Il y a aussi quelque chose de très beau à cette dépression. On touche alors à plein de choses différentes, de sujets, comme la vie des circassiens et circassiennes.

+ d’infos dans l’émission YEGG RADIO du mercredi 2 avril dans laquelle nous recevions Géraldine Werner, co-directrice de l’association Ay-Roop. À écouter ici : 25ème émission YEGG RADIO – 2 avril 2014.

 

Mad in Finland – place du Parlement de Bretagne – le 9 avril à 18h30 / le 11 avril à 20h / le 12 avril à 18h30

Capilotractées – théâtre du Vieux Saint-Etienne – le 10 avril à 20h30

Célian Ramis

Festival Zanzan : l'art de la différence à Rennes

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Le festival Zanzan traite le handicap à travers la programmation de films, de spectacles vivants, d’exposition et de rencontres littéraires.
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Du 3 au 6 avril, le festival Zanzan « Cinéma et arts des différences » aborde dans divers lieux de Rennes et ses environs*, le handicap à travers la programmation de films, de spectacles vivants, d’exposition et de rencontres littéraires. Pour cette troisième édition, la réflexion se porte sur l’accessibilité du cinéma et des œuvres aux déficients sensoriels, notamment par l’audio-description avec la présence d’une professionnelle : Isabelle Lempereur.

Elle est auteure d’audio-description. Depuis 5 ans, elle écrit les commentaires qui s’insèrent entre les dialogues et les bruits, dans plusieurs films et téléfilms diffusés sur Arte et France télévision. Ce procédé permet aux non voyants et aux malvoyants de suivre, sans les images, une œuvre audiovisuelle, cinématographique ou théâtrale afin « de transmettre une émotion sans les nommer », décrit cette femme.

Le choix des mots est essentiel et les qualificatifs  primordiaux, pour développer l’interprétation du bénéficiaire. Isabelle Lempereur les sélectionne avec précaution pour rester au plus proche du travail du réalisateur. « Il ne faut pas utiliser un vocabulaire trop simple ou trop recherché, sinon le spectateur se perd aussi dans sa réflexion », précise-t-elle. Actions, décors, costumes, expressions de visage : l’ensemble des scènes est dépeint avec minutie et prend en compte le rythme et le style de l’œuvre.

Un long processus de travail est nécessaire pour y parvenir. Il faut ainsi compter plus de 10 jours pour un film de 90 minutes. La tâche s’effectue en binôme, un rédacteur et un relecteur, puis une simulation est organisée avec un malvoyant afin de valider ou non l’écrit.

« Il faut être très rigoureux pour ne pas empiéter sur la bande son », explique la professionnelle. Les données techniques sont aussi prises en compte lorsqu’elles influent sur la compréhension de l’œuvre. C’est important pour des fondus au noir, par exemple – qui désignent le temps qui passe. Enfin, une fois validé, le manuscrit est envoyé à la production et enregistré avec des comédiens.

Cette année, selon un accord conclu entre le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et France télévision, 547 programmes seront audio-décrits sur l’ensemble des chaînes du service public. 730 l’année prochaine. Un nombre de diffusion également en progression sur certaines chaines comme TF1, M6, W9 et TMC. « Nous sommes sur la bonne voie, cela se démocratise », confie Isabelle Lempereur.

Cependant, certaines évolutions restent à prévoir : notamment sur la sensibilisation des exploitants de salle de cinéma, des producteurs et des réalisateurs et sur la diversité des programmes proposés. Les fictions étant davantage audio-décrites que les documentaires.

Le samedi 5 avril, au cinéma Le Sévigné à Cesson Sévigné, lors de la journée sur l’accessibilité du cinéma et des œuvres, les professionnels auront l’occasion de débattre sur ces sujets. «  Il faudra également soulever les questions des subventions accordées aux réalisateurs ainsi que la reconnaissance du droit d’auteur des audio-descripteurs », ajoute Isabelle Lempereur. Pour elle, l’audio-description doit être considérée comme une version à part entière de l’œuvre.

En outre, Isabelle Lempereur se dit fière de contribuer à ce nouveau mode de communication et de transmission de la culture. Car « c’est un métier enrichissant et valorisant », conclut-elle.

