Le silence des poupées - Anna Sam

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Le récit coupe le souffle et on s’engouffre avec Richard dans la proposition de ce maitre passionné en oubliant totalement qu’elle aura probablement un dénouement.
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Il est le scénariste de la série BD des Tuniques bleues, elle est l’auteure du célèbre roman, Les tribulations d’une caissière, qui sera ensuite adapté au cinéma. Quand d’une idée originale de Raoul Cauvin, la plume d’Anna Sam s’agite, la magie opère. Celle qui nous fait regretter d’avoir délaissé le genre du thriller de côté pendant si longtemps.

On dévore d’un coup d’un seul Le silence des poupées. L’histoire de Richard, cet homme qui pris à la gorge par ses dettes se lance dans une aventure hors du commun. Celle que lui propose Jeoffroi qui, avant de mourir, souhaite former un apprenti à la taxidermie. Mais pas n’importe laquelle, la sienne, dont la pratique est peu commune. Mais après tout, qu’a-t-il à perdre ?

Le récit coupe le souffle et on s’engouffre avec Richard dans la proposition de ce maitre passionné en oubliant totalement qu’elle aura probablement un dénouement. Anna Sam ne laisse aucun temps mort tout en réussissant à ne pas faire suffoquer son lecteur. Au contraire, on vit chaque instant de chaque mot.

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Chez nous - Lucas Belvaux

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À travers le regard aigue du cinéaste qui scrute son personnage, c’est bien la pensée et l’argumentaire du parti d’extrême droite qui sont visés.
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Pauline, une jeune infirmière qui vit dans le Nord Pas-de-Calais, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père malade ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse elle est très appréciée par les patients qu’elle soigne. Héroïne du quotidien, Pauline est une femme courageuse au sein d’une population durement touchée par l’isolement, la précarité et le chômage.

Habitante d’une petite commune située entre Lens et Lille, elle est repérée par les cadres du parti populiste appelé le Bloc. À l'approche de l'élection locale, ces derniers la poussent à se présenter en tête de liste du parti aux élections municipales. D'abord, abasourdie et réticente, la jeune infirmière se laissera par la suite charmer et convaincre d’entrer en politique.

Dès lors le parcours va s’annoncer mouvementé et plein de surprises. Séduite par le discours, le parti nationaliste et d’extrême droite finira par créer le malaise auprès de la novice en politique. Lucas Belvaux filme une fois encore, après Pas son Genre, le nord de la France. Le réalisateur filme l’instrumentalisation d’une jeune femme à des fins politiques. Investi, le récit du film est bien là pour véhiculer un discours, illustrer un type d'électeurs et dénoncer un radicalisme.

Si le parti ressemble trait pour trait au Front National, Lucas Belvaux persiste et signe un réquisitoire très critique à l’égard de celui-ci. À travers le regard aigue du cinéaste qui scrute son personnage, c’est bien la pensée et l’argumentaire du parti d’extrême droite qui sont visés.

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La fille du train - Tate Taylor

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Malgré quelques longueurs, le film n’en demeure pas moins un drame haletant qui met en relief les caractéristiques profondes et douloureuses d’une héroïne ténébreuse.
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Rachel prend chaque jour le même train et passe chaque jour devant la même maison où vit un couple. Dévastée pas son divorce, Rachel est alcoolique et voit en ce couple qu’elle observe un fantasme de vie parfaite jusqu’au jour où elle est le témoin d’un événement extrêmement choquant et se retrouve malgré elle mêlée à un angoissant mystère.

Adaptation du roman éponyme et best-seller de Paula Hawkins, La fille du train est un très bon thriller énigmatique dans la veine de Gone Girl. Sans pour autant être aussi convaincant, le récit, une fois lancé, développe une intrigue captivante de bout en bout avec son lot de séquences marquantes.

Disparition d’une femme, fissures conjugales du couple bourgeois de banlieue et mise à feu méthodique des mensonges et faux-semblants. L’œuvre est bourrée de potentiel mais le thriller psychologique se prend un peu les pieds dans le tapis.

N’entravant en rien l’interprétation époustouflante d’Émily Blunt, qui rongée par la culpabilité est estropiée par une vie malheureuse et une vison fragmentaire du drame qui s’abat sur elle. Malgré quelques longueurs et une fin en queue de poisson quoique fidèle au livre, le film n’en demeure pas moins un drame haletant qui met en relief les caractéristiques profondes et douloureuses d’une héroïne ténébreuse.

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En terrain tendre - Maud Octallinn

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À chaque chanson, elle nous emmène là où on ne l’attend pas. Ça dépote, ça choque, ça dérange, ça met les tripes en vrac. Et ça nous remue les entrailles à coups de bulldozer.
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Munie de sa pioche, Maud Octallinn nous propose une épopée vers l’inconnue. Et l’inclassable. Sa voix est légère et aigue. Elle a un air rétro. Et sur ses musiques, on dodeline. Et on aurait même tendance à afficher une attitude totalement désinvolte. Mais c’est sans compter sur le second degré de la chanteuse, son humour grinçant, sa noirceur et sa poésie.

