Célian Ramis

Danse : enfiler les lunettes de l'égalité devient impératif

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Collectif Danse Rennes Métropole, Rennes
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Hélène Marquié, danseuse et chorégraphe, propose un regard féministe sur le milieu de la danse, dans lequel persiste de nombreuses inégalités concernant l'égalité des sexes.
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Danseuse, chorégraphe et chercheuse au Centre d’Études de genre à l’université Paris 8, Hélène Marquié était de passage à Rennes, au Collectif Danse Rennes Métropole précisément, le 25 septembre dernier. À l’occasion d’une conférence organisée par Questions d’égalité – en partenariat avec HF Bretagne – la professionnelle a proposé un regard féministe sur le milieu de la danse.

Noël 2008. Un homme noir, a priori viril, déballe son cadeau et découvre une paire de chaussons de danse roses. Évidemment il aurait préféré un ordinateur. « Faites-lui plaisir… », précise la campagne publicitaire de la marque Surcouf. Marque bien connue pour ses accroches commerciales sexistes.

C’est sur cette image qu’Hélène Marquié commence son argumentaire. Une preuve selon elle que la culture européenne et nord-américaine forge et véhicule les clichés autour de la danse. « Dans certaines cultures, les danses traditionnelles sont interprétées par les hommes. Les danses masquées ne peuvent être entreprises que par les hommes puisque les femmes ont interdiction de porter des masques. Sans oublier les danses religieuses. Les stéréotypes sont culturels. », démontre la danseuse et chorégraphe.

Et pour comprendre comment se sont façonnées les idées reçues, il est essentiel de remonter au XVIe siècle, à l’époque des ballets de cour. Une affaire d’hommes et d’aristos : « La danse est le seul art que les aristos ont été contraints de pratiquer. Henri IV n’aimait pas trop, Louis XIII non plus. Louis XIV, par contre, aimait beaucoup et impose le professionnalisme dans la danse dès 1661 avec l’Académie Royale ».

Et si les femmes sont moins présentes, les rôles féminins sont représentés par les hommes travestis sur la scène. Jusqu’à ce que le roi impose, en 1713, la parité à l’Opéra avec une troupe de 10 danseurs et 10 danseuses. Bémol : la rémunération est plus importante pour les hommes. « Déjà ?! », s’esclaffe les spectateurs-trices, venu-e-s en nombre pour l’occasion.

Aux alentours de 1830, la danse scénique devient incompatible avec la masculinité et la critique célèbre désormais les femmes, qui avaient pourtant toujours été reléguées au second plan : « Deux raisons : la création du ballet romantique et le renversement des valeurs anciennes. » Il s’agit de l’avènement de la société bourgeoise et des nouvelles normes de masculinité.

« La figure de l’aristo est alors stigmatisée à travers le danseur puisque la masculinité bourgeoise cherche à se distinguer de celle de l’aristocrate. À l’époque, l’efféminement des danseurs ne renvoyait pas du tout à sa sexualité. Ainsi les sphères féminines et masculines se séparent. »
Hélène Marquié, chorégraphe.

Les rôles pour les hommes se font plus rares, l’argent aussi. Les danseurs quittent les scènes françaises pour les scènes italiennes, anglaises ou russes. L’Opéra se privatise, le capitalisme s’instaure et les conditions de travail se durcissent.

« DES CLICHÉS MALGRÉ MICKAEL JACKSON ET LE FÉMINISME »

« Aujourd’hui, les idées reçues et les stéréotypes de cette époque demeurent vivaces. On se dit que les petits garçons qui font de la danse pourraient mal tourner ! Malgré Mickael Jackson et le féminisme… », rigole Hélène Marquié. Avec beaucoup de dérision, la professionnelle de la danse se lance dans un plaidoyer contre les inégalités qui subsistent encore dans cette discipline, qui semble l’éternelle oubliée des arts, passant sans cesse après la musique et le théâtre.

Si la danse est perçue comme un espace préservé des inégalités entre les sexes, « les gens pensent qu’il n’y a aucun problème », l’idéologie se manifeste « dans ce qui n’est pas perçu ». Quand Jean-Claude Gallotta, un homme de danse, est nommé directeur d’une maison de la culture – MC2 de Grenoble, alors baptisée Le cargo – il déclare non sans humour : « C’est comme le 1er droit de vote des femmes ». En effet, il est le premier chorégraphe nommé à la tête de ce type d’institution.

La liste que dresse la conférencière oscille entre points positifs et bémols significatifs. Par exemple, à compétences égales, pas de discriminations salariales, « mais ce n’est pas difficile ! Il faut prendre en compte les faibles revenus des danseurs et des danseuses, qui n’atteignent parfois pas le minimum vital ». Concernant les chorégraphes, 2 sur 3 seraient des femmes : « Il y a une corrélation entre faibles rémunérations et faibles statuts. Être chorégraphe, c’est moins valorisant que metteur-e en scène ».

Les choses se gâtent lorsque l’on aborde le point des carrières. Le sociologue et danseur Pierre-Emmanuel Sorignet démontre à travers une étude basée sur l’observation des auditions d’entrée au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers qu’il est plus aisé de devenir danseur que danseuse, les compétences valorisées changeant selon le sexe du/de la candidat-e. Les garçons seraient davantage évalués sur leur originalité et leur potentiel artistique, aussi embryonnaire soit-il Et les filles davantage sur les compétences techniques et leurs capacités à mémoriser les enchainements.

« On leur demande également d’être le plus uniforme possible, pour ensuite leur reprocher de manquer d’originalité… », ajoute Hélène Marquié, qui mentionne aussi la différence des parcours valorisés. Atypiques chez les hommes qui auparavant ont travaillé dans la mode, dans l’ingénierie, etc. Très strictes chez les femmes qui doivent commencer la danse très jeune et avoir une morphologie « parfaite », hormis en danse contemporaine où les « rondeurs, sans excès » sont tolérées. On souhaiterait en rester là mais ce serait trop simple.

La chercheuse au Centre d’Études de genre de l’université Paris 8 s’est penchée sur la programmation du Théâtre de la Ville, à Paris, depuis le début des années 2000. Sur 447 chorégraphes programmés, elle compte 286 hommes, soit 64%, et 161 femmes, soit 36%.

« Et il n’y a pas eu une année où les femmes ont été aussi nombreuses que les hommes, détaille-t-elle. L’évolution est négative. En 2013/2014, la situation était caricaturale : 8 spectacles chorégraphiés par des femmes, contre 21 chorégraphiés par des hommes. Et parmi les 8, il faut compter les grandes figures étrangères et incontournables comme Trisha Brown et Pina Bausch… Mais bon je ne voudrais pas noircir l’image du Théâtre de la Ville… », insinue-t-elle, sourire en coin.

