Célian Ramis

Marine Baousson, force vive de l'humour

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Bacchus, Rennes
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Jusqu’au 2 juillet, l’humoriste Marine Baousson foule la scène du Bacchus avec son one-woman-show dans lequel la synergie résulte de l’énergie, la présence et la bonne humeur qu’elle diffuse.
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Depuis le 14 juin et jusqu’au  2 juillet, l’humoriste Marine Baousson foule la scène du café-théâtre de Rennes, Le Bacchus. Elle y présente un one-woman-show dans lequel la synergie résulte de l’énergie, la présence et la bonne humeur qu’elle diffuse.

C’est un peu un retour à la maison pour Marine Baousson. Un retour au Bacchus, là où elle a déjà été programmée quelques années auparavant, mais aussi un retour à Rennes. Là où elle a fait le Conservatoire et ses études en arts du spectacle à Rennes 2. Costarmoricaine d’origine, de Ploufragan précisément, elle vit désormais à Paris et évolue dans la catégorie des jeunes humoristes.

Un métier qu’elle découvre vers 13 ou 14 ans, avant de s’orienter vers une carrière de comédienne. Puis de choisir à nouveau l’humour. « Ça prend du temps entre le moment où j’y pense et le moment où je décide de le faire. Il y a eu déjà au moins une année à Rennes durant laquelle je me posais des questions. Ensuite, il y a 2 ou 3 ans où je ne pratiquais pas, je faisais l’école de café théâtre Le Bout à Paris. Ça prend vraiment du temps. », explique Marine Baousson.

OBSERVATION ET RENCONTRES

La jeune trentenaire paraît aussi solide sur scène qu’en coulisses. Les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Un atout qui lui permet d’appréhender la réalité d’un terrain précaire et de ne pas foncer tête baissée sans en mesurer les conséquences. Parée de patience et d’un grand sens de l’observation, elle apprend à analyser les situations et à mettre un pied dans le milieu à travers de nombreuses rencontres.

Notamment celle d’un réseau de slammeurs qu’elle découvre avec sa meilleure amie, Luciole, en s’installant à Paris. Elle y rencontre alors Candiie, révélée par la deuxième saison du Jamel Comedy Club, qui la mène à l’humoriste Shirley Souagnon dont elle fera la mise en scène du spectacle « Sketch-up » entre 2007 et 2010. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire pour moi. », précise-t-elle.

De cette période à aujourd’hui sur la scène du Bacchus, Marine Baousson n’a pas cessé de travailler à l’amélioration de son spectacle et au perfectionnement de son rôle :

« Je considère que dans ce métier, on n’a jamais fini d’apprendre. Tout est remis en question à chaque minute. Le rire ne marche pas à tous les coups. Maintenant, je suis rodée, je sais ce qui fonctionne mais il faut faire évoluer le spectacle en permanence. »

ALLER PLUS LOIN

Elle parle de confort et de paliers. Depuis qu’elle présente son seule en scène – 2012 – elle s’adapte, se renouvelle, écrit de nouveaux sketchs, teste dans les salles de nouvelles choses comme c’est le cas actuellement à Rennes, coupe, gagne en précision et en efficacité. Pour elle, la période de tranquillité intérieure, celle où l’on se délecte de ce que l’on produit de bien, de satisfaisant, ne dure jamais longtemps.

« Quand c’est bien, il y a un petit temps où on se le dit. Mais on réalise que ce n’était que la première marche de l’escalier. On sort alors de la zone de confort, on veut aller plus loin. Le spectacle s’uniformise, puis il y a un nouveau décalage parce qu’on franchit un autre palier, on trouve de quoi changer un moment d’un sketch et on doit alors tout remettre à niveau. », analyse l’humoriste.

Depuis trois ans qu’elle effectue les premières parties de la tournée de Bérangère Krief, elle s’est enrichie d’une expérience unique. Celle d’assister à chaque représentation, observant ainsi l’humoriste révélée par la série Bref travailler, « grandir, créer, ajouter, modifier ». Mais également d’être épaulée par cette dernière dans l’apprentissage de la profession, l’écriture de son spectacle et l’appréhension des différentes salles qu’elles parcourent ensemble.

Et de ces avancées, Marine Baousson s’en nourrit. Elle ose. Si elle doute, sur scène rien ne transparait. Au contraire, elle démontre une présence et une énergie vives qui captent instantanément son auditoire. Et dès les premières minutes de son spectacle, le premier rang se montre au taquet. « Je le savais, je les avais entendu avant de venir sur scène. Je savais qu’il faudrait que je les cadre dès le début tout en leur laissant une liberté de s’exprimer, qu’ils ne se sentent pas frustrés mais qu’ils comprennent aussi que c’est mon spectacle. »

DES THÈMES UNIVERSELS

Elle improvise, mêlant maitrise des ressorts du métier et naturel sympathique. Elle ne la joue pas snippeuse, elle se donne le temps d’être « déstabilisée » par les remarques, d’en rigoler puis de jouer avec les réflexions du public dans un ping-pong rythmé, sans devenir vertigineux. Un équilibre plaisant et amusant qui donne un spectacle unique.

Pour construire son one-woman-show, sa démarche est logique : mettre à plat qui elle est et d’où elle vient. « Je me suis demandée ce qui me faisait rire, partant du principe que si ça me touche, ça peut toucher les autres. », précise-t-elle. Son arrivée à Paris, la province – la Bretagne -, le métro… Les classiques. Mais Marine Baousson accroche son audience par ce qui lui semble évident : son poids.

Elle ne sera jamais une James Bond girl. Son physique se rapprochant davantage de celui d’Adèle, chanteuse du générique de Skyfall. En quelques phrases sur ses rondeurs, elle décomplexe le public : « Je pourrais me moquer du monde mais avant ça je suis convaincue qu’il faut déjà être capable d’avoir du recul sur soi. Effectivement, je suis ronde, je le dis histoire de dire au public « oui on voit la même chose et on est d’accord », on peut faire des blagues à ce sujet puis rire ensemble sur d’autres choses. »

L’humoriste est claire, affirmer qu’elle est grosse ne signifie pas qu’elle s’en revendique la porte-parole. Elle souhaite dédramatiser le fait d’être gros-se, déclare avoir fait un régime, s’accepter telle qu’elle est tout en mentionnant les effets négatifs, ne pas en prôner de la fierté – a contrario de sa passion pour les Spice Girls – et casser certains clichés, comme le fait d’être sportive et très active.

C’est certain, elle ne s’économise pas. Sur la scène, elle rigole de ses parents qui baisent plus qu’elle, raconte les chamailleries de frères et sœurs, se moque des comédies romantiques américaines, s’émeut des anecdotes de tatouage, rend hommage aux humoristes qu’elle apprécie et se remémore les épisodes de Léo et Popi. Et l’ensemble fonctionne.

Mais la gagnante du Montreux Comedy festival (2012) et du prix Humour de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, 2013) continue son cheminement. Aidée par les conseils de professionnel-le-s qui l’invitent à trouver sa signature. Notamment Verino qui lui conseille de « ne pas chercher à faire des blagues mais à avoir un propos ». C’est dans cette direction qu’elle s’embarque actuellement, exigeant également une nouvelle manière d’écrire.

