Célian Ramis

Joséphine s'arrondit, le poids de la comédie

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Cinéma Gaumont, Rennes
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Rencontre avec Marilou Berry, Medhi Nebbou et Bérangère Krief, venus présenter Joséphine s'arrondit en avant-première au cinéma Gaumont de Rennes, jeudi 7 janvier.
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Pour la première fois réalisatrice, Marilou Berry est venue présenter Joséphine s’arrondit, en compagnie de Medhi Nebbou et Bérangère Krief, jeudi 7 janvier au cinéma Gaumont de Rennes. Sortie prévue le 10 février 2016.

En juin 2013, Agnès Obadia adapte au cinéma Joséphine, personnage créé par la dessinatrice Pénélope Bagieu, dans sa bande dessinée du même nom. Marilou Berry en est l’actrice principale. Deux ans plus tard, cette dernière s’entoure de la scénariste du premier volet, Samantha Mazeras, et d’une partie de l’équipe d’acteurs, dont Medhi Nebbou et Bérangère Krief, et passe derrière la caméra pour réaliser la suite des aventures de Joséphine.

Au chômage, hébergeant sa sœur dépressive depuis qu’elle a fui son mariage, entourée de sa bande d’ami-e-s, elle a trouvé l’amour et vit en ménage depuis 2 ans. « C’est un couple qui marche, un couple très amoureux. Ils sont un peu dans leur monde, décalés, s’en foutent presque du reste », précise Medhi Nebbou, qui à l’écran incarne Gilles, le compagnon de la jeune femme. Ensemble, ils vont vivre l’expérience de la grossesse.

ANGOISSES DE GROSSESSE

« Ce n’est pas un film sur les mamans, mais sur les angoisses et les projections des futurs parents », explique Marilou Berry. L’occasion d’aborder le couple sous l’angle du bouleversement dans la relation à deux à travers les ressentis individuels. « L’arrivée d’un enfant pose de nouvelles questions. Cela révèle celui qui veut être rassuré, celui qui ne veut pas être rassuré, celui qui a besoin de rassurer… », signale Medhi Nebbou, rejoint par la réalisatrice qui précise : « Ça va permettre à Gilles de penser à lui, de s’énerver, de pouvoir être égoïste. C’est important aussi dans la vie. Et à Joséphine de, pour une fois, penser moins à elle… »

Peur que l’enfant naisse sans bras, qu’il ne l’aime pas, qu’il hérite de son cul (disproportionné selon les normes de beauté, dans le premier épisode), de devenir comme sa mère… Joséphine s’arrondit dévoile un florilège d’inquiétudes aussi rationnelles qu’absurdes autour d’une femme « attachiante mais attachante quand même » pour Marilou Berry et de son compagnon parfait qui va s’affirmer dans sa personnalité à l’approche de l’accouchement.

COMÉDIE (TROP) LOUFOQUE

Une comédie loufoque, selon l’acteur principal, novice dans ce registre-là. « J’ai eu des choses à jouer qui étaient assez extrêmes. C’est comme le saut en parachute quand on n’en a jamais fait. Ne pas être drôle c’est inquiétant. Mais finalement, on enlève le harnais et c’est jouissif. » Il insiste : il s’agit là d’une comédie déjantée sur un sujet universel. Ainsi, les péripéties gonflées de stéréotypes et de névroses en tout genre s’enchainent, sans trop laisser le temps aux spectateurs-trices de souffler, étouffant les quelques éléments comiques qui sont, hélas, poussés à leur paroxysme, créant une overdose dans l’exagération.

Dommage car la réflexion initiale, sans être novatrice, est intéressante et libère les complexes et tabous que l’on pourrait avoir dans la projection d’une grossesse. « Pas besoin d’être maman pour avoir des angoisses », souligne Bérangère Krief. Pour coller au rôle, Marilou Berry s’inspire donc de vidéos sur le sujet, se renseigne auprès de son entourage, sans toutefois échanger avec Josiane Balasko, sa mère à la vie comme à l’écran : « Qui de mieux que ma mère pour jouer ma mère ? Je serais incapable de jouer un autre rôle avec elle, de jouer une inconnue pour elle… (…) Je n’ai même pas pensé à lui demander si elle avait eu des angoisses lorsqu’elle était enceinte car ce ne sont certainement pas les mêmes inquiétudes qu’aujourd’hui. Je suis une enfant des années 80. »

L’actrice-réalisatrice travaille actuellement à un nouveau long-métrage, dans le registre de la comédie d’aventure, et avoue ne pas savoir ce que deviendra son personnage de Joséphine. L’envie de poursuivre à ses côtés est présente et envisage, en plaisantant, un « Joséphine et Gilles divorcent ». La suite logique d’une vision cynique de la vie à deux ?

 

Célian Ramis

Et la rencontre créa l'oeuvre

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Centre culturel colombier, Phakt, Rennes
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Actuellement en résidence au PHAKT, la commissaire d’exposition Raphaële Jeune est en passe de conclure son projet « L’événement ou la plasticité des situations ».
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Actuellement en résidence au PHAKT – centre culturel Colombier, la commissaire d’exposition Raphaële Jeune est en passe de conclure son projet « L’événement ou la plasticité des situations ».

Dernière phase de la résidence qui a déjà expérimenté la collaboration de Nico Dockx puis de François Deck : l’exposition de l’artiste-chorégraphe israélienne - depuis 2007 installée à Bruxelles - Adva Zakaï. Depuis le 13 novembre, elle présente au PHAKT « Last seen standing between brackets – indoors » qui s’achèvera le 18 décembre, avec la performance « on stage » au musée de la danse de Rennes.

LA RENCONTRE

Avant cela, Raphaële Jeune, commissaire d’exposition indépendante, a obtenu un DEA en culture et communication, travaillé dans des musées, des galeries, des instituts français à l’étranger et a été critique d’art. Installée dans la capitale bretonne depuis 9 ans, elle sillonne la France là où les projets l’inspirent comme à Montreuil, la Rochelle ou encore Marseille. Sans oublier qu’elle a également dirigé les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain en 2008 et 2010.

« J’ai adoré cette expérience, c’était un grand format, passionnant. Mais je préfère être indépendante, rester mobile et pouvoir vivre de « vraies » rencontres avec les artistes. C’est frustrant dans ces grosses structures de ne pouvoir creuser un sujet et produire ensemble. », explique-t-elle.

C’est là ce qui l’anime dans son métier, dans sa pratique et sa réflexion :

« De la rencontre, on transforme ensemble. On ne sait jamais ce qui va se passer quand on rencontre une personne. On prend et on donne forme, c’est le principe de la plasticité. »

L’EXPÉRIENCE

À 47 ans, cette passion pour l’interaction de la relation, plus que pour l’issue du travail artistique, fait partie de son quotidien de chercheuse puisqu’elle mène en parallèle une thèse de doctorat, à l’université Rennes 2. Son thème de prédilection : la mise en place de dispositifs.

