Célian Ramis

Ça mijote chez les étudiantes rennaises !

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Rennes
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Lancé le 1er novembre dernier par 5 étudiantes rennaises, « Cook and share it » est une plateforme de mise en relation entre étudiants qui cuisinent et étudiants désireux de mieux manger.
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Lancé le 1er novembre dernier par 5 étudiantes rennaises, « Cook and share it » est une plateforme de mise en relation entre étudiants qui cuisinent et étudiants désireux de mieux manger. Les explications avec Elodie Dorgere, 22 ans, responsable marketing du projet.

« Ton frigo est vide ? Ca cuisine près de chez toi ! » : Tel est le slogan du site Internet imaginé par 5 étudiantes en deuxième année de Master, à  l’IGR-IAE (Institut de Gestion) de Rennes. Dans le cadre de leur cursus, elles ont conçu un site web sur le thème du partage de plats fait-maison. « D’un côté, on trouve des étudiants qui veulent faire de la cuisine et réduire leur coût de préparation et de l’autre, ceux qui n’aiment pas cuisiner », explique Elodie Dorgere.

Le constat est frappant : au quotidien, « quand on achète en petite quantité, le coût d’achat est plus élevé », précise la jeune étudiante. Du coup, les membres de l’équipe ont décidé d’y remédier. « Cela permet de partager sa nourriture et de lutter contre la mal bouffe », confie la jeune femme. Le principe ? Une personne vend un repas (une entrée, un plat ou un dessert) et une autre l’achète. « Lorsque les participants s’inscrivent, ils déterminent un prix et nous n’y touchons pas. Nous ne prenons pas de commission », indique la jeune femme.

Puis, ils organisent eux-mêmes leurs échanges et la transaction financière. À ceux qui seraient tentés de fixer des prix trop conséquents, Elodie répond « qu’aucune personne ne serait intéressée par le plat et qu’il ne serait pas vendu ». C’est dit.

Dans le groupe, les filles sont passionnées de cuisine et tiennent un rôle particulier : de la responsable contenu, marketing, commercial ou communication à l’administratrice réseau. « Cependant, il nous arrive de mélanger nos tâches », indique Elodie Dorgere. Sur le site, les participants ont aussi la possibilité de partager leur recette. Pour le moment, selon l’élève, ils sont d’ailleurs plus nombreux que les cuisiniers et les acheteurs. Les jeunes femmes ont de nombreux projets pour faire connaitre leur concept. Une vente de gâteaux est notamment prévue à l’IGR, ainsi qu’un concours du meilleur cuisinier parmi les inscrits sur « Cook and share it ».

Égalité des sexes : Le graal des chevalières de la table ronde

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La réalisatrice finistérienne Marie Hélia présente son nouveau film à l’Arvor, du 27 novembre au 3 décembre : Les chevalières de la table ronde (« Liberté, Sexualités, Féminisme. 50 ans de luttes pour les droits des femmes »).
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La réalisatrice finistérienne Marie Hélia présente son nouveau film – produit par Paris Brest productions – à l’Arvor, du 27 novembre au 3 décembre : Les chevalières de la table ronde (« Liberté, Sexualités, Féminisme. 50 ans de luttes pour les droits des femmes »). Un documentaire  – centré sur 12 femmes qui ont milité au Planning familial et qui continuent de faire entendre leurs voies à travers leur quotidien et leur militantisme – qui flirte avec la fiction puisqu’en parallèle, le spectateur suit une Gorilla Girl dans sa traversée du Finistère à la recherche d’une pie noir, en l’honneur de Rosa Bonheur, une des premières femmes peintres du XIXe siècle à être reconnue internationalement. Interview de Marie Hélia.

YEGG : Pourquoi avoir choisi de centrer le film sur les militantes et créatrices du Planning familial ?

Marie Hélia : À l’origine, c’était une demande du Planning familial de Brest, qui réunissait les créatrices du PF Finistère. Elles ont des choses à dire et leurs mémoires sont précieuses. J’ai pu établir la liste et les rencontrer. Elles sont 8 à avoir participé à sa création, elles ont entre 86 et 90 ans.

Comment de temps cela vous a pris ?

Un an d’écriture et de rencontres environ. Mais au total, entre l’idée du film et la première projection, trois années se sont écoulées.

Pourquoi ce parallèle entre les créatrices du Planning familial et les chevaliers de la table ronde ?

C’est une lutte très épique. En plus, elles ont une classe incroyable. Elles étaient en lutte, en quête ! En quête de liberté. Le lien avec la table vient simplement de la référence à la table à repasser, avec évidemment une vague inspiration des légendes arthuriennes (la table ronde a été conçue pour que chacun siège à égalité, ndlr).

C’est d’ailleurs une artiste, Annelise Nguyên, qui a réalisé la table ronde. Pourquoi en faire construire une pour le film ?

Tout simplement parce que je ne voulais pas l’acheter chez Ikea. Et que je voulais vraiment inclure d’autres femmes artistes dans ce projet. Il n’y a pas qu’elle, il y a aussi Laetitia Sheriff.

Comment s’est passée la rencontre avec cette dernière ?

