Street art : la culotte qui colle

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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan.
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« Collectionneuse de petites culottes à fleurs, colleuse de culottes dans la rue ». Telle est la description du compte Twitter de Mathilde Julan. Cette vendéenne, arrivée à Rennes il y a un an pour ses études à l’école des Beaux-Arts, s’est lancée depuis quelques mois dans le collage de culottes.

Celle qui se cache derrière sa frange et ses lunettes rondes explique : « Ca fait sourire, ça amuse, ça interroge. C’est marrant ! » Et ce n’est pas par hasard qu’elle a décidé de courir les rues, avec son pinceau et sa colle, à la recherche de pans de mur pour y afficher ses dessins, « des culottes que je fais au marqueur sur du papier kraft ». A l’origine de ce street art culotté, un projet à réaliser pour l’école des Beaux-Arts, début 2013, sur le thème des « traversées dans l’espace ».

C’est là qu’elle imagine un flip book (livret de dessins animés) sur une « traversée culottée ». A la suite de cet exercice, son professeur lui conseille « de faire sortir les culottes du carnet ».

Depuis, Mathilde colle régulièrement, dans le centre ville, ses drôles de créations sans modèles prédéfinis mais toujours aux motifs « spontanés et graphiques » avec des pois et des traits. Le côté enfantin, elle l’assume. Cela fait parti de son « univers », un terme qu’elle utilise avec précaution.

« Je ne dessine pas très bien mais j’ai un style. J’ai commencé les arts plastiques en seconde, car j’étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai fini par faire une mise à niveau en arts appliqués et par postuler dans les écoles », confie-t-elle. Autre raison : éviter le côté vulgaire.

Pour elle, ce dessous, que l’on dissimule soigneusement, révèle une part de féminité et met la femme en avant. La culotte évoque aussi la sexualité, de manière élégante et raffinée. Quand elle repense à ses autres travaux, elle établit un lien particulier : « mon dessin est souvent très féminin… mais pas forcément féministe ». Sans rechercher cette finalité à tout prix, Mathilde avoue n’être pas encore assez investie politiquement pour réfléchir à ce type de graphisme. Pour elle, c’est son rapport à l’esthétisme qui prime.

La culotte s’agrandit

La féminité, la couture, les vêtements… des thèmes et des domaines qu’elle s’amuse à investir. De plus en plus. Que ce soit au niveau des zones qu’elle couvre : « A la base, je collais que sur les murs en travaux et aujourd’hui je me décoince et j’aime le risque, en en mettant par exemple sur le musée des Beaux-Arts ». Ou que ce soit au niveau de son ambition.

Repérée et contactée par une artiste plasticienne nantaise, Sophie Lemoine, elle envisage une collaboration avec cette dernière pour réaliser une sérigraphie de culottes à commercialiser. Une proposition alléchante pour cette jeune étudiante qui compte dans les prochaines années s’orienter vers la filière Graphisme et communication de l’école des Beaux-Arts (filière suivie par les deux étudiantes de La Brique, lire notre interview Graphisme et Féminisme : « On peut vraiment s’exprimer à Rennes », publiée le 14 mai 2013).

D’ici quelques années, il se pourrait donc que nos fesses soient sublimées par les créations de Mathilde. Qui sait, ce serait drôlement culotté !

Christine Claude : mi-rennaise mi-golinouille

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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I),
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Christine Claude vit à Rennes. Mais avant d’atterrir dans la capitale bretonne, l’écrivain a eu la bougeotte et la passion des voyages. Une passion qui lui a inspiré Les golinouilles – De l’autre côté de la Ville Rouge (Livre I), publié aux Editions de la rue Nantaise (Rennes) en juillet 2012, dont le tome 2 est en préparation. Rencontre avec celle qui nous embarque de Marrakech à Montmartre à travers ses livres.

Avant d’être écrivain, Christine Claude a exercé bien des métiers : aide géomètre, secrétaire de labo, traductrice, femme de ménage, serveuse… Ou encore baby-sitter pendant un an et demi aux Etats-Unis « à l’époque de Nixon et de la guerre du Viet-Nam ». Puis elle s’est tournée vers le théâtre mais a estimé ne pas avoir la fibre pour ce milieu car « trop insoumise ».

C’est là qu’elle a débarqué en Bretagne, a eu deux fils, puis plus tard une fille, et est devenue encadreuse d’art. Elle a ouvert une galerie à Saint-Brieuc pendant 10 ans avant de partir pendant 3 ans aux Antilles. « Je suis vite rentrée car j’ai foiré à tous les niveaux là-bas. Je me suis plantée… », confie celle qui établit alors domicile à Brest.

Décidée à renouer avec un de ses premiers amours, elle reprend le théâtre et crée une compagnie jeune public. Cette dernière s’arrête, la communication étant difficile à gérer. Pourtant, elle en garde un excellent souvenir : « c’était une super expérience ! La déambulation, le côté artisanal… c’était un peu romantique ».

Au pays des Golinouilles

C’est à ce moment-là qu’elle prend son sac à dos et met le cap vers le Maroc. Marrakech, plus précisément, la Ville Rouge, qui deviendra en juillet 2012 le décor de son livre Les Golinouilles. « Pour moi, ça a été un choc culturel, émotionnel. J’y suis restée, je m’y suis mariée ! explique-t-elle. La culture marocaine est profonde et riche sur beaucoup de plans : la musique, la gastronomie, l’esthétique… »

Différente de l’image que l’on en a, selon l’écrivain. Elle évoque alors le côté « arnaque » qui rôde « comme partout ». Pour décrire l’ambiance particulière au plus près de ce qu’elle ressent, elle décide de la retranscrire dans un livre jeune public qui sera aussi apprécié par les adultes : Les Golinouilles, édité aux Editions de la rue nantaises (Rennes) et illustré par Srï. La confrontation entre deux mondes : l’un rempli par de très petits êtres, l’autre par les Hommes. Ces derniers ignorant l’existence des familles de Golinouilles.

Pourtant, un jour Omar va faire la connaissance de la fratrie Golpoil. « Ils sont arrivés un jour dans ma tête… Ce sont un peu mes yeux dans Marrakech », s’amuse l’écrivain. En effet, elle aime se faufiler dans les rues de la ville, tout voir et partager la philosophie de vie très simplifiée de ces êtres imaginaires, « c’est mon utopie personnelle ». Ceux qui ont lu et apprécié pourront découvrir la suite dans le livre II, « peut-être fin 2013, avant les fêtes ». Et on peut déjà révéler qu’une partie de l’histoire se déroulera en Bretagne « puisqu’un personnage rentre de l’île de Molène ». Dans ce nouvel opus, il sera question d’un mariage, d’une nouvelle famille de Golinouilles et de truanderie, entre autre.

De Marrakech à Montmartre

Christine Claude publiera aussi un « guide non touristique de Marrakech » dans lequel on pourra découvrir les coins et les recoins moins visités de la Ville Rouge. Si elle a les yeux qui pétillent en parlant de sa cité de cœur, l’écrivain n’oublie pas sa ville natale, Paris. Et son quartier d’enfance, Montmartre. Aussi, elle a imaginé des chroniques et des nouvelles, format qu’elle apprécie particulièrement « car ça va vite et je suis fainéante », sur l’atmosphère de ce lieu, sur celles qui y vivent et y travaillent, publiées dans le recueil Les pieds de la femme boutonnières, dans lequel elle « mêle du vrai et du faux ».