« La résidence au PHAKT est un laboratoire de recherches sur l’art et l’événement autour du dispositif de présence. On met en présence des gens dans un lieu. », précise Raphaële Jeune. La présence mais aussi l’absence, implicite ou explicite du corps d’Adva Zakaï qui se signale par des lettres projetées sur les murs, formant des mots d’après le langage binaire de l’informatique, mais qui disparaît également des textes dont elle se dégage.

Ensemble, les deux femmes lancent et poursuivent la réflexion autour du devenir de nos corps et des espaces numériques qui ne peuvent les accueillir. En repensant la place des spectateurs-trices et des artistes, Raphaële Jeune entend également au travers de ses projets interroger notre rapport à la rencontre, à l’expérience.

L’INSTANT PRÉSENT ET LA SUBJECTIVITÉ PLURIELLE

Avec Nico Dockx, c’est l’expérience de l’instant présent qui a été primée dans « La psyché de l’univers – Hommage à Francisco J. Varela ». Le monde ici et maintenant, la seconde suivante n’étant qu’un autre recommencement. « C’est la rencontre entre un « je » et un environnement. Chaque instant va être différent. L’instant présent est source de nouveauté permanente. », explique la commissaire d’exposition. Ainsi, une communauté éphémère a été créée autour d’un événement : une cinquantaine de participant-e-s ont cuisiné et mangé ensemble.

Avec François Deck, dans « L’école erratique », c’est la problématique de la subjectivité plurielle qui est posée. Dans la mesure où le numérique capture nos comportements et les analyse via des algorithmes, il en vient à saisir nos goûts et a s’en approcher en nous proposant en permanence des liens vers ce qui nous pourrait nous plaire ou intéresser. Un système qui influence sans cesse le cours de nos vies.

« Je m’intéresse au sujet digital. À ce que l’on est aujourd’hui et au fait que l’on est déjà en partie digitalisés. Qu’en est-il de nous en tant que corps dans un espace qui ne peut accueillir un corps ? »
s’interroge Raphaële Jeune, saisie par la richesse des réflexions approfondies lors de la résidence.

LA DISPARITION

L’artiste israélienne Adva Zakaï vient compléter le travail orchestré par Raphaële Jeune avec un dispositif littéraire interactif et original. Sur les murs, des phrases apparaissent. D’abord des l et des O, puis des lettres, des mots et enfin un enchainement qui crée des phrases, des paragraphes. Et à la disposition des visiteur-e-s, des livres.

Le principe est simple : des lignes de texte qui s’ajoutent au fil des pages. Il faut tourner les pages pour découvrir la deuxième, la troisième, la quatrième phrase et ainsi de suite. Jusqu’à ce que l’artiste s’efface et se détache du texte qui n’existe que par lui-même et non plus avec un-e auteur-e :

« Elle voulait marquer l’accumulation, signifier que les traces ne s’effacent jamais. Et par le gris choisi, elle montre l’impossibilité de faire disparaître la trace. »

« Last seen standing between brackets - Indoors » allie et alimente les pistes de réflexion lancées par les deux premiers artistes, et le trio s’imbrique autour de la pensée et du corps dans l’ère du digital. Adva Zakaï, chorégraphe, se saisira de l’art de la danse pour mettre son corps en mouvement et illustrer la disparition de cette enveloppe charnelle au profit d’une interface plus robotique. La performance « on stage » sera à découvrir le 18 décembre à 19h au musée de la danse, à Rennes.

LE FINISSAGE

Pour conclure la résidence, Raphaële Jeune organise un finissage au PHAKT le 19 décembre, de 14h30 à 16h. À cette occasion, la commissaire d’exposition reviendra sur les actions entreprises, les expositions présentées et l’articulation des projets. François Deck sera présent pour expliquer le processus de « L’école erratique » et Adva Zakaï effectuera une performance de la série « Solo solutions », avant un échange avec le public.

Célian Ramis

Trans Musicales 2015 : Monika, déferlante de bonne humeur

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Parc Expo, Rennes
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Samedi 5 décembre, dernier soir des Trans au Parc expo de Rennes. Monika assure le show et prouve que sa notoriété en Grèce est justifiée de par son talent.
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Samedi 5 décembre, dernier soir des Trans Musicales au Parc expo de Rennes. À peine 1% de femmes programmées sur l’ensemble des 4 halls. Pour chance, mais qui n’excuse en rien cette inégalité, Monika a assuré le show et prouvé que sa notoriété en Grèce, son pays d’origine, était justifiée de par son talent.

Depuis l’annonce de la programmation des Trans, sa chanson « Secret in the dark » – également titre de son 3e album, sorti le 13 novembre – circule. Disco entrainant, on se prête au jeu, on se déhanche et on imagine que son concert sera un enchainement de chansons du genre.

Monika Christodoulou nous prouve que l’on avait tort de penser ainsi. Car la chanteuse grecque dévoile une palette bien plus nuancée et plus complète que cela et gère le rythme de son set de manière à nous la faire découvrir sans lenteur, sans redondance et sans frustration.

Pour son premier concert en France, elle foule la scène des Trans Musicales, accompagnée d’un batteur, d’un trompettiste, d’un bassiste et d’un guitariste. Les sonorités jazzy se mélangent à des premiers morceaux folk rock qu’elle alimente d’une belle voix grave qui résonne dans le hall 3, rempli de spectateurs-trices envouté-e-s par la proposition.

L’ambiance est paisible sur les premières notes. Le public est saisi par la particularité de ce qui pourrait s’apparenter à un hymne porté simplement par la voix, et soutenu par la batterie qui intensifie la profondeur du chant. Monika, debout, droite, main sur le cœur, air grave. On ne peut décoller le regard de la chanteuse et se concentrer sur rien d’autre que la pureté de ce qu’elle renvoie en émotion. Une émotion forte et poignante, renforcée par la vision de son poing serré, tremblant, et de sa musculature contractée.

Elle enchaine en se rapprochant du public, descendant dans l’espace réservé aux photographes séparant le public de la scène, pour une « song d’amour ». Et éloignée de son micro durant une poignée de seconde, elle fait entendre la beauté de sa voix saisissante, à laquelle elle mêle ballade romantique et sonorités traditionnelles, lors d’un instant magique qui marque nos esprits.

De retour sur la scène, elle sonne le coup d’envoi vers des chansons teintées de disco. Musique et danse se mélangent, une bulle se forme autour du hall, le temps s’arrête, on vit l’instant présent sans penser à rien d’autre. Munie de sa guitare, elle balance un disco empli de funk tout en gardant son empreinte vocale rock et soul. Rien ne bascule jamais dans la démonstration et l’équilibre du groove et de l’émotion, transmise à travers une sensation de bien-être, nous fait chavirer.

Le côté Madonna dans Evita à la fenêtre pour entamer « Don’t cry for me Argentina » au début de la chanson « Shake your hands » est magistral et immédiatement suivi d’une rupture dans le rythme du morceau. La voilà qui sautille et parcourt la scène en dansant, derrière les musiciens. Une déferlante de bonne humeur a envahi l’espace de notre bulle et le public, timide au départ, reprend le refrain avec plaisir et enthousiasme.