Je la connaissais déjà, de loin. J’étais persuadée que c’était elle qu’il fallait pour réaliser la bande originale du film. De la guitare et de la voix. Et c’est ce qu’elle fait. C’est une musique originale qu’elle propose ici. Quand elle a vu le film, elle a joué en direct avec la projection.

Est-ce que ce sera l’occasion d’organiser un ciné-concert avec cette auteure-compositeure-chanteuse ?

Ce serait bien. Pour l’instant, nous n’avons pas encore la version sans les paroles. Mais c’est une très belle collaboration.

Autre figure féminine importante dans le film : la Gorilla Girl, féministe américaine. Pourquoi l’inclure dans le scénario ?

Car elle représente la place des femmes dans la culture. Elle défend les femmes dans les arts. Elle symbolise le féminisme car c’est un personnage volontaire et libre. Et puis, c’est un personnage de fiction, ce qui vient perturbée le scénario du documentaire. C’est ça aussi que je trouvais intéressant. J’aime bien penser une forme pour chacun de mes films. C’est ce qui en fait leur force.

Et pourquoi Rosa Bonheur en particulier ?

Déjà, le nom Rosa Bonheur est magnifique. Je cherchais une peintre animalière, sans forcément que j’aime ses œuvres. Je trouve d’ailleurs sa peinture trop académique. Mais c’est aussi une femme qui ne se revendiquait pas féministe mais qui l’était par la force des choses.

Un peu comme vous…

C’est un féminisme instinctif. Moi, je me revendique féministe. Je pense d’ailleurs que quand on est une femme, c’est un pléonasme !

Vous avez rencontré les « anciennes » du Planning familial mais aussi les « nouvelles », la jeune génération de militantes. Avez-vous ressenti une différence dans la manière de militer ?

Non, vraiment pas. Elles militent toutes au PF et font preuve d’altruisme envers les autres femmes. Elles ne se battent pas simplement pour elles mais également pour les autres. Je les trouve pragmatiques. J’ai déjà réalisé un film sur les militants, qui s’appelle Dans la ville rouge, il s’agit là de militants perdus, paumés. Les féministes, elles se prennent en main au quotidien. Elles ne se laissent pas tomber dans les pièges de la télévision qui nous montre des femmes objets. On va bientôt nous dire de rentrer à la maison si ça continue !

Vous travaillez sur le territoire breton et avait réalisé le film dans le Finistère. Dans la région, le militantisme féministe est-il plus important qu’ailleurs selon vous ?

Je ne crois pas. Je ne crois pas à cette fumisterie du matriarcat breton, qui nous dit qu’en Bretagne, les femmes sont fortes et puissantes. Elles n’ont pas le pouvoir politique, pas le pouvoir économique et pas le pouvoir législatif. Tout ça, ça me gave grave ! Tout comme les bonnets rouges, je suis anti bonnets rouges de toute manière. Pour revenir à la question, je crois que le féminisme breton est le même qu’ailleurs. Il y a une légère baisse du militantisme, comme partout. Par exemple, au Planning, les bénévoles sont dures à trouver.

Le Planning familial parle aussi de réduction des moyens financiers. Est-ce que le film en profite pour aborder cette problématique ?

Je n’ai pas abordé l’aspect financier dans le film car je n’ai pas ressenti cette préoccupation dans le Finistère. Par contre, ce qui est dit et évoqué, c’est le manque de moyens et de temps mis à disposition. Comme par exemple l’accès à la sexualité dans les écoles. Ce n’est pas avec trois heures sur le sujet qu’on va les sensibiliser à la question. Il y a une vraie urgence de ce côté-là.

Qui sont les spectateurs qui viennent assister aux séances de projection ?

Le public est essentiellement féminin : 80% de femmes environ qui ont entre 40 et 65 ans. Mais on va aussi organiser des séances pour les scolaires, pour l’instant dans le Finistère dans les villes qui ont un Planning familial – Quimper, Brest, Douarnenez – puisque c’est la structure qui fera la sensibilisation.

Est-ce que la jeune génération est présente également ? Le féminisme peut parfois faire peur aux jeunes femmes…

C’est dommage, il n’est pas interdit de penser… La jeune génération a du mal à rentrer dans les salles pour voir un documentaire… Mais il y a quelques-unes quand même !

Par conséquent, le message de transmission est plus difficile à faire passer…

Le message se transmet mais c’est long, c’est normal. Nous n’avons pas les mêmes moyens de distribution que les blockbusters américains…. Le film est passé sur les chaines locales comme TBO, c’est positif, c’est comme ça que le message va passer. En tout cas, dans les salles, les spectateurs semblent ravis. Les chevalières de la table ronde ont une telle énergie ! Elles transmettent leur bonheur et leur joie de vivre. C’est super !

Merci Marie Hélia

Merci à vous.

Célian Ramis

Migrant'scène : Les voix féminines de la migration 2/2

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Les femmes étaient à l’honneur pour la 2e édition de Migrant’scène. Deux groupes ont répondu à la thématique imposée – la migration au féminin – au Bar’Hic de Rennes : le chœur de La tête à l’est et Mariana Caetano.
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Les femmes étaient à l’honneur pour la 2e édition de Migrant’scène, organisé par La Cimade, samedi 23 novembre. Deux groupes ont répondu à la thématique imposée – la migration au féminin – au Bar’Hic de Rennes : le chœur de La tête à l’est et Mariana Caetano.

