Été 2021

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
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Elle nous fait du bien Judith Aquien avec son livre Trois mois sous silence, dans lequel elle aborde comme le sous-titre le signale « Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse ». Celle-ci, quand elle est désirée, voit la joie de la découverte d’un test positif rapidement balayée par des nombreuses difficultés qui vont s’accumuler au cours du premier trimestre.

On préconise de taire la nouvelle les trois premiers mois. Parce que le risque de fausse couche existe. Dans 20% des cas, elle est même effective.

« Avant le sceau qui valide que la grossesse se poursuivra, la grossesse est sans être, et le statut de la femme qui l’abrite est un non-statut ; la non encore mère se trouve comme bloquée, sans existence sociale, dans une période grise dont les manifestations concrètes les plus communes sont des douleurs et inconforts tous plus nouveaux, contraignants et inquiétants les uns que les autres. », indique-t-elle.

Fatigue intense, vomissements, gaz, chamboulements en tout genre, peur de la fausse couche, perte du fœtus, etc. se vivent dans le plus grand secret et la froideur du monde médical, sans permettre d’ajustements au niveau des emplois, allégeant la personne enceinte soumise aux multiples changements en son corps. L’autrice, à juste titre, s’y refuse.

Avec son ouvrage, dans lequel elle explore les raisons et les causes de tous ces mystères et paradoxes, elle donne accès à une parole trop peu entendue et relayée au sein de la société, et pourtant essentielle, et participe au combat contre le poids du silence. Passionnant et libérateur !

Text: 

Les attaques au physique des femmes, on pourrait en faire un calendrier. Dans la rue, les transports, au travail, on en soupe des remarques sexistes à la petite semaine. Dès lors qu’une femme devient une personnalité publique, elle est jugée dans et par les médias sur son apparence et non sur ses compétences. Rien de nouveau, hélas. C’est épuisant, éreintant.

Après des années et des années à entendre les propos misogynes de Philippe Candeloro, on doit maintenant se farcir ceux de Fabien Lecœuvre qui déplore que les artistes ne soient plus aussi belles qu’avant et qui en avril dernier s’en prenait à Hoshi, déclarant ouvertement qu’il la trouvait moche (niveau d’information = 0).

Il y a lui et tous les autres. Qui déblatèrent sur Alice Coffin et ses cheveux courts, Pauline Harmange et ses poils sous les bras, Louane et Yseult et leurs poids, Corinne Masiero et ses fesses qui tombent…

Réduites à leurs apparences, jugées hors norme, hors modèle attendu des femmes. Sexisme, grossophobie, LGBTIphobie, racisme, handiphobie, se côtoient, décomplexés du gland, et ça ne choque pas tant que ça. Sauf si la concernée s’énerve et se défend. Là, visiblement, ça ne passe pas.

Vivement la sainte Mini-Jupe, la sainte Je suis grosse et j’t’emmerde, la sainte Poils aux pattes et la sainte Doigt d’honneur, qu’on en profite et qu’on se détende un petit peu ! Mais sans doute n’est-ce pas très républicain… Liberté (pour les hommes, blancs, hétéros, cisgenres), égalité (entre hommes, blancs, hétéros, cisgenres, riches), fraternité (…).

Posts section: 
Title: 
Rompre le silence autour de la grossesse
Title: 
Leave Hoshi, Louane, Yseult et tou-te-s les autres alone !
Summary: 
Judith Aquien donne accès à une parole trop peu entendue et relayée au sein de la société, et pourtant essentielle, et participe au combat contre le poids du silence. Passionnant et libérateur !
Summary: 
Les attaques au physique des femmes, on pourrait en faire un calendrier. Dans la rue, les transports, au travail, on en soupe des remarques sexistes à la petite semaine.

Mars 2019

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
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Depuis le 18 février, les justiciers masqués envahissent le hall de la bibliothèque universitaire de Rennes, à l’occasion de l’exposition Masques, costumes et pouvoirs – Super-héro-ïne-s en bande dessinée française. 

De par l’utilisation de l’écriture inclusive – dont l’usage n’est malheureusement toujours pas si banale (si l’Académie française daigne enfin procéder à la féminisation des noms de métier, elle refuse catégoriquement en revanche l’écriture inclusive) – l’événement Facebook avait attiré notre attention et titillé notre curiosité.

