Célian Ramis

Mythos 2013 : François Lavallée, un conteur (pas) comme les autres

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Le théâtre de la Parcheminerie, à Rennes, accueillait hier le conteur québécois François Lavallée qui présentait son spectacle Les Autres.
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Le théâtre de la Parcheminerie, à Rennes, accueillait hier le conteur québécois François Lavallée qui présentait son spectacle Les Autres.

Nous sommes en 1986, dans la banlieue montréalaise. C’est la tempête. François est encore un enfant. Le conteur nous invite à visiter un souvenir d’enfance dans lequel il se rappelle de Martin, ce petit garçon différent qui dessine au fond de la classe. Parce qu’il est différent, il sera intimidé, chahuté, embêté, harcelé, moqué par les Autres auprès de qui il ne se trouve pas sa place.

François Lavallée, véritable magicien de la parole, a le pouvoir de nous embarquer brutalement dans son univers, à travers sa voix douce qui résonne ensuite dans notre tête comme un murmure. La magie opère, se mêlant à une poésie singulière et légère. La puissance de chaque mot frappe le spectateur jusqu’à porter l’émotion à son paroxysme. De l’émotion, de la chaleur, de l’intensité…

A la fin du spectacle, le conteur échange quelques mots avec les spectateurs : « Je n’ai pas l’habitude de prendre la parole après mais aujourd’hui c’est le dernier jour de représentation ». Dans sa voix et dans son visage, on ressent une grande émotion. Un joli moment de partage !

Célian Ramis

Mythos 2013 : Daniel L'Homond, maître des jeux de mots

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Vendredi midi, les festivaliers de Mythos ont embarqué à bord de la Péniche spectacle de Rennes, en direction de Pampeligòsse, lieu imaginaire conté par Daniel L’Homond.
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Vendredi midi, les festivaliers de Mythos ont embarqué à bord de la Péniche spectacle de Rennes, en direction de Pampeligòsse, lieu imaginaire conté par Daniel L’Homond.

C’est un lieu paradisiaque il paraît. Pontouquet est bien décidé à s’y rendre. Mais avant de pouvoir accéder dans ce pays fantasmagorique, il devra se plier à quelques exigences et relever des défis. En chemin, il rencontre la personnification de l’Amour, la Mort et la Chance, assiste à un bal, voyage en un instant de l’Espagne au Japon, se retrouve dans le ventre d’un gros boulanger… Rien n’arrête Pontouquet.

Et rien n’arrête Daniel L’Homond ! Surtout pas les mots, et les jeux de mots, qu’il manie avec minutie, finesse et humour. Les intrigues s’enchainent et le conteur nous transporte d’une histoire à l’autre, dans un univers loufoque. Dans son spectacle Pampeligòsse, Daniel L’Homond partage avec le public un moment de rire, de légèreté, tout en le questionnant sur cette saga humaine complètement fêlée.

Célian Ramis

Mythos 2013 : Mais qui est Calamity Jane ?

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Un des coups de coeur de la rédaction, à l'occasion du festival Mythos.
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Dans le numéro 13 de YEGG, nous avions classé le spectacle de Nadia Xerri-L dans notre Top 5 de la programmation féminine. Après avoir assisté à la représentation, ce vendredi 19 avril à L’Aire libre de Saint-Jacques de la Lande, YEGG confirme sa sélection !

Je suis/ tu es/ Calamity Jane est le premier volet du diptyque Western – dont le second sera créé en octobre 2013 au Volcan au Havre. Sur scène, deux femmes (Vanille Fiaux et Clara Pirali). L’une est la célèbre Calamity Jane, l’autre prétend être sa fille. Elles se retrouvent dans une voiture, sur une route américaine et nous embarquent dans leur road trip théâtral.

Pour ce spectacle, Nadia Xerri-L s’est inspirée de l’œuvre Lettres à sa fille, de Calamity Jane. Cette dernière est amenée à dévoiler une partie de son histoire, à raconter des anecdotes sur son passé, à se livrer sur qui elle est et à accepter la présence de cette jeune femme qui pense être sa fille. Elle oscille entre coups de gueule, nostalgie et sentiment naissant d’un amour presque maternel. De son côté, la Petite blind, comme la surnomme Calamity Jane, se montre admirative et obsédée par l’histoire de sa mère, qu’elle voudrait forcer à redevenir cette femme légendaire qu’elle a été autrefois. Et qui a fait d’elle une figure emblématique.