PORTER LES LUNETTES DE L’ÉGALITÉ DES SEXES

Sans ternir volontairement l’image des grandes structures culturelles, il en va de la sensibilisation du grand public, peu habitué à porter les lunettes de l’égalité des sexes. « Je le vois bien là où je travaille. À la fin de l’année, on fait le traditionnel gala. Le petit garçon fait sa variation sur le devant de la scène et une corbeille de filles l’entoure en tapant dans les mains… », décrie-t-elle.

Pour la chorégraphe, également membre du mouvement HF Ile-de-France, il faut analyser les différentes propositions artistiques : repérer comment sont établies les différences, quelle est la place des différences, observer ce que font les corps, la manière dont ils entrent en contact, qui porte qui… « Souvent les femmes sont assignées à la féminité. Leur garde robe est restreinte à la chemise de nuit et robes de soirée, aux pieds nus ou aux talons aiguilles. Tandis que les hommes bénéficient d’une grande sélection de costumes. Sans compter que souvent on fait danser les hommes de grande taille avec les femmes de petite taille. On continue à perpétuer des normes sexuées ! », analyse Hélène Marquié.

Pour elle, le but n’est pas d’uniformiser les genres mais de les singulariser. Pas question de déconstruire, « car terme inutilisable pour parler des corps qui ne sont jamais vierges et ne peuvent par conséquent revenir à 0 », mais plutôt de se métamorphoser, se réinventer, dénouer des choses. Et certaines danses, comme les danses urbaines, peuvent changer nos perceptions. Malheureusement, le regard genré n’est actuellement pas abordé dans les formations et enseignements alors qu’il paraît essentiel de conscientiser tous ces points.

Malgré tout, Hélène Marquié tient à conclure sur une note positive : « Il suffirait de pas grand chose pour avancer. Mais ça commence à se répandre, la prise de conscience débute. »

Célian Ramis

Charlotte Brédy, metteure en scène passionnée de Feydeau

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Rennes
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Rencontre avec une inconditionnelle du dramaturge qui a rythmé toute sa vie professionnelle et qui lui inspire la mise en scène de deux pièces de Feydeau, à découvrir à Rennes.
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La compagnie de théâtre Felicita, créée par la comédienne et metteure en scène Charlotte Brédy, s'est implantée à Rennes depuis trois ans. Pour la première fois dans la capitale bretonne, elle présente deux pièces de Feydeau, Le Dindon et Les Fiancés de Loche, à partir du samedi 27 septembre. Rencontre avec une inconditionnelle du dramaturge qui a rythmé toute sa vie professionnelle.

Tous les chemins mènent à Georges Feydeau. Le parcours de celle qui a vécu entre la Bretagne et la région parisienne se résume à cette phrase. Car l'auteur français la suit depuis l'adolescence. « C'est une grande histoire d'amour », concède la jeune femme.

Le rythme et les intrigues loufoques de ses comédies bourgeoises lui ont tout de suite plu. Un véritable défi pour la mise en scène et le jeu théâtral.

« La comédie est beaucoup plus difficile à jouer que le drame, parce que le rire va être déclenché sur un mot ou un rictus. Il faut être parfait à la seconde près », raconte-t-elle d'expérience. Pour autant, elle ne se laisse pas démonter. La comédie, un « théâtre sans prise de tête » selon elle, est son domaine de prédilection. L'artiste de 28 ans a fait de l'improvisation « sur le tas » et des formations sur la Commedia Dell'Arte, genre hérité de la scène italienne qui privilégie la gestuelle et l'échange avec le public.

PASSION FAMILIALE

Le théâtre, c'est une histoire de famille. Ses grand-parents paternels étaient tout deux comédien-ne-s et chanteur-se-s d'opérette. « Je me déguisais en clown à la maison », se souvient-t-elle, amusée. À 10 ans, elle a le déclic. Le professeur de musique de son collège, à Saint-Brieuc, lui attribue un petit rôle dans la pièce qu'il met en scène. Sa réplique est brève, seulement quelques mots. Mais « quelque chose s'est passé », reconnaît-elle. « J'ai pris du plaisir pendant cinq secondes et j'ai su que je voulais faire du théâtre mon métier. » Et sa détermination a payé.

À la sortie du lycée, la jeune femme intègre les prestigieux cours Florent à Paris, où la concurrence est rude. Pourtant, ses études avortent au début de la troisième année. La raison ? La pièce de Georges Feydeau, Le Dindon. Charlotte avait choisi de présenter une scène pour l'examen d'entrée au Conservatoire. Problème : aucun de ses camarades masculins n'a voulu ne voulait jouer le personnage principal, le jugeant trop compliqué.

« À ce moment, j'ai remarqué qu'il y avait un fossé entre moi et les autres élèves. C'est ce dramaturge qui m'a fait quitter les cours Florent ! », sourit la passionnée de théâtre au caractère bien trempé, qui poursuit : « C'est l'élément déclencheur tout bête mais je ne le regrette pas du tout. »

Une fois partie, elle se lance dans l'écriture de one-woman-shows dans lesquels elle retrace avec légèreté ses déboires sentimentaux de l'époque. Charlotte s'en sert comme thérapie par le rire jusqu'en 2011. En parallèle, elle joue dans plusieurs compagnies théâtrales. En 2009, elle monte à Paris sa propre troupe, la compagnie Felicita - bonheur en italien. Son envie initiale est de jouer avec des professionnel-le-s mais Charlotte fait immédiatement marche arrière, faute de pouvoir les rémunérer. Désormais, elle ne travaille qu'avec des personnes amateures « de façon professionnelle », précise-t-elle. « C'est une ambiance différente et une autre manière de travailler. Les amateurs viennent sans compter », compare la metteuse en scène.

LE THÉÂTRE, SOURCE DE LIBERTÉ

Il y a trois ans, Charlotte Brédy revient en Bretagne pour intégrer une troupe rennaise en tant que metteure en scène. « C'est très difficile d'en faire son métier à Paris, justifie-t-elle. Les salles de répétition coûtent une fortune et jouer revient cher. Moi je fais ce métier pour être libre, laisser mon imagination et ma créativité s'exprimer, pas pour être prise dans un système financier. »

Cependant, leur collaboration s'arrête rapidement. Motif : une autre pièce de Georges Feydeau. « Il n'y avait pas de comédiens suffisants pour monter Les Fiancés de Loche. Cela n'a pas abouti car nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes. » Elle reprend ensuite la compagnie Felicita, qui déménage à Rennes.

FEYDEAU À DOMICILE

Depuis toutes ces années, son envie de mettre en scène ces deux pièces est toujours présente. Un projet de longue date qui se concrétise à partir du samedi 27 septembre sur les planches rennaises – salle Maurepas et salle Rabelais. Charlotte Brédy présente avec sa compagnie, Le Dindon et Les Fiancés de Loche.

