Célian Ramis

Quand le théâtre parle de violence conjugale

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Théâtre du Vieux Saint-Etienne, Rennes
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Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.
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Le 11 octobre prochain, au théâtre du Vieux Saint –Etienne à Rennes, sera jouée à 20h30, « Je te veux impeccable, le cri d’une femme ». Une pièce de théâtre bouleversante sur les violences conjugales, réalisée par des membres de la compagnie théâtre Quidam, à partir du témoignage de Rachel Jouvet.

L’idée est partie d’une rencontre entre la compagnie Théâtre Quidam, spécialisée dans le théâtre de proximité et Rachel Jouvet, victime de violences conjugales. Cette femme, issue du monde du spectacle, a subi pendant 2 ans les menaces et les coups de son ex-compagnon, avant que celui-ci tue son beau père et soit incarcéré dans une prison parisienne. De là en résulte une pièce.

En effet, l’année dernière, Rachel Jouvet a décidé de partager son passé avec Loïc Choneau, auteur, metteur en scène et Isabelle Séné, comédienne. « Rachel a commencé à nous raconter son histoire. On s’est regardé en se disant qu’on ne pouvait que participer à son projet de la mettre en scène. Notre association travaille toujours sur des thèmes de société », explique Loïc Choneau.

C’est lui qui a recueilli son témoignage : « Pendant 3 mois, toutes les semaines, on s’est rencontré pendant un heure. Chaque fois, j’écrivais le texte puis elle validait. On a beaucoup travaillé sur les sentiments, sur la complexité de la nature humaine, sur le fait d’être prisonnier d’une situation ». Une fois  l’écriture terminée, Isabelle Séné a commencé à étudier son rôle d’interprétation. « Un travail physique », souligne-t-elle, dans lequel la fluidité du corps est primordiale. « Dès la lecture du texte, j’ai laissé mes émotions et mes sensations me guider », dit-elle. Pour être le plus vrai possible.

Un questionnement important

Rachel Jouvet a attendu 13 ans pour dévoiler au public son histoire. « Il fallait que je me reconstruise et que les choses soient claires dans ma tête. J’avais envie d’écrire, mais je ne savais pas comment », confie-t-elle. Avec cette pièce de théâtre, elle a franchi une étape. Dans 7 ans, l’ancien partenaire de la jeune femme sortira de prison et elle commence déjà à se poser des questions sur le bien fondé de sa reconstruction : « à quoi bon, si les choses n’ont pas changé ? », se demande-t-elle.

A l’époque, elle s’était sentie impuissante face aux autorités. « Il faut que les lois suivent » et protègent les femmes et leur famille. A l’issue de chaque représentation, un débat avec le public est organisé et une question n’a pas encore été posée : « Comment ce drame a-t-il pu se produire ? ». Rachel Jouvet ne l’explique toujours pas mais elle compte bien avancer sur le sujet.

Dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre), une représentation/débat est également prévue le 30 novembre, à 20h, à la maison de quartier de Villejean.

Célian Ramis

Pole dance : la barre de fer de la danse

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Rennes
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Si la discipline puise ses origines dans l’art du striptease, elle parvient petit à petit à briser les clichés et à s’imposer comme une danse à juste titre.
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Quand on parle Pole dance, on pense généralement mouvements langoureux autour d’une barre et tenues légères, voire inexistantes au final. Si la discipline puise ses origines dans l’art du striptease, elle parvient petit à petit à briser les clichés et à s’imposer comme une danse à juste titre.

Et si on la pratiquait sur des musiques actuelles, ça changerait la donne ? C’est parti, la chanson « Sur la planche » de La Femme commence. Le cours de stretch aussi. Dans la salle de gym d’ICR Fitness Club, à Rennes, Maxime Joret mène la danse lors du stage de pole dance – proposant des initiations, des cours de technique (acrobaties) ou encore de chorégraphie – organisé par Gold & Pole Rennes.