Et du personnel dans la nouvelle La faute à Lilou. L’histoire d’un père qui travaille dans le milieu artistique et qui trimballe sa fille aux côtés d’une petite Lilou, dont il s’occupe et qui deviendra une grande poétesse (le nom a été changé par respect pour cette personne). « Dans celle-ci, c’est vraiment ma vie mais en règle générale j’aime inventer des personnages en y ajoutant toujours des choses personnelles. Je raconte des bribes de mon histoire à travers les livres », confie-t-elle, le sourire aux lèvres et le regard lointain.

Des créatures abyssales financées par le crowdfunding

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Le 30 juin, le collectif rennais Ouistisch devra avoir récolté 4 500 euros pour réaliser l’exposition originale « Des abysses et vous ».
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Le 30 juin, le collectif rennais Ouistisch devra avoir récolté 4 500 euros pour réaliser l’exposition originale « Des abysses et vous ». Un projet mis en lumière sur la plateforme de financement participatif Ulule, depuis le 1er mai

L’objectif est de trouver 4 500 euros en deux mois. Et pour l’atteindre, les membres du collectif Ouitisch ont trouvé la solution : le crowdfunding (financement solidaire qui fait appel à la générosité et au soutien des internautes). A l’heure où nous écrivons ces lignes, 3 813 euros, soit 84% de la somme globale, ont déjà été récoltés.

Ensuite, Ouitisch « pourra être soutenu financièrement par la Ville de Rennes » et pourra réaliser le shooting photo prévu pour réaliser l’exposition « Des abysses et vous », qui sera effectué dans un studio subaquatique. « Nous allons l’installer dans la fosse plongée de la piscine des Gayeulles, qui a une profondeur de 6 mètres », explique Philippe Henry, photographe. Pour sa part, pas d’inquiétudes puisqu’en travaillant pour Ocean71.com – un média numérique traitant de sujets qui se déroulent en mer – il a pris l’habitude d’exercer son métier sous l’eau.

Mais la star de l’exposition sera celle qui sera sur les photos grand format et qui devra pour cela rester en apnée lors de la séance photo (en plusieurs prises, rassurez-vous), la modèle Jessica Brouté ! Cette dernière sera habillée par Anna Le Reun, styliste du collectif qui confectionne pour l’occasion trois tenues en relation avec les créatures abyssales, inspirées du poulpe, de la méduse et du poisson.

Au total, neuf clichés seront réalisés et exposés – dans des sarcophages de plexiglas – dans le fond des quatre piscines municipales qui accueilleront « Des abysses et vous » durant 15 jours chacune. La scénographie (éclairages, costumes et maquillage), sur laquelle le collectif se montre pour l’instant discret, devrait être grandiose. De quoi attirer les Rennais dans les abysses des grands bassins en novembre 2013. « L’idée est de se confronter à quelque chose que l’on n’a pas l’habitude de voir, explique Philippe Henry. Puis de faire voyager l’expo dans d’autres villes ». Il ne reste plus que 19 jours pour atteindre l’objectif et pouvoir ensuite, cet été, passer en studio !

Cinéma à Rennes : contrechamps d'une industrie

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Celles sans qui le cinéma n'existerait pas. À Rennes, le milieu du 7ème art fourmille de femmes passionnées par leur métier.
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En France, la Fête du cinéma se déroule du 30 juin au 3 juillet. L’occasion pour YEGG de s’intéresser à la place du 7ème art au sein de la capitale bretonne et de découvrir les femmes qui font bouger le paysage audiovisuel et cinématographique. Panorama – non exhaustif – de ce secteur en pleine ébullition.

Nul n’est censé ignorer que la Bretagne est une terre qui attire les réalisateurs. De Chabrol, avec pas moins de sept tournages dont Que la bête meurt, Les fantômes du chapelier et La cérémonie, à Joël Séria avec Les galettes de Pont-Aven, en passant par Jacques Tati (Les vacances de Monsieur Hulot), Philippe Lellouche (Nos plus belles vacances) ou encore Julie Delpy (Skylab), la région est cinégénique ! Sans oublier que les américains aussi s’y sont intéressés, entre autre, pour le tournage de L’homme au masque de fer, de Randall Wallace.

Pourtant la ville de Rennes ne semble pas inspirer et séduire des films de fiction, « mais elle possède tous les maillons de la fabrication : des structures organisées, des sociétés de production actives, de post-prod (voix, bruitages, etc.) aussi, un tissu associatif développé », explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival Travelling – qui associe villes étrangères et cinéma. Très peu d’explications sont données sur cette indifférence latente.

Catherine Delalande, responsable d’Accueil des tournages en Bretagne (ATB) – service créé en 2005 pour aider les équipes à trouver des techniciens, comédiens mais aussi des lieux – a organisé l’an dernier le projet Eductour : une douzaine de professionnels étaient invités à arpenter les rues de la capitale bretonne, découvrir la mairie, visiter le Parlement, etc. L’opération n’a pas été concluante, à court terme. Qui sait pour l’avenir ?

« Beaucoup de ceux qui font appel à nous sont issus du cinéma parisien. Cela explique que quand ils sortent de leur territoire, ils cherchent des paysages maritimes et non une ville ».
Catherine Delalande, responsable d'Accueil des tournages en Bretagne.

Mais bon nombre de films tournés dans la région bretonne passent par l’ATB et favorisent l’embauche de salariés locaux, comme pour Cornouailles de Anne Le Ny, sorti en août 2012, par exemple. Ce service gratuit, rattaché au Centre régional du tourisme, a permis à l’équipe de trouver un régisseur adjoint, une habilleuse et un assistant opérateur.

Pour autant, Rennes n’est pas dénigrée et structure son cinéma depuis plusieurs dizaines d’années autour du documentaire, et depuis peu de l’animation. Et pour soutenir et diffuser les œuvres cinématographiques, rennaises ou non, nombreux sont les festivals et associations tels que Travelling, Courts Métranges, Courts en Betton, le festival national d’animation de Bruz, Comptoir du Doc, etc. qui fourmillent au sein du paysage audiovisuel et cinématographique de la capitale bretonne.

Sans oublier les quatre cinémas de Rennes, le MégaCGR de La Mézière et un nouveau cinéma d’art et d’essai en prévision dans le futur quartier EuroRennes. La liste n’est pas exhaustive. Plan large sur cette fourmilière en… action !

QUAND LES PROS SE FÉDÉRENT

En 1999, la réunion des associations de professionnels de l’audiovisuel et du cinéma marque une envie forte de créer une union. De là, nait Films en Bretagne. Une initiative alors unique en France qui structure, en 4 collèges, les différents corps de métier, répond aux besoins et aux interrogations des acteurs concernés en leur permettant de se connaître, de développer des actions collectives, comme la Carav’anim (lire partie animation) ou encore en leur proposant des formations et des Actions territoriales expérimentales « sur mesure », précise Céline Durand, directrice de Films en Bretagne.

L’occasion pour Lucie Jullien, assistante de production pour Mille et une films, de se former au poste de directrice de production, « ce qui permet d’être le garant légal de la bonne fin du film, d’établir et de gérer un budget de A à Z ». Aussi, un annuaire des pros est en ligne sur le site Internet de la fédération, facilitant ainsi les recherches. Tout comme le propose l’ATB avec des fiches sur chaque personne investie localement dans le 7ème art.

Les trois salariées sont incollables et trouvent des endroits précis, selon les demandes et les besoins, pour le tournage d’un film.

« Nous voulions un lieu près de Rennes », explique Marine Louessard, stagiaire assistante de production pour Poischiche Films (Paris – Nantes). Parmi les lieux dénichés par l’ATB figure la commune de Cintré. C’est dans l’Ouest de Rennes qu’a été tournée la série en langue bretonne Breizh Kiss, réalisée par David Luc, qui sera diffusée sur France 3 Ouest et sur les chaines locales bretonnes, dont TV Rennes, à partir de septembre 2014.