« Tout se rejoint ! Ce ne sont que des boucles ! », s'enthousiasme-t-elle. Sept dates sont prévues pour chaque spectacle. Ce sont les premiers de Feydeau que la metteure en scène produit en Bretagne. En 2010, elle avait déjà dirigé à Paris, une œuvre du dramaturge, Léonie est en avance ou le mal joli, dans une mise en scène très contemporaine.

Les pièces seront également jouées dans un tout nouveau format proposé par la compagnie, le « théâtre à domicile ». La troupe est invitée à jouer une pièce chez un particulier qui convie lui-même ses invités. Cela donne « une ambiance plus chaleureuse car tout le public va se connaître », espère-t-elle. Pour tâter le terrain, un premier essai se fera chez Charlotte Brédy, à la Chapelle-aux-Filtzméens, au nord de Rennes, avant de se développer. Une initiative théâtrale à l’image de la jeune femme. Joyeuse et conviviale.

Célian Ramis

On adore être fans de Jeanne Herry

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Cinéma Gaumont, Rennes
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Passer à côté de Jeanne Herry et de son premier long métrage serait une erreur. Le pari de ce film est risqué, « casse-gueule » nous dira même la réalisatrice, mais joliment et brillamment relevé.
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Le premier long métrage de Jeanne Herry sort aujourd’hui, mercredi 24 septembre, au cinéma. Pour présenter Elle l’adore, la réalisatrice est venue à Rennes, vendredi 19 septembre, accompagnée de l’actrice Olivia Côte.

Passer à côté de Jeanne Herry et de son premier long métrage serait une erreur. Le pari de ce film est risqué, « casse-gueule » nous dira même la réalisatrice, mais joliment et brillamment relevé. C’est un coup de cœur qui nous frappe lors de la projection. C’est un coup de foudre lors de la rencontre avec les deux professionnelles. Fille de Miou-Miou et de Julien Clerc, Jeanne Herry est une véritable passionnée.

Passionnée de cinéma, de musique, de ce qui l’entoure et l’interpelle. Elle prouve dans Elle l’adore qu’elle possède le soucis du détail, le sens du possible et non du probable, l’envie d’exprimer une vision des choses, l’habileté pour manier les genres en jouant entre la comédie et le polar. La réalisatrice a travaillé plus de 10 ans sur son scénario dont la vingtième version est portée aujourd’hui à l’écran.

« J’ai fait d’autres choses entre temps quand même, je ne suis pas mono maniaque, plaisante-t-elle. Mais c’est un travail de longue haleine avec une histoire très charpentée, très exigeante. » Elle établit alors la liste de ses péripéties de manière non anachronique :

« J’ai mis autant de temps parce que je suis une peu lente. Il fallait se lancer, trouver une façon d’écrire, le faire lire, relire, trouver une productrice, faire un premier court-métrage (Marcher avec Miou-Miou et Olivia Côte), trouver une idée, faire des enfants, trouver des financements, trouver le bon casting… »

LA FACE A ET LA FACE B

Le bon casting en effet. Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Olivia Côte et Pascal Demolon incarnent sans fausses notes et avec une extrême justesse, respectivement, une fan, un chanteur et un couple de flics. « J’avais cette volonté là depuis le départ. Je connais bien le milieu des célébrités et des fans, j’avais envie de partir de là. Et j’avais la volonté de montrer un film très sérieux mais ludique dans chaque recoin du scénario. De toute manière, je ne sais pas écrire une histoire d’une autre manière que ça… », précise la réalisatrice.

Murielle (Sandrine Kiberlain) est esthéticienne, bavarde, mythomane et fan de Vincent Lacroix (Laurent Lafitte), un chanteur populaire. La vie de Murielle prend une autre tournure lorsqu’une nuit, son idole débarque chez elle pour lui demander de cacher le corps de sa femme, morte accidentellement assommée par une victoire de la musique. Une enquête policière est alors ouverte et est confiée à un duo de flics en pleine rupture.

Loin d’un polar traditionnel, Jeanne Herry se saisit du genre pour raconter l’histoire « d’un mec bien qui découvre ses côtés sombres ». Et à travers ce scénario, la réalisatrice révèle à la fois la banalité et la beauté de la vie. La normalité d’un homme connu, la personnalité insolite d’une femme normale, l’explosion d’une relation amoureuse…

« La face A et la face B de tout le monde… Moi, je suis raide dingue de mes personnages même quand ils se comportent mal. J’adore écrire sur un personnage mytho, c’est du bonbon pour moi ! »
Jeanne Herry, réalisatrice.

Elle dépeint alors une femme qui vit dans l’extrême de sa passion qui prend trop de place dans sa maison : « Je trouve que ça interroge mais que c’est touchant. On montre souvent des fans qui deviennent intrusifs et qui sont pathétiques de solitude. Je n’en ai jamais croisés des gens comme ça ! Murielle a une fêlure, une petite dinguerie, mais n’est pas pathétique. »

« JE N'AI PAS ABORDÉ CE RÔLE SOUS L'ANGLE DE LA GROSSE SALOPE ! »

Et sa façon de décrire ses personnages, de leur donner vie, enthousiasme Olivia Côte, son amie depuis 15 ans, sa première lectrice et sans aucun doute une de ses plus grandes fans.

« Jeanne accorde beaucoup de crédit aux autres, elle est dans l’observation de ce qui l’entoure et dans l’humanité. J’ai lu 153 fois le scénario, j’étais épatée dès la première lecture. C’est facile d’être l’amie d’une meuf qui écrit un super truc depuis le début ! »
Olivia Côte, actrice.

À l’écran, Olivia incarne le personnage de Coline, flic un brin nympho : « Jeanne a créé
ce personnage à la suite d’observations de certaines femmes de son entourage je pense. Coline, c’est une femme qui a besoin d’être rassurée, qui aime séduire et qui ne peut pas résister à la tentation. C’est comme ça que je l’ai pris. Je n’ai jamais abordé ce rôle sous l’angle de la folie ou de la grosse salope. 
» Avec son partenaire, Pascal Demolon, ils affichent une parfaite fusion. Complicité, difficultés, craquage… Les spectateurs vivent les épreuves personnelles des deux personnages simultanément.