Une structure créée à Paris en 2011 qui s’est installée – première en la matière – dans la capitale bretonne en juillet 2012. « Depuis 5-6 ans, cette discipline se démocratise petit à petit, même si beaucoup pense encore aux origines du striptease. Mais on commence à en parler dans les médias, c’est positif. Il y a même une deuxième école à Rennes qui s’est créée à la rentrée (Pole Dance Rennes, ndlr), la preuve que ça intéresse ! », explique Angélique Morquin, fondactrice et directrice de Gold & Pole, formée – ainsi que Maxime Joret – par Doris Arnold, propriétaire d’une grande école parisienne, Spin with me.

Ce samedi 21 septembre, les cours reprennent à Rennes, un week-end sur deux. À 17h30, le cours de chorégraphie débute avec un petit groupe de femmes. Quatre sont des habituées et une petite nouvelle fait ses premiers pas en pole dance. « J’avais déjà fait une initiation et j’aimais le côté sportif. Mais je suis vraiment surprise par l’aspect technique, au niveau des bras et des jambes », explique Marion. À 28 ans, elle ne rougit pas de pratiquer cette discipline même si cela fait rire son entourage : « c’est un mélange de danse, c’est très technique et il faut penser au moindre bout de son corps ».

En effet, quand on interroge les femmes à ce sujet, les réactions sont mitigées : « J’imagine que ça doit être sportif mais ça ne me branche pas« , a-t-on entendu ou encore « Trémousser son cul autour d’une barre ne m’intéresse pas« .

Des mélanges barrés

Pour Maxime, la barre est un agrée, « un outils pour travailler ». Travailler à des chorégraphies qui mêlent dynamique sportive, méditation, assouplissement. Mais aussi des différentes danses déjà reconnues, du classique à la salsa… « Je prends beaucoup de cours de danse à Paris, cela me permet d’entretenir mes stages », précise-t-il. Et pour développer sa patte, ce prof de 27 ans consacre beaucoup de temps à chercher de la musique sur Internet, à décomposer les chansons : « Ce sont souvent des musiques très différentes afin de pouvoir travailler sur diverses énergies. Par exemple, j’aime bien créer des mélanges : Vivaldi et de la musique irlandaise ou Erik Satie et des chansons tsiganes ». Quant aux diverses réactions, Maxime ne rentre pas dans cette guéguerre :

« Je suis rarement face à des gens réfractaires quand même… Mais je sais qu’il y en a. Il suffit simplement d’expliquer notre pratique de la pole, de donner des exemples. Quand j’en parle, je ne mentionne même pas les origines du strip, je refuse d’enfermer la discipline dans ce carcan idéologique« .

Cinq barres sont fixées entre le sol et le plafond. Tour à tour, les disciples de Maxime apprennent et répètent l’enchainement autour de la « pole ». La chorégraphie est décomposée, améliorée et sans cesse retravaillée. Une grande inspiration de danse contemporaine et de modern jazz se ressent à travers les mouvements du corps, à la fois souples, toniques, doux et tournoyants, et les émotions qui s’en dégagent. En constante évolution, les danseuses exécutent des pas au sol, des mouvements en lien avec la barre et des tours de l’agrée. Avec de la grâce et de la sensualité, nécessaires à l’esthétique de la danse en général.

Comme beaucoup, Marion, 30 ans, a découvert cette danse sur You Tube, de nombreuses vidéos des championnats y sont visibles. Après 15 ans de formation classique, elle souhaitait découvrir autre chose. Pour elle, la pole dance associe technique, fitness, plusieurs types de danse et aspect technique, voilà ce qui lui importe : « c’est très complet ». Pas de soucis en dehors des entrainements, la jeune femme a investit dans une barre à domicile (entre 250 et 300 euros pour une barre, ndlr), « comme la plupart des filles qui font de la pole ».