DO IT YOURSELF, PASSAGE OBLIGATOIRE ?

Après ses représentations rennaises, Marine Baousson affrontera son 4e festival d’Avignon tout au long du mois de juillet et avoue son angoisse en amont. L’investissement financier y est important pour les artistes. « Il y a de nombreux spectacles par jour et il faut vendre son spectacle, auto-produit, malgré le stress et la fatigue. Préparer Avignon implique beaucoup de questions autres que la partie artistique. Combien je mets d’affiches ? Quel grammage ? Où je les mets ? », se questionne-t-elle.

Lors d’un festival en Avignon, l’humoriste avait d’ailleurs illustré ce propos par une vidéo de Nicole Ferroni, réalisant elle-même la communication, la billetterie, le placement des spectatrices et spectateurs… « Elle fait tout toute seule, en plus de ses chroniques radio, télé. C’est une personne que j’admire beaucoup ! », souligne Marine Baousson qui mine de rien en fait de même.

En plus de l’émission Le grand Bazhart qu’elle co-anime sur France 3 Bretagne et les chaines locales de la région (dont TVR 35), la tournée de Bérangère Krief et sa propre tournée, ainsi que ses dates de représentation à Paris, les plateaux humour qu’elle présente sur le site de Madmoizelle et ses chroniques pour le magazine Sensuelle.

Célian Ramis

Mythos 2016 : Un récit de l'intime, tragique, sensible et essentiel

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TNB, Rennes
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Paloma Fernandez Sobrino réussit à nouveau à nous bousculer à travers un récit de l’intime brut et poétique. La metteure en scène dévoilait sa création Trouvé dans l’oubli, au TNB les 22 et 23 avril.
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Paloma Fernandez Sobrino réussit à nouveau à nous bousculer à travers un récit de l’intime brut et poétique. À l’occasion du festival Mythos, la metteure en scène, artiste associée à L’âge de la tortue, proposait deux représentations de sa nouvelle création, Trouvé dans l’oubli, au TNB les 22 et 23 avril.

En découvrant l’ouvrage d’Alberto Méndez, Les tournesols aveugles, Paloma Fernandez Sobrino est immédiatement séduite par la nouvelle Deuxième déroute : 1940, intitulée également Manuscrit trouvé dans l’oubli. Et décide d’en créer une adaptation théâtrale, avec la complicité de trois professionnels sur scène : Benoit Hattet, comédien de la compagnie du Fomenteur, Pere Martinez, chanteur flamenco et Nathalie Elain, comédienne.

La pièce anime les mots de l’auteur espagnol qui livre un récit poignant et saisissant. L’histoire d’un poète qui fuit son pays avec sa femme, qui meurt en couche. Caché dans un pâturage en montagne, il vient de perdre sa raison de vivre, et face au cadavre de son épouse, git le corps bien vivant du nouveau-né, son fils. Il va alors narrer leurs mois de vie commune, entre la mort qui rode et la force de la vie.

D’une grande beauté et d’une intense pureté, l’écriture est délicieuse. Et chaque mot résonne dans la bouche de Benoit Hattet. Chaque mot se perd dans son regard vide et fixe. On ne peut détourner les yeux du comédien tant la tension dramatique émane de son jeu et de son âme.

On confond alors le comédien et le protagoniste, on se prend au jeu, sans résistance aucune. La voix de Nathalie Elain nous tient en haleine et vient comme un souffle léger apporter des compléments d’information figurant sur le cahier tenu par le poète, comme des didascalies.

À côté d’elle est assis le chanteur Pere Martinez. Son chant flamenco, « el cante jondo », ne laisse pas de place au vagabondage de l’esprit fuyant les silences. Au contraire, il magnifie ces silences et les accompagne d’une voix à laquelle on se suspend. A capella, elle traverse nos entrailles, cristallise l’expression d’une souffrance profonde, d’une douleur perçante.

Et tout cela dans une ambiance hivernale, jouant sur un clair-obscur qui invite à la confidence, à l’intime. La création graphique, constituée de photographies atmosphériques mouvantes projetées au mur, et la création sonore, évocatrice d’une nature tourmentée, soignent l’impeccable esthétique de la pièce et alimentent l’intensité du drame qui s’annonce.

L’émotion qui nous traverse est quasiment indescriptible. Elle nous habite, nous plonge dans les journées de cet homme et de son enfant qui va manquer de tout, y compris d’un prénom. Mais qui va s’accrocher à la vie et s’installer dans celle de son père.

La réflexion sur la mort que tous deux regardent bien en face et sur la vie qui se bat pour subsister est bouleversante et percutante. La désillusion, le désespoir, ne sont ici pas bordés de fatalité. Mourir oui, mais pas sans lutter et pas sans choisir sa mort.

Le récit est un voyage sensible dans l’âme humaine et l’esprit. Capables de se remettre en question, de s’adapter, d’aimer comme de rejeter ou encore d’oublier et de s’oublier. Si le sujet est tragique, le spectacle Trouvé dans l’oubli est pourtant une ode à la vie, composée de questionnements existentialistes, divers et récurrents. Ici, le protagoniste se livre avec franchise et sans fioritures malhonnêtes visant à valoriser les derniers instants d’un homme meurtri qui s’abandonne à soi et à l’écriture.

L’adaptation de la nouvelle est une véritable réussite qui transcende notre quotidien vers une déroute essentielle pour continuer à s’interroger et prendre la mesure de la signification de notre vie. Toujours dans la pureté esthétique, la justesse des textes et la tension des voix sensibles et passionnées, propres aux créations singulières de l’association rennaise L’âge de la tortue.

Célian Ramis

Mythos 2016 : La folie d'un théâtre de science-fiction

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L'Aire Libre, St Jacques de la Lande
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Le groupe artistique belge Clinic Orgasm Society présentait les 21 et 22 avril, leur nouvelle création Si tu me survis,… au théâtre de l’Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande.
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Le groupe artistique belge Clinic Orgasm Society présentait les 21 et 22 avril, leur nouvelle création Si tu me survis,… au théâtre de l’Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande.

À quoi ressemblerons-nous et dans quel monde vivrons-nous en 2046 ? Cette curiosité pour l’avenir a poussé Ludovic Barth et Mathylde Demarez, à l’initiative et la direction du groupe artistique, à imaginer un spectacle futuriste dans lequel s’alternent les instants entre les projections du futur et les souvenirs du passé.

Les deux comédiens dialoguent, autour de leur propre création Si tu me survis,…, sorte de flash back pour les deux personnages de 2046, qui ne sont autre que leurs propres doubles. En plus âgés. En plus étranges. Avec des voix robotisées. Pris par une manière de terminer le spectacle, les Ludo et Mathylde de 2016 sont ancrés dans leur présent, tandis que leurs alter ego de 30 ans de plus sont hantés par le passé.

