Ouï - Camille

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Camille maitrise l’art de la surprise et nous emmène d’une chanson à l’autre sur des chemins intimes, grandiloquents, poétiques ou encore érotiques, de manière toujours inattendue.
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Dans la chanson française actuelle, Camille n’a pas d’égal-e. Chanteuse-compositrice-auteure-interprète, elle n’a pas seulement plusieurs casquettes mais aussi une multitude de voix, d’instruments et d’idées brillantes. Voilà pourquoi ses six années à attendre son nouvel album ont été longues. Début juin, elle a dévoilé l’intégralité de son nouvel opus, Ouï.

On écoute, on savoure, on s’extasie du talent de celle qui malaxe les mots avant autant de finesse. Les allitérations, nombreuses, de « Sous le sable » et « Lasso », sont divines et délicieuses. À la première écoute, c’est un régal pour l’oreille, et on aime réécouter, découvrir des sonorités que l’on avait manqué, entendre les mots comme pour la première fois. C’est un délice pour les papilles qui cherchent à recréer ces milles saveurs, pour les prononcer en boucle, en murmurant.

Et son ingéniosité ne s’arrête pas là, puisque Camille maitrise l’art de la surprise et nous emmène d’une chanson à l’autre sur des chemins intimes, grandiloquents, poétiques ou encore érotiques, de manière toujours inattendue. Une expérience sonore inouïe pour laquelle on est tout « ouï ».

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Le nid - Sandra Le Guen & Coralie Saudo

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Sous la fine plume de Sandra Le Guen, l’amour, l’attente de l’enfant et l’adoption sont traités avec sensibilité et poésie et offre un regard tendre sur un sujet douloureux.
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En décembre 2016, on avait été immédiatement séduit-e-s par L’apachyderme (éditions La palissade), album jeunesse sur la thématique de la différence signé Sandra Le Guen et Thanh Portal. L’auteure rennaise revient quelques mois plus tard avec la publication de son deuxième livre pour enfants, aux éditions Les Minots.

Cette fois, il n’est plus question d’un éléphant déguisé en apache, mais d’un couple d’oiseaux préparant précautionneusement leur nid pour l’arrivée d’un-e petit-e. Qui n’arrive pas. Ils attendent, en vain. Jusqu’au jour où survient un petit hérisson abandonné.

Sous la fine plume de Sandra Le Guen, l’amour, l’attente de l’enfant et l’adoption sont traités avec sensibilité et poésie et offre un regard tendre sur un sujet douloureux, sans nier toutefois la tristesse et la souffrance de ce couple.

Et les illustrations de Coralie Saudo, de par l’impression d’un mélange de matières et de texture qui s’en dégage, procure l’envie de manipuler les images, les animer, les toucher et les donner à sentir. Encore un bel ouvrage à partager !

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Je danserai si je veux – Maysaloun Hamoud

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Juste et audacieux, le film reste sobre, loin de la démagogie des extrêmes qu’il dénonce. Une œuvre formidable et libératrice !
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Au cœur de Tel Aviv, deux jeunes femmes palestiniennes, qui partagent un appartement et un goût prononcé pour la vie nocturne, s’apprêtent à recevoir une nouvelle colocataire. Il y a Leila la travailleuse et indépendante, Salma barmaid et lesbienne et Nour une jeune étudiante en informatique.

Leila est une redoutable avocate qui fait chavirer les cœurs mais qui se désespère d’avoir à faire à des hommes non libérés du poids des traditions patriarcales. Salma elle, vit de petits boulots et mène une vie de plaisir mais doit faire face à une famille chrétienne très pieuse qui ne tolère pas son homosexualité. Nour est une musulmane très pratiquante promise à un mariage avec un homme qu’elle n’a pas choisi et qu’elle rejette.

Ces trois héroïnes pourraient être des personnes banales excepté qu’elles sont palestiniennes et qu’elles vivent dans une société rongée par le conservatisme. Elles ont toutes peine à se libérer d’une pression sociale, religieuse ou morale dans cette société israélienne machiste et sous tension permanente. Si leurs portraits vifs et évocateurs révèlent une envie d’être affranchie et désinvolte, elles ne sont pour autant pas des stéréotypes.