Aux alentours de 21h, le Bar’Hic est déjà rempli de monde ce samedi soir. Beaucoup sont venus pour assister au concert de La tête à l’est. Créée en 2009, l’association a pour vocation de promouvoir la musique et la danse d’Europe de l’Est dans la région Bretagne. Elles sont sept femmes ce soir-là à unir leur voix qui résonnent dans le bar aux sons des Balkans.

En chœur, parfois à l’unisson, elles interprètent des chansons traditionnelles de Roumanie et de Bulgarie, accompagnées par deux accordéons, des percussions, du violon et parfois des voix de quatre hommes. Certains morceaux sont doux et légers, similaires à des berceuses. D’autres sont nuancés et naviguent sur les flots de plusieurs voix qui jouent sur les intensités, agitant le chœur qui oscille entre chuchotements et notes très fortes et puissantes, qui font danser les spectateurs, qui pour bon nombre d’entre eux prennent des cours de chants avec l’association Tête à l’Est, entrainés à plusieurs reprises dans des rondes traditionnelles.

Après une courte pause, c’est au tour de Mariana Caetano, entourée de ses musiciens, de prendre place sur la scène, située au fond du bar. La chanteuse qui vient « d’un pays du soleil, très loin d’ici », arrivée en France depuis 2004, inonde ce lieu festif de la place des Lices des sons brésiliens qui rythment son deuxième album « Mé Ô mond », sur fond de guitares et de percussions.

Plaisir, solitude, amour, consommation… autant de thèmes abordés que de mimiques développées sur scène avec humour et singularité. Sa voix est envoutante, douce et grave. Sa musique est poétique et décalée, avec des influences rock, chanson française et pop. Mariano Caetano joue avec les mouvements musicaux de son pays, alterne entre MPB (Musica popular brasileira) et tropicalismo (mouvement culturel de la fin des années 60 qui contestait la musique populaire brésilienne), ne prenant que les particularités de chaque genre, sans se préoccuper des étiquettes.

En moins d’une heure, cette artiste originale nous dépayse à travers un voyage expérimental unique, nous baladant tranquillement d’un pays à un autre, d’un continent à un autre.

Les deux concerts nous offrent chacun un instant musicalement opposé. Une invitation au voyage dans les deux cas qu’on aimerait concrétiser plus longuement, à la rencontre d’autres cultures qui s’expriment à travers les voix de ses femmes.

Célian Ramis

Migrant'scène : Les voix féminines de la migration 1/2

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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Plusieurs événements ont eu lieu autour de la thématique suivante : la migration au féminin.
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Migrant’scène, organisé par La Cimade, revient pour la 2ème année consécutive à Rennes. Samedi 23 novembre, plusieurs événements ont eu lieu dans le centre ville de la capitale bretonne, autour de la thématique : migration au féminin.

« Nous avons choisi de parler de mobiles, de mobilité et de mobilisation, et non de migration ou d’immigration. Et ça, ça change déjà le regard », explique Marie Arlais, directrice artistique et membre du collectif nantais étrange miroir. Une quinzaine de personnes a participé à l’installation sonore, Mobiles illégitimes, exposée au café L’enchantée à Rennes, uniquement pour l’après-midi.

Pour Marie, « les témoignages sonores permettent de ne pas tomber dans la représentation stéréotypée avec des images de la femme victime, de la femme qu’il faut à tout prix aider ». En effectuant leurs recherches, les membres du collectif dégagent différents angles, décèlent les diverses thématiques liées au sujet, « y compris des choses auxquelles on ne pensait pas, comme le lien avec la mobilisation et le féminisme ou encore la sexualité des migrantes ».

Ils recueillent les histoires de plusieurs femmes venues d’Algérie, du Bénin, du Mozambique, d’Israël, d’Ecosse ou encore du Maroc, ainsi que des témoignages de sociologues, anthropologues, militantes, professeures, conseillère en insertion professionnelle.

De là est imaginée la structure qui voyage actuellement de ville en ville dans le cadre de Migrant’scène : une grande armoire en bois dont certains tiroirs demandent à être ouverts afin de libérer les paroles de toutes ces femmes. Dans les extraits, on peut entendre :

Luanda : « On appartient tous à quelque chose, on est tous nés quelque part »,

Maeva : « Si j’avais été un homme, ça aurait été plus facile. Mais j’ai osé (partir, ndlr), je suis allée au bout, j’ai relevé le défi et j’y suis arrivée » / « Je suis africaine, j’en suis fière et je ne serais jamais blanche. Je ne pourrais qu’être française d’adoption mais jamais de peau. Je peux modifier certaines choses pour l’intégration mais pas tout »,

Saïda : « La famille (dans laquelle elle travaillait, ndlr), je la respecte mais ils ont beaucoup abusé de ma situation. Ils n’ont fait aucun effort pour faire un courrier à la Préfecture alors que j’étais très utile pour leur fille handicapée »,

Sivan : « Quand tu vis dans un pays nouveau, il faut que tu changes ta langue, ça te fait changer ton rythme, tu vas plus lentement, tu cherches tes mots ».