Alternative possible : la street pole, « avec des panneaux de signalisations, des poteaux sur les trottoirs par exemple », explique Angélique. Une bonne solution pour celle, et ceux, qui n’oseraient pour l’instant pas s’initier à cet art de la barre. Comme dit Florence Foresti, dans son dernier spectacle Foresti Party in Bercy – dans lequel un joli numéro de pole dance y est présenté : « Faut arrêter de se frotter. Y a quand même mieux à faire avec des barres non ? Bien sûr, il suffit de s’élever un peu ».

Célian Ramis

Les bandes blanches rennaises s'animent

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Rennes
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« Passage piéton », une performance artistique qui sensibilise les spectateurs au partage équitable de cet espace commun.
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Depuis le 15 septembre, à Rennes, vous apercevez peut-être des passants étranges sur les passages piétons. Ils traversent la chaussée en faisant de grands gestes et marchent tels des danseurs sur les bandes blanches signalétiques… il s’agit des participants au projet « Passage piéton ». Une performance artistique qui sensibilise les spectateurs au partage équitable de cet espace commun.

Lauréat  de l’appel à projet « Code de la rue »  lancé par la ville de Rennes cette année, « Passage piéton » est une proposition de performance. Une initiative qui met en scène une dizaine de bénévoles, danseurs ou non,  en train de se mouvoir sur les bandes blanches des routes rennaises : du carrefour de la rue Papu, en bas des Horizons au boulevard Renée Laënnec, sans oublier le pont Saint Hélier. L’idée : proposer une chorégraphie simple pour sensibiliser les spectateurs au respect des usagers de la route et à l’équilibre partage du passage piéton, entre automobilistes, cyclistes et promeneurs.

A l’origine de ce projet et dans le cadre de l’association Mouvances (centre de danse contemporaine) : une femme, Magali Pichon Barre. « J’avais déjà proposé, en juin 2012, une performance qui jouait sur l’espace temps qu’est le passage piéton (à feux signalétiques). Elle soulevait des questions telles que : quelle présence a-t-on? Que fait-on sur un passage piéton ? Tout cela dans un temps donné et imposé. J’aimais cette consigne de temps. Via l’association, j’ai présenté un projet similaire à la ville de Rennes », explique la professeure de danse.

La performance dure une quinzaine de minute et se définit comme « un synopsis qui déroule une suite de consignes : marcher, s’arrêter, faire un aller/retour, être en contact, solitaire, faire la fanfare, bondir, faire le pont et remarcher ».

Le résultat est surprenant et a le mérite de susciter la réaction du public. Les passants s’interrogent, s’arrêtent, regardent, sourient, interpellent les bénévoles. « On positionne un acte, on a une réponse. Elle ne nous appartient pas », précise Magali Pichon Barre. Elle est prête à recevoir toutes les réactions, du moment qu’elles ne sont pas agressives. Christiane, 53 ans, participe cette semaine à la performance. « Cela a demandé plusieurs heures de préparation », confie-t-elle. « On a des retours positifs et cela me tient à cœur de représenter la notion de partage de la rue, sur le terrain ».

Les rendez-vous des prochains jours:

vendredi 27 à 19h :Lycée Victor et Hélène Basch

samedi 28 à 17h : Place de bretagne

Célian Ramis

Des abysses et elles : les créatures de Ouitisch

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Reportage au cœur des fonds marins, à la rencontre des quatre créatures « ouitischiennes » du projet.
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La semaine dernière, l’association Ouitisch plongeait la piscine des Gayeulles dans l’ambiance des abysses, transformant la fosse plongée en studio photo. Reportage au cœur des fonds marins, à la rencontre des quatre créatures « ouitischiennes » du projet.

Mercredi 14 août, 21h. Les derniers courageux effectuent des longueurs dans la piscine des Gayeulles, à quelques mètres de la fosse plongée dans laquelle est installé le studio photo de l’association Ouitisch. Le moment est venu, après deux ans de réflexion et de travail autour de leur projet !