Dans une grande et haute maison, située dans un lotissement à l’abri des regards indiscrets, s’agite une équipe d’une vingtaine de personnes. Producteurs, assistants, comédiens, scénaristes ont cohabité dans cet espace en avril et mai dernier. La finistérienne Marion Ropars, incarne Mathilde, la belle-mère ne parlant pas un mot de breton qui débarque dans une famille bretonnante. Breizh kiss, de manière humoristique, rend hommage à la culture bretonne. « Difficile néanmoins d’éviter les clichés sur le temps et l’alimentation », explique la comédienne qui n’avait auparavant jamais joué dans un projet de cette ampleur – 36 épisodes de 6 minutes.

TROIS GENRES, FOULE DE FEMMES

FICTION – La preuve donc que l’Ille-et-Vilaine peut attirer la télévision et le cinéma. En avril dernier, Rennes apparaissait sur les écrans du Ciné-TNB grâce au film de la réalisatrice rennaise Bénédicte Pagnot, Les lendemains. L’histoire d’Audrey, jeune étudiante à la fac de Rennes qui découvre progressivement le militantisme politique, au contact d’un groupe de squatteurs. A l’écran, elle est Audrey. Dans la vie, Pauline Parigot, comédienne rennaise, est la révélation du premier long-métrage de fiction de Bénédicte Pagnot, qui a déjà réalisé trois documentaires et trois courts-métrages.

Sélectionné à l’European Women Filmmakers Festival, qui se déroulera à Rome en juillet, le film est estampillé 100% breton. C’est occulter une partie de l’œuvre tournée à Caen ! Gardons en mémoire que la société de production Mille et une films est, elle, basée à Rennes. Et c’est aussi une grande première pour Gilles Padovani, le producteur, qui jusqu’ici n’avait jamais travaillé sur un long métrage de fiction. Tout comme Lucie Jullien, assistante de production, qui a découvert la grosse machine du cinéma de fiction : « C’est une organisation de malade, c’est hallucinant ! ».

Son rôle chez Mille et une films : assister le directeur de production, et le producteur, dans la recherche de financements, primordiale dans ce domaine. « On était sur un petit budget et c’était assez compliqué car il n’a pas obtenu de chaines de télé nationale, ni de SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuelle, ndlr). Heureusement en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Rennes, il y a une véritable volonté de soutenir l’audiovisuel et le cinéma (la région dispose d’un Fond d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle, ndlr), que ce soit les institutions ou les chaines locales », explique Lucie.

Son travail est alors de rédiger des dossiers, les mettre en forme, préparer des extraits de vidéo, entre autres. Mais son travail ne se réduit pas uniquement aux gros sous mais consiste aussi à être en relation avec les intervenants et les techniciens lors des tournages.

DOCUMENTAIRE – La société Mille et une films est réputée pour sa production de documentaires, dont Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir de Céline Dréan, réalisatrice et ancienne productrice pour Vivement Lundi !. Les deux jeunes femmes vivent à Rennes et réfléchissent à leur condition, à la précarité des jeunes d’aujourd’hui, au sens de la politique et à leur avenir (lire notre article sur le site yeggmag.fr).

Céline Dréan fonctionne « à la rencontre », comme par exemple celle avec Thierry Bulot, professeur de l’université Rennes 2 – où elle a été étudiante et intervenante à la faculté d’arts du spectacle, filière Cinéma – qui l’a conduite à réaliser son webdocumentaire Dans les murs de la casbah, sorti en 2012. Lorsque Gilles Padovani lui fait part d’un appel d’offres de France 3 pour un 52 minutes autour de la question de l’argent, elle n’est pas convaincue « mais j’étais intéressée par la question des étudiants puisqu’en tant qu’intervenante j’ai vu une évolution dans leurs attitudes ».

Rapidement, elle rencontre les deux jeunes femmes, écrit un dossier et le dépose. Elle ne sera pas retenue mais obtient son ticket pour une production made in Mille et une films. Avec une petite équipe – de 3 à 4 personnes en moyenne pour un documentaire – elle est à la fois réalisatrice et cadreuse, une grande première en la matière. Nouveauté aussi pour elle : réaliser et filmer à Rennes ! « Ce n’est pas évident de travailler dans sa ville mais c’est autre chose, une autre logique de tournage, avec des pauses, tandis qu’à l’extérieur on s’enferme dans une bulle. Là au moins, si je ratais une prise, je pouvais la refaire », se souvient celle qui a débuté la réalisation chez Vivement lundi ! en développant des projets avec Jean-François Le Corre, co-fondateur de la société de production rennaise avec Valérie Malavieille, actuellement gérante.

ANIMATION – D’abord spécialisée en documentaires, la boite s’ouvre de plus en plus à l’animation. En stopmotion dans un premier temps, c’est-à-dire en volume animé grâce à des marionnettes, puis aussi en 2D et 3D. Dans leur atelier en mezzanine, plusieurs bureaux sont aménagés à l’étage dont les parties production, administration et salle de montage. Et lorsque l’on descend, on découvre les ateliers de conception des décors et des personnages animés.

Fin mai, les décorateurs – dont Emmanuelle Gorgiard, décoratrice et réalisatrice, notamment du film d’animation Le Cid en stopmotion – s’attèlent aux derniers détails de la série animée Dimitri d’Agnès Lecreux, qui sera diffusée sur France 5. Quelques jours plus tard, commence le tournage, plan par plan, filmé dans un studio de 800 m2. Un projet important pour Vivement lundi !, reconnu dans ce domaine depuis la production de la série Pok et Mok, réalisée par Isabelle Lenoble, « qui nous a permis lors de la réalisation de passer de 10 salariés à 32 ! », précise Valérie Malavieille.

Un coup d’accélérateur donc qui offre la possibilité de développer des projets plus ambitieux, selon la directrice de production Aurélie Angebault, permettant de produire des films animés mêlant stopmotion et 2D ou encore animation et documentaire.

Les acteurs du secteur sont importants dans la capitale bretonne depuis le milieu des années 90 (centralisé à Rennes pour la région Bretagne avec deux sociétés de production : Vivement lundi ! et JPL films), soutenus activement par Films en Bretagne. C’est grâce à cela qu’Happy Ends a vu le jour. Un collectif dont fait partie Emmanuelle Gorgiard et qui a pour vocation de faire connaître les compétences de chacun auprès des autres professionnels du milieu. Lors du festival national du film d’animation de Bruz, les Happy Ends ont trouvé une manière originale de faire savoir qu’ils existaient et ont attiré l’attention grâce à la Carav’anim, dans laquelle ils entreposent des éléments de décors.

Et cette caravane insolite voyage ! Du 10 au 15 juin, elle accompagnera la délégation bretonne au Festival international du film d’animation d’Annecy.

« Nous sommes un peu les VRP de notre métier, explique Emmanuelle en souriant. C’est un aspect festif et décoratif mais nous montrons lors de nos passages notre savoir-faire en décor, en marionnettes et en animation ».

Autre savoir-faire : celui de l’association de production 36 secondes, spécialisée dans le film d’artiste-plasticien, inédit en Bretagne. A travers des techniques innovantes (travail des formes et des matières en vidéo), le genre rapproche cinéma et art contemporain.

L’EXPLOITATION DU 7ÈME ART

Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes, est en charge de la programmation, de l’animation et de la communication de son établissement. Si les cinémas Pathé-Gaumont sont réputés pour diffuser des films dits grand public et généralistes, Véronique Naudin ouvre sa programmation à un genre qui se veut proche du cinéma d’art et d’essai et à des projections en version originale (VO).