Le premier film de Maysaloun Hamoud joue la carte du féminisme et de la subversion. S’évader à travers la drogue dans les vapeurs alcoolisées de la bouillonnante Tel Aviv est un moyen de montrer les ambivalences et l’ambigüité de l’émancipation féminine. Juste et audacieux, le film reste sobre, loin de la démagogie des extrêmes qu’il dénonce. Une œuvre formidable et libératrice !

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Cigarettes et chocolat chaud - Sophie Reine

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On apprécie sans risque et au premier degré la fantaisie galopante et stimulante du papa veuf et de ses deux adorables filles. L’humour et le ton fleur bon le vécu de jeunesse de l’auteure.
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Depuis la mort de sa femme, Denis Patar s’occupe seul de ses deux filles, Mercredi, 9 ans et Janis, 13 ans. Très aimant mais débordé, Denis se débat seul dans l’éducation de ses deux filles. Avec peu de moyen, beaucoup de débrouille et de système D, la petite famille s’en sort comme elle peut mais doit faire face à des difficultés.

Jusqu’au jour où Denis oublie une fois de trop sa fille à la sortie de l’école, ce qui aura pour conséquence un signalement inquiétant et une enquête sociale. Denis se verra alors contraint de suivre un stage de parentalité sous peine de se voir retirer la garde de ses 2 filles. Séverine, l’enquêtrice sociale, intégrera peu à peu la vie du trio même si les nouveaux principes éducatifs ne plaisent pas aux filles et au papa qui, après de multiples efforts, finira par abandonner et se fier à son propre instinct paternel.

Monteuse, entre autres, Sophie Reine passe avec brio à la réalisation en proposant une comédie mélancolique qui palpe loufoquerie et marginalité. C’est avec beaucoup de tendresse et un regard affectueux qu’elle rend ses personnages très attachants. On apprécie sans risque et au premier degré la fantaisie galopante et stimulante du papa veuf et de ses deux adorables filles.

L’humour et le ton fleur bon le vécu de jeunesse de l’auteure. L’interprétation de Gustave Kervern est à nouveau remarquable mais les deux jeunes actrices sont bouleversantes de sensibilité ce qui donne cette douce sensation de liberté et d’envoutement.

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Pleasure - Feist

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Le voyage qu’elle nous propose aujourd’hui semble plus intime et moins pop que son précédent album, pour un plaisir encore plus intense.
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Voilà six ans que la chanteuse canadienne n’avait pas réjoui le public d’un nouvel album. C’est désormais chose faite depuis le 28 avril, date à laquelle elle a dévoilé l’intégralité de son opus, Pleasure. Un titre risqué lorsque l’on revient après une si longue période.

Mais le pari est réussi et l’attente n’aura pas été vaine puisque le résultat est divin, parfaitement dosé en sensualité et en sensibilité. La voix délivre une fragilité intense et le disque, au style épuré, nous emporte dans une dynamique aussi curieuse qu’intéressante puisque du solo au collectif, Feist passe avec aisance et agilité, prenant toujours le parti pris de nous surprendre à la fin des chansons.

Le voyage qu’elle nous propose aujourd’hui semble plus intime et moins pop que son précédent album, pour un plaisir encore plus intense. On plonge dans l’intériorité à laquelle nous force le miroir que Leslie Feist dresse devant nous. Loin de se regarder le nombril, on part explorer des contrées plus complexes et inédites, pleines de douceur et de vivacités.  

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Bleu pétrole - Gwénola Morizur & Fanny Montgermont

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Les bédéistes bretonnes distillent avec subtilité l’espoir que font naitre chaque élan de solidarité et nous réconfortent dans l’idée qu’un monde meilleur est possible.
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Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz, pétrolier libérien, s’échoue sur les côtes bretonnes, à Portsall dans le Finistère. C’est l’une des plus grandes marées noires du siècle, qui verra 220 000 tonnes de pétrole sur 400 kilomètres de côtes. Bleu pétrole, sous la forme d’une BD, nous livre une histoire humaine à l’intérieur de la catastrophe écologique.

Le combat d’un maire, l’engagement militant et citoyen que cela déclenchera et son impact au sein de sa famille. Sa famille, c’est celle de Gwénola Morizur, désormais rennaise d’adoption. Elle collabore avec la talentueuse Fanny Montgermont, du coin également, et ensemble, elles dressent un tableau sensible encadré par un drame infini.

