Automne/Hiver 2021

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Marine Combe
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Marine Combe
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Quatre ans que l’on suit les aventures des Bergères guerrières ! Quatre ans qu’on est à cran les jours précédant la sortie annuelle de chaque tome de cette BD jeunesse qui, ce 17 novembre 2021, a dévoilé sa suite et fin ! C’est un crève cœur de refermer le quatrième volume d’une série si bien travaillée, aussi bien au niveau du scénario de Jonathan Garnier que des illustrations d’Amélie Fléchais, et si entrainante, mais quelle épopée nous avons vécu aux côtés de Molly, Barbe Noire, Liam, Sarah et de tou-te-s les autres protagonistes !

On a adoré découvrir l’ordre des bergères guerrières, réservé aux filles et aux femmes, car ici, ce sont bel et bien les membres de la gent féminine qui défendent les troupeaux et le village. Il y a de l’action, de la magie mais aussi des histoires d’amitié, de sororité mais pas que, d’absence et de deuil également.

Au fil du récit, la bande dessinée aborde des thèmes centraux dans la société et dans la construction de chaque individu à travers des représentations qui manquaient cruellement dans la littérature jeunesse. On montre et exprime l’ambition, les doutes, les peurs, les jalousies, le courage, les tabous, la complexité des relations familiales et le pouvoir de la confiance en soi et en l’autre et surtout de l’entraide. Avec beaucoup de naturel. Sans discours moralisateurs.

Ici, on a le droit de se tromper. On a le droit d’être une fille et de se battre. D’être un garçon et de se rêver en bergère guerrière. Ou d’envier les capes portées par les membres de l’ordre. Ce qui prime, c’est le respect. De soi, des autres, de l’environnement. On se réjouit que l’Incroyable studio, à Nantes, et Vivement lundi !, à Rennes, en fassent une série animée !!!

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Ça y est ! Le gouvernement s’intéresse enfin au quatrième trimestre ! Celui qui survient après 9 mois de grossesse, de très longues semaines de « petits maux » (si je tenais l’abruti qui a osé et fait intégrer ce terme…) et évidemment l’accouchement. Dans les médias, on commence – timidement – à parler du post partum, grâce aux témoignages des concernées.

Et ça, le ministère de la Santé, il ne rate pas l’occasion de passer à côté, et ça fait plaisir. Sans tarder, il passe à l’action et dès février 2022, il distribuera dans les maternités LA solution : la « bébé box ». Véritable révolution en forme de sac en bandoulière, contenant – accrochez-vous bien – une crème hydratante, rappelant à la nouvelle maman qu’elle n’en reste pas moins une femme, et une femme, on le sait, se doit de prendre soin d’elle ! Merci Olivier Véran de si bien connaître et comprendre LA femme.

Et ce n’est pas tout ! Le gouvernement voit plus loin, voit plus grand ! Bien décidé à prendre soin des parents et du nouveau né, il entend sensibiliser les familles aux 1000 premiers jours de l’enfant, avec une turbulette, pour expliquer comment coucher le nourrisson afin d’en éviter le décès, un album, pour souligner l’importance de l’éveil artistique et culturel – et on sait à quel point le gouvernement trouve la culture essentielle – et un savon, pour promouvoir les produits naturels et alerter sur les perturbateurs endocriniens et les produits chimiques. Parce que là encore, on connaît l’engagement sans faille et sans limite du gouvernement en matière d’écologie… Mon bébé, bienvenu dans le joli monde de la communication, des lobbys et de l’hypocrisie.

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Title: 
Bergères guerrières, la série jeunesse qui fait du bien !
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Distribution de la "bébé box" : des claques se perdent
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Ici, on a le droit de se tromper. On a le droit d’être une fille et de se battre. D’être un garçon et de se rêver en bergère guerrière. Ou d’envier les capes portées par les membres de l’ordre. Ce qui prime, c’est le respect. De soi, des autres, de l’environnement.
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Dans les médias, on commence – timidement – à parler du post partum, grâce aux témoignages des concernées. Et ça, le ministère de la Santé, il ne rate pas l’occasion de passer à côté, et ça fait plaisir...