« Il est important d’affiner la multiprogrammation entre films grand public et films d’auteurs en VO pour élargir notre spectre de cinéma, surtout que le terrain est favorable à Rennes. Pour moi, cela se rapproche d’une forme d’éducation ».
Véronique Naudin, directrice du cinéma Gaumont de Rennes.

Sur un autre niveau, le multiplexe développe sa collaboration avec le festival Travelling, en projetant une partie des films programmés, mais aussi avec d’autres manifestations comme Les Tombées de la nuit. De nombreuses avant-premières, suivies de débats avec les équipes des films proposés, sont aussi organisées (voir notre article sur yeggmag.fr, publié le 24 mai : Rencontre avec l’équipe de Né quelque part).

Concernant le passage au numérique, sujet polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, la directrice explique que l’établissement ne détient plus que trois projecteurs en 35 mm (bobines), utilisés que lors d’occasions rares, « comme pour la nuit du Seigneur des anneaux par exemple, puisqu’il n’existe pas de nouvelles copies numériques ». Les autres appareils sont numériques. Un véritable coup de massue pour les projectionnistes, divisés entre colère par peur de voir disparaître leur profession et envie de poursuivre leur carrière, avec les évolutions que cela implique.

Actuellement, au Gaumont Rennes, trois projectionnistes sont en charge des 13 salles. Ils gèrent et stockent les copies, préparent les playslist au quotidien, interviennent en cabine en cas de soucis techniques et travaillent à la maintenance du bâtiment. Sans surprise, le multiplexe se dirige vers une déshumanisation de ce corps de métier.

Une situation légèrement différente au Ciné-TNB où Charlotte Crespin est chef projectionniste. Inimaginable pour elle de quitter la cabine. La profession évolue, certes. Même si elle aimait le contact avec les bobines, elle continue de veiller au bon déroulement de la projection, dans les deux salles que compte le cinéma, en alternance avec deux autres collègues. Lors des séances, elle vérifie la qualité du son, de l’image et leur synchronisation.

Néanmoins, lorsqu’un problème survient, « la seule solution est d’éteindre l’appareil et de le relancer. Nous n’avons pas accès à l’intérieur de la machine pour détecter la source du problème ». Cela est déjà arrivé, au Ciné-TNB comme au Gaumont. Pour autant, ce bémol ne la fait pas fuir. Son plaisir : diffuser des films, ou un genre de films – art et essai, qu’elle apprécie. Et surtout projeter des œuvres en 35 mm lors de Travelling !

Rennes attire pour la diversité et la richesse de son territoire, de ses professionnels du 7ème art. Le documentaire et le film d’animation forment le fer de lance d’un grand écran qui n’est pas prêt de faire résonner le clap de fin.

Quelle place la presse locale réserve-t-elle au cinéma ? Petit tour d’horizon avec quatre médias rennais.

« C’est dommage, ce serait bien d’en parler davantage », regrette Tiphaine Reto, journaliste en charge des sujets culturels pour le Mensuel de Rennes. « Nous ne parlons pas des sorties ou ne rédigeons pas de chroniques. En revanche, nous traitons les événements liés au cinéma et les thématiques transversales comme le manque de salles à Rennes ou encore la création d’un cinéma », précise-t-elle. Sans oublier de mentionner la parution d’un article sur la place du cinéma d’art et d’essai dans la capitale bretonne, une enquête menée par son collègue Jérôme Hervé.

Côté télé, TV Rennes annonce les avant-premières et les festivals spécialisés dans le cinéma dans l’agenda Sortir, réalisé par Thibault Boulais. Sa consœur, Christine Zazial ne manque pas de diffuser des extraits de films lorsqu’une équipe se déplace à Rennes, dans son émission Les pipelettes, sur la même chaine locale. Egalement animatrice de la matinale de France Bleu Armorique, elle est aussi à l’antenne du lundi au vendredi à 18h10 pour Ciné clap, « une chronique de 3 minutes pour parler 7ème art ».

Mais c’est à la radio que revient la palme d’or avec Le cinéma est mort, présentée par Antonin Moreau et Etienne Cadoret et diffusée tous les mercredis de 13h à 14h sur Canal B. Pour Antonin, si la presse accorde une place restreinte aux critiques ciné, c’est pour une raison que François Truffaut avait déjà évoquée : « Tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ».

À travers des chiffres et des noms, YEGG vous éclaire sur les dessous de vos salles obscures.

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Rennes et le cinéma : panorama
Ce qu'en disent les médias
Vos salles à la loupe

Célian Ramis

Rencontre avec l'équipe de Né quelque part

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Le 23 mai, l’équipe du film Né quelque part, diffusé sur les écrans dès le 19 juin prochain, était de passage à Rennes pour l’avant-première, présentée au cinéma Gaumont.
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Le 23 mai, l’équipe du film Né quelque part, diffusé sur les écrans dès le 19 juin prochain, était de passage à Rennes pour l’avant-première, présentée au cinéma Gaumont.

Mohamed Hamidi, réalisateur et co-scénariste, Alain-Michel Blanc, co scénariste et Tewfik Jallab, acteur principal étaient réunis jeudi soir au Gaumont pour échanger autour du film Né quelque part. Un film dans lequel il est question d’identité, de filiation et de racines.

Farid est français, d’origine algérienne. Ce jeune homme, en études de droit, va devoir se rendre en Algérie, pays dans lequel il n’a jamais mis les pieds, pour sauver la maison de son père. Il va alors rencontrer des personnages étonnants, attachants et découvrir la terre de ses parents, leur histoire. Parmi les rencontres marquantes, celle de son cousin (interprété par Jamel Debbouze), qui porte le même nom que lui et qui rêve d’une vie en France.

« Cette histoire aurait pu être la mienne. Mon père est le seul garçon de sa famille à être parti travailler à l’étranger et à y rester », explique le réalisateur Mohamed Hamidi. Né quelque part est inspiré de sa vie mais ne raconte pas son histoire personnelle.

Le film illustre et met en scène le déracinement. Ici, celui d’un jeune français se rendant pour la première fois en Algérie dans le pays de ses parents. Mais à travers cet exemple, le réalisateur veut évoquer le sujet dans son universalité. « Ce n’est pas un privilège des maghrébins ! J’ai ressenti ça aussi quand je suis parti à Paris dans les années 60 », précise le co-scénariste Alain-Michel Blanc, aujourd’hui installé à Saint-Malo, sa terre d’origine.

Pour Tewfik Jallab, qui incarne le personnage principal, la force du film réside dans la gravité des sujets traités avec légèreté et humour : « Malgré ce qu’a vécu ce pays, les relations compliqués avec la France,… les algériens ont toujours su garder le sens de l’humour ».

Pourtant, il ne sera pas question de comédie tout au long de cette fiction. Une intensité croissante se fait ressentir, notamment dans la relation avec le cousin « qui fait un transfert à travers le personnage principal qu’il va « endormir » dans un climat de joie algérienne ».

Mais aussi dans le jeu de l’acteur, qui se glisse à merveille dans la peau de ce jeune qui va faire tomber les barrières au fil du film et vivre un véritable chamboulement émotionnel. « Je peux facilement m’identifier au personnage puisque comme lui, j’ai plusieurs pays. Farid trouve là-bas un pays qui lui correspond et le complète », ajoute Tewfik Jallab. On retient aussi le talent des autres acteurs qui servent la justesse et la sincérité de ce long-métrage.

Né quelque part embarque le spectateur dans une jolie histoire, qui confronte la tendresse à la dureté de la réalité et mêle poésie, philosophie et comédie.