Car les justicières masquées ne sont pas légion, comme le souligne l’encadré en début d’exposition, en en présentant une autre, Héro(ïne)s, réalisée par Lyon festival BD et Jc Deveney : « À plus de 70%, les modèles d’identification proposés aux lecteurs et lectrices sont des figures masculines. »

Tout en soulignant que lorsque l’on peut arguer que les femmes sont présentes dans les BD, « leur représentation reste minoritaire et très souvent liée à des stéréotypes convenus : les femmes ont leur place en BD… au côté du héros, prêtes à l’épauler ou à le soigner en cas de coup dur. Elles peuvent également constituer de très bons éléments à séduire, à sauver du danger et parfois même à instruire. »

On se régale alors d’affiches faisant la part belle à Supermeuf, aux Marvelles Avengeuses, à Vulverine, à The Spiritueuse, à Hellgirl ou encore à Babe Sapienne. Difficile néanmoins de trouver des personnages féminins badass dans le reste des planches présentées dans le cadre du Festival « Serial Cultures, édition super-héroïque »…

Text: 

La France a encore manqué une belle occasion de fermer sa gueule en février. Il a suffit que certain-e-s l’ouvre bien grande pour protester contre la commercialisation du hijab de running annoncé par Decathlon pour que l’entreprise suspende son projet. « Pour garantir la sécurité de nos collaborateurs en France », peut-on lire sur Twitter.

La polémique est lancée et chacun-e y va de son avis fort inintéressant puisque les personnes qui occupent le débat ne sont pas concernées par le voile. Le 1ermars, Libération publie alors une tribune rédigée par un collectif de femmes musulmanes dénonçant l’islamophobie quotidienne à laquelle elles sont confrontées :

« Plaquer sur les femmes portant le voile tous les préjugés et toutes les généralisations ouvre la porte à tous les abus. On nous demande d’être discrètes, de respecter la culture du pays qui nous accueille. On nous soupçonne de ne pas être livres de choisir nos vêtements nous-mêmes. Et ce soupçon entraine des interdictions qui sont censées nous libérer. Mais nous ne sommes ni soumises ni inconscientes, nous sommes fières de notre foi et fières de nos choix. En assumant nos croyances, notre voile, nous réclamons la liberté d’être femmes et musulmanes en France. Nous exerçons notre liberté de conscience. Nous dénonçons les détournements de la laïcité pour mieux nous opprimer. La laïcité de la loi 1905, c’est la liberté. »

Le texte est puissant. Mais pourquoi a-t-il fallu quatre jours avant d’interroger les concernées ? Et pourquoi en 2019 hommes blancs en première ligne, femmes blanches en seconde, s’agitent-ils/elles toujours autant autour du voile ?

Posts section: 
Title: 
Les justicières masquées de la Bibliothèque universitaire
Title: 
Quand est-ce qu'on va la fermer ?
Summary: 
Si les justicières masquées ne sont pas légion, on se régale alors d’affiches faisant la part belle à Supermeuf, aux Marvelles Avengeuses, à Vulverine, à The Spiritueuse, à Hellgirl ou encore à Babe Sapienne.
Summary: 
Pourquoi faut-il quatre jours avant d’interroger les concernées ? Et pourquoi en 2019 hommes blancs en première ligne, femmes blanches en seconde, s’agitent-ils/elles toujours autant autour du voile ?

Février 2019

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
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En découvrant récemment la bande-dessinée Wotan, trilogie créée par Eric Liberge – dont l’intégrale a été publiée chez Dupuis en 2014 – on a été interpelé-e-s par le trio choisi par l’auteur : un enfant, Louison, un homme, Etienne, et une femme, Yin Tsu, photographe japonaise, qui au fil de la guerre va être chargée d’espionner Himmler.

S’il est rare dans les œuvres littéraires grand public de trouver des traces de femmes, d’autant plus non européennes, durant la Seconde guerre mondiale, il est encore plus difficile que celles-ci soient intégrées à l’Histoire dans un rôle équivalent à un autre personnage, sorti de l’héroïsme fantasmé, tandis que l’auteur s’attache à montrer l’horreur de la Shoah, des camps de concentration et des expériences « scientifiques » sur les cadavres.