Mars 2020

Writers: 
Marine Combe
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Qu’est-ce qu’il est bon d’avoir la nouvelle BD de Mirion Malle entre les mains et de former une bulle autour de soi pour profiter de la lecture de C’est comme ça que je disparais, publié en janvier dernier aux éditions La ville brûle. L’autrice et dessinatrice partage ici un sujet peu traité ou mal traité, celui de la dépression.

Cette femme qui sur la couverture du bouquin n’a pas de jambes et de visage, c’est Clara, attachée de presse à mi-temps, installée à Montréal. Petit à petit s’installent l’ennui et la fatigue, surviennent les pleurs incontrôlés et incontrôlables et se creuse un fossé entre elle et ses amies. L’incompréhension, l’inquiétude, la pression de l’entourage pèsent sur ses épaules alors qu’elle-même ne parvient pas à identifier et à comprendre ce qui l’entraine chaque jour un peu plus vers ce flottement léthargique.

Ce que nous montre Mirion Malle, c’est la complexité et les paradoxes de chaque état émotionnel traversé par son héroïne. C’est très puissant ce mélange opéré par l’artiste féministe qui n’émet pas de jugement sur ses personnages et transmet des messages hyper importants, avec douceur et force.

Elle n’hésite pas à zoomer, à envahir l’espace de la page et à nous montrer le quotidien ordinaire d’une jeune femme en proie à la souffrance et au désespoir de perdre le goût d’exister, oscillant entre trop plein et vide, sans parvenir à échanger véritablement avec ses proches, tant elle devient à leurs yeux une personne réduite à un statut qu’ils/elles ne saisissent pas. Bouleversant, captivant, salvateur !

Text: 

« Je ne peux pas m’empêcher, c’est plus fort que moi, de compter le nombre de noir-e-s dans la salle. » Le 28 février dernier, le discours de l’actrice Aïssa Maïga aux Césars instaure le malaise dans la salle Pleyel.

« Je sais qu’on est en France et qu’on n’a pas vraiment le droit de compter mais j’ai fait les comptes et on est à peu près 12. C’est un peu le chiffre magique ce soir, je vais pas revenir dessus, tout le monde a compris. » Ah, la salle se détend un peu, osant même quelques rires. Oui, la référence à Polanski, ça amuse toujours (tant qu’on a espoir qu’il ne sera pas primé).

La comédienne, qui en 2018 avait initié l’essai collectif Noire n’est pas mon métier, poursuit : « On refuse d’être les bons noirs, les bons asiatiques, les bons arabes ». White washing, blackface, rôles de dealer, de femmes de ménage, de terroristes, de filles hypersexualisées, les acteur-ice-s noir-e-s sont cantonné-e-s à des rôles stéréotypés et réducteurs. Aïssa Maïga parle d’inclusion et de la responsabilité des blanc-he-s à engendrer de l’inclusion.

« Faisons une maison au lieu d’une vitrine. Une maison qui soit fière d’inclure toutes les différences. Fière pour que les jeunes qui nous regardent soient eux-mêmes fiers de la recevoir en héritage. », conclut-elle. Dans la salle, silence et embarras. Pas de soutien, pas de solidarité. C’est incroyable ce que nous, les personnes blanches qui aimons user et abuser des termes « diversité », « mixité », « vivre ensemble », etc., on est coincées du cul et bornées dans notre connerie de mauvaise foi et d’ignorance. La honte. 