Célian Ramis

Graphisme et féminisme : "On peut vraiment s'exprimer à Rennes"

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Et elles sont féministes. Mathilde et Juliette, sous le nom de La Brique, ont interpellé l’opinion publique par le street art. Interview.
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« Trop peu de rues portent un nom de femme ». C’est le slogan qui a été affiché au centre ville de Rennes fin avril. « Certains ont été arrachés, mais pas le reste. A croire que c’est la thématique qui les dérange », expliquent les deux jeunes femmes à l’initiative de cette campagne d’affichage sauvage. Elles sont étudiantes en dernière année de l’école des Beaux-Arts, section graphisme, à Rennes. Et elles sont féministes. Mathilde et Juliette, sous le nom de La Brique, ont allié les deux pour interpeller l’opinion publique sur le sujet. Interview.  

YEGG : D’où vous est venue l’idée de mêler graphisme et féminisme ?

La Brique : Le graphisme militant politique existe depuis 1968 et a pris de l’ampleur depuis les années 80 mais le graphisme féministe n’apparaît pas comme un courant officiel. Nous avons toutes les deux une passion pour le graphisme militant et engagé. C’était intéressant de se réunir pour faire cette action ensemble, à l’échelle locale. Nous sommes aussi toutes les deux féministes et par conséquent, nous connaissons bien les problématiques actuelles.

YEGG : Pourquoi l’angle des noms de rue ?

Nous avons été inspirées d’une lecture : La ville est à nous (édité par l’association Ne pas plier, sous la direction d’Isabel de Bary, ndlr) qui traite de l’espace public et dans lequel est soulevé le manque de parité dans l’histoire des noms de rue. Très inscrit à Paris, le constat est similaire à Rennes, après observation et analyse.

YEGG : Vous avez trouvé des chiffres sur le nombre de rues au féminin ?

Aucun chiffre officiel n’a été publié par la mairie. Nous avons donc fait un décompte manuel : environ 6% des rues portent un nom de femme, contre 94% de noms masculins. C’est très critique.

Nous sommes parties de noms des personnes et avons fait des recherches. On se demandait : qu’est-ce qui motive la municipalité à nommer une rue et quels sont les critères d’attribution de noms ?

YEGG : Résultat ?

La construction du centre-ville de Rennes date du XIXe siècle. Les plaques de rue de ce territoire portent les noms de personnages de cette époque, en lien avec la capitale bretonne ou la région. Il y a donc un espace temps qui a permis de définir les noms de rue.

Est-ce qu’on ne peut pas, à compétences égales, les transposer au niveau féminin ? Les recherches nous ont menées à découvrir les parcours de certaines femmes qui ont compté à Rennes ou en Bretagne. Nous avons croisé leurs histoires avec la situation géographique, cela nous a aidé à isoler des personnalités importantes. Nous en avons choisi neuf et entamé un travail de recherches dans les archives de l’époque. Principalement aux Champs Libres.

YEGG : Quel est l’objectif de votre action ?

Nous souhaitions alerter l’opinion publique, sensibiliser les passants. On se dit toujours que les noms de rues sont anodins mais pas du tout. Cela permet de voir l’histoire publique et collective. Nous ne voulons pas critiquer ce qui a été fait ou débaptiser les rues, loin de là. L’objectif était vraiment d’alerter ! Nous avons donc disposé des affiches un peu partout dans le centre-ville pour toucher le plus grand nombre de passant.

YEGG : Vous avez imaginé une scénographie. Quel a été votre raisonnement ?

Nous avions beaucoup d’informations. Il a fallu les doser. Pour avoir un module textes/images assez imposant pour être bien vu. Nous avons donc disposer des panneaux avec le slogan, le nom de la femme dans la plaque, son portrait, des images d’archives pour humaniser l’ensemble et un texte expliquant l’époque, le parcours et pourquoi elles auraient mérité de figurer dans nos rues. Il fallait que le graphisme soit percutant et visible, sans être trop chargé. Aujourd’hui, les affiches sont utilisées pour la musique, les tracts politiques, les boites… Il était important de ne pas surcharger l’espace public et de se démarquer.

YEGG : Avez-vous eu des retours de votre affichage sauvage ?

Oui, de nombreux retours. De la sphère féministe mais aussi d’habitants qui ne sont pas forcément engagés. Nous avons été surprises par l’attention que les gens ont porté à notre projet. En général, on parle de 2 secondes d’attention pour une affiche. Là, on a vu les gens s’arrêter, s’approcher, lire les textes…

YEGG : Est-ce que la municipalité a réagi ?

Non. Ce qui nous a un peu déçu d’ailleurs… Mais on se dit que l’affichage sauvage étant illégal, les élus n’allaient pas se positionner officiellement.

YEGG : Des réactions négatives de la part de passants ?

Très peu. Certains slogans ont été arrachés. Les textes et photos n’ont pas trop été touchés. A croire que c’est la thématique qui a dérangé certaines personnes… Mais nous n’avons pas eu de tags ou de remarques sexistes.

YEGG : Est-ce qu’on peut imaginer de nouvelles actions de La Brique à l’avenir ?

Oui, bien sûr. On ne sait pas encore sous quelle forme, quand et où mais nous maintenons La Brique pour le moment. Rennes est une ville qui permet vraiment de s’exprimer !

YEGG : A bientôt alors et à visage découvert peut-être !

Merci, à bientôt.

Célian Ramis

Rythmes scolaires : Rennes saute le pas

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La réforme des rythmes scolaires ne fait pas consensus et crée quelques débats houleux entre les élus, enseignants et parents. Reportage sur la situation dans les écoles rennaises.
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La ville de Rennes appliquera de nouveaux horaires dans les écoles maternelles et élémentaires dès septembre prochain. Enfants et enseignants se retrouveront tous les matins de la semaine de 8h45 à 12h, puis de 14h15 à 16h15 les lundis, mardis et jeudis. Vendredi, les cours s’achèveront à 16h. Le mercredi après-midi, repos. Objectif : une meilleure prise en compte des rythmes de l’enfant.

On pourrait se demander : qui a eu cette idée folle un jour de réformer l’école ? Mais la liste serait longue. Nous n’en citerons que deux : Xavier Darcos et Vincent Peillon. Le premier, ancien ministre de l’Edu­cation, supprime en 2008 une demi-journée de classe, allégeant la semaine des enfants à 24 heures, au lieu de 26, sur 4 jours. Le second, en poste depuis mai 2012, rétablit aujourd’hui la semaine à 4,5 jours, dans l’intérêt de l’enfant qui devrait être moins fatigué et plus concen­tré.

Un point sur lequel il est approuvé par les chronobiologistes, et fervemment défendu par le célèbre pédopsychiatre Marcel Rufo. Le décret du 24 janvier 2013 - publié au Journal Officiel deux jours plus tard – relatif à l’orga­nisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires, prévoit pour la rentrée prochaine « la mise en place d’une se­maine de 24 heures d’enseignement réparties sur 9 demi-journées ». Néanmoins, le Ministre autorise les communes françaises à demander le report de la réforme à la rentrée 2014 – date à laquelle devront aussi s’aligner les écoles privées. En 2013, 25% des enfants de l’Hexa­gone seront concernés par la mesure, en Ille-et-Vilaine, ils seront 37% à fréquenter l’école le mercredi matin.

Seules 14% des com­munes du département ont décidé de mettre en place le dispositif dès la rentrée prochaine.

La capitale bretonne, qui pourtant connaît la semaine des 4 jours depuis plus de 20 ans, fi­gure parmi les bons élèves, comme la majorité des grandes villes de gauche, en choisissant d’appliquer les nouveaux rythmes scolaires dès 2013. Pour Gwenaële Hamon, adjointe au maire en charge de l’Education, la priorité est « de renforcer, en parallèle de l’aide aux de­voirs, les activités périscolaires ».