Le duo est percutant, troublant. La rage et la tendresse se mêlent entre les monologues passionnés, mélancoliques et les silences chargés d’émotions. Parfois chassés par des instants légers grâce à des musiques surprenantes pour l’époque (première moitié du XXe siècle) – comme La solitudine de Laura Pausini – ou encore une partie de poker. Le spectateur est tenu en haleine, pendu au bout des lèvres des deux comédiennes qui interprètent à merveille cette variation avec sensibilité et passion.

Mythos 2013 : La beauté selon Marie-Ève Perron

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Marie-Eve Perron nous a offert, jeudi soir, un grand moment de dérision et de rire, dans le parc du Thabor avec son premier spectacle solo, Marion fait maison.
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Marie-Eve Perron nous a offert, jeudi soir, un grand moment de dérision et de rire, dans le parc du Thabor avec son premier spectacle solo, Marion fait maison.

La conteuse québécoise se glisse dans la peau de Marion, une jeune femme, en couple depuis 4 ans, qui décide d’organiser un cocktail dinatoire pour toute sa famille à Noël. Pendant 42 jours, elle va tester les viandes, se plonger dans les bouquins de recette, dénicher toutes les astuces sur les blogs culinaires et suer derrière ses fourneaux.

Mais la soirée ne va pas se dérouler comme elle l’espérait, voyant débarquer chez elle une équipe de télé-réalité. Sa famille l’a inscrite à une émission de relooking…

La talentueuse Marie-Eve Perron tourne à la dérision les programmes de télé-réalité offrant (forçant) la possibilité à des filles « se laissant aller » d’être entièrement relookées, et ainsi de retrouver confiance en elles. Et il faut avouer que le moment est jouissif.

La comédienne nous propose des situations hilarantes, croustillantes et mordantes, en jouant de son accent et en interprétant à merveille l’hystérie des participantes dont elle prend le contre-pied. Un moment exquis !

Célian Ramis

Mythos 2013 : Balade en mer avec Patrick Ewen

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Il est trop homme de terre pour être marin, Patrick Ewen.
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Mercredi soir, le temps s’est arrêté à la Péniche spectacle, à Rennes. Patrick Ewen a pris les commandes du navire et nous a emmené en balade, dans son univers.

Trop homme de terre pour être marin, c’est l’histoire d’un homme qui aime regarder la mer, qui rêve d’être marin mais qui aime trop la terre pour se jeter à l’eau. Et finalement, il ne veut pas être marin pour son travail mais pour le folklore, le mystère, « pas pour partir, mais pour revenir »… Quel meilleur endroit alors que la Péniche spectacle pour nous conter les aventures des hommes de la mer ?

Patrick Ewen nous embarque avec lui et nous transporte dans le pays bigouden entre Penhors et Saint-Guénolé. De là, il nous emmène en Norvège et nous ramène dans le Finistère, dans un endroit qui lui est cher, les Monts d’Arrée.

Son spectacle est une véritable invitation au voyage, le conteur étant notre compagnon de route, ou de mer dans ce cas précis. Patrick Ewen nous berce de ses mots et de sa musique. A la guitare ou au violon, il est accompagné de Loïc Le Borgne à l’accordéon. Pendant une heure et demie, les deux artistes nous offrent un instant de poésie et d’évasion pendant lequel le temps s’arrête.

Célian Ramis

Mythos 2013 : Sous la couette en toute intimité

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Se reposer, se prélasser dans un lit et écouter un, deux, voire trois contes… telle est l’idée de l’installation-spectacle proposée par la compagnie A l’envers, à la salle Guy Ropartz.
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Se reposer, se prélasser dans un lit et écouter un, deux, voire trois contes… telle est l’idée de l’installation-spectacle proposée par la compagnie A l’envers, à la salle Guy Ropartz. Tous les jours jusqu’au 20 avril, à l’occasion du festival Mythos.

