Célian Ramis

L'éducation sur les bancs du conseil municipal

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La rentrée a animé le débat entre les élus de la ville de Rennes. Toujours en cause : l’application « précipitée » de la semaine de 4,5 jours en Ille-et-Vilaine.
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Le conseil municipal de Rennes a fait sa rentrée, lundi 9 septembre. Et la rentrée d’ailleurs a animé le débat entre les élus de la ville de Rennes. Toujours en cause : l’application « précipitée » de la semaine de 4,5 jours en Ille-et-Vilaine.

Après avoir rendu hommage à Anne Cogné, conseillère municipale de 1983 à 1995 et militante féministe importante – c’est elle qui créa la Journée des Femmes à Rennes mais aussi le Centre rennais d’information des femmes entre autre, le conseil municipal a démarré par un sujet épineux : la rentrée scolaire. En effet, la municipalité a choisi en début d’année d’appliquer la réforme des 4 jours et demi dès la rentrée de septembre. Un choix politique qui ne fait pas consensus.

Sans surprises, Bruno Chavanat, leader de l’opposition, souligne « l’incertitude sur le contenu des activités périscolaires » et s’interroge sur le « sérieux de l’encadrement » en employant des étudiants titulaires du BAFA, qui selon lui n’est pas la garantie d’une qualité éducative.

Du côté d’Alliance citoyenne, Rémy Lescure évoque les difficultés de cette nouvelle organisation en citant l’allongement de la pause méridienne qui « semble peu utilisée pour les ateliers périscolaires », les temps de garderie du matin entre 8h20 et 8h45 « avec des manques de personnel », ainsi que des problèmes de transfert des enfants vers les centres de loisirs le mercredi midi. Sans oublier de mentionner qu’Alliance citoyenne juge la réforme « bonne sur le fond ».

Pour Gwenaële Hamon, adjointe au maire de Rennes déléguée à l’Education, « nous pouvons nous féliciter ». Aussi bien au niveau national avec la création de 7 500 postes et « une formation des enseignants qui se reconstruit », qu’au niveau local avec l’ouverture de 18 classes – 10 en élémentaire et 8 en maternelle.

Célian Ramis

Des abysses et elles : les créatures de Ouitisch

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Reportage au cœur des fonds marins, à la rencontre des quatre créatures « ouitischiennes » du projet.
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La semaine dernière, l’association Ouitisch plongeait la piscine des Gayeulles dans l’ambiance des abysses, transformant la fosse plongée en studio photo. Reportage au cœur des fonds marins, à la rencontre des quatre créatures « ouitischiennes » du projet.

Mercredi 14 août, 21h. Les derniers courageux effectuent des longueurs dans la piscine des Gayeulles, à quelques mètres de la fosse plongée dans laquelle est installé le studio photo de l’association Ouitisch. Le moment est venu, après deux ans de réflexion et de travail autour de leur projet !

Celui de réaliser et présenter une exposition subaquatique, sur le thème des abysses. Un milieu mystérieux et méconnu du grand public. Le livre de Claire Nouvian, Abysses, est leur Bible : « C’est notre coup de cœur. Nous sommes restés fidèles aux images du bouquin. Les dessins et créations d’Anna Le Reun sont très proches de celles-ci », explique Xavière Voisin, secrétaire de l’asso, en charge de l’administration et des relations partenaires.

Durant trois nuits, l’équipe de Ouitisch s’est dédiée à la réalisation des images de l’expo Des abysses et vous, qui sera présentée tour à tour dans les quatre piscines rennaises. « Une invitation à l’imaginaire », selon Xavière.

Une fois la nuit tombée, le shooting peut démarrer. Huit projecteurs sont installés à 6m de profondeur, l’appareil photo est déjà au fond de la fosse, une gueuse est mise en place pour une meilleure stabilité de la modèle, Jessica Josse… Cette dernière a enfilé son costume de méduse blanche, après avoir été maquillée par Vanessa Coupé, qui a en amont beaucoup collaboré avec Anna pour définir les différents maquillages.

« La texture des produits waterproof n’est pas du tout la même et je ne m’étais pas rendu compte de la difficulté au départ. On ne peut pas tirer la matière, la travailler… Et elle sèche aussitôt ! », confie Vanessa. Ce n’est pas pour autant que la jeune professionnelle se débine. Au contraire ! « Il suffit donc de travailler la base avec des produits gras, de faire le dégradé à ce moment-là et de rajouter la couche waterproof », explique-t-elle. Et le tour est joué pour un résultat impeccable, qui sera révélé dès le 15 novembre.