En effet, ce temps se verra fortement augmenté puisque les enfants bénéficieront d’une offre de 800 heures d’ateliers, au lieu de 300 actuellement, réparties entre les moments encadrés par les Educateurs territoriaux des activités physiques et sportives (ETAPS), par les associations de quartier et par les animateurs munici­paux. « Nous souhaitons aussi développer les activités culturelles mais aussi tout ce qui peut être en lien avec les questions de discriminations, la découverte de la culture scientifique, l’éducation au numérique et à l’image, la citoyenneté, l’environnement… », explique-t-elle, en précisant la nécessité d’un cadre ludique.

En théorie, 45 minutes seront consacrées tous les jours (excepté le mercredi) aux ateliers. Des temps périscolaires, a priori, non modulables « sauf si on me présente des propositions qui nécessitent une autre orga­nisation ». Malgré la satisfaction générale de l’expérimentation menée dans deux écoles rennaises – Sonia Delaunay et Trégain – la ré­forme ne fait pas consensus. Une application du texte trop rapide ? « Non le blocage est au niveau des horaires. Les questions auraient été les mêmes en 2014… », répond l’élue.

Concernant la rentrée prochaine, Fabrice Marzin, élu centriste du groupe Alliance Citoyenne à Rennes, avouait en conseil muni­cipal, le 15 avril dernier, craindre « un grand ca­fouillage ». Gwenaële Hamon, de son côté, veut rassurer tous les inquiets : « Nous serons prêts en septembre. Mais on ne fige pas les choses, c’est une mise en place progressive ». Donc cafouillage peut-être mais pas trop grand.

Située à Beauregard, quartier rennais en plein essor, l’école Sonia Delaunay est pilote en terme de rythmes scolaires. A 4,5 jours par semaine jusqu’en 2008, puis à 4 jours en horaires décalés, soit 9h-12h / 14h15-17h15, l’établissement se prépare aujourd’hui à de nouveaux changements. Immersion.

Jeudi 18 avril, 14h05. Les enfants se re­groupent dans la cour de l’école, qui accueille 453 élèves répartis entre la maternelle et l’élémentaire. L’établissement va devoir appliquer la réforme Peillon à la rentrée. « Des ateliers sont proposés, par les ani­mateurs ainsi que les associations de quartier, lors de la pause méridienne. Jamais le soir, cependant (à partir de 17h15 commence l’aide aux devoirs, ndlr). C’est ce qui va changer », explique la directrice, Dominique Dubray. Pour elle :

« C’est une amélioration du dispositif existant. Il faut maintenant bien penser le contenu de ces temps périscolaires ».

Olivier, animateur titulaire au centre de loisirs de l’école depuis 7 ans, est enthou­siaste à l’idée de ce changement : « Nous allons pou­voir mettre en place un vrai programme d’animation ».

QU'EN PENSENT LES ENFANTS ?

14h15 – Les écoliers s’installent à leurs bureaux. Le retour au calme est exigé avant d’entamer l’après-mi­di. Dans la classe de CE2/CM1 - de mesdames Bléas et Garnier - les élèves s’expriment sur la réforme. Les avis sont mitigés mais favorables dans l’ensemble. Pour certains, travailler le mercredi matin est positif car cela implique de fréquenter l’école, et retrouver leurs camarades, une demi journée supplémentaire.

« Nous pourrons apprendre plus de choses », déclare une élève. « Nous serons plus concentrés », dit son voisin. Pour d’autres, cela signifie se lever un matin de plus… « La coupure me faisait du bien », dit timidement un garçon. Au fond de la classe, un élève angoisse : « je suis souvent puni, je vais l’être encore plus ! » Un aveu qui fait bien évidemment rire tous ses copains. Un peu moins son enseignante.

Ce qui fait débat au sein du groupe, ce sont les activités périscolaires. Quelques uns craignent de ne plus pouvoir pratiquer de loisirs, ou d’avoir moins de temps. « Il suffira simplement de reporter à l’après-midi ou au soir », leur répondent les « pros réforme » !

15h30 – Lors du conseil d’école, qui réunit les délégués de chaque classe, du CP au CM2 pour améliorer la vie quotidienne, la directrice leur demande leur point de vue sur les rythmes scolaires. Même nombre d’heures mais mieux organisées, journées plus courtes, aug­mentation de la fatigue sans la coupure du milieu de semaine… En règle générale, les remarques font écho à celles des CE2/CM1.

QU'EN PENSE LE CORPS ENSEIGNANTS ?

16h - Pendant la récré, qui s’effectue sur plusieurs temps afin d’éviter le vacarme dans les couloirs et dans la cour, les enseignants veillent au bon déroule­ment de la pause. Pour Johan Beyney, professeur de maternelle (moyenne section), la réforme est incom­plète :

« Elle devrait penser les rythmes scolaires à l’année, non à la journée ».

Peu loquace sur le sujet, il confie que son avis n’est pas représentatif de ses collègues, cette école fonctionnant déjà sur un rythme particulier. Pour conclure, il reste évasif : « A priori, pour les enfants, c’est positif… »

Un point sur lequel le rejoint Fanny, employée de vie scolaire (EVS), qui pense que les élèves seront moins fatigués l’après-midi. Petits bémols : le manque de consultation des EVS et l’application précipitée des nouveaux rythmes.

QU'EN PENSENT LES PARENTS ?

17h – Dans les couloirs, le calme règne. Dans les classes, c’est moins sûr. Devant le portail, plusieurs parents attendent la sortie de leurs bambins. Deux mamans, dont les enfants sont en CM1, regrettent le manque d’information concernant la future rentrée 2013 et « la mise en place trop rapide ». Selon elles, les activités ne seront pas accessibles à tous les enfants, à cause de leur grand nombre.

Autre contrainte : la fin de la journée à 16h15. Si pour elles, le problème ne se pose pas, leurs garçons étant capables de rentrer seuls, qu’en sera-t-il pour les parents dont les enfants sont plus jeunes ? A quelques mètres de là, sous le préau, une mère attend ses jumeaux, scolarisés en CE1. Pour elle, les nouveaux rythmes scolaires sont positifs :

« Le mercredi matin, ils dorment et trainent devant la télé, alors ce n’est pas plus mal qu’ils soient à l’école ».

La réforme, sur son application, ne fait pas consensus. Que Vincent Peillon se rassure, sur le fond, personne ne demande son redoublement…

Gwenaële Hamon : « Sortez vos cahiers ! »

Depuis l’annonce des nouveaux rythmes scolaires à Rennes, Gwenaële Hamon, adjointe au maire chargée de l’Education et de la Jeunesse, est interpelée sur le « manque de concertation », d’après l’opposition municipale, et l’application rapide de la réforme. Depuis avril, une nouvelle phase est lancée : celle des réunions école par école « pour préparer un plan d’intervention avant le conseil d’école du 3e trimestre » avec les représentants du monde éducatif, sportif, culturel, associatif et les délégués de parents d’élèves de maternelle et d’élémentaire.

Au préalable, ont été recueillis les points de vue des directeurs d’établissements et des responsables de l’animation des écoles. En parallèle, des rencontres entre les maires d’Ille-et-Vilaine sont organisées « afin d’échanger sur les différentes pratiques et de partager les diverses expériences ». En ce qui concerne la décision d’appliquer la réforme en septembre 2013, l’élue explique « qu’en 2014, il n’y aurait pas eu plus de consensus, puisque le blocage est au niveau des horaires ».