La mobilité quotidienne

Le sujet est traité dans toute sa complexité et toute sa diversité avec l’objectif de mettre en avant des axes peu médiatisés. Avec les tiroirs, le collectif invite les visiteurs à aller chercher, fouiller, explorer par eux-mêmes les informations concernant la mobilité. « Ce thème illustre notre mode de penser actuel. Nous sommes une génération qui bouge beaucoup, se déplace pour des voyages ou le travail. Pour nous, c’est normal », explique Marie Arlais.

Les informations apportées au cours de cette exposition interactive sont appuyées et complétées par un éclairage avisé et alternatif. Pour la sociologue et anthropologue Nacira Guénif Souilamas, les femmes sont privées de toute capacité à se mouvoir : « Les différentes fonctions des femmes – religieuses, culturelles, familiales – les bloquent dans leur mobilité. C’est cette logique d’immobilisation qui renforce l’illégalité des mobilités des femmes ». De quoi faire réfléchir les auditeurs au-delà de la thématique. Jules Falquet est elle aussi sociologue et figure dans le kaléidoscope sonore proposé par étrange miroir. Dans un extrait, elle développe sa réflexion autour de la notion « To care », signifiant « prendre soin » en anglais.

Selon elle, les femmes seraient plus qualifiées pour s’occuper des personnes malades ou âgées, grâce à l’éducation reçue. « On appelle cela la crise du care ou la crise de la reproduction sociale car elles ne s’occupent pas uniquement des personnes âgées. On importe là aussi des femmes pour s’occuper des hommes valides. Il y a toujours moyen de se faire tailler une pipe pour pas cher. Tout ça, sans papiers, car sans papiers = sans droits », raconte l’experte.

Une installation sonore originale, interactive et riche de sens dont on voudrait pouvoir profiter plus longuement, dans un lieu plus propice et moins étroit.

Célian Ramis

"Druckerozaure : Save the Dino" ou un grain de folie aux Beaux-Arts

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Beaux-Arts, Rennes
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L’exposition dûment nommée Druckerausore, save the Dino est l’œuvre de quatre étudiants de deuxième année, regroupés pour l’occasion dans le collectif 4 fromages.
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En passant le porche de l’école des Beaux-arts à Rennes, le risque n’est plus seulement de tomber sur des étudiants papier canson sous le bras et crayon à l’oreille. Depuis le 6 novembre et jusqu’au 29 novembre, les tyrannosaures et autres diplodocus ont élu domicile au pied des statues grecques du cloître. L’exposition dûment nommée Druckerausore, save the Dino est l’œuvre de quatre étudiants de deuxième année, regroupés pour l’occasion dans le collectif 4 fromages.

Le fil de l’exposition a été décidé sur un coup de tête : les dinosaures. Ils sont déclinés en plusieurs œuvres : tableaux, sculptures, photographies, cahier de coloriage… dont les titres humoristiques renvoient à la légèreté du collectif. Le nom le plus drôle étant attribué à l’une des sculptures réalisée par les deux filles de l’équipe, Mathilde et Laurence, nommée: « éclosion précoce ».

L’exposition nous plonge dans une fantasmagorie : et si les dinosaures avaient survécu et qu’ils cohabitaient avec l’être humain aujourd’hui ? Que seraient-ils devenus ? La réponse est apportée par petites touches : par exemple le dino market avec des boîtes de conserves contenant de la viande de dinosaure. Mais c’est surtout un code civil détourné, à l’origine destiné aux animaux, qui montre les dinosaures comme une espèce menacée et peu considérée par l’homme.

Les loges des Beaux-Arts permettent aux étudiants d’exposer tout au long de l’année, mais le calendrier est souvent plein. Profitant d’un trou dans ce planning surchargé, les quatre amis du collectif 4 fromages, Mathilde, Laurence, Julien et VM, se sont engouffrés dans la brèche afin de faire une exposition. « C’était dans l’urgence, on a commencé deux semaines avant mais en vérité on a fait la majorité du travail 48h avant ».

Le défi était de taille, et ils avaient peu de temps pour le relever. Néanmoins tout c’est fait dans la bonne humeur: « Le but premier c’était de rigoler ». En témoigne le titre de l’exposition : Druckerausore. « Michel Drucker est un dinosaure de la télévision, donc ça nous a parût marrant de détourner le nom », confie Laurence. Une des œuvres du collectif est d’ailleurs consacrée à ce personnage public…

Des critiques sur le manque de sérieux

« Surtout ne pas se prendre la tête » est le leitmotiv principal de ces jeunes étudiants. Ils refusent de conceptualiser un travail qui était avant tout une franche partie de rigolade. Mais ce refus d’intellectualiser les amène paradoxalement à donner un concept à l’exposition : le parti pris de la bonne humeur. Ils ont essuyé des critiques de la part d’étudiants des Beaux-arts anonymes, qui trouvaient que l’exposition n’était pas assez sérieuse.