* Salle de la Cité, Gaumont Rennes, ciné TNB, les Champs Libres et le cinéma Le Sévigné

Célian Ramis

Le Rennes fantasque de Magic-Meeting

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Rennes
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Ce weekend avait lieu Les Coquecigrues, festival d’évènements familiaux et insolites, mettant en scène une création de la compagnie du Magic Meeting.
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Ce weekend avait lieu Les Coquecigrues, festival d’évènements familiaux et insolites, mettant en scène une création de la compagnie du Magic Meeting. Samedi et dimanche, à 15h et 17h, une visite burlesque et participative s’est déroulée dans les rues de Rennes, dans le but de nous faire redécouvrir la ville sous une facette plus rock et déjantée. YEGG s’est glissé au cœur de cette expérience surprenante. Reportage.

Près de 120 personnes, petits et grands, se sont rassemblées en famille place de la Mairie, ce samedi, pour venir assister, curieux, à un spectacle inhabituel et farfelu. Colombe Andréi et Yannick Delafontaine – metteurs en scène, auteurs et acteurs – ont eu l’idée de nous faire découvrir Rennes sous un autre angle.

« On peut connaître par cœur les rues de Rennes, déclare Colombe, mais avec une autre manière de montrer et de raconter, tout nous semble nouveau et différent. Au travers ce festival, notre objectif est de donner l’occasion aux participants de poser un regard neuf sur Rennes, de les faire redécouvrir leur ville et son histoire au travers un scénario déjanté. »

17h, la visite débute. Casque sur les oreilles, chacun se regroupe autour des deux comédiens dans une humeur joyeuse et conviviale. Manek Roazhon, personnage loufoque interprété par Yannick, nous guidera tout le long de la promenade.

Le joyeux cortège va ainsi déambuler dans les rues de Rennes durant une heure, passant par la rue Le Bastard, la place Ste Anne, la rue St Michel, et la place du Parlement, avant de rejoindre le point de départ. Dans une ambiance bon enfant, les participants vont très vite se prendre au jeu. Le ton est donné dès le début.

« Croisez-vous en vous serrant la main. Saluez-vous à la manière japonaise. Tournez sur vous-même jusqu’à en avoir le tournis. Front contre main, dos contre dos ! », clame la voix de Yannick dans nos oreilles. Les personnes s’exécutent, hilares, sur une musique cadencée. Dans la rue, les passants, interloqués, mi- amusés mi- sceptiques, observent de loin cette étrange danse clownesque. « Nous entendons la musique avec nos casques mais la rue, elle, est silencieuse. Les passants doivent se demander ce qui nous fait danser comme ça », commente une participante enchantée.

« Le Sens de la vie c’est justement de s’amuser avec la vie ! »

Une bande son très rock’n roll rythme la visite, entrecoupée de faits historiques et de citations éloquentes : « Le Sens de la vie c’est justement de s’amuser avec la vie !». On apprendra entre autre que l’église Sainte-Anne s’appelle en réalité l’église Notre Dame de Bonne Nouvelle, et que la place de la Mairie a changé 11 fois de nom avant d’être nommée de façon définitive. On se trémousse sur du Niagara, on court sur la chanson endiablée de Ghostbusters et on s’enlace sur Dreams are my reality  de Richard Sanderson.

Et qui peut se vanter d’avoir joué du « air guitar » sur du Jimi Hendrix rue Lafayette ou d’avoir mimé des statues immobiles devant le Parlement ? « J’aime l’univers du burlesque pour son côté décalé, ce petit brin de folie qui amuse toujours, quel que soient les âges », s’enthousiasme Colombe.