Benoit Gasnier, metteur en scène, et Julie Seiller, chanteuse, ont concocté un beau programme pour la salle Guy Ropartz : les rendez-vous sous la couette. Dans le cadre du festival Mythos, ils proposent aux Rennais un moment de détente pour décompresser. Difficile de raconter ce que l’on vit lors des rendez-vous sous la couette, sans casser la magie qui s’en dégage.

Par petits groupes de cinq personnes, les spectateurs entrent dans la salle. La chaleur et la quasi absence de lumière nous plonge rapidement dans l’intimité et la convivialité de ce rendez-vous. Un homme est assis, il lit un livre. Il nous invite à enlever nos chaussures et à les déposer dans des boites en carton avant d’aller rejoindre la pièce principale, dans laquelle nous attend une femme, en robe blanche. Doucement, dans le silence, elle nous guide jusqu’aux lits, chante avec tendresse et nous sert du thé.

Trente spectateurs sont blottis sous la couette, curieux de découvrir la suite. Certains scrutent, d’autres ferment les yeux. Et, surprise, c’est François Lavallée, conteur inscrit dans la programmation de Mythos pour son spectacle Les Autres, qui entre. Les festivaliers se laissent embarquer par les histoires de ce québécois qui nous berce, jusqu’au moment où l’on se laisse sombrer dans un sommeil léger.

Un sommeil qui nous repose mais qui nous laisse suffisamment éveillé pour apprécier cette proposition originale et pour entendre les murmures du conteur. Il parle et marche doucement, passe à côté des lits et frôle les spectateurs : « J’ai vraiment beaucoup aimé pouvoir avoir cette proximité avec le public. Mais ça donnait quand même envie d’être à leur place !!! » Et il ne se privera pas pour s’allonger dans un lit !

Chaque jour, le duo A l’Envers reçoit un invité surprise dans les rendez-vous sous la couette, avant d’enfiler des costumes différents, pour le spectacle Ici ou Ailleurs, à découvrir également sur le site Guy Ropartz.

Célian Ramis

Mythos 2013 : La drôle de tragédie du belge

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La tragédie du Belge, mis en scène par Sonia Bester, était présentée mercredi midi, dans la Baraque bistrot du site Guy Ropartz.
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La tragédie du Belge, mis en scène par Sonia Bester, était présentée mercredi midi, dans la Baraque bistrot du site Guy Ropartz.

Dans le cadre du festival Mythos, les spectateurs ont pu découvrir une partie de La tragédie du Belge. En effet, trois actes sont prévus pour cette pièce, mais seulement deux ont été présentés sur le site Guy Ropartz. « Nous, on connaît la fin bien évidemment mais nous ne l’avons pas encore travaillé », expliquera Sonia Bester, metteur en scène, après la représentation. De quoi inciter le public à suivre de très près les actualités de cette tragédie.

Une tragédie, oui. Le Belge, tourmenté par sa femme despotique et hystérique, s’éprend de la dépressive et solitaire Olga, qu’il rencontre en Terre de France. Il décide alors de reprendre sa liberté et de rejoindre sa bien-aimée. Mais il va devoir assumer les conséquences de ses actes…

Sur scène, cinq comédiens qui vont tour à tour entrer dans la peau de chacun des personnages, donnant une dimension originale et humoristique à des situations souvent absurdes. En bonus, ils nous offrent un chœur chantant et réadaptant des comptines ou chansons pour enfants, dont les arrangements ont été réalisés par Camille, dont on reconnaitra facilement le phrasé.

La tragédie du Belge a été très appréciée du public, qui réserve à toute l’équipe de Sonia Bester un bon lot de rires et un tonnerre d’applaudissements. Et même si on ne connaît pas la fin, on ne reste pas sur notre faim !

Mythos 2013 : Lou Doillon, légère et envoûtante

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C’était au tour de Lou Doillon, hier soir, de réchauffer l’ambiance dans le Magic Mirror installé sur le carré Duguesclin (parc du Thabor).
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C’était au tour de Lou Doillon, hier soir, de réchauffer l’ambiance dans le Magic Mirror installé sur le carré Duguesclin (parc du Thabor).