À quel point sommes-nous hantés par ces « souvenirs qui sortent tous seuls, comme de l’incontinence » ? Et à quel point avons-nous peur de vieillir, de paraître vieux ? La pièce soulève des questions existentialistes qui peuvent se révéler obsessionnelles chez certaines personnes. Le pari est risqué. Une fenêtre ouverte sur un monde en devenir encore très incertain relève presque de la folie au théâtre.

Ça passe ou ça casse. Là, en l’occurrence, ça casse. Passant d’un monde à un autre dans des scénettes parfois incompréhensibles, la confusion règne parmi les différentes expérimentations trop conceptuelles à notre goût. Si la science fiction se prête au dépassement de l’entendement, le genre est régit par des règles comme celle de rester accessible au-delà d’un cadre basé sur de nombreuses hypothèses et d’un pouvoir délirant d’imagination et d’anticipation.

Ici, l’absurde prend le pas sur l’éventuel effort à intégrer le public dans cette dimension parallèle futuriste. On est sceptiques, on tente de se raccrocher à des éléments simples et identifiables, comme la complicité dans les binômes et l’attachement de l’un à l’autre qui se maintiennent encore 30 ans plus tard. Puis on lâche, l’esprit vagabonde puis sombre dans leur folie un court instant par instinct de survie. Avant de se dire que c’est interminable.

Pourtant, l’idée est séduisante et les acteurs talentueux. Mais la déroute ressentie n’est pas de celle que l’on apprécie tant on sort angoissés de n’avoir pas saisi les ficelles tirées par le groupe artistique. L’émotion ne prend pas. Dans la salle, certain-e-s rigolent. D’autres restent de marbre.

Célian Ramis

Mythos 2016 : Quand les ouvrières prennent la parole

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Théâtre de la Paillette, Rennes
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Impossible de passer à côté du spectacle de Mohamed El Khatib, Moi, Corinne Dadat, au théâtre La Paillette les 20 et 21 avril. Un ballet pour une femme de ménage et une danseuse.
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Impossible de passer à côté du spectacle de Mohamed El Khatib, Moi, Corinne Dadat, joué au théâtre La Paillette les 20 et 21 avril, à l’occasion du festival Mythos. Un ballet pour une femme de ménage et une danseuse, dont les corps sont leur principal outil de travail.

Blouse de travail, sac poubelle à la main, Corinne Dadat, femme de ménage, trône déjà au milieu de la scène, accompagnée de Mohamed El Khatib, metteur en scène, et Elodie Guezou, danseuse et contorsionniste, lorsque le public entre dans la salle. Sur l’écran, des phrases défilent, provoquant déjà quelques rires des spectatrices et spectateurs :

« Le « capital sympathie » de Corinne Dadat s’élève à 164 / Le « capital talent » de Corinne Dadat s’élève à 42 / Le « capital souplesse » de Corinne Dadat s’élève à 7 / Le « capital lexical » de Corinne Dadat s’élève à 8 / Le « capital capillaire » de Corinne Dadat s’élève à 25,8 / La capacité de Corinne Dadat à sublimer son quotidien : élevée. »

Et précise enfin que la protagoniste « n’a pas été maltraitée pendant son exploitation ». Elle mesure 1m68, pèse 70kg, aura 54 ans la semaine prochaine, a 4 enfants, gagne le SMIC – en conjuguant des ménages dans un lycée à Bourges mais aussi chez des particuliers, notaires, magistrats, etc. ainsi que des baby-sitting en guise d’extras – a un physique pas facile, fume 1 paquet / 1 paquet et demi par jour.

Elle ne dit pas bonjour quand Mohamed El Khatib la croise dans l’enceinte du lycée, lors d’une édition du Printemps de Bourges. Quand il lui demande pourquoi, elle lui répond qu’il ne peut pas imaginer le nombre de fois où les gens ne lui ont pas rendu la politesse. C’est le départ de cette création. Une rencontre qui va donner lieu à un spectacle insolite, un portrait documentaire et une critique sociale.

L’idée est de transmettre au public le quotidien et le vécu de cette femme de ménage désillusionnée.

« Je me lève à 5h du matin, c’est pour tenir un balai dès 6h, jusqu’à 19h/19h30. Ça m’arrive d’y penser en dehors, d’en rêver. »
confie-t-elle en interview.

Mais ce qu’on ne peut pas lui enlever, c’est son piquant, son répondant, son humour et son auto-dérision.

Et sa capacité à monter sur scène, sans trembler : « Quand Mohamed m’a parlé de son idée, j’ai dit ok on y va. Ça marche, ça marche, ça ne marche pas, ça ne marche pas ! Je n’ai pas peur du côté voyeuriste. Vous savez les femmes de ménage, on est les femmes de l’ombre. On sait qu’on est là mais on ne nous connaît pas. »

Elle n’a pas sa langue dans sa poche, un caractère bien trempé, et est bien décidée à parcourir les villes de France, mais aussi d’Angleterre et de Belgique, pour jouer la pièce. Même si elle ne se souvient pas toujours de son texte ou qu’elle n’arrive plus à faire certains mouvements, son corps la tiraillant. Et ce point-là, le metteur en scène s’en saisit pour délivrer un témoignage percutant autour de la condition ouvrière et prolétaire.

Il établit alors une comparaison avec le corps d’une danseuse. Les mouvements répétitifs de la femme de ménage résonnant comme une chorégraphie. C’est ainsi qu’Elodie Guezou intègre le spectacle. Elle a 24 ans, pèse 47kg, danse depuis ses 7 ans, n’a pas d’enfant, n’en aura surement jamais à cause de son activité physique, n’a pas de crédit revolving, pas de plan de reconversion non plus. Elle livre cet autoportrait poitrine au sol, fesses en l’air et pieds au dessus la tête. En off, elle précise avoir été malmenée par sa professeure à l’école de cirque qui tirait sur son corps.

Elles vont toutes les deux se livrer à des démonstrations aussi cyniques que drôles, l’humour s’intégrant à la partition avec tendresse et ironie. C’est là que le spectacle interpelle. Cette frontière entre esprit décapant et bienveillance est troublante. On rit. Mais pourquoi ?

Parce que Corinne Dadat est comparée à une danseuse mais quand « je nettoie les chiottes, personne ne m’applaudit à la fin » ? Parce qu’elle avoue ne pas être favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne parce qu’ils ont une autre mentalité que nous et qu’ils vont nous piquer du travail quand on n’a pas ? Parce qu’elle n’a pas « encore » voté FN ? Ou parce qu’elle préfère la musique de Schubert à celle de Sardou ?

Parce qu’Elodie Guezou avoue qu’elle n’a pas « encore » été sodomisée ? Ou parce qu’elle passe la serpillière avec ses cheveux et son corps ? Ou encore parce qu’elle bouscule le metteur en scène, talent émergent des auteurs issus de l’immigration ?