Dans l’univers abyssal

Il est temps pour Jessica de descendre sous l’eau. Doucement, un plongeur l’accompagne jusqu’au fond de la fosse. Anna est déjà dans l’eau, prête à réajuster le costume. L’équipe s’apprête à réaliser une séance de 20 à 30 minutes pendant laquelle Jessica alterne entre apnée et bouffée d’oxygène. Avec aisance, elle effectue des mouvements gracieux, en douceur. La jeune femme n’en est pas à son premier coup d’essai.

En effet, pendant 13 ans, elle a pratiqué la natation synchronisée et  participé à plusieurs courts-métrages en milieu aquatique, avec la réalisatrice Manon Le Roy. Son bonus : tenir en apnée pendant 2 minutes 30. Néanmoins, elle ne préfère pas tirer sur ses réserves pour cet exercice « déjà assez éprouvant ! ». Elle se souvient de la nuit précédente : « Au début, j’ai eu un moment d’angoisse : à 6 mètres de profondeur, dans le noir, il fait très froid, je portais un costume avec une grosse structure sur la tête… ». Après un temps d’adaptation, elle entre rapidement dans le personnage et renouvelle l’exercice à trois reprises dans la soirée.

Pour Anna, la satisfaction est grande. Après discussion autour de leurs envies, les membres de Ouitisch ont rapidement su ce qui ne voulaient pas niveau costumes : « Pas de rococo, d’angélique, de mousseux ou encore de fashion ». A la suite de nombreux tests effectués, la créatrice connaît les réactions des différentes matières au contact de l’eau et sait comment créer les trois créatures abyssales demandées.

« Je suis contente car le rendu durant le shooting est le même que sur les dessins. C’est cool ! », explique-t-elle. D’autres projets naissent dans les esprits « ouitischiens », « à force d’être ensemble et de discuter de nos envies, forcément c’est stimulant ». Mais avant tout il faudra présenter les 9 clichés grand format, placés dans des sarcophages en plexiglas, au fond des quatre piscines municipales. A vos masques et tubas, dès le 15 novembre, à la piscine Saint-Georges de Rennes.

Célian Ramis

Elles veillent sur vous

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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.
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Quatre femmes, quatre personnalités, quatre lieux, quatre métiers. Un objectif : faire de la nuit un moment moins redouté.

Elles sont infirmière, conductrice de bus, bénévole pour le Samu social ou Noz’ambule, et elles protègent la population rennaise une fois le soleil couché. YEGG met en lumière quatre héroïnes du quotidien, qui, aux quatre coins de la capitale bretonne, veillent au bon déroulement de la nuit. Reportage en images.

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Elles éclairent vos nuits
Régine Boulé, 57 ans, bénévole au Samu social
Gaëlle Bourdeverre, 39 ans, infirmière aux urgences pédiatriques
Mélanie Durot, 27 ans, Noz’ambule
Khadija Bouvet, 42 ans, conductrice de bus
Nuit paisible

Célian Ramis

Gwendoline Robin : une artiste explosive à Rennes

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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre.
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Dans le cadre des Tombées de la nuit, la plasticienne et performeuse Gwendoline Robin proposait ce dimanche 7 juillet au grand public, place du Maréchal Juin à Rennes, un « solo chorégraphique avec des matériaux explosifs » et des tubes en verre. L’occasion pour YEGG de rencontrer cette femme au talent détonant.

Hier à 16h30, au quartier Colombier dans le centre ville de Rennes, le public des Tombées de la Nuit a découvert la performance artistique de la bruxelloise Gwendoline Robin, intitulée  « De Terre et de Feu ». Un spectacle de 25 minutes où l’artiste a mêlé sonorité cristalline (avec des tubes de verre écrasés au sol), mouvements chorégraphiques (autour d’un volcan de terre chargé d’explosifs) et détonations brutales.

Une représentation saisissante et innovante, où l’artiste est restée concentrée et le spectateur en attente. « J’aime provoquer la tension du public entre le démarrage de la mèche et l’explosion, explique Gwendoline Robin. Le public attend avec moi et cela crée une complicité ».

Cette création visuelle et sonore a demandé un an de travail, avec des changements au fil des festivals et des répétitions, bien sûr. Cependant, sur ce dernier point, l’artiste belge préfère être brève afin de garder une certaine surprise, pour « faire comme si c’était la première fois » précise t-elle.