La voix éraillée, chaude et envoûtante, Lou Doillon commence son spectacle sur des rythmes pop rock et nous plonge directement dans son univers. Pendant une heure et demie, elle va enchainer les morceaux de son premier album, Places.

« Comme il y en a qu’un, nous avons que onze chansons. Nous allons faire des reprises », déclare la chanteuse. Et c’est parti pour une nouvelle version, très soul, de « Should I stay or should I go », du groupe The Clash. De la soul, elle en a dans la voix. Et dans ses morceaux, il y a de la folk, du blues et un peu de pop.

Lou Doillon se montre très proche de son public, toujours quelques mots pour eux entre les chansons et beaucoup de sourires, de rires, mais aussi une touche de pudeur. La chanteuse impose de par sa présence scénique, de par sa façon de bouger timidement et de par sa complicité avec ses musiciens. Un agréable moment pour les spectateurs, qui découvrent une jeune femme fragile et rebelle.

Mythos 2013 : Les voyages mythiques de Guylaine Kasza

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Le 18 avril, Guylaine Kasza, conteuse et comédienne, présentera Les voyages de Médée au Carré Sévigné. Une mise en lumière de deux femmes passionnées dans le cadre du festival Mythos.
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Jeudi 18 avril, à 20h, Guylaine Kasza, conteuse et comédienne, présentera Les voyages de Médée au Carré Sévigné, à Cesson-Sévigné. Une mise en lumière de deux femmes passionnées dans le cadre du festival Mythos, qui s’installe à Rennes du 16 au 21 avril.

Faire un parallèle entre Médée et Guylaine Kasza serait maladroit. Mais elles ont en commun la passion et l’amour. Le duo risque d’être explosif jeudi soir au Carré Sévigné. Depuis 30 ans, Guylaine Kasza baigne dans l’univers des arts du récit et des mythes. « Ce qui est fabuleux en vieillissant, c’est de constater que les mythes résonnent encore aujourd’hui », déclare-t-elle. Ce qu’elle aime, c’est l’incessant va-et-vient entre la littérature orale et le théâtre.

Le passage de la mythologie à la tragédie grecque : « La tragédie a été inventée l’homme grec pour sonder les abîmes de l’âme humaine et pour éveiller le spectateur ».

Des voyages et des spectacles

Depuis 15 ans, Guylaine Kasza voyage beaucoup pour réaliser ses projets : « c’est une création qui germe entre la rencontre avec un auteur et mon séjour sur place ». Ca peut être une adaptation de l’écrivain Gabriel Garcia Marquez avec des musiciens en Colombie ou une envie de marcher dans les pas d’un poète assassiné en Afghanistan.

Ce voyage sera d’ailleurs une révélation pour la conteuse : « C’est un pays extraordinaire avec des gens fabuleux. Aller là-bas, c’est l’occasion de dépasser les a priori. Je ne vais évidemment pas vous dire que tout était merveilleux mais ça m’a bouleversé dans ma vie et dans mon intimité ». Durant son périple, elle a dans sa poche Antigone, le récit d’une femme « qui veut parler, qui lutte et qui va crever dans sa grotte ».

En parallèle, à Khaboul, elle croise des femmes portant la burqa dont une intellectuelle, très jeune, très révoltée. « Elle m’a dit qu’elle se sentait comme enfermée dans un cercueil avec juste un peu d’air. Antigone + la rencontre d’une autre culture + toutes ces femmes sous la burqa… Je me suis intéressée à d’autres figures féminines, je suis une chercheuse et j’aime créer des spectacles pas forcément faciles », explique Guylaine.

Médée la solaire, Médée la battante

Entre tragédie, mythologie et figure féminine, elle en vient à s’intéresser à l’histoire de Médée. Elle se passionne surtout pour ce qui se raconte avant qu’Euripide ne fasse évoluer Médée du mythe à la tragédie. Pendant trois ans, Guylaine Kasza va fouiller dans l’histoire de cette grande déesse : « Je cherchais des nouveaux points de vue, j’ai donc interrogé des spécialistes de ce personnage et des spécialistes de la tragédie ». Et elle s’est aussi rendue sur place entre la Géorgie et l’Arménie, la terre natale de Médée. Dans les textes, cette dernière est une figure monstrueuse, une mère infanticide, une épouse trahie qui assouvira sa colère dans le crime et dans le sang.