Lors de sa venue, l’actrice raconte que leur duo était une évidence : « Je l’avais rencontré une seule fois avant le tournage. Mais c’était facile. Il ressemble à mon père ! Et il a fait de la danse classique, comme mon père. Ça a été un coup de foudre. Pas amoureux mais un coup de foudre. Une évidence. »

De là nait un seul personnage, le couple. « Au début, je pensais à une histoire d’amour naissante. Puis j’ai trouvé ça plus intéressant que l’on commence par la rupture. Dans les films, on saccage tout le temps la vie des flics. Ils n’ont jamais le temps d’avoir une vie perso. Ici, l’enquête est menée par un couple en craquage. Quand on sait qu’une enquête de disparition est déjà très compliqué à gérer en France… », ajoute Jeanne Herry. Elle l’a dit et le redit, ce qui l’intéresse, c’est explorer le possible. Inspirée par le film de Dominik Moll, Harry un ami qui vous veut du bien, elle souhaite porter à l’écran un film avec une vérité, « ce qui ne signifie pas que ce soit crédible. »

Pas question d’imiter Maïwenn ou Tavernier avec un autre Polisse ou L.627, deux films qu’elle aime beaucoup. Pour Elle l’adore, elle préfère se placer dans la veine de Garde à vue (Claude Miller) ou encore de Crimes et délits (Woody Allen).

Elle signe ici un premier long métrage soigné et soigneux. À son image, sérieux et drôle. Elle pourrait en parler pendant des heures, et on pourrait l’écouter pendant tout ce temps. Celle qui a passé 10 ans à travailler son œuvre, après avoir été actrice puis figurante, prouve ici son talent dans un film minutieusement pensé et bien rythmé, entre histoires étoffées à la Kiberlain, situations comiques et tensions dramatiques.

Ces dernières étant amenées par les silences détonnants. « Au départ, le film devait s’appeler, Elle l’aime, elle l’adore, en référence à la chanson « La groupie du pianiste ». Mais nous n’avons pas eu les droits. J’aime la chanson en générale, c’est ma culture, mais là je n’en avais pas envie », explique-t-elle. Elle ajoute en conclusion :

« Le silence annonce le début du drame. J’ai travaillé sur la sensation de silence, avec des bruits très simples. J’ai même enlevé certains bruits du quotidien au montage. La nuit, on est protégés, on peut faire des choses folles dans la vie. Le jour, les ennuis commencent… »

Célian Ramis

Ladies night : les petites reines du vélo

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La petite Rennes
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La Petite Rennes proposait une soirée spécialement organisée pour les femmes où chacune pouvait venir réparer son vélo. Au programme, bricolage, customisation de bicyclette et buffet gourmand.
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Ce jeudi 19 juin, La Petite Rennes proposait une soirée spécialement organisée pour les femmes où chacune pouvait venir réparer son vélo. Cette association populaire, qui propose des ateliers chaque semaine autour du vélo, espérait attirer le public féminin. Au programme, bricolage, customisation de bicyclette et buffet gourmand.

Je n’y connaissais pas grand chose en mécanique, j’avais déjà changé un guidon mais c’est tout. J’avais un peu envie de bidouiller, et puis cette idée de soirée filles m’a fait sauter le pas. Plus d’excuses désormais!” C’est avec près d’une trentaine de femmes que Gaëlle est venue participer à la Ladies night, organisée par La Petite Rennes, où les filles ont eu la possibilité de se retrouver entre elles pour réparer leurs vélos. Cette association solidaire et participative propose en effet des ateliers vélos à l’année, ouverts à toutes et à tous, au 20 rue Chicogné, à Rennes.

UN FACTEUR D'INTÉGRATION SOCIALE À LA MOBILITÉ

C’est l’envie de redonner aux bicyclettes leur heure de gloire qui a finalement poussé Simon Thieulin à fonder cette organisation en 2011, précisant vouloir aider les gens à retrouver leur autonomie : “C’est ce que l’on appelle un facteur d’intégration sociale à la mobilité”. David Piedo, président de l’association, ajoute que “l’expertise sur les vélos peut être déléguée et qu’apprendre à faire les choses soi-même fait partie de l’éducation populaire”. Trois ans après, plus de 1 000 adhérents se sont laissés séduire par ce concept un peu écolo-branché, follement dans l’air du temps.

Cependant, l’association peine à attirer un public féminin, force est de constater que l’atelier rempli de mâles jouant de l’outillage pourrait effectivement en intimider plus d’une...

Je serai sûrement venue même si la soirée filles n’avait pas eu lieu, mais c’est quand même beaucoup moins intimidant de se dire que l’on est juste entre nous”
confie Aline, ravie d’avoir trouver un atelier pour son vélo.

LE CONCEPT DE LA SOIRÉE SEMBLE RAVIR LES ADHÉRENTS

L’idée est de faire venir les femmes qui ont envie de participer aux ateliers, mais qui n’auraient pas forcément osé passer le pas de la porte spontanément,” précise Claire, ajoutant vouloir casser cette image girly qui a tendance à coller aux soirées féminines.

C’est donc devant leurs locaux, portes grandes ouvertes, que Claire, accompagnée de 3 autres bénévoles, a accueilli les participantes pour leur présenter le concept et animer la soirée. Dehors, les boissons et gourmandises posées sur les tables invitaient à la convivialité.

Nous ne sommes pas des professionnels, ce que l’on aime c’est aussi de pouvoir nous retrouver ensemble autour d’un verre et de nos vélos, et de discuter de ce que nous aimons, sans chichis.”

Et c’est sur un bon morceau de Minitel Rose que les filles ont donc tour à tour changer leurs roues, nettoyer leurs vélos ou réparer leurs freins, le tout dans une ambiance très décontractée.

“Si la soirée marche bien, nous allons peut-être envisager d’en organiser régulièrement”. Alors que le concept de la soirée semble avoir ravi les adhérentes, la Ladies Night aura cependant fait naître quelques émules puisque les locaux ont été tagués quelques jours plus tôt, les responsables de cet acte de vandalisme exprimant rageusement leur haine, vociférant contre la “bourgeoisie du centre ville”.

Triste constat pour David, qui se rassure cependant de pouvoir compter sur le soutien des adhérents mais aussi des LGBT et des féministes.

Simon quant à lui souhaite à l’avenir sortir peu à peu du créneau purement mécanique pour se concentrer sur l’événementiel. Un vélo musical ou encore un vélo resto, il ne manque pas de ressources et d’idées pour nous épater.

Célian Ramis

Le rêve des Créatives prend forme

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Triangle, Rennes
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Le 12 juin dernier, les 10 jeunes femmes se sont produites sur la scène du Triangle, en présence d’une centaine de spectateurs venus assister à l’avènement de ce projet.
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Rappelez-vous, il y a quelques semaines, le groupe des Créatives travaillait sur un spectacle mêlant chorégraphie et chant, dans le but de créer une connexion entre la sensibilité artistique et le monde professionnel. Le 12 juin dernier, les 10 jeunes femmes se sont produites sur la scène du Triangle, en présence d’une centaine de spectateurs venus assister à l’avènement de ce projet. À 20h30, les danseuses frémissaient d’impatience à l’idée de faire naître le fruit de leurs répétitions. La salle est comble. La scène silencieuse. Lever de rideau…

C’est aux côtés de leurs 7 partenaires que Dania, Soiz et Mariette ont dansé ce soir-là, au Triangle. Après 45 minutes de spectacle, la chorégraphe Corinne prend la parole afin d’expliquer ne pas avoir thématisé le travail dans le but d’offrir au groupe l’opportunité de se laisser émerger, et de se laisser aller à cette part d’inconnu propre au projet.