Certes le trait du dessin est parfois un peu maladroit et ils avouent en rigolant que le jour du vernissage, toutes les toiles n’étaient pas sèches; mais peut-on vraiment le leur reprocher ? D’autant que l’exposition trouve un écho favorable auprès du public, le vernissage ayant été une réussite puisque de nombreuses personnes ont fait le déplacement. Parmi les présents, l’artiste de street art, Mardi Noir, intrigué par cette exposition qui reprenait le titre d’une de ses réalisations. Bon joueur, il est venu saluer l’initiative. Quant aux membres du collectif 4 fromages, ils nous confient: « évidemment que l’on connait son travail, mais on ne savait pas qu’il avait déjà utilisé ce titre… »

Célian Ramis

De Barcelone à New-York, Cédric Klapisch passe par Rennes

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Gaumont, Rennes
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.

« À la fin de L’Auberge espagnole, je ne pensais pas faire de suite. Puis j’ai fait Les poupées russes. Je voulais attendre 10 ans avant le troisième volet, j’ai finalement attendu 8 ans. J’avais besoin de continuer, de faire la suite », explique Cédric Klapisch. La suite des aventures de Xavier, interprété par Romain Duris, qui, de Barcelone à New-York en passant par Saint-Pétersbourg, poursuit sa vie « compliquée », « bordélique ».

Il a maintenant 40 ans, deux enfants, est devenu écrivain et s’installe à New-York, où il est encore une fois confronté à un véritable casse tête chinois. Le réalisateur et l’acteur évoquent tous deux l’âge de la maturité décrit dans Casse-tête chinois, en salles le 4 décembre. À croire que le fameux âge con serait passé…

Autour de Xavier, trois femmes : Wendy, Isabelle et Martine (Kelly Rilley, Audrey Tautou et Cécile de France). « C’était une évidence pour moi de réunir cette bande de 4 avec laquelle il y a un vrai plaisir de jeu », explique le réalisateur. Dans le triptyque, nombreuses sont les personnalités féminines qui gravitent autour du personnage principal. « À 20 ans, on est très entouré de la gente féminine, à 40, on est avec sa femme et sa bande d’amis rétrécit. C’est toute l’histoire du cercle familial », précise-t-il. Une volonté très marquée de réunir une majorité de personnages féminins qu’il a voulu garder tout en resserrant les liens qui les unissent.

Klapisch souligne également la relation centrale et particulière avec Isabelle : « Xavier la définit constamment comme son pote. Il y a entre eux aussi bien une complicité masculine qu’un rapport étroit avec le monde des femmes ». Dès L’Auberge espagnole, Xavier se lie d’amitié avec Isabelle, une lesbienne belge qui vit sa sexualité sans complexes et sans difficultés, évolue dans sa vie professionnelle – dans le monde de la finance – et fonce droit devant. Elle représente alors les bons côtés des relations entre hommes et femmes, et c’est sur ce point que le réalisateur insiste.

Klapisch, entre fiction et réalité

Encore une fois, celui qui a révélé Romain Duris en tant qu’acteur dans Le péril jeune (1994) nous fait voyager à travers le temps et l’espace. Il nous laisse percevoir à travers les différents volets du triptyque son vécu et sa vision du temps qui passe.

En effet, placer l’action au cœur de New-York n’est pas un hasard pour Cédric Klapisch qui y a étudié le cinéma. « J’y ai vécu de 23 à 25 ans et je n’y étais pas retourné depuis. Dans les 8 dernières années, je suis allé 4 fois en Chine et je pensais tourner là-bas. Mais si tourner aux Etats-Unis était compliqué, le faire en Chine l’était encore plus », déclare-t-il. Malgré des techniques de tournage très différentes de celles qu’il maitrise en France, il s’oriente vers la ville cosmopolite dans laquelle « tout le monde est un immigrant, ce qui convient parfaitement au thème de ces gens qui se sont rencontrés en Erasmus ».

Là aussi, Klapisch établit un lien entre la fiction et sa réalité, sa sœur ayant effectué son année d’Erasmus à Barcelone, en colocation avec « cinq étudiants de nationalités différentes, qui parlent chacun une langue étrangère », d’où l’idée initiale de L’Auberge espagnole.

De nombreux ponts s’établissent alors entre le réalisateur, qui semble parler à travers les propos de Xavier (il emploiera à plusieurs reprises la première personne pour évoquer et expliquer l’état d’esprit du personnage principal), et ce dernier, soulignés par une complicité forte entre Cédric Klapisch et Romain Duris. « C’est un travail à part, nous avons commencé ensemble et nous sommes devenus amis. Il n’a plus besoin de terminer ses phrases pour me diriger », commente l’acteur qui a collaboré à 7 reprises avec Klapisch. Si ce dernier parle de troisième et dernier volet de la série, sa proximité avec Xavier nous laisse penser que l’histoire ne cessera pas de si tôt et dépasse largement son existence sur le grand écran.

Célian Ramis

Coup de fouet dans les abysses rennaises

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C’est aujourd’hui, vendredi 15 novembre, qu’est officiellement lancée l’exposition Des abysses et vous, proposée par le collectif Ouitisch. Une exposition subaquatique et itinérante.
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C’est aujourd’hui, vendredi 15 novembre, qu’est officiellement lancée l’exposition Des abysses et vous, proposée par le collectif Ouitisch. Une exposition subaquatique et itinérante.