Cinq ans plus tard, l’œuvre reste inédite et subjuguante. Et on se réjouit de constater que les éditions Dupuis se sont depuis équipées d’une autre bande-dessinée présentant un volet que les Français-es connaissent moins, sur cette période : la situation en Belgique.

Flore Balthazar dans Les louves nous invite à suivre le quotidien des filles de la Louvière – principalement celui de Marcelle et Yvette – conscientes, soucieuses et impliquées dans cette période trouble. Que ce soit avec Liberge ou Balthazar, on aime découvrir ces personnalités féminines trop longtemps laissées en marge de l’Histoire.

Text: 

C’est délirant la mauvaise foi du patriarcat… C’est consternant même. La guerre à la parité, on ne l’avait pas vu venir dans ce sens-là à Sarcelles, ville dans laquelle, fin janvier, le nouveau maire Patrick Haddad (PS) a été contraint par la justice de rétablir l’équilibre entre ses adjointes et ses adjoints, ces derniers étant moins nombreux… Huit femmes, six hommes.

À parité dans la connerie, ce sont deux élu-e-s de l’opposition, Chantal Grollier (UDI) et David Grandon (LREM) qui ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour dénoncer un scandaleux manque de parité. Le tribunal acquiesce : il y a bien de trop de femmes adjointes à la mairie de Sarcelles.

Le juge explique que, pour les communes de 1 000 habitant-e-s et plus, le principe de parité impose l’obligation de présenter une liste où chaque sexe est représenté à parité, à au plus une unité près. On est d’accord, la parité, c’est important. C’est même une nécessité pour faire avancer les mentalités.

Bizarrement, cette obsession du respect de la parité, on la retrouve que quand il y a « trop » de femmes. Ça ne choque personne quand il y a trop d’hommes, ce qui est très fréquent. Ah si, c’est vrai, le nouveau gouvernement a fait récemment tiquer : la nomination d’Adrien Taquet fait basculer le compte des ministres à 19 hommes et 17 femmes.

Mais grâce à un tour de passe-passe – en disant que le Premier ministre ne compte pas (ce qu’on apprécierait grandement) – la parité est respectée à une personne près. Ouf, les hommes ne sont pas lésés…

Posts section: 
Title: 
Une autre représentation des femmes en 39 - 45
Title: 
Invasion de femmes adjointes à Sarcelles
Summary: 
Que ce soit avec Liberge ou Balthazar, on aime découvrir à travers deux subjuguantes BD ces personnalités féminines trop longtemps laissées en marge de l’Histoire.
Summary: 
À parité dans la connerie, ce sont deux élu-e-s de l’opposition qui ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Le tribunal acquiesce : il y a bien de trop de femmes adjointes à la mairie de Sarcelles.

Novembre 2018

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
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Comprendre les luttes et les enjeux du féminisme en 230 pages, ça peut paraître ambitieux, vertigineux, voire présomptueux. Mais les militantes d’Osez le Féminisme !, Margaux Collet et Raphaëlle Rémy-Leleu ont assez bien relevé le défi dans l’ouvrage publié aux éditions First en septembre dernier, illustré par Diglee. 

Beyoncé est-elle féministe ? … et autres questions pour comprendre le féminisme répond à 10 questions autour de l’égalité entre les femmes et les hommes afin de déconstruire les idées reçues mais aussi et surtout pour aller plus loin dans le combat contre le sexisme. Illustrations humoristiques, infos pratiques, conseils de lecture, de sites ou de films, portraits de femmes qui comptent ou ont compté, le livre donne de nombreuses informations bien vulgarisées, afin de parvenir à expliquer très simplement quelles sont les revendications du féminisme et les barrières que la société doit encore franchir pour atteindre enfin l’égalité entre les sexes.

Alors, on l’avoue, ce n’est pas un coup de foudre – parce qu’il s’attache, un peu trop à notre goût, à un seul féminisme - mais un petit coup de cœur pour ce qui pourrait s’apparenter à un guide à mettre dans les mains des ados, jeunes adultes ou encore novices et curieux-euses ayant envie de se plonger dans une problématique sociétale. Une sorte de sensibilisation, d’introduction, à un sujet fondamental à la recherche et la construction identitaires, qui devrait – on l’espère - donner envie de creuser encore davantage !