On a commencé par des jeux avec une ouverture poétique, raconte Mathieu, pour aller chercher en elles un contact avec le monde, tout en restant présent et discret à la fois.” Très vite, les Créatives ne tardent pas à laisser exprimer leurs émotions, encore bousculées par l’adrénaline de la soirée. “J’aurai aimé que cela dure plus longtemps, déplore Dania, je me sens nostalgique car c’est déjà fini. C’était très intense”, souligne-t-elle, confessant avoir pleuré juste avant de monter sur scène.

UN FANTASME QUI SE CONCRÉTISE

Je sais désormais que je suis capable, affirme-t-elle au moment de faire le bilan. Ce qui pouvait m’effrayer, comme faire entendre ma voix par exemple, m’a, contre toute attente, procuré beaucoup de plaisir. J’attendais avec impatience ce jour, un peu comme lorsque l’on prépare un entretien d’embauche.” Désormais, elle gardera en mémoire cette force, cette énergie qui l’a poussée à se surpasser. Car là était son véritable défi.

Et le lien avec le monde du travail ? “Cette force qui s’est révélée en moi me servira pour faire face au monde extérieur, que ce soit pour des entrevues ou dans mes relations sociales.” Tout comme ses partenaires, Dania a appris la tolérance de la différence. La jeune femme, qui se décrit comme étant très impulsive, sait à présent faire confiance aux autres.

IL FAUT ACCEPTER DE SE LAISSER GUIDER PAR L'AUTRE

Quant à Soiz, elle a appris à s’aimer. Son défi était de prendre réellement conscience de ses atouts. Plus qu’une aventure humaine, c’est un véritable apprentissage de développement personnel qu’elle avoue avoir vécu. Si au départ elle reconnait avoir eu beaucoup de retenue, son manque de confiance s’est très vite envolé, laissant place à l’envie de créer et d’aller à la rencontre des autres.

“J’ai enfin réussi à me laisser guider et à lâcher prise afin d’aller jusqu’au bout de ce projet,” conclut-elle satisfaite. L’avenir? “Nous avons comme projet de faire un documentaire sur nous, dans la foulée, avec cette même énergie si productive. Une chose est sûre, c’est que l’on ne veut pas se perdre de vue!” Mariette, instigatrice de cette initiative, ajoute avoir eu l’idée de réaliser ce projet en visionnant Les invisibles, film documentaire sorti en 2012 et retraçant la vie des homosexuels dans les années 50.

C’est la différence de chaque femme qui les a rapproché. Cette “féminitude”, à ne pas confondre avec le féminisme précise t-elle,  a besoin d’être mise en lumière.

“Savoir que l’on est capable d’aller au bout de ce qui s’apparentait à l’origine à un rêve est un fantasme qui se concrétise. La société nous impose déjà tellement de limites aujourd’hui, alors pourquoi s’en créer nous-même? Tout est possible, même dans notre maladresse.”

Les Créatives l’auront bien compris : l’union fait la force. Si pour elles, le groupe leur a permis de faire face au regard des autres, la plupart aura appris que pour lâcher prise, il faut accepter de se laisser guider par l’autre. Elles en retiendront le souvenir d’une aventure riche et forte d’un bel esprit d’équipe, qui a fait naître de façon naturelle cette envie de créer ensemble. Les Créatives, c’est un petit peu comme cette bande de copines que l’on aurait tant aimé avoir, un groupe soudé au sein duquel chaque personne apporte tellement à l’autre par sa différence et par sa connivence.

Célian Ramis

Stéphanie Leray-Corbin, une mosaïste d'art à Rennes

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Rennes
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Son atelier est une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.
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Stéphanie Leray-Corbin est artiste-mosaïste à Rennes depuis 10 ans. Elle tient un atelier 10 rue Francisco Ferrer près du métro Clémenceau. Une caverne d’Ali Baba pour tous les férus de décoration. Portrait d’une femme passionnée d’art.

À 38 ans, Stéphanie Leray-Corbin exerce le métier d’artiste mosaïste. Dans son atelier coloré et chaleureux, elle crée des œuvres contemporaines à partir de morceaux de faïences, de pierres, de pâte de verre, de grès cérame qu’elle juxtapose, réinvente et colle selon ses envies. « J’aime détourner les objets et mélanger les matières », explique-t’elle. Lors de sa dernière exposition « Axel Pixel », présentée chez « Blind Spot », au 36 rue Poullain Duparc à Rennes, elle a ainsi utilisé des embauchoirs, des disques, des assiettes, des totems comme support pour sortir du cadre de la mosaïque classique.

Sa technique ? Réaliser en amont un dessin, déterminer les couleurs, découper les matériaux avec une marteline ou une pince puis utiliser du mortier colle (en ajoutant ou non du mortier joint pour les finitions). « Mais la première chose que je fais, c’est de réfléchir sur la conception artistique. Ma démarche est expérimentale », raconte-t’elle. Elle s’inspire principalement de l’univers de la bande-dessinée, du street-art et de la nature. Sensible au travail des autres, elle propose également une exposition commune avec divers artistes – des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs – et partage son savoir-faire lors de cours à la carte et de stages à thèmes.

La mosaïque est un art accessible à tous les publics selon elle et il s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’art thérapie. « La plupart des gens me disent qu’ils se vident la tête à l’atelier et se laissent aller. Alors pourquoi pas me former un jour à cette méthode ? », s’interroge-t’elle.

Au départ, cette femme travaillait au développement de projets socio-culturels et artistiques. Mais avec la naissance de son deuxième enfant, une période de chômage, des petits boulots et des questionnements professionnels, elle s’est tournée vers cette pratique et a décidé de se lancer.

« J’ai monté mon entreprise avec le soutien de la boutique de gestion et une conseillère m’a suivi pendant 3 ans », souligne-t’elle. Et le hasard a bien fait les choses puisque cette passion était en fait familiale. « En effet, mon père faisait lui aussi de la mosaïque avec de la vaisselle pour se divertir », confie-t’elle. Ses projets ? Ils sont nombreux. « Trouver des lieux d’expositions pour cet été, se former auprès de maîtres mosaïstes, continuer le pixel art, les créations géométriques et la mosaïque monumentale », conclut-elle.

Célian Ramis

Et vous, quelles sont vos ruines ?

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Les ateliers du vent, Rennes
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Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.
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Jusqu’au 8 juin est présenté le projet « Quelles sont nos ruines ? » aux Ateliers du vent à Rennes. Un rendez-vous international rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Présentation d’un évènement artistique et collectif.