Pour la représentation de dimanche dernier, elle est arrivée 3 jours avant la date prévue à Rennes, afin de connaitre les lieux, vérifier le son et le rapport à l’espace. C’est elle qui a choisi la place du Maréchal Juin, « pour ses grands bâtiments et sa belle acoustique ». Mais c’est dans la région de Valence, en Espagne, que Gwendoline Robin a trouvé son inspiration lors d’une année Erasmus à l’université polytechnique de Valence. Cette partie du pays est connue pour ses spectacles pyrotechniques, ses « mascletas », comme on dit en Espagne, où la poudre et le bruit envahissent les rues depuis des générations. Un savoir-faire que cette femme s’est appropriée et a développé dans ses spectacles.

Le 14 juillet prochain, à la Courrouze à Rennes, elle animera un atelier de construction et de pyrotechnie pour les enfants avec des objets de récupération, des fumigènes, des pétards. « Pour eux, cet univers est lié à l’interdit. Cela les amène à être très créatifs », souligne t-elle.

…une bonne idée, du moment qu’ils ne reproduisent pas la même chose à la maison !

Célian Ramis

Latifa Laâbissi : "Je ne suis pas une danseuse muette"

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La danseuse et chorégraphe Latifa Laâbissi prépare sa nouvelle création, Adieu et merci, qu’elle présentera lors du festival Mettre en scène, en novembre prochain.
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La danseuse et chorégraphe Latifa Laâbissi prépare sa nouvelle création, Adieu et merci, qu’elle présentera lors du festival Mettre en scène, en novembre prochain. A travers le salue, moment particulier pour les artistes, elle s’interroge sur l’avant et l’après. Pour YEGG, elle revient sur sa formation, sa création et son festival, Extension sauvage dont la 2e édition débute aujourd’hui, vendredi 28 juin.

YEGG : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous orienter vers la danse contemporaine ?

Latifa Laâbissi : J’ai fait une partie de ma formation de danse à Grenoble, ma ville d’origine, puis j’ai poursuivi à New-York, au studio Cunningham. Avant d’être diplômée, j’ai entendu parler d’une audition avec Jean-Claude Gallotta (danseur et chorégraphe grenoblois, ndlr) et j’ai tenté ma chance. Grâce à cette compagnie, j’ai rencontré beaucoup de danseurs et j’ai eu un coup de cœur pour la danse contemporaine. J’aime le rapport à la musique, la créativité et la liberté que donne ce genre de danse.

YEGG : Depuis vous avez plusieurs pièces et même une association : Figure Project.

Je suis arrivée à Rennes il y a 20 ans car j’ai fait le pari que Paris n’était pas l’hypercentre de l’art. J’ai beaucoup travaillé avec Boris Charmatz, avant qu’il ne soit directeur du Musée de la danse, puis j’ai continué d’être interprète pour lui. J’ai même été la première artiste invitée, la première année du Musée de la danse. Il y a 6 ans, j’ai lancé Figure Project et nous sommes installés au Garage. Je crée des pièces et je continue les tournées, ce qui est essentiel pour moi car j’attache beaucoup d’importance à mon répertoire et à chaque spectacle. Je n’ai pas de hiérarchie : la nouvelle création ne compte pas plus que l’ancienne et vice versa.

YEGG : D’ailleurs en ce moment, vous travaillez sur une nouvelle création dont vous avez présenté la maquette à Roubaix. En quoi consiste l’exercice d’une maquette ?

Quand le travail est suffisamment avancé, on peut « convoquer le public ». J’accorde beaucoup d’importance à la question de l’altérité et de la réception du spectacle. J’aime la confrontation avec le public et savoir si les choix sont les bons. Lors de cet exercice, on teste les différentes directions que l’on a décidé d’emprunter en observant les réactions mais aussi à travers des temps informels de rencontre avec les spectateurs. Là, je l’ai présenté lors d’un festival, cela aurait pu être aussi une répétition publique. L’art a un rôle important dans la société. Ce n’est pas simplement un pansement social et il faut savoir le rendre accessible.

YEGG : Dans Adieu et merci, vous vous intéressez au salue, le moment où le public applaudit la performance. Pourquoi ?