Bruno Chavanat : « Zéro pointé »

Le 11 avril, Bruno Chavanat, leader de l’opposition à Rennes, organisait une table ronde, à la Maison de l’Agriculture, à laquelle il conviait parents, enseignants et représentants du monde associatif à prendre part à débat. Certains s’inquiètent quant à la formation des animateurs, employés par la municipalité, intervenant sur les temps périscolaires : « Est-ce que l’on souhaite laisser nos enfants avec des animateurs pas ou peu formés ? »

D’autres parents s’interrogent sur l’allongement de la pause méridienne qualifiée d’« accidentogène » et la mise en place d’activités sur ce même temps : « Il y a 30 ans, on bossait à l’école. Maintenant, on fait de la peinture… La réforme devrait prévoir d’agrandir la place des enseignements fondamentaux », déclare une mère de famille.  A l’issue de la réunion, Bruno Chavanat prend en compte les diverses réflexions. « Les choix ont déjà été faits. Le but maintenant est de savoir sur quels points nous pouvons peser », explique-t-il. Quatre jours plus tard, il interpelle ses collègues de la majorité lors du conseil municipal, sur l’intérêt de l’enfant dans cette réforme et sur le manque de structures à disposition de la Ville… Il est inquiet quant à la réalisation des activités périscolaires.

CGT 35 : « Et moi m’dame ? »

Alors pourquoi tant de précipitations ? ». Cette question, la CGT la pose dans une lettre adressée aux maires et conseillers municipaux d’Ille-et-Vilaine, ren­due publique le 17 avril dernier. Depuis l’annonce de Vincent Peillon de mettre en oeuvre la réforme, celui qui se revendique syndicat majoritaire chez les enseignants n’a cessé de faire entendre sa voix. Manifestations, tracts, grèves... la CGT cherche avant tout à entrer et/ou rester dans le débat. Si la confédération ne s’oppose pas fondamentalement à ces changements prévus dans l’Education, elle reproche néanmoins aux élus en charge du dossier le manque de concertation avec les partenaires sociaux.

Selon Loïc Morel, secrétaire général CGT 35, qui signe la lettre, tous les aspects de la réforme n’ont pas été pris en compte. Le syndicat s’interroge : « Comment prétendre modifier le rythme de vie des élèves sans avoir une réflexion globale sur celui des parents? ». La CGT pointe aussi du doigt l’ab­sence de « vraie réflexion » sur le volume du programme scolaire et sur la qualité de l’accueil périscolaire dans un contexte économique difficile pour les collectivités locales. La CGT 35 conclut : « Personne n’est prêt ! »

Sylvie Epaud : maire (PS) de Noyal-Châtillon-sur-Seiche (440 élèves en écoles primaire et maternelle publiques)

« En début d’année, lors des voeux à la population, l’équipe municipale souhaitait vraiment travailler pour 2013. On ne part pas de rien, notre structure enfant-jeunesse est solide avec l’Union sportive et l’antenne locale des Cadets de Bretagne. Mais nous avons une école en reconstruction. Maternelles et primaires se regrouperont dans les mêmes locaux en septembre 2013. Les 17 enseignants du public ont estimé ne pas avoir le temps de s’adapter à ces changements et d’appliquer la réforme.

Le regroupement est un gros dossier.[...] C’est une déception pour moi, mais cela nous permettra peut-être d’avoir un projet plus abouti, notamment avec le monde associatif qui doit lui aussi s’adapter. Et il ne va pas se réorganiser en 4 mois. [...]Il est évident que cette réforme est un surcoût mais je souhaite que le fond d’amorçage se pérennise aussi. Nous n’avons pas de problèmes de locaux. Les coûts concernent principalement la masse salariale et les intervenants pédagogiques.»

Depuis 9 ans, Nicole D. compte parmi les 32 psychologues scolaires d’Ille-et-Vilaine et intervient auprès de 10 groupes scolaires. Elle nous donne son avis personnel sur la réforme Peillon, qui la pousse à s’interroger sur l’objectif premier : l’intérêt de l’enfant. Pourtant, elle avoue ne pas avoir de réponses.

Elle n’est pas syndiquée à l’Association française des psychologues de l’éducation nationale mais elle a tout de même un point de vue bien défini sur l’Ecole. Ne pas forcer les choses, c’est un peu sa devise. « Dans mon travail, je m’entretiens avec l’enfant sur demande des parents, enseignants ou directeurs. L’élève n’est pas obligé d’accepter. S’il refuse que je le reçoive, c’est qu’il a une bonne raison. Je ne le force pas », précise-t-elle. Concernant la réforme, elle s’interroge sur son sens.

« Qu’est-ce que c’est l’école aujourd’hui et qu’est-ce qu’une journée pour l’enfant ? », se demande-t-elle. Pour Nicole, l’école est un lieu de vie que l’enfant fréquente 24h par semaine. Enfin, en principe car certains élèves vont à la garderie. Ils arrivent avant 8h et partent après 18h. « Il est là le problème, pas sur les rythmes scolaires », s’exclame-t-elle.

Vivre 10h d’affilées en collectivité, cela lui paraît trop important, surtout pour les tout petits. Plus qu’une question de rythme biologique, ne serait-ce pas simplement une question d’exigences dues à une évolution de la société ?

« À FORCE DE TOUT CADRER, ON PERD CE QUI FAIT LA VIE »

 En 30 ans de carrière, elle a vu changer l’école. Une expérience d’institutrice dans le XXe arrondissement, à partir de 1982, puis à Josselin (56), elle se reconvertit en rééducatrice scolaire en 1996 à Ploërmel pour enfin préparer un DESS en 2003 afin de devenir psychologue scolaire.

« Aujourd’hui, les enfants sont sans cesse sollicités par des choses qui leur sont imposées. Avant, les classes étaient des espaces ludiques d’expression, de création… Maintenant, même en maternelle, ils sont assis à des bureaux »
regrette la psychologue scolaire.

Nourrir l’imaginaire, enrichir l’expression orale, mêler les enseignements fondamentaux aux disciplines artistiques… Voilà comment Nicole entend le métier d’instit’, devenu dans les années 2000 professeur des écoles. L’esprit de l’école a changé selon elle, transformé par les évaluations, « une véritable obsession à partir des années 90 ». Ce qui pourrait alors expliquer l’augmentation du stress : « ça, ça change le rythme de l’enfant ».

Et le lien avec la biologie et les avis des spécialistes sur l’intérêt de nos petites têtes blondes ? « A force de trop cadrer les choses avec la science, on perd ce qui fait la vie ! », répond Nicole, qui ajoute : « Il ne faut pas se braquer sur les rythmes mais prendre en compte la vie de groupe, les personnalités qu’il y a dedans et son fonctionnement. Alors comment faire ? ».

La réforme proposée pour la rentrée ne semble pas répondre aux attentes de Nicole, qui avoue « ne pas avoir de réponses à toutes ces questions ».

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Nouveaux enjeux : l'enfant au premier rang ?
École Sonia Delaunay : Avant l'heure, c'est déjà l'heure !
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L'enfant : un être trop sollicité ?

Les femmes envahissent les rues de Rennes

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Elles lancent une brique dans la mare et défendent les noms de rue au féminin.
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Des affiches ont été collées sur différents murs du centre ville de la capitale bretonne : l’oeuvre d’un projet mené par deux étudiantes de l’école des Beaux-Arts de Rennes.

Tout est parti d’un constat peu surprenant : peu de rues portent le nom d’une femme qui a marqué l’histoire. 6% environ, selon La Brique, intitulé de ce duo féminin à l’initiative du projet. Etudiantes à l’école des Beaux-Arts de Rennes, elles décident alors d’allier design graphique et féminisme. Un affichage sauvage qui interpelle et interroge !