Auteurs, performeurs, artistes visuels, musiciens, chercheurs, le projet est pluridisciplinaire. Et il réunit 28 artistes français, russes et moldaves autour d’une même problématique : « Quelles sont nos ruines ? ». Une question dont les réponses sont exposées au public du 21 mai au 8 juin aux Ateliers du vent et complétées par des soirées de créations « Believe in the ruins » et des rendez-vous, notamment le vendredi 23 mai, avec la performance d’Anaïs Touchot « Si j’étais démolisseur ».

Un travail de reconstruction autour d’une cabane en bois, réalisé en partenariat avec le festival Oodaaq.

Elaboré en amont lors de « Workshops » organisés en janvier 2013 à Moscou en Russie puis à Chisinau en Moldavie, l’évènement est le résultat de plusieurs années de travail. Il s’agit de la troisième étape du projet, les précédents ayant d’abord permis aux participants de se découvrir et d’échanger. « Un projet collectif à long terme qui a pour vocation de continuer ailleurs… », explique l’auteure et interprète Céline Le Corre – membre fondateur et porteur du projet Les Ateliers du vent. D’ailleurs selon elle, c’est réellement dès 2006 que tout a démarré.

Cette année-là, des liens avec les pays de l’Est ont débuté. En 2007, la pièce de théâtre « Natacha et Kouprianov » d’après le texte éponyme d’Alexandre Vedenski est créée et en 2010, une exposition « Vive la jeune garde » est organisée à Rennes lors de l’année consacrée aux relations France/Russie. « C’est à cette période que nous avons, avec Alain Hélou (l’actuel directeur de la compagnie), sollicité les artistes de « Quelles sont nos ruines ? ».

Pourquoi « nos ruines » ?

Que symbolisent-t-elles ? Quel impact ont-elles sur notre avenir commun ? Selon Natalya Puchenkina, traductrice russe, aux Ateliers du vent et en lien avec le projet depuis un an, « il s’agit pour les artistes de trouver des éléments qui dépassent le passé pour déterminer le futur. Si le mouvement postmoderniste veut jeter le passé, les artistes suggèrent ici qu’il faut s’y appuyer », explique-t-elle.

Dans ce contexte, Dania Machulina, artiste visuelle russe, lauréate du prix Kandinsky « meilleure jeune artiste » en 2008, a interrogé des artistes et des intellectuels toutes générations confondues, sur la chute de l’union soviétique. Elle a ainsi pu constater qu’une majorité idéalisait la société soviétique et fantasmait son principe d’égalité sociale.

La Russie comme une sorte de modèle à suivre. Une méprise pour cette artiste qui ne conçoit le développement culturel de son pays que par l’acceptation des erreurs commises durant l’Union soviétique, et non par l’intérêt exclusif des grands noms de la Russie, tel que l’écrivain Léon Tolstoï.

Une réflexion autour d’un vécu commun

Doriana Talmazan, comédienne moldave, cofondatrice d’un théâtre indépendant actif dans son pays,  le « Théâtre Spalatorie », a également réfléchi sur cette idée de ruines communes. Elle propose, pour y répondre, la lecture de plusieurs textes : « Le drame des constructeurs » de l’écrivain et poète belge Henri Michaux, mais aussi celle d’un conte traditionnel moldave « Le chapeau de Gugutse » avec le français André Layus.

Les aventures d’un enfant qui découvre que son chapeau s’élargit lorsqu’il réalise de bonnes actions, lui permettant ainsi de couvrir tout son village en période de froid. « Je vais également lire le poème « Rappelle-toi Barbara » de Jacques Prévert en roumain », confie-t-elle. Une interprétation en lien avec le travail de Céline Le Corre qui réalise un documentaire sonore de créations intitulé « Rappelle-toi Bobeica », un récit croisé entre l’histoire de son père bretonnisant dans les années 50 et celle de professeurs de français dans un village rural en Moldavie. Une réflexion sur la langue.

Dans une période de tensions entre l’Ukraine, la Russie et les pays occidentaux, ce projet « Quelles sont nos ruines » permet d’élargir sa vision de cette partie du monde, de réfléchir autour de notre vécu commun et sur nos perspectives d’avenir. « On échange beaucoup sur ce sujet », explique Doriana Talmazan.

« Je crois que c’est à nous de changer les choses en s’exprimant. Nous devons être conscients, agir et ne pas être manipuler par les pouvoirs ». En Moldavie, elle monte d’ailleurs une pièce de théâtre sur les enjeux politiques actuels de son pays. Ce dernier étant un petit territoire multiethnique, tiraillé entre la Russie, l’Union européenne et l’identité nationale.

Célian Ramis

Slam Connexion : existe-t-il un slam au féminin ?

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.
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À l’occasion de la « Coupe de la Ligue Slam de France » – qui se déroulait du 15 au 18 mai dernier au Théâtre du Vieux St Etienne à Rennes, organisée par la Ligue Slam de France et l’association rennaise Slam Connexion – Aurélia Décordé chargée de projet et d’administration pour l’association et Charlotte Bonnin, animatrice d’atelier d’écritures destinés à l’oralité évoquent la place des femmes dans cet art poétique issu de la scène ouverte.

En 2006, le grand public a pu découvrir cet art oratoire auparavant presque mystérieux qu’est le slam, avec la sortie de l’album Midi 20 de Grand Corps Malade ; mais c’est également l’année de la création de l’association Slam Connexion à Rennes, première du genre à l’époque en Bretagne.

Poétique, humoristique voire politique, mise en musique ou non, seule ou à plusieurs, la pratique slam s’ouvre à tous, jeunes ou moins jeunes. Le but de l’association est justement d’ouvrir cet art au plus grand nombre comme l’explique Charlotte Bonnin : « Pour nous il s’agit à travers des ateliers d’écriture, de montrer comment utiliser cet outil à des fins d’expression libre, comme outil pédagogique alternatif, que ce soit vis-à-vis de structures scolaires comme de centres sociaux, d’associations, de maisons de retraites ou à la prison des femmes par exemple ».

Arrivées dans le milieu du slam un peu par hasard et par des portes différentes, elles ont cependant en commun la passion de l’écriture, d’abord slameuses puis engagées dans l’associatif ou l’inverse, Aurélia Décordé et Charlotte Bonnin affirment avoir « pris une claque » la première fois qu’elles ont assisté à une scène slam. « Ce qui m’a touché dans le slam c’est tout d’abord le côté scénique, la prestance des poètes. Il n’y a pas de vedettariat dans ce milieu, on brille le temps de déclamer son texte et on retourne s’asseoir dans le public. Mais c’est aussi le fait qu’on écrive un texte pour le dire, c’est extrêmement différent du monde de l’édition par exemple. Chaque soirée est différente, on passe toujours un bon moment, on fait toujours de belles découvertes ».