Une expérience inhabituelle… 

C’est face à l’Opéra, sous un tonnerre d’applaudissement, que la balade s’achève. Le public est conquis. « Nous avons vécu une expérience hors du commun», commente une mère de famille venue pour les 17 ans de sa fille. « Nous connaissions les Coquecigrues et l’idée de ce spectacle nous a intrigué. Nous ne regrettons pas la visite ! C’est une véritable aventure familiale. Le fait d’avoir le casque sur les oreilles nous permet d’oser nous lâcher. On se sent comme dans une bulle. C’était très drôle de voir les réactions des gens autour de nous, on sentait leurs regards envieux. C’est une expérience à refaire ! »

Apporter du bonheur aux gens, tel est le principe de la manifestation selon Colombe, qui exprime son entière satisfaction face à la réaction des promeneurs. « Le public rennais est extrêmement réceptif, le fait que les participants interagissent rend l’échange très fort et c’est ce qui compte le plus à mes yeux. » Nous repartons avec l’agréable sensation d’avoir vécu une expérience unique et hors du temps, dans un monde fantasque, le monde de Magic-Meeting.

Célian Ramis

Alexandre Arcady, derrière les yeux d'une mère

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Rennes
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Jeudi 6 mars, le réalisateur Alexandre Arcady était de passage à Rennes pour présenter son nouveau film, 24 jours, dont la sortie au cinéma est prévue le 30 avril. Le film revient sur l’enlèvement et la mort d’Ilan Halimi, en 2006.
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Jeudi 6 mars, le réalisateur Alexandre Arcady était de passage à Rennes pour présenter son nouveau film, 24 jours, dont la sortie au cinéma est prévue le 30 avril. Le film revient sur l’enlèvement et la mort d’Ilan Halimi, en 2006.

« C’est un événement qui a bousculé la France. C’était impensable à l’époque. Tous les citoyens ont été choqués, décontenancés face à cette abomination ». Cette abomination que décrit ici Alexandre Arcady se produit le 20 janvier 2006. Emma, une inconnue qu’Ilan a rencontré dans le magasin pour lequel il travaille, lui propose un rendez-vous dans un bar ce soir-là.

Elle sert d’appât. Il sera enlevé, séquestré et torturé pendant 24 jours, avant d’être brûlé et relâché pour finalement être retrouvé inconscient à Sainte-Geneviève-sous-Bois (dans l’Essonne). Il décède le 13 février, de faim et de froid. « On connaissait l’histoire. Avec la fiction, on passe par le cœur. La fiction est un chemin important pour sensibiliser les cœurs et nos concitoyens », déclare Alexandre Arcady.

Et pour traiter ce fait divers, il a « volontairement choisi d’être du côté de cette famille, modeste, qui vit normalement », en s’inspirant du livre 24 jours : la vérité sur la mort d’Ilan Halimi, écrit par Ruth Halimi, sa mère – interprétée à merveille par Zabou Breitman – et Emilie Frèche, écrivain. « En étant derrière la mère, et derrière la police, j’emmène le spectateur dans la famille », précise-t-il.

Pendant presque 2 heures, le réalisateur nous plonge dans le cauchemar traversé par les parents, les sœurs et l’entourage d’Ilan Halimi durant ces trois semaines de février 2006. Les spectateurs suivent alors l’enquête menée par les équipes du quai d’Orsay sur les traces de ceux qui seront nommés sous « le gang des barbares », décrit dans le film comme une bande de « bras cassés des cités », animée par l’appât du gain financier et dirigée par Youssouf Fofana alias Django, arrêté le 20 février à Abidjan, en Côte d’Ivoire puis extradé vers la France pour y être jugé et incarcéré.

En mars de la même année, le tribunal reconnaît officiellement la circonstance aggravante d’antisémitisme. Dans son livre, Ruth Halimi explique – elle le dira notamment à la radio face à Marc-Olivier Fogiel – qu’elle souhaite « que la mort d’Ilan serve à donner l’alerte ». Un objectif que le réalisateur rejoint : « il n’est pas question de révisionnisme ou de refaire l’histoire. Il s’agit là de la description d’une réalité terrible et d’une sonnette d’alarme qu’il faut tirer ». Son choix se porte alors sur l’histoire d’une mère « qui va vivre 24 jours comme n’importe quelle mère peut vivre la disparition, de manière aussi abjecte, de son enfant ».