Text: 

Le 28 octobre, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro est élu à la tête du Brésil. Le lendemain, Bastamag.net publie un florilège de ses propos sexistes, racistes, homophobes, classistes, etc. C’est affligeant (et malheureusement pas nouveau dans la sphère politique, peu importe le pays).

En 2003, il s’en prend à la députée de gauche Maria do Rosario et réitère en interview : « Je ne suis pas un violeur. Mais si je l’étais, je ne la violerais pas, parce qu’elle ne le mérite pas. Elle est très méchante et très moche. Ce n’est pas mon genre. » En 2013, il s’adresse à Eleonora Menicucci, alors ministre du droit des femmes, en la qualifiant de « sale gouine », et rétorque à une députée de la gauche radicale qui réagit que sa formation est un « parti de connards et de pédés ».

Quelques années plus tôt, il avait conseillé aux parents de frapper leurs fils avec du cuir s’ils étaient gays, afin de les faire changer de comportement. « La plupart des gens ne sont pas prêts à recevoir une éducation et ne s’instruiront pas eux-mêmes. Seul un contrôle des naissances peut nous sauver du chaos. », déclare-t-il également en 2008.

On s’arrête là, désespéré-e-s de cette élection, contre laquelle se sont élevées les voix des millions de Brésiliennes, inquiètes quant au personnage et son programme, notamment en matière de droits des femmes, comme le rappelle Maria do Rosario : « Le Brésil est le champion des violences faites aux femmes. Vous imaginez si cette violence est encouragée institutionnellement. »

Posts section: 
Title: 
Laissez-vous guider par Beyoncé !
Title: 
La crainte, justifiée, des brésiliennes
Summary: 
Une sorte de sensibilisation, d’introduction, à un sujet fondamental à la recherche et la construction identitaires, qui devrait – on l’espère - donner envie de creuser encore davantage !
Summary: 
Florilège de ses propos sexistes, racistes, homophobes, classistes, etc. tenus par Jair Bolsonaro, élu à la tête du Brésil. C’est affligeant (et malheureusement pas nouveau dans la sphère politique).

Décembre 2017

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
Text: 

La réhabilitation des femmes qui ont marqué l’Histoire est une thématique récurrente dans cette rubrique. On ne s’en cache pas, on adore dévorer les bouquins, romans graphiques, magazines, etc. qui retracent les parcours de celles qui ont œuvré au même titre que les hommes au développement des sociétés mais qui - parce que l’Histoire est écrite par les hommes, pour les hommes – ont été oubliées.

On est donc ravi-e-s qu’un nouvel ouvrage rejoigne les étagères de notre bibliothèque féministe, celui du collectif Georgette Sand, Ni vues ni connues – Panthéon, Histoire, mémoire : où sont les femmes ?, publié début octobre par les éditions Hugo&cie (collection Hugo Doc Les Simone).

Entre la préface de l’historienne Michelle Perrot et la postface de la dessinatrice – célèbre pour ses Culottées – Pénélope Bagieu, on croise des artistes, des aventurières, des méchantes inventées ou avérées, des femmes de pouvoir, des intellectuelles, des militantes et des scientifiques. De toutes les époques et de tous les continents.

Si certains parcours sont connus, comme Camille Claudel, Alexandra David-Néel, Rosa Luxembourg ou encore Marie Curie, la force du bouquin est de proposer une majorité de portraits de noms inconnus. On découvre avec passion qu’elles ont souvent été précurseures dans leur domaine mais dans l’ombre de leurs maris, reléguées au statut de muse ou décrédibilisées, elles n’ont pas obtenu la reconnaissance méritée. Si là franchement vous ne vous dites pas que c’est une brillante idée de cadeau pour Noël, on ne sait plus quoi faire…

Text: 

Le 18 novembre dernier, fleurs et bougies ont été déposées place de la Mairie à Rennes en hommage à l’utérus inconnu. Pourquoi ? Pour envoyer un message fort et montrer « aux responsables de cette situation notre détermination ». Comprendre alors : le collectif rennais L’Utéruse poursuit activement son combat pour l’accès égal à la santé pour toutes les femmes.