Dans le slam, pas de professionnel. On peut se faire un nom certes, mais tout dépendra d’un soir, d’une prestation, d’un tournoi. Quelques-uns sont cependant reconnus comme par exemple la slameuse Luciole, rennaise d’origine, qui a pu se faire connaître en posant ces textes sur de la musique, ce qu’on appelle le spoken word. Une slameuse reconnue c’est bien, mais retrouve-t-on beaucoup de femmes sur scène ?

« Dans le slam, il n’est pas question de sexe mais de parcours »

« Le slam est un milieu très masculin et cela ne vaut pas seulement pour Rennes et parfois la tendance s’inverse. Au début ici, c’était une fierté pour nous slameuses de se faire une petite place, mais disons que depuis une dizaine d’années les choses ont bien évolué. De ce constat nous avons décidé de former des équipes entièrement féminines », explique Aurélia Décordé.

Milieu masculin oui mais pas misogyne pour autant comme l’explique Charlotte Bonnin, « les garçons sont toujours heureux de découvrir une nouvelle slameuse, c’est toujours un peu la fête pour nous tous dans ce cas-là ». Pas réellement d’explication pour les deux jeunes femmes quant à la disproportion des sexes sur scène. Si il y a des équipes féminines en tournoi, beaucoup sont mixtes et très peu de slammasters (présentateurs/trices des soirées slam) sont des femmes.

« Je pense qu’il s’agit peut-être d’une question d’engagement. Beaucoup de femmes commencent par monter sur scène puis graviter dans le monde du slam pour peu à peu s’engager dans les associations à plus long terme. C’est très difficile à expliquer, disons peut-être que certaines d’entre nous sont moins compétitrices en tournoi que les hommes ».

Lors de la coupe au Théâtre du Vieux St Etienne, 30% environ des poètes étaient des femmes mais dans l’association Slam Connexion il est intéressant de noter que sur huit référents, cinq sont des femmes et les bénévoles également sont majoritairement des femmes. Qu’en est-il des textes, de la poésie ? Une femme slamera-t-elle de manière différente ? « Cela peut paraître cliché mais chez les hommes l’écriture va avoir tendance à être plus rapée alors que les femmes seront plus en prose, en douceur mais cela n’empêchera pas certaine d’y intégrer une certaine violence. Par contre, au niveau des thèmes, les garçons ne sont pas en reste quand il faut parler d’amour ».

Le slam semble ainsi évoluer avec son temps, pratique peu connue au début des années 2000, elle se démocratise petit à petit et diffuse une nouvelle forme d’expression chez les femmes comme chez les hommes, les adultes comme les enfants, les artistes comme les novices. Le but étant de se lâcher, de faire sortir notre colère, notre joie, nos sentiments, bientôt un slam comme outil de militantisme pour les femmes ?

Célian Ramis

Quand le tatouage entre dans les (bonnes) conventions

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L'art du tatouage était à l'honneur les 17 et 18 mai au stade de la route de Lorient pour la première convention du tatouage à Rennes.
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Si l’aiguille en effraie certains, plusieurs centaines d’amateurs d’encre et de simples curieux sont pourtant venus assister à la première convention du tatouage organisée par la tatoueuse rennaise Miss Atomik, et Mikaël de Poissy les 17 et 18 mai derniers au Stade Route de Lorient.

Quand on arrive sur place, les premières secondes sont assez étranges, l’organisation ayant eu quelques difficultés avec la Mairie de Rennes, la convention se déroule au Stade de foot, lieu dans lequel on s’imaginerait assez mal ce genre de rassemblement de prime abord. Il fait chaud, très chaud et ça pullule dans tous les sens. Malgré tout, l’équipe organisatrice a su tout mettre en place pour que le public oublie la froideur de ces bâtiments gris.

L’entrée passée, on découvre des transats posés sur l’herbe, les gens sirotent tranquillement une bière ; à disposition, un food truck et divers stands de nourriture et boissons. Un groupe de rock joue quelques morceaux pour le plus grand plaisir des visiteurs assis devant la scène. Certains ont le bras, la cuisse ou le pied emballé dans du papier cellophane, leur nouveau tatouage encore rouge et gonflé des longues minutes ou heures au contact de la machine ; d’autres se promènent en famille, admirent les tatoués d’un air curieux.

Une fois ce joyeux bordel traversé et quelques marches grimpées, direction un premier espace dédié au merchandising ; t-shirts, accessoires, vestes en jean ou chaussures panthères, tout est là pour mettre en valeur votre style, que vous soyez tatoué, rockabilly ou seulement amateur de rock en tout genre. La salle suivante est bondée, après un long couloir où l’on vous propose d’acheter votre propre machine, de l’encre ou même divers matériels de dessins, le son de l’aiguille se fait entendre tel un bourdonnement incessant. Une dizaine de box aux vitres transparentes accueillent les tatoueuses et tatoueurs par studio.

Les badauds ont le nez presque collé à la vitre pour contempler le travail des artistes ou peut-être le visage crispé et les yeux mouillés de certains clients. « C’est ma première convention, c’est vraiment complètement différent d’un rendez-vous dans un salon, je ne sais pas si j’oserais me dévoiler comme certains mais dans tous les cas, j’ai décidé de me faire tatouer sur le bras donc tout va bien pour moi », explique timidement une jeune fille, son nouveau tatouage, une grosse pièce, lui recouvrant une grande partie du bras.

« Ça fait partie du folklore de se faire tatouer en convention » 

A priori, peu se sentent gênés par le fait d’être exhibés de la sorte, dans un box, une jeune fille complètement nue se fait tatouer des côtes jusqu’au bas des hanches par le célèbre parisien Tin Tin une grande feuille de papier bleue scotchée sur la poitrine et le sexe. À coté, un homme en sous-vêtements semble retenir ses larmes alors que l’artiste remplit de couleurs le tatouage sur sa cuisse. L’important pour eux est de pouvoir enfin laisser travailler sur leur peau un des quatre-vingt artistes venus de France, d’Europe et du monde entier, « parce que les organisateurs sont mes potes », affirment plusieurs d’entre eux, comme Maud, tatoueuse chez Tin Tin ou Alix qui travaille à Paris.

Jeff Hummel qui travaille au studio « J’aurai ta peau » ajoute « Je suis venu parce que ce sont mes amis mais aussi parce que la Bretagne est une région géniale, les gens sont accueillants. Je suis ravi et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai décidé de ne pas tatouer dimanche. Pour en profiter ».