Son spectacle est fort, percutant, emprunt de sensualité dont elle ne joue pas ni n’abuse dans un jeu de séduction naturel. De la spontanéité, Monika en déborde, rien ne semble too much et on apprécie son lâcher prise, même quand elle oublie les paroles et se ressaisit avec force et rage pour livrer au public les dernières notes de son concert qui se clôt, après l’excellente « Secret in the dark », sur une chanson qui allie une intro sonnant légèrement à la Abba, des airs traditionnels grecs et une partition très rock sur la suite.

Pour son premier concert en France, la chanteuse-musicienne marque les esprits du public des Trans Musicales. Son énergie communicative séduit instantanément et ne nous quitte pas de la soirée. Une révélation qui nous laisse sans voix mais nous emplit d’espoir et d’optimisme.

Célian Ramis

Trans Musicales 2015 : Danse alternative et cinématographique

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La Triangle, Rennes
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Le crew féminin Swaggers livrait une version spéciale et incroyable de leur création "In the middle", au Triangle, le 4 décembre dans le cadre des Danses aux Trans.
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Dix ans que la danse s’invite aux Trans Musicales. Vendredi 4 décembre, le Triangle accueillait le crew féminin Swaggers pour une version spéciale et incroyable de leur création « In the middle ».

Quand le hip hop rencontre l’art contemporain, quand la danse devient un concert, quand le spectacle se transforme en film… La liste pourrait être longue. Car Marion Motin en a sous le pied, dans le bide et dans la caboche et ne cesse de construire de nouveaux univers. Chorégraphe et danseuse, elle est une pointure dans son domaine.

En 2009-2010, elle décide d’insuffler un élan féminin au milieu hip hop, secteur à l’origine – et encore aujourd’hui - très masculin. Ainsi, elle crée le crew Swaggers, composé exclusivement de danseuses. « Tous mes mentors étaient des hommes. J’ai voulu fédérer les femmes, leur permettre de faire des battle entre elles, de s’imposer. », explique Marion Motin.

L’art de s’imposer, elles en maitrisent les rouages pourtant aléatoires, jamais certaines que le succès sera au rendez-vous. Mais leur création, longue de 20 minutes supplémentaires pour les Trans Musicales exceptionnellement (1h au total), est le fruit d’un travail collaboratif et marque surtout un désir de s’affranchir des codes. De ne pas rentrer dans les cases, ni dans les catégories simplistes et réductrices.

SHOW CINÉMATOGRAPHIQUE

De la scène peu éclairée se distingue une silhouette. La salle est plongée dans le noir, le public dans un silence emprunt de curiosité. Une femme, seule, lookée comme une indienne d’Amérique, chante a capella et donne immédiatement le ton. Entre puissance vocale, maitrise de la technique, note d’humour sur fond d’attitude diva, elle est la bande-annonce d’un show innovant et palpitant.

Et c’est sur une chanson des Doors, « This is the end », que les danseuses entrent en scène, presque les unes après les autres, d’un pas lent, parfaitement mesuré. Vêtues de trenchs et de chapeaux, elles nous transportent sur un autre continent, à l’époque des western et des saloon, le ralenti accroissant l’impression de duels à venir.

Tout de suite, le jeu de lumière, flirtant avec les nuances feutrées et brumeuses et maniant le contraste du clair-obscur, nous permet de pénétrer dans un univers fascinant dont l’esthétique se rapproche de celle d’un film expérimental.

Les mouvements sont synchronisés, longs et aboutis, tantôt lents, tantôt accélérés. En permanence pleins d’énergie. Et toujours une danseuse s’en détache, semblant perdre le fil et chercher son équilibre. Corps et esprits momentanément en décalage, les danseuses pourraient être assimilées à des marionnettes dotées de pensées, de réflexions et de libres-arbitres, dont les ficelles invisibles seraient tirées de chaque côté de la scène.

« La base de cette pièce, c’est de trouver notre équilibre, dans nos vies comme dans un groupe de danse. », souligne la chorégraphe du crew. L’équilibre physique comme l’équilibre intérieur. D’où l’alternance des rythmes, qui jamais ne vacille et qui ne cesse de nous laisser bouche-bée, happés par la singularité de cette danse « qui commence ‘straight’ » pour ensuite les laisser disparaître jusqu’à pouvoir se transformer en notes de musique, en instrument, en émotions…

VOYAGE TRANSÉMOTIONNEL

Car les danseuses incarnent leur chorégraphie, dans laquelle plusieurs séquences se succèdent, « comme des minis clips indépendants, sauf que pour nous, qui avons toutes notre histoire, l’ensemble fait sens. » L’atmosphère est envoutante. Il y a de la folie, des corps et des esprits possédés, de la joie et de la légèreté mais aussi de l’aisance, du soulagement, de l’apaisement, du tâtonnement.

Les musiques, comme celle des Pixies, « Hey », appuient et renforcent les sentiments dévoilés et théâtralisés. Sans oublier l’importance des lumières, qu’elles soient faisceaux linéaires et horizontaux, pour ne saisir que des expressions faciales ou des parties du corps insinuant ainsi l’évaporation des danseuses, ou qu’ils soient un rond de battle ou des carrés colorés de show artistique complet. Toutes mettent en valeur des différences et des personnalités propres à chacune des individues présentes sur la scène de la cité de la danse.

Les spectateurs-trices voyagent d’un genre à l’autre, grâce au mélange de danse contemporaine, de hip hop, de krump ou encore de house, mais aussi d’une ambiance à une autre. On passe ainsi du saloon à la plage de sable fin, bordant la Méditerranée. D’une battle hispanique quasi flamenca à une culture plus urbaine d’Amérique du Sud. Pour finir en divas féminines-masculines.

Les Swaggers se jouent d’une dualité entre douceur et urgence et mêlent dans les danses des sentiments personnels exprimés avec justesse et générosité, et parfois même des sourires lâchés par le bien-être du moment et l’adrénaline de la prestation alternative. La signature de Marion Motin ne passe pas inaperçue, puisant dans toutes ses influences et expériences, que ce soit en tant que danseuse aux côtés de Madonna ou en tant que chorégraphe de plusieurs clips de Stromae et de Christine and the Queens.

« Avec eux – Stromae et Christine – je suis dans l’échange. Je donne mon interprétation et ils me donnent la leur. Forcément, cela laisse des séquelles sur ma corporalité et pareil pour eux. », répond la chorégraphe quand on souligne que ces deux artistes sont également reconnus pour la spécificité de leur danse.

La beauté esthétique du spectacle se rend l’égale et l’alliée du talent des danseuses qui maitrisent le mélange des genres en terme de danses urbaines-contemporaines. L’occasion pour elles de s’en affranchir pour les chambouler, et nous au passage. Une découverte qui laisse une trace dans nos esprits, un choc optimiste et bénéfique.

Célian Ramis

Trans Musicales 2015 : L'art de la différence

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Parc Expo, Rennes
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Deuxième soir aux Trans Musicales, premier soir au Parc expo de Rennes. Une programmation éclectique et féminine pour ce jeudi 3 décembre.
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Deuxième soir aux Trans Musicales, premier soir au Parc expo de Rennes. Jeudi 3 décembre, les halls se sont animés au son des concerts éclectiques de la programmation. Et à la venue de quelques artistes féminines.