Du 15 novembre au 4 février, les Rennaises et les Rennais pourront découvrir le travail du collectif Ouitisch, dont les clichés – qui ont été réalisés par Philippe Henry dans la fosse plongée des Gayeulles – sont exposés en grand format au fond des bassins rennais. « Nous nous permettrons de changer la disposition des triptyques selon les lieux« , nous explique Xavière Voisin, chargée des relations presse et de l’administration.

De manière itinérante, les neuf photographies seront installées dans les piscines durant 15 jours chacune, en commençant par la piscine Saint-Georges – puis dans l’ordre suivant : Villejean, Gayeulles et Bréquigny.

Hier soir, lors de l’inauguration, de nombreux courageux parfaitement équipés – maillots de bain, lunettes et palmes pour certains – se sont lancés dans le grand bain à la découverte des chimères abyssales, imaginées à partir de la méduse, de la pieuvre et du poisson. Originale, l’exposition se veut ludique pour les nageurs « qui arrêteront de voir simplement les carreaux de la piscine« , nous dit Anna Le Reun, la créatrice des costumes, et invite à plonger au coeur de l’univers abyssal dont la plupart des créatures sont encore méconnues des scientifiques.

+ d’infos sur le collectif et l’exposition Des abysses et vous : cliquez ici !

Célian Ramis

Syndrôme de Williams : Gabrielle ou une manière d'aborder le handicap autrement

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Le syndrome de Williams : la vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.
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Le film Gabrielle, plusieurs fois primé, a eu une vie assez brève au Gaumont de Rennes. Le scénario est d’une simplicité presque banale : c’est une histoire d’amour entre deux jeunes, Gabrielle et Martin. Qu’est-ce qui en fait un film d’une intensité extraordinaire ? Pour les deux personnages, tous deux handicapés, rien n’est simple, surtout pas l’amour. L’actrice qui joue Gabrielle est atteinte d’un handicap rare : le syndrome de Williams. La vice-présidente de l’association Williams Bretagne, Karine Lepinoit-Lefrêne nous présente cette maladie.

Le fils de Karine, Luka, six ans, n’est pas tout à fait un enfant comme les autres. Le syndrome de Williams dont il est atteint est une maladie génétique rare occasionnant un retard psychomoteur, c’est-à-dire physique et mental. Les personnes qui en sont atteintes souffrent d’une hypersociabilité qui les pousse à se fier aisément aux autres.

D’autres symptômes sont associés : troubles cardiaques, troubles du sommeil, hyperacousie. Dès lors, le moindre bruit inhabituel devient problématique. Cette sensibilité aiguë au bruit n’est pas seulement un problème: elle permet aussi à de nombreux Williams d’avoir l’oreille absolue et des prédispositions pour la musique.

 Dans le film Gabrielle, de la réalisatrice Louise Archambault, de nombreux aspects du syndrome sont présents. Victime d’un stress disproportionné au son d’un grille-pain mal en point, incapable de se repérer dans Montréal, ville dans laquelle elle habite, ou encore inapte à compter son argent – impliquant ainsi qu’elle tende innocemment son porte-monnaie au vendeur – la protagoniste, interprétée par Gabrielle Marion-Rivard, est montrée vulnérable dans son quotidien le plus banal.

L’occasion pour les spectateurs de percevoir et de comprendre certaines difficultés vécues à travers ce handicap. La musique est également très présente, la chorale dont fait partie Gabrielle  tisse le fil rouge du scénario. C’est dans cette chorale qu’elle rencontre Martin, qu’elle s’épanouit. Les textes chantés sont ceux de Robert Charlebois, artiste reconnu au Québec, qui a accepté de participer en tant qu’acteur et chanteur. Tous ces aspects font que, selon Karine, « en tant que parents, nous n’avons pas vraiment vécu le film comme une histoire mais bien plus comme un documentaire, c’est réaliste. La réalisatrice a compris plein de choses: les parents trop ou pas assez présents, le rôle de la fratrie. Pour Luka, sa sœur est aussi très présente. ».

Une sexualité complexe

Cette œuvre cinématographique permet aussi d’aborder des questionnements qui touchent les parents d’enfants handicapés, quelque soit la maladie. Les questions de l’autonomie et de la sexualité par exemple, auxquelles Louise Archambault accorde beaucoup d’importance.

Gabrielle rêve d’avoir un appartement, d’être comme tout le monde, mais son incapacité à gérer les aléas du quotidien rend ce désir impossible. Les relations amoureuses aussi sont compliquées. La preuve, son histoire avec Martin, jeune homme qui fréquente le même centre, est gérée par les responsables. Les scènes abordant la sexualité entre personnes handicapées sont paradoxalement comiques et infiniment tragiques. Une fois le désir entre les deux jeunes gens percé à jour, les responsables convoquent les familles.

Pour eux, le passage à l’acte se décide autour d’une table, avec les parents, les responsables du centre et eux-mêmes. Certaines phrases sont cruelles et heurtent la sensibilité du spectateur comme lorsque la mère de Martin demande si Gabrielle est stérilisée. D’autres situations, comme l’animateur demandant à Gabrielle si elle a déjà touché le pénis du jeune homme, sont assez amusantes et la réponse plutôt drôle : « non, non, je t’assure, je ne l’ai pas touché. »  Les parents de Luka, eux, sont encore loin de ces questionnements, vu son jeune âge: « Pour nous, avoir un enfant handicapé rend tout plus compliqué, on ne peut pas faire de projet à long terme. Trop se projeter ne sert à rien sinon à déprimer. Nous avons une vision à court terme, sur deux ans environ. Là il est en moyenne section, l’année prochaine il sera en grande section et après on ne sait pas. ».