L’aventurière-conteuse-comédienne veut lui rendre son visage, sa dignité et son histoire. « C’est une femme qui veut prendre son destin en main. Fille de roi, prêtresse, considérée comme grande par son peuple, elle va oser quitter son royaume, trahir son père et parcourir le monde avec l’homme qu’elle aime », raconte Guylaine. Cet homme va perdre son trône et va vouloir le récupérer à tout prix. Même s’il doit épouser la fille d’un autre « juste pour pouvoir poser son cul sur un trône ».

Meurtrie, Médée va alors se rappeler qui elle est « et c’est terrible car elle est aussi magicienne, côtoie le monde d’en haut et le monde d’en bas ». Elle va faire preuve d’une violence extrême, tuer sa rivale, incendier le palais, puis commettre l’acte ultime : l’infanticide. Que l’amour soit au centre, ça lui plait. Que ce soit une exilée, une étrangère, ça lui plait. Et traiter de la question de l’altérité, ça lui plait.

La passion, l’amour

Dans Les voyages de Médée, la comédienne nous transporte dans l’univers d’une femme d’aujourd’hui qui va mal et qui va mettre des mots sur ses maux. Elle replace alors ce mythe dans un contexte contemporain. Depuis 10 ans, elle consacre ses spectacles à l’amour : l’Autre nous permet de gonfler notre égo mais nous plonge dans un profond mal-être quand il n’est plus là. « Ce n’est pas pour autant que notre vie est terminée », dit-elle.

Et ce rapport avec l’Autre, Guylaine le cherche constamment, au cours de ses voyages mais aussi au quotidien : « Quand je pars, chaque jour ressemble à une aventure. Quand on rentre, on veut l’appliquer à notre vie ». Et en revenant de Jordanie, elle a tenté l’expérience chez elle, à Saint-Brieuc. Elle nous confie que ça a marché mais que c’est compliqué de ne pas être envahi par les tracas du quotidien : « L’affaire Cahuzac, les infos, le stress de l’agenda pour l’an prochain… ».

Guylaine Kasza est donc une passionnée de voyages, des arts du récit, qui se nourrit de ses aventures, de ses rencontres et de ses recherches. Accompagnée des musiciens Clément et Thomas Peyronnet, elle crée une véritable mise en scène pour cette représentation théâtrale d’un spectacle violent, qui fait des allers-retours entre le théâtre contemporain et le mythe revisité.

Jeudi 18 avril – 20h – Carré Sévigné à Cesson-Sévigné – 1h15

Célian Ramis

Polar rennais : Docteur Lys et Miss Calibre

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Rencontre avec Valérie Lys, la seule femme du collectif rennais Calibre 35.
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Deux ans après sa création, Calibre 35, collectif rennais d’auteurs de polar dégaine Rennes, ici Rennes, recueil de dix nouvelles fleurant bon la capitale bretonne. Seule femme à poser sa plume sur les pages blanches de ce livre noir, Valérie Lys, médecin biologiste le jour, écrivain la nuit, évoque pour YEGG Des cendres à Montfort, savoureux cocktail de médicaments, d’incinération et de terrorisme.

YEGG : Comment avez-vous intégré Calibre 35 ?

Valérie Lys : J’ai été contacté par David Khara et Fréderic Paulin fin 2011 lors d’un salon du polar à Chevaigné (35). J’écris depuis toute petite, influencée par Proust ou Borges, et cela m’apporte du plaisir mais il est difficile d’être éditée, surtout que je n’ai pas l’ambition de faire de l’écriture mon métier. Mais faire partie du collectif peut donner un coup de pouce aux auteurs et faciliter l’édition, c’est positif.

Quel lien entretenez-vous avec les autres auteurs du collectif ?