 

 

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Pah ! Mirion Malle crève le silence autour de la dépression !
Title: 
La honte, le silence dans la salle
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Qu’est-ce qu’il est bon d’avoir la nouvelle BD de Mirion Malle entre les mains et de former une bulle autour de soi pour profiter de la lecture de "C’est comme ça que je disparais", publié en janvier dernier aux éditions La ville brûle.
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C’est incroyable ce que nous, les personnes blanches qui aimons user et abuser des termes « diversité », « mixité », « vivre ensemble », etc., on est coincées du cul et bornées dans notre connerie de mauvaise foi et d’ignorance. La honte.

Septembre 2019

Writers: 
Marine Combe
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Marine Combe
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En soi, ce n’est pas une bonne nouvelle. Rembobinons : en 2012, Thomas Mathieu découvre le documentaire de Sophie Peeters, Femme de la rue, et questionne ses amies quant à leurs vécus personnels. Il constate alors qu’elles aussi vivent le sexisme au quotidien, s’exprimant à travers un harcèlement de rue allant du « Vous êtes charmante » aux agressions sexuelles et viols, en passant par les insultes.

Il lance le tumblr Le projet crocodiles, basé sur des témoignages, dont le premier album paraît en 2014. Cinq ans plus tard, le remarquable tumblr Paye ta schnek a marqué toute une génération d’individus, tout comme #metoo et toutes les frasques autour de l’exercice et de l’omniprésence de la domination masculine dans les espaces public et privé.

Le 18 septembre 2019, aux éditions Casterman,Les crocodiles sont toujours là. L’ouvrage, signé Juliette Boutant et Thomas Mathieu, relate précisément ce fléau. Dans la rue, les transports, au travail, chez les professionnel-le-s de la santé ou encore chez les forces de l’ordre… Les actes sont terribles, terrifiants, glaçants, gerbants.

Mais cette BD au parti pris clair et franc nous rappelle que nous ne sommes pas seul-e-s à subir ces agressions à cause desquelles nous mettons en place les stratégies d’évitement. Tout comme les livres d’Emma, faire circuler Les crocodiles entre les mains et les cerveaux vaut sans doute mieux que de vains discours énergivores, face aux plus ou moins sceptiques, concernant l’importance des luttes féministes (et la putain de différence entre la drague et le harcèlement !). 

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« Je pense que jamais un gouvernement ne s’est autant mobilisé sur ce sujet », a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le 17 septembre dernier à propos des féminicides. Pourtant, à l’heure où nous bouclons ce numéro, 106 femmes sont mortes, tuées par leurs ex-compagnons ou compagnons. Chaque année, elles sont environ 130 à décéder parce qu’elles sont des femmes.

Non, Monsieur le ministre, on ne peut pas dire que le gouvernement soit mobilisé dans les actes contre ce massacre sexiste. Nous ne voulons plus compter nos mortes, comme le signalent les messages affichés sur les murs de plusieurs villes, dont Rennes, à l’initiative d'un collectif de militantes contre les féminicides.

Ni celles qui sont assassinées, ni celles que le corps médical aurait négligé en raison de leur sexe, identité de genre, orientation sexuelle et/ou de leurs origines réelles ou supposées. Ni celles qui décèdent des LGBTIphobies ou des suites d’un avortement clandestin (on pense fort aux Equatoriennes, dont le Parlement vient de refuser la dépénalisation de l’avortement).

Elles meurent dans l’indifférence et dans l’impunité la plus totale. Mais quand au Salvador, les femmes font une fausse couche, elles peuvent être jugées pour homicide (c’est d’ailleurs l’objet du documentaire Volar Lejos de Celina Escher). En 2018, elles étaient 26 à être incarcérées pour ce motif.

Le contrôle exercé sur le corps des femmes est immense et omniprésent. Partout. Mobilisons-nous contre les violences faites aux femmes le 23 novembre à Paris et à Rennes et le 28 septembre, à Rennes, pour le droit à l’avortement, légal et gratuit, pour tou-te-s.