On se perd dans la beauté des paysages, la noirceur de cette substance visqueuse et mortelle et la sombre puissance des dirigeants et des gros bras de ce monde qui se moquent des conséquences de leurs désastres, qui nous ravage comme dans la bande-dessinée Bugaled Breizh, de Pascal Bresson.

Mais nos bédéistes bretons distillent avec subtilité l’espoir que font naitre chaque élan de solidarité et nous réconfortent dans l’idée qu’un monde meilleur est possible, rempli de bonnes volontés et de forces morales, soudées dans l’adversité.

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Mai 2017

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Marine Combe
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Des journées qui commencent comme celle du 7 avril, on en voudrait beaucoup plus souvent. Alors que les premiers rayons matinaux percent les feuillages qui bordent le carré Duguesclin, la compagnie brestoise Dérézo concocte un petit-déjeuner gourmand et littéraire, à déguster dans le magic Mirror, installé dans le parc du Thabor à l’occasion du festival Mythos.

Anaïs Cloarec et Véronique Héliès, talentueuses actrices-cordons bleus, accueillent les sorti-e-s du lit autour de leur comptoir en bois, proposent thé, café, chocolat chaud, viennoiseries, œufs, jambon, tartines de confiture et jus d’oranges pressées. Ainsi, une trentaine de personnes partagent l’instant intime et néanmoins commun à chacun-e du breakfast, moment encore empreint de la nostalgie du lit, des rêves et des draps et pourtant si plein de promesses et de possibilités se profilant à l’horizon d’une journée nouvelle.

On casse l’angoisse de l’inconnu à venir ainsi que le jeûne, et non le jeune - « d’où l’importance de l’accent circonflexe » -, en écoutant les deux cheffes-comédiennes converser sur la dichotomie de la langue, l’art des astres et les nouvelles fraiches étalées dans la presse. Et en dégustant des madeleines faites maison, on les écoute réciter Proust, s’abreuver des Miscéllanées de Monsieur Schott et se nourrir de la singularité de la paradoxale poésie matinale. Un délice !

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Mais bordel, qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans ce bas monde ? Comment peut-on encore en 2017 cultiver la haine et la peur de la différence et de l’autre ? Début avril, le journal indépendant russe Navaïa Gazeta a révélé, à travers une enquête illustrée de témoignages, une vague de persécutions envers des hommes supposés homosexuels en Tchétchénie, emprisonnés et torturés.

Certains parlent même de camp de concentration. « Il est difficile de faire le point sur ce qui est vrai », déclare Selene Tonon, présidente du CGLBT Rennes, lors du rassemblement de soutien organisé le 25 avril, place de la Mairie. Elle rappelle en revanche que les persécutions homophobes du pouvoir en place, « ça, c’est la réalité. » Tout comme la mort de trois hommes dans cette affaire. Le gouvernement tchéchène dément alors, argumentant que les homosexuels n’existent pas sur le territoire puisque dans l’éventualité où ce serait le cas, ils seraient assassinés par leurs familles.

Aucun mot n’est assez fort pour décrire l’horreur du discours et surtout de la situation. On ne peut que naïvement se demander « pourquoi ? » mais on ne peut se satisfaire d’aucune réponse. Notre irresponsabilité, passant par l’inaction, le laisser dire et le laisser faire – comme tel est le cas pour la Manif pour tous en France – conduit non seulement à la haine des autres mais aussi à la haine de soi, causant assassinats et suicides. Pourquoi ?

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Title: 
Un succulent réveil théâtral
Title: 
À quel point sommes-nous irresponsables ?
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Des journées qui commencent comme celle du 7 avril, on en voudrait beaucoup plus souvent avec la compagnie brestoise Dérézo qui concocte un petit-déjeuner gourmand et littéraire...
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Mais bordel, qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans ce bas monde ? Comment peut-on encore en 2017 cultiver la haine et la peur de la différence et de l’autre ?

Jour J - Reem Kherici

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Les habituelles ficelles de la comédie de mariage sur fond de trio amoureux sont volontairement abandonnées pour laisser place à plus de modernité dans l’écriture et la mise en scène.
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Matthias et Alexia sont en couple depuis des années, et pour la première fois, Matthias la trompe avec Juliette une wedding planer. Le lendemain à son retour au domicile, Alexia trouve la carte de Juliette. Matthias ne sait alors quoi inventer et se laissera porter par la supposition que ce dernier veut la demander en mariage. Au pied du mur, ce dernier ne la contredit pas.