Après l’instant trop court de délectation d’un spectacle humoristique en surface, le fond de la pièce glace le sang. Et mérite son ovation, son succès. Comme l’analyse la danseuse contorsionniste, Mohamed El Khatib ne réduit pas les deux personnages à leurs corps meurtris par des professions physiques et ingrates :

« On a la parole dans ce spectacle qui cherche à voir comment mon corps peut parler avec le vécu et la pratique de Corinne. »

On est pris entre le manque d’espoir évident, la fatalité d’un lendemain morne et sombre et les sourires des deux femmes sur scène. Leur manière d’accepter leur quotidien. Leurs conditions. Entre courage ou lâcheté, on hésite. Mais ce n’est peut-être pas là la finalité du propos. Peut-être faut-il se libérer de tous nos jugements pour n’y voir qu’une simple réalité et un spectacle inspirant.

Aujourd’hui, Corinne Dadat rêve à nouveau. Jouer la pièce sur l’île de la Réunion. Là où habite son fils. Là où elle veut s’établir une fois à la retraite. « Mais bon, la retraite, je sais même pas quand c’est. Ça fait 37 ans que je travaille, c’est tout c’que j’sais. Tu sais toi à quel âge j’aurais la retraite ? », lance-t-elle à la chargée de production. On ne pose pas la question à Elodie Guezou qui pour l’instant n’est « même pas assez connue pour jouer ses productions ».

Célian Ramis

Mythos 2016 : Fascinante figure de mère, bourgeoise et catho

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Théâtre de la Parcheminerie, Rennes
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Le 20 avril, à l’occasion du festival Mythos, Marine Bachelot Nguyen, David Gauchard et Emmanuelle Hiron dévoilaient une partie du cheminement invoqué dans la pièce Le fils, au théâtre de la Parcheminerie.
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Quand d’une idée originale de David Gauchard né un texte de Marine Bachelot Nguyen, sur la réflexion d’une mère bourgeoise et catholique, lu par Emmanuelle Hiron, la création avoisine le docu-fiction subtil et coup de poing. Le 20 avril, à l’occasion du festival Mythos, le trio dévoilait une partie du cheminement invoqué dans la pièce Le fils, au théâtre de la Parcheminerie.

David Gauchard, metteur en scène, collabore pour la première fois avec l’auteure et metteuse en scène Marine Bachelot Nguyen. Et l’avant-goût qu’ils nous proposent ce mercredi à la Parcheminerie est délicieux. Poignant, criant de vérités, original et intelligent. L’écriture est franche et sincère, teintée d’humour et d’émotions. Basée sur un fait d’actualité aussi terrible qu’intéressant, sociologiquement parlant, elle nous emporte dans une histoire qu’on voudrait être inventée de toute part.

Cette histoire, David Gauchard en est à l’initiative dans le processus de création. En 2011, en allant chercher sa fille à l’école, il est marqué par un événement. Dans la rue St Hélier à Rennes, l’accès est bloqué. Et pour cause, le 10 novembre se joue une pièce de Castellucci jugée blasphématoire par le mouvement Civitas qui manifeste son mécontentement de la place de Bretagne au TNB.

« De ce mouvement jusqu’à la Manif pour tous, j’avais envie de raconter ça. On discute donc avec Marine depuis 6-7 mois. La fin est encore à inventer. Mais on voudrait le présenter avant mai 2017 et les élections. », explique-t-il avant de laisser la parole à Marine Bachelot Nguyen, elle-même marquée par l’événement en question et engagée pour les droits des femmes et des LGBTI :

« Je suis intéressée par la socio-politique, le documentaire et la fiction. Et ça m’intéresse aussi la question du glissement idéologique et de la radicalisation dans les milieux de droite. Voir comment on raconte ça ensuite. »

Deux jours avant la présentation de la pièce Le fils, la comédienne Emmanuelle Hiron - dont le spectacle documentaire Les résidents était présenté l’an dernier lors du festival Mythos à l’Aire Libre - a eu connaissance du texte, qui devrait ensuite être accompagné en musique par une création d’Olivier Mellano.

UNE FEMME QUI SE RACONTE

Elle va se glisser, 35 minutes durant, dans la peau d’une femme mariée, pharmacienne, qui devient mère à 22 ans puis à 24 ans. Deux garçons, Olivier et Cyril. L’un est né par voie naturelle, l’autre par césarienne. Elle se souvient et raconte ses accouchements. Comment son mari a promis d’être un père moderne sans jamais oser de changer une couche.

La famille va à la messe, tous les dimanches « par tradition, par conviction, pour la représentation. » Ses enfants grandissent, deviennent des ados, s’éloignent. Elle questionne son rôle de mère, sa présence peut-être insuffisante dans leur éducation, à cause de son implication dans la pharmacie. Elle avoue l’ambivalence de son statut. Celle qui la fait aimer passionnément ses fils, en être fière, et celle qui la fait les détester en même temps.

Et elle s’interroge : comment a-t-elle glissé du perron de l’église au boulevard de la Liberté ? La suite de l’œuvre décortique les effets et les conséquences de sa présence à la manifestation, à la « prière de réparation ». Sur ses fils également. L’un étant présent dans le mouvement contestataire. L’autre étant à l’intérieur du TNB et assistant à la représentation. Et qui juge le spectacle chrétien, a contrario de ce qui est scandé dehors. « Le Christ est magnifié. Ça parle de la foi qui parfois nous abandonne mais le Christ lui est toujours là. (…) Va voir le spectacle, juge par toi-même. », dira-t-il à sa mère.

UNE FEMME QUI S’ÉLÈVE

Dès lors, la protagoniste sympathise avec la femme d’un médecin, qu’elle admire jusqu’alors. Une sorte d’élévation sociale dans sa vie et son quotidien de femme bourgeoise et commerçante. Elle fréquente un groupe de femmes qui discutent bioéthique, parlent IVG, de l’atrocité que subissent celles qui le vivent, elle admire « ces femmes et leur aisance » et fait retirer son stérilet, « geste d’ouverture à la vie ».

En parallèle, son fils ainé se radicalise et vote FN en 2012. Elle minimise, même si elle trouve ça un peu extrême, un peu choquant.

Un an après la procession de Civitas, elle intègre la Manif pour tous, s’investit dans ce mouvement qui prend de l’ampleur et qui prône la différence de droits entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels. Contre le mariage homosexuel et surtout contre l’accès de ces couples à la famille.

Elle s’exprime à la tribune, est transcendée par l’énergie du rassemblement, elle exulte, se sent belle, revigorée. Elle reprend vie dans le regard de son mari, avec qui la vie sexuelle s’était mise en veille. A présent, il la regarde, l’admire et ressent « une poussée de virilité provoquée par sa métamorphose. » Ils font l’amour, passionnément.

La suite est à écrire, à inventer. Mais l’essence de la pièce est posée. Et elle promet une création aboutie et passionnante. Le regard présenté à travers les yeux et les réflexions de cette mère est prenant et stimulant. Il invite à comprendre les mécanismes des glissements idéologiques et de la radicalisation.

UNE FEMME QUI S’ACCOMPLIT

Pour l’auteure, il était important « de regarder ce qui peut être à l’œuvre, ce qui se joue, car on est des êtres complexes. Cette femme, elle se réalise, elle vit un accomplissement. » Les discussions entre David Gauchard, Marine Bachelot Nguyen et maintenant Emmanuelle Hiron sont riches. De leurs histoires intimes et personnelles, leur ressenti sur les événements, les nombreux articles, recherches, entretiens trouvés et réalisés, résultent Le fils et l’envie d’en parler, de le mettre en mots et en scène.