Constitué depuis dix mois (lire leur interview dans YEGG#58 – Mai 2017), le collectif dénonce le quasi-monopole en Ille-et-Vilaine du laboratoire Atalante Pathologie concernant l’analyse des frottis cervico-utérins. Le 1er février, l’établissement a décidé de revaloriser la tarification de cet acte à travers un dépassement d’honoraires de 6,60 euros.

« À raison de 90 000 frottis par an (soit la quasi totalité des frottis d’Ille-et-Vilaine), les femmes auront payé dans l’année plus de 540 000 euros de dépassement d’honoraires au laboratoire Atalante. Combien de temps supporterons-nous cette injustice qui pèse sur les femmes, dans l’indifférence générale ? », interroge à juste titre L’utéruse dans un communiqué de presse, le 14 novembre.

Parce que le cancer du col de l’utérus tue chaque année 1100 femmes en France, que le dépistage pourrait éviter « le développement de 90% des cancers » et qu’en Ille-et-Vilaine, on constate malheureusement une diminution de 10% de la participation au dépistage en moins de 10 ans, il est scandaleux de sacrifier des vies pour des raisons pécuniaires. Nous, ça nous file des nausées…  

Posts section: 
Title: 
Ni vues, Ni connues... Jusqu'à maintenant !
Title: 
En mémoire de l'utérus inconnu
Summary: 
On croise des artistes, des aventurières, des méchantes inventées ou avérées, des femmes de pouvoir, des intellectuelles, des militantes et des scientifiques. De toutes les époques et de tous les continents.
Summary: 
Le collectif L'Utéruse dénonce le quasi-monopole, et ses conséquences tarifaires, en Ille-et-Vilaine du laboratoire Atalante Pathologie concernant l’analyse des frottis cervico-utérins.

Novembre 2017

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
Text: 

La honte doit changer de camp. Impérativement. Pour y arriver, forces de l’ordre et système judiciaire doivent évoluer conjointement et être formés à la problématique des violences faites aux femmes. Parce que l’on vit dans une société qui diffuse et entretient constamment la culture du viol dans sa globalité.

En attendant cette prise de conscience et cette progression (qui ne se fera pas à coup de Unes testostéronées du type Le Parisien qui le 25 octobre brandissait 16 portraits de personnalités publiques masculines et titrait « Harcèlement sexuel – Les hommes s’engagent »), il est essentiel d’accompagner et d’aider celles qui ont subi du harcèlement et des agressions sexuelles.

C’est dans ce but que Sandrine Rousseau, ex-élue EELV, a fondé l’association Parler, qui propose aujourd’hui une adresse mail – suisjeseule@gmail.com - pour dénoncer les violences sexuelles et mettre en contact les femmes victimes d’un même harceleur/agresseur sexuel, à partir de 5 signalements sur une même personne. Ainsi, la structure espère encourager les dépôts de plaintes groupés.

On le sait, ce sera long, pénible et douloureux. Cela prendra du temps. Parce qu’il en faut énormément pour parler et oser franchir le cap. Parce que l’on sait que l’accueil au commissariat sera certainement abject et les suites éventuelles aussi. D’où l’importance d’une action collective. Entre femmes, dans un premier temps.

Text: 

On doit bien l’avouer, on a nos côtés réac’ niveau écriture de la langue française. Il faut bien l’admettre, l’écriture sms nous est assez insupportable. D’autant plus qu’aujourd’hui, les textos ne sont plus limités en terme de caractères, plus d’excuses donc pour raccourcir les mots. Certes, cela nous a parfois été utile sur Twitter mais pas plus.

Mais on se dit que ce n’est rien comparé aux vieilles peaux de l’Académie française qui tremblent de dégoût face à l’écriture inclusive et déclarent à ce propos dans un communiqué, publié sur leur site et daté du 26 octobre dernier : « Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme une norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. »

On pouffe de rire en même temps qu’on vomit. On s’évanouit à plusieurs reprises en lisant la suite : « C’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. »

Dénonçant – selon leurs termes - une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité, les membres s’opposent à ce qui devrait être déjà acté depuis au moins leurs naissances (c’est dire !), à savoir la prise en compte de l’autre moitié de la population. Les femmes, quoi. Mais bon comme « cela alourdirait la tâche des pédagogues », on ne va pas insister… Bah si, en fait !  