Matthias et Alexia vont donc demander à Juliette d’organiser la cérémonie du mariage. Le temps des préparatifs et des nombreuses visites de lieux pour planifier l’évènement Matthias va se rapprocher de plus en plus de Juliette pour laquelle de réels sentiments naissent. Matthias se verra complètement embourbé dans une situation semi grotesque et joviale jusqu’à ce qu’il ait à prendre une décision pour les autres et lui-même.

Tous les ressorts de la comédie sont là. Après le joli succès de Paris à tout prix, Reem Kherici signe sont deuxième long métrage. On ne peut nier que la jeune réalisatrice maîtrise une certaine plume et le sens du gag. Les habituelles ficelles de la comédie de mariage sur fond de trio amoureux sont volontairement abandonnées pour laisser place à plus de modernité dans l’écriture et la mise en scène.

Le casting est lui assez scintillant avec en chef d’orchestre Nicolas Duvauchelle dans le rôle de l’éperdu amoureux indécis. Un choix ambitieux et caractéristique de Reem Kherici avec qui forcément il faudra compter sur la scène du cinéma français. Une comédie romantique générationnelle, bien visée et revigorante.

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Moi, Daniel Blake - Ken Loach

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Moi, Daniel Blake est un film coup de poing, un cri dans l’abîme et une déchirure. Malgré un demi-siècle de films centrés sur la colère sociale, c'est peut-être là son film le plus énervé.
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Daniel Blake est un menuisier de 59 ans contraint d’arrêter son activité professionnelle à la suite d’une maladie cardiaque. Cependant l’administration n’entend pas le laisser inactif. Afin de toucher ses prestations sociales on lui demandera de chercher un nouvel emploi sous peine de sanction.

C’est lors d’une énième visite à l’aide sociale qu’il rencontre Rachel, une mère de deux enfants isolée, obligée de s’installer à des centaines de kilomètres de chez elle pour bénéficier d’un logement décent. Très vite Daniel va se prendre d’affection pour cette jeune femme et ses enfants en leur apportant un peu de soutien et de réconfort. Va naître une amitié forte entre ces deux laissés-pour-compte qui s’unissent dans l’entraide et la solidarité.

C’est bien là LE mot clef qui donne sens au discours du film de Ken Loach. La solidarité au cœur de la tourmente. Les rouages absurdes de la machine administrative sont parfaitement décrits et développés scénaristiquement. Ken Loach sait parfaitement filmer le Royaume-Uni dans son asthénie et ses faiblesses.

Si le cinéaste n’en est pas à son coup d’essai sur le genre fiction sociale, le fil du propos et la pertinence demeurent toujours aussi éclairés, avec force et jugement. Moi, Daniel Blake est un film coup de poing, un cri dans l’abîme et une déchirure. Pourvue d’une Palme d’Or, l’œuvre est, malgré un demi-siècle de films centrés sur la colère sociale, peut être son film le plus énervé.

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Al Jamilah - Yasmine Hamdan

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Et si la douceur borde les chansons, Yasmine Hamdan ne conte pas uniquement les bonheurs et les plaisirs de la vie mais aussi les guerres, les révolutions arabes et les femmes
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Elle est une des grandes figures underground de la scène pop folk arabe. La chanteuse libanaise Yasmine Hamdan revient avec un nouvel album qui encore une fois fait voyager. La musique traditionnelle orientale épouse l’électro et la folk dans un ensemble farouchement doux et envoutant.

L’artiste est une nomade, elle ne peut envisager le quotidien sans des voyages et des rencontres. Pour comprendre la société. Pour comprendre le monde. Et son album est le fruit de cette approche. Et si la douceur borde toutes les chansons, Yasmine Hamdan ne conte pas uniquement les bonheurs et les plaisirs de la vie mais aborde la question des guerres, des révolutions arabes dans « Douss » par exemple, et des femmes puisque son disque empreinte son titre à un grand poète palestinien du XXe siècle, Mahmoud Darwich.

Et la chanson qui en découle, « Al Jamilat » (qui signifie Les magnifiques, au féminin), est une des plus somptueuses propositions de cette artiste à découvrir absolument.

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