Les Williams ne suivent pas le cursus classique jusqu’au bout, ils sont intégrés, plus ou moins tôt dans leur scolarité, dans des classes spécialisées. En fonction de leur adaptation ils peuvent rester dans les écoles élémentaires jusqu’en CP, rarement plus. La lecture constitue un premier palier qui leur est difficile de franchir, même si les situations sont très différentes d’un enfant à l’autre. Pour Luka, il est impossible de savoir à l’avance ce qu’il sera capable de maîtriser en terme d’apprentissage.

 Le soutien du tissu associatif

 L’association Williams Bretagne, basée à Rennes, mais qui adhère au réseau associatif national, a pour objectif premier de créer du lien entre les familles concernées et organise un week-end annuel réunissant les parents, les enfants et des intervenants professionnels dans le domaine de la santé: « ça fait du bien de se retrouver entre nous pour parler des avancées, des difficultés. » Au delà de ces rencontres, l’association organise également des colonies pour ces enfants qui demandent une prise en charge spécifique.

Ils essayent également de communiquer autour du syndrome. Le film Gabrielle n’ayant été programmé que dans très peu de salles en Bretagne à l’origine, des membres de l’association se sont mobilisés auprès des cinémas locaux afin qu’ils acceptent de le diffuser. Karine n’a pas obtenu de séances supplémentaires mais d’autres y sont parvenus, dans de petits établissements bretons. Le passage du film durant deux semaines au Gaumont de Rennes était inespéré. Elle l’interprète comme étant le résultat du prix du public, obtenu au festival du film de Locarno.

Avoir un enfant handicapé est source de difficultés sur de nombreux points : la scolarisation notamment. Les papiers administratifs pour obtenir des aides sont également un casse-tête, tous les parents n’ayant pas connaissance de leurs droits. La maman de Luka a ainsi pu aider un autre couple qui ignorait leur possibilité d’obtenir d’une carte de stationnement. Selon les parents de Luka, Karine et Aymerick, le fait de s’engager dans des associations aide à reprendre le pas sur la maladie. « Le handicap c’est quelque chose qui nous tombe dessus, qu’on ne choisit pas. S’engager dans des associations c’est un moyen de ne plus le subir mais au contraire d’aller de l’avant. »

Le couple a ainsi créé une autre association avec d’autres familles de la même ville qu’eux, Betton. Cette nouvelle structure, 3Ailes, regroupe tous les handicaps. Pour les parents ce type d’initiatives permet de se sentir moins seul, car le pire dans le handicap, « c’est la solitude ».

Célian Ramis

Terres-Neuvas aux Champs Libres : une histoire d'hommes ?

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Champs Libres, Rennes
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Le musée de Bretagne des champs libres et le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc présentent une exposition en parallèle, d’octobre à avril sur les Terre-neuvas, ces pêcheurs qui partaient de longs mois en mer, en Atlantique nord.
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Le musée de Bretagne des champs libres et le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc présentent une exposition en parallèle, d’octobre à avril sur les Terre-neuvas, ces pêcheurs qui partaient de longs mois en mer, en Atlantique nord. Le sujet semble empreint de virilité et ne laissant aucune place aux femmes, et pourtant…

En deux parties, l’exposition sur les Terre neuvas sera visible du 19 octobre 2013 au 19 avril 2014 : l’une à Rennes, l’autre à Saint Brieuc, avant de déménager à St Malo et Granville en juin 2014. Elle présente en deux volets, l’aventure de la pêche à la morue sur les côtes de Terre-neuve.

Des marins bretons et normands s’embarquaient pendant plusieurs mois pour profiter des réserves halieutiques, c’est-à-dire des richesses en poisson du Canada. Les conditions de vie sommaires, les techniques de pêche, le contexte socio-économique de l’époque ( etc …), sont autant de sujets abordés dans le cadre de l’exposition.

Un contexte masculin

Aux champs libres sont exposés cinq siècles de pêche morutière à travers un parcours qui reprend une démarche d’histoire sociale. Le quotidien de ces hommes est dévoilé à travers de nombreux objets, photos et documents. L’univers des marins est très bien restitué grâce à une scénographie efficace visuellement qui plonge le spectateur dans les eaux froides de Terre-Neuve, du labrador ou encore de Saint Pierre et Miquelon, à la recherche de morue. Les enfants sont les bienvenus grâce à la mise en place d’interactions et d’objets numériques.

À Rennes, il s’agit presque exclusivement de pêcheurs, même si, occasionnellement, des femmes ont pu embarquer pour aider à sécher ou à saler la morue.

Si la gente féminine se fait discrète dans le contenu de l’exposition, c’est une directrice, Céline Chanas, au musée de Bretagne qui a coordonné le travail en amont de l’exposition. Elle signale que lorsqu’ils ont commencé à travailler, le simple mot Terre-neuvas suffisait à réveiller une mémoire familiale chez ses interlocuteurs. Le recrutement des marins se faisait très loin à l’intérieur des terres, parfois même jusqu’à Rennes.