Celui de réaliser et présenter une exposition subaquatique, sur le thème des abysses. Un milieu mystérieux et méconnu du grand public. Le livre de Claire Nouvian, Abysses, est leur Bible : « C’est notre coup de cœur. Nous sommes restés fidèles aux images du bouquin. Les dessins et créations d’Anna Le Reun sont très proches de celles-ci », explique Xavière Voisin, secrétaire de l’asso, en charge de l’administration et des relations partenaires.

Durant trois nuits, l’équipe de Ouitisch s’est dédiée à la réalisation des images de l’expo Des abysses et vous, qui sera présentée tour à tour dans les quatre piscines rennaises. « Une invitation à l’imaginaire », selon Xavière.

Une fois la nuit tombée, le shooting peut démarrer. Huit projecteurs sont installés à 6m de profondeur, l’appareil photo est déjà au fond de la fosse, une gueuse est mise en place pour une meilleure stabilité de la modèle, Jessica Josse… Cette dernière a enfilé son costume de méduse blanche, après avoir été maquillée par Vanessa Coupé, qui a en amont beaucoup collaboré avec Anna pour définir les différents maquillages.

« La texture des produits waterproof n’est pas du tout la même et je ne m’étais pas rendu compte de la difficulté au départ. On ne peut pas tirer la matière, la travailler… Et elle sèche aussitôt ! », confie Vanessa. Ce n’est pas pour autant que la jeune professionnelle se débine. Au contraire ! « Il suffit donc de travailler la base avec des produits gras, de faire le dégradé à ce moment-là et de rajouter la couche waterproof », explique-t-elle. Et le tour est joué pour un résultat impeccable, qui sera révélé dès le 15 novembre.

Dans l’univers abyssal

Il est temps pour Jessica de descendre sous l’eau. Doucement, un plongeur l’accompagne jusqu’au fond de la fosse. Anna est déjà dans l’eau, prête à réajuster le costume. L’équipe s’apprête à réaliser une séance de 20 à 30 minutes pendant laquelle Jessica alterne entre apnée et bouffée d’oxygène. Avec aisance, elle effectue des mouvements gracieux, en douceur. La jeune femme n’en est pas à son premier coup d’essai.

En effet, pendant 13 ans, elle a pratiqué la natation synchronisée et  participé à plusieurs courts-métrages en milieu aquatique, avec la réalisatrice Manon Le Roy. Son bonus : tenir en apnée pendant 2 minutes 30. Néanmoins, elle ne préfère pas tirer sur ses réserves pour cet exercice « déjà assez éprouvant ! ». Elle se souvient de la nuit précédente : « Au début, j’ai eu un moment d’angoisse : à 6 mètres de profondeur, dans le noir, il fait très froid, je portais un costume avec une grosse structure sur la tête… ». Après un temps d’adaptation, elle entre rapidement dans le personnage et renouvelle l’exercice à trois reprises dans la soirée.

Pour Anna, la satisfaction est grande. Après discussion autour de leurs envies, les membres de Ouitisch ont rapidement su ce qui ne voulaient pas niveau costumes : « Pas de rococo, d’angélique, de mousseux ou encore de fashion ». A la suite de nombreux tests effectués, la créatrice connaît les réactions des différentes matières au contact de l’eau et sait comment créer les trois créatures abyssales demandées.

« Je suis contente car le rendu durant le shooting est le même que sur les dessins. C’est cool ! », explique-t-elle. D’autres projets naissent dans les esprits « ouitischiens », « à force d’être ensemble et de discuter de nos envies, forcément c’est stimulant ». Mais avant tout il faudra présenter les 9 clichés grand format, placés dans des sarcophages en plexiglas, au fond des quatre piscines municipales. A vos masques et tubas, dès le 15 novembre, à la piscine Saint-Georges de Rennes.

Célian Ramis

Gwendoline Robin : une artiste explosive à Rennes

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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre.
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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre. L’occasion pour YEGG de rencontrer cette femme au talent détonant.