À chaque chanson, elle nous emmène là où on ne l’attend pas. Ça dépote, ça choque, ça dérange, ça met les tripes en vrac. À l’instar de « Prends moi », par exemple. Son premier album, sous des airs parfois enfantins, est pourtant très mature, très sensuel et charnel, et particulièrement bien écrit.

On aime prêter attention à ses textes entre rêves, désirs, sexes, souvenirs amers et récits âpres que l’on voudrait recracher. Elle joue avec les mots finement, subtilement, allégoriquement dans « Les truites ressuscitées », par exemple (Je suis la truite /  Tu es la truite / Nous sommes détruites) et nous remue les entrailles à coups de bulldozer.

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Écumes - Ingrid Chabbert et Carole Maurel

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Si Écumes navigue dans les eaux troubles d’une problématique doublement taboue, l’auteure et la dessinatrice nous bercent dans les vagues apaisantes de la résilience et de l’humanité.
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Ça y est, elles vont enfin avoir l’enfant désiré depuis si longtemps. Malheureusement, ce bonheur sera de courte durée. Elles ne connaitront jamais cet enfant. Va alors s’en suivre une longue période de reconstruction, de doutes et de douleurs, qui vont remplir de nombreux carnets.

Inspirée par son histoire personnelle, Ingrid Chabbert livre ici un roman graphique aussi poétique que haletant, tant la situation nous saisit. Au fil des pages, les émotions se multiplient et se décuplent, le choix du noir et blanc ponctué de quelques couleurs mettant en relief les ressentis et les étapes du deuil.

La bande dessinée nous interroge de par tous les détails implicites : quel parcours les couples lesbiens doivent-ils affronter pour accéder à la parentalité ? Quand mettra-t-on réellement le sujet de la procréation médicalement assistée pour les homosexuelles sur le tapis en France ?

Si Écumes navigue dans les eaux troubles d’une problématique doublement taboue – homoparentalité / perte d’un enfant – l’auteure et la dessinatrice nous bercent dans les vagues apaisantes de la résilience et de l’humanité.

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Fleur de tonnerre - Stéphanie Pillonca

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Loin d’une démonstration d’acting, la talentueuse Déborah François incarne ici une Fleur de tonnerre multiple et complexe, traumatisée, malmenée, mais aussi sensible, dévouée, machiavélique et angoissante.
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En 1803, dans le Morbihan, nait Hélène Jégado. Surnommée Fleur de tonnerre par sa mère, une femme froide et apathique, elle passe son enfance à ressentir la vibration des pierres bretonnes et à écouter les sombres légendes que ses parents partagent lors des veillées. En grandissant, Hélène devient cuisinière.

Partout où elle passe, elle sème la mort, convaincue d’être au service de l’Ankou, l’ouvrier de la mort, allant même jusqu’à devenir cet être morbide. Elle sera guillotinée à Rennes, sur la place du Champs de Mars, en février 1852. C’est en lisant le livre de Jean Teulé, Fleur de tonnerre, que Stéphanie Pillonca décide de l’adapter au cinéma, optant davantage pour le développement humain de la plus grande empoisonneuse française.

Loin d’une démonstration d’acting, la talentueuse Déborah François incarne ici une Fleur de tonnerre multiple et complexe, traumatisée, malmenée, mais aussi sensible, dévouée, machiavélique et angoissante. Pour son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice fait des choix audacieux, tant dans sa réécriture que dans le casting ainsi que dans le contexte historique et social qu’elle retrace en filigrane des souvenirs livrés par Hélène Jégado au juge Vannier quelques jours avant son exécution. Une œuvre brillamment orchestrée.

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Paris - Gilles Bannier & Virginie Brac

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Un joli focus sur des anonymes ou non parisien-ne-s qui n’a pas la prétention de représenter toute la diversité française et qui met bien le doigt sur les hasards du quotidien.
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La série créée par Virginie Brac – Engrenages, Les beaux mecs – et réalisée par Gilles Bannier – mêmes références – pour Arte en janvier 2015 était rediffusée durant la nuit de la Saint Sylvestre. L’occasion de (re)découvrir les 6 épisodes qui rythment son unique saison, amenant les téléspectatrices/teurs au cœur de la capitale française pendant 24h.

Un procureur de la République à l’équilibre matrimonial fragile lié d’amitié avec un Premier ministre en mauvaise posture face à une dame de fer syndicaliste de la RATP, qui s’avère être la mère d’une femme trans chanteuse dans un club qui abrite des règlements de compte entre mafieux Paris offre une plongée dans la vie d’une dizaine de personnages qui n’ont a priori rien en commun et qui pourtant vont se côtoyer ou simplement se croiser, de près ou de loin.