À la sortie de la projection, les réactions sont vives, partagées ou encore sceptiques. Le sujet est sensible, ne laisse pas insensible mais se heurte à la question de l’intérêt servi ici : y voir un acte antisémite pur ou un acte de barbarie qui se chargera par la suite de circonstances aggravantes liées au crime antisémite. Derrière cette piqûre de rappel, peut-on y voir simplement un film bien réalisé, ultra-réaliste et subtilement porté par la force du jeu de ses acteurs (Jacques Gamblin, Pascal Elbé, Zabou Breitman, Sylvie Testud,…) ?

Célian Ramis

Travelling : Dans les yeux de Maria de Medeiros

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Rennes
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Pour Travelling Rio, la franco-portugaise, « brésilienne de cœur », revient à Rennes sous de multiples casquettes : réalisatrice, chanteuse et marraine de la 25e édition.
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En 2002, lors de l’édition sur Lisbonne, elle était venue présenter son long-métrage Capitaines d’avril, un film sur la révolution des Œillets au Portugal. Pour Travelling Rio, la franco-portugaise, « brésilienne de cœur », revient à Rennes sous de multiples casquettes : réalisatrice, chanteuse et marraine de la 25e édition.

Maria de Medeiros, c’est la sensibilité et la chaleur d’une bossa nova. Dimanche dernier, à l’occasion des Premiers dimanches, elle présentait son nouvel album Passaros Eternos (Nu.Age dans sa version française). De quoi envouter les visiteurs confortablement installés dans la salle de conférence pour l’occasion, dans une ambiance confinée et intimiste.

Mais Maria de Medeiros, c’est aussi une sacrée comédienne, actrice et réalisatrice. De Bigas Luna (Macho) à Serge Moati (Des feux mal éteints), en passant par Marjane Satrapi (Poulet aux prunes, La bande des Jotas) et Quentin Tarantino (Pulp Fiction), la marraine de Travelling affiche une filmographie riche et variée qu’elle continue d’allonger.

L’an dernier, elle était au Brésil pour la pièce de théâtre « À nos enfants » (sur l’adoption dans un couple lesbien) qu’elle devrait prochainement adapter au grand écran. Pour l’heure, elle présente son dernier documentaire Les yeux de Bacuri, articulé autour de 3 femmes brésiliennes ayant eu un lien avec le guérillero Bacuri – Eduardo Leite – mort sous la dictature en 1970, après 109 jours de torture.

« C’était une suggestion de la Commission d’Amnistie et Réparation – du ministère de la Justice du Brésil – qui m’a présenté cette famille, ces trois générations de femmes qui ont survécu », explique Maria de Medeiros. Une commission que l’on verra, à la fin du documentaire, demander pardon aux victimes de la dictature brésilienne. « Une aide est proposée pour une reconstruction juridique et administrative. Mais ils ne pourront jamais réparer les souffrances et l’angoisse de ce qu’elles ont vécu, et ils le disent dans le film », poursuit la réalisatrice.

Cette dernière s’embarque alors dans une aventure express et intense, pour un « tournage rock’n’roll », plaisante-t-elle. Trois jours à Rome, deux jours à Sao Paulo, à la rencontre de Denise Crispim – fille de Encarnacion, grande résistante qui fuira au Chili, et femme d’Eduardo Leite – et deux jours en Hollande pour rencontrer Eduarda Crispim Leite – fille d’Eduardo Leite et Denise Crispim. C’est le travail de montage qui sera plus long et compliqué « puisqu’il fallait remettre en ordre cette parole qui était très difficile au départ. Il y a eu des confusions dans les dates, des longs silences par moment et des paroles très chaotiques à d’autre ».

La réalisatrice se souvient de certains témoignages qui ont conduit toute l’équipe « à sangloter derrière la caméra ». Mais elle tient son objectif en tête : libérer la parole, sans utiliser d’images d’archives, simplement des archives personnelles et familiales, ainsi que des souvenirs, des réflexions et des anecdotes de Denise Crispim et sa fille, Eduarda, qui n’a jamais connu son père.

Et pour libérer cette parole, Maria de Medeiros s’efface « pour laisser les femmes dans la lumière ». Elle pense alors au réalisateur Claude Lanzmann qui, dans le film Shoah, laisse entendre sa voix en déclarant : « Tu dois le dire ». « C’était ça, il fallait le dire ! Si on connaît un peu l’histoire de Bacuri, pour les 109 jours de torture endurés, en revanche on connaît beaucoup moins l’histoire de ces femmes qui se sont battues, ont survécu et ont essayé de vivre après cela », explique-t-elle.