Hier à 16h30, au quartier Colombier dans le centre ville de Rennes, le public des Tombées de la Nuit a découvert la performance artistique de la bruxelloise Gwendoline Robin, intitulée  « De Terre et de Feu ». Un spectacle de 25 minutes où l’artiste a mêlé sonorité cristalline (avec des tubes de verre écrasés au sol), mouvements chorégraphiques (autour d’un volcan de terre chargé d’explosifs) et détonations brutales.

Une représentation saisissante et innovante, où l’artiste est restée concentrée et le spectateur en attente. « J’aime provoquer la tension du public entre le démarrage de la mèche et l’explosion, explique Gwendoline Robin. Le public attend avec moi et cela crée une complicité ».

Cette création visuelle et sonore a demandé un an de travail, avec des changements au fil des festivals et des répétitions, bien sûr. Cependant, sur ce dernier point, l’artiste belge préfère être brève afin de garder une certaine surprise, pour « faire comme si c’était la première fois » précise t-elle.

Pour la représentation de dimanche dernier, elle est arrivée 3 jours avant la date prévue à Rennes, afin de connaitre les lieux, vérifier le son et le rapport à l’espace. C’est elle qui a choisi la place du Maréchal Juin, « pour ses grands bâtiments et sa belle acoustique ». Mais c’est dans la région de Valence, en Espagne, que Gwendoline Robin a trouvé son inspiration lors d’une année Erasmus à l’université polytechnique de Valence. Cette partie du pays est connue pour ses spectacles pyrotechniques, ses « mascletas », comme on dit en Espagne, où la poudre et le bruit envahissent les rues depuis des générations. Un savoir-faire que cette femme s’est appropriée et a développé dans ses spectacles.

Le 14 juillet prochain, à la Courrouze à Rennes, elle animera un atelier de construction et de pyrotechnie pour les enfants avec des objets de récupération, des fumigènes, des pétards. « Pour eux, cet univers est lié à l’interdit. Cela les amène à être très créatifs », souligne t-elle.

…une bonne idée, du moment qu’ils ne reproduisent pas la même chose à la maison !

Célian Ramis

Latifa Laâbissi : "Je ne suis pas une danseuse muette"

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La danseuse et chorégraphe Latifa Laâbissi prépare sa nouvelle création, Adieu et merci, qu’elle présentera lors du festival Mettre en scène, en novembre prochain.
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La danseuse et chorégraphe Latifa Laâbissi prépare sa nouvelle création, Adieu et merci, qu’elle présentera lors du festival Mettre en scène, en novembre prochain. A travers le salue, moment particulier pour les artistes, elle s’interroge sur l’avant et l’après. Pour YEGG, elle revient sur sa formation, sa création et son festival, Extension sauvage dont la 2e édition débute aujourd’hui, vendredi 28 juin.

YEGG : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous orienter vers la danse contemporaine ?

Latifa Laâbissi : J’ai fait une partie de ma formation de danse à Grenoble, ma ville d’origine, puis j’ai poursuivi à New-York, au studio Cunningham. Avant d’être diplômée, j’ai entendu parler d’une audition avec Jean-Claude Gallotta (danseur et chorégraphe grenoblois, ndlr) et j’ai tenté ma chance. Grâce à cette compagnie, j’ai rencontré beaucoup de danseurs et j’ai eu un coup de cœur pour la danse contemporaine. J’aime le rapport à la musique, la créativité et la liberté que donne ce genre de danse.

YEGG : Depuis vous avez plusieurs pièces et même une association : Figure Project.

Je suis arrivée à Rennes il y a 20 ans car j’ai fait le pari que Paris n’était pas l’hypercentre de l’art. J’ai beaucoup travaillé avec Boris Charmatz, avant qu’il ne soit directeur du Musée de la danse, puis j’ai continué d’être interprète pour lui. J’ai même été la première artiste invitée, la première année du Musée de la danse. Il y a 6 ans, j’ai lancé Figure Project et nous sommes installés au Garage. Je crée des pièces et je continue les tournées, ce qui est essentiel pour moi car j’attache beaucoup d’importance à mon répertoire et à chaque spectacle. Je n’ai pas de hiérarchie : la nouvelle création ne compte pas plus que l’ancienne et vice versa.