3SOMESISTERS – HALL 3

C’est le groupe que l’on retiendra dans cette soirée. Anthony, Bastien, Florent et Sophie marquent les esprits de par leur univers singulier et original. Coiffes et boucles d’oreilles bleues, robes-toges et attitudes de divas, la quatuor soigne l’esthétisme de son show et interpelle.

« Au départ, nous n’avions d’envie farouche de travestissement. Nous voulions être dans la tradition des groupes vocaux qui s’appellent « sisters quelque chose ». Et pour cela, il fallait ressembler à des sisters. », rigole le groupe avant d’expliquer l’envie de décalage, de ralliement visuel autour de l’outrancier. Et si leur paraître se teinte d’humour derrière un transformisme réfléchi, le lien et la cohérence avec la musique ne sont jamais rompus : « Car la musique, c’est la base de notre projet. On était bien plus doués pour la musique mais nous avons développé ces créatures en parallèle. »

Dès les premières notes, les 3somesisters imposent le silence. La voix est grave et n’est pas sans rappeler la signature vocale de Depeche Mode. Munis de claviers, de percussions et de voix maniées à souhait, ils mêlent électro, soul et dance des années 90 (le groupe ayant commencé par réaliser des cover des tubes 90’s comme « Free from desire » ou « I like to move it ») et s’en font les ambassadeurs modernes.

Car leurs arrangements ne sont pas restés perchés deux décennies en arrière. Loin de là. La pop transgenre des 3somesisters puise aussi bien dans le baroque que dans les sonorités ethniques et tribales. Les harmonies de leur voix, les polyphonies majestueuses, leur maquillage style aztéco-égyptien, et leurs attitudes de madonnes des banlieues populaires forment un ensemble homogène sans faille, jouant du décalage avec la modernité de leur proposition et entretenant le côté urbain-streetwear.

« On est de partout de par nos origines, de par les milieux dont nous sommes issus. On était tous musiciens. On a chacun fait des musiques du monde. », arbore fièrement le quatuor. Les emprunts ethniques seraient donc la matérialisation de ce qu’ils sont. Et en fin d’interview, Sophie exprime également le bien fondé d’explorer son côté féminin. Ce qu’il apporte va au-delà de la question du sexe et du genre.

« Je suis plutôt masculine à la base et ça m’a beaucoup apporté. On devient alors des individus. Il n’y a plus de distinction. », conclut-elle. 3somesisters, un groupe composé de 4 personnes donc, et non pas de 3 hommes et une femme. C’est ce qu’il en ressort sur scène où chaque diva androgyne est magistrale. Les membres du groupe s’amusent de la théâtralité de leurs personnages, tenant leurs rôles à merveille. Une démarche qui n’est pas incompatible avec le partage et la générosité de leur groove entrainant et enthousiasmant.

 

GEORGIA – HALL 8

Elle aurait pu devenir footballeuse professionnelle, nous signale le programme des Trans Musicales. Mais son amour pour Missy Elliott lui fait prendre la voie de la musique et de la batterie pour accompagner sa compatriote britannique Kate Tempest.

Celle-là même que l’on découvrait l’an dernier, un jeudi soir également des Trans, dans un hall voisin.

La jeune artiste se différencie de la poétesse anglaise dans un hip hop plus épuré et moins émotif. Pourtant, elle ne semble pas manquer d’émotions et d’inspiration mais les contient encore peut-être trop à l’intérieur en faveur d’une puissance vocale largement démontrée.

Georgia est néanmoins loin de n’avoir que sa voix comme talent puisqu’elle a réalisé, seule, son premier album dans lequel elle personnalise son univers. Des sonorités synthétisées, des notes tribales, du trip hop et une voix légèrement criarde, elle souligne très rapidement son style métissé.

Des arguments qui sèment l’incompréhension dans nos esprits face à une émotion peinant à circuler. Pourtant, l’enthousiasme et la présence de Georgia sont au rendez-vous et son envie de le partager avec son public - « le plus gros public devant lequel j’ai joué ! » - apparaît comme une évidence.

On l’attend dans la confidence, dans le déversement de ses tripes, encore trop calfeutré derrière une musique énergique et dynamisante.

Mais lorsqu’elle s’installe à la batterie, le concert prend une autre ampleur. L’énergie monte, l’intensité que l’on attendait s’amplifie jusqu’à exploser.

Georgia, confiante derrière son premier amour musical, lâche prise et nous embarque dans une intimité viscérale sans limite jusqu’à casser une partie de son instrument – « C’est comme ça à chaque fois que je joue de la batterie, je suis une fille puissante » - et lancer ses baguettes dans le public.

« I’m so London », déclare-t-elle, à l’aise, comme soulagée, délivrée d’un poids. De l’appréhension, certainement. Ne reste plus qu’à démarrer son concert de la même manière.

 

QUEEN KWONG – HALL 3

Repérée par Trent Reznor, leader de Nine Inch Nails, la californienne Carré Callaway est Queen Kwong. Une reine déjantée qui assure le show et entretient la caricature de la rockeuse désinvolte et survoltée.

Sur la scène, elle enchaine les allers-retours, d’un pas rapide et énervé, et les mouvements épileptiques d’un corps qui semble envahi et hanté par un trop plein d’émotions. Guitares et batterie crachent d’emblée des notes rock et une énergie puissante s’en dégage.

C’est explosif et furieux, corrosif aussi. Dans les textes comme dans la composition musicale. L’urgence agressive. La chanteuse et guitariste a quelque chose d’impulsif, et semble prête à imploser à cause d’une démangeaison incessante et gênante. Presque invivable.

Hormis une gestuelle qui paraît un brin superficielle, fruit d’une ébullition constante qui peine à jaillir à travers le corps, la musicienne démontre une maitrise de son concert.

Alternant entre sons agressifs et parties plus alternatives, quasi sereines. Entre voix de Lolita, parlé psychédélique et cris de « bad girl ».

Elle manie la puissance de son organe vocal mais également celle de son show, l’intensité n’en finissant pas d’accroître, allant de la scène, à la table du dj set, installée juste devant, pour finir debout sur la barrière de la fosse avant de se laisser tomber dans la foule.

Surprenante, Carré Callaway va là où on ne l’attend pas avec un final un peu mystique, a cappella et alimenté de respirations haletantes, marquant la fin de sa folle course.

 

Célian Ramis

Trans Musicales 2015 : L'électro planante de Louise Roam

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L'Aire Libre, St Jacques de la Lande
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Premier jour des Trans Musicales. Au théâtre de L’Aire Libre, c’est l’artiste Louise Roam qui a nous a régalé de sa musique électro-aérienne.
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Premier jour des Trans Musicales, mercredi 2 décembre. Au théâtre de L’Aire Libre, à St-Jacques-de-la-Lande, c’est l’artiste Louise Roam qui a inauguré la 37e édition du festival et nous a régalé de sa musique électro-aérienne en première partie du groupe Paradis.