A la demande du metteur en scène, la pièce est un monologue de mère, de femme. Marine Bachelot Nguyen s’en empare et en fait quelque chose de résolument engagé et politique. Ce projet auquel elle se met au service lui parle. Mais le cœur du sujet de la Manif pour tous lui reste incompréhensible. Un mouvement contre des droits, une communication extrêmement bien construite, grâce à des gros moyens financiers, une homophobie exacerbée, libérée, décomplexée.

Celle qui travaille sur l’intersectionalité des luttes, le féminisme et le racisme, se passionne pour les rapports de domination en tout genre, et ici pour le rapport de classes.

« Ce qui m’intéresse aussi, ce sont les monologues de femmes idéologiquement à l’opposé de moi. Comme j’avais fait pour un spectacle sur Cécilia Sarkozy. Il y a un truc qui m’intrigue chez ces femmes cathos. »
confie Marine Bachelot Nguyen.

Dans la Manif pour tous, elle observe des gens « extrêmement caricaturaux » mais également « des personnes qui nous ressemblent, des jeunes, des gens de 35-40 ans ». C’est cette figure « proche de nous » qui la saisit et qu’elle délivre dans cet extrait très bien écrit. Une femme pour qui on peut éprouver de l’empathie. Et une femme qui fait un effort d’introspective, de recul sur sa vie et qui ne nous épargne pas des passages que la norme a décidé tabous.

« On a tous des petites lâchetés au jour le jour. Des choses où on se dit « bof, c’est pas si grave ». Après il y a les conséquences. La pièce parle de sa réalisation à elle. De mère de famille à militante. Elle se réalise, s’épanouit. », explique Marine Bachelot Nguyen. Nous, on est séduit-e-s, subjugué-e-s, par l’ensemble du projet, on adhère illico.

Célian Ramis

La création, à la base de la passion

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Festival Mythos, Rennes
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L'auteure autrichienne Elfriede Jelinek n’épargne pas les femmes, ne les place pas en victimes. Elle les somme de se réveiller. Le duo de la Compagnie KF s'empare de cette énergie pour leur nouvelle création, Les Amantes.
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Actuellement en pleine création de leur prochain spectacle, Les amantes, inspiré du roman d’Elfrielde Jelinek, Camille Kerdellant et Rozenn Fournier, toutes deux fondatrices de la compagnie KF, en présenteront une lecture lors du festival Mythos, le 21 avril à la Péniche Spectacle.

Elles se sont rencontrées en 1998. Et ont monté leur premier spectacle Quelques fois je suis la pluie en 1999. Entourées de Christophe Lemoine à l’écriture, elles ont eu envie d’un conte sur le désir féminin, de parler du rapport au père et à la mère. Rozenn Fournier à la mise en scène, Camille Kerdellant sur le plateau. « Nous avons composé, tricoté, fabriqué avec ce que Christophe écrivait. Nous ne voulons pas utiliser des textes de théâtre mais des matières textuelles à aller chercher ailleurs. », explique Camille Kerdellant. C’est l’essence même de la compagnie KF. Un laboratoire de recherches basé sur l’envie du duo d’être libre avec leurs désirs et leurs pensées.

Et sur cette nécessité qu’elles ont à s’approprier les formes d’écriture, de narration, et d’en faire des pièces singulières, leur travail ne ressemble à aucun autre. En plus de 15 ans, elles ont fait leurs armes et expérimenté diverses formes de spectacle à travers Qui exprime ma pensée, Dans la cendre du ciel, ou encore Homme. Toujours entourées d’autres artistes professionnel-le-s, elles portent à bout de bras des propositions hybrides, souvent à visée sociale.

NE PAS SE PERDRE EN ROUTE

Mais la fatigue se fait ressentir. Rozenn Fournier et Camille Kerdellant, pour ne pas s’enchainer à un processus de production et diffusion incessant et insensé, ont besoin de respirer. Les bouffées d’air frais, elles les prennent dans divers projets avec d’autres compagnies.

« Ce n’est pas facile de tenir une compagnie quand on a peu de moyens, souligne Camille. On ne trouve pas forcément de plaisir dans la production. Nous avons surfé sur cette énergie pendant 3-4 ans mais on a accumulé beaucoup de fatigue, nous avons préféré avoir d’autres expériences et se retrouver ensuite ! ».

Rozenn Fournier acquiesce. S’éloigner du plateau creuse un fossé avec l’esprit qui les anime : la conception, la confrontation au public, le partage. C’est en 2009 à l’occasion du festival rennais Les Scriludes, autour de la correspondance, que Camille Kerdellant fait renaitre la relation épistolaire entre Grisélidis Réal, prostituée, et Jean-Luc Hennig, journaliste. Puis poursuit cette liaison dans une forme plus aboutie. La création est auto-produite, le budget inexistant, les dates pleuvent et le spectacle Grisélidis ou la Passe Imaginaire sillonne les routes de France : « C’est extra : faire son travail, jouer, rencontrer le public ! »

PLAISIR DANS LA CRÉATION

Les deux artistes renouent alors avec l’envie de simplicité et montent ensemble Ma famille, qui rencontre un franc succès et prend son envol. La pièce, qui aborde la place de l’enfant dans le monde d’adulte avec cynisme et clairvoyance, continue d’ailleurs à être jouée, que ce soit sur des scènes nationales ou chez l’habitant-e. La compagnie KF poursuit son chemin libertaire et ambitieux.

Depuis un an, elle œuvre à la conception d’une nouvelle création, Les amantes, qu’elles présenteront en 2017. Parmi leurs lectures et envies, elles ont sélectionné le roman d’Elfriede Jelinek, dont la pièce porte le nom. Elles l’ont lu et relu ensemble. Sur 5h, il faut maintenant ne conserver qu’1h environ. « Tout en gardant l’écriture et la substance riche de l’œuvre ! », tient à rappeler Camille Kerdellant.

Car évidemment, l’ouvrage de l’artiste autrichienne recèle de particularités littéraires. Une force et une singularité dans l’écriture. L’écrivaine, féministe, s’inscrit dans la contre culture de l’après guerre. Elle décide de rester dans son pays mais d’inventer une langue à elle.

Ce qui envoute Camille, c’est sa façon de fabriquer des mots chocs. De juxtaposer « des choses sirupeuses avec un langage très cru, elle peut parfois être vulgaire ». Ce qui séduit Rozenn, c’est le manque de ponctuation et de repères dans la typographie. Le fait de passer de l’auteure, au narrateur à un personnage périphérique sans s’y attendre. « Le passage du récit à l’incarnation du personnage est excitant. C’est très stimulant pour nous ! », s’enthousiasme-t-elle.

RETOUR À LA PASSION

Alors qu’elles débutent une semaine de travail au théâtre de Poche à Hédé, où elles liront une version des Amantes le 21 mai lors du week-end « Plumes et goudrons », elles pourraient parler sans s’interrompre de l’œuvre qu’elles décortiquent et analysent afin de saisir des bribes de formes potentielles.