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Title: 
Les crocodiles sont toujours là
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Lourdes peines... Toujours pour les femmes !
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Cette BD au parti pris clair et franc nous rappelle que nous ne sommes pas seul-e-s à subir ces agressions à cause desquelles nous mettons en place les stratégies d’évitement.
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Nous ne voulons plus compter nos mortes, comme le signalent les messages affichés sur les murs de plusieurs villes, dont Rennes, à l’initiative d'un collectif de militantes contre les féminicides.

Appelez-moi Nathan - Catherine Castro & Quentin Zuttion

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Appelez-moi Nathan ne se contente pas de quelques banalités autour d'un sujet encore peu et mal connu mais élargit les esprits et les possibles, en brisant plusieurs tabous néfastes à la construction des individus en devenir, peu importe le sexe et le genre.
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L’adolescence frappe à sa porte. Les seins poussent, les menstruations tâchent sa culotte. Mais qu’est-ce que c’est ce bordel ?, s’interroge Lila. Si elle est une meuf, est-ce que ça veut dire qu’elle est lesbienne puisqu’il est en couple avec Faustine ? Non, lui répond-elle.

Parce qu’elle sait qu’en face d’elle, c’est un mec. Il est Nathan et entend bien se faire prénommer ainsi, même si ses parents ont bien du mal à comprendre et à accepter la transition de leur enfant. Inspirée d’un garçon transgenre qu’elle connaît, Catherine Castro, grande reporter, décide de transposer son histoire dans une bande-dessinée qui illustre une partie de ce que peuvent ressentir et vivre les personnes trans.

Dans la réflexion sur l’identité, dans la relation aux autres, à travers Nathan mais aussi à travers sa bande d’ami-e-s, ses parents, son frère et les moqueries des autres élèves, les insultes homophobes et les conversations autour du sexisme et de la sexualité.

Appelez-moi Nathan ne se contente pas de quelques banalités autour de ce sujet encore peu et mal connu mais élargit les esprits et les possibles, en brisant plusieurs tabous néfastes à la construction des individus en devenir, peu importe le sexe et le genre.

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Radiate - Jeanne Added

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Jeanne Added réussit toujours à nous transporter dans une expérience sensorielle sans limites, qu’on aime explorer sans modération.
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Majestueuse, la voix de Jeanne Added. Trois ans après Be sensationnal, elle a encore, et peut-être plus, le pouvoir de nous saisir et de nous élever dans sa dimension envoutante.

La chanteuse et multi-instrumentiste imprègne ce deuxième album de son esprit mouvant et vaporeux. Toujours en mouvement, elle chante sa mutation avec hargne et passion, de manière magistrale, renforcée par la sonorité électro-pop combattive tirant par moment vers la techno.

Elle joue habilement de sa noirceur viscérale en l’accompagnant avec talent d’une joyeuse douceur. Un équilibre qui nous envoie directement planer et lever le pied une dizaine de chansons durant. Et même après, on se sent encore flotter dans ce nuage vibrant d’émotions contrastées.

Moins frontal et brutal que son premier opus, Jeanne Added réussit toujours à nous transporter dans une expérience sensorielle sans limites, qu’on aime explorer sans modération.

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La fête est finie – Marie Garel-Weiss

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L'auteure n'oublie pas de créer un objet filmique très bien cadencé et extrêmement bien rythmé par les interprétations des deux talentueuses jeunes actrices. Une œuvre cinématographique intense dont exulte une forme de nécessité.
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Céleste et Sihem se font admettre au même moment dans un centre de désintoxication. Elles vont très vite se reconnaître, se rapprocher et s’attacher l’une à l’autre. De leur complicité née au sein d’un établissement aux règles rigoureuses va éclore une réelle amitié exaltée. Hors des murs et esseulées, les jeunes femmes décident de se battre ensemble face à leurs vieux démons.