YEGG : D’ailleurs en ce moment, vous travaillez sur une nouvelle création dont vous avez présenté la maquette à Roubaix. En quoi consiste l’exercice d’une maquette ?

Quand le travail est suffisamment avancé, on peut « convoquer le public ». J’accorde beaucoup d’importance à la question de l’altérité et de la réception du spectacle. J’aime la confrontation avec le public et savoir si les choix sont les bons. Lors de cet exercice, on teste les différentes directions que l’on a décidé d’emprunter en observant les réactions mais aussi à travers des temps informels de rencontre avec les spectateurs. Là, je l’ai présenté lors d’un festival, cela aurait pu être aussi une répétition publique. L’art a un rôle important dans la société. Ce n’est pas simplement un pansement social et il faut savoir le rendre accessible.

YEGG : Dans Adieu et merci, vous vous intéressez au salue, le moment où le public applaudit la performance. Pourquoi ?

Dans la création d’un spectacle, il y a des moteurs conscients et inconscients. Ce geste particulier du salue est conscient et présent dans la tête d’un artiste. Ce geste qui nous sort de la fiction qui vient juste de se terminer. Où nous, les artistes, ne sommes plus des personnages mais nous-mêmes. J’ai lu plusieurs biographies de danseurs qui évoquent ce moment. Ensuite, le sujet s’est déplacé sur la question de l’adieu, de l’avant et de l’après. Tout cela est spécifique à nos passages dans ce monde et la création devient alors universelle.

YEGG : C’est donc la partie inconsciente ?

Oui, toute la partie inconsciente qui nous tire vers l’essence même du projet. Je suis émotionnellement en contact avec l’adieu et j’aime être arrachée au sujet principal au fil de la création.

YEGG : Vous êtes en solo pour cette pièce. Allez-vous interpréter le rôle de l’artiste sur scène et les spectateurs ?

Je ne peux pas trop en dire mais je ne vais jouer tous les rôles. Avec mes collaborateurs, nous avons réfléchi à d’autres façons de suggérer les différentes places de chacun. A travers la scénographie, le son, les lumières et la danse. Nous allons mettre les spectateurs dans différentes positions…

YEGG : Et votre voix, qui est souvent un outil dans votre travail, sera-t-elle présente ?

Elle sera moins présente dans cette création. Elle est là quand cela semble nécessaire. On me dit souvent que je parle beaucoup sur scène (rires), je ne me censure pas sur ce médium en effet, je ne suis pas une danseuse muette mais je l’utilise quand je pense que c’est le geste le plus évident. Chaque projet requiert ses besoins. Par exemple, pour la pièce Ecran Somnambule, dans laquelle je réinterprète la danse de la sorcière (une danse de 1926), la parole n’était pas indispensable. Pour moi, la voix est un prolongement du geste chorégraphique.

YEGG : Les Rennais pourront donc découvrir Adieu et merci en novembre, lors de Mettre en scène. En attendant, vous gérez aussi le festival Extension sauvage, qui se déroule du 28 au 30 juin…

Oui, en effet. J’ai créé il y a deux ans, avec Margot Videcoq, le festival Extension sauvage à Combourg et à Bazouges-la-Pérouse. Comme j’habite en dehors de Rennes, je trouvais important d’installer l’événement à la campagne. J’avais très envie de montrer que l’on peut proposer des projets qui sont aussi pointus que ceux que l’on peut voir en ville. C’est un projet important tout au long de l’année puisque nous travaillons avec des classes d’école primaire. Ils entrent dans la danse par le des œuvres, à travers deux types de répertoire : l’histoire de la danse et le répertoire contemporain. C’est important d’attraper l’art par la pratique et son contexte théorique. Je trouve que c’est une ligne assez militante et une posture politique.