Parmi les one-women-bands, on retient Ladylike Lily, Mesparrow, Peau ou encore Tiny Feet pour n’en citer que quelques unes. Respectivement, Orianne Marsilli, Marion Gaume, Corinne Faillet et Emilie Quinquis. On peut maintenant y ajouter Louise Roam, le projet solo d’Aurélie Mestre.

Ce mercredi 2 décembre, sur la scène de L’Aire Libre, elle présente les chansons de son premier EP, dévoilé au printemps dernier, Raptus. Un titre qui présage une musique mouvementée, un raptus désignant une impulsion violente et soudaine pouvant conduire un sujet délirant à commettre un acte grave (homicide, suicide, mutilation, précise Le Petit Robert).

Et l’artiste compositrice-chanteuse-musicienne décolle dès les premières notes de sa première chanson, « Solsken », vers une douce transe. Debout devant un mur d’écrans bleutés qui réduit l’espace scénique de manière à créer un instant intimiste avec le public, elle s’impose, majestueuse, entre ses deux claviers et consoles.

Les sonorités organiques renforcent le côté sombre de l’électro signé Louise Roam qui traduit à travers ses textes et son chant amplifié une sorte de libération. « Je raconte à travers des personnages fictifs, des moments de ma vie. Des moments pendant lesquels j’avais envie de m’échapper d’une réalité. De coller à quelque chose de mystique. C’est une ode à la fuite en avant à travers des moments d’extase. », raconte-t-elle dans une interview accordée au site Sourdoreille (www.sourdoureille.net), le 1er juin 2015.

Pari réussi lorsqu’elle enchaine sur des notes de violon ou lorsqu’elle crée des moments bruts, uniquement à la voix ou uniquement à l’instrumentale. Elle ne se prive de rien, surtout pas d’explosion de sons maximalistes, notamment lors de sa dernière chanson « Raptus » où elle monte en intensité, soutenue par les spots lumineux au plafond et le néon au sol.

Sa scénographie est soignée, rien n’est laissé au hasard. La neutralité de son look, toute de noir vêtue, pantalon, chemise et Doc, et les lumières feutrées et froides de la scène nous concentrent sur les airs, tantôt électro-futuristes, tantôt planants, de sa musique singulière. On se laisse aisément emmené-e-s dans les contrées musicales qu’elle nous propose et qu’elle appelle les soundscapes (« paysages sonores »).

Ce voyage est une initiation à l’inconnue, une découverte apaisante d’une musique pourtant agitée et emprunte d’émotions vives sur lesquelles elle semble prendre du recul et s’en affranchir pour les partager, en toute pureté.

Célian Ramis

Musulmanes : Femmes à part entière

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Cinéma Arvor, Rennes
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Lauriane Lagarde dévoile son documentaire À part entière, le 7 novembre au cinéma Arvor de Rennes, sur les femmes musulmanes de Rennes qu'elle a suivi plusieurs années.
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Pendant plusieurs années, la réalisatrice Lauriane Lagarde a suivi les membres de l’association de femmes musulmanes de Rennes, Al Houda, et de cette immersion elle en délivre un documentaire intitulé À part entière, projeté en avant-première dans la capitale bretonne le 7 novembre, au cinéma Arvor.

Source de clivages et d’amalgames, le sujet n’est pas nouveau. Il intrigue les médias, agite l’opinion publique et fait régulièrement, depuis plusieurs années, l’objet de documentaires diffusés sur Internet ou sur les chaines télé comme LCP, Arte ou encore France 3.

Je porte le voile, de Natasha Ivisic, Ce que dévoile le voile de Négar Zoka, Il y a des femmes sous le niqab de Agnès de Féo, Sous le signe du voile de Hilka Sinning ou encore Femmes françaises et voilées n’en sont que des exemples parmi d’autres et tendent ouvrir le débat, à faire entendre les voix des concernées mais aussi à faire la lumière sur les différences entre les voiles.

Dans un contexte de crise identitaire, le sujet est, semble-til, toujours aussi délicat à aborder et à apprivoiser. Parler des femmes musulmanes sans les réduire à leur choix de porter ou non le voile est-il encore possible ? L’a-t-il déjà été ? La réalisatrice rennaise Lauriane Lagarde n’a pas souhaité poser la problématique en ces termes là.

Et si la question du voile occupe majoritairement l’espace dans son documentaire À part entière (production rennaise – Mille et une films) elle n’en est toutefois pas l’étendard de l’oppression masculine et trouve une ouverture dans ce symbole empli d’histoires personnelles, de ressentis et de vécus.

Les Rennaises musulmanes que Lauriane filme livrent leurs paroles au sein du collectif ainsi qu’à travers leurs individualités et parcours. Entre réflexions, confidences et contradictions, elles dévoilent leurs interprétations et leur rapport à la religion mais aussi aux autres, aux corps et à la féminité. Mais le féminisme peut-il rimer avec l’Islam ? 52 minutes ne suffiront pas à répondre à cette interrogation qui fait rage dans le débat militant. Et là n’est pas l’objectif du film qui se veut un témoin éclairé de l’action de l’association d’Al Houda, sans jugement ni morale.

UNE THÉMATIQUE CHOISIE

C’est en se confrontant à la difficulté pour les croyants musulmans de bâtir une mosquée à Villejean que Lauriane a eu l’idée de se tourner vers les femmes musulmanes et de réaliser un documentaire sonore auprès de Fouzia, une des fondatrices en 1996 de Al Houda.

« J’ai rencontré les femmes de l’association. Elles revendiquent l’égalité entre les sexes. Pour moi, la religion ne nous sépare pas vraiment. Elles rencontrent des difficultés qui leur appartiennent mais je me retrouvais dans ces femmes-là. »
explique Lauriane Lagarde, la réalisatrice.

De fil en aiguille, elle assiste aux réunions, ateliers, cours, actions à destination du grand public. L’objet du documentaire s’oriente rapidement autour des différentes réflexions au sein de ce groupe sur le port du voile, les événements organisés à cette époque, entre 2012 et 2015, étant en lien étroit avec cette thématique, « mais ce n’est pas le sujet principal… C’est ce qui est le plus instrumentalisé et diabolisé en France », assure Marjolaine Peuzin, membre de l’association.

Mais par dessus tout, Lauriane Lagarde désire que la caméra ne soit qu’un biais pour exprimer leurs points de vue. Sans voix off. Et ainsi que le spectateur soit le « seul juge », libre d’analyser et de penser en conséquence.

UN QUESTIONNEMENT PERMANENT

Elles sont de générations différentes. Elles portent un hijab, un foulard, un bandeau, un bonnet ou apparaissent tête nue, chacune se veut libre de son choix et dans son droit. Elles échangent autour des versets du Coran. Et elles s’interrogent. Doit-on porter le voile en France ? Comment vivre sa foi sans heurter les musulmans ou les non musulmans ? Ne se posent-elles pas trop de questions ? Ne se forgent-elles pas leurs propres barrières ? Comment agir pour faire évoluer les mentalités ?