Elles travailleront cela également avec Marine Bachelot, dramaturge (dont on pourra découvrir la création Le fils, sous forme de lecture, le 20 avril à 11h15 au théâtre de la Parcheminerie à Rennes, à l’occasion du festival Mythos), Gaëlle Héraut, chorégraphe, ou encore David Manceau, compositeur. En attendant, elles retroussent les manches de leurs méninges et se lancent à bras le corps dans le fond de l’ouvrage qui met en lumière le destin de 2 jeunes femmes reliées par une usine de sous-vêtements. 

Animées par la rage d’échapper à leur destin, elles vont faire preuve de force, ténacité et de pugnacité pour obtenir ce qu’elles veulent : trouver un homme, se marier et faire des enfants. Si l’histoire se déroule en Autriche dans les années 70, le duo KF ne conservera toutefois pas les références historiques « si ce n’est l’idéal qu’elles se projettent avec la cuisine aménagée et l’électroménager », précise Rozenn Fournier. La finalité de leurs luttes relate un idéal, précisément, qui ne semble plus d’actualité. Qui choque aujourd’hui. Et pourtant…

Mais l’intérêt n’est pas là. Rozenn l’affirme :

« Cet idéal, on ne le comprend pas. Mais on est interpellées par leur façon de se battre. Elles sont capables d’être humiliées, se trainer dans la boue, devenir pire que des carpettes. C’est très cynique de la part de l’auteure ! Elle met un gros coup de pied au cul ! »

Elfriede Jelinek n’épargne pas les femmes, ne les place pas en victimes. Elle les somme de se réveiller. « J’aime son angle de vue pour nous alerter, éviter ce genre de glissement. Même si ça me heurte car c’est violent. J’aime son énergie et la force avec laquelle elle réveille les femmes. », conclut Camille Kerdellant.

Premières sonneries prévues le 31 mars à l’ADEC, Maison du théâtre amateur de Rennes, et le 21 avril à la Péniche Spectacle pour la 20e édition du festival des arts de la parole, Mythos.

Mythos

Mythos : 20 ans et des places à gagner

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Du 15 au 24 avril, le festival des arts de la parole fête ses 20 printemps à Rennes, dans le parc du Thabor mais aussi dans les salles culturelles de la capitale bretonne et de ses environs.
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Du 15 au 24 avril, le festival des arts de la parole fête ses 20 printemps à Rennes, dans le parc du Thabor mais aussi dans les salles culturelles de la capitale bretonne et de ses environs.

L’édition promet d’être riche tant dans les découvertes que dans les habitués du festival. Et les artistes féminines auront voix au chapitre durant ses 10 ans dédiés aux arts de la parole. De Dorothé Munyaneza à Stéphanie Chêne en passant par Marine Bachelot, Léone Louis ou encore Adèle Zouane, pour le théâtre, et de Izia à Claire Diterzi en passant par Jain, Deluxe et Jeanne Added, pour la musique, le programme varie les plaisirs.

Des places sont à gagner pour les spectacles suivants :

• Moi, Corinne Dadat – Mohamed El Khatib / Cie Zirlib 

Corinne Dadat est femme de ménage au lycée Sainte-Marie de Bourges. Elle nous confie qu’elle n’a pas de perspectives de reconversion. Non pas en raison de son âge, qui constitue pourtant un sérieux frein dans le contexte économique actuel, mais à cause de son incapacité à appréhender l’outil informatique. Avec Moi, Corinne Dadat, Mohamed El Khatib signe un poème documentaire vivant, un ballet pour une femme de ménage et une danseuse. Une confrontation entre les savoir-faire de deux travailleuses dont le corps est l’instrument de travail.

3 places pour la représentation du 20 avril à 21h, au théâtre de La Paillette.

• Si tu me survis… - Clinic Orgasm Society

Ludovic Barth et Mathylde Demarez se lancent dans une aventure peu ordinaire. Ils partent à la rencontre de deux individus qui n’existent pas encore, qui les attirent autant qu’ils les craignent : eux-mêmes dans trente ans. C’est ainsi qu’à quatre, ils vont instaurer une sorte de dialogue intergénérationnel impitoyable, une ode sauvage à la vieillesse et à la pulsion de vie. Un cri lancé faisant s’entrechoquer de façon brute l’optimisme de l’utopie et de l’imagination avec le pessimisme de notre époque.

2 places pour la représentation du 21 avril à 21h, au théâtre de L’Aire Libre.

• Paradoxal – Marien Tillet / Cie Le cri de l’armoire

Le sommeil pose autant la question de l’endormissement que celle de l’impossibilité de s’endormir. Ces agitations dont nous faisons preuve de temps à autre, ces espaces où la réalité et le songe s’interpénètrent comptent parmi les causes de certaines psychopathologies, visions et autres divinations. Marien Tillet explore entre délire onirique et réflexion philosophique la zone fragile qui sépare le rêve de la réalité. Imaginons que cette frontière sibylline soit en fait un vaste territoire. Le doute est permis.

3 places pour la représentation du 22 avril à 21h, au théâtre de La Paillette.

 

Pour gagner les places, merci de nous indiquer par mail à redaction@yeggmag.fr votre nom, prénom et le spectacle qui vous intéresse. Les places seront à retirer sur liste à la billetterie de chaque spectacle.

Célian Ramis

Looking for Alceste, enquête sur les misanthropes modernes

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Théâtre de l'Aire Libre, Saint-Jacques-de-la-Lande
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Qui sont les misanthropes d’aujourd’hui ? Ces individus qui, selon la définition, détestent et méprisent le genre humain, Nicolas Bonneau nous les raconte, entouré de deux musiciennes de talent, Fannytastic et Juliette Divry.
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Qui sont les misanthropes d’aujourd’hui ? Ces individus qui, selon la définition, détestent et méprisent le genre humain, Nicolas Bonneau nous les raconte avec son écriture et sa singularité, entouré de deux musiciennes, Fannytastic et Juliette Divry, et en compagnie du plus fascinant des misanthropes que la langue de Molière ait connu. Et c’est au théâtre de l’Aire Libre, à St-Jacques-de-la-Lande que l’artiste a dévoilé sa nouvelle création, Looking for Alceste, les 2 et 3 mars.  

De son enfance durant laquelle il jouait avec un copain dans une cabane à sa fête d’anniversaire pour ses 41 ans, en passant par sa rencontre avec Molière à l’atelier théâtre du lycée, par la chute du mur de Berlin et la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Nicolas Bonneau tricote un spectacle puissant, aussi personnel qu’universel. Le conteur, comédien et auteur nous livre, à travers ses yeux d’enfant, d’adolescent et d’adulte quadra, un sujet qui traverse le temps et les sociétés.

Looking for Alceste, sa nouvelle création, est adaptée de l’œuvre de Molière Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux. Ça pourrait être chiant de replonger dans les classiques. Ça ne l’est pas. Car Nicolas Bonneau transpose la problématique posée par le dramaturge, dénonçant l’hypocrisie des hommes et femmes de la Cour, à notre époque actuelle, cherchant à comprendre qui sont les misanthropes modernes. Correspondent-ils encore à la définition philosophique qui en a été faite ?