Rue Mme Poyard, rue Marion Du Faouët, rue Louise Bodin, rue Rosa Kerjner, et bien d’autres encore – au total, il y a neuf portraits à découvrir – viennent s’ajouter à une longue liste de potentiels noms de rues. Evidemment, elles n’ont pas été choisies au hasard. Non, ce sont des militantes, des journalistes, des artistes, des aventurières… et toutes ont un lien avec Rennes ou avec la Bretagne.

Une initiative percutante et pertinente qui n’a pas fini de faire parler d’elle…

Célian Ramis

Mythos 2013 : Une croustillante satire

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L'histoire de la Françafrique vue par Les 3 points de suspension, c'est mordant, cynique et drôle. Un spectacle comme on les aime.
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Lors de l’inauguration du festival Mythos, Maël Le Goff, directeur, annonçait une édition composée d’artistes souhaitant « lever le poing ». C’est chose faite avec l’équipe des 3 points de suspension, samedi dernier dans le Magic Mirror du Thabor, qui a présenté son spectacle La grande saga de la françafrique.

« 55 ans d’histoire vus en 1h20 », commence Jérôme Colloud, seul sur scène pour cette représentation originale. Nous sommes en 1958, en Afrique, à l’aube des indépendances. Jacques Foccard, qui sera secrétaire général de l’Elysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, découvre le Livre du Mal, un objet qui permet à son détenteur de devenir Maitre de l’Afrique.

Un Livre qui l’aide à développer des réseaux occultes permettant à la France de garder la mainmise sur les richesses de leurs colonies africaines.

Le comédien nous offre un one man show documentaire croustillant pendant lequel il passe en revue, et tourne en dérision, tous les présidents de la Ve République, du général de Gaulle à un Nicolas Sarkozy à l’accent chinois, en passant par Valéry Giscard d’Estaing en super-héro et François Mitterand, revenu d’entre les morts.

Détournements de fonds, financements des partis politiques, discours célèbres… rien n’échappe à l’œil acerbe de Jérôme Colloud, qui mêle parodies burlesques et cynisme. C’est avec beaucoup d’humour qu’il dénonce la grande saga de la Françafrique, de 1958 à aujourd’hui. Il conclut par le bilan de François Hollande : « Rien n’a changé depuis 10 mois mais il nous faudra 20 minutes supplémentaires à l’avenir pour en parler ».

Cette proposition satirique, qui a visiblement séduit à l’unanimité les spectateurs, se démarque du reste de la programmation avec une offre originale et un regard critique sur des événements majeurs de notre histoire.

Célian Ramis

Polar rennais : Docteur Lys et Miss Calibre

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Rencontre avec Valérie Lys, la seule femme du collectif rennais Calibre 35.
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Deux ans après sa création, Calibre 35, collectif rennais d’auteurs de polar dégaine Rennes, ici Rennes, recueil de dix nouvelles fleurant bon la capitale bretonne. Seule femme à poser sa plume sur les pages blanches de ce livre noir, Valérie Lys, médecin biologiste le jour, écrivain la nuit, évoque pour YEGG Des cendres à Montfort, savoureux cocktail de médicaments, d’incinération et de terrorisme.

YEGG : Comment avez-vous intégré Calibre 35 ?

Valérie Lys : J’ai été contacté par David Khara et Fréderic Paulin fin 2011 lors d’un salon du polar à Chevaigné (35). J’écris depuis toute petite, influencée par Proust ou Borges, et cela m’apporte du plaisir mais il est difficile d’être éditée, surtout que je n’ai pas l’ambition de faire de l’écriture mon métier. Mais faire partie du collectif peut donner un coup de pouce aux auteurs et faciliter l’édition, c’est positif.

Quel lien entretenez-vous avec les autres auteurs du collectif ?

Nous nous réunissons de temps en temps mais nous sommes surtout en liaison par mail ou Facebook. Pendant l’écriture de Rennes, Ici Rennes, chacun a travaillé de son côté, il n’y a pas eu d’écriture collective. C’est davantage un prétexte pour faire connaître les différents auteurs. Et de toute façon, chacune des nouvelles a un style bien particulier qui dépend de celui de l’écrivain. Le mien est plus classique et plat que les autres, mais je dois avouer que j’ai particulièrement la nouvelle de Léonard Taokao, Ad Rennes Aline.

Vous avez l’habitude, dans vos romans, des intrigues qui se déroulent dans les environs de Rennes. La contrainte ici en était-elle vraiment une ?

Non, ce n’était pas vraiment une contrainte. C’est une facilité pour moi d’écrire sur mon quotidien, sur les lieux et les personnes que j’ai l’habitude de fréquenter. La contrainte était plutôt celle du format d’écriture. Dans un polar, le lecteur doit constamment réfléchir. Avec une nouvelle, on ne peut pas installer un climat et donc une intrigue très travaillée.

C’est ce qui explique l’absence de meurtre dans votre nouvelle, contrairement aux neuf autres ?

J’ai choisi de ne tuer personne car le format de la nouvelle est, en effet, trop court pour cela. Mais la mort est quand même très présente puisqu’une des premières scènes se déroule dans le crématorium de Montfort-sur-Meu. Selon moi, dans un polar, il faut des études de comportement, des descriptions, c’est peut-être le côté féminin. On aime, en tant qu’auteur, prendre notre temps et retourner les situations. Avec la nouvelle, il faut aller droit au but.

A défaut de meurtre, il est question d’un trafic de médicaments, sur fond de terrorisme… Votre connaissance du monde de la santé vous a-t-elle aidée voire inspirer ?

Au départ, je ne voulais pas écrire sur le médical. Mais c’est sans doute plus fort que moi ! Mon métier ne m’a pas particulièrement aidée, en revanche, c’est vrai que je suis allée à l’hôpital Guillaume Régnier à plusieurs reprises. La psychiatrie revient donc souvent dans mes histoires. Quant au trafic de médicaments, c’est de l’imagination, je ne le constate pas dans mon environnement et je ne veux pas spécialement pointer du doigt l’industrie pharmaceutique même si elle est imparfaite et qu’elle a une mauvaise image.

Vous soulevez aussi la question du racisme ordinaire avec l’omniprésence de prénoms étrangers…

Oui je le dénonce volontairement, sans pour autant prendre partie. Il y a une atmosphère particulière, pleine de clichés. Je voulais jouer avec. Que chaque personnage puisse être à un moment donné soupsonné.

A propos des personnages, vous ne mettez en scène que des hommes à l’exception de Myriam et des décédées, pourquoi ?

Je préfère parler des hommes que des femmes. D’ailleurs je suis plus souvent entourée d’hommes que de femmes dans la vie. Il y a sans doute de la pudeur de ma part, je parle à travers les livres. Je ne veux pas que le lecteur pense que si le narrateur ou personnage principal est une femme, c’est forcément de moi dont il s’agit. Il y a beaucoup de moi dans le style d’écriture qui est relativement classique et évidemment féminin, mais je ne suis pas présente dans la nouvelle.

Le format est nouveau, l’éditeur aussi… Comment s’est déroulée la collaboration avec Critic ?

Ce fut laborieux ! Le point positif, c’est que c’est un éditeur très perfectionniste qui nous fait des retours, chose un peu inédite pour moi. Nous étions très encadrés. Il a fait une première correction, puis une deuxième, une troisième, une quatrième… Au final, avec plusieurs auteurs, on se demande si l’éditeur ne voulait pas écrire le livre (rires) !

Quel regard portez-vous sur Des cendres à Montfort ?

Le niveau est très moyen, le format nouvelle y est pour beaucoup. C’était une commande et je n’avais pas le feu sacré lors de l’écriture. Ce n’est pas mon enfant contrairement aux autres romans. D’ailleurs, je me demande quel public va pouvoir acheter le livre car on ne voit pas vraiment qu’il s’agit de polar.

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