Autant d’interrogations pour une multitude de réponses. Des réponses qui trouvent leurs sources dans leur interprétation des textes sacrés et dans les valeurs inculquées par leur religion, leurs éducations, leurs histoires personnelles, sur lesquelles certaines membres se confient. Entre tiraillements, réalité parfois brutale face à l’islamophobie, discriminations, entre incompréhension et tolérance, elles abordent leurs quotidiens, sans haine, avec douceur et ferveur. Défendant leurs convictions mais aussi leurs conditions de femmes dont elles revendiquent des droits équivalents à ceux des hommes.

DES ESPRITS ET CORPS LIBRES

« À part entière montre de manière fidèle ce que l’on dit, ce que l’on pense, explique Marjolaine. Le film pourra peut-être aider à montrer que derrière les femmes voilées, il y a des personnes. »

Et que sous le voile, il y a des cerveaux, précise la réalisatrice qui défend finalement à travers son travail le droit de revendiquer le choix de porter le voile ou non, d’assumer la religion et de la pratiquer de la même manière. « Elles se réunissent, elles ne sont pas toujours d’accord mais elles se respectent. Elles réfléchissent constamment à leur religion, à ses paradoxes, ses difficultés et se l’approprie. », souligne-t-elle.

Si elle refuse de parler de film sur l’émancipation des femmes, Lauriane Lagarde dépeint ici à travers sa caméra des portraits de femmes libres. Dans leurs esprits et dans leurs corps. Elle jalonne son documentaire de scènes d’expression verbale et d’expression corporelle avec le projet chorégraphique de Morgan Davalan, « travaillant sur l’hybridation identitaire, la rencontre avec l’autre », précise Marjolaine Peuzin.

On voit ainsi plusieurs femmes de l’association, prendre place dans l’espace public. Parées de différents voiles colorés, elles jouent avec le visible et l’invisible. Ce qui est caché et ce qui est montré. Casser l’image du voile qui fige celle qui le porte. « L’idée est de surprendre le spectateur. Ce sont là des corps qui bougent. Le rapport au corps est très important. », conclut la réalisatrice.

Le film sera diffusé en avant-première au cinéma Arvor le 7 novembre à 11h et sur les chaines locales bretonnes (TVR, Tébéo, Tébésud) le 26 novembre à 20h45.

Célian Ramis

Un (Jean Dujardin) + Une (Elsa Zylberstein) = le nouveau film de Claude Lelouch

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Cinéma Gaumont, Rennes
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Elsa Zylbertstein et Jean Dujardin, duo incompatible pour jouer les amoureux ? Le réalisateur Claude Lelouch en décide autrement dans Un + Une, sur les écrans le 9 décembre prochain.
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Elsa Zylbertstein et Jean Dujardin, duo incompatible pour jouer les amoureux ? C’est ce que pense le réalisateur Claude Lelouch, séduit par l’idée de réunir ces deux acteurs « pas faits l’un pour l’autre » à l’affiche de son dernier film, Un + Une, qui sortira sur les écrans le 9 décembre prochain.

À l’occasion de l’avant-première de Un + Une le 26 octobre dernier au cinéma Gaumont, le réalisateur Claude Lelouch, entouré de ses deux acteurs principaux, Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, étaient de passage à Rennes.

« Elsa et Jean ont fait un voyage en avion tous les deux et ont abordé ensemble l’envie de tourner avec moi. Ils ne sont vraiment pas faits l’un pour l’autre, le couple m’a inspiré », se souvient le réalisateur qui compte déjà 45 films à son actif, sourire aux lèvres.

L’Inde sera le décor d’une comédie qui a pour volonté de filmer l’invisible. Une évidence qui apparaît rapidement à Claude Lelouch : « L’irrationnel y est omniprésent. Ce n’est pas le pays des religions mais le pays de LA religion. Pour eux, la mort n’existe pas, cela change complètement le raisonnement. Là-bas, la souffrance est une école, un apprentissage. Et je partage l’intime conviction que l’idée de la mort est tellement idiote ! »

ROAD-TRIP SPIRITUEL

L’amour sera le sujet principal. Une évidence limpide également, une histoire d’amour étant la plus belle métaphore de la vie, selon lui. Pour Jean Dujardin, il s’agirait plus simplement « de la rencontre entre un sceptique et une tarée. »

Et les deux acteurs, non dénués de talents, vont expérimenter sans artifices ni figurants la vie indienne, confrontant « le divin à l’escroquerie, des tricheurs à des gens profondément sincères », souligne Claude Lelouch, rejoint par son acteur principal : « Et la misère ! ».

Sans oublier la philosophie particulière de l’Inde, partant du principe qu’une vie vécue n’est que le brouillon de la vie suivante. Une philosophie qui va devenir le fil conducteur du film et que le réalisateur va intelligemment mettre en exergue avec l’histoire d’Antoine et Anna.

Lui, incarne un compositeur de musiques de film, séjournant en Inde pour une version moderne de Roméo et Juliette, réalisée par un metteur en scène issu de la nouvelle vague indienne. Elle, est la femme de l’ambassadeur de France (interprété par Christophe Lambert), passionnée par la question de la spiritualité, et éminemment séduite par Antoine, dès le premier regard.

MACHISME ET SEXISME BIENVEILLANT

Ensemble, ils vont partager un voyage initiatique à travers l’Inde spirituelle mais aussi au travers d’une rencontre inattendue. Tous les deux bien installés dans leurs couples respectifs, ils vont s’offrir une parenthèse entre attirance et résistance. Entre non-dits et franchise déroutante.

Anna est amoureuse, fonceuse, « allumée, spirituelle, premier degré », souligne Elsa Zylbertstein, encore éprise du rôle qu’elle a joué.

« Avant d’arriver en Inde et de rencontrer son mari, c’était une aventurière. Il la rebranche avec ce qu’elle était. Il la révèle à elle-même. », poursuit-elle.

Antoine, de son côté, est pragmatique, amoureux de l’amour en premier, amoureux de lui-même en second. Il prend la vie avec humour et légèreté et s’embarque dans l’aventure pour fuir quelques démons, notamment une demande impromptue en mariage par sa compagne pianiste (interprétée par Alice Pol) et un caillot logé dans sa tête, lui provoquant des maux de tête.

« C’est un homme. Comme tous les hommes, il a peur des scanners, des maladies. Il préfère tout tenter sauf la médecine. Et puis, il y a pas forcément de raison. Perso, je ferais la même chose, partir sur un coup de tête avec l’ambassadrice, voir ce que ça peut donner. », plaisante Jean Dujardin.

Pas tant que ça. Pour le réalisateur, le film aurait pu s’appeler « Portrait du dernier macho ». Le clown qui s’assagit. L’enfant gesticulant qui devient homme. Un schéma classique propre à la gent masculine, selon Claude Lelouch qui mesure ses propos : « En tout cas, plus que les femmes. Il y a toujours un événement qui fait que l’on devient un homme. »

Il semblerait qu’une femme, à l’inverse, naisse femme et se révèle à travers un homme, venu briser son évolution lisse et stagnante quand elle n’est pas le double – au détail près qu’elle a une poitrine - de l’homme (d’Antoine en l’occurrence), comprendre alors « qui ne fait pas chier, on ne s’embête pas l’un l’autre ».