Nous nous réunissons de temps en temps mais nous sommes surtout en liaison par mail ou Facebook. Pendant l’écriture de Rennes, Ici Rennes, chacun a travaillé de son côté, il n’y a pas eu d’écriture collective. C’est davantage un prétexte pour faire connaître les différents auteurs. Et de toute façon, chacune des nouvelles a un style bien particulier qui dépend de celui de l’écrivain. Le mien est plus classique et plat que les autres, mais je dois avouer que j’ai particulièrement la nouvelle de Léonard Taokao, Ad Rennes Aline.

Vous avez l’habitude, dans vos romans, des intrigues qui se déroulent dans les environs de Rennes. La contrainte ici en était-elle vraiment une ?

Non, ce n’était pas vraiment une contrainte. C’est une facilité pour moi d’écrire sur mon quotidien, sur les lieux et les personnes que j’ai l’habitude de fréquenter. La contrainte était plutôt celle du format d’écriture. Dans un polar, le lecteur doit constamment réfléchir. Avec une nouvelle, on ne peut pas installer un climat et donc une intrigue très travaillée.

C’est ce qui explique l’absence de meurtre dans votre nouvelle, contrairement aux neuf autres ?

J’ai choisi de ne tuer personne car le format de la nouvelle est, en effet, trop court pour cela. Mais la mort est quand même très présente puisqu’une des premières scènes se déroule dans le crématorium de Montfort-sur-Meu. Selon moi, dans un polar, il faut des études de comportement, des descriptions, c’est peut-être le côté féminin. On aime, en tant qu’auteur, prendre notre temps et retourner les situations. Avec la nouvelle, il faut aller droit au but.

A défaut de meurtre, il est question d’un trafic de médicaments, sur fond de terrorisme… Votre connaissance du monde de la santé vous a-t-elle aidée voire inspirer ?

Au départ, je ne voulais pas écrire sur le médical. Mais c’est sans doute plus fort que moi ! Mon métier ne m’a pas particulièrement aidée, en revanche, c’est vrai que je suis allée à l’hôpital Guillaume Régnier à plusieurs reprises. La psychiatrie revient donc souvent dans mes histoires. Quant au trafic de médicaments, c’est de l’imagination, je ne le constate pas dans mon environnement et je ne veux pas spécialement pointer du doigt l’industrie pharmaceutique même si elle est imparfaite et qu’elle a une mauvaise image.

Vous soulevez aussi la question du racisme ordinaire avec l’omniprésence de prénoms étrangers…

Oui je le dénonce volontairement, sans pour autant prendre partie. Il y a une atmosphère particulière, pleine de clichés. Je voulais jouer avec. Que chaque personnage puisse être à un moment donné soupsonné.

A propos des personnages, vous ne mettez en scène que des hommes à l’exception de Myriam et des décédées, pourquoi ?

Je préfère parler des hommes que des femmes. D’ailleurs je suis plus souvent entourée d’hommes que de femmes dans la vie. Il y a sans doute de la pudeur de ma part, je parle à travers les livres. Je ne veux pas que le lecteur pense que si le narrateur ou personnage principal est une femme, c’est forcément de moi dont il s’agit. Il y a beaucoup de moi dans le style d’écriture qui est relativement classique et évidemment féminin, mais je ne suis pas présente dans la nouvelle.

Le format est nouveau, l’éditeur aussi… Comment s’est déroulée la collaboration avec Critic ?

Ce fut laborieux ! Le point positif, c’est que c’est un éditeur très perfectionniste qui nous fait des retours, chose un peu inédite pour moi. Nous étions très encadrés. Il a fait une première correction, puis une deuxième, une troisième, une quatrième… Au final, avec plusieurs auteurs, on se demande si l’éditeur ne voulait pas écrire le livre (rires) !

Quel regard portez-vous sur Des cendres à Montfort ?

Le niveau est très moyen, le format nouvelle y est pour beaucoup. C’était une commande et je n’avais pas le feu sacré lors de l’écriture. Ce n’est pas mon enfant contrairement aux autres romans. D’ailleurs, je me demande quel public va pouvoir acheter le livre car on ne voit pas vraiment qu’il s’agit de polar.

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