Posts section: 
Title: 
Agir ensemble contre les violences sexuelles
Title: 
Le mâle de la langue française
Summary: 
La honte doit changer de camp. Impérativement. En parallèle, il est essentiel d’accompagner et d’aider celles qui ont subi du harcèlement et des agressions sexuelles.
Summary: 
On pouffe de rire en même temps qu’on vomit. On s’évanouit à plusieurs reprises en lisant le communiqué de l'Académie française, à propos de l'écriture inclusive...

Octobre 2017

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
Text: 

On retrouve sur la couverture la photo, prise en 1957 à Rennes, des deux femmes qui avaient déjà incarné les Elles qui disent, publié en mars 2016. Marie-France et Marie-Ange Jouan. La mère et la grand-mère d’Anne Lecourt, passeuse d’histoires de vie qui revient en septembre 2017 avec un nouvel ouvrage, intitulé cette fois Les Discrètes paroles de Bretonnes….

On y retrouve Clémentine, Madeleine, Marie, Monique, Marcelle, Yvette ou encore Elisa, du pays de Montfort. Et on y découvre Anne, Paule, Agnès, Roberte, Janet et d’autres, qui comme les premières, témoignent de la vie qu’elles ont vécu, principalement dans les campagnes bretonnes, de 1930 à aujourd’hui.

L’auteure, de sa plume respectueuse, continue là le travail amorcé l’an passé, un travail de mémoire, de transmission, qui aborde au travers de portraits fins et bienveillants la condition des femmes de cette époque. Et ça fait du bien d’entreprendre cette lecture aussi émouvante qu’apaisante.

Parce qu’en filigrane de ces histoires, on peut se laisser rêver à la vie de nos grands-mères qui, par pudeur tout comme les Discrètes, n’ont pas livré à la postérité leurs vécus intérieurs. C’est comme renouer avec le passé ! Une manière de saluer les générations précédentes et de ne pas oublier le combat qu’elles ont souvent menées, sans le réaliser.

Text: 

Elles étaient 122 en 2015 (lire notre Décryptage YEGG#63 – Décembre 2016). Elles sont une de plus, en 2016. Elles, ce sont les femmes mortes sous les coups de leur partenaire ou ex-partenaire de vie. Pourquoi ? Parce que ces derniers, à 49%, refusent la séparation.

C’est ce que révèle début septembre le rapport de la délégation aux victimes – structure commune à la police et à la gendarmerie nationales qui recense, depuis 11 ans, pour le ministère de l’Intérieur, les morts violentes survenues au sein du couple – qui sépare distinctement les 109 femmes victimes « au sein de couples officiels (conjoint, concubin, pacsé ou ex…) » et les 14 femmes victimes « au sein de couples non officiels (petit ami, amant, relation périodique ou ex…) ».

Déjà, la catégorisation pose problème. Surtout quand celle-ci entraine la hiérarchisation des informations. Parce que l’étude, dès le début, n’affiche que le premier chiffre. Il faut attendre la page suivant la conclusion, pour trouver le tableau récapitulatif global de l’année 2016 : on y découvre alors qu’elles sont en réalité 123, et non 109, à être décédées de violences conjugales.

Ce chiffre est important. Trop important. Il signale que tous les 3 jours, une femme en France, meurt des coups de son mec ou de son ex (peu importe qu’il s’agisse de son mari ou de plan cul). Il serait temps d’arrêter de minimiser ou de banaliser ces actes barbares, qui ne sont ni des crimes passionnels, ni des incidents, mais des féminicides.

Posts section: 
Title: 
Ne pas oublier les récits des Discrètes
Title: 
123 (et pas 109) femmes de trop !
Summary: 
L’auteure, de sa plume respectueuse, continue là le travail amorcé l’an passé, un travail de mémoire, de transmission, qui aborde au travers de portraits fins et bienveillants la condition des femmes de 1930 à aujourd'hui.
Summary: 
Ces femmes, ce sont celles qui sont mortes en 2016 sous les coups de leur partenaire ou ex-partenaire de vie. Pourquoi ? Parce que ces derniers, à 49%, refusent la séparation.

Septembre 2017

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
Text: 

Ce n’est pas un coup de cœur, c’est un coup de foudre. Alors oui, on sait, on a pas mal d’années de retard mais on a fini par lire Le chœur des femmes, du médecin, romancier et essayiste Martin Winckler. Et c’est un véritable soulagement. Parce que les témoignages résonnent avec notre expérience intime.