Il semblerait que oui. La misanthropie survenant à la suite de désillusions profondes, et souvent violentes, de l’être humain, cet art n’est sans crainte pas en voie d’extinction. Le conteur ne se réfère pas à Platon et Socrate mais préfère moderniser la comparaison à l’amitié telle qu’elle est portée par les films de Claude Sautet, cinéaste des années 70.

« Je me méfie des petites lâchetés, des mesquineries, des manquements, des moqueries… », déclare-t-il, incarnant un personnage souvent blessé et trahi par ses ami-e-s. Mais je ne suis pas un ami irréprochable non plus. Pour mes 40 ans, j’ai décidé de prendre de la hauteur. »

À LA RECHERCHE DES ALCESTE

De là nait le misanthrope, au départ bercé d’illusions et d’espoirs en une Humanité qu’il voudrait voir blanche, la noirceur apparente le portant à la haine envers le genre humain. Bonneau, dans Looking for Alceste, ne va alors ni copier le personnage de Molière ni singer Luchini qui l’incarne et le modernise dans Alceste à bicyclette. Il part à la rencontre des personnes marginales, isolées de la société.

Tout comme dans Ali 74, le Combat du siècle, le comédien-auteur-conteur révèle sa force dans une écriture singulière, composée de tableaux et très proche du documentaire. L’artiste nous propose un sujet qui le touche et le fascine et nous embarque avec lui, nous guidant face aux divers personnages qu’il présente, que ce soit l’ancien reclus chez lui entre ses cartes, ses bouquins de philo et ses carnets intimes, l’ermite solaire et solitaire en symbiose avec la nature ou encore l’activiste investie dans la vie de la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes contre le projet d’aéroport.

Sans jugement ni leçon de morale, il raconte leurs modes de vie, leurs états d’esprit et des bribes de leurs parcours. Loin de l’image de l’être monstrueux qu’a pu attribuer la philosophie à la misanthropie, Nicolas Bonneau apporte un discours nuancé de gris dans cette vision manichéenne de la société et de l’humanité. Et on ne peut résister à dire que son spectacle est grisant.

LES FAIRE RÉSONNER

Et le créateur de Looking for Alceste ne se contente pas de nous restituer le contenu des entretiens réalisés lors de son enquête. Avec une pointe d’humour, il les met en scène, les incarne, les poétise, les met en parallèle des mots de Molière, ceux-là même qui « ont résonné en moi », qui ont rejoint « les mots que j’écrivais dans mon journal intime ».

Il crie alors son envie de liberté, d’être soi-même, d’oser être libre, en passant par le divan de la psychanalyse tout comme en s’asseyant dans un pré au cœur d’une société éphémère créée entre misanthropes qui bougent pour un monde supposé meilleur plutôt que de broyer du noir sans agir.  

Pour soutenir cette structure ambitieuse et insolite, Nicolas Bonneau s’entoure de deux musiciennes : Fannytastic, au piano et au chant, et Juliette Divry, au violoncelle. Et c’est là que la création tend à s’envoler vers le grandiose. Si la presse insinuait que le conteur passait dans la cour des grands avec Ali 74, il prouve ici que son talent ne s’arrête pas à une seule pièce et se déplace dans des formes qu’il ne cesse d’inventer.

PRÉSENCES IMPOSANTES

Les deux artistes imprègnent la scène de leur présence particulière, quasi divine, emprunte d’une aura aussi envoutante qu’intrigante et angoissante. Comme une mauvaise augure. Mais aussi comme une bouffée d’air frais, une respiration chaude. Signes de la tension dramatique, elles instaurent un climat baroque sur cette nouvelle œuvre de par le talent de la violoncelliste dont les notes graves flirtent avec la voix puissante et inattendue de la chanteuse.

Fannytastic dévoile son organe vocal que l’on pourrait comparer à celui de l’auteur-compositeur-chanteur américain Tom Waits et manie aussi bien les graves que les aigues à la manière d’une poupée désarticulée et automate. Et son souffle est comme le vent qui s’engouffre doucement dans les branches des arbres peuplant une forêt mystique et mystérieuse dans laquelle règne le calme et la solitude. L’accompagnement musical des cordes frottées ou pincées par Juliette Divry renforce cette atmosphère et fait résonner le texte de Nicolas Bonneau, écrit en collaboration avec Cécile Arthus et Camille Behr, comme une exergue.

Les artistes féminines travaillent de concert avec le conteur, formant ainsi un trio indissociable et indispensable à la beauté et force de la pièce. Chaque personnage est pourvoyeur d’une dose de misanthropie, plus ou moins exacerbée. L’œuvre est éclatante de vérités et Nicolas Bonneau le souligne au commencement de sa création : « Je dis toujours la vérité mais je ne dis pas toute la vérité. »

 

Nicolas Bonneau et Fannytastic présenteront une version acoustique de Ali 74, le Combat du siècle, le 22 avril (Ali acoustique : spectacle d’ores et déjà complet) à l’occasion du festival Mythos, qui se déroulera du 15 au 24 avril 2016.

Célian Ramis

Mythos 2015 : Emmanuelle Hiron brise le tabou de la vieillesse

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L'Aire Libre, St-Jacques-de-la-Lande
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Du 8 au 10 avril, Emmanuelle Hiron a présenté sa nouvelle création, Les résidents, à L’Aire Libre. Un théâtre documentaire qui a l'art d'interroger notre rapport à la vieillesse.
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Pendant trois jours – du 8 au 10 avril – la comédienne Emmanuelle Hiron a présenté sa nouvelle création, Les résidents, au théâtre L’Aire Libre, à St-Jacques-de-la-Lande. Un théâtre documentaire sur les résidents de l’EHPAD de Vezin-le-Coquet, et plus largement, sur le tabou de la vieillesse.

Pendant un peu plus d’une heure, Emmanuelle Hiron est seule sur scène. Elle interprète un monologue philosophique sur la place des personnes âgées dans notre société. Une société pleine de gêne et de rejet face à ses vieux. Derrière elle, un écran sur lequel on découvre les images qu’elle a pu filmer dans l’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Vezin-le-Coquet, là où elle a suivi une gériatre, Laure Jouatel, dans son travail quotidien auprès des résidents.

Le monologue et la projection vidéo se répondent et se complètent, en alternance. Emmanuelle Hiron, dans ce travail de création élaboré avec la compagnie L’Unijambiste, s’appuie sur ce qu’elle a vu, vécu, entendu et ressenti pendant une année à l’EHPAD. Que ce soit au contact des résidents, des familles et de son amie gériatre. À travers cela, elle bâti sa réflexion et surtout son questionnement autour de ces personnes, atteintes de démence, que l’on place dans des maisons de retraite et que l’on tait de nos vies et de nos esprits. Comment expliquer et comprendre le rejet de la société, qui finit par en faire un tabou alors qu’il est de notre lot commun de vieillir ?