C’est pourquoi en Bretagne, le souvenir des Terre-neuvas est un sujet de mémoire très présent, qui alimente parfois des fantasmes. Céline Chanas a été accompagnée dans sa démarche par la directrice du musée d’art et d’histoire de Saint Brieuc, Elisabeth Renault, et par la conservatrice du musée du Vieux Granville, Michèle Chartrain.

Une réalité féminine

Le deuxième volet, présenté à Saint-Brieuc, est axé sur un thème précis: « Le temps de l’absence ». Il traite des personnes restées à terre, et notamment des épouses des marins. La littérature et l’art ont consacré l’image de la veuve éplorée ou celle de la femme scrutant l’horizon dans l’attente d’une voile de bateau. Ces images d’Épinal sont reprises, complétées par des faits précis.

Loin d’attendre au bout du quai en s’abîmant les yeux dans les flots de l’Océan, les femmes de marins maintenaient une activité professionnelle pour subvenir aux besoins de la famille. Pêcheuses à pied, lavandières, agricultrices, couturières, ouvrières dans les usines de conditionnement du poisson… les métiers ne manquaient pas.

Au-delà de leur activité professionnelle, elles s’occupaient également de la maison, des enfants; ce qui ne leur laissait que peu de temps pour attendre le retour des Terre-neuvas sur la jetée. Mais dans ce cas peut-on parler d’une libération des femmes avant l’heure de leurs consœurs? Pas complètement. Certes les épouses de marins étaient libres du contrôle d’un mari, pas de celui de la famille qui pesait encore sur leurs épaules.

L’exposition vient rappeler le rôle et la place des femmes, trop souvent occultés par les exploits ou les tragédies des marins.

Terre-Neuve/Terra-Neuvas bénéficie de deux volets très complets, qui fonctionnement de manière autonome. La visite des deux musées apporte néanmoins une meilleure compréhension du sujet dans sa globalité.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet : Quand la cumbia laisse place à la rumba...

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Location: 
Rennes
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Papa Noël et Viviane A ont soufflé un vent de magie et de pureté, sous le chapiteau du Grand Soufflet, vendredi 18 octobre à 18h. Un moment chaleureux et convivial qui s’est déroulé hors du temps, mais pas de l’espace.
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Papa Noël et Viviane A ont soufflé un vent de magie et de pureté, sous le chapiteau du Grand Soufflet, vendredi 18 octobre à 18h. Un moment chaleureux et convivial qui s’est déroulé hors du temps, mais pas de l’espace.

Lui est à la guitare. Elle à l’accordéon. Ensemble, ils forment un joli duo dont la musique est synonyme de douceur, de quiétude. Assis sur les gradins ou sur le sol, les spectateurs, dociles, se laissent envoûter par la magie de ce moment, par la magie du voyage dans lequel nous entrainent les deux compagnons.

Dans le parc national de Virunga, en République du Congo et dans les environs de l’Ouganda et du Rwanda, Papa Noël et Viviane A nous promènent amicalement et partagent leurs sentiments avec le public. « La première fois que je suis allée chez Nono, il m’a parlé de ce lieu en me disant : Virunga, c’est la jungle, les senteurs, le chant des oiseaux, les crapauds, les lions, la montagne… », dit-elle, avant de le laisser ajouter « qu’aux pieds des volcans, en Afrique, les animaux vivent et produisent des chants magiques ».

Une atmosphère ineffable et surnaturelle envahit le chapiteau, qui semble comme plongé dans un songe. L’instrument à bretelles produit des cris d’animaux et le son harmonieux de la guitare nous berce tandis qu’on imagine à Virunga la nature prendre vie, le jour se lever, la faune et la flore s’éveiller.

Puis c’est la rumba qui rythme notre périple dans cette Afrique qui prend parfois des airs de Cuba. Si « la rumba se joue normalement à plusieurs guitares et avec des percussions », les spectateurs participent, en frappant des mains, pour pallier leur absence de ces instruments. L’ambiance est familiale, l’humeur joviale.

Les lumières oranges et rouges, ainsi que le décor épuré de la scène, participent à nous baigner dans l’environnement décrit par la musique. Les deux musiciens, jusqu’à présent assis l’un à côté de l’autre au milieu de la scène, se lèvent, se laissant entrainer par leurs propres mélodies, et nous embarquent avec eux dans les nuits chaudes et sèches de La Havane. Jusqu’à nous amener à Brazzaville pour danser une rumba congolaise.

Timide, le public reste lové dans son petit havre de paix et ne semble pas pressé de sortir de son cocon. Seuls, quelques enfants s’agitent sur le plancher du chapiteau. « La rumba congolaise s’appelle Maziba. Car Maziba, c’est la source. La source, c’est la femme. C’est le sein qui nourrit et fait grandir l’enfant. Maziba, chez nous, c’est la vie ! », explique Papa Noël, d’origine congolaise.

La musique est pure, douce et belle. Le duo est harmonieux et généreux. La rencontre est simplement magique.

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