Le chemin sera ardu et escarpé mais leur lien affectif, sincère et loyal, consolidera un binôme animé d’une pulsion de vie indéfectible. Pour son premier long métrage, Marie Garel-Weiss livre un récit autobiographique dans un cadre naturaliste et dévoué à l’ébranlement et au trouble d’une rencontre exceptionnelle.

Ce type de rencontre qui transcende le moment et interroge l’existence. Abordant son propre vécu, la réalisatrice évoque l’addiction aux drogues sans pathos ni maladresse. L’œuvre met en lumière l’abandon des proches, la solitude face à la dépendance et l’encadrement au sein des centres de désintoxication.

Le discours est brillant car il sonde avec force et conviction l’attraction vénéneuse et désenchantée du produit. Un produit adulé, accueilli comme un compagnon de route et qui s’inscrit au cœur de sa propre histoire. Les longues années de défonce résultent de cassures et du manque de lien.

Si l’auteure apporte un œil averti muni d’une expérience de vie riche en épreuves, elle n’en oublie pas de créer un objet filmique très bien cadencé et extrêmement bien rythmé par les interprétations des deux talentueuses jeunes actrices. Une œuvre cinématographique intense dont exulte une forme de nécessité.

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Rafiki – Wanuri Kahiu

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À travers les deux héroïnes du film, la cinéaste compose le portrait d’une jeunesse africaine réaliste et authentique. Le film est une jolie source de fraicheur et un souffle de liberté qui signifie beaucoup en Afrique, continent le plus jeune de la planète.
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À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais rêvent toutes deux d’une vie riche remplie de belles perspectives. Leur rencontre va faire naître une forte attraction réciproque. Naïves et pragmatiques, elles s’accordent le droit d’aimer et de plaire dans un pays rongé par la pauvreté et la misère.

La vie quotidienne de la jeune Kena apporte une sympathie communicative et un naturel positif qui font là tout le charme du film. Colorée et enchanteresse, la mise en scène façon clip joue de représentation et de perception. Au sein de cette société kenyane conservatrice, les amoureuses sont contraintes à choisir entre leur idylle et la sécurité.

À travers les deux héroïnes du film, la cinéaste compose le portrait d’une jeunesse africaine réaliste et authentique. Une histoire d’amour émouvante et délicate entre deux jeunes kenyanes dans un pays qui condamne durement l’homosexualité. La réalisatrice dénonce une hypocrisie intenable dans un pays qui applique des lois abusives et contre-progressistes.

Pourtant, l’homophobie active n’est ici qu’assez peu représentée. Seule l’opposition des pères dénote avec la certaine indifférence vis-à-vis des manifestations de rejet et de haine très vivaces au Kenya où les peines de prisons représentent un terrible couperet pour toute une communauté.

En réalisant ce film, Wanuri Kahiu, accusée d’encourager l’homosexualité, se voit interdire son film dans son pays et s’expose à une peine d’emprisonnement. Le film est une jolie source de fraicheur et un souffle de liberté qui signifie beaucoup en Afrique, continent le plus jeune de la planète.

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Sorcières - Mona Chollet

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Mona Chollet, toujours aussi brillante dans sa manière de vulgariser, de dénoncer la norme sans juger celles qui s’y plaisent et de porter un message déculpabilisant à toutes les femmes sorcières que nous sommes en partie.
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« La sorcière, écrit Pam Grossman, est le « seul archétype féminin qui détient un pouvoir par elle-même. Elle ne se laisse pas définir par quelqu’un d’autre. Épouse, sœur, mère, vierge, putain : ces archétypes sont fondés sur les relations avec les autres. La sorcière, elle, est une femme qui tient debout toute seule. » Or le modèle promu à l’époque des chasses aux sorcières, imposé d’abord par la violence et plus – avec la constitution de l’idéal de la femme au foyer, au XIXe siècle – par un savant mélange de flatterie, de séduction et de menace, enchaine les femmes à leur rôle reproductif et délégitime leur participation au monde du travail. »

Journaliste et auteure, Mona Chollet est non seulement brillante dans sa réflexion qui explore une figure devenue monstrueuse à coups de propagande patriarcale, fixant un parallèle entre les sorcières alors chassées, torturées et brûlées et les célibataires, les femmes sans enfants et les femmes qui vieillissent, aujourd’hui encore incomprises, moquées et stigmatisées.