YEGG : Et dans le reste de la programmation ?

Le festival est inscrit en extérieur, ce qui est assez casse gueule vu la période… Le thème de cette édition est le paysage et l’artiste car je crois profondément que la force, c’est la nature, le paysage. Je vous parle en tant que chorégraphe et passionnée de botanique, de nature (rires). Les danseurs aiment s’exprimer dans ce type d’environnement et adorent se confronter à différents contextes. Ici, pas d’éclairage artificiel et de décor. Simplement du naturel. Et cela provoque une danse tout à fait différente.

Toute la prog’ : www.extensionsauvage.com

Quand Emma (la clown) rencontre Dolto (la fille)

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Carré Sévigné
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Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.
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Meriem Menant, alias « Emma la clown », sera au Carré Sévigné, à Cesson Sévigné, le 1er octobre prochain. Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.

Meriem Menant est une artiste. Formée à l’école internationale de théâtre à Paris, l’école Jacques Lecoq, elle débute sa carrière sur les planches et joue parallèlement, de la musique dans le métro, avec un jeune américain. Mais, dans ce dernier domaine, l’aisance musicale leur manque et ils trouvent un moyen alternatif d’expression artistique : ils se déguisent en clown !

L’américain est remplacé par un italien, Gaetano Lucido, et avec lui, elle invente un duo visuel et musical de clowns. Son personnage d’« Emma la clown » voit le jour. Ils jouent pendant 4 ans. Puis, Meriem Menant décide de prendre son envol. De là, débute sa carrière solo. « Emma la clown, l’heureux tour », « Emma la clown sous le divan », « Emma la clown et son orchestre »…les créations s’enchainent et le succès est au rendez vous, en France et à l’étranger.

Elle joue en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et dans des endroits atypiques : dans la rue, sur une péniche, dans une grotte, chez les gens, dans un squat, dans un château, dans une école. « Des rapports de proximité différents qui provoquent un jeu différent », selon elle. L’énergie n’est pas la même dans la rue qu’en salle. « Dans la rue, l’artiste est très exposé et fournit plus d’énergie », explique-t’elle – alors qu’en salle, c’est plus intérieur et stressant. Avec son nez rouge, ses yeux fardés, son chapeau sans forme et sa cravate noire, elle confie vouloir proposer  au public « un regard naïf sur le monde (…) sans jamais donner de leçon », avec comme fil conducteur l’idée qu’« il faut s’aimer ».

Les thèmes lui viennent en tête, les images et les mots en marchant. Dans ces moments-là, « il y a un lâché prise » precise-t’elle, qui permet l’inspiration. Le 1er octobre prochain, elle jouera au coté du médecin, pédiatre et haptothérapeute (science de l’affectivité), Catherine Dolto, dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence », au Carré Sévigné. Une conférence ouverte sur la vie, les fœtus, les bébés, où la scientifique parle des clowns et l’artiste des psychanalystes.

Un mélange de sérieux et d’humour, où « on apprend et on rit (…) toujours avec respect », souligne Meriem Menant. Les deux femmes se sont rencontrées en 2005. « Une conférence artistique et scientifique était organisée et il était prévu que Catherine Dolto soit interrompue par un clown. On a joué sans répéter et ça a cartonné, raconte Meriem. Depuis on ne se quitte plus !”

Meriem Menant sera aussi au Carré Sévigné, le 27 février prochain, dans « Emma mort, même pas peur » et le 16 mai prochain, dans « Emma fête ».

Célian Ramis

Mode : notre top 5 du podium

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Parmi les centaines de tenues proposées lors du défilé Esmod, YEGG a fait son choix et établi son Top 5.
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Hier soir, lundi 24 juin, l’école Esmod fêtait ses 25 ans et organisait son défilé de mode. L’occasion pour les Rennais de découvrir le travail des élèves de première et deuxième années, sur le thème Capsule.