La femme est naïve, l’homme archaïque. Elle l’aime depuis le début de leur rencontre. Il l’aime peut-être parce qu’elle l’aime. La course poursuite prend des allures de déjà vu, sans modernité, et agace sur la longueur.

Sans oublier plusieurs réflexions illustrant un certain sexisme bienveillant sur les femmes, « qu’il faut mettre en avant » dans le titre Juliette et Roméo, exemple flagrant de grande modernité (le scénario : un voleur de bijou renverse une jeune et belle femme à vélo mais préfère se faire arrêter par les forces de l’ordre pour l’amener à l’hôpital afin de lui sauver la vie. Les deux jeunes vont alors tomber amoureux.).

Si on veut chercher un point positif, on pourrait accorder l’absence de morale et de jugement. En revanche, l’absence de modernité et les déjà vus nous rendent hermétiques au déroulé de l’histoire.

Célian Ramis

La poésie terre-à-terre des Black Leaders sur un album

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Rennes
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Le 6 novembre marquera la sortie du premier album, My Best Friend, du groupe rennais The Black Leaders dont les 11 titres figurent déjà sur la plateforme Qobuz.
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Le 6 novembre marquera la sortie du premier album, My Best Friend, du groupe rennais The Black Leaders dont les 11 titres figurent déjà sur la plateforme de streaming Qobuz. Marie, 34 ans, chanteuse, et Alex, 36 ans, guitariste et compositeur, reviennent sur le parcours éclair et les choix de leur formation musicale.

Dimanche 20 septembre, 15h. Au bout d’un petit chemin, se situe La Passerelle, maison des jeunes qui accueille durant ce week-end The Black Leaders en résidence et propose cet après-midi là aux habitants de Vern-sur-Seiche de venir assister au filage du groupe. À quelques mètres de la structure, on entend déjà le refrain rythmé de « Riding with the ghost », peut-être la chanson la plus entrainante du CD avec « Hello ».

Marie est au chant, Alex à la guitare, Gilduin à la basse, Olive au clavier et Toph à la batterie. Pendant plus d’une heure, la concentration est de rigueur, se dissipant doucement sur la fin du concert au profit d’une ambiance plus détendue. Ils enchainent les morceaux, caractérisés de style « pop-rock assumé », alternant entre les chansons qui figurent sur leur premier album, My best friend, et de nouvelles qui serviront certainement à l’enregistrement d’un deuxième disque, déjà dans les tuyaux.

HISTOIRE DU HASARD

Auparavant, Marie faisait partie d’un autre groupe, amateur, de reprises. Elle s’essouffle un peu, a l’envie de faire des compos mais sans vraiment chercher de formation. À travers l’amie d’amis, elle entend parler d’Alex, qui revient tout juste sur Rennes et cherche une chanteuse, elle passe des essais, concluants, et deux autres musiciens les rejoignent à la basse et la batterie - le clavier étant inclus seulement depuis mars 2015.

En parallèle de leurs activités professionnelles respectives – Marie est sage-femme et Alex, patron d’une entreprise de marketing en ligne - le groupe The Black Leaders est lancé. « On a trouvé le nom par hasard. On avait notre premier concert en septembre 2014 mais nous n’avions pas de nom, il a fallu trouver ça très vite. Alex a proposé quelque chose, l’anglais sonnait bien à l’oreille, et puis TBL, ça se retient bien. Pas besoin de chercher une symbolique derrière. », explique Marie, rejointe par le guitariste qui précise en souriant : « On n’est pas black, on n’est pas des leaders, mais voilà ! »

Des histoires de hasard qui résultent en un ensemble parfaitement léché et travaillé. Une symbiose musicale qui figure indéniablement sur les 11 titres de leur premier opus.

VITE FAIT, BIEN FAIT ?

Les Black Leaders écument les bars, à Rennes, en Bretagne mais aussi en dehors, plusieurs mois durant. Très rapidement, en février 2015, les membres du quatuor d’origine entrent en studio. Alex connaît un producteur, rencontré lorsqu’il était dans un groupe à Paris, Arnaud Bascuñana (Deportivo, M,…).

Ce dernier accepte de se déplacer pour enregistrer et mixer les chansons au studio du Faune, à Montauban de Bretagne. En 7 jours seulement. « Les garçons ont vraiment été le moteur et on s’est donné les moyens. On avait la possibilité de le faire à moindre prix, on a foncé pour faire un vrai album. », précise Marie.

Sans détours, les membres du groupe optent pour cette option après réflexion. Si aujourd’hui la plupart des formations musicales choisissent de sortir un EP avant de se lancer, The Black Leaders se positionne différemment. « Ça a été une vraie question, se demander si on sort un EP ou un album. Mais on n’est pas en manque de chansons et on a décidé de saisir l’opportunité pour faire tout de suite le disque entier. », justifie le guitariste.

Depuis le 20 août dernier, les morceaux sont en libre écoute sur la plateforme Qobuz. Au risque de moins vendre l’objet CD, un point qui ne semblent pas les inquiéter : « Le risque, c’est de le mettre sur trop de plateforme, précise Alex. Et je crois que les gens veulent encore acheter les albums. ». Le résultat est pro et on se délecte de l’enchainement du disque rythmé par des musiques pop-rock qui naviguent entre dynamisme, espoir, mélancolie et désillusion.

Un savant mélange appuyé par la voix singulière de la chanteuse qui vient trancher ou au contraire adoucir les notes délivrées par la guitare et la basse, et parfois même par le violon, ou s’accorder harmonieusement avec le clavier (Olivier a enregistré « 1000 Giant Waves » en studio avec le groupe).

UNE VIE BIEN RYTHMÉE

Les musiciens des Black Leaders ont tous de l’expérience et des vécus différents dans diverses formations, à l’instar de Olive et Toph avec la chanteuse Elise B. dans le groupe Zil se lance (lire YEGG#27 – Été 2014).

« Moi, je suis novice, on va dire… Enfin autodidacte. Je n’avais pas trop chanté avant, ni même fait de la scène. J’apprends la guitare aussi toute seule, juste comme ça pour m’accompagner à la voix mais en général, je la travaille au feeling. »
avoue la chanteuse qui démontre pourtant lors du filage une aisance et une maitrise complète de son instrument vocal.

En attendant, ce qui l’anime, c’est l’interprétation des textes et pourquoi pas en écrire à l’avenir… C’est Alex pour le moment qui compose, propose à Marie et soumet ensuite au groupe, « mais finalement, la création se fait ensemble car le morceau évolue au fil du temps ». Sans thèmes précis ni imposés, les inspirations affluent, entrainant l’auditeur à la fois dans un univers poétique avec « Purple Arms » ou « Lili » et à la fois dans un univers très terre à terre avec « My Best Friend », « Perfect Line » ou encore « People ».