Dans la création d’un spectacle, il y a des moteurs conscients et inconscients. Ce geste particulier du salue est conscient et présent dans la tête d’un artiste. Ce geste qui nous sort de la fiction qui vient juste de se terminer. Où nous, les artistes, ne sommes plus des personnages mais nous-mêmes. J’ai lu plusieurs biographies de danseurs qui évoquent ce moment. Ensuite, le sujet s’est déplacé sur la question de l’adieu, de l’avant et de l’après. Tout cela est spécifique à nos passages dans ce monde et la création devient alors universelle.

YEGG : C’est donc la partie inconsciente ?

Oui, toute la partie inconsciente qui nous tire vers l’essence même du projet. Je suis émotionnellement en contact avec l’adieu et j’aime être arrachée au sujet principal au fil de la création.

YEGG : Vous êtes en solo pour cette pièce. Allez-vous interpréter le rôle de l’artiste sur scène et les spectateurs ?

Je ne peux pas trop en dire mais je ne vais jouer tous les rôles. Avec mes collaborateurs, nous avons réfléchi à d’autres façons de suggérer les différentes places de chacun. A travers la scénographie, le son, les lumières et la danse. Nous allons mettre les spectateurs dans différentes positions…

YEGG : Et votre voix, qui est souvent un outil dans votre travail, sera-t-elle présente ?

Elle sera moins présente dans cette création. Elle est là quand cela semble nécessaire. On me dit souvent que je parle beaucoup sur scène (rires), je ne me censure pas sur ce médium en effet, je ne suis pas une danseuse muette mais je l’utilise quand je pense que c’est le geste le plus évident. Chaque projet requiert ses besoins. Par exemple, pour la pièce Ecran Somnambule, dans laquelle je réinterprète la danse de la sorcière (une danse de 1926), la parole n’était pas indispensable. Pour moi, la voix est un prolongement du geste chorégraphique.

YEGG : Les Rennais pourront donc découvrir Adieu et merci en novembre, lors de Mettre en scène. En attendant, vous gérez aussi le festival Extension sauvage, qui se déroule du 28 au 30 juin…

Oui, en effet. J’ai créé il y a deux ans, avec Margot Videcoq, le festival Extension sauvage à Combourg et à Bazouges-la-Pérouse. Comme j’habite en dehors de Rennes, je trouvais important d’installer l’événement à la campagne. J’avais très envie de montrer que l’on peut proposer des projets qui sont aussi pointus que ceux que l’on peut voir en ville. C’est un projet important tout au long de l’année puisque nous travaillons avec des classes d’école primaire. Ils entrent dans la danse par le des œuvres, à travers deux types de répertoire : l’histoire de la danse et le répertoire contemporain. C’est important d’attraper l’art par la pratique et son contexte théorique. Je trouve que c’est une ligne assez militante et une posture politique.

YEGG : Et dans le reste de la programmation ?

Le festival est inscrit en extérieur, ce qui est assez casse gueule vu la période… Le thème de cette édition est le paysage et l’artiste car je crois profondément que la force, c’est la nature, le paysage. Je vous parle en tant que chorégraphe et passionnée de botanique, de nature (rires). Les danseurs aiment s’exprimer dans ce type d’environnement et adorent se confronter à différents contextes. Ici, pas d’éclairage artificiel et de décor. Simplement du naturel. Et cela provoque une danse tout à fait différente.

Toute la prog’ : www.extensionsauvage.com

Quand Emma (la clown) rencontre Dolto (la fille)

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Carré Sévigné
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Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.
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Meriem Menant, alias « Emma la clown », sera au Carré Sévigné, à Cesson Sévigné, le 1er octobre prochain. Cette auteure, comédienne et metteuse en scène au grand cœur jouera dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence ». Portrait.

Meriem Menant est une artiste. Formée à l’école internationale de théâtre à Paris, l’école Jacques Lecoq, elle débute sa carrière sur les planches et joue parallèlement, de la musique dans le métro, avec un jeune américain. Mais, dans ce dernier domaine, l’aisance musicale leur manque et ils trouvent un moyen alternatif d’expression artistique : ils se déguisent en clown !

L’américain est remplacé par un italien, Gaetano Lucido, et avec lui, elle invente un duo visuel et musical de clowns. Son personnage d’« Emma la clown » voit le jour. Ils jouent pendant 4 ans. Puis, Meriem Menant décide de prendre son envol. De là, débute sa carrière solo. « Emma la clown, l’heureux tour », « Emma la clown sous le divan », « Emma la clown et son orchestre »…les créations s’enchainent et le succès est au rendez vous, en France et à l’étranger.