Le rapport à la mort est omniprésent dans la pièce Les résidents, tout comme le rapport à la vie. La comédienne, interpelée par la redondance de la question de la « qualité de vie », pose à son tour le sujet sur la table. Que signifie cette qualité de vie ? De quoi parle-t-on quand on aborde la fin de vie ? Peut-on parler de qualité de vie quand on sait que la meilleure option est de faire rester la personne âgée à domicile ?

OBJECTIF ATTEINT

Que l’on adhère ou non à son discours, qui peut s’apparenter parfois à une leçon de morale, elle atteint son objectif : nos esprits s’animent au rythme des interrogations soulevées dans le spectacle et l’envie d’en débattre se fait sentir. La prise de conscience est immédiate, prend pour certains la forme d’un électrochoc et pour d’autres d’une piqure de rappel.

Au fil du spectacle, l’artiste nous place en déroute. Entre son franc-parler et son expression neutre sur le visage, on cherche sa position sur le sujet. Peut-être une manière de ne pas chercher la notre. « Tout le monde a un avis sur la question », affirme-t-elle dès le début. Toutefois, tout le monde n’explique pas ce rejet, ce silence, face à celles et ceux qui deviennent les « boulets » de la société, qui préfère toujours garder en tête l’image de la jeunesse et de la beauté, qui vont de pair.

Culpabilité, responsabilité, rejet, fin de vie, qualité de vie… Les thématiques abordées sont lourdes de sens et Emmanuelle Hiron a la force de ne pas s’en priver, de ne pas se censurer. Elle témoigne ici, en faisant parler son amie gériatre dans sa propre bouche, de son ressenti, de son vécu et de son engagement. Elle replace les résidents, grâce aux extraits vidéos du documentaire, à la fois touchants et (trop) bienveillants, au centre de sa création mais aussi au centre du débat. On ne parle pas de soins, de prises en charge médicales, mais de volontés, désirs et besoins des personnes âgées, parfois, et souvent, aliénées par la démence.

Célian Ramis

Mythos 2015 : Adeline Rosenstein, passionnée et militante

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Thabor, Rennes
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Les 8 et 9 avril, le théâtre de la Parcheminerie accueillait le spectacle-documentaire Décris-ravage d’Adeline Rosenstein. Une artiste qui propose une lecture percutante de l’Histoire de la question de la Palestine.
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Les 8 et 9 avril, le théâtre de la Parcheminerie accueillait, dans le cadre du festival Mythos, le spectacle-documentaire Décris-ravage d’Adeline Rosenstein. Une artiste qui propose ici une lecture originale de l’Histoire de la question de la Palestine.

Avec Décris-ravage, la comédienne Adeline Rosenstein n’aura pas fait l’unanimité. Mais aura suscité la curiosité des festivaliers et réussi le tour de force de soulever de nombreuses questions, à commencer par celle de l’Histoire au théâtre. Comment aborder des faits historiques sur scène, par le biais de l’art ? Sa proposition est originale, conceptuelle parfois, et surprenante, voire déroutante pour qui ne s’y attend pas. Elle parle de spectacle-documentaire, « pas sur le conflit (israélo-palestinien, ndlr) lui-même mais sur la question de la Palestine. », explique-t-elle jeudi midi au micro de Canal b.

Depuis 2009, elle a réuni des témoignages d’occidentaux ayant vécu en Palestine ou en Israël à différentes périodes, autour desquels elle ajoute des extraits de pièces de théâtre historiques en arabe (les extraits ont été traduits en français), traitant des mêmes événements. Privilégier la parole des artistes originaires des pays arabes concernés plutôt que d’orienter le discours et l’Histoire vers la pensée occidentale, c’est le parti-pris de la suissesse Adeline Rosenstein.

L’artiste va alors bricoler une pièce en fonction des éléments récoltés depuis plusieurs années, en 4 épisodes, intelligemment abordés en conférence théâtrale et partiellement illustrés par 4 comédiens (3 femmes et 1 homme) présents sur scène tout au long de la représentation.

Mimes, mises en situation, représentation fictive de la carte géographique de l’Empire Ottoman, mouchoirs trempés dans l’eau violemment projetés contre des planches en bois disposées au fond de la scène… Adeline Rosenstein se lance le périlleux défi de ne rien donner à montrer visuellement, ni photos, ni vidéos, ni cartes physiques, ni documents d’archives. Ce qui lui vaudra peut-être de perdre certains spectateurs, ennuyés de cette conceptualisation étonnante qui appelle à entrer directement dans le propos, et uniquement dans le propos.

Tout repose sur les textes, sur les interprétations des comédiens, sur les intonations, tantôt magistrales et objectives, tantôt cyniques et piquantes. La violence est omniprésente, de la conquête de l’Égypte par Bonaparte à la militarisation des Palestiniens, en passant par la guerre de Crimée et le génocide arménien. Mais de par ses choix artistiques et scéniques, la comédienne ne fige ni la pensée, ni l’interprétation des spectateurs, qui découvrent ou redécouvrent, la source internationale de la question de la Palestine, un tout petit territoire « à partager en 2 peuples mais finalement il y avait un peuple qui n’était plus là. Et ça, on l’a refoulé de nos consciences » - extrait d’un entretien d’un colon arrivant en Terre Sainte.

DES QUESTIONS PLEIN LA TÊTE

Décris-ravage décortique le nœud du conflit « gros de plus de cent ans », le déroule du début XIXe au début XXe, avec un regard militant sur l’Histoire et les histoires vécues dans cette partie du monde, sans toutefois enfermer le public dans un discours moralisateur, et sans porter de jugements maladroits sur les diverses communautés ou religions présentes sur ces territoires. On ressent l’ébullition intellectuelle à laquelle se confronte l’artiste qui attache de l’importance à explorer de nombreux chemins pour en découvrir sans cesse davantage et qui n’hésite pas à remplacer les points d’exclamation par des points d’interrogation, pour emprunter encore d’autres routes non explorées par les Occidentaux (ou qui n’en ont pas encore révéler les crevasses).

Adeline Rosenstein, révoltée depuis longtemps, par la nature de ce conflit, se présente passionnée face au public de la Parcheminerie et presque apaisée, comme délivrée du poids de l’information qu’elle partage, les yeux brillants, pendant les 2 heures de représentation. Entourée de ses comédiens, elle pose la question de l’interprétation individuelle, la responsabilité de chacun à ne pas poser de questions, à agir sans savoir, du poids des Nations ironiquement bienveillantes et désireuses de « fédérer les peuples » en les écrasant, les colonisant, les expulsant, les armant…

Des thèmes violents, dérangeants parfois même, mais qui ont le mérite d’être mis à plat dans ce théâtre de l’Histoire que toute l’équipe porte avec ferveur. S’il est difficile à certains moments de focaliser son attention sur chaque propos ou chaque point développé, Adeline Rosenstein réussit à nous maintenir sur le fil des histoires qu’elle dévoile et à susciter l’intérêt et la curiosité pour le sujet comme pour la forme proposée, qui n'était que le premier volet d'une histoire encore en mouvement.

"Les Anglais prennent la Palestine. Les Français reçoivent un pourcentage sur le pétrole en Irak. STOP, la suite au prochain épisode."
conclut Adeline Rosenstein, dans ce premier Décris-ravage.

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