En nous permettant d’assister aux consultations et aux coulisses du service de médecine des femmes, dirigé par Franz Karma, un professionnel de la santé attentif et bienveillant, qui va prendre sous son aile, Jean Atwood, une jeune interne brillante promise à une grande carrière de chirurgie réparatrice des organes sexuels, l’écrivain propose un regard à la fois doux et critique sur ce que vivent les femmes dans le parcours de santé. Martin Winckler remet l’humain au cœur de cette médecine gynécologique qui peut être, pour tout un tas de raisons plus ou moins compréhensibles (mais pas tant que ça), parfois source de violence pour les femmes, cis et trans.

Au fil du bouquin, on respire grâce à ce non-jugement prôné par ce service. Le chœur des femmes montre qu’une autre méthode est possible, les techniques employées ayant besoin d’être davantage pensées pour le confort des patientes – et non celui des praticien-ne-s - et invite à réfléchir à l’évolution d’une médecine plus humaine. Un point de vue que partage le médecin et écrivain Baptiste Beaulieu, parrain de la nouvelle librairie rennaise La Nuit des temps, présent lors de l’inauguration de celle-ci, le 16 septembre prochain.

Text: 

Il y a des choses que l’on ne comprend pas. Imaginer et fabriquer une capsule intime pour se tartiner les parois du vagin avec des paillettes en fait partie. Autant dire que se l’introduire là-dedans nous est totalement inconcevable. Sans doute notre petit côté réac…

Mais voilà, à la rédaction, on était déjà choqué-e-s d’apprendre que la chirurgie des lèvres génitales devenait de plus en plus répandue chez les jeunes femmes alors là, on est tombé-e-s de nos chaises longues en lisant que la société américaine Pretty Woman Inc avait lancé une véritable tendance avec les « Passion dust », arrivant jusqu’à la rupture de stock (ou suscitant avec cela encore plus le besoin et l’envie chez les consommatrices ? On ne serait pas étonné-e-s d’une telle stratégie…).

L’argument de vente ? Ajouter du fun aux relations sexuelles pour celles et ceux qui visiblement trouvent que le sexe manque de couleurs et de goût... Car oui, l’idée est d’insérer la capsule une heure avant le rapport, le temps pour l’emballage de fondre et de répandre les paillettes sucrées à l’intérieur ! Non mais sérieusement ? Il serait temps d’arrêter de se dire que ce genre de concept a un aspect rigolo.

Parce qu’il n’en est rien lorsque la provenance et la composition du produit ne sont pas certaines, voire sont carrément  douteuses, et surtout que les paillettes risquent de porter atteinte à la flore vaginale et ainsi créer des infections et inflammations. Honnêtement, y a tellement d’autres façons de s’éclater au lit…

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Title: 
Au choeur de la santé des femmes !
Title: 
Dress code : paillettes dans le vagin
Summary: 
Martin Winckler remet l’humain au cœur de cette médecine gynécologique qui peut être parfois source de violences pour les femmes, cis et trans.
Summary: 
L’idée est d’insérer la capsule une heure avant le rapport, le temps pour l’emballage de fondre et de répandre les paillettes sucrées à l’intérieur ! Non mais sérieusement ?

La tresse - Laetitia Colombani

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Un roman à couper le souffle qui nous plonge au cœur de trois histoires, dans l’espoir des grandes batailles qu’elles vont livrer. Un récit féministe empli d’humanité et d'humanisme.
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En Inde, Smita se bat pour que sa fille accède à l’école et ne suive pas ses pas à elle, qui récure les toilettes de la caste supérieure. En Sicile, Giulia travaille comme ouvrière dans l’atelier familial, qui traite les cheveux. Au Canada, Sarah est une avocate réputée pour qui la carrière professionnelle passe avant la famille.

Les trois femmes vont devoir affronter des épreuves imprévues auxquelles elles ne sont pas préparées. Mais, chacune à sa manière, avec ses armes et ses traits de personnalité, va se battre et refuser de se résigner. Refusant la fatalité, les assignations genrées et les codes sociaux, elles vont faire le choix de la liberté et de l’émancipation.