Elle joue en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et dans des endroits atypiques : dans la rue, sur une péniche, dans une grotte, chez les gens, dans un squat, dans un château, dans une école. « Des rapports de proximité différents qui provoquent un jeu différent », selon elle. L’énergie n’est pas la même dans la rue qu’en salle. « Dans la rue, l’artiste est très exposé et fournit plus d’énergie », explique-t’elle – alors qu’en salle, c’est plus intérieur et stressant. Avec son nez rouge, ses yeux fardés, son chapeau sans forme et sa cravate noire, elle confie vouloir proposer  au public « un regard naïf sur le monde (…) sans jamais donner de leçon », avec comme fil conducteur l’idée qu’« il faut s’aimer ».

Les thèmes lui viennent en tête, les images et les mots en marchant. Dans ces moments-là, « il y a un lâché prise » precise-t’elle, qui permet l’inspiration. Le 1er octobre prochain, elle jouera au coté du médecin, pédiatre et haptothérapeute (science de l’affectivité), Catherine Dolto, dans « Emma la clown, Catherine Dolto, la conférence », au Carré Sévigné. Une conférence ouverte sur la vie, les fœtus, les bébés, où la scientifique parle des clowns et l’artiste des psychanalystes.

Un mélange de sérieux et d’humour, où « on apprend et on rit (…) toujours avec respect », souligne Meriem Menant. Les deux femmes se sont rencontrées en 2005. « Une conférence artistique et scientifique était organisée et il était prévu que Catherine Dolto soit interrompue par un clown. On a joué sans répéter et ça a cartonné, raconte Meriem. Depuis on ne se quitte plus !”

Meriem Menant sera aussi au Carré Sévigné, le 27 février prochain, dans « Emma mort, même pas peur » et le 16 mai prochain, dans « Emma fête ».

Street art : la culotte qui colle

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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

Christine Claude : mi-rennaise mi-golinouille

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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I),
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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I), publié aux Editions de la rue Nantaise (Rennes) en juillet 2012, dont le tome 2 est en préparation. Rencontre avec celle qui nous embarque de Marrakech à Montmartre à travers ses livres.

Avant d’être écrivain, Christine Claude a exercé bien des métiers : aide géomètre, secrétaire de labo, traductrice, femme de ménage, serveuse… Ou encore baby-sitter pendant un an et demi aux Etats-Unis « à l’époque de Nixon et de la guerre du Viet-Nam ». Puis elle s’est tournée vers le théâtre mais a estimé ne pas avoir la fibre pour ce milieu car « trop insoumise ».

C’est là qu’elle a débarqué en Bretagne, a eu deux fils, puis plus tard une fille, et est devenue encadreuse d’art. Elle a ouvert une galerie à Saint-Brieuc pendant 10 ans avant de partir pendant 3 ans aux Antilles. « Je suis vite rentrée car j’ai foiré à tous les niveaux là-bas. Je me suis plantée… », confie celle qui établit alors domicile à Brest.

Décidée à renouer avec un de ses premiers amours, elle reprend le théâtre et crée une compagnie jeune public. Cette dernière s’arrête, la communication étant difficile à gérer. Pourtant, elle en garde un excellent souvenir : « c’était une super expérience ! La déambulation, le côté artisanal… c’était un peu romantique ».

Au pays des Golinouilles

C’est à ce moment-là qu’elle prend son sac à dos et met le cap vers le Maroc. Marrakech, plus précisément, la Ville Rouge, qui deviendra en juillet 2012 le décor de son livre Les Golinouilles. « Pour moi, ça a été un choc culturel, émotionnel. J’y suis restée, je m’y suis mariée ! explique-t-elle. La culture marocaine est profonde et riche sur beaucoup de plans : la musique, la gastronomie, l’esthétique… »

Différente de l’image que l’on en a, selon l’écrivain. Elle évoque alors le côté « arnaque » qui rôde « comme partout ». Pour décrire l’ambiance particulière au plus près de ce qu’elle ressent, elle décide de la retranscrire dans un livre jeune public qui sera aussi apprécié par les adultes : Les Golinouilles, édité aux Editions de la rue nantaises (Rennes) et illustré par Srï. La confrontation entre deux mondes : l’un rempli par de très petits êtres, l’autre par les Hommes. Ces derniers ignorant l’existence des familles de Golinouilles.