Des inspirations qui semblent prolifiques puisque déjà 8 nouvelles chansons sont retenues pour figurer sur le deuxième opus qui sera « celui de la maturité », plaisante Alex, qui poursuit : « Plus sérieusement, il y aura forcément plus de maturité puisque nous avons plus d’expérience aujourd’hui et puis nous avons aussi intégré complètement le clavier. »

Mais pour l’instant, l’objectif est tout d’abord d’amortir le premier album et de le défendre lors de leurs concerts, généralement dans des bars, « les salles de spectacle ici étant beaucoup trop chères ! » Le groupe marque une courte pause niveau concerts mais revient les 2 et 10 décembre au Gazoline, à Rennes, avant de se rendre en Angleterre pour une date à Londres, début janvier.

Célian Ramis

Le Grand Soufflet 2015 : La Yegros, un final explosif !

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Soirée de clôture exceptionnelle pour la 20e édition du Grand Soufflet, ce samedi 10 octobre, avec Click Here Live Band en première partie et La Yegros en clou du spectacle !
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Soirée de clôture pour la 20e édition du Grand Soufflet, ce samedi 10 octobre. Sous le chapiteau, la température est montée brusquement avec Click Here Live Band en première partie et La Yegros en clou du spectacle !

À quelques centaines de mètres du parc du Thabor résonnent déjà la « worldtronica » et les « balkanbeats » de Click Here Live Band, une formation de musiciens roumains et moldaves et d’une danseuse andalouse réunis autour de Dj Click.

Et sous le chapiteau, l’ambiance du spectacle qui affiche « Complet » depuis plusieurs jours déjà est au rendez-vous et survole au dessus de nos têtes quelque chose de bestial…

Sur des rythmes d’Europe de l’Est, les festivalières et festivaliers sont invités à danser, notamment sur un chant roumain où la fosse devient une piste de danse folklorique.

En cercle, le public tourne et virevolte de manière rapide et, faute de place, saccadée. Un essai quelque peu raté mais qui a le mérite de créer un lien entre les musiciens sur scène le public.

Mélange de kitsch et de cheap avec des objets rétros-démodés autour des platines, le groupe est pourtant à la hauteur des espérances musicalement parlant. Accordéon, saxophone, theremin, guimbarde, flûte… Click Here Live Band entrelace mélodies populaires, techno et électro-gypsy dans une joyeuse ronde festive qui semble convaincre immédiatement les spectatrices et spectateurs.

La voix de Nadia Potinga secoue les esprits et libère l’âme Rom - calfeutrée par l’accordéon, le saxophone et la flûte - qui sommeille sous cette formation, et se répand dans la salle comme une trainée de poudre.

Très rapidement, le quatuor est rejoint par une danseuse andalouse qui fait vibrer le chapiteau à chaque claquement de talons. Tout le monde est suspendu à ses pieds et à ses mains, respirations haletantes et chuchotements sont de mises.

La droiture imposée par les mouvements flamencos augmente la profondeur des musiques et accentue l’esprit BalkAndalucia. Au delà du partage de la musique, c’est une fête populaire à laquelle nous convie ce groupe détonnant et surprenant.

Et c’est aussi un voyage sans frontières, du sud de l’Espagne jusqu’aux confins du Rajasthan, que nous propose Click Here Live Band dans un « latcho drom » (évocation d’une longue route, en tzigane) énergique et euphorisant.

Mélancolie et gaieté se croisent dans ce message d’enracinement et de métissage culturel. Sceptique au début du concert, on est finalement envoûtés par le charme de ce mélange désuet et explosif.

LA YEGROS, CUMBIA ÉLECTRISANTE

La Yegros perpétue cette mouvance musicale liant musiques traditionnelles et ère digitale. Originaire de la province de Buenos Aires, la chanteuse argentine Mariana Yegros a dépassé son rêve initial et rencontre un succès aujourd’hui international.

« Je n’ai même pas accompli mon rêve en fait. Car à la base je rêvais que mon disque sorte dans les rues en Argentine, pour que je puisse voyager dans le pays, plaisante-t-elle, avant de poursuivre plus sérieusement. Il est sorti partout sauf dans mon pays… La situation économique est difficile et le Gouvernement ne soutient pas le développement des artistes et de la culture. »

Plus jeune, sans être issue d’une famille de musiciens, excepté son oncle qui vit au Brésil, elle suit une formation de musique lyrique au conservatoire de Moron, passe un casting pour un groupe de théâtre et musique, est sélectionnée pour jouer devant des dizaines de milliers de spectateurs et quitte l’école à la suite de ce casting.

« J’ai alors étudié les musiques primitives africaines et indiennes. En commençant à écrire mes chansons, j’ai trouvé mon style. », explique Mariana. Et la rencontre avec son producteur King Coya la confortera dans le mélange électro - musiques traditionnelles, comme la cumbia, le chamamé ou encore les carnavalitos. Elle puise, avec ses musiciens, dans tous les rythmes latinos et sud américains, et les mêle subtilement dans un son singulier, qui lui est propre.

Et qui fera d’elle la seule chanteuse d’électro-cumbia à exporter sa musique à l’international, et à signer avec des labels étrangers, avec le succès planétaire de « Viene de mi » en 2013 (extrait du premier album éponyme), quelques mois avant de monter sur la scène des TransMusicales où elle a démontré son talent et marqué les esprits de son énergie fulgurante et communicative.

« C’est difficile d’être une femme dans le secteur de la musique, et encore plus dans l’électro-cumbia, confie-t-elle avant de monter sur scène, sans considérer qu’elle doit prouver une fois encore que sa place est légitime.Les femmes commencent à avoir de la place mais ce n’est pas habituel mon parcours. J’en suis surprise de ce qui m’est arrivé mais j’ai aussi beaucoup travaillé pour. »

Ce samedi soir, sous le chapiteau, pas de doute. Mariana Yegros et ses musiciens sont de retour, sur une scène plus petite que celle du Parc Expo « mais c’est plus agréable car c’est plus facile d’établir un lien avec le public », pour un concert mémorable. Spectatrices et spectateurs, déjà chauffé-e-s à bloc lors de la première partie, se déhanchent et sautent dans la fosse pleine à craquer, l’air y étant à peine respirable.

À l’instar de la chanteuse qui s’éclate à interpréter ses morceaux emplis d’émotions. C’est là ce qui l’inspire : parler des sentiments tels que la tristesse, la solitude, la joie, l’amour, l’allégresse (et son titre « Alegria » envahit le public d’un sentiment de légèreté et de liberté). Dans une interview accordée au quotidien Libération il y a deux ans, elle explique que sa mission est de chanter des histoires d’amour non conventionnelles.

Et quand on lui demande ce qu’elle entend par là, elle rigole :

« Oui, c’est vrai. Ce ne sont pas des histoires conventionnelles. Je parle des questions émotionnelles, sociales, amicales. Dans Viene de mi par exemple, je parle de sentiment mais pas littéralement du sentiment amoureux. Ça peut être des connexions entre 2 personnes, entre plusieurs personnes. Des connexions artistiques par exemple. »

Soutenue par le talent de ses musiciens à l’accordéon, la guitare et une batterie composée de percussions, et de leur complicité apparente, Mariana fait planer dans sa musique un esprit tribal, primitif, libre. Entre sonorités traditionnelles et modernes, accompagnées d’une voix perçante naviguant entre le hip hop et le rap, la musique de La Yegros met tout le monde d’accord sous le chapiteau.

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