Mais elle est aussi brillante dans sa manière de vulgariser, de dénoncer la norme sans juger celles qui s’y plaisent et de porter un message déculpabilisant à toutes les femmes sorcières que nous sommes en partie. Absolument libérateur !

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Les faits bleus - Pauline Drand

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Tout comme son aventure qui jamais ne trouve de refuge, on se laisse porter par la poésie musicale de Pauline Drand. Reposant et enivrant.
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Au croisement de la chanson française et de la néo-folk, Pauline Drand signe un premier album qui sonne comme une balade rafraichissante et vivifiante. Dans sa voix, son phrasé et les mélodies, il y a de la chaleur qui croise la douceur et la tendresse.

De sa poésie, elle en appelle à nos souvenirs d’un temps passé que l’on chérit au fond de nous auquel on pense avec un nostalgique bonheur. Son album est une promenade en plein air qui pourtant nous plonge dans le sensible de l’intime et dans les méandres d’une âme qui s’égare au fil des chansons pour aller se perdre au bord d’une falaise et y fixer des heures durant des vagues qui s’y écrasent dans un sublime éclat.

Elle convoque l’ancien et le nouveau dans une danse lente et sensuelle, en parfait accord l’un et l’autre. Parce qu’elle décrit joliment et sans artifices les états transitoires de la quête amoureuse, elle nous emporte au fil des saisons et au gré de la nature dans sa ritournelle folk, par delà les paysages et les océans.

Tout comme son aventure qui jamais ne trouve de refuge, on se laisse porter par la poésie musicale de Pauline Drand. Reposant et enivrant. 

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Comme des garçons - Julien Hallard

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Le ton est à l’humour et le réalisateur sait très bien mettre en scène la jolie bande de comédiennes. Une émancipation à travers le sport pour nombre de ces femmes relatant ainsi les progrès d’un monde qui commence à changer.
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Reims 1969, un journaliste et séducteur invétéré, un poil misogyne, décide d’organiser un match de football féminin pour la kermesse annuelle du journal. Accueilli au départ comme une jolie plaisanterie, l’équipe prendra forme et ses membres, accompagnées de leur coach, débuteront un combat pour l’obtention de licences sportives.

Si à l’époque on ne croyait pas vraiment en l’avenir du football féminin, le journaliste Paul Coutard du Champenois, lui, voudra y croire et saura motiver les joueuses de son équipe pour se prendre le droit de jouer au ballon rond. Dans cette fin des années soixante les mœurs n’accordent pas le droit aux femmes à la pratique de ce sport.

Alors que l’Italie possède déjà son équipe nationale, tous les coups seront permis pour obtenir ces fameuses licences si symboliques qui aboutiront à la création de la première équipe féminine de football de France. Le sujet est traité sur le mode de la comédie et les actrices sont très crédibles dans leurs personnages.

Mention très spéciale à Vanessa Guide dans son premier rôle, bien loin de certains films où elle jouait les utilités. Le film se fait le plaisir de reconstituer toute une époque dans les moindres détails. Une immersion historique qui permet de découvrir les nombreuses contraintes imposées aux femmes.

Qui dit équipe, dit galerie de personnages féminins. Certains pourraient parfois y voir un féminisme pousser à bout et sans subtilité mais le ton est à l’humour et le réalisateur sait très bien mettre en scène la jolie bande de comédiennes. Une émancipation à travers le sport pour nombre de ces femmes relatant ainsi les progrès d’un monde qui commence à changer.

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