Laetitia Colombani est scénariste, réalisatrice et comédienne, et signe ici son premier roman. Un roman à couper le souffle qui nous plonge au cœur de trois histoires dissociées qui peu à peu vont se lier, sans le savoir, dans l’intimité de la lutte personnelle que chacune vit et dans l’espoir des grandes batailles qu’elles vont livrer pour s’en sortir et avancer selon leur volonté. Un récit féministe empli d’humanité, d’humanisme et de douceur, malgré tout.

Main image: 

Juillet-Août 2017

Writers: 
Marine Combe
Writers: 
Marine Combe
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Vous trouvez les contes de fées trop lisses ? trop binaires ? trop manichéens ? Nous aussi. Et ça tombe bien parce qu’en mai dernier Contes et histoires arc-en-ciel sont venus colorer la collection Kervinihy des éditions Goater, en partenariat avec le CGLBT de Rennes et Les Bookonautes. De quoi briser l’hétéronorme cul-cul et ringarde de ces récits poussiéreux et franchement d’un ancien temps !

Place aux 14 histoires imaginées par Frédéric Meurin, Hugo Vernay, Selene Tonon, Valentine Dewer, Karine Baudot, Elisabeth Troestler, Joachim Chalot, Pascale Navarro Salcedo, Judikaël Goater, Gaëlle Urvoas, Aurélien Le Feuvre, Elen Le Feuvre, Elodie Sébire et Lukaz Nedeleg. Au fil des pages, on croise Myriam, Elias, Louise, Charmille, Jean, Aydan, Blanche ou encore Cassiopée. Vivant dans la vie réelle ou dans des histoires de capes et d’épées, ces personnages sont lesbiennes, homos, trans, polyamoureux, se battent contre les préjugés ou non – parce que oui un monde sans LGBTIphobies, ça peut exister – et surtout ne sont pas réduits à leurs orientations sexuelles et leurs identités de genre.

Et ça fait du bien ! En plus de rompre avec la tradition du noir et blanc des contes, et de la femme épleurée qui attend le prince charmant, les histoires arc-en-ciel redonnent du corps et de la perspective à des personnes délaissées à tort de ce genre littéraire. Il est bien temps de se mettre à la page !

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« Cette pratique est extrêmement ancienne, très répandue dans les diverses civilisations du monde entier, basée sur le préjugé selon lequel l’utérus pourrait être vidangé comme un ballon. Il n’existe pas de chiffres officiels en France sur l’expression abdominale mais selon l’enquête menée par le Collectif Interassociatif autour de la NaissancE (CIANE) entre 2010 et 2016 (20 000 femmes) : ‘’une femme sur cinq affirme qu’on lui a appuyé sur le ventre pour aider l’expulsion du bébé. Parmi les femmes qui ont subi ce geste, environ quatre sur cinq indiquent qu’on n’a pas recherché leur consentement.’’ »

Le 17 juin, Slate titre son article « L’expression abdominale existe encore et c’est dramatique ». Dramatique oui, c’est le terme. Surtout lorsque l’on sait que cette pratique n’est soi-disant plus pratiquée car interdite. On aurait eu envie de mettre la citation, seule, sans commentaires. Parce qu’elle se suffit à elle-même. Mais on ne peut manquer une occasion d’ouvrir notre gueule pour scander : « MAIS QUAND EST-CE QU’ON VA NOUS LÂCHER LE BIDE, BORDEL ? »

On entend d’ici les défenseurs maugréer qu’il s’agit certainement de cas particuliers, pour lesquels médecins et sages-femmes doivent agir dans l’urgence ou en tout cas doivent avoir leurs raisons. Mais non, ça ne passe pas. Parce que rien ne justifie que l’on demande son accord à une femme sur cinq. À moins que l’on ait mal compris et que les femmes ne bénéficient pas entièrement de leur propre corps…

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La vie est plus belle en couleurs !
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Pas touche à ma ceinture abdominale
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Vous trouvez les contes de fées trop lisses ? trop binaires ? trop manichéens ? Nous aussi. Et ça tombe bien parce qu’en mai dernier Contes et histoires arc-en-ciel est sorti aux éditions Goater !
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Le 17 juin, Slate titre son article « L’expression abdominale existe encore et c’est dramatique ». Dramatique oui, c’est le terme. Surtout qu'elle n’est soi-disant plus pratiquée car interdite.

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