Il y avait foule lundi soir dans la Halle Martenot. Familles, amis, fashionistas et spectateurs curieux étaient venus assister au défilé de l’école de mode rennaise qui réunissait les créations des étudiant(e)s de première et deuxième années, ainsi que celles des troisièmes années, de Paris. Tenues nuances blanches, tailleurs, sportwear, pour femmes et hommes, le glossy et le chic primaient sur le podium, installé dans un décor élégant, graphique et dark à la fois. Parmi les centaines de tenues proposées, YEGG a fait son choix et établi son Top 5.

Célian Ramis

B.Ballin Girlz : le basket au féminin

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Samedi 22 juin, l’association B.Ballin Girlz a organisé un tournoi de basket exclusivement féminin. Reportage.
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Samedi 22 juin, l’association B.Ballin Girlz a organisé un tournoi de basket exclusivement féminin. YEGG s’est rendu sur place pour rencontrer la présidente de l’association Lauriane Songué, et prendre, par la même occasion, la température de cet événement particulier.

Initialement prévu à Beaulieu, le tournoi a finalement prit ses aises à l’espace des Deux Rives, faute de soleil. Si le temps n’était pas au beau fixe à l’extérieur, l’ambiance, elle, était survoltée à l’intérieur. Lauriane Songué, présidente de l’association B Ballin Girlz, et à l’initiative de l’événement, avait le sourire.

Tout a parfaitement fonctionné, pour cette première édition. « Pour moi, la réussite des basketteuses aux JO a été un élément moteur. Cela a créé une dynamique pour le basket féminin. Dynamique sur laquelle on s’est appuyé pour créer cet événement », confie Lauriane avant d’ajouter : « on a créé ce tournoi pour répondre à une demande. Les filles en avaient marre de devoir toujours jouer contre des garçons. De plus, lors des tournois mixtes, on sent souvent qu’on n’est pas à notre place ! ».

Avec 16 équipes inscrites, soit plus de 60 joueuses au total, les filles ont répondu à l’appel. Toute la journée, les matchs se sont enchaînés, par équipe de trois sur un panier. « En plus de proposer un tournoi exclusivement réservé aux femmes, on voulait également faire découvrir une nouvelle discipline, le 3 contre 3 qui sera d’ailleurs une nouvelle discipline olympique à partir de 2016 », précise la présidente de l’association.

« On ne fait pas ça pour l’argent »

Concours de dunk (une des manières les plus spectaculaires de marquer un panier au basket-ball, ndlr), show de danse, accueil chaleureux, proposition de restauration, tout était réuni pour que les participantes et les spectateurs se sentent à l’aise.

Et cela n’était pas dû à un quelconque hasard, mais à une vraie volonté affichée par l’organisatrice : « On ne fait pas ça pour l’argent, mais pour le plaisir. On veut que les gens s’amusent, que ce soit convivial, que tout le monde passe un bon moment ». B.Ballin Girlz n’a pas œuvré que pour les femmes avec ce tournoi. « On est en partenariat, avec Le ballon du bonheur (une association qui vient en aide aux enfants des pays en voie de développement à travers le sport ndrl). C’est important pour nous d’agir pour la bonne cause », confie Lauriane.

Après quelques heures de compétition, la journée s’est terminée aux alentours de 18h pour les amatrices, avec la grande finale, et la création d’une vidéo regroupant toutes les participantes pour envoyer un message de soutien aux joueuses de l’équipe de France actuellement à l’Euro. A 20h, ce fut au tour des professionnelles de faire leur entrée sur le parquet, dont Lauraine Tony (lire notre article Girlz en basket, publié le 20 juin 2013) pour un match de gala. Pour une première, ce fut réussi et il est fort à parier qu’une deuxième édition sera proposée l’an prochain.

Street art : la culotte qui colle

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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

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