Pourtant, un jour Omar va faire la connaissance de la fratrie Golpoil. « Ils sont arrivés un jour dans ma tête… Ce sont un peu mes yeux dans Marrakech », s’amuse l’écrivain. En effet, elle aime se faufiler dans les rues de la ville, tout voir et partager la philosophie de vie très simplifiée de ces êtres imaginaires, « c’est mon utopie personnelle ». Ceux qui ont lu et apprécié pourront découvrir la suite dans le livre II, « peut-être fin 2013, avant les fêtes ». Et on peut déjà révéler qu’une partie de l’histoire se déroulera en Bretagne « puisqu’un personnage rentre de l’île de Molène ». Dans ce nouvel opus, il sera question d’un mariage, d’une nouvelle famille de Golinouilles et de truanderie, entre autre.

De Marrakech à Montmartre

Christine Claude publiera aussi un « guide non touristique de Marrakech » dans lequel on pourra découvrir les coins et les recoins moins visités de la Ville Rouge. Si elle a les yeux qui pétillent en parlant de sa cité de cœur, l’écrivain n’oublie pas sa ville natale, Paris. Et son quartier d’enfance, Montmartre. Aussi, elle a imaginé des chroniques et des nouvelles, format qu’elle apprécie particulièrement « car ça va vite et je suis fainéante », sur l’atmosphère de ce lieu, sur celles qui y vivent et y travaillent, publiées dans le recueil Les pieds de la femme boutonnières, dans lequel elle « mêle du vrai et du faux ».

Et du personnel dans la nouvelle La faute à Lilou. L’histoire d’un père qui travaille dans le milieu artistique et qui trimballe sa fille aux côtés d’une petite Lilou, dont il s’occupe et qui deviendra une grande poétesse (le nom a été changé par respect pour cette personne). « Dans celle-ci, c’est vraiment ma vie mais en règle générale j’aime inventer des personnages en y ajoutant toujours des choses personnelles. Je raconte des bribes de mon histoire à travers les livres », confie-t-elle, le sourire aux lèvres et le regard lointain.

Des créatures abyssales financées par le crowdfunding

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Le 30 juin, le collectif rennais Ouistisch devra avoir récolté 4 500 euros pour réaliser l’exposition originale « Des abysses et vous ».
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Le 30 juin, le collectif rennais Ouistisch devra avoir récolté 4 500 euros pour réaliser l’exposition originale « Des abysses et vous ». Un projet mis en lumière sur la plateforme de financement participatif Ulule, depuis le 1er mai

L’objectif est de trouver 4 500 euros en deux mois. Et pour l’atteindre, les membres du collectif Ouitisch ont trouvé la solution : le crowdfunding (financement solidaire qui fait appel à la générosité et au soutien des internautes). A l’heure où nous écrivons ces lignes, 3 813 euros, soit 84% de la somme globale, ont déjà été récoltés.

Ensuite, Ouitisch « pourra être soutenu financièrement par la Ville de Rennes » et pourra réaliser le shooting photo prévu pour réaliser l’exposition « Des abysses et vous », qui sera effectué dans un studio subaquatique. « Nous allons l’installer dans la fosse plongée de la piscine des Gayeulles, qui a une profondeur de 6 mètres », explique Philippe Henry, photographe. Pour sa part, pas d’inquiétudes puisqu’en travaillant pour Ocean71.com – un média numérique traitant de sujets qui se déroulent en mer – il a pris l’habitude d’exercer son métier sous l’eau.

Mais la star de l’exposition sera celle qui sera sur les photos grand format et qui devra pour cela rester en apnée lors de la séance photo (en plusieurs prises, rassurez-vous), la modèle Jessica Brouté ! Cette dernière sera habillée par Anna Le Reun, styliste du collectif qui confectionne pour l’occasion trois tenues en relation avec les créatures abyssales, inspirées du poulpe, de la méduse et du poisson.

Au total, neuf clichés seront réalisés et exposés – dans des sarcophages de plexiglas – dans le fond des quatre piscines municipales qui accueilleront « Des abysses et vous » durant 15 jours chacune. La scénographie (éclairages, costumes et maquillage), sur laquelle le collectif se montre pour l’instant discret, devrait être grandiose. De quoi attirer les Rennais dans les abysses des grands bassins en novembre 2013. « L’idée est de se confronter à quelque chose que l’on n’a pas l’habitude de voir, explique Philippe Henry. Puis de faire voyager l’expo dans d’autres villes ». Il ne reste plus que 19 jours pour atteindre l’objectif et pouvoir ensuite, cet été, passer en studio !

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

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Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
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En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

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Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

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