Inspirée du documentaire allemand 24h Berlin, en 2008, observant le quotidien d’une vingtaine de Berlinois-es, la série chorale, qui n’est pas sans rappeler la verve de Pigalle la nuit, est bien rythmée et l’intrigue, bien ficelée, nous tient en haleine tout au long des épisodes, allant même jusqu’à nous frustrer de ne pas avoir creuser l’idée au cours d’une saison supplémentaire.

Un joli focus sur des anonymes ou non parisien-ne-s qui n’a pas la prétention de représenter toute la diversité française et qui met bien le doigt sur les hasards du quotidien.

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All was bright - Bumpkin Island

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On pourrait penser à un joyeux bordel bien orchestré dont Mermonte et Totorro ont le secret et le talent mais il y a quelque chose chez Bumpkin Island de plus organique, de plus hypnotisant.
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On pouvait depuis le 25 novembre 2016 écouter en avant-première la chanson « Head over heels » et se mettre l’eau à la bouche jusqu’à la découverte de l’album entier, All was Bright, sorti début février. Et l’attente n’aura pas été vaine puisque les 10 morceaux figurant sur ce nouvel opus sont planants et envoutants.

Le groupe rennais, composé de huit musiciens, sait parfaitement incarner et interpréter des ambiances a priori sereines et sécurisantes. Mais c’est sans compter sur leur délirant grain de folie qui rythme et dynamise leur pop-rock mélodieuse et impalpable, cuivrée et électronique. La voix ambiancée de la chanteuse, Ellie James, consolide ce disque nuancé et moucheté de toute une résonnance de détails.

On pourrait penser à un joyeux bordel bien orchestré dont Mermonte et Totorro ont le secret et le talent mais il y a quelque chose chez Bumpkin Island de plus organique, de plus hypnotisant. À confirmer en live le 10 mars prochain, à l’Ubu, pour Les Embellies.

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Une vie avec Alexandra David-Néel - Fred Campoy et Mathieu Blanchot

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Un double portrait parfaitement orchestré, un hommage au courage et au dépassement, ce diptyque est un régal dont il ne faut absolument pas se passer.
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Intellectuelle, auteure, orientaliste et exploratrice, Alexandra David-Néel est la première femme européenne à avoir séjourné dans la cité interdite de Lhassa, au Tibet, en 1924, après avoir passé 14 ans à s’aventurer sur les chemins, connus et inconnus, dégagés ou extrêmement dangereux, des terres et cimes asiatiques.

En février 2016, les éditions Grand Angle publiaient le premier tome de la BD Une vie avec Alexandra David-Néel, raconté par Marie-Madeleine Peyronnet, au chevet et au service de l’exploratrice durant les 10 dernières années de sa vie. On se ravit de découvrir cette année, la suite et fin des aventures de ce duo de feu.

Au-delà des voyages, Fred Campoy, auteur, et Mathieu Blanchot, dessinateur, nous invitent à découvrir le tempérament tumultueux, intrépide et sensible de l’aventurière et la relation affectueuse qui va l’unir à tout jamais à sa dame à tout faire, qui aujourd’hui se bat pour continuer de faire vivre l’âme de son mentor.

Un double portrait parfaitement orchestré, un hommage au courage et au dépassement ainsi qu’une invitation à l’évasion et à la réalisation de nos rêves, ce diptyque est un régal dont il ne faut absolument pas se passer.

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Primaire - Hélène Angel

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Les qualités que l'on connaît et reconnaît de Sara Forestier dans tous ses rôles sans exception ne suffisent à effacer les traits caricaturaux de cette histoire un peu trop fouillie.
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Florence est professeure des écoles à Grenoble et se dévoue corps et âme pour ses élèves de CM2, vivant une période charnière de leur scolarité. Et lorsqu’elle rencontre Sacha, un élève d’une autre classe en grande difficulté, notamment au niveau familial, elle redouble d’engagement pour aider cet enfant, délaissant sa vie de femme ainsi que son fils.

Ces quelques semaines d’acharnement la pousseront à remettre en question sa vocation professionnelle. Au-delà des valeurs qui animent profondément cette institutrice au mépris de sa propre vie sociale et familiale, la réalisatrice souhaite présenter le portrait d’une femme résolument passionnée.

À ce niveau, Sara Forestier défend avec talent et justesse le personnage de Florence. Pourtant, les qualités qu’on lui connaît et reconnaît dans tous ses rôles sans exception ne suffisent à effacer les traits caricaturaux de cette histoire un peu trop fouillie, de par les multiples angles qui sont traités entre sa vie de professeure seule contre tou-te-s, de femme célibataire séduite par l’ex beau-père de Sacha encore quelque peu adolescent dans sa tête et sa vie de mère imparfaite.

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