Cette salle traversée, où les trophées du Stade Rennais font face aux artistes tatoueurs, il faut grimper une nouvelle fois à l’étage au-dessus pour atteindre la dernière salle, qui est composée de stands délimités par les logos et enseignes des différents salons. Sur les tables, des books recueillant les précédents travaux des artistes, des flash (dessins comportant les lignes du futur tatouage qui seront ensuite calqués sur la peau), et quelques stickers.

« Allez viens que je t’emballe », plaisante un artiste en recouvrant le bras d’une jeune fille à la mine un peu verdâtre. Cette femme n’est pas la seule, à vrai dire, cette première convention rennaise est très féminine, plus d’une dizaine de tatoueuses y participent et des centaines de clientes, qui ont a priori oublié le petit papillon dans le bas du dos et privilégient désormais, les vraies belles pièces, colorées ou non, sur le dos, les bras, les cuisses ou les pieds, sont venues.

Certaines vont opter pour une rose du style old school, d’autres un énorme crâne plus noir ou un mignon cupcake tout coloré. La pièce est assez exiguë et bondée, il est difficile de se frayer un chemin au milieu de ces personnes qui s’arrêtent aux stands admirer le travail en cours ou poser quelques questions aux artistes. Pascal Tourain est maître de cérémonie pour le week-end, ce géant au corps entièrement tatoué exhibe fièrement sa peau parmi la foule, un short noir et un nœud papillon en guise de vêtements. Après quelques blagues qui font sourire tellement elles ont tendance à tomber à l’eau, il rappelle au micro que le concours de tatouage va bientôt commencer.

Le concours se déroule sur la scène extérieure. Le principe ? Un jury composé notamment des organisateurs Mikaël de Poissy et Miss Atomik, alors lumineuse, doit décider des plus beaux travaux effectués durant les deux jours de convention sur la base de critères artistiques mais aussi sur ce qu’ils appellent le « pointage », c’est-à-dire la technique. Les volontaires défilent par catégories, moyennes ou grandes pièces et affichent leur tatouage sous les applaudissements du public. Les gagnants repartiront avec un cadre de l’affiche de la convention et le plaisir de savoir leurs dessins approuvés par tous.

La journée se termine. En sortant, on passe à côté de quelques motos de bikers ou des voitures anciennes autour desquelles certains se sont regroupés. Les autres s’en vont le sourire aux lèvres ou d’autres un peu plus déçus ; tout le monde n’a pas pu se faire tatouer ce week-end là mais il semble clair que beaucoup d’idées et d’envies ont germé dans les têtes et que l’art du tatouage a été célébré comme il se devait…

Célian Ramis

YEGG fait sa Biennale de l'égalité : Girl power contemporain (3/5)

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Le girl power s'impose sur la scène de la Biennale de l'égalité avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les soeurs Bervas.
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Conférences, tables-rondes, ateliers, spectacles composaient la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, au Palais des congrès de Lorient, vendredi 16 mai. Le soir venu, à quelques mètres de là, c’est dans le parc que les femmes ont continué de s’exprimer. Par la chanson et la musique cette fois, avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les Sœurs Bervas.

Vendredi, à 20h30, le parc Jules Ferry respire le calme et la tranquillité. Pourtant, les voix puissantes des membres de The Boxettes percent cette fausse quiétude. Celles qui se sont produit le 20 mars dernier, à Rennes, sur la scène de l’Antipode sont de retour en terre bretonne pour environ une heure de beatbox détonnant, 100% féminin, pour notre plus grand plaisir.

Ces cinq londoniennes, alignées en toute simplicité et sobriété, font résonner leurs voix a cappella devant un public restreint, contre toute attente. Le groupe est composé de quatre vocalistes et beatboxeuses, Alyusha Chagrin, Kate Brown, Neo Joshua et Yvette Ribby-Williams, réunies autour de Bellatrix, première championne du monde de l’histoire du human beatbox.

Leurs chansons mêlent puissance, pureté vocale, harmonies mélodieuses et techniques impressionnantes de beatbox en mélangeant les genres musicaux qui oscillent entre r’n b, soul, hip hop et jazz. Engagé, le quintet expriment à travers leurs textes le girl power contemporain en chantant la force détenue par les femmes. Et la démontrent également en formant un groupe uni au style percutant et original.

Leur concert soulève un vent d’énergie et apporte un souffle nouveau à la scène beatbox. La performance de Bellatrix ne peut passer inaperçue et ne cesse d’étonner et d’impressionner la gente masculine tant elle dévoile des capacités hors-normes. Vêtue d’une robe noire et d’une paire de baskets streetwear, la championne anglaise ne se contente pas de flirter avec les graves, elle produit avec sa voix – et semble le faire avec une aisance déstabilisante – des fréquences que la basse ne pourrait délivrer.

Elle se mesure alors à des techniques de dubstep et de drum and bass, délivrant ici une énergie enivrante qui incite le public à se rassembler devant la scène pour danser. The Boxettes alternent chansons originales et reprises – de Rudimental et Lorde – et même impro, en demandant aux spectateurs de leur donner 3 mots – freedom, peace et aller (to go) – pour en faire une chanson. Elles entrainent le public dans leur univers, grâce à leur présence scénique et leur générosité. Un groupe qui illustre à merveille le thème de la Biennale de l’égalité femmes-hommes.

Dans le clan Bervas

Il est 22h et des poussières – et des bières pour certains échauffés - lorsque le deuxième groupe monte sur scène. Une scène plus chargée que lors du tableau précédent puisque Les Sœurs Bervas sont accompagnées, elles, de plusieurs instruments. Trois musiciens soutiennent le duo féminin constitué d’Ann et de Gaëlle. Le changement d’ambiance est radical.

Du human beatbox diabolique, on passe à la chanson française teintée de musiques venues d’ailleurs. Une affiche séduisante également. Les deux complices proposent un univers « réalistico-féérique » aux allures de cabaret familial dans lequel on croise des personnages cabossés, des souvenirs douloureux et dans lequel on soulève des cailloux hantés par des secrets de famille. Logique quand on partage depuis toujours le même environnement familial. Au fil des chansons, Les Sœurs Bervas nous embarquent dans leurs vies réelles, imagées et imaginées, avec ferveur mais aussi avec douceur puisqu’elles chantent derrière chaque ligne des textes un thème central et universel, celui de l’amour.

Et si on avoue ne pas adhérer entièrement au style proposé - qui souligne quelques faiblesses en matière d’originalité dans le genre musical – il est à noter qu’elles ont l’art de faire danser les spectateurs et de les emmener dans leur monde déjanté et festif. Ces deux lorientaises s’arment de belles paroles pour naviguer contre vents et marées avec humour, émotion et gaieté contagieuse. Les Sœurs Bervas apportent une touche humaine de par leur sens de la théâtralité et de la scène.

Parfois cruelles, parfois fantasques et parfois à fleur de peau, elles mettent leur imagination et leur vision de la vie à nu avec élégance et même sensualité.

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