Tout comme pour son documentaire Je t’aime moi non plus – mettant en lumière la relation entre artistes et critiques de cinéma lors du festival de Cannes – elle n’a posé qu’une seule question, voire deux, afin de les laisser dérouler leurs histoires difficiles à se remémorer, difficile à restituer. C’est à travers les différentes émotions qu’elle vont ressentir lors de leurs récits et de leurs réflexions que la réalisatrice embarque les spectateurs, qui oscillent entre plusieurs émotions, telles que l’empathie, la douleur, la tristesse et la force suscitée par les parcours de ces femmes – de la grand-mère à la petite fille.

De l’emprisonnement de la mère, alors enceinte de plusieurs mois, à leur reconnaissance en tant que victimes de la dictature, elles nous présentent ce qu’a été leur vie. Une longue série d’exil, de combats et de questionnements.

Célian Ramis

Travelling : Douceur et chaleur de la danse afro-brésilienne

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Rennes
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Travelling se saisissait de sa carte blanche, lors des Premiers dimanches, pour égayer les Champs Libres aux couleurs du Brésil, thème du festival qui s’est déroulé à Rennes du 25 février au 4 mars.
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Dimanche dernier, Travelling se saisissait de sa carte blanche, lors des Premiers dimanches, pour égayer les Champs Libres aux couleurs du Brésil, thème du festival qui s’est déroulé à Rennes du 25 février au 4 mars.

Et c’est ce dimanche que les Champs Libres ont battu le record d’affluence, à l’occasion des Premiers dimanches, avec plus de 19 000 visiteurs.

À 15h, les spectateurs se sont réunis en nombre dans le hall de l’établissement. Pour cause : la compagnie Ochossi – créée en 1996, sous la direction de Pedro Rosa, dans le but de susciter et d’approfondir les liens et contacts entre talents artistiques de toutes origines, de diffuser la culture brésilienne et contemporaine en Bretagne, en France et à l’échelle internationale – présentait Tumaraca, une pièce chorégraphique pour huit danseurs et sept musiciens. Une pièce librement inspirée du Maracatu, une « danse-cortège-procession » de tradition afro-brésilienne. Plus précisément un rituel brésilien hérité de l’histoire des esclaves en hommage aux rois noirs.

Ici, la compagnie Ochossi adapte cette danse traditionnelle – typique de Recife et d’Olinda au Pernambuco, et des états de Paraiba et d’Alogoas au Brésil – à la danse contemporaine, tout en conservant l’esprit des festivités. Les costumes gardent les couleurs et les codes de la fête traditionnelle, en les simplifiant. Les danseuses – et danseurs – sont principalement vêtues de blanc, allié à une couleur supplémentaire, rappelant ainsi certains costumes africains.

Les musiciens, situés sur le premier palier des escaliers, surplombant ainsi les danseurs et les spectateurs, sont habillés d’un pantalon blanc et d’un haut rouge. Les rythmes de la batucada (musique avec les percussions traditionnelles) sont joyeux, festifs et puissants. Une puissance traduite dans les mouvements ronds, amples et gracieux de la chorégraphie.

Le public se laisse envoûter par l’intensité de la musique et embarquer par la joie que dégagent les artistes, synchronisés et qui font corps avec les sons des percussions. Chacun bat la mesure, frappe dans ses mains et active, même timidement, son corps. Car les corps présents pour ce spectacle ne peuvent rester indifférents face au mélange afro-brésilien, un mélange très solaire, qui fait appel à la souplesse, et à la tonicité, des bras, des jambes et du bassin.

Douceur et chaleur se mêlent dans le hall des Champs Libres et l’esprit festif atteint son apogée quelques minutes avant la fin de la représentation, lorsque les musiciens viennent se mêler aux danseurs et aux visiteurs, les invitant ainsi à venir déambuler et danser à l’entrée de la structure. Un moment de partage, de joie et d’échange qui s’avère remporter un franc succès, amplement mérité.

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